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"Finalement l'infirmier, il a un peu ce rôle de pieuvre multi-tentaculaire, qui fait un peu tout."

Tous les jours, Anthony prend soin de ses patients, "physiquement comme mentalement". Son métier d'infirmier, c'est surtout une vraie relation de confiance qui passe par les soins mais aussi par la discussion. Brut l'a suivi, au pas de course, le temps d'une journée dans son unité de cardiologie à Strasbourg.

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Transcription
00:00Bonjour, bonjour.
00:02À tout moment, même quand il y a une sonnette au cours de la journée
00:05ou alors même le matin en prise de poste,
00:07quand on ouvre la porte, on ne sait jamais ce qu'il y a derrière.
00:13Vous les laissez dans la salle de bain ou vous les laissez en chambre ?
00:15Je vais les laisser là en chambre.
00:16Vous les laissez en chambre, je vous les mets là, d'accord ?
00:18Alors, merci.
00:19Vous savez déjà quand vous rentrez ou pas encore ?
00:21À ce qu'il parait, demain.
00:22Demain ?
00:23On verra.
00:25Donc là, c'est les transmissions où il y a les...
00:27Chaque interne qui vient un petit peu prendre des nouvelles de son secteur.
00:31Il reste quoi, faire devant ou derrière ?
00:35Il nous reste encore la 314 porte.
00:39On voulait lui faire une douche aujourd'hui.
00:41Ça va, pas trop fatigué ?
00:43Non.
00:44Ok, le fauteuil est là-bas.
00:48Parfait.
00:53Vous allez bien aujourd'hui ?
00:54Ça va.
00:55Vous allez bien dormir ?
00:56Oui.
00:57Une des tâches de la matinée, souvent près des toilettes, du coup, c'est la réfection des lits.
01:03Pour l'hygiène du patient quand même, vu qu'ils passent pas mal de temps dans leur lit.
01:07C'est quand même important et puis agréable d'avoir des draps frais et des draps propres.
01:11Du coup, ça c'était bon.
01:1314 fenêtres, c'était bon.
01:1514 portes, il s'en va.
01:1615, c'est un examen.
01:19Vous êtes assez physique des fois.
01:22Je vais juste regarder.
01:23Voilà les petits imprévus aussi.
01:24Donc du coup, les pansements qui saignent.
01:27On rebondit, on réagit.
01:29Mais j'ai plus de chariots.
01:31Là, on va improviser autrement.
01:34Je vais juste récupérer le matériel dans le service d'à côté.
01:38Centrale d'entre-unités, des fois quand on n'a pas le matériel dans une unité, on pique chez le voisin.
01:44Ce qui reste dans l'idée collective, c'est vraiment l'idée de l'infirmière qui écoute ce que le médecin dit.
01:50On fait comme ça, on fait comme ça et pas autrement.
01:52Alors qu'en fait, la profession a bien évolué.
01:55C'est nous qui mettons en place et qui appliquons sur notre propre décision les choses.
02:07Nettoyage, pré-désinfection, c'est vrai que c'est aussi un côté que ne soupçonne pas le grand public.
02:14Lié au manque de moyens, tant matériel que de personnel, on est obligé d'improviser.
02:19Et du coup, c'est vrai que des fois, on fait des choses.
02:21Ça sort de notre champ de compétences.
02:24Mais c'est parce que des fois, il manque le personnel.
02:26Donc, par exemple, je vais faire à la place d'eux.
02:29Normalement, ce n'est pas à moi de le faire.
02:31Mais bon, je ne peux pas laisser le patient dans telle ou telle situation.
02:33Donc, je vais le faire pour le bien du patient.
02:36C'est un métier qui n'est pas monotone du tout.
02:37Chaque jour, il y a un nouveau médecin.
02:40Ça rend le métier attrayant.
02:44Finalement, l'infirmier, il a un petit peu ce rôle des fois de pieuvre multisentaculaire qui fait un petit peu tout.
02:53Comme je dis, il y a les soins, il y a le nursing.
02:56Des fois, on va réparer les télés.
02:58Quand les patients ont des problèmes de télé, on va les aider pour les réparer.
03:00Des fois, on va les aider pour les réparer.
03:02Des fois, on va les aider pour les réparer.
03:04Des fois, on va les aider pour les réparer.
03:06Des fois, on va réparer les télés.
03:08Quand les patients ont des problèmes de télé, on va les aider pour la télé.
03:10On va les aider dans les réglages de leur smartphone.
03:13On les accompagne.
03:15Des fois, on discute.
03:16On a un peu le confident du moment.
03:18Ça fait, j'ai envie de dire, partie de notre quotidien.
03:21C'est d'être là aussi, d'être là pour le patient, tant sur un plan physique que psychologique.
03:29C'est du 50-50.
03:31On va mettre une marque sur le bras, une flèche.
03:33On dirait qu'il faut piquer ici.
03:36J'ai un marqueur.
03:37Je vais entourer la zone où il faut piquer.
03:39La discussion, des fois, c'est un soin.
03:41Le fait de parler, le fait d'échanger.
03:43Parce que les patients arrivent ici, ils sont seuls, ils n'ont pas forcément la famille.
03:46Donc, on devient leur repère, comme on est là régulièrement.
03:49Il y a une relation de confiance aussi qui se noue et qui est importante dans le soin.
03:54Ça va ?
03:56Oui, ça va.
03:57Au niveau des douleurs, ça va aussi ?
03:59Vous n'hésitez pas, si jamais ça ne va pas, vous avez mal ou autre, vous sonnez.
04:03Oui.
04:05Je l'ouvre à moitié, comme ça, vous avez un petit peu de lumière.
04:08Voilà.
04:09Ça ira comme ça ?
04:10Oui.
04:11Merci beaucoup.
04:12À tout à l'heure.
04:24Au cours de l'après-midi, en général, à partir de 14-15 heures, les admissions arrivent dans le service.
04:32On se place là, gardé en cours de l'hospitalisation.
04:35On puisse vous identifier si besoin.
04:37Donc, après, comme il dit, c'est des questions, c'est un petit peu redondant, c'est des questions de routine.
04:41Vous êtes venus par vos propres moyens ?
04:43Oui.
04:44Alors, moi, je n'ai jamais eu de situation...
04:46Si, on a eu des situations cocasses, c'est déjà arrivé.
04:49Quand on ouvre la porte...
04:51Alors, souvent, plutôt le patient, assez surpris, se recouvre en vitesse.
04:59Et il remet les mains au-dessus du drap.
05:01Voilà.
05:02Donc, on peut soupçonner qu'il était dans un moment bien à lui.
05:07À côté, c'est bon ?
05:08Ici, c'est bon ?
05:09Il y a qui neuf ?
05:10Il y a qui neuf ?
05:11Sans trajet, ça me tente, la musique.
05:13J'ai le choix, la musique.
05:14Alors, des fois, je suis au fur et à mesure, mais je danse, maintenant, dans la voiture.
05:17Ça m'est déjà arrivé, les gens, ils te regardent.
05:19C'est là, des fois.
05:20Ça va, je croyais que j'étais toute seule.
05:22Non, le matin, ça permet de te réveiller, de te mettre de bonne humeur.
05:26Franchement, on a une bonne ambiance dans le service.
05:28C'est important.
05:29Comme il a dit, 7h30, ensemble, si on ne rigole pas un peu, ça devient pénible.
05:36Souvent, sur les réseaux, on voit les stories des potes qui sont en soirée,
05:39qui font des choses sympas sur le week-end.
05:41Et puis, nous, on est là, on se dit, je travaille toute la nuit, toute la journée, je dors.
05:47Mais c'est, encore une fois, c'est un choix.
05:49C'est un métier qui peut être prenant, qui peut être absorbant.
05:51Et comme dit, il faut le faire.
05:53C'est un métier qui peut être prenant, qui peut être absorbant.
05:55Et comme dit, il faut qu'on puisse avoir une vie à côté, des gens avec qui échanger,
05:59des passe-temps, quels qu'ils soient, pour se libérer l'esprit.
06:03On emmagasine, quand même, toute la journée, beaucoup d'émotions, d'informations.
06:07Ça peut être compliqué.
06:08Donc, à un moment, il faut qu'on puisse évacuer.
06:10On a un métier, on nous forme à garder un certain professionnalisme.
06:14Mais après, on reste des êtres humains, avec notre ressenti.
06:19Comme dit, à un moment, il faut qu'on puisse décompresser,
06:21pour être serein et repartir sur un poste, après, au taquet.
06:25Et ton travail, il est combien ?
06:26Avec, du coup, les week-ends, avec les nuits,
06:29et vu que certains jours, je ne fais rien en fonction du mois,
06:32je tourne autour des 2000.
06:34Je pense que ce n'est pas assez.
06:35Il y a des responsabilités, il y a aussi des sacrifices, comme on le disait tout à l'heure.
06:38Il y a des week-ends, il y a des fêtes, il y a des moments où on n'est pas là.
06:41Et je sais bien que, parce que c'est la réponse qu'on entend souvent,
06:44vous n'avez pas fait ce métier pour l'argent.
06:46On est d'accord, c'est vrai.
06:48Ce n'est pas le critère principal.
06:49Que le salaire soit à la hauteur des démissions accomplies au quotidien.

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