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"C'est vital pour les Ukrainiens de ne pas êtres oubliés. La guerre continue, elle n'est pas moins intense, le danger n'est pas passé."
600 jours après le début de la guerre, Olena Zelenska, "Première dame" d'Ukraine est venue passer un message fort à la France et au monde. Interview avec notre journaliste Rémy Buisine.

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00:00On est désormais à 600 jours après le début de la guerre.
00:03À quoi ressemble la vie aujourd'hui d'un jeune ou d'une jeune Ukrainienne ?
00:07Vous savez, cela dépend beaucoup de l'endroit où cette jeune personne se trouve.
00:17Si on devait regarder un Instagram ou un TikTok d'une jeune personne qui vit par exemple à Kiev,
00:25dans la capitale, on pourrait penser que c'est une vie normale.
00:31La personne est dans un café, peut faire des photos de la nourriture, montre ses looks,
00:41peut jouer comme font les adolescents ou les jeunes dans le monde entier.
00:47Jusqu'à ce que vous ne tombiez sur les photos où cette personne rejoint le centre bénévole
00:55qui collecte l'aide pour les militaires ou jusqu'à ce que vous ne tombiez sur l'information
01:03sur la mort d'un frère, d'un père ou même d'un grand-père.
01:09Si cette personne vit dans la proximité immédiate du front, on ne pourrait pas parler de la vie normale.
01:18Si en Ukraine, partout, on entend constamment les alertes aériennes dans les zones frontalières,
01:28cela n'a même pas d'importance puisque les missiles tomberaient plus vite
01:34avant que vous n'ayez la possibilité d'aller vous mettre à l'abri.
01:39On ne peut pas restaurer comme par exemple les restaurations qui ont été faites dans la ville de Bucha,
01:46la région de Kiev, si vous regardez et comparez les photos d'il y a un an et maintenant,
01:50ce n'est pas comparable, c'est devenu une belle ville qui a pu renaître.
01:57Mais si on regarde les régions de Mykolaiv, de Kharkiv ou de Kherson,
02:01pour l'instant, en raison des bombardements intensifs,
02:05ça n'a pas de sens de commencer la reconstruction et la restauration.
02:10Kherson est bombardée tous les jours.
02:12Les enfants dans ces régions ne peuvent pas physiquement se rendre dans les écoles.
02:17Ils étudient uniquement en ligne et ces enfants sont un tiers en Ukraine.
02:23Donc un tiers des enfants peuvent aller dans les écoles là où il y a l'abri antiaérien.
02:29C'est une condition d'ouverture de l'école et un autre tiers des petits Ukrainiens étudient au régime mixte
02:38parce qu'il y a beaucoup de personnes déplacées et les écoles qui étaient par exemple prévues pour 600 enfants,
02:44aujourd'hui ont 1500 élèves et donc les enfants ne peuvent pas être tous ensemble à l'école
02:50et donc il y a des systèmes mixtes.
02:52Il y a aussi des jeunes qui ont pris des armes.
02:54Il y a des jeunes hommes et des jeunes filles qui ont abandonné leur vie civile,
02:59qui se sont engagées au front.
03:02Il y a des informaticiens, des acteurs, des écrivains, des enseignants.
03:10Et malheureusement, nous ne sommes pas certains que tous vont revenir.
03:14Est-ce que vous êtes venu ici en France pour nous dire de ne pas oublier l'Ukraine ?
03:19En effet, en particulier pour cela.
03:22C'est vital pour les Ukrainiens de ne pas être oubliés.
03:26La guerre continue, la guerre n'est pas devenue moins intense, le danger n'est pas passé pour nous.
03:33S'il vous plaît, ne l'oubliez pas.
03:35Aujourd'hui, le regard du monde s'est peut-être en partie détourné
03:38avec les récents événements au Proche-Orient, en Israël, en Palestine.
03:41Est-ce que vous avez peur que justement ces derniers développements
03:44fassent que le regard du monde ne s'intéresse plus à ce qui se passe en Ukraine ?
03:48À vrai dire, le danger en ce sens existe pour les gens qui le regardent.
03:57On ne peut pas permettre qu'une tragédie puisse supplanter une autre.
04:01Ces tragédies se tiennent côte à côte.
04:06Et justement, parce qu'on tue les gens dans le Proche-Orient,
04:12on n'a pas cessé de tuer les gens en Ukraine.
04:14Il faut s'en souvenir.
04:16Et une autre chose dont nous parlons à chaque fois,
04:18dès les premiers jours de cette agression contre l'Ukraine,
04:21nous disons que si l'agression n'est pas arrêtée, n'est pas stoppée,
04:24elle va continuer à se répandre.
04:27La situation dans le Proche-Orient est une preuve supplémentaire
04:30du fait que l'agression qui n'a pas été stoppée se répand comme une infection
04:38et qui peut faire éclater un foyer n'importe quel endroit du monde,
04:43là où il y a un point chaud.
04:46C'est notre avertissement pour rappeler qu'on ne peut pas laisser faire
04:52cette insécurité globale et c'est la violation des règles de vie dans le monde.
04:58Et il faut faire quelque chose, faire en sorte que ça ne puisse pas continuer.
05:04Vous avez eu l'occasion ce jeudi de rencontrer l'épouse d'Emmanuel Macron,
05:08Brigitte Macron. Qu'est-ce que vous êtes dit ?
05:10Je veux faire un aveu. Pour moi, c'est toujours un grand plaisir de la rencontrer.
05:15Je considère que Mme Macron est une amie.
05:18Je la remercie pour son accueil toujours chaleureux.
05:22Hier, nous avons visité une école où étudient les enfants ukrainiens,
05:26les enfants déplacés.
05:28J'ai pu rencontrer les enfants ukrainiens des autres écoles qui apprennent le français,
05:34qui sont déjà assimilés et qui étudient même dans les classes normaux avec d'autres élèves.
05:41Cela m'a fait très plaisir d'observer le progrès de nos enfants,
05:46de revoir les enfants que j'avais déjà vus lors de ma visite précédente, il y a un an.
05:51Nous avons beaucoup parlé des relations de nos projets humanitaires,
05:55en particulier dans le domaine médical.
05:57La France a reçu plusieurs dizaines d'enfants atteints de cancer dès les premiers jours de la guerre.
06:05Les soins se poursuivent et Mme Macron visite personnellement ses enfants dans les hôpitaux,
06:11discute avec les parents.
06:12Il y a la question des moyens pour mener cette guerre face à la Russie.
06:15Qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui à la France pour pouvoir continuer à avancer ?
06:20Ce n'est pas mon domaine, bien sûr.
06:23Il m'est difficile de répondre à la question de quoi nous avons besoin de la France outre les armes.
06:29C'est la première chose dont nous avons besoin.
06:31Nous avons besoin de tenir, nous avons besoin de moyens pour cela.
06:35Notre armée a besoin d'armement pour pouvoir continuer à se défendre
06:44et à tenir des positions où elle se trouve maintenant.
06:49Car l'ennemi est beaucoup plus fort, a beaucoup plus de moyens et il est difficile de mener cette guerre.
06:55Et les armements sont très importants pour notre survie.
07:01Ce qui est très important également, sur quoi nous insistons constamment, c'est le déminage.
07:07L'Ukraine aujourd'hui est le pays le plus pollué par les mines au monde.
07:12Les spécialistes ont calculé que si on commençait à déminer aujourd'hui,
07:19nous aurions besoin des dizaines d'années.
07:24Le déminage est vital pour le territoire déoccupé,
07:30pour le territoire frontalier où les gens continuent à vivre.
07:34Il est impossible de cultiver la terre lorsqu'il y a des mines dans un champ.
07:42Nous avons besoin de tenir dans cette guerre, c'est l'essentiel.

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