"On ne veut pas tomber dans le divertissement, l'intérêt c'est de mettre à l'honneur des artisans, des techniques de l'époque qui fonctionnent encore."
Ils se sont lancé un pari fou : construire, de nos jours, un véritable château avec les techniques du Moyen Âge. Pas d'électricité, pas d'outils mécaniques… Le chantier médiéval de Guédelon a débuté il y a 27 ans. Antonio, 25 ans, a lâché ses études de philo pour y devenir apprenti charpentier. Il nous emmène visiter ce projet unique.
Ils se sont lancé un pari fou : construire, de nos jours, un véritable château avec les techniques du Moyen Âge. Pas d'électricité, pas d'outils mécaniques… Le chantier médiéval de Guédelon a débuté il y a 27 ans. Antonio, 25 ans, a lâché ses études de philo pour y devenir apprenti charpentier. Il nous emmène visiter ce projet unique.
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00:00C'est reposant, c'est presque comme de la méditation.
00:02Je voulais changer un peu d'environnement, j'étais en philo,
00:05j'étais un peu perdu, je ne savais pas trop ce que je voulais faire.
00:07Et le bâtiment, ça m'intéressait bien parce que j'avais déjà fait de la maçonnerie,
00:10mais je voulais quelque chose d'artisanal.
00:12Je m'appelle Antonio, j'ai 25 ans,
00:13et je suis apprenti dans le chantier médiéval de Guédelon en tant que charpentier.
00:17L'idée, c'est de reprendre les techniques du XIIIe siècle pour construire un château.
00:21C'est un château qui est en construction depuis 27 ans,
00:23et donc il n'y avait absolument rien il y a quelques années.
00:25On peut remarquer que tout ce qui est au niveau des douves,
00:28c'est juste la pierre qui a été creusée.
00:30Et là, cette poutre, elle est destinée à quoi ?
00:31C'est pour la passerelle.
00:32En gros, il y aura un pont-levis, c'est la partie intéressante de ce projet.
00:36Là, je suis dans la passe de finition,
00:38parce qu'au début, il faut enlever énormément de matière avec des grosses haches.
00:41Et après, on utilise ce qu'on appelle la douloir.
00:42C'est vraiment la hache de finition parce qu'il y a une partie plate comme un ciseau à bois
00:46et le manche qui est déporté.
00:47Ça, c'est vraiment pour éviter de me fracasser la main.
00:49Au début, on le fait mal, donc c'est pour ça qu'on se fait mal.
00:52Mais une fois qu'on a le bon mouvement,
00:54c'est vraiment une question de donner du lest.
00:56Il faut vraiment juste laisser la hache travailler.
00:59Là, ma hache est lourde, elle fait presque deux kilos.
01:01Et donc, je n'ai pas besoin de travailler quasiment.
01:03Je la positionne de sorte à ce qu'elle retombe sur l'endroit où je veux couper.
01:09On a juste la biode.
01:10C'est vraiment juste pour que les gens rentrent quand même dans l'univers du Moyen-Âge.
01:13On ne veut pas non plus tomber dans le divertissement.
01:16L'idée, c'est vraiment d'apprendre, de montrer aux gens la construction.
01:20Il n'y a pas de musiciens, il n'y a pas de pitres qui sont là avec leur chapeau de bouffon.
01:24Parce que l'intérêt, ce n'est pas ça.
01:25Là, c'est vraiment pour mettre à l'honneur les artisans,
01:27de montrer des méthodes de l'époque qui fonctionnent encore.
01:30Encore aujourd'hui, on peut apprendre de gaie de long.
01:32C'est ça qui est bien.
01:33C'est regarder le passé pour continuer dans l'avenir.
01:41Qu'est-ce qui t'a donné envie de revenir à un métier manuel ?
01:43Déjà, c'est de ne pas finir dans un bureau.
01:46Je pense que c'est ça qui m'a fait un déclic.
01:49Parce que la philo, j'aime encore énormément ça.
01:51Je pense que je lis plus de bouquins de philo maintenant
01:53que depuis que je ne suis plus en licence.
01:56Il faut aimer l'extérieur.
01:57Il faut savoir qu'on va être sous la pluie ou même quand il fait très chaud.
02:00Mais moi, ça me convient parfaitement.
02:02Ça me va très bien d'être dehors et surtout de faire quelque chose de concret.
02:05Je pense que si on devait parler du côté philosophique,
02:07c'est le côté où on fait quelque chose et à la fin de la journée, on voit notre travail
02:10et qui va peut-être perdurer dans les siècles.
02:13Là, la tour du Pigeonnier, c'est ce qu'on a monté l'année dernière avec mes collègues.
02:16Et ça, j'y ai participé et ça me touche beaucoup.
02:20C'est émouvant.
02:21J'en ai presque des frissons juste d'en parler
02:23parce que c'est le moment que tout le monde attend,
02:25mais ça prend du temps et une fois que c'est posé, c'est beau.
02:31Tu es fier quand tu vois ça ?
02:32Quand tu regardes ici, ça fait quoi ?
02:33Ça fait tout drôle parce que la dernière fois qu'on était en train de la monter,
02:37j'étais beaucoup plus haut.
02:37Il n'y avait pas ce socle.
02:38Il y avait des échafaudages.
02:41On pouvait vraiment se mettre au niveau des fenêtres.
02:42D'ailleurs, on devait ramper en dessous des fenêtres pour continuer à couvrir.
02:45C'est toujours un peu ma charpente à moi.
02:47De nos jours, on peut faire des charpentes, même de la pierre, tout à la machine.
02:51Il y a clairement des tailleurs de pierre qui sont quasiment rendus au niveau d'informaticiens.
02:56C'est juste que tu fais des programmes.
02:57Et au final, je pense qu'il n'y a pas que les artisans qui veulent revenir à une certaine méthode à l'ancienne.
03:02Ce qui est cool, c'est aussi le public qui s'y intéresse
03:04parce qu'il voit bien qu'il y a quelque chose de bizarre à tout faire à la machine.
03:07On en perd énormément et surtout, on en perd en caractère.
03:10De nos jours, les bâtiments, c'est que du lisse.
03:12Et moi, je trouve que c'est dommage
03:13parce que quand on voit la pierre qui est brute, le bois qui est tout ordu,
03:17ça donne un charme.
03:17Le regard des gens, vu qu'on en a vraiment tous les jours.
03:20Des fois, on a 5000 personnes à la journée.
03:23Et au final, on s'habitue assez vite.
03:24Et comme on s'arrête juste pour parler de quelque chose qu'on aime.
03:27Moi, je n'ai pas fait de théâtre.
03:28Je n'ai pas de cours pour avoir de l'éloquence ou je ne sais pas quoi.
03:32C'est vraiment juste, je parle de mon métier et ça vient naturellement.
03:34Donc là, on est dans l'atelier charpente.
03:36Donc il y a le côté tavaillonneur parce qu'il y a notre collègue qui fait les tavaillons.
03:39C'est les petites planches en bois qui servent de couverture.
03:42Sinon, il y a nos caisses à outils.
03:43C'est des gros coffres en bois qu'on a fait nous-mêmes.
03:45Donc là, évidemment, il y a nos outils, nos protections.
03:48Il y a des haches, ciseaux à bois.
03:50Tout l'attirail est de base d'un charpentier.
03:52Il y a aussi ce que vous pouvez regarder là-bas.
03:54Les perceuses, c'est ce qu'on appelle des tarières.
03:56C'est des vieilles perceuses du Moyen-Âge.
03:57Je vais peut-être te les montrer.
03:58Au Moyen-Âge, il n'y avait pas de perceuse électrique ou quoi.
04:01Donc il y avait plusieurs sortes de tarières.
04:02La plus commune à l'époque, c'était des sortes de cuillères.
04:04Comme un tire-bouchon, on va rentrer directement dans le bois et creuser petit à petit.
04:09Après, il y a des formes un peu plus pratiques qui sont vraiment comme un tire-bouchon.
04:12C'est toute une question de patience et de maîtrise, de l'outil surtout.
04:15Il faut faire extrêmement confiance à son outil.
04:17Un artisan, sans un outil, il n'est rien.