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Le travail des éducateurs de rue, qui oeuvrent souvent dans l'ombre, n'est pas toujours compris, ou mal connu. Leur défi est d'aller à la rencontre de jeunes qu'ils repèrent, aussi bien dans la rue que devant un collège ou un lycée, fréquemment en difficultés scolaires, parfois en rupture familiale.
Les éducateurs de rue de la fondation Jeunesse Feu Vert arpentent les territoires des quartiers de Paris et de ses banlieues défavorisés. Ils sont souvent les seuls interlocuteurs disponibles pour ces jeunes en rupture de ban ou risquant de l'être.
Quels sont les liens de confiance, pas toujours faciles à mettre en place, qui se tissent entre ces éducateurs en prévention spécialisée et ces jeunes en difficulté ? Comment les accompagnent-ils pour retrouver une place dans la société et redonner du sens à leur vie ?

Documentaire réalisé par : Paule Muxel / Écrit par : Paule Muxel et Anne Muxel
Année : 2023 / Durée : 53' Coproduction : Kando / LCP-Assemblée nationale

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Transcription
00:00Je suis allée à la rencontre de quelques éducateurs et éducatrices et des jeunes
00:17et des adultes entre 12 et 40 ans, à Paris-Port-de-Venvre dans le 14e et Place des Fêtes dans le 19e
00:24et aussi le 93 à Saint-Ouen et à Épinay-sur-Seine.
00:28Le travail des éducateurs se trouve au cœur de la prévention de l'enfance.
00:33Ils aident les jeunes en difficulté et créent des liens.
00:37Dire un simple bonjour, être toujours présent dans les quartiers, dans la rue, dans le local des éducateurs, dans les familles.
00:45Ils les accompagnent sur toutes sortes de situations souvent instables.
00:50Ils sont là dans les endroits où parfois il n'y a plus personne.
00:54Un lien sur le temps qui construit la relation ou pas, mais qui laisse une présence de confiance sur le trajet des jeunes.
01:06Bon, bah bon foot les garçons ! Entraînez-vous bien !
01:10T'as des nouvelles toi pour ta détection ?
01:12Ouais, j'ai une déprime.
01:14Pourquoi ?
01:15J'ai pas fait mal alors qu'il est blessé.
01:17D'où t'es blessé ? Qu'est-ce qui t'est fait ?
01:19J'ai mal au genou.
01:21Un coup pendant le foot ?
01:23Ça a tapé l'endroit où t'as mal ?
01:25Est-ce que tu l'as immobilisé ? Est-ce que t'as mis de la pommade ? Est-ce que t'as fait ce qu'il fallait ?
01:28Moi je te conseille quand même d'aller voir un médecin.
01:31Prends soin de toi, c'est important.
01:33Allez, bon foot les garçons !
01:35Salut !
01:39Je suis arrivé ici avec encore une grande proximité d'âge.
01:43Au final, avec les jeunes qu'on accompagne, 12-21.
01:47Après on sait qu'au final, la prévention spécialisée,
01:50on dit pas à un jeune à 21 ans, maintenant tu te démerdes.
01:53Donc il y avait des jeunes de 24, de 25, de 30 ans.
01:57Quand je suis arrivé, le premier soir où je me suis retrouvé tout seul dans le local,
02:00avec des grands qui me testaient un peu, qui me bousculaient,
02:05voir comment je réagissais, est-ce que je tenais la route, tout ça.
02:09Je me suis dit, waouh, c'est pas un boulot facile.
02:15Et en fait, c'est par les actes qu'on crée la relation de confiance.
02:21J'ai un souvenir dans ce bureau, justement, mon premier été.
02:25Je suis arrivé en février, je me suis retrouvée toute seule un long moment
02:28parce que mes collègues étaient en vacances, on n'était que 3 à ce moment-là.
02:31Et des grands qui sont venus, des grands de mon âge, de 25 ans,
02:35ils étaient 4, ils se sont posés dans ce bureau, 3,
02:38et en fait ils ont sorti un couteau.
02:40Ils m'ont demandé de mettre la main comme ça, et qu'ils fassent tac, tac, tac.
02:44Donc j'ai refusé, mais ça a été compliqué pour moi,
02:48ils m'ont posé des questions sur ma sexualité.
02:51Je leur ai répondu de la sexualité en général, un orgasme féminin,
02:58mais ça a été assez déconcertant pour moi.
03:02J'ai tenu, j'ai bien tenu, et quand ils sont sortis, je me vois transpirer,
03:06j'en pouvais plus, j'ai même les larmes qui se sont montées,
03:09parce que j'ai eu peur en fait, j'ai eu peur pour moi.
03:11Je me suis dit, mais qu'est-ce qu'ils vont me faire avec leur couteau,
03:14des grands qui sortaient de prison ?
03:16Enfin voilà, c'est quand on est reparlés aux grands,
03:18et ils ne se rappellent plus, ils me disent
03:20« Non, c'est pas vrai, t'as pas fait ça Caro quand même ? »
03:22« Bah si ! C'est moi qui ai fait ça ! »
03:24« Mais t'as eu peur ? » « Mais évidemment que j'ai eu peur ! »
03:26Et je leur ai dit, j'ai cru qu'ils pouvaient peut-être me violer,
03:28j'ai eu peur les garçons, vous vous rendez pas compte,
03:30vous me sortez un couteau, il y en a qui venaient de sortir de prison,
03:33enfin je ne vous connaissais pas plus que ça,
03:35donc oui j'ai eu peur.
03:36Et ils m'ont dit, mais tu sais, on t'a testé je pense à ce moment-là,
03:39c'était pour voir si tu tenais.
03:40Et en fait, il y a vraiment tout ce truc de test aussi,
03:42qui est vachement important en prévention spécialisée,
03:44surtout nous en tant que femmes, tout ce qui va être la drague,
03:47ils vont tester, ils vont mettre...
03:51Ton CV ?
03:52Là-dessus ?
03:53Oui, s'il te plaît.
03:54J'ai envoyé, mais je sais pas si c'est vraiment parti ou pas.
03:57Mais c'est pas un CV ça ?
03:58C'est pas une adresse mail je veux dire ça ?
04:00Si, si.
04:02T'as beaucoup d'amis ?
04:03Oui, beaucoup.
04:04Beaucoup ?
04:05Oui.
04:06Dans le quartier ?
04:07On connaît plein ?
04:08Presque tout le monde.
04:10Et tout le monde te connaît ?
04:12Oui.
04:13Et tout le monde connaît Feuvard ?
04:15Presque.
04:17Qu'est-ce qu'on dit des éducateurs ?
04:19Tes copains, tout ça, tout le monde.
04:21Ils disent que ça serait bien s'ils s'inscrivaient,
04:23mais le problème c'est que,
04:25des fois ils sont occupés pendant la semaine.
04:29Et tu passes les voir dans le local ?
04:32Oui, à chaque fois que je passe par là,
04:34je vois qu'il s'est ouvert, qu'il dit bonjour.
04:36Je me souviens de toi disant,
04:37venir voir les éducateurs c'est bien,
04:39mais ça ne durera pas toute la vie.
04:45Tu aimerais que ça dure toute la vie ?
04:46Oui.
04:48Tu sais pourquoi ?
04:49Parce que c'est génial.
04:55C'est génial.
05:15Si je pouvais m'occuper sans eux,
05:18mais quand même ça me rendrait triste un peu d'être sans eux,
05:22parce que quand même, des fois on passe des bons moments,
05:24même si je ne leur parle pas d'un truc d'organisation,
05:29ni de faire mes devoirs,
05:30même si on peut venir ici,
05:31on fait des jus de société,
05:33un petit goûter,
05:34je ne sais pas, des trucs comme ça,
05:36et ça, ça me rend heureux.
05:53Le cyber harcèlement
06:02J'ai entendu cyber harcèlement.
06:08Donc ça, c'est le harcèlement qui se fait sur les réseaux sociaux.
06:12Est-ce que ça se fait beaucoup ça ?
06:13Oui.
06:15Et face à une personne qui subit du harcèlement,
06:18vous pouvez en parler à une personne de confiance.
06:20ça peut être qui cette personne de confiance est-ce que ça peut être les parents ça peut
06:26être les parents un professeur surveillant cpe psychologue infirmière est-ce qu'il y a
06:33peut avoir d'autres adultes de confiance à qui on peut en parler ça peut être qui mais nous on
06:39est qui on n'est pas des profs on n'est pas des adultes donc vous pouvez en parler à des
06:59éducateurs il faut savoir que par exemple un éducateur comme un psychologue comme une
07:07infirmière comme un assistante sociale sont soumis au secret professionnel c'est à dire
07:12que vous pouvez nous confier des choses et non va pas aller le répéter à vos parents sauf bien
07:16sûr il ya des conditions si on estime que vous êtes en danger oui on sera amené à en parler à
07:21vos parents mais nous sommes soumis au secret professionnel je suis jamais tombé sur un jeune
07:26qui dit ça m'intéresse pas des fois ils osent pas trop le gire oui je passe bientôt bon au
07:33moins il sait où nous trouver après des fois ça prend du temps il ya je sais qu'il ya des jeunes
07:39qui ont été accompagnés cinq ans après le principal c'est qu'il nous est repéré en tant
07:44que personne ressource et si un jour il estime qu'il a besoin de nous solliciter il sait où
07:48nous trouver après c'est pour ça que c'est important de créer du lien parce que quand le lien manque
07:54on a du mal à échanger avec les jeunes et c'est réciproque et du coup c'est pour ça que c'est
07:59important de consolider de renforcer ce lien là qui est un lien d'échange de confiance mutuelle
08:06et le plus difficile j'irais c'est au moment où peut-être j'ai du mal à comprendre ce qu'un jeune
08:12veut me dire après ça se travaille sur la durée et c'est pas grave on le formule autrement des
08:18fois il faut se répéter faut faire preuve de patience
08:20le gamin le jeune il en a marre parce que à l'école tout le monde lui dit ça il rentre
08:34chez lui ses parents lui dit ça et puis moi quand il est avec moi bah sans forcément faire la part
08:41des choses je lui dis la même chose c'est pas marché et moi quel moyen j'ai pour le faire
08:46comprendre le le moyen le plus efficace c'est le temps
09:09les enseignants eux écrivent trop et moi j'en ai marre de l'école parce que c'est trop nul parce
09:15que ça me saoule après ma mère elle me crie dessus quand j'ai des mauvaises notes je la
09:18je la rends énervée moi j'aime pas la rendre énervée ce que vous avez envie de faire plus
09:23tard moi footballer et moi si j'arrive pas à percer dans le foot si j'arrive pas à gagner
09:31des sous dans le foot je vais essayer d'être architecte en ingénieur j'ai toujours dit j'ai
09:40hâte d'avoir une carte bancaire ce qu'on fait quand je demande des trucs à mes parents à
09:44chaque fois il dit non non non non non non du coup moi j'ai hâte d'avoir une carte bancaire j'ai
09:49hâte de travailler à comme ça j'ai beaucoup de de tichta comme on dit comme ça je pourrais m'acheter
09:55tous mes plaisirs il ya une chose qui vient juste d'arriver ça peut être dans le malheur et dans
10:04le bonheur tu as pas tu vois un animateur que tu aimes bien tu l'aimes bien tu fais confiance tu
10:13le fais confiance tu vas lui dire par exemple tu vas rentrer dans une salle ils vont dire t'enlever
10:21la capuche d'abord t'as pas le droit ils vont pas te laisser dire des gros mots plein de choses
10:30la vie moi j'ai trois projets d'avoir mon plan à raccord si ça marche pas j'ai un plan b c'est
10:45acteur si ça marche pas plan c boxeur je pense que ce qu'il a voulu dire en tout cas par rapport
10:52à la discussion qu'on a eu c'était parler déjà de l'avenir et être capable de se projeter le
10:57fait de voir ça chez les très jeunes des gens qui sans même savoir ce qu'ils veulent faire
11:03savent ce qu'ils veulent être et entre guillemets être du bon côté de la barrière à cet âge là
11:09c'est déjà très très important vraiment là vous êtes relou vous assurez vous êtes
11:24dans la manière où ils se présentaient à nous je savais que que ils étaient là pour nous
11:42qu'ils pouvaient nous écouter nous aider dans plein de domaines ma manière de réfléchir je
11:51pense qu'elle a changé un peu en mode de maturité niveau maturité je pense ça a changé
11:58parce qu'avant j'étais un gamin mais là depuis je me comporte un peu plus comme un adulte et
12:06m'embrasse je suis content c'est mieux en fait c'est c'est que c'est pas avec le temps mais
12:13je crois qu'on m'a expliqué au fur et à mesure qu'on comprend ce qu'ils font ce qu'ils font
12:19en métier ils mettent à l'aise aussi les éducateurs en fait c'est le premier séjour
12:29qu'on fait avec eux on a proposé de partir trois quatre jours dans chaque feu vert sont un peu
12:36fatigués du coup vu qu'ils n'ont pas trop la nuit mais ça va ils n'ont pas fait trop de bruit cette
12:41nuit donc forcément quand on les entend parler on apprend des choses ou quand il nous parle quand
12:47on est posé pendant des heures ici que du coup il souffre là avec eux on travaille aussi les
12:53gros mots ou la façon de se comporter quand on est en quand il ya des éducateurs ou quand il
13:01ya d'autres personnes et là je sens par exemple le travail il avance au tout début il ya un an
13:07c'était pas du tout comme ça les gros mots ça s'affusait dans tous les sens ils sont dans une
13:11bulle donc en fait ils se rendent pas compte du regard des gens ou de ce que de ce que les
13:15gens peuvent penser d'eux ou ils le voient plus ils font plus attention à ça ils grandissent
13:20aussi mais je pense qu'il y a aussi le travail qu'on a fait avec eux
13:30comme ça regarde je fais ça après claque et après tu coupes et après le sang
13:34tu colles tu colles tu colles tu colles tu colles tu colles tu colles tu viens ici
13:46tu refais un tour
13:48moi ce que j'ai toujours trouvé exceptionnel chez ces jeunes mais même adultes
14:03c'est cette capacité de rebondir ils ont une espèce de et puis de dédramatisation tu vois
14:12où rien n'est grave en fait tout peut être pris à la rigolade et même que tu le vois dans leur
14:17rapport entre eux ils se chambrent beaucoup et ça c'est aussi assez culturel j'ai souvent mon
14:22discours de dire en fait moi ce que je veux c'est pas que vous deveniez quelqu'un d'autre ni que
14:28vous me serviez la soupe en ayant l'attitude parfaite d'un enfant sous cloche mais c'est
14:34plutôt d'avoir déguisé votre intelligence de sorte d'être adapté à tout ce qui vous entoure
14:40pour pas que la société elle vous elle vous elle vous sortent de ses rangs en disant que vous êtes
14:45inadapté parce que là du coup tu vas pas pouvoir prendre la place que tu souhaites prendre donc
14:51l'idée c'est que tu puisses réaliser tes rêves prendre la place dont tu rêves en fonction de tes
14:56compétences et qu'il n'y a rien qui est trop beau pour toi en fait par contre faut que tu acceptes
15:01de jouer avec les codes jean-laurent n'est pas encore parlé mais moi on n'en a pas parlé mais
15:15moi sincèrement j'aurais bien repris les deux mêmes je trouve que ça a bien je trouve que ça a
15:21bien fonctionné en plus là c'est dans les locaux de la mission locale c'est dans du coup c'est le
15:25même prestataire tu vois j'aurais trouvé ça intéressant de remettre les deux si vous êtes
15:29d'accord après fallait qu'on en parle en équipe c'est pour ça volontairement je n'en ai pas du tout parlé encore
15:37les adolescents ils ont ils ont un mouvement de vie ils sont fragiles mais ils ont un mouvement
15:42de vie très fort une pulsion de vie très forte et donc ils expriment des choses à l'état brut
15:48quoi et alors qu'on taque j'apprends j'apprends sur sur effectivement qu'on peut que c'est une
15:56période où on peut être fragile sur tellement de points tellement de points et que c'est important
16:01de pouvoir les comprendre de pouvoir leur laisser leur chance de pouvoir les accueillir dans notre
16:08société parce que c'est les adultes de demain 45 secondes plus ça je ramène ici au visage
16:15effectivement pas mal de gamins j'aime pas l'école j'aime pas l'école je m'ennuie je suis au fond de
16:30la classe je dis que je bavarde je dessine façon j'aime pas la prof je sais pas ce que j'ai fait
16:38à l'école ça me sert à quoi qu'est ce que ça va apporter plus tard et c'est vrai que on se pose
16:44un peu la question mais là dans un peu il faut que tu ailles à l'école c'est de façon à l'école
16:48et l'obligatoire l'obligatoire et pourquoi pourquoi je suis obligé d'aller à l'école pourquoi quand
16:52une adulte on est obligé de bosser pourquoi il faut pas tricher pourquoi pourquoi ma vie elle
17:03est définie à l'avance donc l'idée c'est aussi de les aider à se définir le même en termes
17:13d'identité en termes de est-ce que ma place elle est ici est ce que ma place est d'ailleurs est ce
17:17que ma place est dans les voyages est ce que ma place elle est auprès des autres et on leur fait
17:21souvent comprendre dans notre discours que bas les armes elles passent par la scolarité et le système
17:30a été conçu comme ça c'est cette importance de mots en fait ou des jeunes des fois peuvent
17:35vriller d'un coup et on le voit dans le milieu scolaire ou des fois des professeurs vont dire
17:39là tu as été bête ou t'es bête alors ça le jeune il explose et c'est vrai que ça c'est super
17:44important toujours réfléchir à l'importance des mots qu'on emploie il y a pas mal d'adolescents
17:49quand ils ont des carences affectives qui viennent de l'enfant je me suis rendu compte en les
17:53accompagnant qui ont eu du mal à accepter que quelqu'un puisse être là pour eux et ce qui est
17:59assez fin moi que je trouve passionnant dans ce métier et à leur contact c'est qu'on arrive à
18:05un moment donné et ça prend énormément de temps qu'avec des jeunes comme ça après ils sont pas
18:10tous mais qui ont des fragilités de ce c'est que ils nous demandent énormément de preuves d'amour
18:18lève ta main droite lève ta main droite protège c'est pas grave tu t'en es rendu compte c'est bien
18:26quand je considère que c'est réussi c'est quand je me rends compte que relationnellement si tu veux
18:41j'ai passé une étape avec la personne qui fait que la personne a réellement confiance en moi c'est ça
18:47que ça s'appelle de la bonne fatigue c'est bien c'est comparé au dernier sens là c'est mieux
18:52parce que plus on change de se mettre on commence à faire des trucs qu'on apprécie mieux en plus
18:57comme tu as dit la confiance on a fait un travail sur nous on se parle on fait confiance aux autres
19:03c'est mieux c'est ça on commence à avancer c'est bien il faut qu'on continue comme ça. Les jeunes
19:10par exemple quand on les accompagne dans une démarche ils aiment me tenir informé de ce
19:15qu'il en est et au fond de moi même au fond de mon petit coeur je suis tellement content pour eux
19:20après je ne le montais pas à ce temps là ah bah c'est bien je suis contente pour toi mais au fond de moi
19:25ouais je me dis petite victoire petite victoire parce que je l'ai accompagné j'ai su le remobiliser
19:30quand lui se démobilisait je l'ai jamais lâché j'ai mis des petits coups de pieds aux fesses maintenant ça suffit
19:35t'arrêtes tu vas y arriver je suis derrière toi et quand le jeune il arrive en disant bah tiens
19:40regarde j'ai mon diplôme ouais bah je suis contente je pense que peut-être que si on n'avait pas été
19:45là en effet il ne serait pas allé au bout parce qu'ils avaient besoin à un moment donné quelqu'un qui croit en eux
19:49quelqu'un qui les pousse et souvent c'est des jeunes qui n'ont pas perdu confiance en eux mais pas
19:55loin. Là il faut que je vois en premier quelle école tu vas en première ? Là toi c'est proc
19:59quelle école tu vas en première ? Si t'as le choix. Bah si faire un DGF je vais faire un DGF.
20:05Un faire un DGF. Il y a des choses que je peux pas dire à ma mère directement je passe par
20:13Léa directement et après elle peut me donner des petites idées des petites idées qui font que
20:18des conseils pas des idées plutôt des conseils comment je peux dire à ma mère des fois elle peut
20:25elle même en parler directement à ma mère elle est en relation avec ma mère directement c'est comme
20:29une grande personne c'est comme si c'était une personne de ma famille à qui je faisais confiance.
20:34En fait ils nous mettent en confiance comme si on avait une relation de père fils fille mère
20:40fils et ça qui fait que à l'heure d'aujourd'hui on écoute un peu mieux enfin je pense qu'on
20:45écoute facilement sans père. On peut pleurer devant eux on aura pas de gêne. Par exemple on
20:53va jamais aller dans une ferme faire des trucs avec des animaux dire avec feu vert on est parti
21:00par exemple on va jamais se dire on va faire une distribution pour les SDF avec feu vert
21:05ils nous montent vers le haut en fait la soupe on va l'accrocher les minettes à une seule partie
21:12alors vas-y envoie les tuvailles je les met ici. Là maintenant à partir de maintenant vous ouvrez
21:22vos yeux gauche celles qui sont à gauche à garde à gauche celles qui sont à droite à garde à
21:27droite et quand on voit un SDF on s'arrête en speed là et on distribue.
21:36ça va ça va oui mais enfin à un moment donné c'est un but aussi pour nous feu vert c'est on
21:49peut pas j'aimerais bien dans ce cas là on fait des petits pavés de saumon on fait tout ça ça
21:52j'entends bien les filles mais voilà faut être aussi réaliste voilà on le fait avec ce qu'on a.
21:57Attache toi, non mais c'est quoi ce chantage, attache toi je t'ai dit, attache toi, elle l'a attaché? Non toi?
22:27On y va les garçons? Des 20 tours les gars, arrêtez de couper.
22:57J'ai vécu des tas de choses en termes de suivi, harcèlement scolaire, viol, j'ai
23:03accompagné plein de jeunes à Bobigny, prison pour mineurs, prison... La génération était un peu
23:11moins violente mais à l'époque on a eu des situations et les voitures de police et les
23:17gens en gros en masse en groupe qui allaient au niveau du pont, au niveau du collège mais on a
23:23eu des choses mais des fictions quoi mais non aujourd'hui non ça en tout cas aujourd'hui
23:26attention moi je dis c'est une bombe à retardement ce conflit de quartier même qu'il y ait aussi avec
23:31la source, les prêles pardon, c'est une bombe à retardement, aujourd'hui il se passe rien, demain peut-être on n'a l'air pris de rien mais
23:38c'est vrai que ça fait un petit moment où des faits très graves, coup de marteau, coup de machette
23:43ou des trucs comme ça, attention, des choses ici même en ce local pour la petite anecdote il y avait
23:48des jeunes qui étaient scolarisés au lycée fédère qui est plus vers la source les prêles donc les jeunes
23:55d'orgement étaient amenés à prendre les transports en commun et à s'y rendre et à un moment donné il y avait
23:59un conflit avec les jeunes du centre-ville donc les jeunes du centre-ville les attendait dans le parc qui était à
24:03côté, un jour ils se sont fait agresser avec des machettes quoi, il y a un jeune il s'est fait couper la
24:08moitié d'un noix et tout, j'ai rassemblé tous les jeunes ici, au local, ici, à l'époque les CPE du
24:15Ubis, ils étaient venus et on les a essayés, on les a affectés ailleurs, la prochaine fois qu'on vient on fasse un match avec eux
24:24et vous jouez tout ça et on partage un bon moment ensemble, t'en penses quoi ? ça serait bien non ?
24:28je vous conseille et voilà tu fais ça et vous solidarité, comme ça ça travaille votre esprit de solidarité et de partage
24:35d'accord ? on fera ça ? allez on y va les gars
24:45c'est mieux d'aller à Feuvert que de rester au quartier parce que au quartier des fois il n'y a rien
24:58à faire, tu peux avoir des problèmes tout ça, moi j'ai pas envie d'avoir ça, j'ai pas envie de rester à Feuvert
25:12pas avoir de trucs bizarres avec la drogue tout ça, parfois même si on n'est pas dans ça, à force de
25:20traîner avec des gens qui sont comme ça, après nous aussi on va finir par le devenir
25:24faut pas faire de gâchis, parce que tu vas la découper la mande, après tu l'ouvres comme une fleur
25:35tu sais quand tu épluches, tu laisses pas ton doigt à la fin, sinon tu peux te le couper
25:45tiens après il y a les ananas, il n'y a que les faiblesses qui pleurent, que les faibles qui
25:57pleurent, mais non il n'y a pas que les faibles qui pleurent, par exemple si quelqu'un de dur il peut
26:08pleurer pour un décès ou un truc comme ça mais ça veut pas dire qu'il est faible, enfin si maintenant
26:15mais est-ce que pleurer c'est forcément une preuve de faiblesse, non non, ma mère elle va me dire un
26:23truc et je vais pleurer, ça se fait pas tout ça, après il va me dire pourquoi tu pleures, c'est pour les
26:30faibles et tout, après j'arrête de pleurer. Donc ça t'aide, parce que c'est sa manière, le fait de te le dire
26:38comme ça c'est sa manière de te réconforter et ça t'aide ? Non, j'arrête de pleurer, j'ai appris les
26:48avis des autres, comme quoi mon avis peut-être peut être négatif, genre j'ai su contrôler mes
26:54avis et avoir les autres avis des gens et tu te donnes un autre avis et c'est ça qui te fait le
27:00fait de, tu peux avoir d'autres avis, tu peux te dire que comme quoi t'avais pas raison, et tu
27:09réfléchis en fait dans ta tête. Ça nous aide, ça nous fait avancer et ça m'aide par exemple à avoir
27:14une autre mentalité. On y va ? Vous commencez à monter là direct et puis les autres on va attendre.
27:25Une fiction pour moi c'est pas juste une fiction, ça peut être la réalité, on sait très bien, il
27:32suffit que tu sois au mauvais endroit au mauvais moment, tu peux terminer comme le jeune homme
27:36dans le film et moi c'est ce qui m'inquiète aussi, c'est la haine par rapport au quartier, je parle de
27:40super-m, j'espère qu'un jour on n'en arrivera pas là, mais pour ça il faudra agir avec
27:47intelligence. Moi mon objectif avec vous, l'influence que je peux avoir avec vous, c'est de vous tirer
27:51vers l'eau, vous passer des messages, parce que malheureusement ça ne durera pas toute l'année,
27:56quand je veux une heure après vous allez prendre votre envol, vous allez être des adultes et des
27:59hommes et je l'espère pour vous, vous êtes de bons gars et vous l'êtes déjà, donc tout ce qui peut
28:05vous tirer vers le bas, conflit de quartier, vas-y va faire le gai, va faire le gai quand je dis le gai,
28:11dans le quartier pour le trafic, je sais que c'est plus simple, c'est plus facile à dire qu'à faire,
28:19attention, moi je peux te dire, j'en ai vu dans le quartier qui l'ont fait, et des gars comme vous,
28:24c'est à dire sans problème, intelligents, qui apprend à tous les problèmes, attention,
28:29mais qui n'étaient pas fait pour ça, mais l'ont fait par manque de moyens ou parce qu'ils n'avaient
28:34pas forcément du travail, donc faites attention à ça, d'accord, attention à toi aussi, junior,
28:38par contre parle à papa et maman, très important tout de suite, Idriss pareil, Denis, attention à toi,
28:44oui mais tu lui parles du séjour s'il te plaît, d'accord, de toute façon je vais te donner toutes les
28:50infos via whatsapp et tout, quand on part en séjour, c'est tout de suite, ils veulent mettre leur
28:55musique en fait, alors je leur dis ok, je vais mettre une bonne musique, je mets les miennes
29:00d'abord, là c'est non non, tu vas pas nous mettre tes vieilles musiques et tout, je dis si si, je vais
29:03mettre une musique, on fait un échange, donc là c'est assez marrant et du coup, une fois on a fait
29:08un séjour avec un groupe mixte, mais on avait retrouvé des jeunes filles qui avaient déjà fait
29:12un séjour avec moi, ils m'ont dit tu vas nous mettre du piaf, j'ai dit bah t'as retenu le nom déjà, ça c'est
29:17assez, donc on échange aussi, donc ils nous apportent beaucoup de choses aussi et on leur
29:22apporte beaucoup aussi, c'est le but aussi de leur apporter et le but des séjours aussi c'est de
29:26travailler aussi, c'est toujours court les séjours en même temps.
29:31Après elles boivent, elles sont pas aveugles, elles vont me dire c'est toujours pareil,
29:37vous regardez une fois, deux fois, puis elles vont me dire c'est toujours pareil, à Nacera c'est
29:41toujours pareil, c'est bon on a de chèvre. Moi je sens plus mes pieds à Nacera, je vais arrêter,
29:49tu fais une pause, j'appelle Karima.
30:19C'est pas parce qu'une personne avait fait un truc, qu'elle laisse les cinq coups de personne
30:38ne pas vouloir faire et la personne a fait. On lui dit non on veut pas faire mais elle veut,
30:43dans ces cas là on n'a qu'à rester à la maison, elle fait ça un autre jour, elle vient un autre
30:46week-end, elle ramène son fromage. On s'est senti forcés. Là c'est vraiment, c'est forcé en fait,
30:53maman a dégoûté du fromage. Voilà et du lait, parce que les vaches elles sont hyper sales,
30:58elles les lavent jamais. C'est un truc dans tous les cas qu'on voulait pas faire.
31:03Mais bon, c'est fait, c'est fait.
31:08T'as fait beaucoup la tête Lina aujourd'hui. Vraiment j'ai vraiment l'impression que cette
31:18visite là c'était une torture pour toi, que je t'ai forcé. Donc dis, exprime toi Lina.
31:24Moi je voulais pas marcher dans tous les cas. Oui on avait tous compris. On aurait fait quoi ? Les
31:30autres ils partent visiter la fromagerie, j'aurais fait quoi ? Je t'aurais laissé. Nous quatre on n'a pas
31:34voulu y aller. Pourquoi quand on a préparé la journée hier, vous m'avez pas dit ça ? On m'a même dit, c'est chouette
31:39même si on fait la traite des vaches. Oui si on fait la traite des vaches.
31:43Vous auriez fait comment si on faisait la traite des vaches ? Dans tous les cas, si j'aurais vu que les
31:47vaches elles seront comme ça, je les aurais même pas touchées. J'étais pas très contente parce que à un
31:51moment donné, un séjour aussi c'est aussi du ski, vous vous êtes fait plaisir, vous avez fait de la
31:55luche. Moi je tiens aussi à cette partie culturelle. Ils vont parler de leur famille, ils vont parler de
32:01difficultés. Il y a des choses des fois difficiles à entendre aussi. Donc il y a
32:07des révélations des fois, comme ça. Des fois on n'est pas toujours prêt. Donc du coup attention
32:14à bien écouter pour reprendre ça après.
32:25Avec Limonce, j'ai trouvé plein de trucs. En fait des trucs vraiment sincères. Et du coup elle avait
32:44le côté professionnel mais plus dans la vie réelle en vrai. Elle donne des conseils, elle a des façons
32:52pour parler aux jeunes et elle m'a montré comment la vie est en vrai. Même quand j'étais des fois dans
33:01les difficultés et tout ça, même le soir tard, elle est là elle me répond. Et après ses réponses, c'est
33:07bien, c'est doux, c'est compréhensif. C'est des mots qui rentrent vraiment dans la tête. C'est pas
33:16comme n'importe qui que quand je leur raconte, c'est pas la même chose. Et moi quand je vois
33:23comment elle est avec Limonce, j'aimerais bien avoir une vie comme elle en fait. Vraiment. Dans le sens
33:29comment elle présente, comment elle parle, comment ses manières et tout ça, vraiment.
33:37Cette séance c'était pas comme la première mais elle m'a appris des choses par contre.
33:44C'est pour ça que j'aime bien te laisser aussi réfléchir et pas tout de suite te débriefer. Parce que ça s'infuse et dans ton corps
33:54ça s'infuse aussi, comme une infusion à la cannelle.
34:01Je l'aime trop. Vraiment. Malgré que j'étais chiante avec elle.
34:07Alors moi dans mes formations, on en a jamais parlé bien sûr. Il n'y a pas question d'amour, il y a question de transfert. Alors le transfert quand même, c'est une grande question d'amour.
34:16Mais rarement on va t'en parler en ces termes là. Parce que c'est comme un gros mot lâché quoi, comme une bombe où on parle d'émotion, d'affect.
34:25Et non, surtout pas. Et du coup c'est quand même fou parce que t'arrives avec tout un tas de bagages en tant qu'éduque et puis on t'a jamais parlé de l'essentiel.
34:34Et j'ai l'impression un peu comme dans l'éducation avec les enfants, ou par exemple la sexualité. Et on n'en parle jamais.
34:41On n'en parle qu'en termes de maladies, en termes de prévention des maladies et de la grossesse éventuellement. Et puis fin de l'histoire.
34:55Et ça tombe bien toi, ça y est t'as eu ta paye ?
35:06Ouais vas-y. Tu l'as eue ta paye ?
35:08Ouais mais je l'ai laissé tomber.
35:10Mais tu l'as eue ?
35:11Ouais, c'est carré.
35:13C'est bon t'as pu te faire un petit resto ?
35:14Non non pas, j'ai payé mes factures.
35:16Ah bah c'est bien, t'as payé tes factures plutôt que le resto.
35:20Tu passes quand à me voir ?
35:22T'es là demain ?
35:23Ouais.
35:23A quelle heure ?
35:25Je dis qu'à 15h. Si tu veux tu passes vers 15h30, 16h. Mais grand max moi à 17h je suis partie.
35:29Vas-y, ça veut dire que tu passes à 15h30.
35:3115h30. Et comme ça je t'aide dans les démarches ? Vas-y, on fait comme ça.
35:35Bah je te le dis, on part toi. Après on va te tailler après.
35:45Mon but à moi c'est pas d'agir forcément sur une situation marginale ou que moi j'estime marginale déjà.
35:53Et pour qui ? Pour qui ? Pour moi ? Pour Pôle Emploi ? Pour la sécurité de l'arrondissement ?
36:03Il y a des jeunes qui font des choix.
36:07Qui assument leurs choix.
36:09Qui savent qu'il y aura dans cette direction une casse-prison à un moment donné.
36:17Et qui sont pas prêts à changer.
36:19Est-ce qu'un jour ils auront une rencontre amoureuse
36:23et ils décideront de s'investir davantage dans leur rencontre amoureuse
36:27qu'auprès de leur groupe de pères dans des côtes de la rue ?
36:35Ils seront décisionnés.
36:39C'est pas toi qui va amener ce changement ?
36:45Peut-être, peut-être, j'en sais rien.
36:47J'en sais rien.
36:49Mes paroles peuvent avoir écho dans son esprit sans même que je le sache.
36:53Sans même que lui ou elle le sache.
36:55Quand tu vas voir en détention, par exemple, c'est un exemple,
36:59un jeune, tu vas le voir à un moment donné où il est dans une fragilité extrême.
37:07Et quand tu vas faire ce mouvement-là, alors que t'es pas de la famille,
37:11d'aller les voir et de leur montrer par ton regard
37:15que toi t'es pas la justice, mais que t'es encore là pour eux,
37:21t'es encore là pour les écouter, pour parler avec eux,
37:25parce que tu les apprécies,
37:27et ben là tu...
37:31Et pour moi c'est vraiment le rôle de l'éducateur de prévention.
37:35Parce que nous on a un rôle à jouer là-dessus.
37:37C'est que nous on peut aller aux interstices,
37:41aux endroits où il n'y a plus grand monde.
38:15Je pense pas qu'aujourd'hui je serais en formation,
38:17en prison ou en train de faire des bêtises encore moi.
38:21Et là maintenant, tu fais quoi ?
38:23Là en ce moment je suis en formation en alternance
38:25avec la RATP pour devenir conducteur de bus.
38:29Ils veulent pas nous décevoir.
38:31Et ils savent qu'on va pas les juger,
38:33mais ils veulent qu'on garde une image positive de leur personne,
38:37et ça c'est normal, et ça c'est humain.
38:42Et puis il faut prendre le temps,
38:44donc moi j'ai pas besoin de tout savoir,
38:46donc ça m'intéresse pas du tout.
38:48Mais c'est vraiment de les accompagner,
38:50ils savent qu'on est quand même des professionnels,
38:54et du coup on a un oeil assez aiguisé de qui fait quoi,
38:58et puis du coup on sera toujours là pour eux.
39:00On est pas là pour juger qui que ce soit.
39:02On est là pour accompagner.
39:12Tu voudrais garder le maillot du Stadralet ?
39:14Ouais, il est en dessous.
39:16Non, tu connais, c'est...
39:18D'abord on chauffe un peu, on chauffe un peu...
39:20Il faut accepter aussi leur aide,
39:22parce que par exemple j'ai certains amis à moi,
39:24ou certains qui veulent pas de l'aide à Feuvert.
39:26Quand ils croisent Feuvert, bonjour, au revoir,
39:28mais sinon ils ont rien à voir avec Feuvert.
39:30C'est quand t'as grandi,
39:32quand on a cet âge-là,
39:34qu'on se dit, ah ouais, ils ont vraiment voulu nous aider.
39:36Malgré qu'on voulait pas, ils ont forcé vraiment.
39:38Limite, ils voulaient plus qu'on avance que nous-mêmes.
39:40Tire, tire !
39:54Dès qu'ils ont l'amour de leurs parents,
39:56ils ont la confiance de leurs parents,
39:58ils ont des discours bienveillants de la part des parents,
40:00je sais que même s'ils sont dans une situation de précarité,
40:02ils auront de la ressource,
40:04pour après.
40:06Mais s'il n'y a pas
40:08ce minimum-là
40:10d'amour, de confiance
40:12et de discours positifs,
40:14ça va être compliqué.
40:18Et c'est Carla, Carla d'entraide.
40:20Vous voyez comment ? C'est mon père, limite.
40:22Limite, c'est comme mon père, ce type.
40:32T'as vu, t'as vu,
40:34deux maîtres, deux maîtres, ils étaient quoi au collège ?
40:36Beaucoup, beaucoup, beaucoup.
40:38Mais c'est mon gars quand même.
40:40Et ça, c'est mes frérots, ça.
40:42J'ai fait mon collège avec eux.
40:44Et voilà, vous voyez, un ballon,
40:46ça nous suffit pour jouer et être heureux en tout cas.
40:48Ils sont là, ça c'est mon gars.
40:50Rappeur, flèche montante,
40:52drill, tu vois ce que je veux dire ?
40:54Voilà.
40:5619ème, 10ème.
41:00Là regarde, là t'es sur place des flèches,
41:02y'a de tout et y'a de rien.
41:04Mais ce qui est sûr, c'est qu'on est tous là
41:06et on s'en sort tous de la même manière, tu vois.
41:08C'est moi qui suis ?
41:10C'est moi je te tiens et tu me dis c'est qui la suit.
41:12Charles, mon frère,
41:14tu montes ?
41:20Je me suis vraiment, vraiment amusé avec Feuvert.
41:22Vraiment, je...
41:24On a voyagé, mes premiers voyages sont...
41:26ont été faits avec Feuvert, tu vois.
41:28On partait dans le sud, dans le nord,
41:30mais c'était toujours des voyages
41:32avec quand même cet aspect
41:34de faire quelque chose en retour.
41:36Parce que quand on partait en voyage,
41:38c'était pas un voyage, on se la coulait, tu vois.
41:40On partait, on ramassait des feuilles.
41:42On travaillait quoi, tu vois.
41:44Ils nous apprenaient déjà à travailler,
41:46travail mérite salaire.
41:48J'étais en pro mécanique,
41:50j'ai fait de la pro électronique,
41:52ça m'intéressait pas, tu vois.
41:54Et y'avait Feuvert, tu vois.
41:56Et je m'en souviens, tu sais,
41:58c'était une dame qui s'appelait Virginie,
42:00et elle m'a aidé, tu sais, de ouf.
42:02Et à la fin, bah, j'ai eu un entretien
42:04avec le directeur
42:06d'un lycée Bac Pro Vente,
42:08et je suis rentré dedans.
42:10Et Crescendo, il a kiffé mon profil,
42:12mon potentiel, mais c'est pour t'expliquer
42:14que s'il y avait pas eu Feuvert,
42:16j'aurais... j'aurais peut-être vu
42:18le côté négatif de la vie, hein.
42:20L'économie parallèle, tu vois.
42:22Je vais pas te faire le dessin, tu vois.
42:24Ils ont ce rôle un peu d'éponge d'écouter,
42:26tu vois, parce qu'ils sont dans la pédagogie à fond,
42:28ils sont là pour les jeunes,
42:30et pas que pour les jeunes, hein, Feuvert.
42:32Ils sont là pour tout ce qui est papera,
42:34si une maman ne parle pas forcément français
42:36ou quoi que ce soit, tu vois,
42:38ils sont là vraiment pour aider.
42:40Mais ils te donneront jamais
42:42la chose dans ta bouche tout crue.
42:44Et là, il est là, le...
42:46le petit Binz, tu vois.
42:48Parce qu'il y en a beaucoup qui pensent que
42:50tu viens, Feuvert, je veux du travail,
42:52OK, vas-y, tiens.
42:54Non, non, non, non, non. Ils vont pas te donner.
42:56Tu vas aller avec eux, ils vont te montrer comment faire.
42:58Et ça, il faut avoir une certaine
43:00motivation en soi, tu vois, il faut se faire combat.
43:26Ça fait 12 ans que je suis sur ce quartier-là.
43:28J'y vais sur la 13e année.
43:30Mais ils me le disent aujourd'hui,
43:32les anciens,
43:34que toi, t'es toujours là, moi.
43:36Tu te dis, tu t'es pas trompé.
43:38Parce que, là, il y a des moments difficiles.
43:40Après, tu peux devenir aussi
43:42un petit peu le...
43:44ce qu'on appelle le...
43:46le...
43:48le...
43:50le...
43:52le...
43:54Tu peux devenir aussi un petit peu le...
43:56celui qui porte un petit peu
43:58toute la responsabilité de...
44:00la frustration.
44:02Certain.
44:04Pour moi, Emel, c'est comme un grand frère.
44:06Parce que depuis tout petit, je le connais,
44:08depuis...
44:10je sais que c'est quelqu'un, j'ai confiance en lui,
44:12il a confiance en moi.
44:14Et franchement, ouais, ça peut que être positif.
44:16Ça peut que être positif.
44:18Je me voyais traîner un peu, il était là,
44:20vas-y, va à l'école, qu'est-ce que tu fais ici ?
44:22Mais franchement, je l'en veux pas.
44:24Je peux que le remercier, au jour d'aujourd'hui,
44:26j'ai mon bac.
44:28J'ai eu le diplôme que ma mère attendait tant.
44:30Et franchement, je peux que le remercier.
44:32Quand ta mère, elle va travailler tous les jours,
44:34qu'elle est toute seule,
44:36qu'elle travaille,
44:38même quand t'as une basket trouée,
44:40elle va te l'acheter, tu vois ce que je veux dire ?
44:42Franchement, tu...
44:44Au jour d'aujourd'hui, je peux que remercier ma mère.
44:46Je peux que remercier ma mère.
44:48Parce que sans elle, je serais pas ce que je suis aujourd'hui.
44:50Sans elle, je serais pas...
44:52Et franchement, c'est compliqué.
44:54C'est vrai que ça a été compliqué
44:56de la voir, d'aller travailler.
44:58Mais moi aussi, j'essaie de travailler
45:00pour que mes enfants,
45:02ils soient au maximum.
45:04Pour que mes descendants,
45:06comme on dit, ils soient au top.
45:08Nous, on est là,
45:10on est en bas tous les jours,
45:12on voit tous les jours la même chose,
45:14on connaît tous les jours,
45:16on voit tout le temps la même chose.
45:18Je sais pas, chez moi,
45:20c'était pas ça.
45:22Une activité en karting, en famille,
45:24ma mère a d'autres choses à fouetter.
45:28On a fait du vélo,
45:30on a fait du kayak,
45:32trop de trucs,
45:34trop de trucs, trop de trucs.
45:36J'ai fait trop d'activités.
45:38J'ai fait du paintball, j'ai fait du karting,
45:40j'ai fait...
45:42Là, au jour d'aujourd'hui, je suis animateur.
45:44De base, il m'a trouvé juste un truc
45:47juste pour avoir un peu d'argent,
45:49histoire d'avoir un peu d'argent en poche.
45:51Grâce à lui, au jour d'aujourd'hui,
45:53ils ont kiffé mon travail,
45:55ils m'ont donné plusieurs responsabilités,
45:57c'est-à-dire que je gagne plus le même salaire que je gagnais au début.
46:17On va quand même descendre avec lui.
46:19Allez-y !
46:21T'es sûr que t'es parti en vacances ?
46:23Il arrive de Turquie, il lui a les loupes,
46:25il lui met tout.
46:27Attention, c'est gênant.
46:31Un petit cadeau de...
46:33Merci beaucoup.
46:35Je vais montrer un petit peu le vacances.
46:37Il est parti en vacances,
46:39il m'a ramené un petit cadeau.
46:41Je l'ouvrirai tranquillement.
46:43Il y a un bazar.
46:45C'est plutôt au collège où ça a commencé.
46:47Souvent au collège, à l'adolescence,
46:49on veut s'affirmer.
46:51Là, on rencontre des gens,
46:53on se fait tous influencer par les plus grands
46:55qui sont nos modèles.
46:57Au quartier, à l'époque,
46:59les modèles qu'on voyait,
47:01c'était plutôt les grands avec des belles voitures.
47:03C'était plutôt ça.
47:05Après, on rencontre,
47:07on a une bande, tout le monde...
47:09J'ai suivi, j'ai suivi.
47:11J'ai suivi mes copains.
47:13Et puis après, au quartier,
47:15ça continue.
47:17On commence à vendre
47:19un peu de shit.
47:21Et puis voilà.
47:23L'influence est très importante.
47:25Ils m'ont influencé.
47:27Il m'a influencé.
47:29C'est là qu'est arrivé le moment où on commençait.
47:31On avait des gros problèmes.
47:33C'était énorme comme ça.
47:35C'est pas vrai.
47:42Ce que j'ai adoré à l'époque,
47:44chez Fever, c'est le fait qu'ils ne portent pas de jugement.
47:46Je me rappelle,
47:48je les avais rencontrés, ils étaient trois.
47:50Il y en a trois qui m'ont marqué.
47:52Avec qui on a beaucoup échangé, qui nous écoutaient énormément.
47:54Parce que, sans jugement,
47:56je me rappelle,
47:58j'avais intégré une école,
48:00une lycée technique à Torion.
48:02En tout cas, dans le 11e.
48:04C'était grâce à Nassera.
48:06Elle m'a dit qu'on était là.
48:08J'arrive avec des numéros.
48:10Je n'ose pas appeler.
48:12Parce que c'était une école dans le 11e.
48:14Et moi, pour moi, le 11e,
48:16j'y allais que la nuit.
48:18Nassera, elle appelle.
48:20Je ne sais pas comment elle a fait.
48:22Elle a réussi à convaincre la directrice.
48:24Un rendez-vous.
48:26Elle me dit, vas-y.
48:28Vas-y, c'est bon, t'inquiète pas.
48:30Elle appelle, j'ai mon rendez-vous.
48:32Et puis bam, ça a marché.
48:34Ils voient que notre projet,
48:36on y tient à cœur.
48:38Ils vont nous aider.
48:40Ils ne vont pas nous lâcher.
48:42Ils ne nous lâchent pas.
48:44Même quand on a envie de lâcher,
48:46ils sont là.
48:48Rien que le fait de dire
48:50que j'ai confiance en toi,
48:52c'est ce qu'ils m'ont apporté.
48:54Le fait de savoir que moi aussi,
48:56je pouvais le faire.
48:58Elle a fait partie de ma vie.
49:00Je suis un ingénieur automaticien
49:02et c'est elle.
49:06C'est ma deuxième maman.
49:08Ça veut dire que
49:10un jour, je me souviens,
49:12on était dans ma voiture ou dans sa voiture.
49:14J'ai dit, j'ai ma maman chez moi.
49:16J'ai ma maman dehors.
49:18Elle me dit, c'est qui ?
49:20Je dis, c'est toi.
49:22Quand elle ne me prend pas la tête,
49:24c'est toi qui me prends la tête.
49:26Je ne pourrais pas expliquer.
49:28C'est...
49:30Je ne sais pas.
49:32On ressent les choses.
49:34Je voyais beaucoup de sincérité chez elle.
49:36Le fait qu'elle soit aussi sensible à l'art,
49:38je crois que c'est ça qui a fait que...
49:40Je pense que
49:42comme ils ont pris leur travail au sérieux,
49:44nous aussi, on les a pris au sérieux
49:46très vite.
49:48Ça a sauvé beaucoup de personnes.
49:50Même si parfois,
49:52il pouvait y avoir un laps de temps
49:54où on ne se voit pas,
49:56et je pense que indirectement,
49:58ces éducateurs,
50:00ces sorciers-là,
50:02indirectement,
50:04ils nous ont donné ce truc-là
50:06en nous qui,
50:08on va dire, on a envie d'aider
50:10les plus jeunes, automatiquement.
50:12Là, ce qui va se passer,
50:14c'est que là, c'est le dernier artiste.
50:16Je ne sais pas si vous le connaissez.
50:26♪♪♪
50:54Je prétends presque
50:56penser beaucoup à la vie.
51:00Sans ça, t'es rien.
51:06Tiens, allez.
51:08Là, ça a filmé.
51:10T'envoies tes enfants.
51:12Ça a filmé.
51:14Ça a filmé.
51:16...
51:44...
52:08...

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