53.000 téléphones portables saisis dans les prisons françaises en 2023, un chiffre record. Des téléphones qui servent à organiser des trafics en tout genre et à enrichir certains détenus derrière les barreaux mais qui peuvent aussi être utilisés pour menacer, mettre sous pression les agents pénitentiaires voire commanditer des activités criminelles à l’extérieur. Plongée dans un système carcéral à bout de souffle, où les détenus font la loi. Une enquête signée Benoît Sarrade, Maël Jeanthon et Clément Granon.
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00:00Le resseuleur peut notamment compter sur celui que nous appellerons l'avionneur.
00:05Ce dernier gère un business de livraison de produits illicites par drone depuis sa cellule.
00:12A l'extérieur, il a toute une armée de dronistes.
00:20Mais tout ça depuis l'intérieur de la prison ?
00:23Bien sûr. C'est ma spécialité. On m'appelle le roi des drones.
00:26Drogue, téléphone, shampoing, entrecôte, dorade.
00:34L'avionneur est à la tête d'une petite PME clandestine
00:37qui emploie 12 dronistes qu'il appelle ses petits.
00:42C'est mes petits. Ils ont 14 ans, 15 ans. Ils sont mineurs.
00:45J'ai 12 drones maintenant et je livre dans à peu près 7 prisons dans toute la France.
00:50Nous avons pu rencontrer un de ces pilotes qui livre dans les prisons.
00:55Il ne sait pas qu'il est filmé.
01:11En plus de livrer, il vend des drones trafiqués et porteurs,
01:15c'est-à-dire capables de voler dans des zones interdites de vol,
01:19comme les prisons, et équipés d'un système de largage.
01:37Le vendeur nous explique ses techniques pour survoler les prisons et échapper à la police.
01:45Attends, je vais te montrer sur mon téléphone.
01:47Je vais sur Google Maps, chaque prison, je mets un repère sur la prison.
01:50Une fois que tu as fait ça, tu vas mesurer une distance,
01:53600 mètres, 500 mètres, et tu vois les cachettes que tu peux trouver.
01:57Vas-y, écarte-toi un peu et vois s'il arrive à te le déposer dans la main.
02:10Un jeu d'enfant qui rapporterait gros.
02:15Le plus gros qu'on m'a demandé, c'était 14 paquets de 400 euros pour 6000 euros à Besançon.
02:23Le colis de 350 grammes, tu mets une planquette, un iPhone, un chargeur et un bloc prise.
02:29Je l'ai fait à 350 euros, le colis.
02:32Souvent, les gens, ils ne prennent jamais un colis, en fait.
02:35Ils prennent trois, quatre, et ça remonte vite après.
02:40Par mois, il affirme pouvoir gagner entre 25 000 et 40 000 euros.
02:45Des sommes à des années-lumière des revenus dégagés par les surveillants.