Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00...
00:06Bonjour, Philippe Durand.
00:07Vous êtes historien du cinéma, auteur de nombreux livres,
00:11et le dernier s'intitule
00:12Les petits secrets des grands films français.
00:14Quand on lit ça, il y a toujours des choses
00:17qui ne se passent pas, comme prévu, sur les films,
00:20même des films que vous connaissez, et c'est fréquent.
00:23Oui, c'est même constant.
00:24C'est tant mieux pour le cinéma,
00:26parce qu'en général, c'est parce qu'on a besoin d'idées nouvelles,
00:29qu'on trouve des choses fabuleuses.
00:32Oui, mais soit il n'y a pas assez d'argent
00:34et c'est un autre film, soit ce ne sont pas les mêmes acteurs
00:38et ceux qui les remplacent sont très bons aussi,
00:40et ainsi de suite.
00:41Vous racontez, ça, on le sait moins,
00:43qu'il arrive assez souvent que des mafieux
00:47s'invitent sur les tournages.
00:49En Italie, vous me direz, oui, aux Etats-Unis,
00:52mais en France aussi.
00:53Oui, ça s'est passé en Corse,
00:55notamment sur le tournage du Jour le plus long,
00:58sur la raquette des Américains,
01:00et en l'occurrence, ici, sur le Corneo...
01:02Ils ont raquetté les Américains.
01:04Qui ont tourné sur les plages.
01:06Oui, en leur disant que la plage nous appartient,
01:08ce qui n'était pas le cas.
01:10Et sur le Corneo, par exemple,
01:12là, ce sont les mafieux italiens qui ont dit
01:14que si vous voulez tourner votre film ici,
01:17il va falloir payer un supplément,
01:18et le supplément, c'est payé en liquide
01:21d'une manière assez circonstancielle.
01:23Il y a le grand pardon.
01:24Il y a le grand pardon, c'est les Zemmour
01:26qui ont appelé Alexandre Arcadi.
01:28C'était une famille...
01:30La famille Zemmour, c'était, bon, une famille de...
01:32C'est le grand banditisme.
01:34Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé, là ?
01:36Ils appellent Arcadi pour dire qu'il allait faire un film sur eux.
01:40On est au courant.
01:41Arcadi, avec de l'intelligence,
01:43dit qu'il ne ferait pas un film sur eux,
01:45mais sur des gens qui sont des gangsters.
01:47Et vous, a priori, vous n'êtes pas des gangsters,
01:50car vous arrêtez pas de soutenir que vous êtes des gens bien,
01:53et le film s'est fait comme ça.
01:56Qu'est-ce qu'il y a encore ? Le cordiaux.
01:58C'est tout à fait autre chose.
02:00C'est un petit couac, ces petits couacs-là,
02:02dans des équipes de...
02:04On ne le sait pas toujours, là.
02:05C'est pas entre n'importe qui.
02:07C'est entre Bourvil et De Funès,
02:09les deux personnages principaux.
02:12De Funès estimait que le film était déséquilibré,
02:15non pas son personnage,
02:16mais il trouvait qu'il y avait un peu trop de scènes sur Bourvil.
02:20C'est pas tellement lui, c'est pas lui.
02:22C'est sa femme.
02:23On va dire que c'est sa femme,
02:25donc c'est sa femme qui comptait les répliques
02:28et qui disait que son mari n'en avait pas assez.
02:30Ce qui était assez particulier.
02:32Elle assistait au tournage.
02:34Elle était présente.
02:35Le soir.
02:36Il était là tout le temps.
02:38Elle disait que c'était un lieu où ils s'en fichaient.
02:41Ils comptabilisaient le minutage.
02:43Comme il y a eu un incident sur le tournage,
02:46le tournage s'est arrêté,
02:47et Louis De Funès a suggéré à Gérard Roury
02:50de faire des nouvelles scènes,
02:51donc une scène qui n'était pas du tout dans le scénario
02:54et dont on se souvient tous, c'est la scène de la douche.
02:58Face à l'espèce de costaud avec le petit De Funès.
03:00C'est une scène qui a été improvisée en dernière minute.
03:04Ca fait partie de la beauté du cinéma.
03:06Elle est mémorable.
03:07On se dit que ça a été écrit par Daniel Thompson.
03:10Ils ont fait ça tout de suite
03:12parce que du côté de Funès, ça a commencé à grimacer un peu.
03:16Exactement.
03:17Et puis il y a le film L'Amaume.
03:19L'Amaume, Marion Cotillard,
03:21qui campe formidablement bien Edith Piaf.
03:23Et le rôle, et là l'expression est réelle,
03:26ça lui a collé à la peau.
03:28Elle n'arrivait pas à s'en débarrasser.
03:30Elle se sentait Edith Piaf, elle se sentait devenir Edith Piaf.
03:34Il a fallu qu'elle se débarrasse d'Edith Piaf
03:37pour se débarrasser d'Edith Piaf.
03:39C'est compliqué, il faut aller jusqu'au Machu Picchu,
03:42vous situez à peu près la zone,
03:43et prendre des substances pas forcément légales
03:46pour se débarrasser de ce personnage
03:48qu'elle a traîné pendant des mois.
03:51Maintenant, ça va mieux, mais ce n'est pas un cas unique.
03:54Des gens se sont pris pour Napoléon jusqu'à la fin de leur jour.
03:57Des gens se sont pris pour Jésus-Christ.
04:00Peut-être qu'ils se prenaient pour Napoléon avant.
04:02Il y a des acteurs qui sont habités par le personnage
04:05et qui ne s'en débarrassent pas.
04:07Souvent, vous avez remarqué qu'après des films importants,
04:10les journalistes posent la question
04:13comment vous êtes arrivés à redescendre après ce film.
04:16C'est pas évident de le faire.
04:17-"Les petits mouchoirs", ça aussi, un film formidable.
04:21Alors, Guillaume Canet, qui est le réalisateur,
04:23il a mis, le moins qu'on puisse dire,
04:26beaucoup de lui-même.
04:27Certains de ses camarades lui ont reproché
04:30d'en avoir fait un peu trop, non ?
04:32Il mettait une pression terrible sur les acteurs.
04:34Tous ces acteurs étaient des amis,
04:36donc ça devait se passer en bonne relation.
04:39Il insistait tellement en disant
04:41qu'il voulait que vous fassiez ça au millimètre.
04:44Et ça a failli se terminer en gros clash.
04:46Il a failli se faire jeter de son propre film par ses acteurs.
04:49Il y a eu une réunion de La dernière chance un soir.
04:52Ils ont tout mis sur la table en disant
04:54pourquoi tu nous énerves.
04:56Ca a été une engueulade gigantesque.
04:58Mais bénéfique, puisqu'ils se sont tous retrouvés.
05:01Le film a continué et ça a donné le succès qu'on connaît.
05:04Il a dit, je cède.
05:05J'ai compris.
05:06Nous, quand on voit ces films-là, on sait rien de tout ça.
05:09Quand on l'apprend, on dit, peut-être que j'avais remarqué.
05:13Pendant le tournage de L'aventure, c'est l'aventure,
05:16tout le monde connaît ce film de Claude Lelouch.
05:18Alors, Lino Ventura, qui était un homme
05:21qui avait des opinions très tranchées,
05:23et quand on lui disait quelque chose et qu'il voulait pas,
05:26il fait pas.
05:27Lino Ventura lui a donné un peu de fil à retordre.
05:30Lino Ventura avait peur d'une chose, c'est du ridicule.
05:33Donc, il voit sur la plage Aldo Macione,
05:35c'est-à-dire le crétin sur la plage,
05:37essayant de draguer des filles allongées sur la plage
05:40avec sa démarche d'espèce d'autruche.
05:43Il voit ses copains le suivre, Jacques Brel,
05:45Charles Delner, faire tout ça,
05:47et Claude Lelouch, qui est à côté,
05:49prend sa caméra et filme ça.
05:51C'était le matin, c'était un dimanche.
05:53Et Lino Ventura, lui, dit, je ne bougerai pas.
05:55Il dit, je ne veux pas faire d'idiot.
05:58Mais il voit tellement ses copains se marrer à faire des idiots
06:01qu'il dit, il faut que j'y aille.
06:03Et il y va.
06:04Ce qui est magnifique, c'est que Claude Lelouch filme tout ça,
06:07et ça reste la scène la plus célèbre du film.
06:10Ventura se lève, il dit, j'y vais,
06:12et il leur dit, c'est pas comme ça qu'il faut faire.
06:15Tous les autres, vous voyez la scène.
06:17Les trois jeunes filles qui sont là sont des vrais touristes.
06:20Elles ne s'apercevaient pas que Claude Lelouch filmait.
06:23Tout doucement, elles se sont aperçues.
06:25C'est très sympa.
06:27Les visiteurs.
06:28On découvre dans votre livre que Valérie Lemercier
06:31n'a pas aimé ce tournage.
06:32Elle n'a pas aimé,
06:34et elle s'est sentie un peu rejetée par tout le tournage.
06:37Ils n'étaient pas très calins avec elle.
06:39Ils lui disaient, tu n'es pas drôle.
06:41C'est terrible.
06:42Ca vous plombe quand même un peu l'ambiance.
06:45Elle s'en est quand même bien sortie.
06:47Le film est magnifique et son rôle est bien.
06:49Mais elle a eu beaucoup de mal à le faire
06:52et aller jusqu'au bout du rôle.
06:53Elle n'est pas dans Les visiteurs 2, par exemple.
06:56Elle a dit, on ne va pas le faire deux fois.
06:58Comment avez-vous eu accès à toutes ces petites indiscretions ?
07:02Il faut avoir l'oreille bien tendue
07:04quand on fait des interviews.
07:06Il faut savoir poser les bonnes questions.
07:08Philippe a travaillé avec Jean-Paul Belmondo à une époque.
07:11Il a travaillé avec Jean-Paul Belmondo.
07:13Ca ouvre beaucoup de portes.
07:15Si on veut des anecdotes, on peut en avoir des milliers.
07:18Jean-Paul Belmondo, c'était...
07:20Avant de tourner, il ne valait mieux pas être son partenaire.
07:24Il vous faisait des choses très bizarres.
07:26Vous mettez le doigt dans le nez, et il prend un moteur.
07:29Il ne bougeait pas.
07:30Mais c'est lui.
07:31Tout le monde ne se faisait rien, c'est ça.
07:34Jean-Paul, il avait besoin de plaisanter sur tous les tournages.
07:38A la seconde, juste avant.
07:40Il s'arrêtait, il jouait, il reprenait ses blagues.
07:42S'il n'avait pas terminé, il reprenait la blague.
07:45Dès que le metteur en scène, il reprenait sa blague.
07:48C'était infernal. Tout le monde y avait droit.
07:51Il avait besoin de ça.
07:52Je vous le confirme. Merci beaucoup, Philippe.
07:55Ca s'appelle Les petits secrets des grands films français.
07:58Si vous aimez le cinéma, c'est publié aux éditions du Rocher.
08:01Mettez ça sur votre table de nuit.
08:03Il y aura toujours un film qui vous intéresse.