Le Premier ministre Michel Barnier a engagé lundi la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, avec le recours au 49.3. Le gouvernement devrait donc chuter dès mercredi, le Rassemblement national et la gauche ayant annoncé qu’ils voteraient la censure. Au micro de Public Sénat, le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner estime que « le grand responsable de tout ce chaos est Emmanuel Marcon ».
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00:00Vous savez, j'ai l'impression que ce gouvernement va subir la censure et aussi le déshonneur, pour reprendre une métaphore de Churchill.
00:12— Pourquoi le déshonneur pour vous ? — Le déshonneur parce que finalement, ils ont négocié qu'avec l'extrême-droite.
00:18Vous savez, j'ai été reçu avec Boris Vallaud pendant une heure par Michel Barnier. Il y a quelques jours, il nous avait dit à plusieurs reprises
00:25« Mais moi, je ne fais qu'écouter le RN. Je ne négocie pas ». On l'a vu le lendemain qu'il négociait, et encore aujourd'hui sur le déremboursement
00:36des médicaments. Donc ce gouvernement est sous influence, sous surveillance du RN. Et même malgré les milliards qu'il a lâchés,
00:46eh bien le RN s'empresse potentiellement de le censurer dès mercredi. Donc c'est un échec complet.
00:53— On pouvait s'imaginer, vu comme se passaient les négociations, que cela n'aurait jamais suffi, puisqu'après le déremboursement des médicaments,
01:00on voyait Marine Le Pen brandir sa ligne rouge sur les retraites. Et il y aurait sans doute eu encore quelque chose, ensuite.
01:06— Mais le gouvernement aurait pu trouver une autre voie, y compris sur le projet de l'atténuance de la Sécurité sociale.
01:12Nous sommes venus avec des propositions autour de 8 milliards d'euros dans la commission mixte paritaire. 8 milliards d'euros sur un budget
01:20de 662 milliards d'euros, donc moins de 1,5% de ce budget. Si nous avions été entendus, eh bien nous n'aurions pas lancé une procédure
01:30de motion de censure. Donc le gouvernement a choisi son partenaire de jeu, le RN, au détriment de la gauche de responsabilité.
01:40Eh bien je le regrette profondément. — Vous aviez l'impression que le gouvernement ne cédait qu'au RN, jamais qu'il ne cédait à la gauche,
01:47lorsque, par exemple, sur les taxes sur le gaz ou sur l'électricité, c'était aussi des demandes de la gauche sur le déremboursement des médicaments.
01:56On sait que la gauche aussi était d'accord pour ne pas dérembourser les médicaments. Donc il y avait quand même un certain nombre de convergences là-dessus.
02:03— Une grande différence, c'est que nous, nos demandes étaient basées sur un renforcement des recettes, et notamment en privilégiant ces recettes
02:10sur les plus aisés de nos concitoyens. Vous savez, je vais vous donner un exemple très concret de ma région. Le groupe Mulier, groupe Auchan,
02:19Leroy-Merlin, Decathlon, etc., donc une famille, vient de s'attribuer 1 milliard d'euros de dividendes, alors qu'il y a 2 400 postes qui vont disparaître
02:27chez Auchan. Vous trouvez ça normal ? On est dans l'indécence. Et donc nous voulions, oui, faire payer ceux qui ont les moyens de contribuer
02:34Et ça, le RN n'en veut pas. Donc la grande différence, c'est que peut-être l'objectif était le même, au bout du bout, sur les plus modestes,
02:41mais pas au niveau des recettes. C'est ce qui fait la différence entre lâcher l'extrême droite pour rien, finalement, aujourd'hui.
02:48— Patrick Kenner, alors aujourd'hui, vous êtes prêts, les voix de la gauche, auxquelles vont se joindre les voix de l'extrême droite, à faire tomber
02:57aujourd'hui le gouvernement, même si cela veut dire une immense instabilité politique, même si on se sait aujourd'hui, observé par les marchés financiers,
03:06que cela peut avoir de graves conséquences pour la France ? — Eh bien, le gouvernement avait d'autres solutions, en écoutant plus son opposition républicaine,
03:13ce qu'il n'a pas voulu faire. Vous savez, nous déposerons notre motion de censure parce qu'il y avait un mauvais bilan de la part de M. Macron,
03:19un mauvais budget, un 49-3. On ne nous a pas écoutés. On ne nous a rien donné, permettez-moi l'expression. Donc il est normal que nous censurions,
03:27que l'extrême droite prenne ses responsabilités. Nous, nous prenons les nôtres en conscience. Et la question des marchés... Arrêtons d'agiter cette peur vis-à-vis des Français.
03:36— Oui. Cette tempête dont a parlé toute la semaine passé le gouvernement. — Oui. Il y aura sûrement des turbulences. Je ne peux pas le nier.
03:42Mais qu'est-ce que vous voulez ? Un nouveau gouvernement va être nommé. Il y aura des lois spéciales pour permettre l'exécution du budget sur la base de 2024.
03:49Il y aura sûrement un projet de loi de finances rectificatif en début d'année 2025. Donc voilà. Il faut purger les choses. Mais le principal...
03:56— Relativiser ce qui va se passer ensuite. — Bien sûr. Bien sûr. — Même si c'est une plongée dans l'inconnu, Patrick Cannaire.
04:01— Bien sûr que c'est une plongée dans l'inconnu. On n'a jamais connu ça, y compris depuis 1962. Je dis simplement qu'il faut arrêter de faire peur aux Français.
04:08Et le grand responsable de tout ce chaos est Emmanuel Macron. Nous l'oublions jamais.