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L’ancien ministre Philippe de Villiers était l’invité de Midi News, ce mardi 3 décembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la place d’Emmanuel Macron dans la crise politique : «Emmanuel Macron va devoir inéluctablement partir car il aura trois pressions : politique, populaire et financière».

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Transcription
00:00Philippe Devilliers, est-ce que nous en sommes là, aujourd'hui,
00:03à l'hypothèse, à la probabilité de la démission
00:06du président de la République ?
00:08Si vous voulez, on va examiner les différentes hypothèses,
00:11l'une après l'autre, de manière didactique
00:14et par soustraction.
00:17Alors, la première hypothèse, évidemment, c'est la dissolution.
00:20C'est la première arme qu'a le président de la République
00:24pour dénouer une crise.
00:25Ca ne nous a pas échappé que ça ne peut pas se faire
00:28en juillet, puisque c'est la loi, c'est la Constitution.
00:31Donc, il n'y a pas de possibilité de dissoudre
00:34pour dénouer la crise.
00:36La deuxième hypothèse dont on entend parler
00:39et qui me fait sourire, c'est le gouvernement technique,
00:42à la Draghi, etc.
00:45Et ça me rappelle l'ENA, quand j'étais à l'ENA,
00:49où on nous disait, en fait, le rêve,
00:53c'est d'en finir avec les nations, d'aller vers la cité sans frontières,
00:58car là, on pourrait, je cite un de mes grands professeurs
01:02qui reprenait Saint-Simon, en fait, le scientisme,
01:06on pourrait substituer l'administration des choses
01:11au gouvernement des hommes.
01:13Il y a des gens qui croient ça.
01:15Je pense que Macron, qui est un scientiste mondialiste,
01:22il pense ça, gouvernement technique.
01:24Alors, la question, c'est, est-ce que les OQTF,
01:26c'est un problème technique ?
01:28Est-ce que la crise agricole, c'est un problème technique ?
01:33Est-ce que l'insécurité, le laxisme judiciaire,
01:36ce sont des problèmes techniques ?
01:37Non, ce sont des problèmes éminemment politiques.
01:41Et donc, l'idée d'un gouvernement technique, ça tient trois jours.
01:46En France, ça ne marche pas.
01:47Le peuple français est un peuple politique,
01:50et même métapolitique, et même métaphysique.
01:55Un peuple métaphysique, c'est un peuple qui dit pourquoi,
01:58et non pas comment.
02:00Ensuite, il reste une autre hypothèse, c'est l'article 16.
02:07On voit bien Emmanuel Néron.
02:12Article 16, mais l'article 16 n'est pas fait pour ça.
02:15Donc, à mon avis, à ce moment-là, il court le risque de la forfaiture.
02:18Avec une décision.
02:19Il est plein pouvoir, l'article 16.
02:20Mais c'est en cas, dans des circonstances de troubles publics,
02:26bon, extérieurs ou intérieurs.
02:31Alors, il reste une dernière solution, c'est le départ d'Emmanuel Macron.
02:37Et ce départ serait justifié, à mon sens,
02:43par plusieurs raisons.
02:44La première, c'est qu'il a abîmé l'État
02:52en supprimant le corps préfectoral, le corps diplomatique,
02:56l'État régalien, il l'a abîmé.
02:58Il n'a pas compris que l'État régalien,
02:59c'était l'État fondateur avant l'État-providence,
03:04et que l'État régalien ne fonctionne plus.
03:06Le ministre de l'Intérieur le sait bien, mieux que les autres.
03:09Il l'a compris.
03:11Macron ne l'a pas compris.
03:13Ensuite, il a abîmé la nation,
03:16puisqu'il a voulu transférer la souveraineté de la nation à l'Europe,
03:19et il a abîmé la société en la triturant d'une manière indigne.
03:24Il a trituré la filiation, la vie, la mort,
03:28et il se prépare à faire voter une loi sur l'euthanasie.
03:30Et donc, il a échoué.
03:34Il a échoué, il n'a pas grandi la France, il l'a abaissée.
03:39Ça, c'est la première raison.
03:41Et la deuxième raison, c'est qu'il a joué,
03:44il a parié sur le franc républicain.
03:48C'est-à-dire que lui et ses amis,
03:51qui aujourd'hui sont en train de hurler
03:54dans les couloirs de l'Assemblée,
03:57ils ont voulu refaire un cordon sanitaire
04:03pour être sûrs d'ostraciser le Rassemblement national.
04:08Et donc, Marine Le Pen est quelqu'un qui a de l'honneur
04:14et qui se sent soutenue par ses 11 millions d'électeurs,
04:17et elle dit, vous nous avez fait le coup du franc républicain,
04:20eh bien, je fais le match retour.
04:22J'ajoute qu'elle sait très bien, pour connaître les institutions,
04:27comme moi, que la justice,
04:33le parquet, n'agit que rarement seul.
04:39Donc, voilà, ils ont ce qu'ils avaient cherché à faire.
04:44Moi, je ne porte pas de jugement, je le dis simplement.
04:47Inéluctablement, Emmanuel Macron va devoir partir.
04:53Pourquoi ? Il y a alors trois pressions.
04:55-"Inéluctablement".
04:56Oui. La première pression, c'est la pression politique.
04:59Il va être lâché par ses amis.
05:00Ça va commencer dès demain à 16h.
05:03Vous allez voir le festival.
05:05Déjà, il y a François Copé, etc.
05:08Il y a des très gros poissons qui vont quitter le banc de poissons.
05:13Ensuite, il va y avoir le peuple, avec les sondages.
05:21Les Français vont dire très vite,
05:22bon, écoutez, il faut qu'ils s'en aillent.
05:26Et troisièmement, et plus curieusement,
05:28vous allez voir ce que je vous dis,
05:30les milieux économiques et financiers,
05:32qui, jusqu'à présent, l'ont toujours soutenu,
05:34mais qui vont dire, le spread, etc., ce n'est pas possible,
05:37les taux d'intérêt, on ne sait pas où on va,
05:40on ne sait pas si on va investir, il faut qu'ils s'en aillent.
05:43Et ils lui diront gentiment, ils auront le devoir,
05:45ils lui diront, monsieur le Président,
05:47vous avez fait beaucoup pour le pays.
05:50Ce serait pour nous une manière de vous remercier
05:52que de vous diriger une statue à la sortie.

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