Les récentes informations ayant fuité dans la presse sur le vestiaire parisien et ses relations parfois tendues avec Luis Enrique ont mis en évidence un débat difficile à trancher. Qui a vraiment le pouvoir au sein d'un club entre les joueurs et leurs coachs ? Daniel Riolo, Stephen Brun et Florent Gautreau en débattent dans l'After Foot.
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00:00Hier, on a démarré un débat, suite à l'affaire Louis-Henriquet-Dembeley.
00:04En gros, conflit entre les deux. Dembeley qui s'en fout,
00:07qui le lendemain vient vraisemblablement volontairement en retard.
00:11Louis-Henriquet obligé d'être de mettre de l'eau dans son vin.
00:14Du coup, nous avons débattu et on s'est donné rendez-vous aujourd'hui
00:17pour aller un petit peu plus loin avec cette question.
00:18Qui a le pouvoir dans les vestiaires ? Joueurs ? Dirigeants ? Entraîneurs ?
00:23Et on s'est dit, tiens, invitons Stephen Brun.
00:24— Agent. — Agent.
00:27— Invitons Stephen Brun, qui a toujours eu le pouvoir dans le vestiaire.
00:29— Bonsoir, Gilbert. — Salut, Stephen.
00:31— Bonsoir, Daniel. Salut, Flo. — Salut.
00:32— Invitons Stephen Brun, qu'on retrouve évidemment dans son émission de Venette tout le week-end.
00:35— Avec un... — Ah oui, le brunch.
00:37— L'énorme brunch. — L'énorme jeu de mots.
00:38— Ah, c'est un régal, Flo.
00:40— Bah non, mais celui-là, déjà, rien que le titre.
00:42— Stephen Brunch. — Stephen Brunch, déjà, là...
00:44Déjà, c'est gagné. — C'est vrai.
00:45— Et évidemment, dans le Moscato Show régulièrement.
00:48— Alors... — Stephen, toi qui es...
00:49Ah non, je précise, il y a des gens dans l'after qui ne savent pas qui est Stephen Brun.
00:52— D'accord. — C'est pas dramatique, ça.
00:54— Non, mais... C'est le fils de Jackie Brown. — C'est ce que t'as été en différence de basket.
00:57Voilà.
00:58Que tu connais par cœur, évidemment, le basket, la NBA, tout ça,
01:00et que donc tu sais très bien comment ça se passe dans les vestiaires de basket,
01:03et notamment en NBA. — Oui.
01:04— Alors... — Je connais par cœur Tony, aussi.
01:06— Très bien.
01:08— On est au Sport Game, c'est effectivement l'épisode parisien,
01:13en gros, de Louis-Henriquet qui fracasse Dembélé devant tout le monde,
01:16dont on a parlé hier avec Flo.
01:18Je me suis dit, tiens, au Sport Game,
01:20étant donné le nombre de sportifs, de gens qui ont fréquenté des vestiaires
01:22dans des disciplines différentes, il y a des entraîneurs de rugby,
01:26j'en ai parlé avec Julien Beneteau pour le tennis,
01:30je me suis dit, à quel moment un entraîneur peut, dans un vestiaire,
01:37prendre le leader de son équipe et l'incendier devant tout le monde ?
01:43Tous m'ont dit, ça ne se fait pas, c'est pas possible,
01:46sauf si à l'avance, il y a quelque chose, on sait que ça peut arriver,
01:49qu'il y a une sorte de code existe et tout.
01:51Et Steve, la particularité de son sport, qu'il connaît par cœur, l'NBS,
01:55c'est que c'est celui qui se rapproche aujourd'hui le plus,
01:58on le dit souvent, du foot.
01:59Et les attitudes sont similaires dans le sens où les statuts
02:03sont très souvent déterminés à l'argent que tu gagnes.
02:07Et le pouvoir que tu as dans le vestiaire vient beaucoup de là.
02:10Et là, en l'occurrence, on parle du joueur qui, avec Marquinhos,
02:13a le plus grand salaire du vestiaire et qui donc a très mal vécu cet épisode-là.
02:17Et c'est pour ça que je voulais voir avec Steve,
02:18d'abord, je crois qu'on voulait démarrer par...
02:22Parce qu'il y en avait un qui avait cette réputation en NBA,
02:25c'était Greg Popovich.
02:26Ouais, Pop, qui est un coach un peu particulier,
02:28qui est un des plus grands coachs de l'histoire de l'NBA,
02:32pouvait avoir quelques saillies verbales à l'encontre de ses leaders.
02:37Mais rarement, il l'a fait avec Tim Duncan, qui était le leader des sports.
02:43Il l'a fait avec Tony, avec Tony Parker,
02:45parce que c'était un garçon qui, à 18 ans, est arrivé en NBA
02:48et il a voulu être un peu le papa de Tony.
02:50Il s'est comporté comme le papa de Tony Parker.
02:51Est-ce qu'il le faisait quand il avait 18 ans,
02:53comme il le faisait quand il en avait 26 ?
02:54Non. Non.
02:55Il y a eu une évolution aussi. Tony Parker a évolué.
02:58Donc en gros, plus t'es important, plus tu gagnes d'oseille,
03:00et plus t'es considéré par le coach.
03:02Un petit peu, mais la particularité de l'NBA, c'est que c'est une ligue de joueurs.
03:05C'est pas une ligue de coachs.
03:06C'est qu'aujourd'hui, toutes les superstars NBA,
03:09les Broad James, Yannis Santetokounmpo, tous ces mecs-là,
03:13je vais pas dire contrôlent leur franchise,
03:15mais c'est une pépite pour les franchises.
03:18Tu ne peux pas perdre ta superstar,
03:19parce qu'aujourd'hui, les superstars, c'est très compliqué d'avoir dans un club
03:22que tu dois faire en sport.
03:23Donc si un jour, il lève le doigt et il dit « je veux changer de coach »,
03:24le coach, il dégage ?
03:25C'est une probabilité qu'on a beaucoup entendue,
03:27notamment aux côtés des Broad James,
03:29qui avaient cette réputation d'être à la fois joueurs,
03:31et managers et dirigeants,
03:34qui faisaient venir ses potes sur le banc de touche.
03:37Et ça, c'est très intéressant, parce qu'on a dit souvent que le virage,
03:40pardon, Messi l'avait fait au Barça,
03:43Mbappé, c'est des choses qui existent.
03:46Et dans le cas de figure qui nous occupe et qui est à la base de ce débat,
03:49il y a un épisode aussi, je ne sais pas si tu le sais, Steve,
03:52mais quand Mbappé est parti,
03:55l'homme vers qui s'est tourné Louis-Henriquet, c'est Dembélé.
04:00Après, Flo, il a parfaitement raison dans ce qu'il disait hier
04:03par rapport à est-ce que c'est la bonne personne et est-ce qu'il a bien réagi ?
04:05Mais ça, c'est encore autre chose.
04:07Mais il s'est tourné vers Dembélé en lui disant
04:09« ben mon coco, le leader devant, ça va être toi.
04:12Et c'est toi qui dois soigner tes stats.
04:15C'est toi qui vas devoir marquer des buts.
04:17En tout cas, il va falloir que tu prennes les choses en main devant,
04:20parce que l'autre, il est parti. Donc maintenant, c'est toi.
04:22Et au moment où il l'incendie avant ce match à Arsenal
04:25qui va provoquer le fait qu'il y ait la brouille qui est en train de s'arranger,
04:29le problème, c'est qu'il lui dit « en fait, t'es nul parce que tu rates,
04:31parce que tu ne fais pas les choses bien. »
04:33Et l'autre, il lui dit « attends, c'est toi qui m'as demandé de stater.
04:35C'est toi qui m'as demandé de prendre un peu plus de responsabilités maintenant
04:38et tu viens me pourrir devant tout le monde.
04:39» C'est là où ça a un petit peu déconné, ce pouvoir grandissant des joueurs.
04:43Et là, moi, je n'ai jamais défendu,
04:46et je ne veux surtout pas défendre République des joueurs ou quoi,
04:49je défends juste l'idée que les mentalités évoluent,
04:52pas forcément en bien, mais qu'on est bien obligé de faire avec.
04:55Il me semble.
04:56Mais la grande différence, je dirais, avec le foot,
04:59c'est qu'en NBA, tous ces mecs-là qui ont énormément de pouvoir dans leur franchise
05:03sont quasiment irréprochables.
05:05Irréprochable dans l'attitude, irréprochable dans les performances.
05:09Match après match.
05:10C'est-à-dire que ces mecs-là ont peut-être des passe-droits par leur statut
05:13et par leur contrat et leur salaire,
05:16mais ces mecs-là sont des exemples de travail.
05:18Je ne vais pas rabâcher toutes les anecdotes sur Kobe Bryant,
05:20qui y allait à la salle à 3h du matin, à 4h du matin, sur Michael Jordan.
05:23Ces mecs-là, tu ne peux pas vraiment le reprocher quoi que ce soit.
05:26— S'il y allait à 3h du matin, je lui conseille d'aller voir un psy quand même.
05:28C'est un peu inquiétant.
05:29— Il y allait à 3h du matin, Kobe Bryant, qui était un peu un maniaque du travail.
05:33Mais le problème, c'est que tu ne peux pas le reprocher grand-chose.
05:35Et c'est compliqué de s'attaquer à ces mecs-là tant ils sont forts sur le terrain.
05:40Maintenant, en Europe, en Euroleague, qui est plus une ligue de coach,
05:46il peut s'avérer parfois que les entraîneurs de l'ex-Yougoslavie,
05:51très tôt dans la saison, te mettent une avoinée sur le leader de l'équipe.
05:55— Comme Steve Monaco, par exemple, qui du coup s'est fait vivre.
05:57— Oui, un petit peu.
05:58Puisse arriver très tôt dans la saison, après saison,
06:00détruire le meilleur joueur de ton équipe.
06:03— Publiquement.
06:03— Pas dans le vestiaire.
06:05— Non, non, non, dans le vestiaire.
06:07— Devant les autres.
06:08— Devant les autres.
06:08Mais le problème, c'est qu'en faisant ça, il te fait passer le message aux autres en disant
06:12« Ah ouais, d'accord, si lui, qui est la superstar de l'équipe, se fait détruire par le coach,
06:16ça veut dire que nous, pas dire les sous-fiches, mais les garçons qui ont des statuts moindres,
06:20il faut qu'on soit irréprochable et qu'on se tienne à K.O. »
06:22C'est le message qui renvoie.
06:23— D'ailleurs Stéphane, moi je pense, c'est pour ça que je parlais de Lucien Nriquet hier en disant,
06:28et avant-hier, qu'y compris dans ce qu'on avait vu sur Movistar, ça me semblait tout à fait légitime,
06:33c'est parce que j'ai insisté là-dessus face à Daniel en disant « Mais ce qu'il a dit à Mbappé,
06:38c'est ce que tous les joueurs... »
06:39Regarde Bellingham, l'image qu'on a vue aujourd'hui sur les réseaux,
06:42tu sais où Bellingham se tape la tête contre les murs parce qu'il voit que Mbappé fait pas les bons choix
06:46et qu'il en a ras-le-bol.
06:48Ce qu'a dit Lucien Nriquet à Mbappé, peut-être que ça peut faire une crise avec le joueur majeur,
06:52mais en tout cas les autres joueurs, il y en a 95% qui sont contents parce qu'ils disent
06:57« Mais c'est ça qu'il faut lui dire à Mbappé, il nous casse les couilles quand il défend pas. »
07:00Donc ce que je veux te dire, Daniel, pour prolonger,
07:03c'est que, et par rapport à ce que dit Stéphane sur l'irréprochabilité des joueurs,
07:08c'est que si Lucien Nriquet, en l'occurrence, ou d'autres, parce qu'il n'y a pas que lui qui fait comme ça,
07:11s'en prend à un joueur comme Mbappé parce qu'il ne défend pas et que tous ses coéquipiers en ont ras-le-bol...
07:16– Non, aujourd'hui, personne le fait.
07:17– Non, mais attends, et s'il s'en prend à Dembélé, qui, rappelons-le, tu as rappelé toi-même l'histoire hier,
07:22il est arrivé en retard, peut-être même volontairement, derrière, et donc il ne fait pas jouer.
07:25– Volontairement, je te l'ai dit.
07:26– Je vais te dire, sur tous les autres joueurs, tous ceux qui sont irréprochables,
07:29certains qui ne jouent pas, d'ailleurs, et beaucoup moins que Dembélé,
07:31moi je pense qu'ils ont dit, et l'an dernier c'était le cas en tout cas,
07:34Lucien Nriquet, au moins, il a raison parce qu'il a des coronettes.
07:36Tout ce qu'on a reproché aux autres coachs de ne pas avoir avant.
07:40– Sauf que tout dépend de comment...
07:42– Non mais attends, pour finir, je veux bien ton histoire de génération en disant
07:44que maintenant c'est une autre génération, il faut que les coachs comprennent,
07:46il faut qu'ils s'adaptent.
07:47– Mais non, c'est du management, parce que tout dépend d'abord de comment
07:50le fameux joueur le prend et le vit, tout dépend de la solidarité que les autres ont,
07:55soit à dire, ah ben le leader il s'est fait tenser, on n'en a rien à cirer,
07:59sauf que là, s'il y en a d'autres, et tu as Colomoni qui est emmerdé en ce moment,
08:03Barcola un petit peu moins content, et je ne te dis pas qu'ils ont raison,
08:07je te dis que ça dépend de comment c'est vécu globalement.
08:09Ramos qui, dès son retour, prend une déclaration publique dans la presse
08:14derrière, ah ben vous vouliez un neuf, il y en avait un ce soir, ça a changé quelque chose.
08:19Ce n'est pas un management, à mon sens, intelligent.
08:26Tu disais Steeve que c'est une ligue de coach, oui, peut-être,
08:31est-ce que c'est en train de changer ? Peut-être aussi, après il y a les coachs
08:35qui font partie… – La Ligue 1 c'est une ligue de coach.
08:39– Oui, ça se percute justement, Daniel, je pense qu'on est en virage.
08:42On est en virage parce que, comme dit Daniel, on a une NBAisation pour les plus grands joueurs,
08:46en France, pour quelques grands joueurs, mais on a eu, et on l'a dit dans l'affaire,
08:50et on s'en est félicité… – Il n'y a plus aucun joueur NBAisation en France,
08:52une NBA c'est fini. – Non, non, dans l'attitude, dans l'attitude…
08:54– Palaise-Melou, ou Abidjara… – Gilbert, Gilbert, dans l'attitude,
09:00dans l'attitude, c'est que les joueurs à fort salaire, à fort statut,
09:04peuvent penser qu'eux, peuvent prendre exemple sur la NBA, même si tu as raison,
09:07ils n'en ont pas forcément encore la qualité.
09:11En revanche, on s'en est félicité, nous-mêmes, oui, la Ligue 1 est devenue une ligue de coach.
09:16On s'est dit, c'est bien d'ailleurs, que les coachs reprennent la main,
09:18sur les vestiaires, sur la tactique, même par rapport à leur président.
09:21Mais, on a aujourd'hui cette confrontation entre ces joueurs leaders, ou qui se croient-elles,
09:27et on n'a pas encore parlé d'un événement, d'un élément, les agents,
09:30parce que dans toute cette histoire des taupes du PSG et de l'affaire Louis-Saint-Riquet,
09:34c'est tous les agents des joueurs qui ne vont pas bien, qui se font dégager en ce moment,
09:37ou tensés par un Louis-Saint-Riquet, qui sont montés au créneau,
09:40et qui sont passés via la presse, pour aller déstabiliser le coach.