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Joyau des Caraïbes, Saint-Barthélemy est une destination prisée pour ses paysages à couper le souffle : collines verdoyantes, plages immaculées et eaux cristallines. Et si l’île paradisiaque attire les amateurs à la recherche d’une atmosphère idyllique, elle reste un diamant brut aux nombreuses exigences.

Implanté à Saint-Barthélémy depuis 1998, Allem Nefra, architecte français, a appris à en maîtriser les contraintes architecturales en développant une approche sur mesure respectueuse de l’écosystème local. En sa compagnie, nous allons découvrir les coulisses de l’architecture caribéenne.

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Transcription
00:00Comment capter la particularité d'un client pour concevoir un lieu qui est complètement caractérisé par son identité ?
00:06C'est ce que nous allons voir aujourd'hui avec la société Alem Nefra, architecte depuis le Royal Monsoir 20.
00:25Alem Nefra, bonjour.
00:26Bonjour.
00:27Alors, vous êtes architecte et depuis 1998, vous réalisez des projets à Saint-Barthélemy.
00:32En quoi cet environnement insulaire influence votre style, que ce soit en termes de matériaux, de design ou de durabilité ?
00:39Chaque architecte travaille dans un environnement donné et donc, depuis que je me suis installé à Saint-Barthélemy,
00:46j'ai dû, comme tout le monde, comme tout architecte, considérer ce qu'il y avait autour et je me suis servi de ce qu'il y avait.
00:54Et alors, avec l'évolution et les attentes des propriétaires et du tourisme de luxe également,
00:59comment est-ce que vous adaptez les conceptions pour répondre aux nouvelles tendances en matière de durabilité mais aussi d'innovation ?
01:05Alors, ça fait déjà quelques années que c'est une réflexion qui est présente parce qu'en fait,
01:10Saint-Barthélemy souffre d'une double insularité puisque nous n'avons pas d'aéroport international et tout arrive par le biais d'autres îles.
01:18Donc, nous devons réfléchir à l'usage des matériaux et également en termes d'énergie, de tout ce qui est consommable,
01:25de maintenance, de technologie en général, avoir une attitude plus réfléchie peut-être qu'ailleurs.
01:31Alors, comment vous intégrez aussi la notion de maison durable dans vos projets ?
01:36Alors, précisément, c'est quelque chose qui est, dès le départ, une préoccupation centrale et qui doit tenir compte des données climatiques.
01:45On a aussi des problèmes d'eau de considération puisque nous sommes dans une zone sismique très importante, enfin très active.
01:52Il y a beaucoup de considérations qui font que nous devons intégrer le contexte.
01:58On est vraiment tout à fait au centre des préoccupations qui, aujourd'hui, sont partout très présentes.
02:05Nous, on les vit. Moi, depuis que je suis installé à Saint-Barthé, avant moi d'autres, nous vivons ça tous les jours.
02:11Alors, avec près de 40 ans d'expérience, vos projets sont souvent décrits comme étant en symbiose avec leur environnement naturel et culturel.
02:18Quels sont les éléments spécifiques qui distinguent votre signature à vous ?
02:22Alors, ma signature, c'est le reflet de mon expérience. Et donc, effectivement, maintenant, ça fait quelques années.
02:29Et j'ai commencé par travailler. Moi, je suis originaire de Normandie. J'ai commencé par étudier et travailler en Normandie.
02:34Après, j'étais à Paris. Donc, je me suis exprimé en France sur des grands projets au niveau des études préalables.
02:39Après, j'étais en Allemagne où j'ai travaillé longtemps au moment de la réunification.
02:43Et quand je suis arrivé à Saint-Barthélemy, en fait, j'avais un peu satisfait cette espèce d'ego qu'on a en tant qu'architecte,
02:51un ego qui s'exprime à travers une forme. On ne s'occupe pas trop. On a cette envie. C'est une caractéristique professionnelle.
03:00Et donc, j'avais vraiment envie de faire une architecture contextuelle et de mettre cet aspect-là, qu'il soit présent, mais qu'il soit plus prépondérant.
03:12Et donc, ça m'a permis – et c'est là où j'en reviens à ce que vous me demandez – de voir des choses peut-être que d'autres n'avaient pas vues,
03:21mais en tout cas qui étaient là. C'est une architecture sur place qui était une architecture composite, faite de petits éléments assemblés ensemble.
03:30Et il y avait quelques éléments apportés par les Suédois, en termes d'architecture monumentale, qui étaient assez anciens puisque les Suédois sont partis dans les années 1877.
03:40Donc, après ça, quelques rares bâtiments d'usage, vraiment fonctionnels, qui avaient été mis en place au cours du siècle et demi qui a suivi, mais rien de monumental.
03:53Donc, paradoxalement, les maisons qu'on fait aujourd'hui, moi, j'ai cherché à ce qu'elles soient intégrées au niveau de leur taille, de leur dimension,
04:01qu'elles ne soient pas des espèces d'éléphants blancs dans les collines. Voilà. Et c'est là ce qui me distingue un petit peu.
04:08Et alors, comment vous travaillez avec les artisans et les matériaux locaux pour créer justement ces espaces qui allient à la fois esthétisme, authenticité et durabilité ?
04:17Est-ce que vos partenaires locaux vont dans la même dynamique que vous ? Comment ça se passe ?
04:24On a beaucoup de chance parce qu'ils sont tous très impliqués. Voilà. Donc, on a une grande qualité humaine, on va dire.
04:31À ce niveau-là, par contre, c'est une île. Donc, la ressource est limitée, pas contingentée. Donc, il y a eu une pression énorme sur la construction.
04:41Jusqu'à 200 permis d'accord des parents, voire un peu plus même dans certaines années. Et donc, on imagine bien qu'ils n'ont pas été construits en une année.
04:49Donc, il y a encore aujourd'hui une construction, enfin une activité autour de la construction énorme que les artisans sur place ont eu bien du mal à maîtriser,
05:03à répondre de manière correcte dans tous les sens du terme parce que ce n'est pas toujours évident. On a des problèmes d'approvisionnement, on a des problèmes aussi de main-d'œuvre.
05:13Et évidemment, on a une durée limitée parce qu'on ne peut pas faire que construire. Il faut aussi garder des périodes de calme pour que les voisins puissent profiter de leur maison.
05:24Il faut penser aussi aux voisins, peut-être.
05:26Oui, c'est important.
05:27Forcément, forcément, parce que sinon, si l'île est forcément en constante construction, on est plus tranquille dans l'île.
05:33C'était une considération qui a beaucoup motivé les réflexions sur l'île dans les dernières années. Depuis une bonne dizaine d'années, c'est très présent.
05:42Oui, parce que ça fait depuis presque 25 ans, ou plus de 25 ans en tout cas, que vous êtes dans l'île. Vous avez vu l'évolution des demandes des clients et puis surtout aussi des plaintes, peut-être.
05:52Pas assez de construction, trop de construction. En fait, vous connaissez vraiment les tenants et aboutissants.
05:57Qu'est-ce que vous avez constaté en 25 ans et qu'est-ce qu'on peut aussi vous souhaiter pour les prochaines années ? Dans quel sens va l'évolution des demandes et de cette activité ?
06:05Je pense qu'au-delà de moi, parce que disons qu'un architecte ne fait que interpréter et c'est un peu comme un compositeur ou un chef d'orchestre.
06:15Il n'est pas artisan, il n'est pas le client non plus, il n'est pas l'administration ni les élus.
06:21Donc moi, ce que je souhaite à l'île en tout cas, c'est de continuer à prospérer et à trouver un moyen d'allier son développement, sa réussite et puis une attractivité qui se maintienne auprès d'une certaine clientèle.
06:34Parce que nous ne pouvons pas, enfin ça a toujours été au centre de la réflexion des élus, on ne peut pas, vu notre situation, faire du tourisme de masse.
06:43Ce n'est pas possible, c'est impensable. Donc il faut garder une certaine attractivité pour une clientèle de haute gamme.
06:49Et donc cette clientèle, elle arrivait sur l'île avec des rêves et parfois immédiatement, parfois au fil des ans, il se développait chez eux une idée, un rêve de construction.
07:02Et c'était un petit peu l'objet après d'une activité, d'une deuxième activité parce qu'au-delà de la mer, etc., ils découvraient une espèce de terrain de construction permanent.
07:15Ça, ça les fascinait parce qu'il y avait autre chose que simplement la mer et le paysage magnifique qu'on connaît.
07:22Qu'est-ce que je peux vous souhaiter à vous pour les prochaines années ?
07:25Eh bien écoutez, d'abord une bonne santé.
07:27Une bonne santé, c'est la base de tout j'imagine.
07:29Et puis sinon, non, je suis très heureux.
07:31D'accord, à Saint-Barthélémy.
07:33Et puis une belle météo aussi. Je pense que ça aussi, ça devient dans les demandes.
07:39Ça fait partie des éléments qui nous préoccupent énormément.
07:43Donc moi, je suis installé sur l'île depuis 1998, donc ça fait maintenant quelques années.
07:49On voit passer des cyclones régulièrement et on s'inquiète beaucoup évidemment à chaque fois.
07:54On a pour l'instant eu beaucoup de chance.
07:56Par exemple cette année, enfin l'année qui vient de se finir, la saison était particulièrement chargée.
08:04C'est ce qui était annoncé et on a eu une chance extraordinaire.
08:08De toute façon, on ne peut pas prédire ces choses-là.
08:10Non, mais en tout cas, vous y pensez et vous faites en sorte que ce soit, on va dire, une activité qui soit durable et éthique aussi pour l'environnement et pour l'avenir.
08:21Merci infiniment pour cet échange.
08:22C'était passionnant.
08:23Je vous en prie.
08:24Merci beaucoup.
08:25Merci.
08:26Je vous remercie également et je vous dis à très bientôt pour une prochaine émission sur Forbes.fr.

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