• l’année dernière
Khadija a été victime de violences conjugales pendant près de 10 ans.
Insultes, violences physiques et mentales, menaces : elle décrit son quotidien, la passivité de la justice et la force qu'elle a trouvé dans l'amour qu'elle porte à ses enfants pour s'enfuir.

Si vous ou vos proches êtes victimes de violences conjugales, vous pouvez appeler le 3919, anonyme et gratuit, accessible 24h/24 et 7j/7. C’est le numéro national de référence pour l'écoute et l'orientation des femmes victimes de violences.

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Transcription
00:00J'ai subi les violences conjugales pendant dix ans.
00:02J'étais enceinte, il voulait me donner des coups dans le ventre.
00:06Et la seule chose que je lui disais,
00:07mais frappe-moi, mais ne me fais pas du mal au bébé.
00:12J'avais 25 ans, il en avait sept de plus que moi.
00:14Comment les violences se sont installées ?
00:17La première des choses, c'est faire le nettoyage autour de moi,
00:19autour de mes amis.
00:20Il y avait des coups de colère que je ne comprenais pas.
00:23On part un soir au restaurant et le serveur avait fait un compliment dans la voiture.
00:28Ce qu'il faisait, c'est rouler à toute vitesse,
00:31tout en me disant qu'il n'avait plus rien à perdre,
00:33qu'on allait mourir,
00:35parce qu'il ne supportait pas que d'autres hommes
00:38puissent me regarder ou me faire un compliment.
00:40Il y a eu les mêmes scènes qui se sont répétées.
00:42J'avais ma fille, qui était bébé,
00:45elle avait un an, un an et demi à peu près,
00:48attachée à l'arrière.
00:50Il me dit, tu vois le pont là-bas, je vais lancer la voiture sur ce pont.
00:54Il attendait qu'on soit à la maison.
00:55En général, c'était le soir.
00:57Et c'est là que lui, il n'avait pas envie de dormir.
00:59C'était un interrogatoire.
01:00Ce sont des questions où je n'avais pas de réponse.
01:03Ici, par exemple, j'avais le malheur de retourner la question.
01:06C'est là où il me donnait des coups sur la tempe,
01:08où il me tordait le bras.
01:09Il y avait aussi une scène.
01:11J'étais enceinte de ma fille,
01:13je devais être à six mois à peu près.
01:15Il m'insulte, espèce de pute.
01:17De toute manière, tu sais, tu peux me donner dix gosses,
01:20si j'ai envie de te quitter, je te quitterai.
01:22Il voulait me donner des coups dans le ventre
01:26en me disant que ce n'était pas lui le père.
01:28Je mettais le coussin devant mon ventre
01:30et la seule chose que je lui disais,
01:31mais frappe-moi, ne me fais pas du mal au bébé.
01:36Encore une fois, on revient d'un repas chez ses parents.
01:41C'est moi qui conduisais ce jour-là.
01:42Je laisse passer une voiture qui vient en contresens.
01:45J'étais au volant et le coup est parti.
01:48Et il m'avait fendu la lèvre.
01:51Et ce qu'il a réussi à faire,
01:52c'est qu'à un moment donné, en fait, j'étais vide.
01:54J'étais comme un hologramme.
01:56Je n'avais plus la capacité de réfléchir.
01:58Je n'étais plus rien.
01:59Je me souviens de Seine.
02:01J'étais sur le quai.
02:03Il y a le train qui va passer et j'avais qu'une chose.
02:07Est-ce que pour finir, pour en finir, il ne fallait pas se jeter ?
02:10Et puis voilà, parce que c'était tellement devenu régulier, constant.
02:16Et le problème, c'est que c'était un huis clos.
02:19Je n'avais jamais porté plainte.
02:20Je n'avais rien, en fait.
02:22Et la seule solution à cette époque, c'est oui,
02:24effectivement, est-ce que me jeter sous un train,
02:26ce n'était pas la solution pour en finir.
02:28Quand je voyais mes enfants terrorisés lorsqu'ils rentraient de sa journée.
02:32Mais là, je ne pouvais pas élever mes enfants dans un foyer violent comme ça.
02:37Et c'est le regard de ma fille.
02:39Ce jour-là, je ne suis plus jamais retournée au domicile.
02:42J'ai pris contact tout de suite avec une avocate.
02:44Je voulais quelque chose de rapide.
02:46Mais malheureusement, ce n'est pas ce qui s'est passé.
02:48Parce qu'après deux ans, lui, il m'a attaquée en divorce pour faute
02:52parce que j'ai quitté le domicile conjugal.
02:54Il a fait traîner les choses pendant quatre ans.
02:57Dans toute cette période-là, en fait, son droit de garde continuait.
03:01Il leur faisait du brouillage de crâne en disant
03:03que c'était de ma faute s'il ne les emmenait pas en vacances.
03:05C'était de ma faute s'il était malheureux.
03:08Un soir, ma fille, elle m'envoie un SMS alors qu'on était dans sa chambre.
03:12J'étais dans le salon en me disant, maman, viens.
03:14Et je l'ai trouvée assise en train de cogner la tête contre le mur
03:18et en me disant, maman, je ne peux plus.
03:20Il est rentré dans ma tête.
03:21Il va te tuer.
03:22Et il m'a dit de me dire qu'il lui a montré un flingue
03:26et qu'il allait me tuer.
03:28Je suis divorcée officiellement décembre 2016.
03:33Les plaintes, il y en a eu tellement que je ne peux plus les compter aujourd'hui
03:37puisqu'à chaque fois, il m'agressait dans la rue.
03:40Donc, j'allais porter plainte en 2023.
03:44Il a été condamné.
03:45Il a interdiction de m'approcher.
03:47Il a interdiction d'approcher les enfants.
03:49Donc, il n'a plus le droit de rentrer en contact avec eux.
03:51C'est aujourd'hui que j'ai peur que ces coups soient fatales.
03:55Ce qui m'a aussi mis dans la tête, c'est qu'où que tu seras, je te retrouverai.
04:00J'ai peur pour ma vie parce qu'il est capable de me tuer
04:03parce que pour lui, il n'aura plus rien à perdre.
04:05Les conseils que je peux donner, alors le tout premier,
04:08quand on repère que la situation n'est pas normale, il faut partir.
04:12Il ne faut pas essayer en disant, il a passé une mauvaise journée.
04:15Ah, le pauvre, dans son enfance, sa mère a subi les violences.
04:20Il va rentrer dans votre tête.
04:21Il va vous manger le cerveau et vous ne serez plus en capacité de réfléchir.
04:25Le deuxième conseil, il ne faut pas hésiter à porter plainte.
04:29Le troisième conseil, il faut se rapprocher d'associations spécialisées.
04:33Il faut faire le 39-19 puisque la première fois que j'ai rencontré
04:36l'association qui m'a accueillie et hébergée,
04:39effectivement, lorsque j'ai raconté mon histoire, elles m'ont fait confiance.
04:42Elles ont compris, je n'avais pas besoin de me justifier.
04:45Si vous devez vous justifier, c'est que ce n'est pas la bonne personne.
04:48Je n'ai pas refait ma vie aujourd'hui, puisque lorsque j'ai essayé de refaire ma vie,
04:52ils menaçaient les enfants de les abandonner.
04:54Donc psychologiquement, pour les enfants, c'était très difficile.
04:57Et il y a aussi une autre situation, c'est que j'ai aussi peur
05:00de mettre en danger la personne avec qui je pourrais être en couple.

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