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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, 9h30-11h avec Thomas Hill et vos invités ce matin, Thomas.
00:05Oui, je reçois ce matin Lisa Azuelos et Thierry Teston qui ont réalisé le premier biopic d'une chanson.
00:10Il faut dire que c'est sans doute la plus grande chanson de l'histoire de la musique,
00:13une chanson française traduite dans 160 langues.
00:30Et là, c'est donc Clara Luciani qui ajoute son nom à une liste assez impressionnante d'artistes
00:42qui ont repris cette chanson. Frank Sinatra, bien sûr, mais aussi Elvis, Nina Simone, Aretha Franklin,
00:47Julio Iglesias, Ray Charles, Robbie Williams ou Miley Cyrus plus récemment.
00:52Il y a 4000 reprises, on le disait, au total.
00:54Mais alors dans votre documentaire, j'ai appris une chose assez étonnante.
00:57Le premier à avoir posé sa voix sur cette mélodie, eh bien ça n'est pas Claude François, Thierry Teston.
01:03Non, c'est David Bowie.
01:04Parce qu'à l'époque, c'est Jacques Reveau, le compositeur de la chanson,
01:07qui, à l'époque, les chanteurs français ne reprenaient que les chansons du Billboard,
01:11c'est-à-dire les succès anglo-saxons.
01:13Et donc, il faisait des fausses chansons anglo-saxonnes,
01:16c'est-à-dire que les compositeurs français partaient en Angleterre,
01:18faisaient chanter une espèce de mélasse, de pseudo-anglais, de Sudbury, de yaourt, comme on dit.
01:23Voilà, revenaient avec ça, en disant, tiens, ça c'est le truc qui marche en Angleterre en ce moment.
01:27Et donc, ils payaient des chanteurs qui attendaient dans les studios, dans les couloirs,
01:30ils payaient, je crois que c'était 20 francs, je crois à l'époque, ou 200 francs.
01:34Et donc, le petit chanteur qui attendait son tour pour chanter une bouillie française, ce jour-là, c'était David Bowie.
01:39Qui s'appelait encore David Jones.
01:41Qui s'appelait David Jones, c'est à l'époque.
01:42Qui avait 17 ans, et écoutez ce que ça donne.
01:54C'est pas mal, là, quand même.
01:56C'est pas mal, mais je pense que les paroles ne veulent vraiment rien dire.
01:59Sun shine up from the sky.
02:01On sent que les mecs ont fui vite, quand même.
02:04Mais après, David Bowie, il a tenté quand même de mettre vraiment des mots sur cette chanson,
02:07et ça n'a pas convaincu, Isa Azuelos ?
02:09Non, ça n'a pas trop convaincu, mais surtout, ce qui est, enfin, moi, que je trouve incroyable,
02:13je ne sais pas si on peut dévoiler ça ici,
02:15mais ce qui est incroyable, c'est ce qu'il en a fait après.
02:18Et ça, je pense que c'est une des grandes pupitres du film,
02:21et ça vaut vraiment le coup de voir le film, rien que pour ce moment-là,
02:24que je n'ai pas envie de dévoiler.
02:25Tu n'as pas envie de dévoiler ?
02:26Si ça, ce n'est pas du teasing.
02:28C'est une histoire de vengeance.
02:30Ce qu'il veut dire, c'est qu'il a été blessé.
02:31Il a été blessé, il a écrit une chanson,
02:34et on ne dira pas laquelle.
02:35Qui est directement inspirée.
02:36Qui est directement inspirée.
02:37C'est les mêmes accords, en fait, qu'on regarde.
02:40Et il met une petite dédicace à côté.
02:42Thanks to Frankie, ou c'est plus...
02:45For Frankie.
02:46Ouais, for Frankie, pour faire un petit tease à Frank Sinatra,
02:49qu'il n'aimait pas tellement.
02:50Et c'est le moment du film où tout le monde va dire...
02:52Mais oui, bien sûr !
02:55C'est évident.
02:56La mélodie de My Way, vous l'avez dit,
02:57du compositeur Jacques Reveaux,
02:59qu'il a fait enregistrer d'abord à Londres,
03:01et puis il a tenté quand même de la proposer à beaucoup de gens.
03:03C'est ça qui est fou.
03:04À peu près à tous les chanteurs de l'époque,
03:06de Hervé Villard à Dalida, en passant par Hugo Fray et des noms.
03:10Michel Sardou l'a refusé.
03:12Tout le monde a dit que c'était de la merde.
03:13Tout le monde a dit que...
03:14Y compris Claude François.
03:15Y compris Claude François.
03:16C'est un des premiers, ouais.
03:18C'est ça qui est fou.
03:19Mais moi, j'adore ce moment-là parce que
03:21ça rappelle à quel point
03:23il ne faut pas attendre la validation des autres.
03:24C'est-à-dire quand on croit à quelque chose,
03:26il ne faut pas lâcher.
03:28Ce n'est pas parce que les gens te le refusent que ce n'est pas bon.
03:30Claude François qui finira quand même par écrire comme d'habitude.
03:34Je me lève...
03:35Ah, c'est ça !
03:36Oui, c'est ça !
03:38C'est le moment du documentaire où on se dit...
03:39Ah oui !
03:40Ah oui, les bonchons !
03:41Comme d'habitude...
03:44Et alors, grâce à Paul Henquin qui entend cette chanson
03:46pendant des vacances dans le sud de la France,
03:48la mélodie va voyager de l'autre côté de l'Atlantique
03:50et devenir, devenir My Way,
03:52chantée donc par l'immense Frank Sinatra.
04:00Et vous racontez dans ce documentaire
04:02qu'il a suffi d'une seule prise, en fait,
04:04à Frank Sinatra pour enregistrer cette chanson.
04:06Oui, il l'a enregistrée.
04:07C'est-à-dire qu'il y a une espèce de connexion émotionnelle
04:09très forte de Sinatra à la chanson
04:11puisque cette chanson est un testament.
04:13À ce moment-là, il voulait prendre sa retraite.
04:14D'où les paroles de la chanson,
04:16qui sont vraiment, justement,
04:17quelqu'un qui regarde sa vie,
04:18qui fait le bilan,
04:20qui fait I Delete My Way.
04:21Donc, il y a une espèce d'émotion, en fait.
04:23Effectivement, il y a eu un faux départ, je crois,
04:25mais c'est la prise qu'on entend.
04:26C'est la première prise.
04:27Et alors, vous tentez, Lisa Azuelos et Thierry Teston,
04:30de percer dans ce documentaire
04:32le mystère, quand même, de son succès
04:34parce qu'il y a toujours un côté un peu magique.
04:36Alors, on ne peut trouver que des pistes de réponses.
04:39Et il y a déjà la construction de cette mélodie
04:41qui est quand même très particulière.
04:42En fait, moi, je n'avais jamais vraiment remarqué
04:45qu'il n'y a pas de refrain, en fait.
04:46Il n'y a pas de ritournelle dans cette chanson.
04:48Et ça, on fait quelque chose de très particulier, ça.
04:51En fait, la chanson, en elle-même, est un refrain.
04:54C'est ça qui est incroyable.
04:56Mais on ne s'en rend pas compte tout de suite
04:57quand on écoute.
04:58Je crois que c'est quand Gabriel Yared explique ça.
05:01C'est magnifique, ce passage-là,
05:03parce que c'est un grand, grand musicien.
05:05Et quand il explique ça, c'est vraiment...
05:07On se dit, ah mais c'est bien sûr.
05:09C'est une grande montée, en fait.
05:10C'est une grande montée avec un petit pont
05:12et c'est...
05:14Et c'est une mélodie qui est une des rares
05:17à avoir du succès, vraiment,
05:18pratiquement sur tous les continents.
05:19Alors qu'en général, il y a des chansons qui marchent
05:22parce qu'il y a certaines gammes
05:23en fonction des pays, des cultures et tout ça.
05:25Et c'est quasiment un cas unique aussi.
05:28Mais c'est le côté magistral qui fait ça,
05:29qui fait qu'elle est appréciée comme ça
05:31dans tous les pays du monde entier.
05:32Parce qu'elle est magistrale.
05:33On n'imagine qu'avec un orchestre, cette chanson.
05:36Oui et non, parce qu'elle est très belle aussi
05:39juste avec un solo guitare ou juste un piano.
05:42Enfin, ce qu'explique Gabriel Yared dans le film,
05:46c'est que c'est la simplicité aussi des accords
05:50qui fait que c'est...
05:51Et à mon avis, mais bon,
05:53on n'est pas allé creuser jusque là.
05:54Mais moi, je pense que aussi,
05:56dans la sonorité des paroles elles-mêmes,
06:00il y a comme une espèce de prière universelle,
06:03un truc comme ça.
06:03Mais ça, bon...
06:04Et c'est ça, il y a aussi le texte lui-même,
06:08parce que comme le dit le chanteur Ben Harper,
06:10le texte de Paul Anka, même sans mélodie,
06:12c'est quand même un poème incroyable.
06:14Et pour ceux qui ne connaissent que la version française,
06:17comme d'habitude, il faut expliquer que la version anglaise
06:19raconte toute autre chose,
06:21même si dans les deux cas, il y avait quand même...
06:23Enfin, dans le cas de Claude François
06:25comme de Frank Sinatra,
06:26ils étaient tous les deux en plein chagrin d'amour.
06:27Donc ça a peut-être joué aussi.
06:29Oui, bah c'est...
06:30Lisa, vous en parlez très bien de ça.
06:32Très bien.
06:32Je vous arrête à le faire maintenant,
06:34à l'occasion de cette investigation.
06:35Peut-être que je vais éternuer.
06:36Ah, d'accord, très bien.
06:37J'ai un peu raté mon lancement.
06:40J'ai éternué.
06:41Une bonne intro.
06:43En fait, ce qui est extraordinaire dans cette chanson,
06:46c'est que c'est vraiment le cri d'un cœur brisé,
06:49dans les deux cas.
06:51Et je trouve que ce qui est intéressant,
06:53c'est que pour les hommes,
06:55c'est un peu la chanson de la vulnérabilité,
06:57même si c'est pour dire
06:58« je regrette rien, ma vie est super », etc.
07:02Et pour les femmes, quand elles s'emparent de cette chanson,
07:04c'est la chanson qui dit « je suis libre, je suis une femme forte ».
07:06C'est les mêmes paroles.
07:07Et c'est assez marrant de voir qu'en fait,
07:10cette chanson qui expose la vulnérabilité de ces hommes,
07:13elle rend les femmes fortes
07:15et elle rend les hommes fiers, presque.
07:18Enfin, il y a quelque chose de très beau là-dedans.
07:21La chanson, elle en parle très bien.
07:23C'était magnifique.
07:24Même en étirnant.
07:27Le documentaire « My Way » est disponible le lundi 16 décembre.
07:31Ce sera à 21h sur Canal+.
07:33Disponible évidemment sur la plateforme My Canal.
07:35Vraiment, on vous recommande.
07:36Oui, je voudrais dire que c'est Béatrice Dalle qui fait la voix.
07:39Qui fait la voix-off du film qui nous a fait le cadeau en France.
07:42Et Jane Fonda.
07:43Et aux Etats-Unis, c'est Jane Fonda.
07:44Puisque c'est un biopic.
07:46Restez avec nous, Lisa Azuelos et Thierry Teston pour suivre l'actu des médias dans un instant.

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