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Événement de l'Académie d'Architecture, 30 novembre 2024
Transcription
00:00:00Je remercie les participants à cette troisième table ronde en excusant Pierre Vels qui devait
00:00:17y être présent et qui malheureusement a été surpris par la grippe tout récemment
00:00:22et qui a dû déclarer forfait.
00:00:24Je le déplore parce qu'il avait des choses à nous dire sur ce qu'il a appelé une économie
00:00:32désirable dans un de ses derniers écrits et qui aurait été peut-être utile pour
00:00:38nous.
00:00:39Alors, on va parler des mutations climatiques, alors pour enchaîner avec ce qui a été
00:00:44dit ce matin par un des derniers intervenants, la notion de mutation climatique serait déjà
00:00:50dépassée en fait.
00:00:51On est non plus dans les mutations mais dans l'urgence, a-t-il été dit.
00:00:54Alors, les choses se compliquent par ailleurs par le fait que se préoccuper des mutations
00:01:01insectuales en rapport à l'élimination climatique suppose aussi d'intégrer toutes les autres
00:01:07et en ce sens tous les sujets sont interreliés et que ce soit le social, que ce soient les
00:01:12aspects techniques qui également interviennent nécessairement beaucoup et la place de la
00:01:20conception doit demeurer parce que si, comme le disent certains extrémistes, là aussi
00:01:24Pierre Vels en aurait peut-être parlé, il faut arrêter impérativement de construire
00:01:29pour respecter le climat, alors où va-t-on ? Et comme l'a dit Jean-Louis Viollot ce matin,
00:01:34de toute façon on construira alors si c'est sans les architectes, le résultat risque
00:01:38d'être pas très brillant.
00:01:39Voilà, alors je vais donner la parole successivement aux intervenants ici présents, commençant
00:01:46par Grégory Quesnay à l'autre bout de cette table ronde, qui est historien de l'environnement,
00:01:52pionnier en la matière, qui travaille beaucoup avec des architectes, Mathilde, et qui pense
00:01:59notamment que l'architecture doit renouer le dialogue avec l'histoire naturelle.
00:02:02J'aime beaucoup cette expression d'histoire naturelle un peu passée mais qui peut reprendre
00:02:09de la vigueur peut-être, alors je vais lui donner la parole tout de suite.
00:02:11Monsieur le professeur.
00:02:14Oui, bonjour, bonjour tout le monde.
00:02:16Pardon de ne pas avoir été là ce matin, le sujet m'intéressait beaucoup mais ce
00:02:20n'était pas possible.
00:02:21Alors, effectivement, renouer avec l'histoire naturelle et d'entrée je voudrais dire que
00:02:26la question du climat, je vous propose de la prendre non pas simplement comme changement
00:02:30climatique ou CO2, mais une proposition plus large, c'est que la nouveauté du changement
00:02:34climatique, c'est que le temps s'est remis en mouvement.
00:02:37Le temps s'est remis en mouvement, c'est-à-dire que le temps de la nature, qui était supposé
00:02:41être un temps de très longue durée, quasiment immobile au regard des sociétés humaines
00:02:45et non seulement entrer dans le temps des êtres humains, mais change aujourd'hui même
00:02:50plus rapidement que les sociétés ne sont capables de changer avec leurs outils juridiques,
00:02:56économiques et encore plus avec leur cadre de pensée qui se révèle des véritables
00:03:01prisons de longue durée, inversant ce que l'on a observé jusque-là.
00:03:04Et donc, dans le climat, je vous propose de mettre un ensemble de temporalités qui se
00:03:08mettent en mouvement, qui sont bien entendu la température, mais aussi le sol, l'hydrogéologie,
00:03:16les différents cycles qui composent le système Terre.
00:03:18Et la première chose que je voudrais, donc la proposition que je voudrais vous faire,
00:03:22c'est que c'est une invitation pour l'architecture à relire sa propre histoire pour être capable
00:03:27de se réinventer au regard des enjeux du présent.
00:03:30Trois arguments que j'aimerais développer très rapidement.
00:03:34Le premier, c'est que l'architecture a eu une longue histoire où elle intégrait tous
00:03:39ces éléments-là, où elle était une histoire naturelle, une histoire d'alturette de l'architecture.
00:03:43On connaît bien entendu les arguments de Philippe Rame, mais prenons une époque plus
00:03:47récente, un grand classique qui est derrière nous dans cette bibliothèque, Arsic de Caumont,
00:03:52le traité d'architecture civile et militaire qu'il publie à la fin des années 1830,
00:03:57à l'issue de son cours à Caen.
00:03:59Arsic de Caumont, c'est lui qui invente, comment dire, la théorie des écoles régionales en
00:04:07essayant de mettre en rapport des conditions naturelles de sol, de climat, de matériaux
00:04:13avec des styles régionaux.
00:04:14Et il le fait d'une manière qui n'est pas du déterminisme, il le fait d'une manière
00:04:20qui est, c'est ça sa grande originalité, une théorie des formes, une théorie des
00:04:23formes parce que ce qui ouvre la grande nouveauté de son traité d'architecture civile et
00:04:27militaire et religieuse, c'est d'essayer de classer les éléments architecturaux comme
00:04:31on le fait des espèces de poissons, des espèces de vertébrés.
00:04:34Et il fait des planches pour essayer de résoudre une question génétique qui est la grande
00:04:39question des Antiquaires normandes ces années-là, c'est est-ce que le gothique anglais est une
00:04:43dégénérescence du gothique français ou alors qu'une branche tout à fait différente ?
00:04:46C'est la grande question.
00:04:47Et il le résout et il fait ça comme des planches de poissons et d'ailleurs son plan,
00:04:51son plan de son traité, il y a trois moments de style et le style ogival est composé de
00:04:58trois parties.
00:04:59Il y a le primeur, le secondaire et le tertiaire comme des périodes géologiques.
00:05:03Ce qui veut dire qu'Hercès de Caumont, quand il fait une histoire de l'architecture, pour
00:05:06lui c'est la même chose que ce qu'il fait pour la géologie.
00:05:09Il édite une carte géologique de la Normandie, la même chose quand il lit un bâtiment,
00:05:14il commence par décrire le sol, les conditions, d'où viennent les matériaux, ce qu'il y
00:05:19a autour.
00:05:20Pour lui, il n'a pas de séparation.
00:05:21Et il a un très beau texte assez court qu'il publie en 1853 qui s'appelle « Statistique
00:05:26ripuaire de la Dive », ce fleuve qui se jette à Cabourg et dans lequel il suit, il descend
00:05:31la Dive vers la mer et il décrit au fur et à mesure les formations géologiques et les
00:05:36différents monuments qui se trouvent, passant, décrivant toute l'histoire de la Normandie.
00:05:43Je pourrais multiplier les exemples à partir de là.
00:05:47Et ça pose une deuxième question, c'est comment se fait-il qu'à un moment, l'architecture
00:05:53ait perdu son sol ? Tout simplement.
00:05:55C'est-à-dire cette dimension géologique, cette dimension hydro-géographique, cette
00:06:01connaissance des matériaux locaux.
00:06:02Alors c'est une question bien évidemment qui est très vaste, je ne vais pas y répondre
00:06:08ici, on connaît beaucoup d'éléments, mais néanmoins, comme je suis historien,
00:06:12je ne suis pas historien de l'architecture, mais comme je suis historien, des choses que
00:06:15j'ai apprises de l'histoire, c'est qu'on croit toujours à tort connaître son histoire.
00:06:19Et dès qu'on commence à aller dans les archives, à ouvrir des cartons, on se rend
00:06:23compte que ce n'était pas du tout ce qu'on a l'habitude de se raconter et qu'il y
00:06:27avait des possibles qui se sont fermés, des bifurcations, des questions qui étaient
00:06:31là alors même qu'on pensait qu'elles n'étaient pas posées.
00:06:34Et je pense que c'est le moment pour l'architecture de revenir sur sa propre histoire, y compris
00:06:39sur des choses évidentes, où on dit ce grand moment de la modernisation, ce grand moment
00:06:44du logement d'après-guerre, ou ouvrir par exemple des cartons pour voir quels ont été
00:06:48les débats, comment est-ce qu'on a posé ces questions, et je suis sûr qu'on trouverait
00:06:52beaucoup d'éléments qui montrent que cette histoire naturelle était encore présente.
00:06:56Par exemple, je donne quelques jalons comme ça à toute hypothèse, quels sont les rapports
00:07:03entre logement et remembrement ? Eh bien, il y a un rapport très fort, ce modèle architectural
00:07:10qui s'est érigé en construisant sur des terres agricoles. Depuis 1945, la France
00:07:17a mangé un quart de son sol agricole. C'est l'architecture qui l'a mangé.
00:07:21Comment ça s'est passé ? Est-ce qu'il y a eu des débats ? Est-ce qu'il y a eu des
00:07:23contestations ? Est-ce qu'il y a eu des tensions ? Eh bien, très certainement, oui. Pensons
00:07:28à l'éphémère Institut de l'Environnement, créé en 1968 par Malraux, qui existait très
00:07:32peu de temps tellement il était contestataire, et qui essaie de penser le cadre de vie qui
00:07:36était rudule avec les bâtiments de prouvées. Ce serait intéressant de reprendre les dossiers
00:07:41et de voir tout ce qui était débattu. Et pourquoi je parle de ces moments-là ? Parce
00:07:46qu'en fait, à tort, nous, on a eu l'habitude de réduire la question écologique, à partir
00:07:51du moment où l'écologie est devenue une écologie politique et militante, à une sorte
00:07:56de critique des pathologies de la modernité. Mais ce moment des années 60, c'est beaucoup
00:08:00plus fort que les pathologies de la modernité, comme une sorte de sous-secteur qui devient
00:08:04l'objet d'un sous-bureau du ministère de l'Environnement, qui d'ailleurs, à l'époque,
00:08:09la plus grande division du ministère de l'Environnement, qui a été écrite en 1971, c'est la division
00:08:12sur le bruit. La plus grande pollution considérée en 1971, c'est le bruit, beaucoup plus que
00:08:18celle dont on parle aujourd'hui. Et donc, dans ce moment-là, on voit très bien que
00:08:23la question qui était posée, c'est quel est le cadre de vie ? Comment inventer la
00:08:26façon de vivre ensemble ? Et ce n'était absolument pas réduit à une question sectorielle
00:08:31qui était celle des pathologies de la modernité, les pollutions, le changement climatique,
00:08:36les atteintes à la biodiversité. Et enfin, dernier jalon que je vais prendre, je pense
00:08:40qu'il serait intéressant que l'architecture réinterroge son histoire dans le rapport
00:08:44à la géographie. Parce qu'au même moment, la géographie, dans les années 1970, devient
00:08:49une science de l'espace, alors que dans sa version vidalielle, elle était une science
00:08:53de la connaissance des lieux dans leur épaisseur et leur diversité matérielle et physique.
00:08:58Et elle devient une science de l'espace, et c'est très bien dit, les géographes le
00:09:01disent, ils l'écrivent dans les années 1970, ils disent qu'il faut que l'on devienne
00:09:04une science moderne qui rompt enfin avec son caractère de subordination à l'histoire
00:09:11comme discipline. Et donc, il faut que la géographie devienne une science de l'aménagement
00:09:15du territoire. Et c'est là que se produit cette version de l'espace comme une donnée
00:09:20mathématisable, infinie, caractérisée par des pôles et des flux, qui a donné toute
00:09:26cette pensée de la mondialisation économique. Alors même qu'il y avait des liens, et je
00:09:30pense qu'aujourd'hui, ce serait intéressant que la géographie aussi, que l'architecture
00:09:33refasse ce lien avec, par exemple, cette histoire vidalienne. Je sais que j'ai eu, c'est dans
00:09:38les temps, de nombreuses conversations avec ça, avec Hashim Sarkis, le doyen de la faculté
00:09:42de design du MIT. Et j'étais très intéressé de voir un architecte s'intéresser, dire
00:09:48mais voilà, il faut relire Vidal de la Blache, il faut retravailler sur ceci. Alors, dernier
00:09:53élément, dernier élément, c'est que, vous voyez, je pense que là, il y a des éléments
00:10:00de réponse à cette crise, qui est une crise à la fois de la vocation et de la mission
00:10:05de l'architecture. Aujourd'hui, il y a des jeunes architectes qui ne veulent plus construire,
00:10:10il y a des architectes et des gens à des postes éminents qui disent qu'ils ne savent plus
00:10:14pourquoi ils construisent. J'ai entendu, il n'y a pas très longtemps, quelqu'un de
00:10:17Grand Paris Aménagement, en disant on ne sait plus pourquoi on construit. L'idée même
00:10:22de construire du logement ne fait plus consensus. Donc c'est dire l'ampleur de la crise d'identité.
00:10:28Et comme historien de l'environnement, ces dernières années, ce que j'ai fait dans
00:10:31des collaborations avec des architectes, c'est de manière tout à fait, comment dire, c'est
00:10:35de travailler une sorte de théorie de la forme, de théorie et d'analyse de la forme
00:10:40dont je vais donner brièvement quelques jalons. D'abord, j'ai écrit un livre qui est une
00:10:45histoire environnementale du château de Versailles. C'est très simple, vous prenez le château
00:10:48de Versailles, tout le monde le connaît, le palais, vous racontez non pas l'histoire
00:10:51du palais, ni des jardins géométriques, mais vous restituez tout ce qu'il y avait,
00:10:55le parc de chasse qui faisait 15 000 hectares, le mur qui faisait 40 km de long, et vous
00:10:59mettez dedans des lapins, des loups, des eaux qui débordent, des braconniers, des gens
00:11:04qui volent le métal des fontaines, qui sont condamnés aux galères en étant marqués
00:11:08d'une fleur de lys sur l'épaule parce qu'ils ont volé et démonté une fontaine qui appartenait
00:11:12au roi, et bien vous n'avez pas du tout la même histoire. Vous n'avez pas du tout l'histoire
00:11:16qu'il racontait aujourd'hui à Versailles et vous remétabolisez et vous vous rendez
00:11:20compte comment toute notre vision de ce lieu et d'une partie de l'architecture classique
00:11:24est une vision profondément mortuaire, c'est-à-dire qu'on ne conçoit plus ces lieux comme habités.
00:11:28Et donc effectivement, une fois qu'ils ne sont plus habités, il n'y a plus de métabolisme,
00:11:31il n'y a plus d'animaux, il n'y a plus de chasse, il n'y a plus d'eau qui déborde,
00:11:34il n'y a plus de mauvaise odeur, il n'y a plus rien. Donc ça c'était un premier élément.
00:11:37Après ensuite, tout récemment j'ai publié un livre en mai chez Macula qui est un parcours
00:11:45en histoire orientale au musée du Louvre. Il s'appelle l'écologie au musée un après-midi
00:11:48au Louvre. Et l'idée, c'était assez simple, c'est de poser la question. Aujourd'hui,
00:11:52les musées ont le même débat que pour l'architecture. Eh bien, la déléguée, est-ce qu'il faut
00:11:56prendre d'assaut ? Est-ce qu'il faut dire nos aînés se sont trompés ? Les institutions
00:12:01se sont trompées ? Et donc l'écologie, le climat doit nous amener à tout casser,
00:12:05à nous voir les murs. C'est les propositions que l'on entend. Et là, en travaillant à
00:12:10partir des archives, tout ce qui était à l'intérieur du Louvre, j'ai montré comment
00:12:13le geste inaugural du musée qui consiste à arracher des oeuvres à la nature, c'est-à-dire
00:12:17pour qu'elles ne soient plus abîmées, altérées par la pluie, le vent, la température et
00:12:22on met dans un lieu où on autorégule tout, eh bien ça fait rentrer un extérieur dans
00:12:26un intérieur. Et dans une enquête, donc c'est un livre sur l'architecture sans parler de
00:12:32l'architecture elle-même, sans décrire la façade, mais ça montre comment toute l'histoire
00:12:36du Louvre est parcourue de choses qui sont invisibles. Et c'est ainsi que le chapitre
00:12:40inaugural commence par un problème très complexe, c'est qu'est-ce que c'est de faire
00:12:43rentrer une statue d'extérieur dans un intérieur ? Les captifs de Desjardins qui déplacent
00:12:47des Victoires à 600 mètres du Louvre. Et c'est tellement compliqué que la statue
00:12:51a mis deux siècles pour faire les 600 mètres, en passant plein d'autres endroits et c'est
00:12:55ce que j'ai étudié. Enfin, un dernier élément, c'est que je m'intéresse au métabolisme,
00:12:59c'est-à-dire la façon dont on peut lire le bâtiment comme un élément qui est pris
00:13:04dans un certain nombre d'échanges de matières et d'énergie qui sont des métabolismes. Alors
00:13:08je sais que c'est quelque chose qui est à la mode aujourd'hui en architecture, mais
00:13:12simplement je le prends dans un sens qui n'est pas une comptabilité, la différence entre
00:13:16ce qui entre et ce qui sort, mais qu'une lecture historienne et empirique de tous les flux
00:13:21et toutes les formes telles qu'elles changent, et bien évidemment c'est un élément d'histoire
00:13:25naturelle, ce sont les mutations de ces formes. Et donc finalement, c'est une manière à
00:13:30mon sens de commencer à répondre à la question à laquelle on n'arrive pas à répondre en
00:13:34ce qui est comment hériter du 20e siècle.
00:13:36Merci beaucoup de l'intérêt et de l'importance de revenir à l'histoire pour habiter les
00:13:46lieux. On retrouve d'ailleurs un des thèmes de ce matin. Alors on va maintenant donner
00:13:51la parole aux architectes, puisque d'abord madame Gauzin-Muller qui dirige une collection
00:13:57intitulée architecture frugale, qui en est à son septième opus, c'est bien cela, sur
00:14:04la Bretagne, et qui, par l'exemple, va nous montrer ce que devrait être une architecture
00:14:13frugale et cette notion de beaucoup.
00:14:16Alors, mon ami Philippe Madec, qui est aussi membre de l'Académie d'architecture, ne pouvait
00:14:21pas être là, donc j'ai voulu commencer par un clin d'œil et montrer sa médiathèque
00:14:26James Baldwin et la maison des réfugiés qui vient d'être ouverte à Paris dans le 19e
00:14:32arrondissement. Donc, comme tu l'as gentiment rappelé, en janvier 2018, donc il y a presque
00:14:39sept ans maintenant, avec mes amis Alain Bornarel, qui est ingénieur et urbaniste, et Philippe
00:14:44Madec, nous avons lancé un manifeste pour une frugalité heureuse et créative dans
00:14:48l'architecture et le ménagement des territoires. On n'imaginait bien sûr pas du tout ce que
00:14:54ça allait faire comme boule de neige. Pourquoi est-ce qu'on a choisi le mot frugalité et
00:14:58pas sobriété, par exemple ? C'est parce que frugalité, ça vient de frugis, ce qui
00:15:02veut dire le fruit. Et pour nous, la frugalité, c'est la juste utilisation des fruits de
00:15:07la terre. Aujourd'hui, le manifeste a été signé par plus de 16 700 personnes dans 92
00:15:13pays. Il y a eu 40 groupes locaux qui ont été créés locaux ou thématiques. On a
00:15:19réhabilitation frugale, on a territoire frugaux. Là, on vient d'avoir énergie, ingénierie
00:15:24frugale qui vient de se créer, peut être design frugal en discussion et on fait des
00:15:30rencontres annuelles. Les dernières, c'était à Nancy début octobre. On était plus de
00:15:34500 et je dirais qu'à peu près 50% des participants avaient moins de 35 ans. C'est vraiment un
00:15:41mouvement très, très jeune. Et dans ce qu'on appelle le conseil collégial, le CA de l'association,
00:15:48le plus jeune à une trentaine d'années, le plus sage, c'est Alain qui vient de fêter
00:15:51ses 80 ans. Donc, il y a un demi siècle parmi nos 18, les 18 membres du conseil collégial.
00:15:59Et il y a, bien sûr, neuf femmes et neuf hommes. Pour nous, c'est important. Donc,
00:16:05on a créé cette collection. On a commencé par le Grand Est. Donc, à chaque fois, c'est
00:16:12une. Donc, ça s'appelle architecture frugale et à chaque fois, on montre des exemples
00:16:17qu'on trouve inspirants. Ce qui est intéressant, vous allez voir pourquoi tout de suite, c'est
00:16:21que plusieurs des régions, à chaque fois, on le lance, on l'organise avec le conseil
00:16:28régional de l'ordre des architectes. On fait un appel à manifestation d'intérêt. On fait
00:16:32un jury et parmi les candidatures, on choisit entre 20 et 28 projets. Et plusieurs croats
00:16:40nous ont dit nous, on vous accompagne seulement si vous vous concentrez sur la réhabilitation.
00:16:46C'est le cas en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie. Et celui sur la Bretagne, bien
00:16:51juste, on l'a lancé la semaine dernière. Voilà, c'est une des pages du livre présentant
00:16:58le projet. Donc, à chaque fois, vous avez quelques images, quelques fois en plus des
00:17:02photos, un ou deux dessins, une courte description du projet, une fiche technique. Et vous voyez
00:17:09qu'on ne présente pas que le maître d'ouvrage et la maîtrise d'oeuvre. Et quand je dis la
00:17:12maîtrise d'oeuvre, ce n'est pas seulement l'architecte, mais c'est aussi tous les
00:17:17ingénieurs. On présente aussi les entreprises, parce que l'architecture, on ne la fait pas
00:17:22tout seul. Et aussi les fournisseurs locaux, puisque dans l'architecture frugale, vous
00:17:27allez le voir tout de suite, c'est très ancré dans le territoire. Les quatre principes
00:17:31de la frugalité heureuse et créative, c'est à la fois une diminution de tout ce qui est
00:17:36matériel, c'est-à-dire de l'usage du sol, de l'usage des matériaux et de l'usage de
00:17:40l'énergie. Et puis, dans le même temps, on veut une croissance des relations humaines.
00:17:45C'est pour ça que notre frugalité, elle est pour nous heureuse et créative. Donc,
00:17:48on commence par la frugalité en sol. Ça a déjà été évoqué tout à l'heure. La nécessaire
00:17:54mutation de l'architecture commence avec la question. Faut-il encore construire? Alors,
00:17:58ça paraît un peu étrange dans une académie d'architecture, mais on se demande, faut-il
00:18:03encore construire? Mais par contre, on pense qu'il faut absolument transformer le déjà
00:18:07là, transformer l'existant. Voilà quelques exemples qui sont publiés dans le livre.
00:18:15C'est celui sur la Nouvelle Aquitaine. Et à chaque fois qu'on présente un projet, on
00:18:21a un témoignage de l'architecte ou du maître d'ouvrage. Et là, j'en ai choisi un du maire
00:18:28de la Réol en faisant le choix de réhabiliter le centre ancien plutôt que de créer une
00:18:32nouvelle zone d'habitation. Nous sommes passés à un projet ouvert sur la ville qui structure
00:18:36sa requalification. Idem, un maire toujours en Nouvelle Aquitaine, c'est la Vendornier
00:18:43qui est sortie et j'aime beaucoup ce témoignage du maire. La réussite du projet vient de
00:18:49notre volonté de profiter des qualités du bâti existant et de ne pas démolir ce que
00:18:55nous n'aurions pas pu reconstruire avec la même qualité. Et pour moi, cette phrase là,
00:18:59elle est vraiment essentielle parce qu'il y a plein d'endroits où on a démoli des choses
00:19:04qui avaient une qualité architecturale pour reconstruire, disons-le, une questionnerie
00:19:08à la place. Et bon, voilà, c'est le genre de choses qui, pour nous, est importante.
00:19:14Après la frugalité, je le fais très court, après la frugalité, parce que sur les sept
00:19:20livres qu'on a déjà, on a presque 140 exemples. Frugalité en énergie, là, la nécessaire
00:19:29mutation de l'architecture demande d'associer deux stratégies. En France, surtout, on s'est
00:19:37protégé du froid pendant longtemps et aujourd'hui, il faut aussi se protéger de la chaleur,
00:19:41et plus seulement dans le sud de la France. Voilà un exemple où ils ont essayé d'avoir
00:19:47le confort thermique, non seulement avec de la ventilation naturelle que vous voyez ici
00:19:53très clairement, qui est exprimée au niveau de l'architecture, mais aussi avec l'usage
00:19:58d'une isolation en botte de paille dans une haussature bois et aussi des murs en terre
00:20:05crue pour apporter de l'inertie. On peut faire aussi la même chose dans la réhabilitation.
00:20:11Ça, ça a été fait par le fondateur et le gérant du BET Adenda, qui travaille depuis
00:20:17très longtemps, depuis plus de 30 ans, sur ce genre de choses. Et en fait, il nous dit
00:20:23que ce projet démontre qu'un patrimoine architectural peut, sans isoler les murs et
00:20:27avec une surface modérée de panneaux photovoltaïques, atteindre les exigences d'un bâtiment bas
00:20:32carbone à énergie positive. Comment est-ce qu'il a fait ? Les façades n'ont pas été
00:20:38isolées pour conserver l'inertie des façades en pierre. Les cloisons, par contre, il y
00:20:43a des cloisons chauffantes en bois et en terre crue, et vous voyez plus de 30 tonnes de ces
00:20:48deux types de matériaux. Frugalité en matière, maintenant, la nécessaire mutation de l'architecture
00:20:54favorise les matériaux qu'on peut appeler régénératifs, c'est-à-dire à la fois
00:20:57le réemploi, c'est-à-dire quelquefois, on ne peut pas réemployer le bâtiment lui-même,
00:21:01mais on peut réemployer les éléments qui constituent un bâtiment, et puis bien sûr
00:21:05aussi les matériaux biosourcés et géosourcés. Juste quelques exemples rapidement. Je commence
00:21:11par un exemple à Rony-sous-bois, donc ce n'est pas un petit truc perdu au fin fond
00:21:16de la campagne, c'est à Rony-sous-bois, et c'est construit avec des bottes de paille
00:21:20porteuses, de la paille qui a été assez localement. Vous voyez là encore, vous avez
00:21:28la ventilation naturelle avec des cheminées de ventilation. On peut aussi travailler sur
00:21:35ce qu'on appelle le béton-chambre ou le mélange chaud-chambre. Alors la chaud a une énergie
00:21:40grise encore un peu élevée, donc maintenant il y a pas mal de gens qui travaillent sur
00:21:42des mélanges argile-chambre. Vous voyez, réhabilitation bas carbone à Paris par la
00:21:48RIVP avec donc ce mélange. Et puis bien sûr, dans les matériaux géosourcés, là on a la pierre,
00:21:57marché couvert à Saint-Dizier avec une logique de filière courte, 600 tonnes de pierres de meuse,
00:22:03et puis du sapin des Vosges, scolité pour la structure intérieure. Pratiquement tous les
00:22:10bâtiments que je vous montre ont été conçus par des architectes militants du mouvement de la
00:22:16frugalité. Je sais, j'ai presque fini. Alors là, c'est encore un clin d'œil à Philippe. Là,
00:22:22c'est la terre crue qui est un matériau qu'on commence à utiliser de plus en plus. Ça, c'est
00:22:27des blocs de terre comprimés à Cornebardieu, à côté de Toulouse. Et ça, c'est aussi quelque
00:22:33chose d'important. C'est un schéma de sourçage qui montre encore une architecte militante de la
00:22:39frugalité dans les Hauts-de-France. Eh bien, elle donne très clairement la provenance de ces
00:22:46différents matériaux et de plus en plus d'architectes de la frugalité le font. Dans tous
00:22:52nos livres, on a cette cartographie, une cartographie qui montre où se trouvent les
00:22:59matériaux biosourcés et géosourcés, donc les ciries, là où on peut acheter de la paille, les
00:23:06carrières pour la pierre et pour la terre. Donc, ce qu'on défend, nous, c'est à la fois de la
00:23:11valorisation des savoir-faire régionaux et la valorisation des ressources locales. Et quand je
00:23:16dis savoir-faire régionaux, c'est aussi la valorisation du travail manuel. Je sais que
00:23:19l'Académie d'architecture remet aussi régulièrement des prix à des artisans et je trouve que c'est
00:23:25quelque chose de vraiment important. Et pour terminer, frugalité par le processus. La nécessaire
00:23:30mutation de l'architecture demande aussi une conception intégrative, favorisée par la création
00:23:35autour d'un projet de ce que j'appelle les écosystèmes conviviaux. Les écosystèmes conviviaux,
00:23:40c'est le sujet de la thèse de doctorat que j'ai commencée il y a quatre ans, le jour de mes 60 ans,
00:23:46en me disant que je ne voulais pas que mes neurones s'ennuient. Un exemple de ce nouveau
00:23:52processus, c'est la ferme du rail que vous connaissez sans doute. Donc, ça, c'est à Paris,
00:23:57par mes amis de Grand 8 qui font un travail formidable. Alors, je vous ai montré jusqu'à
00:24:03présent, je vous ai montré des projets français dans les différentes régions françaises, mais nous
00:24:08faisons avec mes amis d'AMACO et des grands ateliers un travail assez semblable au niveau
00:24:14mondial avec des prix, d'abord Terra Award, après Fibre Award, après Terra Fibre Award et
00:24:19maintenant le Materia Award puisqu'on a rajouté la pierre et on travaille avec les compagnons.
00:24:23Vous pourrez venir voir l'exposition qu'on fait avec le pavillon de l'Arsenal début mars.
00:24:29Merci. Merci beaucoup. La terre crue, la fibre, ça doit parler aussi à Lia Bengana qui s'est
00:24:37beaucoup spécialisée sur les matériaux. Alors, j'ai entendu ce matin des intervenants douter que
00:24:42les matériaux soient la solution, en tout cas pas la solution unique, mais ce que vous dites
00:24:47m'a l'air assez intéressant. Lia Bengana. Oui, bonjour. Bonjour. Alors, mon travail est tout à
00:24:57fait dans la continuité et très inspiré par celui de Dominique. Donc, je suis enseignante, architecte
00:25:03et auteur et je vais un peu vous raconter en huit minutes comment je consacre mon activité à la
00:25:10question des matériaux, des ressources locales, des processus autant dans l'enseignement que dans
00:25:16l'écriture et un peu moins dans l'architecture puisque j'ai beaucoup réduit mon activité
00:25:21d'architecte. Donc, une bonne partie de mes intérêts aujourd'hui, c'est écrire et écrire
00:25:28pour un public large, c'est-à-dire vraiment vulgariser. Et donc, ça a commencé par une
00:25:34première série d'articles pour la revue Heidi News en Suisse sur la question du béton, de notre
00:25:38addiction à cette matière, des conséquences environnementales et des alternatives possibles.
00:25:44Et ça s'est transformé en une bande dessinée vraiment adressée à un public beaucoup plus large
00:25:49qui est paru il y a quelques mois aux presses de la Cité. Cette activité d'écriture, elle est certes,
00:25:57elle s'intéresse vraiment à la vulgarisation, mais j'écris aussi sur la question des matériaux
00:26:01pour une revue d'architecture suisse tracée avec des sujets tels que la terre crue, un intérêt pour
00:26:09les fondations, peut-on faire des fondations autrement qu'en béton ou alors encore des
00:26:14dossiers comme par exemple un dossier consacré uniquement à la paille et beaucoup à la paille
00:26:19porteuse ou encore à la préfabrication de la terre crue et à ses développements actuels en
00:26:25association avec le bois, etc. Dans mon activité d'enseignante, j'ai un peu deux grands pôles,
00:26:31un c'est vraiment celui qui s'intéresse aux ressources, donc j'essaie vraiment d'emmener
00:26:36les étudiants sur des sites pour comprendre d'où viennent nos matériaux, comment ils sont
00:26:40transformés, qu'est-ce que c'est qu'un processus industriel et donc autant on est heureusement en
00:26:46Suisse, il n'y a pas de problème, on est accueilli par des cimenteries ou alors encore la compréhension
00:26:51par exemple des terres d'excavation, qu'est-ce que ça veut dire en termes de quantité, qu'est-ce
00:26:56que ça veut dire aussi que de transformer une toute petite partie de ces terres en matériaux
00:27:01de construction et encore j'essaie aussi de les faire travailler sur cette
00:27:07espèce de changement de paradigme qui est en train d'arriver aujourd'hui et quels sont les
00:27:11acteurs de ces changements et donc je les envoie interviewer toutes sortes de professionnels,
00:27:16artisans, architectes, ingénieurs qui travaillent pour en tout cas changer de perception sur la
00:27:21manière dont on construit et des personnes toutes en général très militantes et on est associé
00:27:27d'ailleurs avec un projet de recherche appliquée qui va tout à fait dans la continuité de celui
00:27:32de la frugalité heureuse et créative qui serait pour la Suisse de créer une plateforme open source
00:27:37comme il en existe déjà en France mais pas en Suisse et qui permet de mettre en réseau tous
00:27:42ces acteurs de ce changement actuel de paradigme mais qui donne également des comment dire des qui
00:27:49diffusent en tout cas de manière assez simple des techniques constructives voilà comment on met
00:27:53en oeuvre ces matériaux toujours en reprenant en tout cas des bâtiments déjà construits pour
00:27:58montrer que c'est déjà possible. Ensuite toujours en enseignement donc à l'école polytechnique
00:28:04fédérale de Lausanne j'ai intégré il y a trois ans l'enseignement de première année qui était
00:28:08déjà très axé sur la question du fer et de construire en fin d'année c'est à dire d'emmener
00:28:13des étudiants de première année vers une construction réelle et en général avec un
00:28:17commanditaire une ville voilà donc là en l'occurrence c'était Lausanne mais il y a eu Genève, Evian,
00:28:22Zurich, Bruxelles et donc j'ai eu la chance, on m'a laissé apporter la terre crue comme outil
00:28:29pédagogique en première année donc ça a été vraiment un moment de réelle expérimentation
00:28:34pour moi parce que c'était la première fois que je pouvais le faire à une telle échelle et donc là
00:28:38par exemple c'est l'intégration d'un banc en terre crue dans une structure au sein du musée de la
00:28:43Croix-Rouge à Genève et ensuite on a pu faire passer vraiment à la vitesse supérieure qui était
00:28:48expérimentée pour 250 étudiants dans un très grand atelier qui est l'équivalent de celui de
00:28:54Villefontaine près de Lyon et là c'était vraiment une semaine entière d'expérimentation autour de
00:28:59la terre crue. Moi là ce que j'ai vraiment adoré c'est travailler avec des étudiants de première
00:29:03année sur un matériau qu'ils ne connaissent pas, c'est vraiment un vecteur d'innovation parce que
00:29:08des étudiants qui n'ont pas d'a priori sur ce qu'on peut faire avec la terre crue et du bois
00:29:11ils arrivent avec des idées souvent beaucoup plus libres que celles par exemple moi que je
00:29:15pourrais expérimenter parce que je connais bien cette matière. Et donc là c'est apporter
00:29:21l'expérimentation en atelier à en fin d'année l'aménagement d'un jardin près de
00:29:30l'ONU à Genève. Ensuite toujours dans cette même question du faire c'est à dire cette
00:29:37question des ressources, des matières et de faire en sorte que les étudiants se mettent à
00:29:41penser à partir de la matière et bien on a pu mettre en place aussi des workshops à base de
00:29:47fibres donc là en l'occurrence c'était de la paille de céréales en bottes et donc on a
00:29:53utilisé l'occasion du Terrafibra dont vous avez entendu parler juste avant qu'on avait
00:29:58invité à l'école pour réaliser tous les fragments d'architecture avec d'autres collègues pour
00:30:02la terre et donc au lieu de les faire venir de Paris et depuis le pavillon de l'Arsenal on
00:30:07les a reconstruits et donc c'était l'occasion vraiment de s'intéresser au mode constructif à
00:30:12partir de matériaux extrêmement locaux. Voilà on a continué après avec un workshop beaucoup plus
00:30:19large donc ça qui est super en tout cas en Suisse c'est qu'à chaque fois on commence petit puis
00:30:22après on nous laisse l'occasion d'aller un peu plus loin donc là c'était 70 étudiants,
00:30:27trois écoles différentes et sur cinq jours on a expérimenté trois matériaux extrêmement locaux
00:30:32paille de céréales, branches de sol et terre crue, quatre techniques constructives, fibres liées à la
00:30:38terre, fibres porteuses, fibres en remplissage, fibres tissées et là aussi cinq jours uniquement
00:30:43pour expérimenter et donc là c'était des étudiants de master donc peut-être déjà peut-être un peu
00:30:48moins libre dans cette question de qu'est ce qu'on peut faire avec ces matériaux mais en tout cas
00:30:51voilà on est arrivé en cinq jours sur huit modules à expérimenter les mélanges terre-fibre,
00:30:58fibres uniquement isolantes, fibres porteuses ou alors encore le sol et là en fait ce que
00:31:05j'aimerais beaucoup faire quand on repartira c'est de vraiment réfléchir sur des structures comme
00:31:10ça libre qu'on replante pour leur permettre encore de pousser et c'est ce qui est possible
00:31:15avec le sol. Et je terminerai très rapidement par deux projets parce que j'essaie quand même
00:31:21de garder des projets en tant qu'architectes qui soient toujours liés avec ces questions
00:31:25d'expérimentation, de formation et de transfert de connaissances donc là en l'occurrence
00:31:32c'est une avec l'APS Architecture c'est une mairie qu'on a gagnée il y a quelques années dans le
00:31:37nord de la France entièrement en béton de chanvre préfabriqué et là ça a été l'occasion donc là
00:31:44on est en train de, on a presque terminé et là ça a été l'occasion de travailler avec un jeune
00:31:48collectif ADA, Anatomie d'Architecture et on a organisé une semaine d'expérimentation et de
00:31:54formation autour des techniques du chanvre terre comme tu disais tout à l'heure et également des
00:32:00enduits terre ou encore et donc ce qui est vraiment super c'est toujours des vrais moments
00:32:06où on rencontre des architectes plus jeunes donc c'est moi j'ai beaucoup de plaisir à aller à tous
00:32:10ces chantiers et là c'est un projet qu'on vient juste de terminer le château de Grandson c'est
00:32:16un château médiéval sur les bords du lac de Neuchâtel, ils voulaient un bâtiment
00:32:20temporaire et nous ont dit compostable et nous on a dit non c'est dommage compostable on va plutôt
00:32:25faire démontable remontable et on a trouvé un repreneur pour ce lieu d'exposition qui sera
00:32:33Lausanne et ça va devenir un bâtiment d'accueil pour les jeunes et là on a fait un bâtiment très
00:32:37très simple mais par contre on a pu intégrer une académie d'été EPFL, une académie d'été Fribourg
00:32:43et pendant l'été ça c'était au mois d'août on a rempli avec des architectes aussi qui étaient à
00:32:48qui on a offert la formation des caissons en bois remplis en bottes de paille ensuite on a fait
00:32:54toutes sortes de formations liées aux enduits terre et puis on a monté tout ça sur place voilà
00:33:00j'ai pas encore les dernières photos parce qu'on vient juste de terminer. Merci beaucoup. Merci à
00:33:04vous. Maud Kobe, à vous, vous êtes peut-être la plus impliquée en termes de maîtrise d'oeuvre
00:33:16proprement dite dans cette table ronde encore que ce qu'on vient de voir est assez illustre
00:33:24également donc vous avez une expérience pour faire en sorte que votre architecture tienne
00:33:32compte des exigences des mutations climatiques. Oui on essaye en tout cas merci bonjour à tous
00:33:38bonjour à toutes très heureuse d'être ici oui je voudrais faire une petite introduction
00:33:43effectivement c'est on est dans une époque formidable puisque c'est un peu la cata on va
00:33:48dire donc comment comment comment faire avec ce patrimoine en répondant à votre question du
00:33:5520e siècle est ce qu'il faut tout arrêter ce qu'il faut transformer ce qu'il faut démolir
00:33:59je pense qu'il faut avoir une attitude un peu équilibrée j'aime la notion de
00:34:06évitons des dogmatiques il y a tellement de possibilités de construire où est ce qu'on
00:34:12est l'héritage du lieu la géographie construire à la campagne construire en ville et construire
00:34:18en france construire à l'étranger en europe ou plus loin dans le monde c'est une démarche
00:34:22différente pour qui devons nous construire il est temps qu'on prenne en compte la notion
00:34:28d'usage la notion de d'évolution de la société c'est une société qui est très mouvante
00:34:33qui est composée d'hommes et de femmes de familles qui se décomposent qui se recomposent
00:34:40de gens qui vieillissent de plus en plus longtemps et cette jeunesse qui qui est un peu un peu
00:34:48en questionnement sur le futur donc l'usage la connaissance de la société et puis comment
00:34:54comment c'est est ce que le béton c'est vraiment si nul que ça est ce que le bois
00:35:00c'est bien mais comment on fait avec la forêt française qui n'est pas encore bien organisée
00:35:05est ce que la terre ça marche c'est sympa ton truc de petits cochons mais comment convaincre
00:35:09les élus qui ont parfois d'autres préoccupations la paille et puis comment composer avec ce
00:35:16déjà là parfois c'est des endroits exceptionnels comme ce bâtiment des années 70 que j'ai
00:35:21eu la chance avec mes collaborateurs de rénover récemment à paris dans le douzième arrondissement
00:35:25construit par tuylens et de vigans des confrères qui avait dans les années 70 cette vision
00:35:30de construire avec cette architecture brutaliste que certains détestent et que d'autres adorent
00:35:36ce béton que certains adorent et certains détestent on a voulu le démolir maintenant
00:35:40le préserve je vais commencer par cette présentation sur ce bâtiment rapidement on est dans le
00:35:46douzième arrondissement ce plan l'a trouvé justement vous avez fait tout à l'heure
00:35:50j'ai vraiment adoré votre introduction monsieur sur sur sur l'origine des bâtiments
00:35:57vous avez raison quand on voit une tour quand elle est sale quand elle est quand les gens
00:36:01passent devant et personne ne la reconnaît parce qu'on se dit mais c'est quoi ce machin
00:36:05et qu'on découvre comme un bon néophyte que nous étions à l'époque quand on a découvert
00:36:09cet archive de ce plan l'intelligence de ce projet construit par tuylens et qui était
00:36:15inspiré des formes de la nature c'est un escargot c'est un coquillage c'est plein de choses
00:36:20à la fois c'est un architecte qui avait cette vision de construire un igh donc un immeuble
00:36:24de grande hauteur c'est bien la densification il la faut il faut construire encore plus
00:36:28haut parce que du coup on libère le sol et on désartificialise évidemment au plus cette
00:36:34terre qu'on cherche à reconquérir cette ce plan il est il présente aussi toute la
00:36:41composition de du vivant autour les espaces extérieurs ce grand jardin il était planté
00:36:47sur sept niveaux pardon cinq niveaux de parking personne ne le sait mais oui et donc à l'époque
00:36:52dans les 70 ont construisait on mettait des jardins sur une dalle sur des dalles la lyon
00:36:58à part dieu il ya paris la défense il ya énormément de bâtiments qui ont été construits
00:37:02parce qu'à l'époque la préoccupation c'était la mobilité on aimait la voiture et oui évidemment
00:37:06et ça nous a bien aidé on était content d'avoir des voitures pour pouvoir se déplacer
00:37:08etc voilà donc cette cette architecture elle nous a inspiré évidemment et la composition
00:37:15du projet c'était de dire comment on va pouvoir densifier on a pu gagner cet appel
00:37:19à projet parce que on a réussi je pense à scanner le bâtiment et la vie elle a visité
00:37:24sur plusieurs dimensions le visite sur plusieurs dimensions la reconquête du sol ce parking
00:37:30sur quatre niveaux on est venu démolir une partie donc on a imaginé un grand vide un
00:37:36grand patio je sais pas où ce qu'il est le bip mais voilà ce petit trou là ici
00:37:40on est venu démolir donc on va dire à bas on peut quand même démolir évidemment qu'on
00:37:43peut encore démolir heureusement parce que parfois il ya des espaces qui sont inutiles
00:37:46qu'on ait dû démolir une toute petite partie de cette surface de terrasse de parking pardon
00:37:52pour faire ce grand vide ce patio et ce patio il va générer un grand vide de la lumière
00:37:56naturelle et on va pouvoir réinvestir des anciens sous sol qui était inhabité puisqu'on
00:37:59sait maintenant qu'à paris on se dépêche de moins en moins en voiture deuxième stratégie
00:38:04on est venu créer une extension autour du bâtiment donc ici vous avez un bâtiment
00:38:08qui crée un lien c'est une extension habillé d'un aluminium dépoli pour le faire disparaître
00:38:14plus possible puisque les architectes des bâtiments de france la commission du vieux
00:38:17paris qui n'était d'ailleurs pas d'accord sur le sujet c'est toujours intéressant
00:38:20de voir à quel point c'est délicat parfois quand on parle d'histoire pourtant ils défendent
00:38:25une histoire mais ils n'ont pas la même histoire à défendre et bien cette cette cette cette
00:38:29ce bal ce cette extension elle va créer un lien urbain entre la rue de picpus et l'avenue
00:38:35saint mandé et elle va créer un établissement recevant du public il était question pour
00:38:39la ville et pour la mairie du douzième d'animer cette tour donc on ne la voit pas l'extension
00:38:43elle est cachée derrière certains architectes avaient proposé d'épaissir la tour de la
00:38:46rendre plus épaisse et donc de d'inhiber complètement cette facette qui est absolument
00:38:49magnifique nous avons préféré donc chercher cette surface donc on a 3000 m² en existant
00:38:55et on est récupéré 1500 m² donc un tiers de plus de la surface qui était nécessaire
00:39:00pour le bilan économique comment financer les travaux on parle pas suffisamment d'argent
00:39:05le pognon c'est pas un tabou ça permet quand même de d'investir dans le long terme sur
00:39:09ce projet et l'investisseur a eu l'oreille a eu l'intelligence de comprendre qu'il investissait
00:39:15dans le long terme et non pas dans le court terme et donc parce qu'on a trouvé la surface
00:39:19en afra et sur cette extension là on a pu financer on va dire un geste à son assumons
00:39:24le un geste qui est cette grande serre alors elle est utile elle a permis trois choses
00:39:29la première de mamifier cette architecture du patrimoine des années 70 et de l'approcher
00:39:33dans un temps long le patrimoine c'est bien mais il faut le faire vivre sinon ça sert
00:39:38à rien d'habiter au dernier étage une grande serre agricole qui permet selon le PLU bioclimatique
00:39:45de déroger la hauteur puisqu'on est dans un immeuble de grande hauteur on peut pas construire
00:39:47plus haut il y a une petite ligne dans l'article du PLU qui nous a bien intéressé c'est celle
00:39:51de créer de l'agriculture urbaine alors évidemment on n'a pas de prétention de faire des grandes
00:39:56productions agricoles pour moi c'est un pour nous c'est un grand jardin suspendu c'est
00:40:00un lieu d'agrément c'est un lieu inutile inutile dans la mesure où les gens vont venir
00:40:04contempler le paysage réinvestir la toiture parisienne la fameuse cinquième façade un
00:40:09lieu de contemplation mais évidemment qu'elle est utile pour les utilisateurs de la tour
00:40:13et je reviens vite sur la salle d'avant la quatrième dimension que nous avons eu sur
00:40:17ce patrimoine comme que faire du patrimoine du 20e siècle c'est de lui donner une seconde
00:40:21vie en imaginant plusieurs usages la tour sera livrée pour un immeuble de bureau mais
00:40:25nous avons convaincu le maître d'ouvrage qu'on pouvait assurer la réversibilité du
00:40:30bâtiment puisque toute ou partie du bâtiment pourra être à terme habité en logement
00:40:35résidents seniors étudiants un étage sur deux c'est finalement la ville rêvée la
00:40:40ville verticale où il y a chaque chaque étage un usage et puis pourquoi pas au dernier étage
00:40:43une piscine soyons fous le patrimoine du 20e siècle les faits de bâtiments magnifiques
00:40:50pour certains et parfois modeste comment dire aider moi là j'ai pas le j'ai pas le
00:41:00mot modeste ça va voilà voilà modeste c'est à dire qu'ils avaient une vocation on a fait
00:41:06le job ils ont fait le job c'est une maternité à levallois péresse pour ceux qui la connaissent
00:41:11que je connais plein de gens dont les mamans ont accouché là bas fondation connait que
00:41:15j'ai propriétaire fond la hb hc qui était propriété de sir richard wallace richard
00:41:25wallace pour ceux qui connaissent et les fontaines à paris c'est cet homme qui était très
00:41:28généreux et qui offrait de l'eau gratuitement au poudre émuné à paris et on a fait une
00:41:34fondation c'est devenu cette maternité en partie cette maternité elle est bourrée
00:41:38d'amiante elle est elle a été construite avec du béton de la façade porteuse en béton
00:41:42les rez-de-chaussée les refonds tout le rez-de-chaussée étant toutes les cloisons
00:41:46sont faits en mur porteur quand on dit ben on va transformer c'est compliqué donc on
00:41:50s'est battu on a travaillé avec le maître d'ouvrage pour essayer de convaincre c'est
00:41:55pas gagné c'est pas gagné puisque le bilan économique ne rentre pas on sait que transformer
00:41:59réhabiliter parfois ça coûte plus cher disons disons le ça coûte plus cher effectivement
00:42:03donc comment ça marche dans la case excel parfois ils ont du mal parce qu'il faut qu'ils
00:42:06vendent tout de suite les fameux promoteurs opportunistes c'est bien la crise ça fait
00:42:10un peu le ménage et bien ils sont ils se disent mince comment je fais donc ceux qui
00:42:15ont la vision du long terme et bien ils vont mettre un peu plus de sous et ils vont accepter
00:42:19des projets comme celui ci on est à 10% de plus que si on démolissait 10% on parle de
00:42:2510% dans un bilan économique bon et donc on va rajouter des grands balcons donc cette
00:42:31maternité là devient excusez moi une résonance intergénérationnelle c'est l'idée de vivre
00:42:35donc là on parle d'usage de rassembler les plus anciens avec les plus jeunes de faire
00:42:41un transfert de savoir entre les plus anciens et les plus jeunes de dire que c'est un bâtiment
00:42:45qui est pour en partie à gauche pardon excusez moi partagé par les anciens et à droite
00:42:52par les plus jeunes donc une division verticale au milieu on a un grand grand une grande
00:42:58entrée principale les gens se croisent les gens discutent on a une grande salle à manger
00:43:01qui est partagée par tout le monde il suffit simplement d'organiser des horaires on rentabilise
00:43:04la cuisine c'est pratique et on va venir donc transformer cette façade avec un habillage
00:43:09vous parlez tout à l'heure de la pierre bon matériau bon endroit on avait du bois avant
00:43:13sur la tour racine parce que racine c'est un immeuble de grande hauteur c'était l'ancien
00:43:17siège de l'office national des forêts donc on avait on voulait aussi faire le clin d'oeil
00:43:21à la tour racine et à l'onf ici on a le valois perret nous avons un architecte du patrimoine
00:43:26je pense que vous connaissez qui est assez rigouriste dans sa façon de travailler et
00:43:30qui nous a demandé de travailler la pierre mais ça tombe bien on adore ça et donc on
00:43:33l'a habillé avec avec de la pierre semi porteuse et ses grands balcons ils ont deux
00:43:38fonctions ça crée de l'usage parce qu'on ne peut pas imaginer une petite résidence
00:43:41étudiante ou une résidence senior avec des petites surfaces on sait que les coûts sont
00:43:44trop chers et bien on va étendre les surfaces intérieures vers l'extérieur et on va imaginer
00:43:49des grands balcons suspendus ça crée de l'usage ça crée l'interaction avec les extérieurs
00:43:53et surtout c'est une canopée c'est une façade bioclimatique tout simplement bioclimatique
00:43:58ça fait un peu genre mais n'empêche que ça permet de se protéger du soleil et donc
00:44:01c'est un apport réel vis-à-vis de l'architecture du lieu et je vais finir avec un troisième
00:44:06patrimoine que faire du 20e siècle que faire de l'architecture du 20e siècle certains
00:44:09ont construit des parkings parce que c'était à l'époque à la part d'yeux de la voiture
00:44:19et donc la l'organisation de la ville nous a demandé de transformer ce bâtiment là
00:44:24un ancien garage en immeuble de bureaux donc nous sommes nous avons proposé un projet
00:44:30qui va être construit l'année prochaine on a enfin signé les marchés de travaux
00:44:34on est à Lyon le coût de construction reste plus raisonnable qu'à Paris donc on a eu
00:44:38la chance de rentrer dans des coûts économiques assez contraints donc là on a fait tout ce
00:44:45qu'on aime faire c'est à dire mettre le bon matériau au bon endroit on est dans un
00:44:49immeuble de bureaux qui a une façade largement domestique l'idée c'est que demain il pourra
00:44:53devenir également un hôtel une résidence un lieu d'habitation donc la façade doit
00:44:58rester intemporelle comme le faisait notre confrère Haussmann qui a réussi à construire
00:45:04des grandes barres horizontales et qui sont vraiment qui logent le maximum d'usages pourquoi
00:45:09nous en 2025 en 2050 on n'est pas capable de penser cette mutation là et donc ce socle
00:45:16il est en béton en béton préfabriqué clin d'oeil à la part d'yeux à l'architecture
00:45:24du site qui était toujours basé sur ce fameux socle le corps du bâtiment il est constitué
00:45:28de planchers bas carbone en béton qui se prolonge pour venir créer une petite protection
00:45:33sur la terre crue qui est les éléments les trumeaux que vous voyez ici en marron clair
00:45:37donc c'est des blocs de terre crue porteur que nous faisons fabriquer par une entreprise
00:45:43locale des gros blocs de 40 par un mètre donc c'est assez lourd c'est un peu l'idée
00:45:49de la grue qui vient monter un par un ces éléments de terre crue et cette terre crue
00:45:53elle aura deux rôles elle va venir remplir la façade et elle va venir créer une façade
00:45:59élégante et belle on considère que l'architecture bas carbone elle doit être accompagnée d'un
00:46:03geste architectural osons le dire la mode de nature c'est pas un gros mot on peut construire
00:46:07des bâtiments écologiques sensibles désirables qui utilise cette fameuse mode de nature
00:46:13et qui ont un vrai rôle puisqu'encore une fois ça va venir protéger de la pluie voilà
00:46:18pour le projet de lyon par dieu excusez moi j'ai dû être très longue on va peut-être
00:46:26un merci beaucoup est-ce reprenez vos places je vous en prie mesdames mot de cobaye a devancé
00:46:33la question que j'allais poser sur les nantes si pas un peu sur la table ronde suivante
00:46:38sur les aspects économiques de ces de ces projets est-ce que dominique aux amulaires
00:46:43diabène gana vous avez sur cette sur cette question des choses à nous dire
00:46:48alors c'est vrai que c'est toujours la question qui vient d'abord c'est est-ce que c'est plus
00:46:57cher voilà ben écoutez ça dépend ça dépend il ya on peut pas déjà on peut pas tous
00:47:03les mettre dans le même sac et on peut pas donc en fait qu'on sait certain que par exemple
00:47:11en terre crue tout dépend de la technique si on est par exemple dans du pisé pisé en place ce
00:47:20qui n'est pas ce que maud a montré la montrée du pisé préfabriqué et ben le pisé pisé en place
00:47:26c'est forcément beaucoup plus cher si on veut le comparer par exemple au béton qui est coulé où
00:47:31toute l'industrie est déjà complètement outillée pour donc en fait on compare deux choses absolument
00:47:36pas comparable on part on compare une matière avec tout un processus artisanal et une matière
00:47:43qui est extrêmement bien maîtrisée donc ceci étant dit par exemple si on part chez pas moi de
00:47:52faire un bâtiment en ossature bois rempli en paille ou alors par exemple je peux prendre
00:47:59l'exemple moi du petit bâtiment que j'ai montré rapidement qui est une mairie en ossature bois
00:48:04avec des panneaux préfabriqués de façade type façade rideau rempli en béton de chanvre alors
00:48:10c'était 300 euros du mètre carré le système préfabriqué en béton de chanvre ce qui est pas
00:48:14non plus énorme et là on a dû faire des choix par exemple on a montré que le défasage du béton
00:48:19de chanvre était très bon et que en tout cas cette mairie pouvait complètement se passer de
00:48:26climatisation donc en fait quand on construit avec ces systèmes là il faut avoir des arguments il
00:48:31faut être bien entouré et il faut essayer d'orienter l'argent vers certains endroits
00:48:39pour en enlever vers d'autres voilà pour arriver dans un système en tout cas économique soutenable
00:48:45vous souhaitez ajouter quelque chose oui je suis tout à fait d'accord avec ce qu'alia
00:48:52vient d'expliquer je pense aussi par exemple à un groupe scolaire à maringue de studio lada
00:48:58qui a qui a fait l'agence de nancy le collectif de nancy qui a fait le marché à saint-disier
00:49:04j'étais là par rapport à j'ai visité le jour de la de la réception donc j'ai parlé avec la
00:49:10mère et son équipe elle m'a dit vous vous rendez compte malgré le covid ils ont fait un bâtiment
00:49:17en bois isolé en paille et avec avec de la terre coulée qui a des avantages hygrothermiques
00:49:27et ça a coûté je crois que c'était dix mille euros de moins que le budget malgré le covid
00:49:34malgré là c'était l'époque où le prix du bois était en train d'augmenter et c'était parce qu'ils
00:49:41ont eu vraiment une approche très très locale ils ont pris du bois local c'est aussi une agence
00:49:47qui accepte éventuellement du bois scolité donc ça dépend vraiment où on met où on met l'argent
00:49:54et l'autre point important c'est que quelques fois il faut dire on peut vous faire un bâtiment
00:50:01avec du bois de la terre des matériaux locaux biosourcés ou géosourcés mais peut-être qu'il
00:50:08faudrait réduire un petit peu la surface du bâtiment et donc là on peut réfléchir sur le
00:50:13programme est ce qu'on peut pas peut-être mutualiser des espaces et donc il faut voir vraiment les
00:50:18choses d'une manière holistique d'une manière d'une manière globale. Tout cela vous inspire-t-il
00:50:25quelque chose ? Dans le coût il faudrait faire entrer en compte aussi le coût de rejet de co2
00:50:33quand on rase qui est éliminé, le coût extractif qui est éliminé parce qu'on n'a pas besoin d'extraire
00:50:38de nouveaux matériaux donc qui permet de rééquilibrer aussi l'équation. Moi ce qui me frappe
00:50:44c'est deux choses c'est que d'abord je trouve ça suppose un peu une rédéfinition du travail
00:50:48d'architecte parce que ça vous demande en amont beaucoup plus d'enquête beaucoup plus d'enquête
00:50:52et descriptif et un argument que j'entends tout le temps c'est qu'il va falloir un moment poser la
00:50:56question du contrat d'architecture c'est-à-dire que les études préalables soient parce que ça
00:51:01épaissit ce temps là alors que bien évidemment dans le temps de la standardisation et bien on
00:51:06n'a pas besoin d'étudier le site comme disait je crois Dominique Perrault surtout il faut pas
00:51:10aller sur le site il risque d'influencer l'architecte il faut tout concevoir à partir
00:51:14d'une maquette donc le modèle économique change et la deuxième chose que ça m'inspire le lien
00:51:19en fait avec l'histoire naturelle c'est un élément que j'ai pas formulé c'est que dans cette dimension
00:51:26d'histoire naturelle de l'architecture ça revient à prendre en compte les formes dans leur
00:51:31métamorphose de leur évolution c'est le théorie morphologique tout vient du fameux texte de Goethe
00:51:36sur la même table fausse des plantes 1928 qui dit il y a des phénomènes qui ne sont pas
00:51:41mathématisables et qui procèdent par des générations de formes qui s'engendrent les
00:51:45unes aux autres et qui sont pas contenues de manière causale dans la forme précédente et
00:51:49il me semble que c'est ça la réponse pour hériter c'est qu'on prend les potentialités d'une forme
00:51:53et on utilise des choses qui n'ont pas forcément existé qui auraient pu exister et là il y a une
00:51:58dynamique mais c'est c'est aussi un changement d'approche mais tout à fait fascinant. Vous avez
00:52:04clos votre communication sur l'héritage du 20e siècle et c'est sans doute le problème parce
00:52:11qu'ensuite il y a sans cesse des débats sans fin je dirais on a entendu enfin j'ai lu récemment que
00:52:18le bois posait problème parce qu'on allait on allait dépeupler les forêts et retirer la capacité à
00:52:24stocker du carbone des dites forêts j'ai l'impression que c'est la réversibilité cher
00:52:29à Baudrillard il y a tout un tas d'arguments réversibles en revanche il y en a un qui est
00:52:34massif c'est le patrimoine d'héritage du 20e siècle celui que vous avez évoqué à la fin de
00:52:39votre communication monsieur et puis Maude Cobet a très bien montré comment d'une certaine manière
00:52:44on était en train de revisiter le patrimoine brutaliste et post-moderne j'ai dit un gros mot
00:52:49pardon chez les architectes mais ça a quand même existé et il y a un patrimoine qui s'est étalé
00:52:54sur 25 à 30 années et les projets que vous avez montré pour moi sont une revisite de ces de
00:53:01cet enjeu alors je sais pas vous avez dit brutaliste est-ce que vous iriez jusqu'au
00:53:06post-modernisme comme un enjeu de projet aujourd'hui spécifique qui offre des décrochements qui offrent
00:53:12des volumes justement qui permettent de nouvelles appropriations des plantations enfin je sais pas
00:53:17ce que vous en pensez là on rentre dans un niveau de débat je pense qu'il est intéressant pour nous
00:53:22les architectes donc je dirais oui tout est possible il n'y a pas toutes les époques sont
00:53:27revisitables peut-être celles qui sont compliquées ce sont celles qui sont celles qui ont promu des
00:53:33façades lisses en miroir qu'on a connu dans les années 2000 avec un niveau thermique absolument
00:53:39déprimant l'avantage simplement c'est que ça met la lumière naturelle à l'intérieur ça c'est
00:53:43clair moi je voudrais revenir un peu sur ce que vous dites sur la question et ce qu'on sur la
00:53:49question sur la le coup et comment on peut donner une seconde vie et les usages du coup je pense que
00:53:54tous ces beaux exemples que nous avons tous présenté beau parce qu'il ya une volonté en tout
00:53:58cas de vouloir faire ils seront ils se rendront possible si on arrive à massifier comme on a pu
00:54:05le faire après la seconde guerre mondiale avec le barhouse on en parle suffisamment peu alors ça
00:54:13tombe bien ils étaient quand même assez brillants ils ont construit des magnifiques bâtiments qu'on
00:54:16a pu sauvegarder pour certains ce qui est intéressant dans le barhouse et cette volonté
00:54:19politique de tourner de construire donc là la notion d'écologie l'évident n'existe pas pour
00:54:26le plus grand nombre grâce à la massification grâce à l'industrialisation et donc tous ces
00:54:31mouvements dans le mode post modernisme effectivement ils ont permis de construire plus très vite
00:54:37autour de l'industrie autour de la répétition autour du matériau etc et pourquoi dans les années
00:54:442030 2020 on n'est pas capable de massifier d'industrialiser tous ces principes que nous
00:54:50avons présenté jusqu'alors c'est à dire le bois en préface l'architecture hors site on en revient
00:54:55évidemment celle qui est belle et celle qui évite d'avoir des bâtiments passoires évidemment on va
00:55:00on va essayer de tirer un peu le bénéfice de ce qui a été fait les erreurs du passé la paille la
00:55:05terre crue etc 1 on massifie donc ça coûte moins cher 2 on organise les forêts les forêts
00:55:12françaises le problème c'est que les forêts françaises elles produisent du bois qui sont
00:55:15utilisés pour faire des allumettes pour faire de parce qu'à l'époque c'était pour ça maintenant
00:55:19peut plantons pour pour après et en attendant bah ok on exporte on importe pardon du bois qui
00:55:23vient d'un peu plus loin en attendant on fait des bâtiments qui ont le mérite d'être visibles et
00:55:28on donne envie donc si une volonté une volonté une volonté industrielle la terre crue la terre
00:55:34elle est là franchement c'est pas compliqué il faut former pour avoir discuté avec des artisans
00:55:39faire de la terre crue ça c'est très compliqué parce que quand vous quand vous tassez la terre
00:55:43c'est des machines c'est j'ai cru comprendre qu'il fallait cinq minutes on a le droit à tasser la
00:55:48terre pour un corps humain c'est cinq minutes pas plus parce que ton corps il est tellement il
00:55:51vibre tellement que tu peux pas donc ça crée quand même des désagréments pour les pour les pauvres
00:55:55maçons qui sont et qui sont pas encore formés donc utilisons utilisons des machines pour le coup
00:56:01osons dire où tu donnais le robot utilisons l'intelligence artificielle j'ai loupé la réunion
00:56:05ce matin je suis désolé mais c'est pas un gros mot l'intelligence artificielle si on utilise
00:56:08avec un bon objectif le réemploi également comment on réemployer une si tu existent etc il
00:56:15y a tellement de composants donc si on massifie ça coûte moins cher si ça coûte moins cher ça
00:56:19intéresse le plus grand nombre et ça intéressera enfin et on fera le lien entre le patrimoine le
00:56:25vivant la nature qu'on va réconquérir les usages et au final ce fameux bilan économique qui excusez
00:56:32moi mon obsession puisqu'on sait très bien en ce moment que c'est très compliqué de sortir des
00:56:35projets puisque ça coûte plus cher ce qui nous intéresse et demain demain c'est aller c'est de
00:56:40faire plus plus plus plus et pour cela la massification l'industrialisation de ces
00:56:44procédés là grâce à des très bons architectes grâce à des très bons ingénieurs elle se rendra
00:56:48possible et je finis juste cette petite intervention par un élément important que j'ai oublié de dire
00:56:52qui était pour moi l'essentiel il a été créé en partie grâce à demi bourré qui est ici présente
00:56:58un mouvement unisson qui est un mouvement très intéressant je sais que certains le connaissent
00:57:02d'autres pas c'est un mouvement il y en a d'autres évidemment la frugale était heureuse il y a plein
00:57:07de belles volontés des architectes comme toi qui ont qui ont envie de faire et qui prenaient le
00:57:13temps d'aller éduquer nos enfants qui ont peur qui savent plus comment faire tous ces mouvements
00:57:18là c'est l'ambition de dire qu'il faut qu'on casse les silos entre l'architecture l'industrie le
00:57:22design de manière à ce qu'on invente tous ensemble de manière collective une vraie volonté
00:57:27architecturale autour du vivant et autour du bas carbone je saisis ce moment parce que je sais pas
00:57:31quand introduire cette chose là mais il me semble que c'est maintenant c'est celui de la massification
00:57:36vous venez d'en parler un peu mais un peu seulement devant nous nous avons la nécessité de rattraper
00:57:45un retard évalué à 2 millions 2 ou 2 millions 7 logements sociaux c'est la première page du
00:57:54journal des échos aujourd'hui le 2 millions 2 était annoncé par le ministre vergritte en décembre
00:58:012023 donc c'est des valeurs qui sont juste on va prendre 2 millions 5 donc on va se trouver devant
00:58:08un besoin de massification alors soit on va l'ignorer soit on va vouloir satisfaire je
00:58:15voudrais juste rappeler que quand on a décidé de vouloir satisfaire un besoin de 2 millions de
00:58:19logements ça a donné les zupes on s'est basé sur l'industrie disponible à ce moment là qui
00:58:27était l'industrie du béton qui avait été selon l'historien d'accord magnifié par la maintenue
00:58:35d'abord et magnifié par la réalisation du mur de l'atlantique 15 ans avant donc si vous voulez
00:58:40on est on est dans des processus qui deviennent extrêmement dangereux si on les anticipe pas
00:58:46vos recherches est ce que vos expérimentations sont parfaites tout ce que tout va bien comment
00:58:52on va s'y prendre pour arriver à donner une dimension à une autre échelle pour pouvoir
00:59:00proposer des solutions valables parce qu'aujourd'hui on ne les propose pas si les gens continuent à ne
00:59:05pas pouvoir se loger c'est parce qu'on ne les propose pas les maires ne les propose pas les
00:59:09promoteurs ont du mal à les proposer le les producteurs de logements sociales abandonnent
00:59:17deux fois sur trois donc voilà ma question dans votre question il ya aussi le lien avec avec la
00:59:24géographie le territoire il ya 2,2 millions de logements qui manquent mais il ya un million
00:59:29de logements qui sont vides simplement ça veut dire qu'à un moment le politique a arrêté de
00:59:34penser le territoire ne l'a plus pensé et n'a pas anticipé on n'a pas pensé le fait que on crée
00:59:40une société où les gens n'allait plus pouvoir continuer à vivre dans les parties du territoire
00:59:44alors je pense à tous les territoires à tous les territoires ruraux il suffit de traverser la
00:59:58france en voiture pour voir des villages entiers abandonnés pour moitié enfin c'est et donc là
01:00:04c'est une question politique c'est une question politique c'est où on veut vivre quels sont les
01:00:08territoires est-ce qu'il ya des services publics et on retrouve cette question globale l'architecture
01:00:13c'est pas simplement construire c'est pas simplement et donc si on pose simplement la
01:00:17question de la construction et bien évidemment on peut pas s'en sortir on fait 2,2 millions de
01:00:21logements supplémentaires ou en effet pas c'est tout merci beaucoup je suis tout à fait d'accord
01:00:26il ya la répartition de la population sur le sur le territoire qu'il faudrait complètement
01:00:31repenser et d'ailleurs il ya quand même ce mouvement qui a été créé par le covid où
01:00:37il ya certaines personnes qui qui ont déménagé au moment du covid et qui s'y sont trouvés tellement
01:00:41bien que ils ont envie de refaire donc ça c'est une des réponses une autre réponse c'est le fait
01:00:49qu'il y a actuellement dans le dans l'île de france à peu près 4 millions de mètres carrés
01:00:55de bureaux qui sont vacants alors je suis pas naïf je sais qu'on ne peut pas transformer tous les
01:00:59bureaux en logement mais je pense quand même que sur ces 4 millions de mètres carrés il doit y
01:01:04avoir quand même une assez grande quantité qu'on pourrait transformer en logement et puis on sait
01:01:11aussi que parmi les maisons individuelles et pavillons on en a parlé beaucoup ce matin il
01:01:20y en a quand même beaucoup de ces pavillons des années 60 70 qui sont maintenant et qui sont des
01:01:25véritables passoires énergétiques et qui sont habitées souvent par une personne seule veuf ou
01:01:30ou veuve et donc là aussi c'est une manière de repenser les choses est ce que et on sait aussi
01:01:35qu'il n'y a plus de transmission inter familiale c'est à dire que quand ça a été construit c'était
01:01:41pour les enfants les enfants ils habitent à 1000 km ils n'ont pas envie de revenir s'installer là
01:01:47donc je pense qu'il y aurait vraiment un modèle de transformation où la personne âgée pourrait
01:01:53rester peut-être au rez-de-chaussée dans une partie de cette maison et puis l'étage et une
01:01:59autre partie du rez-de-chaussée pourrait être proposé à des familles avec une rénovation
01:02:08énergétique et avec aussi le renouveau d'une solidarité intergénérationnelle qui ne serait
01:02:19plus une solidarité intergénérationnelle au sein de la famille, mais entre différentes familles.
01:02:26Moi je vois vraiment beaucoup de possibilités si on s'ouvre à ce type de réflexion donc c'est
01:02:32pour ça je parlais tout à l'heure de nouveaux processus de conception de construction mais
01:02:36aussi de pensée plus globale. Oui c'est intéressant mais il y a peut-être des limites à ce qu'on peut
01:02:42imposer à une population. Vous voulez retrouver la cohabitation d'autrefois où plusieurs
01:02:48générations habitaient ensemble je l'ai connu d'ailleurs personnellement. Avoir des cuisines
01:02:53partagées ou des lieux etc ça rappelle quelques souvenirs de pays totalitaires donc fermons la
01:03:01parenthèse. Non je voudrais d'abord commencer mais prenez-le comme un joke. Est-ce que vous
01:03:10n'avez pas rencontré quelque chose qui hante l'imaginaire qui est évidemment le conte des
01:03:18trois petits cochons la maison de paille etc etc c'est à dire comment imposer des matériaux qui
01:03:24sont enracinés dans l'imaginaire depuis l'enfance comme justement étant précaires et qui ne vous
01:03:36rassure pas quant à leur habitabilité. Maintenant je vais être sérieuse. Ce que vous avez montré est
01:03:44tout à fait passionnant. Contrairement à la question qui a été posée précédemment je n'y vois
01:03:53rien qui soit de l'ordre du post moderne si ce n'est par l'idée de récupération, récupération
01:04:03de bâtiments existants et patrimoniaux et donc la volonté de conserver tout en le modifiant et
01:04:12en en faisant permettant d'autres usages des bâtiments que l'on voudrait conserver
01:04:22la mémoire. Le post moderne c'est tout à fait autre chose cette rupture avec justement la
01:04:29modernité de Le Corbusier. Mais ce que vous avez dit m'a paru tout à fait intéressant. En fait moi
01:04:40je vois dans cela quelque chose qui est la permanence en souterrain, souterrainement. Je
01:04:53parlais tout à l'heure avec des intervenants de ce matin en utilisant un concept chinois et que
01:05:05je dois à François Julien les transformations silencieuses. C'est à dire qu'il y a des choses
01:05:12qui continuent à exister sur un mode je dirais à bas bruit et puis qui tout d'un coup peuvent
01:05:23à la faveur de changements sociétaux réémerger. Je verrai dans ce que vous faites quelque chose
01:05:31de ce genre puisque ça renvoie à des formes d'architecture vernaculaire qui ont été mises
01:05:38sous le boisseau ce que j'appelle silencieusement souterrainement à bas bruit et puis qu'à la
01:05:45faveur des crises économiques et écologiques que nous traversons ressurgissent et tout d'un coup
01:05:57on s'aperçoit que c'était là, c'était là mais recouvert par quelque chose qui était bruyant qui
01:06:03s'appelait la modernité puis la post-modernité qui tâtonnait. C'est une transition entre ces
01:06:12deux étapes, fin d'une modernité bruyante, période qui tâtonne et ce tâtonnement se manifeste par
01:06:24surtout du geste architectural et puis tout d'un coup réémerge quelque chose qui avait
01:06:29encore une fois continué à exister souterrainement. Alors juste pour revenir aux trois petits cochons,
01:06:36ça fait une quinzaine d'années que je me forme à toutes ces questions là et oui oui
01:06:45oui et donc moi les trois petits cochons on m'en a parlé à chaque fois que ce soit un
01:06:50commanditaire, un promoteur, voilà. J'ai d'ailleurs en projet si j'y arrive une réécriture du conte
01:06:57des trois petits cochons parce que je sais pas si vous savez c'est le conte le plus lu dans
01:07:02les écoles maternelles. C'est le premier et les trois petits cochons c'est un conte populaire
01:07:08anglais auquel Disney a fait un coup de pub de dingue et d'ailleurs qui a été utilisé
01:07:17par un groupe de briquetiers anglais en 1910-1920 justement pour céder du conte pour pousser
01:07:28la brique qui déjà à l'époque voyait trop le béton arriver qui essayait un petit peu de pousser
01:07:33en tout cas la construction en brique en utilisant les trois petits cochons. Donc ça c'est une
01:07:36petite parenthèse. Oui ils voulaient pousser vers la brique et puis ils utilisaient le conte des trois
01:07:42petits cochons comme un sacré coup de pub voilà et si vous demandez aux enfants, les enfants en tout
01:07:48cas ce qu'on leur met dans leur tête tout petit à l'école c'est le bois, la paille, ça ne dure pas.
01:07:53Voilà il y a d'autres choses qui vont durer beaucoup plus longtemps. Mais juste pour revenir
01:07:59à ce dont vous parlez, à la modernité, moi je trouve en tout cas dans mon activité d'enseignante
01:08:06il y a plusieurs choses que j'essaie de transmettre. D'abord que je trouve qu'on est
01:08:12dans une période extrêmement positive de ce que peut devenir ce métier. Et donc ça c'est
01:08:21vraiment la première chose parce que je pense qu'il y a vraiment une manière de faire qui est
01:08:26à réinventer. Donc ça veut dire que ce n'est pas un moment triste où on se dit
01:08:31qu'on ne va plus construire des bâtiments comme Jean Nouvel et Dominique Perrault et où il faut
01:08:37rendre désirable la transformation. Et comme tu l'as montré Maude, donc ça pour moi c'est
01:08:42extrêmement positif. Et la question, le tournant un peu matiériste qu'on vous a un peu montré,
01:08:49c'est de mon point de vue extrêmement positif aussi parce que c'est une reconnection avec le
01:08:54sol, avec les territoires et avec ce que dit la matière. Voilà exactement ce que dit la matière,
01:08:59ce que c'est faire la matière. Sans tomber dans un manichéisme, on remplace une matière par une
01:09:05autre et on a réglé tous les problèmes du changement climatique. Parce que ça on sait
01:09:08bien que ce n'est pas possible. Aucune matière ne peut être remplacée par une autre matière,
01:09:12elles doivent juste toutes coexister. Et ce qui à mon avis rend beaucoup plus intéressant,
01:09:19en tout cas quand je compare moi avec les études que j'ai faites, moi j'adorerais avoir 25 ans
01:09:24aujourd'hui. Je trouverais ça tellement génial parce que moi ce qu'on m'a dit c'est le modèle
01:09:32est une grande agence et construit des objets. Là c'est plutôt réfléchis où tu vis,
01:09:38associe-toi, imagine une nouvelle forme de faire ce métier, transformer ces désirables et la
01:09:45reconnexion au territoire, la compréhension des matières, la compréhension de l'existant du déjà
01:09:50là. Et aussi une question qui est fondamentale à mon avis c'est qu'est-ce que ça va produire
01:09:54comme architecture, ces architectures qui sont faites à partir de ces matières qu'on ne sait
01:09:59pas encore suffisamment mettre en oeuvre ou remettre en oeuvre. Parce que vous disiez tournant
01:10:04vernaculaire certes, mais aujourd'hui il y a tout un pont de l'innovation autour des fibres et de la
01:10:09terre qui est présent, qui est en train d'arriver. Le béton de chanvre ou le béton de terre chanvre
01:10:15ce n'est pas du tout, ça ne vient pas de l'architecture vernaculaire, le mélange chanvre
01:10:21ciment ça remonte, chanvre chaud ça remonte aux années 80. La préfabrication de la terre certes
01:10:29on peut retrouver dans des écrits de Cotreau juste après la révolution française des écrits
01:10:35un peu théoriques sur des bribes de préfabrication de la terre crue. Mais il y a tout
01:10:40un pont d'innovation qui est possible, qui est là, qui est à explorer et ça c'est quelle
01:10:47architecture ça va faire. Donc aujourd'hui ce qui est intéressant c'est qu'on est dans un moment
01:10:51un peu hybride. Par exemple je vous donne un exemple, le bâtiment de Herzog et de Meuron,
01:10:55je ne sais pas si vous l'avez en tête, l'usine de Ricola, c'est dans une espèce de grand parallèle
01:11:00épipède en pisé, et bien ça c'est une pensée moderne avec du pisé. Donc c'est comment on fait
01:11:07un bâtiment qui normalement aurait dû être en béton avec du pisé. Mais là maintenant ce qui
01:11:12est passionnant c'est qu'est-ce qu'elles veulent dire... Pardon ? Voilà contemporaine et à mon avis
01:11:19là ce qui est à faire c'est qu'est-ce que vont dire ces matières. On n'est pas uniquement
01:11:25dans un retour vernaculaire, on est dans la création à mon avis d'une nouvelle
01:11:30écriture architecturale à partir de ces matières, à partir des territoires, à partir du sol, à partir
01:11:34du déjà là. Et moi je trouve ça passionnant.
01:11:43J'apporte tout de suite. Je voulais juste donner quand même quelques chiffres. L'isolation en paille en France, alors d'abord la France est pionnière pour l'usage de la paille
01:11:54dans la construction. Et aujourd'hui on a à peu près dix mille bâtiments isolés en paille en
01:11:59France, entre autres grâce au travail magnifique du réseau français de la construction en paille.
01:12:03Et quand je vous dis dix mille bâtiments, il y en a plusieurs centaines qui font mille, deux mille, trois
01:12:08mille, cinq mille. Le plus grand fait quinze mille mètres carrés. Beaucoup de bâtiments scolaires en
01:12:13particulier. Donc la paille c'est vraiment pas la petite maison. Avant la publication des
01:12:20règles professionnelles en 2012, on avait à peu près 500 bâtiments, surtout des maisons en
01:12:25autoconstruction. Aujourd'hui, grâce aux règles professionnelles, aux formations pro paille, c'est
01:12:30plus de dix mille bâtiments et de grande envergure. Donc on est là déjà dans la massification, dans le
01:12:36changement d'échelle. Je suis toujours très sceptique sur, attention il y a quelque chose de nouveau, la paille, c'est pas
01:12:41vrai du tout. Moi j'habite, c'est pas vrai du tout, moi j'habite à Paris dans un immeuble construit en
01:12:451900, R plus 2 en paille. Impeccable. Il n'a pas bougé. Donc c'est de la paille qui a été faite en 1900 et avec une
01:12:53petite structure bois, minimum, vraiment le plus économique possible, c'est du bois récupéré,
01:12:57impeccable. Donc il faut faire attention à pas toujours dire que c'est nouveau. On est dans la
01:13:02logique qui existait avant, il n'y a pas de changement, simplement on y va un peu plus ou on y va un peu
01:13:07moins selon les... Il faut faire attention, on n'est pas du tout dans justement cette espèce de
01:13:12post-modernité ou cette contemporanéité, alors au contraire on est dans une continuité de ce qui
01:13:17existait. Donc je vous invite à venir le voir si ça vous intéresse, c'est passage des marais à Paris
01:13:22dans le dixième arrondissement et il y en a d'autres, des bâtiments. C'est vrai ce que tu dis, Martin.
01:13:29Je vais redonner un peu de temps. Tu dis ça mais Grégory Kennet nous a bien expliqué qu'il s'agit de
01:13:38situer des modes de construction dans un environnement qui est plus ou moins local où il y a des
01:13:45ressources qu'on n'épuise pas et qu'on n'exploite pas trop. La notion de rémédiation du bois récupérable est de
01:13:53certains points de vue pas sans intérêt, je crois quand même, parce que même si c'est une forme
01:13:57nouvelle, c'est ce qu'expliquait actuellement... C'est pas la même chose. Moi j'ai le souvenir,
01:14:04il y a longtemps, dans les années 60, quand on a vu réapparaître le tramway. La France
01:14:12découvère de tramway avant-guerre. Et dans les années 70, quand on a commencé à reparler de tramway,
01:14:17certains ont dit mais enfin ça va, c'est du passé. Le tramway a réussi mais c'est pas le même que
01:14:23celui d'avant-guerre. Je suis intéressée par ta maison parce que dans le réseau, dans la filière
01:14:30paille, on parle beaucoup de la maison Feuillette, qui est une maison qui a été construite en 1920 par
01:14:35un ingénieur qui s'appelait Feuillette. Et lui il l'a fait parce qu'on était après la Première
01:14:41Guerre mondiale, il n'y avait pas beaucoup de matériaux et il a fait des poteaux treillis en
01:14:45bois avec des planches et puis entre des bottes de paille. Et c'est un bâtiment qui a été
01:14:53racheté par un groupe de personnes en achat participatif il y a une vingtaine d'années,
01:14:59qui a été rénové et qui maintenant sert de siège au réseau français de la
01:15:05construction paille. Donc on connaît tous la maison Feuillette, on savait qu'il y en avait
01:15:10quelques autres, mais une maison à Paris, ça nous intéresse. C'est un élément participation qu'on a fait
01:15:15à plusieurs amis. C'est une usine qu'on a récupérée il y a 45 ans, qui était construite. On ne savait pas
01:15:19qu'elle était en paille, ça ne se voit pas. Vous avez raison, pardon de vous interrompre, un tiers des
01:15:25constructions en France sont faites à partir de la terre déjà. Donc nous ne l'oublions pas.
01:15:31Après Dominique, tu parlais d'héritage, le petit cochon, tout ça. Effectivement, vous avez raison, les gens
01:15:36ont oublié parce que le modernisme a fait que c'est le téléphone, ça va vite, etc.
01:15:41Il y a un point important qu'on n'a pas encore évoqué, c'est la réglementation environnementale.
01:15:46Vous êtes au courant. Et ce qui est formidable, c'est que cette réglementation environnementale,
01:15:50alors les archives, parfois on a un peu peur, et c'est vrai parce qu'en raison d'agence, on est avec
01:15:5412 ingénieurs en face de nous, et pourtant les ingénieurs, on les adore, on en a besoin d'eux,
01:15:59et on aimerait faire comme en Suisse ou dans d'autres pays, faire une architecture plus
01:16:04industrialisée, plus avec l'ingéniosité des ingénieurs. Et souvent les ingénieurs, ils
01:16:08appliquent leurs règles sans savoir pourquoi. Si on arrive à les amadouer dans une logique de
01:16:13projet, ils se battent et ils adorent, c'est exceptionnel. R202, réglementation environnementale,
01:16:20c'est le fait de prendre en compte le carbone. Vous en avez parlé tout à l'heure, le carbone,
01:16:23c'est un gros mot, vous le savez très bien. Et cette fameuse réglementation, j'ose le dire,
01:16:28elle nous permet, elle est pionnière en France et dans le monde, en tout cas, ce sera la
01:16:32réglementation la plus exigeante dans le monde. Espérons que le gouvernement ne fasse pas marche
01:16:36arrière comme il est en train de faire avec le ZAN, qui est absolument dramatique, parce que là,
01:16:39vous parliez tout à l'heure de retrouver la terre. Là, on est en train de continuer à vouloir
01:16:43artificialiser les sols, alors même que la ville du futur, elle existe déjà. Ça, c'est une phrase
01:16:47qui est très connue, mais j'adore. 80% des bâtiments futurs, ils existent déjà. Donc,
01:16:52on aura encore la chance de s'exprimer sur 20% si on a envie parfois de se faire plaisir sans
01:16:56contraintes, mais le reste, ça sera de la restructuration. Réglementation environnementale,
01:16:59c'est la prise en compte du carbone, c'est-à-dire que quand vous construisez un bâtiment,
01:17:02quand vous déposez un permis de construire et ensuite, jusqu'à la livraison, vous devez
01:17:06introduire la notion de calcul carbone. Et naturellement, on sera obligé, qu'on le veuille
01:17:11ou non, qu'on aime les petits cochons ou non, d'utiliser ces matériaux biosourcés, puisque
01:17:14eux, ils utilisent le moins de carbone, ils garantissent le confort d'été et d'hiver,
01:17:19ils permettent la réversibilité, etc., etc. Et aussi, on introduit un petit détail qui est
01:17:24la beauté. La beauté, c'est quand même essentiel, parce qu'on a envie, pour vivre dans une ville
01:17:27désirable, de construire de l'architecture belle, de l'architecture qui fasse sens. Donc,
01:17:31vive l'ARE 2020. Je n'ai pas de sponsor chez eux. Je voulais juste dire quelque chose. En fait,
01:17:40juste très, très, très vite, je ne voulais pas... Je n'ai pas dit nouveau. J'ai dit qu'il y avait
01:17:44de l'innovation possible avec ces matériaux. Je n'ai pas dit que la paille, c'était nouveau.
01:17:49Juste, voilà. J'ai dit qu'il y avait encore tout un espace pour innover autour de ces matières
01:17:54ancestrales. Juste pour continuer, il y a à Lyon à peu près au moins 200 bâtiments répertoriés.
01:18:09Quand je dis bâtiments, c'est des immeubles de jusqu'à 6 étages. Il y a eu un doctorat qui a
01:18:14été présenté récemment. Dans Lyon, encore 200 bâtiments construits. Tu évoquais Cointreau tout
01:18:22à l'heure, construits vers 1800 à partir des écrits de François Cointreau. Donc, on a cette
01:18:33tradition en France et on ne fait que renouer. En fait, on construit avec ces matériaux-là,
01:18:40on a construit pendant ces matériaux-là pendant 10 millénaires. La période de la modernité,
01:18:45c'était qu'un siècle à une période où il y a eu un très grand mouvement de population. En 60 ans,
01:18:56la population a complètement changé de la ruralité aux villes et il a fallu répondre à ça. Aujourd'hui,
01:19:02je pense qu'une des solutions, c'est sans doute de re-répartir peut-être un peu mieux sur le
01:19:08territoire la population française. Tout à l'heure, on a évoqué le besoin de logements
01:19:13qui étaient évalués à environ un million de logements. Deux millions, pardon. Je voudrais
01:19:22ajouter un autre problème qui a été évoqué très rapidement par Patrick Bloch ce matin,
01:19:28qui parlait des migrants climatiques. Les migrants climatiques, selon les estimations pour 2050 et
01:19:35d'ici demain, sont évalués entre 500 millions et plus d'un milliard, selon les sources. Alors
01:19:43évidemment, en Europe, ça nous concerne moins, mais ça concerne quand même. Déjà, en France,
01:19:49il y a, je crois, je ne me trompe pas, plus de 30 000 de migrants climatiques à l'ère d'aujourd'hui.
01:19:55Mais il y a des régions qui sont très concernées par ça, comme vous le savez, pour diverses raisons.
01:20:00La montée du niveau des eaux, etc. Et j'en passe, les tempêtes. Alors, il reste la question à poser.
01:20:07Est-ce que cela va nous entraîner à d'autres nouvelles formes d'habitat, d'habitat transitoire,
01:20:12d'habitat léger ? Ou est-ce que nous allons construire la même forme ? En tout cas,
01:20:17aux besoins évoqués, il faut rajouter ces millions de besoins de logements. Bien, écoutez,
01:20:24on va ajouter cette question à la liste de celles déjà posées, mais on va peut-être ne pas y répondre
01:20:31tout de suite parce que nous devons enchaîner, l'heure est dans, avec la suite. Merci, Mesdames,
01:20:36merci, Monsieur le Président.

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