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"Pour les artistes francophones, le streaming, c'est environ 20% de leurs revenus..."

Invités dans le cadre du programme Création Africa de l’INSTITUT FRANÇAIS et du MEAE (France Diplomatie), à la ACCES Music Conference de Kigali (Music in Africa), Esther Diane Naah, directrice de Colorfol App et Mamby Diomandé, fondateur du SIMA - Salon des Industries Musicales d'Afrique., ont participé au débat sur le streaming en Afrique. Brut les a rencontrés pour en savoir plus.

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Musique
Transcription
00:00Les musiques africaines sont partout.
00:03Leur succès dépasse les frontières du continent,
00:05à l'instar de l'hamapiano, de l'afrobeat,
00:07mais aussi du rap ivoire ou du singuely tanzanien.
00:09Dans le même temps, le streaming musical en Afrique subsaharienne
00:12est en plein boom.
00:13La région enregistre une croissance de 24,7% de ses revenus
00:16pour la musique enregistrée en 2023,
00:18soit la plus importante croissance dans le monde
00:20selon le dernier rapport de l'IFPI,
00:22la Fédération internationale de l'industrie phonographique.
00:25Mais les artistes africains y trouvent-ils vraiment leur compte ?
00:28On a posé la question à deux experts musicaux,
00:30Esther Diana, directrice des opérations
00:32de la plateforme musicale franco-cameroonaise Colorful,
00:35et Mambi Diomande, fondateur du Salon de l'industrie musicale
00:38en Afrique de l'Ouest, le CIMA.
00:39Les artistes arrivent à toucher quelque chose,
00:41c'est juste que ce quelque chose n'est pas forcément conséquent
00:43d'un territoire à un autre.
00:44Le streaming ne représente aujourd'hui
00:47que la quatrième source de revenus
00:49des artistes et des producteurs en Afrique francophone.
00:52Après le live, après les partenariats avec les marques
00:55et même après le publishing pour certains artistes.
00:58Aujourd'hui, j'ai envie de dire que la part du revenu du streaming
01:00est de 20% pour les artistes francophones.
01:03Pour un artiste anglophone, je veux dire que c'est
01:06entre 40 et 50% de ses revenus.
01:09Comment se fait-il qu'un secteur qui connaît
01:10une aussi grande croissance en Afrique
01:12représente si peu dans la part des revenus
01:14de certains artistes du continent ?
01:15En fait, c'est simple.
01:16De nombreux paramètres de plateforme de streaming
01:18ne sont pas compatibles aux réalités africaines.
01:20Le taux de bancarisation est faible.
01:22Aujourd'hui, pour pouvoir avoir un abonnement sur les plateformes,
01:24il faut avoir une carte bancaire,
01:25ce qui n'est pas légion dans nos régions.
01:29Le coût et la stabilité d'Internet qui ralentissent,
01:31qui freinent en fait le développement du streaming.
01:34Et bien sûr, la culture de la technologie.
01:36C'est une adaptation.
01:38Ce n'est pas forcément dans notre culture de streamer une chanson.
01:41À tout problème, une solution.
01:43Nos deux experts pensent que pour générer des revenus
01:45plus conséquents grâce au streaming,
01:47il faudrait que ces applications s'adaptent au mode de vie africain.
01:49On connaît les difficultés notamment liées à la connexion
01:53et au coût d'Internet.
01:54C'est important de pouvoir proposer une solution
01:56qui permette de contourner ça, par exemple le offline.
01:59Une fois qu'on aura compris nos réalités et nos challenges,
02:02nous saurons proposer des solutions adaptées à ces réalités et challenges.
02:05Les choses se font progressivement, étape par étape,
02:08parce qu'on est en pleine consolidation
02:09et en pleine structuration de nos marchés.
02:11Cette question de la rémunération des artistes et du streaming,
02:14elle a été au cœur des débats lors de l'Access Music Conference
02:16qui vient de se dérouler à Kigali, au Rwanda.
02:19Esther et Mambi y ont d'ailleurs participé,
02:20comme une vingtaine d'autres professionnels africains et français
02:24grâce au programme Création Africa de l'Institut français
02:27qui soutient les industries culturelles et créatives africaines
02:29et connecte les acteurs africains et européens.
02:32C'est un salon professionnel qui permet de faire du réseau
02:35et de rencontrer d'autres acteurs professionnels d'autres marchés.
02:39Il est intéressant parce qu'il contribue à la structuration
02:42de nos industries musicales, au renforcement des capacités
02:45et aux valorisations des acteurs de ces industries musicales.
02:49En tant que professionnels de la musique,
02:50c'est important d'assister à des conférences comme Access
02:53parce que c'est le lieu où se rencontrent des professionnels de partout dans le monde.
02:57Surtout pour l'Afrique francophone d'être présent dans une conférence comme ça
03:00qui est majoritairement anglophone.
03:02Donc c'est important de montrer que l'Afrique francophone existe,
03:05que l'Afrique francophone a des propositions à faire,
03:08un réel apport à faire en termes de valeurs ajoutées
03:11au développement de l'industrie globale en Afrique.
03:15On ne parle pas d'industrie musicale s'il n'y a pas d'artiste.
03:18Donc il faut absolument que ces artistes-là soient au courant,
03:22comme nous qui sommes derrière le RITO,
03:24des enjeux auxquels sont confrontés les industries musicales
03:27de façon macro, mais également de façon micro,
03:30à travers justement ce partage d'expériences
03:32et ces rencontres qu'on fait pendant deux ou trois jours au niveau du Salon Access.
03:36Et au-delà de ça, Access, on trouve des éditeurs, des producteurs,
03:40les corps liés à l'industrie musicale
03:42qui peuvent aider les artistes à développer leur carrière.

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