- Grand témoin : Marc Lazar, professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po
GRAND DÉBAT / Matignon : qui pour éviter la censure ?
« Le récap » par Thibault Hénocque
Le mercredi 4 décembre, l'Assemblée nationale a voté la motion de censure soumise par le Nouveau front populaire à laquelle s'est greffé le Rassemblement national. Le gouvernement de Michel Barnier renversé, le Président de la République a annoncé nommer le nouveau premier ministre dans les plus brefs délais. Malgré un voyage présidentiel en Pologne écourté, l'échéance est finalement retardée au vendredi 13 décembre 2024. Parmi les pressentis à Matignon figurent notamment Bernard Cazeneuve, François Bayrou ou encore Roland Lescure. Il s'agit de choisir le candidat autour duquel une majorité de l'Assemblée pourra s'unir. Une surprise n'est pas exclue des pronostics. Qui sera le prochain premier ministre et parviendra-t-il à faire consensus dans un hémicycle fragmenté ?
Invités :
Plateau 1
- Hadrien Mathoux, rédacteur en chef du service politique de « Marianne »
- Michaël Darmon, éditorialiste politique à i24news
- Charles Sapin, journaliste politique au magazine « Le Point »
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP
Duplex : Harold Huwart, député LIOT d'Eure-et-Loir
Plateau 2 :
- Sophie Taillé-Polian, député écologiste du Val-de-Marne
- Eléonore Caroit, députée apparentée « Ensemble Pour la République » des Français d'Amérique latine
- Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados
Duplex : Erwan Balanant, député « Les Démocrates » du Finistère
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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GRAND DÉBAT / Matignon : qui pour éviter la censure ?
« Le récap » par Thibault Hénocque
Le mercredi 4 décembre, l'Assemblée nationale a voté la motion de censure soumise par le Nouveau front populaire à laquelle s'est greffé le Rassemblement national. Le gouvernement de Michel Barnier renversé, le Président de la République a annoncé nommer le nouveau premier ministre dans les plus brefs délais. Malgré un voyage présidentiel en Pologne écourté, l'échéance est finalement retardée au vendredi 13 décembre 2024. Parmi les pressentis à Matignon figurent notamment Bernard Cazeneuve, François Bayrou ou encore Roland Lescure. Il s'agit de choisir le candidat autour duquel une majorité de l'Assemblée pourra s'unir. Une surprise n'est pas exclue des pronostics. Qui sera le prochain premier ministre et parviendra-t-il à faire consensus dans un hémicycle fragmenté ?
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- Eléonore Caroit, députée apparentée « Ensemble Pour la République » des Français d'Amérique latine
- Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados
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NewsTranscription
00:00Générique
00:02...
00:05Bonsoir et bienvenue.
00:07Qui, pour Matignon, dans Savourgarde, ce soir ?
00:10On va s'interroger sur le profil idéal
00:14pour succéder à Michel Barnier
00:16dans cette situation inédite et incertaine
00:19à l'Assemblée nationale.
00:21Qui, pour sortir le pays de l'instabilité politique ?
00:24L'annonce sera faite par l'Elysée demain matin.
00:27Roland Lescure, Bernard Cazeneuve,
00:30François Bayrou, Sébastien Lecornu
00:32ou un autre nom surprise.
00:35Le remplaçant de Barnier,
00:36la tâche qui l'attend sera difficile.
00:39Est-ce le début de la fin de la sortie de la crise politique ?
00:43C'est l'une des questions qu'on va se poser ce soir
00:46avec nos invités.
00:47Matignon, c'est pour demain.
00:49Et après, Savourgarde, c'est tout de suite.
00:52Générique
00:54...
01:02Il s'était donné 48 heures
01:04et pourtant, le président de la République, ce soir,
01:07n'a pas l'intention de faire connaître son choix.
01:10Ce soir, l'annonce interviendra demain.
01:13C'est l'Elysée qui l'affirme.
01:15Demain matin, la seule certitude que l'on a,
01:18c'est que le successeur de Michel Barnier
01:20sera sur une ligne de crête.
01:22A lui reviendra la tâche de bâtir ce fameux accord de non-censure
01:27pour ne plus gouverner sous la pression de Marine Le Pen.
01:30Bonsoir, Bernard Lazare...
01:32Marc Lazare !
01:33C'est un nom prestigieux, je suis très honoré.
01:36C'était sûr. Marc, pardonnez-moi.
01:39Merci d'avoir accepté d'être notre grand témoin ce soir,
01:42professeur émérite à Sciences Po,
01:44professeur de relations franco-italiennes
01:46pour l'Europe à l'Université Louise de Rome.
01:49Vous passez l'heure avec nous
01:51comme grand témoin pour décrypter, d'un point de vue historique,
01:54d'un point de vue politique, la situation
01:57dans laquelle se trouve notre pays.
01:59Bonsoir, Mickaël Darmon.
02:00Grand plaisir de vous avoir parmi nous.
02:03Vous êtes éditorialiste politique à i24 News.
02:05Bonsoir, Elsa.
02:07Elsa Mondingava, journaliste politique à LCP,
02:09aux manettes des questions au gouvernement.
02:12Bonsoir, Charles Sapin.
02:13Ravi également, journaliste politique au Point.
02:16Et bonsoir, Adrien Matou.
02:18Bienvenue à vous, rédacteur en chef du service politique de Marianne.
02:23Alors, qui sont les favoris ce soir ?
02:25Il y a eu une guerre en coulisses au sein des appareils politiques
02:28qu'on va vous décrypter, mais d'abord, le récap de Thibault Hénocq.
02:32La shortlist se rétrécit.
02:34Vous allez le voir.
02:35Générique
02:37...
02:44Bonsoir, Thibault.
02:45Bonsoir, Myriam.
02:47On attend donc la fumée blanche. C'est pour demain.
02:49Oui, Myriam. Tic-tac, tic-tac, vous l'entendez,
02:52c'est le chronomètre qui tourne.
02:54Mardi, Emmanuel Macron avait promis aux Français
02:57l'annonce d'un locataire pour Matignon sous 48 heures.
03:00Ce sera finalement demain.
03:02Tic-tac, tic-tac, un bruit qui agace ses opposants politiques.
03:06Vous savez, les promesses du maître des horloges
03:09n'engagent que ceux qui lui demandent l'heure, en réalité.
03:12On est habitués, avec M. Macron, à perdre un temps fou.
03:15Il est très content de récupérer le seul pouvoir politique
03:19qui lui reste.
03:20Si vous trouvez qu'Emmanuel Macron joue avec nos nerfs,
03:23mettez-vous dans la peau de ces trois personnalités.
03:26Leur nom a tourné en boucle,
03:27puisqu'ils sont les favoris de cette nomination.
03:30Premier d'entre eux, François Bayrou, bien connu des Français,
03:34le maire de Pau et patron du Modem.
03:36Il est centriste et central.
03:37Il pourrait obtenir une non-censure d'une partie de la gauche
03:40et de la droite, voire du RN,
03:42qu'il pourrait séduire grâce à l'instauration de la proportionnelle,
03:46tandis que la gauche pourrait se féliciter
03:48d'une taxation des hauts patrimoines,
03:50à laquelle il est favorable.
03:52Autre candidat, Bernard Cazeneuve,
03:54l'ancien Premier ministre socialiste de France Hollande.
03:57Il avait été approché à l'été, mais les conditions n'étaient pas réunies.
04:01Cette fois, l'EPS pourrait le soutenir.
04:03Le camp présidentiel comme la droite ne mettrait pas de veto.
04:07Troisième candidat dont la cote a grimpé au long de la journée,
04:11ce marcheur de la première heure,
04:13ancien ministre de l'Industrie de 2022 à 2024,
04:15aujourd'hui vice-président de l'Assemblée nationale.
04:18Il a une sensibilité de centre-gauche
04:20qui pourrait servir de point d'équilibre.
04:23D'autres noms ont circulé, deux ministres sortants,
04:25Sébastien Lecornu et Catherine Vautrin,
04:28ou les anciens ministres socialistes
04:30Jean-Yves Le Drian et Marisol Touraine.
04:32C'est tout ? Il y a d'autres possibilités ?
04:34Non, il y a des candidats mystères sortis du chapeau.
04:37Imaginons un nom auquel personne n'aurait pensé,
04:39c'est une manière pour Emmanuel Macron de surprendre.
04:42Un profil issu de la société civile ? Pourquoi pas ?
04:45C'est en tout cas ce que souhaiterait une majorité de Français.
04:48Regardez ce sondage Elabe pour BFM.
04:5041 % des personnes interrogées disent leur préférence
04:54pour un Premier ministre sans étiquette politique,
04:56issu de la société civile.
04:5823 % voudraient un Premier ministre de gauche,
05:0117 % du RN, seulement 12 % de droite
05:03et 6 % pour le camp présidentiel.
05:05Un sondage qui résume à nouveau la difficulté politique
05:08de la situation.
05:09Rappelons l'enjeu, Michel Barnier est tombé sur un vote de censure
05:12conjoint du RN et de tout le nouveau Front populaire.
05:15Le nouveau Premier ministre devrait être non censurable.
05:18Pour ce faire, il faudrait que seul le RN et LFI
05:21soient prêts à le faire chuter.
05:23Les autres groupes s'engagent en eux sur le principe du non-censure.
05:27C'est l'idée d'un arc républicain pour gouverner le pays.
05:30Aminima reste à en trouver la flèche.
05:32Merci beaucoup, Thibaut Hénocq.
05:34Ca devait être ce soir, finalement, ce sera demain.
05:36Vous avez écourté son voyage en Pologne, Emmanuel Macron.
05:40Pourquoi ça dure ?
05:41C'est peut-être la décision politique
05:43la plus difficile de son mandat.
05:45Charles Sapin ?
05:46Oui, finalement, c'est un second report.
05:48On s'en souvient, le lendemain de la chute de Barnier
05:51suite à cette motion de censure,
05:53l'entourage du président de la République disait
05:56que la décision est prête, la nomination du successeur
05:59de Barnier est imminente,
06:00ça va se faire dans les 24 heures.
06:02Là, ça fait quand même une semaine.
06:04Qu'est-ce qui s'est passé ?
06:06Pourquoi le président de la République a pris plus de temps ?
06:09Ca aurait été assez simple de juste changer le chef d'orchestre,
06:12c'est-à-dire rester sur le même socle de majorité
06:15qu'en présidentielle élargie à la droite
06:18et remplacer, par exemple, Michel Barnier par Catherine Botrain.
06:21Ce qu'il a fait un peu plus gambergé,
06:23c'est qu'il a vu une évolution dans les positions,
06:26notamment au sein de la gauche,
06:28qui, à l'été, était pour un gouvernement
06:30avec que le Nouveau Front Populaire,
06:32c'est-à-dire tout le Nouveau Front Populaire,
06:35et là, on a vu que, notamment au Parti socialiste,
06:37ils étaient prêts à une coalition avec le camp présidentiel.
06:41Il ne parle pas de coalition, il dit des accords de non-censure.
06:44Mais il y a une main tendue au matronisme.
06:46Je traduis la sone férinologie avec deux conditions,
06:49c'est que le Premier ministre soit de gauche
06:52et que la politique conduite soit de gauche.
06:54C'est vrai que là, on est encore dans l'expectative,
06:57on ne sait pas sur quelle majorité le futur Premier ministre
07:00sera-t-il sur cet accord de non-censure,
07:02parce que c'est l'évolution majeure de la semaine
07:05et elle va avoir des conséquences.
07:07Pour faire un rapide tour d'horizon des noms qui circulent,
07:10il y a Roland Lescure qui surgit.
07:12Il tire la corde. Pourquoi lui ?
07:14On a énormément parlé de lui toute la journée.
07:17Dès qu'on envoyait des messages, on disait
07:19qu'on entend parler de cette piste-là,
07:21sans savoir si c'était une piste sérieuse ou non.
07:24C'est une piste qui a pris de l'épaisseur.
07:26Il est vice-président de l'Assemblée nationale,
07:29d'Emmanuel Macron, de l'industrie.
07:31C'est un marcheur qui a suivi Emmanuel Macron depuis le début.
07:34Je ne sais pas s'il est très connu du grand public.
07:37Il a été député élu des Français de l'étranger.
07:39Effectivement, cette piste a pris de l'ampleur,
07:42mais a suscité aussi beaucoup d'interrogations.
07:44Un tir de barrage de la droite, clairement.
07:47Tir de barrage de la droite, puisque Roland Lescure
07:50avait été très critique sur la loi immigration.
07:52Tir de barrage des centristes, qui sont très vexés.
07:55Si ce n'est pas Bayrou, ils verraient ça comme une humiliation.
07:58Pas forcément un tir de barrage,
08:00mais d'interrogations sur sa capacité à être à Matignon.
08:03On parle du Premier ministre.
08:05Il y a eu beaucoup d'interrogations.
08:07On sait aussi qu'Alexis Kolar,
08:09que Roland Lescure était proche d'Alexis Kolar,
08:11le secrétaire général de l'Elysée.
08:13On dit qu'effectivement, c'est peut-être ce personnage-clé
08:17d'Emmanuel Macron qui pousse pour cette solution de Roland Lescure.
08:21L'hypothèse Bayrou, elle s'éloigne.
08:23Mickaël Darmon...
08:25Il était le favori des favoris.
08:27Ca veut dire qu'on n'est jamais nommé ?
08:29C'est intéressant. C'est à la fois la plus logique politiquement
08:32et la plus difficile pour Emmanuel Macron, au fond, à sortir.
08:36Tout donne à comprendre,
08:39tout laisse comprendre,
08:41comme ça, depuis qu'il y a cette nouvelle nomination à faire,
08:46qu'il multiplie les obstacles ou les barrages
08:50pour pouvoir ne pas le faire.
08:52Là, on rentre dans la relation extrêmement complexe
08:54qui existe entre François Bayrou et Emmanuel Macron
08:57depuis 2017, parce que, quelque part,
09:00il attend cette position de bâton de maréchal
09:02qu'on lui donnerait pour être celui
09:04qui a aidé Emmanuel Macron à gagner,
09:07sauf qu'on sait qu'il n'a pas envie de remercier.
09:10Il pense qu'il a gagné tout seul.
09:12Il veut pas qu'on installe quelqu'un qui dise
09:14que c'est grâce à lui.
09:16On connaît la personnalité de François Bayrou en interne.
09:20C'est quelqu'un qui n'est pas facile à gérer.
09:23Et c'est un exercice de management.
09:25Ca pourrait être une forme de cohabitation, vous croyez ?
09:28Bayrou-Macron ?
09:29Il a l'esprit très libre.
09:31Tous ceux qui l'ont pratiqué au gouvernement
09:33quand il a été très rapidement gardé sourd en 2017
09:36se souviennent, au fond, de la présence
09:39très, très... Voilà, très affirmée
09:42de ces longs préambules, ces longues conversations.
09:45Au Mamatignon, il faut être capable d'avoir 10 coups de fil
09:49qui durent 40 secondes. C'est un arbitrage.
09:52Est-ce que c'est le bon profil ?
09:54Il n'a pas que des alliés, y compris dans le Bloc central.
09:59Le candidat mystère, bon, ça, c'est Macron,
10:02dans le texte, ça pourrait être l'une des surprises
10:05du chef Roland Lescure ou il pourrait y avoir
10:07encore un autre profil, vu l'ampleur de l'enjeu ?
10:11On pense à Jean Castex,
10:12qui était inconnu des Français avant d'être nommé.
10:15Votre sondage était assez intéressant.
10:17Il y avait 41 % des Français,
10:19donc le plus grand nombre, qui souhaitent la société civile.
10:22J'ai moins l'impression que c'est un souhait de société civile
10:25que plutôt un refus de personnalité politique.
10:28La défiance vis-à-vis des partis.
10:30Dans la société civile, on peut projeter des fantasmes,
10:33alors que la société politique, on commence à calculer.
10:36Ce qui est sûr, c'est que peu importe la personnalité
10:39qui est nommée, il y a une impression d'amateurisme,
10:42parce qu'on a l'impression qu'on jette des noms
10:44en les testant dans le panier et qu'on observe les réactions.
10:47A chaque fois, on conclut que c'est impossible.
10:50Ceux qui nous regardent se demandent
10:52comment ça se passe en coulisses.
10:54C'est l'Élysée qui fait des ballons d'essai
10:56et qui attend de voir comment ça retombe ?
10:59Au début, il a été décidé qu'on ne parlerait pas
11:01de la personnalité, mais du fond.
11:03C'est une distinction qui a peu de sens,
11:05parce que chaque personnalité porte avec elle
11:08un socle politique et des alliances possibles.
11:11On en a parlé, Bernard Cazeneuve, c'est plutôt, effectivement,
11:14on tire vers le centre-gauche,
11:15c'est le libéralisme en espérant détacher une partie du PS.
11:19Catherine Vautrin, c'est un équilibre différent,
11:21qui penche plus à droite.
11:23Il y a cette manière de tester des noms.
11:25En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la personnalité
11:28qui sera nommée à Matignon n'aura pas du tout
11:30une espèce d'état de grâce ou de sentiment
11:33d'être propulsée par la confiance du président.
11:35Elle viendra après avoir été testée.
11:38Ca l'a faiblée d'entrée de jeu.
11:39La situation est très périlleuse.
11:41Ca risque d'arriver à la prochaine personnalité.
11:44Est-ce qu'Emmanuel Macron est capable,
11:46considérant son histoire politique,
11:49sa fibre, la volonté qu'il a, on le sent très fort,
11:53de défendre son bilan, au moins économique,
11:55de nommer une personnalité de gauche comme Bernard Cazeneuve ?
11:59A priori, je crois pas,
12:00mais je suis pas dans le secret de sa tête.
12:04Pourquoi ?
12:06Parce que je pense que là, on voit tout ce qui est,
12:10j'allais dire, les contradictions du macronisme.
12:13Vraiment, c'est à la lumière, si j'ose dire.
12:16Il a nommé Michel Barnier,
12:18qui est plutôt à droite.
12:21On envisage maintenant la gauche,
12:23et c'est vraiment la démonstration
12:25de toutes les ambiguïtés du macronisme.
12:27En plus, dans le cas de Bernard Cazeneuve,
12:30nommer quelqu'un, ça a été rappelé,
12:32qui était Premier ministre, ministre de l'Intérieur,
12:35dans des conditions terribles, les attentats terroristes,
12:38qui est proche de François Hollande,
12:40quand on sait que Bernard Cazeneuve
12:42et Emmanuel Macron les a trahis,
12:45je pense que tout ça crée un climat
12:47qui serait particulièrement tendu,
12:49donc j'y crois pas.
12:50Permettez-moi de faire une réflexion,
12:53car je crois qu'on est rentrés dans une situation inédite,
12:56dans l'histoire de la Ve République.
12:58Qu'est-ce qui se passait ?
12:59On avait, d'un côté, le modèle traditionnel,
13:02depuis 1965, c'est l'élection suffrage universelle,
13:05un président qui gagne et une majorité.
13:07Rappelez-vous qu'on employait un terme,
13:10des godillots, plus personne ne parle d'eux aujourd'hui.
13:13On a remplacé godillot par primobile,
13:15mais c'était un peu la même chose.
13:17Ca, c'était jusque en 2022.
13:18On a eu des situations de cohabitation,
13:21mais où on avait un système politique structuré,
13:23avec des partis, la gauche, la droite,
13:26et là, on est dans une situation inédite,
13:28tripartition, fragmentation de l'Assemblée nationale
13:31et un climat de défiance considérable.
13:33Il faut savoir si les acteurs politiques
13:35vont être à la hauteur de cette situation inédite.
13:38Il y a deux temporalités qui s'affrontent.
13:41La temporalité de l'urgence, dont nous faisons partie
13:43par votre émission, par nos commentaires,
13:46je ne me défonce pas,
13:47et une attente de l'opinion, qui n'est pas habituée à ça en France.
13:51D'autre part, dans cette situation inédite,
13:54l'idée, effectivement, sur la base de l'expérience de Barnier,
13:57il ne faut pas recommencer avec un homme,
13:59mais dans les autres pays européens.
14:01On met des mois, parfois, pour trouver un programme.
14:04Est-ce que ces deux temporalités
14:06peuvent être conciliées ? C'est la question qui se pose.
14:09Vous avez l'air sceptique.
14:11On s'est changé de culture politique.
14:13Exactement, d'autant plus qu'il y a des urgences,
14:16notamment la loi de finances, le budget,
14:18pour ne citer que celle-ci.
14:20Le président de la République est dans une situation
14:23extrêmement difficile, dont il est responsable.
14:25Tout ça part de la dissolution de l'Assemblée nationale.
14:29Il y a quand même une évolution majeure.
14:31C'est ce qui s'est passé mardi soir à l'Elysée.
14:34M. Darmanin, toutes ces forces dites républicaines
14:36autour du président de la République
14:39sont d'accord pour ne pas censurer le prochain gouvernement,
14:42pas forcément y participer, mais ne pas le censurer,
14:46et ne pas gouverner avec le 49-3,
14:49sans LFI et sans l'ERN,
14:52pour sortir, au fond, de la pression de Marine Le Pen.
14:55Est-ce que, pour vous,
14:57ce dessein d'un début d'accord,
15:01c'est un tournant ou pas ?
15:03Ce qui s'est passé à l'Elysée.
15:05C'est un tournant, compte tenu,
15:07par rapport à ce que vous allez entendre,
15:09dans la culture politique française,
15:12où, au fond, l'affrontement reste encore
15:16le fait majeur vis-à-vis du compromis,
15:19la capacité de pouvoir s'entendre.
15:21Déjà, le fait d'être arrivé autour d'une table,
15:24d'avoir pu s'écouter,
15:26même si des gens étaient un peu sceptiques,
15:28ils ont compris qu'il se passait quelque chose,
15:31mais c'est extrêmement timide,
15:33parce qu'on est dans une forme de simili...
15:35Voilà, temporalité de culture du compromis
15:39qui n'existe pas.
15:40En réalité, on s'est mis d'accord sur un fait technique.
15:43Si un gouvernement naît dans cette condition-là
15:47et selon cette matrice,
15:48ce sera un gouvernement de technique politique,
15:51qui permettra de dire qu'effectivement,
15:53on va pouvoir aller au moins faire voter un budget,
15:57ce qui est déjà présenté comme un horizon indépassable en France,
16:01et puis peut-être faire passer un texte ou deux
16:03en attendant la suite.
16:05Ce qui me paraît encore plus intéressant
16:07dans cette conversation, c'est que non seulement
16:09il y a eu le pacte de non-censure,
16:11mais aussi, apparemment, l'engagement de ne pas dissoudre
16:15le fameux cas des 30 mois.
16:16Et cela, c'est important.
16:18On l'a posé sur la table.
16:19On l'avait évoqué il y a quelques temps.
16:21C'est une forme de souhait pour débloquer.
16:24Ca peut donner du courage.
16:25Ca ne sera jamais un engagement de sa part,
16:28mais une volonté.
16:29C'est un engagement socialiste, en particulier,
16:31de dire que nous pouvons, à ce moment-là,
16:34sortir de l'emprise de l'LFI
16:35sans le risque de représailles dans les circonstances.
16:38Ces deux considérations changent.
16:40Et du coup, on a augmenté, effectivement,
16:43on a élargi les profils.
16:44Il y a des initiatives à l'Assemblée nationale
16:47où tous les députés ont un peu les nerfs à vif,
16:50ils sont comme nous, ils attendent de connaître
16:52le nom de ce futur locataire de Matignon.
16:55Le quatrième, on va en parler, depuis le début de l'année,
16:58on fait mieux que les Italiens, Marc Lazare.
17:00Clément Méric, vous êtes avec un député Lyott, je crois.
17:04Effectivement, Myriam, avec Harold Huvart.
17:07Bonsoir, député Lyott.
17:08Vous êtes à l'origine d'un appel,
17:10un appel à un gouvernement de front républicain
17:13signé par une trentaine de députés.
17:15On y trouve des socialistes,
17:16il y en a huit, quelques modèmes,
17:18beaucoup de députés de votre groupe,
17:20qui se situent au centre, à l'Assemblée,
17:23et l'ancien LR Aurélien Pradié.
17:24Qu'entendez-vous par gouvernement de front républicain ?
17:28Un gouvernement de front républicain,
17:30c'est un gouvernement de rassemblement
17:33de tous ceux qui veulent sortir de cette crise par le haut
17:36et donner à l'Etat un gouvernement stable,
17:38indépendant des extrêmes.
17:39Ca va au-delà d'un simple accord de non-censure
17:42dont on parlait ?
17:43Ca veut dire que ça a pour premier réflexe
17:46d'écouter les Français qui ont voté sur un front républicain,
17:49qui nous disent sur le terrain de travailler ensemble.
17:5276 % des Français, je regardais le dernier sondage,
17:56veulent qu'un rassemblement de Républicains de gauche et de droite
17:59puisse avoir lieu à l'occasion de ce nouveau gouvernement.
18:02Il faut écouter les Français.
18:04L'idée de cette tribune,
18:06qu'on a faite signer par quelques députés de chaque groupe,
18:09depuis les socialistes jusqu'à des militants LR,
18:11même s'ils ne sont pas dans le groupe LR
18:13comme Aurélien Pradié, Joël Bruneau...
18:16C'est le signe que, dans chaque groupe,
18:18les députés de base que nous sommes
18:20en ont assez de voir des chefs de parti
18:22distribuer des oucas, des lignes rouges,
18:24pour dire que rien n'est impossible,
18:26qu'on ne peut pas trouver de consensus dans ce pays.
18:29Je suis convaincu qu'il y a une majorité dans cet hémicycle
18:32de députés de bon sens, raisonnables,
18:34attachés à nos institutions et à l'Etat républicain,
18:37prêts à travailler ensemble.
18:38On a appris que le nom du Premier ministre
18:41ne sera pas connu ce soir, mais demain matin.
18:43Vous êtes partisan de Bernard Cazeneuve.
18:45Vous avez organisé un colloque autour de lui à l'Assemblée.
18:49Vous le pensez capable de rassembler des personnes
18:51venues d'horizons politiques aussi larges ?
18:54Je pense que Bernard Cazeneuve est une bonne solution.
18:56Dans l'appel, il y a des députés modem
18:58qui, eux aussi, sont attachés au Front républicain,
19:01qui pensent que Bayrou est un bon candidat.
19:04Dans le groupe Lyotte, vous avez des amis de Bernard Cazeneuve,
19:07des amis de Xavier Bertrand.
19:09Je suis absolument convaincu qu'il faut un Premier ministre
19:12indépendant, un Premier ministre fort,
19:14qui soit indépendant des blocs, mais qui soit capable
19:17de rassembler au-delà des blocs, et indépendant du président
19:20de la République, mais capable de travailler avec lui.
19:23Un gouvernement où les poids lourds de chaque camp s'engagent,
19:26et non pas un gouvernement où chaque chef de parti,
19:29pensant à 2027, délègue quelques seconds couteaux
19:32pour amuser la galerie en attendant la prochaine motion de censure.
19:35Ce gouvernement, c'est un gouvernement
19:37avec des personnalités fortes, comme François Bayrou,
19:40Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand.
19:42On va attendre jusqu'à demain matin pour connaître
19:45l'identité de ce Premier ministre.
19:47Merci à vous, Clément Méric, Charles Sapin.
19:49Une forme d'union nationale contre les extrêmes.
19:52Est-ce que vous pensez qu'un Laurent Wauquiez serait d'accord
19:55pour gouverner avec des ministres socialistes, modem ?
19:58Ce n'est pas exclu, ce n'est pas exclu.
20:00Dans sa ligne rouge, il a dit qu'il ne voulait pas
20:03d'un Premier ministre issu de la gauche,
20:05et à fortiori, issu d'un Front populaire,
20:08mais il n'a pas exclu cette situation.
20:10Là, on revient à la promesse initiale du macronisme.
20:13On revient à 2017, cette promesse du dépassement,
20:15à la fois et de gauche et de droite.
20:17C'est un scénario qui aurait l'avantage
20:20d'être le plus conforme à la leçon des urnes
20:22du second tour des élections législatives,
20:25puisque ce qui a gagné, c'est le Front républicain,
20:28donc toutes les forces populistes...
20:30Sauf que la France insoumise a participé au Front républicain.
20:33Vous avez raison.
20:35Dans cette initiative, il n'y serait pas dedans.
20:37Et pas les LR.
20:38Les LR, ils ont participé parfois, ça dépend...
20:41Exactement.
20:42Mais il y a deux autres inconvénients.
20:45C'est que, si vous voulez, ces gouvernements
20:47d'union nationale associent des gens
20:49qui ne sont absolument pas d'accord entre eux,
20:52donc qui ne sont incapables de tomber d'accord
20:54sur des réformes de structure que notre pays a besoin.
20:57Tout le monde est d'accord avec une dette à vie sale,
21:00une crise régalienne...
21:01Et il y a un deuxième problème,
21:03c'est qu'il peut arriver à l'objectif
21:05qu'il pense combattre.
21:07Les gouvernements d'union nationale,
21:09on l'a vu à l'étranger, notamment en Italie,
21:11le gouvernement de Mario Draghi, en 2021,
21:14qui rassemblait très largement de la Lega,
21:16droite populiste au Mouvement 5 étoiles,
21:18à la fin, ça a permis d'être le tremplin
21:20de la seule force qui ne participait pas,
21:23Fratelli d'Italia, de la nationaliste Giorgia Melloni.
21:26Ca met les populistes au pouvoir, c'est ce que vous nous dites.
21:29Revenons à cet accord de non-censure,
21:31qui est bien plus minimaliste que cette union nationale
21:34que dessinait ce député Adrien Matou.
21:37Là, on en est où ?
21:38Ca veut dire que le futur Premier ministre,
21:40celui qui sera nommé demain,
21:43il va devoir bâtir cet accord-là.
21:45Il va devoir faire quoi ?
21:46Recevoir les chefs de groupe à l'Assemblée nationale
21:49pour dire quoi, construire quoi, sur quelles bases,
21:52sachant que la première urgence, c'est le budget ?
21:55Impossible de trouver un accord par excellence
21:57sur un texte financier ?
21:59Sur le budget, il y aura le même problématique
22:01qu'avec Michel Barnier, c'est-à-dire se mettre d'accord
22:04sur un programme, mais on ne peut pas redessiner
22:07les groupes parlementaires.
22:09Il va falloir trouver un budget qui puisse être approuvé
22:12par une majorité de l'Assemblée.
22:14Par exemple, la problématique de la relation
22:16entre le groupe RN va se reposer à nouveau,
22:18car je peux vous dire qu'au RN, ils espèrent bien
22:21renégocier un budget plus favorable que le précédent
22:24à leur fameuse ligne rouge.
22:25Il y aura toujours ce problème-là.
22:27Ensuite, dans un second temps,
22:29si ce Premier ministre et son équipe arrivent
22:31à faire voter le budget, il va falloir parler
22:33de tous les sujets, sauf des sujets qui fâchent.
22:36Le problème, c'est que les sujets qui fâchent
22:38intéressent les Français.
22:40Pas d'immigration, pas les retraites ?
22:42Pas d'immigration, pas des retraites,
22:44pas de sujets un peu clivants sur le pouvoir d'achat.
22:47Or, et là, j'en reviens à ce problème
22:49qui se pose avec un accord de non-censure
22:51et un gouvernement d'Union nationale,
22:53c'est que si on fait l'Union nationale
22:55en dehors de LFI et du RN,
22:56j'ai regardé, avant d'aller à l'émission,
22:59le vote des ouvriers et des employés,
23:01donc des catégories populaires,
23:03pour Mélenchon et Le Pen en 2022.
23:05C'est 60 % pour les ouvriers comme pour les employés.
23:08En fait, il y a une impression un peu bizarre.
23:10Il y a une impression qui est que les partis
23:12allant du centre-gauche, voire de la gauche,
23:15au centre-droite, voire à la droite,
23:17se mettent d'accord pour exclure les deux forces,
23:20on peut dire populistes, on peut aussi dire soutenus,
23:22par les classes populaires.
23:24Ca peut nourrir cette dynamique populiste
23:26à gauche comme à droite.
23:28C'est le risque, l'effet boomerang.
23:30Nous avons un gavail à ce sondage
23:31pour nos confrères de BFMTV,
23:33qui regardent, les Français regardent
23:35cet accord de non-censure, pas sûr qu'ils en comprennent
23:38toutes les difficultés, les contours,
23:42parce que nous-mêmes, on découvre,
23:44les journalistes, on est très humbles
23:46par rapport à ce qui se joue,
23:48mais quand même, 69 % des Français
23:50considèrent que cet accord de non-censure
23:52pourrait mettre fin à l'instabilité actuelle.
23:54Donc, ils veulent, au fond, sortir de la crise.
23:57Tout ce qui pourrait être bon à prendre, ils disent oui.
24:00C'est vrai, mais si vous voulez,
24:02c'est pas qu'on tronque le débat,
24:04mais si on demande aux Français,
24:05est-ce que vous voulez que les politiques
24:08réfléchissent ensemble pour améliorer vos vies ?
24:10Quand Emmanuel Macron dit
24:12un gouvernement d'intérêt général,
24:14c'est une façon de piéger un peu ceux qui n'accepteraient pas,
24:17parce qu'il dirait, tu veux pas venir,
24:19c'est pas pour l'intérêt général.
24:21Tout le monde est pour l'intérêt général.
24:23Tout le monde peut dire, l'école, la santé, la sécurité,
24:26ce sont des priorités, mais on voit que les moyens
24:29pour arriver à ça, ils ne partagent pas les mêmes choses.
24:32Sur l'école, il va falloir décider,
24:34on a moins d'élèves, est-ce qu'on fait moins de professeurs
24:37et on les paye mieux, ou est-ce qu'on fait plus de professeurs ?
24:40Rien que là-dessus, ils ne sont pas d'accord.
24:43Sur des questions de santé, il y a eu des choses transpartisanes
24:46qui ont été faites à l'Assemblée, notamment pour se demander
24:49si on ne doit pas obliger les médecins,
24:51les forcer à s'installer dans les déserts médicaux,
24:54mais on voit que ça a du mal à avancer.
24:56Vous l'aviez dit, il y a une question fondamentale,
24:59la question du budget, et c'est le texte par excellence
25:02sur lequel on ne se met pas d'accord.
25:04On peut voter avec le gouvernement quand on est dans l'opposition
25:08sur les énergies renouvelables.
25:10Sur le budget, il y a un socialiste à qui on doit
25:12la paternité de cette idée de la non-censure.
25:15Il l'a formalisée dans une tribune du Monde dès l'été,
25:18il s'appelle Philippe Brun, et il dit que sur le budget,
25:21on ne pourra pas faire autrement que 149,3.
25:23Je pense qu'il faut un 149,3 sur le budget.
25:25Pourquoi ? Parce que c'est impossible
25:28d'avoir une discussion budgétaire, 149,3,
25:30compte tenu de l'éclatement des différents groupes.
25:33Ca veut dire que, concrètement, ce qu'il propose,
25:35c'est de dire qu'on accepte de ne pas censurer,
25:39on se met ensemble, on essaie de trouver
25:41deux, trois réformes, on se donne des concessions réciproques,
25:44mais sur le budget, on ira au 49,3,
25:48quel que soit demain le nom du Premier ministre,
25:51en échange de quelques gages dans le budget,
25:53et pas de censure. Ca existe, ça, en Italie.
25:56J'ai découvert que le gouvernement de la non-défiance,
26:00c'était dans le laboratoire italien.
26:02Le laboratoire italien est extraordinaire.
26:04Evidemment, 71 gouvernements, entre 1946 et aujourd'hui,
26:08même si, effectivement, ils n'ont jamais eu
26:11quatre gouvernements dans la même année,
26:13mais ils ont inventé des tas de choses extraordinaires.
26:16Le gouvernement qui repose sur la non-défiance,
26:19c'est le fait qu'un président du Conseil
26:21doit avoir la confiance du gouvernement.
26:24Ca passe par différentes procédures.
26:26D'abord, les consultations du président de la République,
26:29qui donne une mission,
26:31qui s'appelle incarico, en italien,
26:33et la personne qui a cette charge va essayer de constituer
26:36une majorité, et il va ensuite vers le président de la République
26:39et lui dit si il peut former un gouvernement ou non,
26:42donc trouver quelqu'un d'autre.
26:44Dans ce cas-là, il y a plusieurs reprises,
26:46il y a des partis politiques qui vont soutenir sans participer
26:50et qui vont s'abstenir au moment des votes,
26:52mais je le rappelle, c'est un système bicaméral,
26:55même pouvoir pour la Chambre des députés et le Sénat.
26:58A la Chambre des députés, vous pouvez vous abstenir,
27:01le texte passe avec ceux qui ont voté pour.
27:03Au Sénat, c'est compliqué,
27:05l'abstention est considérée comme un vote contraire.
27:08Les sénateurs sortent ceux qui veulent s'abstenir
27:11et on arrive à constituer un gouvernement.
27:13Ca fait penser au système de non-censure.
27:16Je pense que ce serait une erreur de renoncer au 49-3.
27:19Le seul problème, c'est que le 49-3 est devenu impopulaire en France,
27:22mais c'est un instrument du parlementarisme rationalisé,
27:25pour assurer le gouvernement.
27:27On a raison de montrer tous les risques qu'il y a,
27:30mais mon pari, c'est qu'il y aura un gouvernement.
27:33Pourquoi ? Parce que, d'une part,
27:35c'est la version optimiste,
27:36les acteurs politiques, dans une situation aussi compliquée,
27:40se disent qu'il y a une responsabilité devant la nation,
27:43surtout devant les Français, et notamment leur inquiétude.
27:46La deuxième raison a été évoquée,
27:48c'était l'habileté d'Emmanuel Macron.
27:50Il n'y aura pas de dissolution jusqu'en 2027.
27:53C'est des partis qui n'ont qu'une seule nécessité,
27:55surtout ne pas avoir l'élection présidentielle anticipée,
27:59car ils n'ont pas de candidats.
28:00S'ils sont rationnels,
28:02il y a encore un peu de rationalité en politique,
28:04même s'ils devront avaler beaucoup de couleuvres,
28:07ils feront un gouvernement,
28:09quitte à ne pas envoyer, contrairement à ce qui a été dit,
28:12des grandes personnalités dans ce gouvernement.
28:14Je renvoyais un mot terrible, des seconds couteaux.
28:17On fera faire le sale boulot par ces seconds couteaux.
28:20Il y a deux choses qui facilitent,
28:22c'est qu'ils renoncent à la dissolution.
28:24Ce qui frappe aussi, c'est ceux qui étaient à l'Elysée,
28:27ils n'ont aucun intérêt à la démission d'Emmanuel Macron.
28:30Ils ne sont pas prêts, ni au Parti socialiste,
28:33ni à droite.
28:34C'est ça aussi qui fait converger les intérêts,
28:37parce que 2027 est très pesant sur sous toutes ces discussions.
28:41Finalement, si Jean-Luc Mélenchon
28:44obtenait une démission anticipée,
28:47mais c'est dans 20 à 30 jours que l'élection aurait lieu,
28:50et là, c'est Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.
28:53Finalement...
28:54-...qui se prépare à une élection présidentielle.
28:57-...tous ces enjeux-là pèsent et obligent à s'entendre ?
29:00Oui, tout le monde a compris que c'était, au fond,
29:03quelque part, une bonne opération pour eux
29:06d'avoir vu un président de la République,
29:09aussi surprenant que cela a été,
29:11de déclencher la plus grande crise budgétaire
29:14qu'on ait connue dans le Vème République,
29:16et au fond, d'installer la fin de règne.
29:20De ce point de vue-là, malgré tous les propos,
29:23évidemment, qu'il faut tenir devant les caméras,
29:26les journalistes et la nation, ils s'en accommodent,
29:29et quelque part, ça leur permet de mieux se préparer.
29:32Parce que, à part le budget, plus rien ne sera fait.
29:36Dans...
29:37L'année 2025,
29:38il va être consacré dès le début à faire un budget,
29:41à voir si le gouvernement tient.
29:43Ensuite, on est dans la préparation,
29:45on le sent bien, on a compris ce qu'il y a derrière.
29:48Elle prépare déjà les élections municipales.
29:502026, ce seront les élections municipales.
29:53Tous les chefs d'Etat-major sont dans les élections municipales.
29:56L'EPS est dans son congrès au printemps.
29:58Tous les propos qu'on entend sont aussi des propos de congrès.
30:02De ce point de vue-là, la vie politique
30:04est en possessus de gel.
30:06Ca veut dire que nos élus prennent aux otages les Français
30:09et que leur intérêt personnel et électoral passe avant.
30:12En fait, le quinquennat est formellement à l'arrêt.
30:15On ne peut pas avoir un gouvernement,
30:17un budget, parce qu'il faut que le pays fonctionne,
30:20mais les énergies politiques, les projets politiques,
30:23les grandes lois qui peuvent irriguer le pays et le débat,
30:26c'est terminé.
30:27A quoi peut-on s'attendre ?
30:29Raphaël Glucksmann, lui, est très prudent.
30:32Il dit, petit pas, c'est déjà ça.
30:34Ecoutez.
30:35Là, on ne va pas faire le grand soir.
30:37Je vous le dis, cash.
30:38On ne va pas mener les grandes transformations.
30:41On ne va pas imposer un projet
30:43qui permette d'accéder enfin à un pays plus juste,
30:46à un pays plus écologiste.
30:48On n'y arrivera pas là.
30:49Ce qu'on peut faire, c'est gratter,
30:51c'est arracher des progrès.
30:53Qu'est-ce que ça veut dire,
30:55concrètement, arracher des progrès ?
30:57C'est concession réciproque.
30:59Si on a un Premier ministre demain,
31:01il peut s'isoler avec les forces politiques.
31:03On parle même de l'hôtel de la Seye à l'Assemblée,
31:06non plus à l'Elysée, pendant plusieurs jours.
31:09Les socialistes disent qu'il vaut mieux quelque chose
31:11plutôt que rien.
31:13Si on arrive à gagner trois, quatre victoires,
31:15on pourra expliquer à notre électorat
31:17pourquoi on a fait le choix de non-censure.
31:20Avec le fait qu'on soit dans ces discussions-là,
31:22ça fait avancer les choses.
31:24C'est une rupture franche avec la France insoumise,
31:27qui, elle, est sur tout le programme,
31:29et on préfère être dans l'opposition franche.
31:32Oui, après, c'est un nouveau système
31:34à inventer de discussions, de négociations,
31:37sur, on l'a dit, un texte très difficile.
31:39On n'a absolument pas cette culture-là en France.
31:42C'est peut-être aussi ce qui a surpris
31:44et ce qui a pris du temps chez Emmanuel Macron,
31:47c'est qu'en arrivant à fonder cette réunion des partis,
31:50qui n'a pas abouti sur grand-chose,
31:52mais l'image, la symbolique, est belle,
31:54d'avoir réuni ces gens-là,
31:55il se dit qu'on a avancé par rapport à Juillet.
31:58Il a envie de garder ce gain politique-là,
32:01de ne pas avoir laissé ça à son Premier ministre,
32:03mais c'est pas à lui de gérer ça.
32:05Il faut qu'il passe la main à quelqu'un,
32:07discute avec les autres forces.
32:09Il sont 66 aux partis socialistes.
32:11C'est eux qui font se bouger, comme on dit,
32:14dans le jargon politique.
32:15Ca peut devenir le nouveau parti pivot
32:17à la place de Marine Le Pen à l'Assemblée nationale ?
32:20Ca peut dépendre des sujets,
32:22parce que la voie pour avancer pour un Premier ministre
32:25pourrait être de faire projet par projet,
32:27dans cette fameuse salle de l'Hôtel de la Saie.
32:30Si on veut faire une loi un peu sociale,
32:32on essaie de détacher le PS pour qu'il vote.
32:35Si on veut faire une loi sécuritaire,
32:37on va essayer de détacher LR.
32:38Soit dit en passant, on est complètement
32:41dans le régime des partis que dénonçait Général De Gaulle
32:44et en contradiction avec la logique
32:46sur laquelle a été fondée la Ve République.
32:48Peut-être que ça a pris une voie pour avancer
32:51pour le Premier ministre dans ces circonstances exceptionnelles.
32:54Les institutions ne sont pas conçues
32:56pour un tel mode de gouvernement.
32:58Vous aurez le mot de la fin, Charles Sapin.
33:01Si le président s'engage à ne plus dissoudre,
33:03s'il reste jusqu'à la fin de son mandat,
33:06le reste, c'est pure fiction.
33:07Si on a un accord de non-censure
33:10pour gouverner, 149-3,
33:12ça peut tenir jusqu'en 2027 ?
33:14Ca peut. Après, il y a une différence
33:16entre le texte de la Constitution et la pratique.
33:19Selon le texte de la Constitution,
33:21le président de la République fait ce qu'il veut.
33:24La décision de dissoudre et même de démissionner lui appartient.
33:27Il peut y avoir un contexte politique
33:29qui le pousse et le contraint à prendre cette décision
33:32de la dissolution, voire de la démission.
33:34Par exemple,
33:36où, après le gouvernement Barnier,
33:39un nouveau gouvernement soit nommé et soit tombe.
33:42Voilà, exactement.
33:43Après celui-ci, un autre tombe,
33:45qu'il soit de gauche, du centre, technique,
33:48avec arc-en-ciel, toutes les couleurs.
33:50A un moment donné, vous arrivez dans une situation
33:53d'impasse politique où le seul moyen de s'en sortir,
33:56c'est le grand reset, c'est-à-dire provoquer
33:58une élection présidentielle anticipée.
34:00D'accord avec ça, pour conclure ?
34:02Absolument. Je crois que c'est exactement ça.
34:05Emmanuel Macron...
34:06Où celui-là tient ? Où c'est l'instabilité
34:08qui mène à la démission ?
34:10C'est pour ça qu'il prend du temps.
34:12Ils ont trouvé la bonne personne.
34:14La prochaine étape...
34:15Marine Le Pen l'a très bien dit.
34:17Elle a dit, quand même,
34:18je ne demande pas la démission d'Emmanuel Macron,
34:21mais s'il y a 2-3 gouvernements qui tombent,
34:24je pose la question.
34:25Il y a un parallèle historique,
34:27il faut prendre avec beaucoup de précaution,
34:29c'est-à-dire le 3e République.
34:31Je me permets de le rappeler.
34:33Le cartel des gauches, les radicaux, les socialistes, gagnent.
34:36Le président de la République avait dit
34:38qu'il ne voulait pas du cartel des gauches,
34:41qu'il voulait renforcer le pouvoir exécutif.
34:43Il y a des tensions fortes.
34:45Il essaie de trouver une solution avec un président du Conseil.
34:49Il n'y arrive pas, il démissionne.
34:51On verra ça. Merci d'être venu sur le plateau d'LCP.
34:54Je vous garde avec moi, Marc Lazare.
34:56On va accueillir à présent des députés,
34:58un plateau politique.
34:59Avant cela, on rejoint Clément Méric.
35:02Les députés à l'Assemblée sont comme nous,
35:04dans l'expectative avant l'annonce de demain.
35:07A l'Assemblée, on travaille sur cette loi spéciale.
35:09Il y en a qui travaillent, des députés, ici, à l'Assemblée.
35:13Ceux de la Commission des finances,
35:15avec un programme chargé aujourd'hui,
35:17puisqu'il y avait l'audition de Bruno Le Maire
35:20par la Commission des finances sur les dérapages des comptes publics.
35:23Après cela, il y a eu l'examen de cette loi spéciale
35:26pour réduire les crédits de 2024 sur 2025,
35:29en attendant quoi ?
35:30En attendant un nouveau gouvernement
35:32capable de faire voter un nouveau budget pour cette année 2025.
35:36Pour le reste, beaucoup de députés sont en circonscription,
35:39faute de textes à examiner dans l'hémicycle.
35:41Tout le monde surveille les signes qui peuvent venir de l'Elysée.
35:45Mais vous savez, Miriam, ici, chacun a appris,
35:48si l'on peut dire, des précédents remaniements
35:50depuis le début de l'ère d'Emmanuel Macron, depuis 2017.
35:53Il y a toujours des noms qui circulent,
35:56avec plus d'insistance, mais à la fin,
35:59c'est rarement le favori qui est nommé.
36:01Merci beaucoup. Merci, Clément Méric.
36:04Depuis, l'Assemblée nationale, en direct sur LCP,
36:07nous ont rejoint trois députés sur ce plateau.
36:10Bonsoir, Eleonore Carrois.
36:11Bienvenue, députée Ensemble pour la République
36:14des Français d'Amérique du Sud.
36:16Vous êtes la porte-parole du groupe macroniste
36:18à l'Assemblée nationale. Bonsoir, Arthur Delaporte.
36:21Députée socialiste du Calvados. Bonsoir, Sophie-Tallier-Pollian.
36:25Députée socialiste du Val-de-Marne.
36:27On a contacté les Républicains, mais malheureusement,
36:30difficile d'être avec eux, même par Skype, ce soir.
36:33Marc Lazare, merci d'être resté avec nous.
36:36Le nouveau Premier ministre, c'est pour demain matin.
36:38Est-ce que vous avez chacun votre favori ?
36:41J'imagine que vous poussez pour Bernard Cazeneuve.
36:43Il s'est réconcilié avec Olivier Faure.
36:47Je lutte contre les paris sportifs et épiques
36:49et les addictions à tout temps.
36:51J'en ai marre des courses de petits chevaux.
36:53C'est pas la question du Premier ministre.
36:56C'est le seul dans la liste qui reste de gauche.
36:58Peut-être que ça peut être un autre nom dans la liste.
37:01On demande un Premier ministre de gauche.
37:04Un Premier ministre qui fait une politique de gauche
37:07et qui fait un gouvernement de gauche.
37:09Bernard Cazeneuve est de gauche. J'espère que, si c'est lui,
37:12il fera un gouvernement de gauche et une politique de gauche.
37:16Je pousse pour que ce soit lui.
37:17Il est socialiste ? Est-ce qu'il soutient Bernard Cazeneuve ?
37:21Personne ne l'est autour de ce plateau.
37:23La question, c'est pas de savoir qui,
37:25puisque le président de la République le décidera.
37:28Il y a énormément de poids au Parlement aujourd'hui.
37:31Les options de gauche, on m'a donné plein de noms.
37:33Les journalistes sont plein d'imagination.
37:36Marisol Touraine, Valérie Rabault,
37:38mais pourquoi pas Boris Vallaud, Olivier Faure, Marine Tendelier ?
37:42Il y a plein de gens qui sont prêts à accéder à Matignon.
37:45Nous, nous ne demandons qu'une chose.
37:47La gauche à Matignon, avec un gouvernement de gauche.
37:50Si ce n'est pas un Premier ministre de gauche,
37:52et je vous pose la question, parce que c'est intéressant,
37:55on a trois députés de trois groupes, deux dans la gauche,
37:58un au pouvoir, au centre, qui pourraient dialoguer.
38:02On va voir jusqu'où.
38:03Si ce n'est pas un Premier ministre de gauche,
38:06vous ne censurerez pas, mais vous ne serez pas dans ce gouvernement.
38:10Sophie Taillier-Paulian.
38:11En réalité, nous, ce qui nous importe,
38:14c'est que le président de la République
38:16nomme un Premier ministre
38:18qui respecte le vote des Françaises et des Français du 7 juillet,
38:23donc qui mette en place un changement de politique.
38:26Un changement de politique.
38:28Nous pensons que la logique,
38:29c'est que comme le nouveau Front populaire est arrivé en tête,
38:33modestement en tête, pas majoritaire,
38:35ce serait logique, totalement logique...
38:37Les Français l'ont bien compris.
38:39Est-ce que vous en faites une condition pour censurer ou non ?
38:42Si c'est François Bayrou, vous censurerez François Bayrou ?
38:46Pouvez-vous répondre à cette question ?
38:48Je vais vous dire.
38:49Personnellement, je le censurerai, non.
38:51Si, demain ou un autre jour,
38:53parce qu'on ne sait pas combien de temps ça peut durer encore,
38:56le Premier ministre nommé est François Bayrou,
39:01a priori, je serai plutôt dans la logique de le censurer.
39:05Après, si François Bayrou arrive en nous disant
39:08que je vous laisserai voter sur la réforme des retraites,
39:11ce qui permettra son abrogation, je respecterai le Parlement,
39:15je laisserai voter, c'est juste ça.
39:17Si François Bayrou dit qu'on va faire en sorte
39:20que, dans le prochain projet de loi de finances,
39:23il y ait des recettes nouvelles prises sur les ultra-riches
39:26et les grandes entreprises pour financer les services publics,
39:29et si François Bayrou dit qu'on va augmenter les salaires...
39:33C'est lui, parce que c'est pas sûr.
39:35On va réfléchir.
39:36Donc, ce soir, très clairement, cet accord de non-censure
39:40pour gouverner 149-3, sans être dans la main de Marine Le Pen,
39:44c'est pas fait.
39:45Si c'est pas un Premier ministre de gauche, ça marche pas.
39:48Nous, nous sommes allés à l'Elysée.
39:50La présidente de notre groupe, Cyrielle Chatelain,
39:53est allée à l'Elysée. Nous avons progressé, fait des pas.
39:56Nous voulons toujours un Premier ministre
39:59au Nouveau Front Populaire, mais nous nous engageons
40:02à ne pas utiliser le 49-1. C'est un pas.
40:04Mais quel pas a été fait ? Et par Emmanuel Macron
40:06et par Gabriel Attal ? Aucun.
40:08Je rappelle que, dans la configuration...
40:10Pour discuter, il faut être plusieurs,
40:13mais c'était pas. Donc, nous, nous sommes allés aux discussions.
40:16C'était pas forcément naturel.
40:18Nous avons fait ce pas.
40:19Donc, nous estimons que, maintenant,
40:21c'est au président de la République
40:23de nommer un Premier ministre
40:25qui sera en mesure de rassembler autour de lui.
40:28Je rappelle, pour ceux qui nous regardent,
40:30que dans la configuration actuelle de l'Assemblée,
40:33quand on fait des additions, sans les écologistes,
40:36sans les communistes, mais seulement les socialistes,
40:39le Bloc central et la droite,
40:40bien, ça suffit pour que le gouvernement ne tombe pas,
40:44c'est-à-dire la non-censure.
40:45Ce pacte de non-censure,
40:47Léonore Carrois, qu'est-ce que vous en pensez
40:50et qu'est-ce que vous voulez que, concrètement,
40:52le nouveau Premier ministre, qu'on connaîtra demain,
40:55fasse très rapidement à l'Assemblée ?
40:57On est dans une période extrêmement intéressante
41:00de la vie politique de notre pays.
41:02Un peu stressante, voire angoissante pour les Français,
41:05je vous le concède volontiers,
41:07mais on est en train d'inventer des nouvelles formes
41:09d'institutions.
41:11Aujourd'hui, avec cette Assemblée telle qu'elle est,
41:13c'est-à-dire 11 groupes politiques,
41:15trois blocs, et même au sein de ces blocs,
41:18des divergences qui sont très importantes,
41:20on doit composer.
41:21Je vois une évolution entre ce qui s'est passé en juillet,
41:24j'étais souvent sur votre plateau,
41:26députée des Français de l'étranger,
41:28j'avais fait ma campagne virtuellement,
41:31et on voyait que tout le monde était dans une posture,
41:34c'était les lignes rouges, la seule chose dont on parlait.
41:37Je suis vraiment très agréable d'entendre en face de moi...
41:41Pour vous, les socialistes, vous ont tendu la main, clairement.
41:44C'est une évolution majeure.
41:46C'est très réciproque.
41:48Et nous, clairement, on l'avait déjà fait.
41:50On a parfois la mémoire sélective, je pense.
41:52Mais clairement, en juillet, l'idée, c'était de faire ça,
41:56d'avoir un pacte, une coalition,
41:58pour gouverner, comme dans les démocraties parlementaires.
42:01C'était ce que nous avions proposé
42:03quand on a proposé un plan d'action
42:05et on a répondu.
42:06L'idée, c'est de regarder vers l'avant.
42:08Ces mains tendues, j'ai envie de les saisir,
42:11de toutes les personnes qui nous permettent
42:13de former une coalition pour se mettre d'accord
42:16sur un certain nombre de sujets,
42:17en excluant le RN.
42:19Si c'est un Premier ministre de gauche,
42:21si c'est Bernard Cazeneuve qui est nommé demain,
42:24vous aimeriez participer à ce gouvernement ?
42:26Si vous étiez nommé ministre...
42:28Non, mais je pose la question, parce que, pour vous,
42:31Matignon-Cazeneuve, c'est compatible
42:33avec des ministres macronistes, ou pas ?
42:35Écoutez, tout dépend de ce qu'on regarde
42:38et de ce que les uns et les autres veulent faire.
42:40Il y a plusieurs hypothèses.
42:42C'est important de faire cette pédagogie,
42:44parce qu'on est dans l'inconnu.
42:46On n'avait jamais eu une motion de censure votée sur un budget,
42:50on n'avait jamais eu une assemblée comme ça.
42:52Soit on est dans une logique parlementaire,
42:54on peut le faire, nos institutions nous le permettent,
42:57dans laquelle on se retrouve dans une configuration
43:00à l'allemande ou à l'autrichienne,
43:02et même s'ils sont en désaccord...
43:04C'est pas ce que décide l'accord de non-censure,
43:07c'est plus minimaliste que ça.
43:08C'est pas une coalition sur un contrat de gouvernement
43:11qui prendrait des mois.
43:13En même temps, on se dit qu'il y aurait des ministres
43:16de différents groupes politiques.
43:18Vous faites partie d'un gouvernement
43:20avec un Premier ministre à sa tête
43:22qui a telle ou telle couleur politique
43:24que vous allez être d'accord avec ce ministre.
43:26Je vous redonne la parole.
43:28Ce qui se passe en Allemagne, même si cette coalition a échoué,
43:31elle a quand même gouverné trois forces politiques.
43:34Regardez, c'est un extrait du magazine de Céline Crespi
43:38sur la coalition en Allemagne et sur tous les pédocuments
43:41auxquels il parvient, ce fameux contrat de gouvernement.
43:44On y trouve des socialistes QSPD,
43:48les libéraux du FDP et les Verts écologistes.
43:52Musique rythmée
43:54Au Bundestag, le Parlement allemand,
43:56nous avons donné rendez-vous à trois députés
43:59issus de ces trois partis.
44:00Ils vont nous présenter le document qui fonde leur union,
44:04presque leur contrat de mariage.
44:06...
44:12Allô.
44:13La Bible.
44:15Voici le contrat de gouvernement signé en 2021,
44:18après les élections fédérales.
44:22C'est ce qu'on appelle la Bible de la coalition,
44:25parce que tout le monde s'y réfère
44:28et peut s'y retrouver.
44:30Donc ça donne un peu de l'assurance
44:33aux acteurs politiques pour bien savoir
44:36ce qu'on peut faire et ce qu'on ne peut pas faire
44:39au cours de la législature.
44:41En fait, ce sont les lignes rouges,
44:43je dirais, pour chaque parti.
44:46Ca reste un point de référence
44:48pour les idées clés de cette coalition.
44:51Marc Lazare, on n'en est pas là, nous, du tout.
44:54Cet épais document où tout est consigné
44:57à l'issue de mois de négociations
44:59entre des forces politiques ?
45:01Je crois qu'on n'y arrivera pas,
45:03parce qu'on a, évidemment, le système d'un cinquième public.
45:06Je suis d'accord avec vous, dans une situation inédite.
45:09Je vais être un peu critique,
45:11mais les acteurs politiques n'ont pas saisi
45:14la situation inédite dans laquelle on est.
45:16On pourra en discuter, c'est l'intérêt de cette conversation.
45:20Il y a une solution, la solution allemande
45:22ou dans d'autres pays, et ça prend beaucoup de temps.
45:25Il y a deux temporalités qui s'affrontent.
45:27La temporalité qui aboutirait à des coalitions,
45:30quel que soit le nom qu'on emploie, ça prend du temps.
45:33D'autre côté, il y a cette temporalité de l'urgence,
45:36parce qu'il y a une situation économique, sociale,
45:38environnementale, une opinion publique exaspérée.
45:41Le président Macron a une part de responsabilité
45:44comme d'autres acteurs politiques.
45:46Ces deux temporalités font que c'est difficile.
45:48On n'accouchera pas d'un autre système.
45:51Il y a une solution italienne, je vous la propose.
45:53Les Italiens ont une immense inventivité
45:56pour 71 gouvernements qu'ils ont connus entre 1946 et aujourd'hui.
46:00Jamais ils n'en ont eu quatre dans la même année.
46:03Ils ont inventé différents types de gouvernements.
46:06Il y en a un, c'est le gouvernement de refroidissement.
46:09Je vous le conseille, c'est en hiver.
46:11Vous êtes très tendus, vous avez des grandes polarités,
46:14mais vous vous mettez d'accord sur un certain nombre de propositions,
46:18parce qu'on ne peut pas dissoudre l'Assemblée
46:20avant l'été prochain.
46:22Vous prenez un certain nombre de décisions,
46:24vous calmez le jeu, ils font un équilibre
46:26entre les responsables politiques et les techniciens.
46:29C'est à une durée limitée, vous expliquez devant l'opinion.
46:33De toute façon, soyons pas dupes,
46:34vous avez tous intérêt à faire un gouvernement de ce type-là.
46:38Ce qu'ils voulaient éviter, je suis un peu brut de décoffrage,
46:41c'est une élection présidentielle anticipée.
46:44Dans ce cas-là, à la fois du point de vue idéal,
46:47c'est-à-dire faire transformer les cultures politiques
46:49pour vos propres intérêts.
46:51Je vous conseille le gouvernement de refroidissement à l'italienne.
46:55Je suis pour qu'on s'inspire des cultures parlementaires européennes.
46:59C'est ce que nous demandons depuis le départ,
47:01que le pouvoir revienne au Parlement.
47:03Tout est suspendu dans la volonté d'un seul homme.
47:06Il a fait des gestes, le président,
47:08dans cette réunion à l'Elysée,
47:10à renoncer peut-être à son pouvoir de dissolution.
47:13C'est un peu l'épée de Damoclès au-dessus du Parlement.
47:16Et donc, cette culture présidentielle
47:18a imbibé le Parlement, a fait que même les macronistes
47:21pensent qu'ils sont toujours, dans leur tête,
47:23dans la manière dont ils se comportent, majoritaires,
47:26alors qu'ils ont perdu le pouvoir depuis deux ans.
47:29Depuis 2022, il n'y a plus de majoritaires.
47:31Mais faire ce fameux gouvernement de refroidissement
47:34très rapidement, en expliquant aux Français
47:37que c'est quelques mesures d'urgence,
47:39et après, on se retrouve dans les urnes.
47:41Dès le début, on a dit qu'il faudrait faire des compromis.
47:44Il faut d'abord qu'il y ait une personne ou un groupe
47:47en capacité d'organiser.
47:49Quand on regarde les Allemands,
47:50c'est les social-démocrates qui ont organisé les réunions
47:54car ils avaient la charge de tenter de former un gouvernement.
47:57Nous, on a dit, partez du groupe qui est arrivé en tête.
48:00C'est à nous de tenter de mener cette discussion.
48:03Et à aucun moment, le président de la République
48:05ne l'a sérieusement considéré.
48:07Il a cherché à faire des additions baroques,
48:10en allant dans un communiqué, à additionner l'ERN,
48:13les macronistes, les LR, pour refuser, à la gauche,
48:16de former un gouvernement.
48:17Il y a une forme d'inflexion.
48:19Il y a une leçon qui semblait être tirée
48:22dans la réunion à l'Elysée, en disant
48:24qu'on ne peut plus être sous l'ERN.
48:27C'est pas faute de l'avoir demandé depuis des mois.
48:30On va voir, en fonction de la personne qui sera nommée,
48:33si cette leçon est effectivement tirée.
48:35Je voudrais revenir sur un point.
48:37Vous avez dit que c'était la question de l'équilibre.
48:40Si vous voulez, pour moi, c'est si important,
48:42un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire,
48:45c'est une question d'équilibre des pouvoirs.
48:48Dans notre pays, parce qu'on n'est pas une démocratie parlementaire,
48:51puisque la Ve République a muselé le Parlement,
48:54on a un président de la République qui est très fort,
48:57qui a énormément de pouvoir.
48:58Il nous faut, en termes de contre-pouvoir,
49:01un Premier ministre qui ne soit pas du même bord
49:03pour assurer cet équilibre.
49:05Le Premier ministre détient le pouvoir réglementaire,
49:08donc il a une capacité à agir importante.
49:10Vous voyez que notre demande, c'est pas un caprice,
49:13c'est pas juste pour avoir un ami à nous, etc.
49:16C'est une question d'équilibre.
49:17Les Françaises et les Français ont voté,
49:20la situation est complexe, donc il faut un équilibre,
49:23et c'est la raison pour laquelle il est important
49:25que ce soit une personne issue de la Première Coalition...
49:29On fera réagir Marc Lazare après.
49:31...et cette responsabilité, c'est l'honneur qu'a le Roi.
49:34Vous l'entendez, ça ? Vous pouvez dire, ce soir,
49:36Emmanuel Macron, il faut nommer un Premier ministre d'équilibre
49:40qui ne soit pas issu du Bloc central.
49:42Ça demande, mais ce qu'il faut remarquer,
49:44c'est qu'au sein du NFP, les demandes sont très divergentes
49:47et que vous n'avez pas été aidé par vos amis.
49:50On a un écologiste et un socialiste,
49:52mais il n'y a pas d'intérêt.
49:53Tout le NFP demande un Premier ministre du NFP.
49:56Non, mais une grande partie du NFP n'a pas changé.
49:59Enfin, 71 insoumis, en l'occurrence,
50:01n'ont pas changé et demandent que ce soit le programme du NFP,
50:04rien que le programme du NFP, qui est dans une rupture.
50:07Je ne vais pas regarder dans le rétroviseur.
50:10La question, c'est pas de voir ce que vous avez fait auparavant,
50:13comment s'est comporté cet été.
50:15C'est ce que les Français nous demandent aujourd'hui,
50:18à tous, qui que nous soyons.
50:20Il faut qu'on s'en sorte sans les extrêmes.
50:22C'est clair.
50:23Mais pour moi, aujourd'hui,
50:25que ce soit une personnalité de gauche ou de droite ou du centre,
50:28c'est pas ça qui est le pivot.
50:30La question, c'est pour faire quoi,
50:32sur quelle temporalité, avec quel mandat,
50:34et à quoi nous nous engageons en tant que parlementaires.
50:37Il y a des agriculteurs qui attendent.
50:39Il y a beaucoup de Français qui attendent.
50:42Un coup, on est d'extrême gauche, un coup, on n'est pas.
50:45Il faut arrêter avec ces histoires.
50:47On a fait le barrage républicain contre le RN.
50:50L'extrême-avité, il est là, et nous l'avons fait ensemble.
50:53C'est ça, la base politique.
50:55On a bien entendu vos positions.
50:57Moi, je voudrais votre analyse.
50:59Est-ce que vous avez l'impression, Marc Lazare,
51:01qu'on assiste à la rupture
51:03entre les insoumis et les socialistes ?
51:05Définitive ?
51:06Vous répondrez après,
51:08mais ce qui se joue, là, pour vous,
51:10c'est l'explosion du nouveau Front populaire,
51:13ou c'est encore plus compliqué ?
51:14C'est plus compliqué que ça. Pas du côté de LFI,
51:17car je pense qu'il y a un projet très clair,
51:19en tout cas, le groupe autour de Mélenchon,
51:22qui est le groupe dominant de la France insoumise,
51:25à part des voix discordantes.
51:26En général, on est obligés de sortir.
51:29Donc, l'idée, c'est la démission d'Emmanuel Macron.
51:31C'est l'obsession, et ça correspond,
51:34chez Jean-Luc Mélenchon,
51:35à ce qu'il a théorisé à partir de 2013,
51:37après avoir rencontré le philosophe Ernesto Laclau
51:40et Chantal Mouffe,
51:41la stratégie de la confrontation.
51:43Il est toujours sur cette ligne.
51:45Le gros problème, c'est pour vos deux groupes,
51:48c'est-à-dire Les Verts et Parti Socialiste.
51:50J'ai l'impression, en tout cas, de mon observation,
51:53c'est qu'à la fois, effectivement,
51:55vous commencez à faire des pas, vous l'avez dit,
51:58il y a une situation très grave.
52:00Par ailleurs, il y a encore une fois
52:02cette perspective de Dune 27,
52:03qui est un peu un wait-and-see,
52:05parce qu'on n'est pas prêts, et en même temps,
52:08vous dites, et je comprends,
52:09surtout, on ne doit pas apparaître comme ceux qui rompent l'unité.
52:13Il y aura l'accusation classique, historique,
52:16dans la gauche, monsieur Delaporte connaît bien son histoire,
52:19il y aura l'accusation de la traîtrise.
52:21Vous êtes des traîtres.
52:23Les sociotraîtres, encore une fois,
52:25les Verts-traîtres, une nouvelle appellation
52:28inventée par la France insoumise.
52:30Je parle du côté de la France insoumise.
52:32Il faut prendre des responsabilités,
52:34mais en même temps, c'est au nom de l'unité,
52:36parce que si on apparaît comme les diviseurs,
52:39on va le payer très cher, y compris dans les circonscriptions.
52:42Je vais vous donner la parole,
52:44parce que c'est passionnant,
52:46un intellectuel qui discute avec des élus,
52:49mais d'abord, et il attend,
52:50on va rejoindre Erwann Balanon au micro de Clément Méric,
52:54c'est le député modem qui, j'imagine,
52:56attend la nomination de François Bayrou, l'espère-t-il ?
52:59Oui, effectivement, Myriam.
53:00Erwann Balanon, Emmanuel Macron avait promis
53:03d'annoncer dans les 48 heures le nom du Premier ministre,
53:06c'était avant-hier.
53:07François Bayrou faisait figure de favori,
53:09le délai est expiré.
53:11Il y a quelque chose qui coince sur le nom de François Bayrou ?
53:14Non, ça veut dire qu'il n'a pas fait son choix encore,
53:17et que le Président a toujours mis du temps
53:19à nommer les Premiers ministres et à finaliser les gouvernements,
53:23et parfois, c'est compréhensible, parce que c'est compliqué.
53:26Ce sont des décisions pas simples à prendre,
53:29donc je pense que l'analyse, c'est qu'il n'a pas encore choisi.
53:32Quand vous entendez Marine Tondelier,
53:34pour les écologistes, estimer que Bayrou fait partie du passé,
53:38quand on sait que pour la droite, il est encore le traître
53:41qui a voté pour François Hollande en 2012,
53:43c'est pas si simple que ça non plus.
53:45Oui, j'inviterais Mme Tondelier à éviter les anathèmes,
53:49à un moment donné où il faut sans doute rassembler les Français
53:52et rassembler les personnalités
53:54qui appartiennent à l'arc démocratique,
53:57républicain et modéré.
53:58Moi, je suis frappé d'entendre beaucoup
54:01soit des oukazes, soit des anathèmes,
54:03soit des invectives,
54:04alors qu'au contraire, on a besoin de rassembler.
54:07Vous savez, moi, par exemple, je dis qu'il y a deux personnalités
54:10qui peuvent faire le job.
54:11Je dis François Bayrou et je dis Bernard Cazeneuve.
54:14Et je suis issu du Modem et je suis un proche de François Bayrou.
54:17Mais pourquoi volontairement je dis aussi Bernard Cazeneuve ?
54:20Parce que je pense que chacun d'entre nous,
54:21on doit être en capacité d'aller faire un pas vers l'autre.
54:24En ce moment, j'entends que parler de lignes rouges,
54:27mais ce qu'il faut avoir, ce sont des lignes de fond.
54:29Il faut qu'on soit sur nos lignes de fond, les uns et les autres.
54:32On a beaucoup plus de choses qui nous unissent
54:35que de choses qui nous séparent.
54:36Merci beaucoup, Erwenn Balanon.
54:38Merci à vous, Clément Méric.
54:40Et pour que le tour d'horizon politique soit complet,
54:43nous sommes depuis le Nord avec Mickaël Taverne,
54:47député du Rassemblement national.
54:48Comment, en attendant la nomination du futur Premier ministre,
54:53vous réagissez ?
54:54On voit bien que cet accord de non-censure
54:57commence à se concrétiser.
55:00Ce qui est problématique,
55:02c'est qu'on essaie de détricoter la Constitution.
55:05Ca, ça nous pose problème,
55:07puisque la censure est un droit constitutionnel,
55:11tout comme le 49-3,
55:12même si nous sommes, en ce qui concerne le RN,
55:15contre le 49-3 qui a été utilisé
55:18pour faire passer le budget.
55:22Mais en tout cas, ce qui est important,
55:24c'est d'apporter des solutions aux problèmes des Français.
55:29Cet après-midi, j'étais avec les agriculteurs de mon territoire.
55:33Nous leur avons expliqué
55:35pourquoi le budget avait été, en tout cas, rejeté.
55:40Mais ils attendent des solutions.
55:42Ils attendent des solutions sur la retraite agricole,
55:46sur les transmissions et les installations
55:48des jeunes agriculteurs.
55:50Et quand je reçois, en tout cas,
55:52les habitants de ma circonscription,
55:54dans ma permanence, mais ils sont...
55:56Monsieur Taverne, très rapidement,
55:58parce que le temps nous est compté,
56:00est-ce que le parti que vous représentez,
56:03le RN, serait prêt à ne pas censurer le budget,
56:05puisqu'il y a des mesures d'urgence à faire voter
56:08pour les agriculteurs, notamment pour les futurs propriétaires,
56:12pour la Nouvelle-Calédonie, oui ou non ?
56:14Non, mais attendez.
56:16Nous sommes opposés au budget parce qu'il n'était pas bon,
56:19mais nous allons voter la loi spéciale,
56:21où l'impôt sera prélevé, les services publics seront financés.
56:25Et ensuite, nous demandons, bien évidemment,
56:27qu'un Premier ministre soit nommé très rapidement
56:30pour pouvoir, justement, débattre sur un nouveau budget.
56:33Et nous avons été parfaitement clairs.
56:36Notre but, c'est de défendre le pouvoir d'achat,
56:38c'est de rendre les entreprises compétitives,
56:41c'est de lutter pour, notamment,
56:43la désindexation des pensions de retraite.
56:45Il faut apporter des solutions aux Français.
56:48Merci à vous. Ce débat s'achève.
56:50Je vous avais promis de vous donner le mot de la fin,
56:53avec ce dialogue amorcé.
56:54On le continuera, sans doute, en dehors de ce studio,
56:57pour divorcer. Il faut le vouloir.
56:59Vous y êtes prêts ?
57:00Aujourd'hui, la question, c'est de reparlementariser le régime.
57:04Soit on a une stratégie qui est de dire
57:06que la présidentielle est notre seul objectif,
57:09c'est ce que choisissent les Insoumis,
57:11c'est la stratégie culturelle des socialistes.
57:13On a toujours été défenseur d'une certaine idée du Parlement,
57:17de notre capacité à discuter les uns les autres,
57:19les uns au gouvernement, les autres dans l'opposition,
57:22mais en capacité de nouer des compromis.
57:25C'est ce que nous proposons aujourd'hui,
57:27pour réinventer la manière dont on fait fonctionner
57:30la Ve République.
57:31On est là, sur LCP, pour suivre votre capacité,
57:34mesdames, messieurs les députés, à trouver des compromis.
57:37Le nom du Premier ministre, demain matin.