GRAND DÉBAT / François Bayrou devient Premier ministre : « Enfin, les ennuis commencent ! »
« Le récap » par Bruno Donnet
Au terme de 9 jours d'intenses tractations présidentielles, François Bayrou a été nommé Premier ministre le 13 décembre 2024. Ce poste, convoité depuis des décennies, est un aboutissement pour le maire de Pau âgé de 73 ans. Fils d'agriculteur, François Bayrou est devenu conseiller politique dès 1979. En 1986, il décroche son premier mandat : député des Pyrénées-Atlantiques. Il deviendra ensuite Président du conseil général, ministre de l'Éducation nationale et député européen. Toujours identifié comme centriste, François Bayrou s'est présenté 3 fois à l'élection présidentielle (en 2002, 2007 et 2012), sans jamais parvenir à se qualifier pour le second tour. En 2017, il prend la décision de soutenir Emmanuel Macron et devient l'un des acteurs clés de sa victoire. Le nouveau Président le nomme ensuite ministre de la Justice mais il devra renoncer au poste un mois plus tard à cause de l'affaire des assistants parlementaires du Modem. Relaxé en février 2024, François Bayrou a tout mis en oeuvre pour être nommé à Matignon. Aura-t-il pour autant les mains libres ?
Plateau 1
- Michaël Darmon, éditorialiste politique à i24news,
- Elsa Freyssenet, grand reporter au journal « Les Echos »,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- Antoine Oberdorff, journaliste politique à « L'Opinion ».
Plateau 2 :
- Stéphane Zumsteeg, directeur du département Opinion chez Ipsos,
- Martin Garagnon, porte-parole de « Renaissance »,
- Dieynaba Diop, députée socialiste des Yvelines, porte-parole du PS,
- En Skype : Jean-Paul Mattei, député « Les Démocrates » des Pyrénées-Atlantiques.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
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- Elsa Freyssenet, grand reporter au journal « Les Echos »,
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- Martin Garagnon, porte-parole de « Renaissance »,
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NewsTranscription
00:00Générique
00:06Bonsoir et bienvenue dans ça vous regarde la France à un nouveau Premier Ministre.
00:12François Bayrou a été nommé à Matignon au terme d'une matinée complètement folle.
00:18On va y revenir, le chef de l'Etat qui s'est résigné à la dernière minute
00:22à le nommer après un bras de fer tendu avec le patron du Modem.
00:26Les coulisses de cette nomination qui en dise long sur la difficulté du choix présidentiel.
00:31François Bayrou qui doit maintenant sortir le pays de l'instabilité politique.
00:36Quelle sera sa méthode pour gouverner sans être censuré ?
00:39Jusqu'où les forces politiques à l'Assemblée nationale sont-elles prêtes à l'aider ?
00:44Émission spéciale ça vous regarde qui commence tout de suite.
00:48Générique
00:59Il en rêvait depuis des années c'est donc chose faite à 73 ans.
01:04François Bayrou devient Premier ministre, il succède à Michel Barnier.
01:08C'est le quatrième locataire de Matignon depuis le début de l'année.
01:11Alors comment s'est-il imposé et surtout aura-t-il les moyens de gouverner dans cette Assemblée si fracturée ?
01:17Bonsoir Mathieu Souquier.
01:19Vous êtes mon grand témoin ce soir.
01:21Merci d'être là.
01:22Essayiste, vous venez de coordonner un ouvrage collectif aux éditions de l'Aube avec la fondation Jean Jaurès.
01:26La France à 20 heures ou l'art d'être ensemble.
01:30Bonsoir Elsa Fresney.
01:32Ravie de vous accueillir.
01:33Vous êtes grand reporter aux Echos.
01:35Vous avez rencontré François Bayrou il y a quelques jours avant sa nomination.
01:39Pour votre journal, Premier ministre, c'est le rôle de sa vie.
01:42C'est ce que vous écrivez, vous nous direz pourquoi.
01:45Bonsoir Michael Darmon.
01:47Bienvenue.
01:48Éditorialiste politique à I24 News avec beaucoup d'infos coulisses ce soir.
01:52Tout comme Elsa Mondingava.
01:54Bonsoir.
01:55Ma consœur Del Cepé aux manettes des questions au gouvernement tous les mardis.
01:59Et bonsoir Antoine Auberdorf.
02:01Beaucoup d'infos coulisses également à gauche ce soir.
02:04L'espace politique que vous suivez pour votre journal.
02:09L'opinion.
02:10Voilà pour les présentations.
02:11Avant de vous entendre, le récap, les images de la passation de pouvoir.
02:14Bruno Donnet tout de suite.
02:24On se retourne si vous voulez bien.
02:26Mathieu Souquier et bonsoir Bruno Donnet.
02:29Bonsoir Myriam.
02:30Dans votre récap ce soir, cette folle journée au sommet de l'Etat.
02:34Oui, une folle journée aussi bien sur la forme que sur le fond.
02:38Alors sur la forme d'abord, d'accord.
02:40La tant attendue passation de pouvoir entre les jeunes réformateurs Michel Barnier et François Bayrou a finalement bien eu lieu en fin d'après-midi.
02:49Mesdames et messieurs, notre pays est dans une situation inédite et grave.
02:55Devant une situation d'une telle gravité, ma ligne de conduite sera de ne rien cacher, de ne rien négliger et de ne rien laisser de côté.
03:08Seulement voilà, avant d'en arriver là, nos camarades journalistes politiques ont eu une dure, très dure journée.
03:15Contraints de patienter pendant des heures et de commenter parfois pas grand chose.
03:20C'est vrai que c'est un petit peu ridicule.
03:22On en est à analyser les moindres détails de cette mise en scène à Matignon, la taille des micros.
03:31La faute à l'opacité totale orchestrée par l'Elysée qui a conduit nos confrères du monde à écrire.
03:38A 12h23 que François Bayrou ne serait pas nommé Premier ministre avant de publier rigoureusement le contraire 22 minutes plus tard.
03:47Pourquoi ? On ne sait pas.
03:49Mais il se murmure qu'une engueulade monumentale aurait eu lieu entre Emmanuel Macron et le bouillant Bernay.
03:57Je suis gémeau ascendant balance, ce qui fait comme une complexité.
04:02Fantriste quoi.
04:04Non, non, non, je suis central.
04:06Alors, sur le fond maintenant, le choix de François Bayrou, choix politique, vous diriez, pour ce nouveau Premier ministre ?
04:14Je dirais surtout Myriam que c'est le choix du plus petit dénominateur commun.
04:18Car sa représentativité politique est assez mince.
04:21En son parti, le modem n'a que 36 députés, ça fait 11 de moins que les Républicains dont était membre Michel Barnier.
04:28C'est donc une minuscule famille politique qui ne sera soutenue ni par le Rassemblement National, ni par la France Assoumise et manifestement pas non plus par les socialistes.
04:38En nommant à Matignon l'un de ses proches, une personnalité issue du Bloc central, Emmanuel Macron,
04:46prend le risque d'aggraver la crise politique et institutionnelle qui a été ouverte avec la dissolution.
04:54Bref, pas sûr que cette nomination produise l'ouverture qu'Emmanuel Macron appelle de ses voeux.
05:00Et enfin, écoutez bien les tout premiers mots qu'a prononcés François Bayrou cet après-midi, car ils en disent assez long sur ses ambitions.
05:09« Je ne suis pas le premier à faire un long chemin. Le soir où François Mitterrand a été élu président de la République le 10 mai 80,
05:16son premier mot, quand on lui a apporté les résultats, a été « enfin, les ennuis commencent ». »
05:24Voilà, François Bayrou se voit un destin mitterrandien, autant vous dire élisé.
05:30Alors Michel Barnier, qui n'avait pourtant aucune ambition de ce genre, a été censuré dès la première occasion.
05:37Bayrou estime que les ennuis commencent, on a plutôt un peu peur qu'ils continuent.
05:41Merci, merci beaucoup Bruno Donnet. On va revenir sur le parcours, on va revenir sur le sens politique de ce choix,
05:48mais d'abord les coulisses, parce qu'on a quand même passé une matinée assez extraordinaire.
05:53Racontez-nous, Michael Darmon, est-ce que c'est le coup de sang de François Bayrou qui lui permet de s'imposer Premier ministre à Matignon ?
06:00Ah oui, incontestablement, on a eu une leçon de politique aujourd'hui grandeur nature,
06:06et qui prouve avec François Bayrou, en fait, c'est ce que l'on constate,
06:10que ce qu'on appelle le vieux monde a encore de l'avenir, parce qu'effectivement,
06:14il rentrait dans le bureau ce matin, il n'était pas Premier ministre, c'était ce que lui annonçait le président de la République à 8h30,
06:21il savait depuis la veille qu'il avait rendez-vous avec le président, il en avait parlé à un proche au téléphone,
06:26qu'il lui disait, ça y est, il va te nommer, il était resté un peu dubitatif en disant, on va voir.
06:30Quand il rentre dans le bureau, il sait aussi qu'il y a d'autres options, il connaît, il a tout écouté, il connaît tout,
06:35donc il sait très bien que le président de la République est un peu hésitant.
06:38Et effectivement, Emmanuel Macron, lui, fait comprendre qu'il ne pourra pas le nommer,
06:42et là commence effectivement un très très gros rapport de force au cours duquel...
06:48Qu'est-ce qui lui fait changer d'avis ? Il y a une forme de menace, de chantage ?
06:52La rupture. D'abord, il dit que c'est une trahison, et ensuite, c'est ou moins ou la rupture.
06:58La rupture, c'est-à-dire ?
06:59La rupture totale, c'est-à-dire sortir de la majorité, devenir un ennemi, un adversaire politique résolu,
07:04dénoncer son bilan, expliquer tous les travers, et être vraiment, cette fois-ci,
07:10quelqu'un qui allait totalement le pilonner dans sa fin de...
07:14Il est coutumier de la chose, François Bayrou, ça se passe normalement aux législatives,
07:19il fait toujours monter les enchères...
07:21D'abord, et puis surtout, il a toujours été celui qui a eu, on va dire, une forme de courage
07:25depuis le début de la présidence Macron, il a toujours dit ce qu'il pensait,
07:28on aurait même le dire dans les médias, on s'en souvient, à l'époque des Gilets jaunes,
07:31il avait dit qu'on ne pouvait pas gouverner contre le peuple, à l'époque des retraites,
07:35il avait dit qu'il ne fallait pas balayer ce qui se passait dans la rue,
07:38ce qui se passait, c'est légitime, donc il exerce ce rapport de force,
07:42c'est vraiment le rapport de force de sa vie, et quand il quitte le palais de l'Elysée,
07:48il n'est pas nommé, il repart au bureau du plan, dans son bureau au commissariat au plan,
07:52là il continue vraiment à pilonner, et à la fin de matinée, un peu avant 13h,
07:59Emmanuel Macron change d'avis, et décide effectivement de le nommer.
08:05Donc c'est l'histoire d'un bras de fer absolument inédit,
08:08où c'est le premier ministre qui fait plier le président,
08:10Elsa Monagava, vous aussi, vous avez enquêté toute la journée,
08:14jusqu'à à peu près 11h30, on ne va pas s'attarder,
08:16mais quand même, ça en dit long, sur le démarrage, dans le rapport de force de ce couple exécutif,
08:21tous les proches du modem pensaient que c'était fini pour Bayrou ?
08:24Ils pensent que c'est fini pour Bayrou, et puis autour de 12h15,
08:27on commence à nous dire, mais un peu stupéfait, c'est bizarre,
08:30on entend que Bayrou, finalement, revient, retient la corde,
08:34et c'est vrai qu'on peut s'interroger, ce que Mickaël Darmant a dit est très vrai,
08:38on le sait, la réaction de François Bayrou, si vous voulez, c'est la réaction logique de François Bayrou,
08:44donc ce qu'on n'arrive toujours pas à expliquer, en tout cas, moi, ce que je ne m'explique pas,
08:48c'est qu'Emmanuel Macron n'a pas découvert qu'en disant à François Bayrou,
08:51c'est pas toi, c'est un autre, François Bayrou allait dire,
08:54je comprends, évidemment, et quitter la pièce,
08:56c'est évident qu'il allait dire, tu ne peux pas compter sur le modem,
09:00et évidemment, ça allait être vécu comme une humiliation pour lui,
09:03moi, ce que je ne m'explique pas, c'est pourquoi Emmanuel Macron,
09:06on a le sentiment, là, dans ce qu'on raconte, le découvre,
09:09et il se risque de lui laisser croire qu'il pouvait être le favori,
09:12je ne vais pas le faire et je nomme François Bayrou à Matignon.
09:15Qu'est-ce que ça dit d'Emmanuel Macron ?
09:17Alors, je pense qu'Emmanuel Macron a cru qu'il abominerait François Bayrou
09:22parce qu'il l'a fait jusqu'à présent à chaque nomination à Matignon,
09:26c'est-à-dire, il ne faut pas oublier qu'en 2017,
09:28quand François Bayrou rejoint la campagne de Macron,
09:32il est certain qu'il va être nommé Premier ministre,
09:34et là, il voit émerger un Édouard Philippe,
09:36donc, bien sûr, François Bayrou ne répugne pas au rapport de force,
09:42mais jusqu'à présent, il ne l'avait jamais fait avec le président lui-même.
09:46Il l'avait fait avec les Premiers ministres, ses prédécesseurs,
09:50il l'avait même fait avec Alexis Colère,
09:52mais avec le président, il finissait toujours par se résoudre, etc.
09:56Et ce que ça dit sur Macron,
09:59ce que nous, analystes de la politique, on sait,
10:03c'est que, vraiment, le président aura vraiment tout fait
10:06pour ne pas avoir à nommer François Bayrou.
10:09C'est-à-dire, son allié depuis toujours, qu'il a ménagé,
10:13mais le président a toujours voulu, à Matignon,
10:16avoir un collaborateur,
10:18quelqu'un qui n'a pas d'existence politique propre
10:21et qui lui doit tout.
10:23Et c'est là où François Bayrou, c'est un allié, pas un affidé.
10:27Et on le voit déjà à son caractère,
10:30c'est pas une promenade de santé qui s'annonce pour le président.
10:33Et est-ce que ça affaiblit l'entrée de jeu d'Emmanuel Macron,
10:36lui qui espérait reprendre un peu de hauteur ?
10:38On a l'impression d'entrer en cohabitation dure.
10:40Absolument, et ça l'affaiblit incontestablement,
10:42parce que dès lors que l'on sait que la nomination de Michel Barnier
10:45est le fruit d'un chantage, le signal est envoyé et reçu
10:49par toutes les oppositions.
10:51Toutes les oppositions, et notamment ceux qui se font,
10:54ces temps-ci, les chantres de la démission d'Emmanuel Macron,
10:57ont beau jeu de dire, voyez si Emmanuel Macron a obtempéré
11:00devant les menaces de François Bayrou,
11:02qui peut quand même menacer, rappelons-le,
11:04non seulement pour le modem de quitter les rangs de la majorité,
11:07pour la trentaine de députés modem,
11:08mais aussi d'appeler ouvertement à une présidentielle anticipée,
11:11à se rallier au camp des émetteurs qui poussent Emmanuel Macron vers la sortie.
11:16Donc si le président de la République a obtempéré, effectivement,
11:19à ces intimidations, c'est bien qu'il est dans une position compliquée
11:22et que par conséquent, le fait de nommer quelqu'un
11:25comme Sébastien Lecornu, dont il a été beaucoup question,
11:28notamment quand il était en déplacement en Riyad,
11:30le ministre des Armées, avec le président de la République,
11:33eh bien nommer, notamment, il y a cette phrase qui est rapportée
11:36dans l'express de Sébastien Lecornu qui dit
11:38tu as besoin d'un fusible, or moi je conduis le courant,
11:41je suis conducteur de courant, parce que associer à ta personne,
11:44frapper du sceau du macronisme, au fond,
11:46qu'est-ce que va essayer de faire François Bayrou ?
11:48C'est de nous donner un petit peu plus que du parfum de cohabitation,
11:51de se démacroniser, même s'il est un des piliers historiques
11:54d'une manière dépendante, c'est l'allié le plus différent,
11:57pour se démacroniser.
11:58Mathieu Soucaire, on va voir un portrait dans un instant de François Bayrou
12:01qui a du caractère, je crois que tous les Français l'ont compris,
12:04au moins aujourd'hui.
12:05C'est inédit, ce rapport de force-là, le jour d'une nomination,
12:09mais hors cohabitation, non ?
12:11Les rapports de force entre un président de la République
12:13et un Premier ministre, ça peut parfois être un peu rugueux,
12:15on sait que François Mitterrand et Michel Rocard,
12:17pour ne prendre qu'un seul exemple, n'avaient pas des relations ultra-fluides.
12:20Non, là, la séquence est assez dure,
12:22j'irais, elle est dure pour les deux hommes.
12:24On avait compris que François Bayrou, personne n'en voulait,
12:26en tout cas que LR n'en voulait pas trop,
12:28et que la gauche n'en voulait pas non plus.
12:30On a découvert ce matin, en fait,
12:32que le président de la République lui-même n'en voulait pas.
12:34Et donc François Bayrou, c'est quand même l'homme
12:36qui veut être Premier ministre depuis très longtemps,
12:37mais dont personne ne veut.
12:38Donc c'est perdant-perdant, au final.
12:40On le sait alors, à ceci près qu'évidemment,
12:41François Bayrou perd moins quand même qu'Emmanuel Macron.
12:44Alors on sait qu'Emmanuel Macron a toujours tergiversé
12:46dans le choix de ses Premiers ministres,
12:48et on sait que non seulement il a toujours tergiversé,
12:50mais qu'il a parfois cédé à des pressions diverses et variées.
12:52Catherine Vautrin aurait déjà dû être Première ministre,
12:54mais qu'elle ne l'a pas été.
12:55Donc à chaque fois, quand même,
12:57Emmanuel Macron a subi des pressions,
12:59et souvent il y a cédé.
13:00Là, on est au-delà des pressions.
13:02Et surtout, on avait compris qu'il s'imaginait
13:04avoir repris le pouvoir avec le départ de Michel Barnier
13:07et la nomination potentielle de Le Corneux ou quelque autre,
13:09et en l'ité, on découvre qu'il n'a plus du tout le pouvoir.
13:12Alors tout arrive à qui s'est attendre,
13:14c'est un peu le dicton du jour.
13:16Maï Bayrou, l'allié ambitieux,
13:19c'est un portrait de Marco Pommier.
13:22Il a toujours revendiqué sa liberté de ton.
13:25Chaque fois qu'il y aura quelque chose à dire,
13:27je le dirai.
13:28Au risque de surprendre,
13:30dans une longue carrière politique en Dansey.
13:33François Bayrou, atouffé ou presque,
13:35élu local, député, ministre de l'Éducation,
13:38sous trois gouvernements de droite,
13:40lui, le professeur agrégé de lettres.
13:43Persuadé de son destin présidentiel,
13:45il se lance en 2002 pour incarner
13:47une troisième voie entre Chirac et Jospin.
13:50Une campagne marquée par une chiffre.
13:57Trois fois candidat à l'élection suprême,
13:59surprise de 2007,
14:01le troisième homme obtient 18% des suffrages.
14:04Cinq ans plus tard, le patron du Modem
14:07termine cinquième et divise son propre camp
14:10avec une consigne de vote.
14:11Reste le vote pour François Hollande,
14:14c'est le choix que je fais.
14:15Pour la première fois, un candidat du centre
14:18se prononce pour le candidat de gauche.
14:20Une trahison pour la droite.
14:22S'en suit pour le Béarné,
14:24une longue traversée du désert.
14:26Eh bien mon pote, je te dis,
14:28jamais tu seras président de la République
14:30parce que t'es trop minable.
14:32Daniel Cohn-Bendit ne croyait pas si bien dire.
14:35En 2017, le maire de Pau surprend à nouveau.
14:38Il renonce à son ambition éliséenne
14:40pour miser sur le bon cheval, Emmanuel Macron.
14:43Peut-être même que pour moi,
14:48c'est un sacrifice.
14:50Un sacrifice payant,
14:51François Bayrou débarque Place Vendôme
14:53et fait maire garde des Sceaux pendant 35 petits jours
14:57avant de démissionner,
14:58rattrapé par l'affaire des assistants parlementaires
15:01des eurodéputés du Modem.
15:03Relaxé depuis,
15:04il a toujours gardé la confiance du président.
15:07Nommé haut-commissaire au plan en 2020,
15:10chuté pour mieux remonter
15:12ce soir à 73 ans, François Bayrou est Premier ministre.
15:17Elsa Fresney, Premier ministre,
15:19un centriste qui a une trajectoire particulière,
15:22qui a pris des risques, c'est vrai.
15:24Il est où, politiquement, François Bayrou ?
15:26François Mitterrand dit du centre,
15:28le centre variété molle de la droite.
15:30Il est à droite, centre-droite ?
15:32Il est à gauche ? Où est-ce qu'il est ?
15:34François Bayrou est tout sauf un centriste mou.
15:37Ensuite, il a consacré sa vie
15:39à détacher le centre de la droite.
15:41Il ne faut pas oublier.
15:43Trois étapes.
15:44En 2002, il refuse de rejoindre l'IMP.
15:46Au Congrès fondateur, il dit
15:48qu'on ne pense plus rien.
15:50En 2007, deuxième tour de la présidentielle,
15:53il refuse de choisir entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
15:57Et en 2012, il choisit François Hollande.
16:00Donc, effectivement...
16:01Ca n'en fait pas un homme de gauche, pour autant.
16:04Non, ça n'en fait pas un homme de gauche.
16:07On peut dire que c'est un démocrate chrétien typique.
16:10Sur les sujets de société,
16:12il est conservateur, prudentissime.
16:15Voilà.
16:16Sur le social, il a une fibre humaniste.
16:19De ce point de vue, on peut considérer
16:21qu'il a une plus grosse fibre sociale qu'Emmanuel Macron
16:25et qu'il est moins libéral et pro-business que lui.
16:28Il faut faire payer les plus riches.
16:30Il faut de l'égalité.
16:32Il faut que les plus riches donnent l'exemple.
16:35C'est son truc.
16:37Michaël Darmon, comment les autres forces le regardent ?
16:41Il est détesté par la droite, haï par les sarkozistes.
16:44Laurent Wauquiez ne peut pas le supporter.
16:46Il y a effectivement ce souvenir de la trahison,
16:49disent-ils, de 2007,
16:51lorsqu'il est entre les deux tours.
16:53Il y a une tentative qui a failli réussir,
16:57de rapprochement entre Ségolène Royal et François Bayrou,
17:01qui échoue parce qu'au sein du PS,
17:03il y a des durs qui disent qu'il n'en est pas question.
17:06François Bayrou dit non à la fin.
17:08En tout cas, il avait quand même entendu
17:11et il s'était un peu laissé approcher.
17:14Et puis, il y a eu, évidemment,
17:16toute la tradition de difficultés, de tensions
17:20qui existaient entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou
17:23depuis toute cette vie politique, ce long chemin.
17:26Pour terminer un peu sur la matrice politique,
17:30la philosophie politique de François Bayrou,
17:33on a évoqué les propos sur François Mitterrand
17:35quand il arrive à la porte de la voiture,
17:37mais cinq mètres avant,
17:39sur le seuil du commissariat au plan,
17:41il fait une référence à Henri IV.
17:43Parce qu'on est le 13 décembre.
17:45C'est l'anniversaire du roi.
17:47Il a choisi aussi d'associer l'idée de la réconciliation
17:50à ce personnage qu'il adore,
17:53sur lequel il a beaucoup écrit,
17:55sur lequel il s'identifie, évidemment,
17:57et en disant qu'il faut se souvenir
17:59de ce personnage.
18:00C'était un roi social,
18:02c'était celui qui avait dit qu'il fallait
18:04que tout le monde puisse manger à sa faim,
18:06donc on verra qui sera son suli,
18:08et on verra si un ravaillac symbolique existe un jour.
18:10Mais de ce point de vue-là, c'est intéressant
18:12parce qu'il s'est placé dans une temporalité immédiate
18:15dans un roman national entre Henri IV et François Mitterrand
18:18en l'espace de dix mètres.
18:19Très rapidement, pour essayer de voir ce qui l'attend
18:21et comment il va essayer de gouverner
18:23dans cette assemblée si morcelée,
18:25le PS aujourd'hui, qu'est-ce qu'il en pense ?
18:27C'est ce que je regarde, le personnage Bayrou,
18:29et on parlera du RN juste après.
18:31Je pense que l'esprit de l'édite nante
18:33va être très utile à François Bayrou
18:35parce que les retours que j'ai à gauche aujourd'hui...
18:37Alors, côté insoumis,
18:39autant vous dire que l'hostilité est affichée,
18:41par exemple, pour ne vous citer qu'un député insoumis,
18:43une blague que me faisait un député insoumis,
18:45mais qui traduit fondamentalement ce qu'on pense
18:47des insoumis de François Bayrou, il me disait
18:49que c'est le retour de la doctrine sociale de l'Eglise,
18:51mais sans le social.
18:52C'est à peu près ça qu'il pense de François Bayrou.
18:54Et pour ce qui est des socialistes,
18:56ils s'aperçoivent qu'ils sont d'une position de centralité,
18:58de centralité ou du moins de pivot,
19:00parce que si Emmanuel Macron veut se tirer des griffes
19:02de Marine Le Pen, et qu'il a tiré les leçons
19:04quand même du naufrage de Michel Barnier,
19:06il va bien falloir compter sur ses 66 députés socialistes.
19:09Or, ces 66 députés socialistes,
19:11ils vont demander à être payés.
19:13Ils ont mis sur la table une idée,
19:14celle d'un accord de non-censure,
19:15avec un renoncement éventuel au 49-3.
19:17Ce serait long de détailler, mais c'est assez technique.
19:19On va y venir dans le détail, d'ailleurs,
19:20au prix de la non-censure avec Bayrou à Matignon.
19:22Pour terminer le tour de table,
19:24l'ERN a en partage l'affaire, en tout cas similaire,
19:28même si ce n'est pas les mêmes montants,
19:30et si Marine Le Pen, elle, était députée européenne,
19:32Bayrou ne l'était pas,
19:34des assistants parlementaires à Bruxelles.
19:38Est-ce que ça en fait quelqu'un
19:40qu'elle regarde avec bienveillance ?
19:42Avec, en tout cas, on a le sentiment d'un respect.
19:45François Bayrou aussi était favorable
19:47à ce que Marine Le Pen ait ses signatures.
19:49Il n'y a pas eu de déclaration fracassante
19:51de François Bayrou contre l'ERN
19:52qui crispera les troupes de Marine Le Pen.
19:54Et c'est vrai qu'on voit bien sur la stratégie,
19:56l'hémicycle dit exactement ça.
19:58Michel Barnier était dans un groupe
19:59qui était entre l'ERN et, ensemble,
20:01pour la République, le socle commun.
20:03Le modem, en fait, il est entre les socialistes
20:05et le socle commun.
20:07Donc voilà, on a un décalage.
20:08On va essayer, évidemment, de regarder à gauche.
20:10Là, l'idée, c'était de ne pas avoir
20:12la bienveillance du Rassemblement national,
20:14mais en tout cas, de ne pas avoir
20:16une montée au créneau de cadres du ERN
20:18qui pourraient appeler à la censure.
20:21Alors, justement, on y vient aux réactions.
20:23Qu'est-ce qu'il attend, exactement,
20:25à l'Assemblée François Bayrou ?
20:27En tout cas, pas la censure immédiate,
20:29a priori, avant même le discours
20:31de politique générale.
20:32Tour d'horizon des réactions.
20:33Stéphanie Dépierre.
20:35Au PS, pas question de dérouler
20:37le tapis rouge à François Bayrou.
20:39Les socialistes ne participeront pas
20:41au gouvernement et posent les conditions
20:44d'une non-censure.
20:46Que le Premier ministre nous dise
20:47de quelle manière il entend sortir
20:48de la crise politique et institutionnelle
20:50grave dans laquelle nous sommes plongés.
20:52Qu'il nous dise de quelle manière
20:53il entend satisfaire aux urgences
20:55sociales, environnementales, économiques
20:57et démocratiques.
20:58Qu'il nous dise de quelle manière
20:59il entend ne pas demeurer dans la main
21:01du Rassemblement national.
21:02Et demandons à ce que le 49-Franc
21:04ne soit pas utilisé.
21:05Les communistes sont sur une ligne similaire.
21:08Les écologistes aussi.
21:09Sauf qu'ils réclament, en plus,
21:11le départ du ministre de l'Intérieur,
21:13Bruno Retailleau.
21:14Du côté des Républicains, justement,
21:16pas de blanc-seing.
21:17La droite attend de connaître
21:18le projet de François Bayrou
21:20pour décider s'il participe ou non
21:22au nouveau gouvernement.
21:24Le Rassemblement national,
21:25toujours en position d'arbitre,
21:27est sur la même position
21:29qu'au moment de la nomination
21:31de Michel Barnier.
21:32Il n'y aura pas de censure a priori.
21:34Mais Marine Le Pen met en garde
21:36le nouveau locataire de Matignon.
21:38Toute autre politique qui ne serait
21:40que le prolongement du macronisme
21:41ne pourrait mener qu'à l'impasse
21:43et à l'échec.
21:44Sans surprise, la France insoumise
21:46promet déjà de déposer et voter
21:48une motion de censure.
21:49C'est un gouvernement macroniste
21:51qui va poursuivre la politique
21:52de M. Macron.
21:53Et d'autant plus censure aussi
21:55pour respecter les droits
21:56de l'Assemblée nationale.
21:57Au moins, la motion de censure
21:58va permettre à l'Assemblée nationale
22:00de s'exprimer.
22:01Vu les premières réactions,
22:02François Bayrou devrait donc survivre
22:04à cette première tentative de censure.
22:06Donc s'il n'est pas renversé
22:08avant même d'avoir ouvert la bouche,
22:09comment va-t-il essayer de survivre
22:11dans la durée ?
22:12La méthode, Bayrou.
22:14Avec qui va-t-il gouverner ?
22:16Sur quoi va-t-il négocier ?
22:18Avec quelle force ?
22:19On va voir comment il va pouvoir
22:21composer son équipe gouvernementale
22:23parce que son premier défi est de prouver
22:25qu'il peut élargir le socle commun.
22:27Qui pourra venir éventuellement
22:30estampiller à gauche,
22:31voir des socialistes...
22:33Olivier Faure a dit
22:34qu'ils sont dans l'opposition.
22:36Pas de ministre socialiste.
22:37Sinon, exclusion.
22:38On va voir comment il va régler
22:40cette équation.
22:41Concernant la demande
22:43de ne pas utiliser le 49-3,
22:45il ne sera pas très compliqué à convaincre
22:47parce que, déjà, dès 2006,
22:49il avait pris position
22:51dans des tribunes, des articles,
22:53des prises de position officielles
22:54en disant, je suis contre le 49-3.
22:56C'est un outil de passage en force.
22:59Nous sommes les seuls en Europe à le faire
23:01et ce n'est pas une bonne méthode de gouvernance.
23:03Donc, de ce point de vue-là,
23:04il peut aller assez facilement là-dessus.
23:06Et puis, il trouvera aussi, peut-être,
23:08à part les partis,
23:10pour revenir sur la façon dont il a été nommé,
23:13au fond, un défenseur, un avocat un peu inattendu,
23:16qui est Alexis Collère.
23:17Il y a trois semaines, il est allé passer...
23:19Secrétaire général de l'Elysée.
23:21Il y a trois semaines, il est allé passer la journée à Pau.
23:23Il a passé toute la journée à Pau avec François Bayrou
23:26et quand il est revenu, quelques jours plus tard,
23:28il l'a invité à l'Elysée.
23:30Ils ont passé plus de deux heures ensemble enfermés.
23:32A ce moment-là, on était à peu près certains,
23:34tous, que la chute du gouvernement Barnier
23:36était inévitable.
23:38Donc, ils ont commencé à préparer à l'après Barnier
23:41et vraisemblablement, toute l'armature
23:43à laquelle on a assisté à l'Elysée
23:45avec la mise en place de la possibilité de non-censure,
23:48la possibilité de ne plus utiliser le 49-3,
23:50la possibilité de ne plus dissoudre,
23:52ce qui est important également,
23:54a commencé à s'élaborer,
23:56a été exprimée d'abord par le président de la République
23:58et maintenant, c'est François Bayrou
24:00qui va devoir la mettre en scène.
24:02Il y a un des ministres sortants, des missionnaires,
24:04qui est reçu en premier à Matignon
24:06et ça n'a échappé à personne,
24:08c'est à 21h, c'est Bruno Retailleau, Elsa Fresney,
24:11le ministre des Missionnaires de l'Intérieur.
24:14Est-ce qu'il veut le garder ?
24:16Vous avez eu les confidences de François Bayrou
24:18sur ce pack resserré
24:20de poids lourd qu'il veut nommer
24:22autour de lui au gouvernement.
24:24On a longuement discuté
24:26dimanche dernier,
24:28à ce moment-là,
24:30il était certain d'être nommé,
24:32on a longuement discuté
24:34de comment il allait faire.
24:36La première chose qu'il me dit,
24:38il faut savoir que François Bayrou est un optimiste viscéral,
24:40c'est de dire
24:42que je ne veux pas négocier de coalition avec les partis
24:44parce que les partis s'entendront jamais.
24:46Ce que je veux,
24:48c'est avoir des personnalités fortes
24:50qui représentent quelque chose
24:52à droite et à gauche.
24:54Les personnalités qui incarnent
24:56à travers leurs engagements
24:58les grandes sensibilités du pays,
25:00des gens assez lourds, il assume,
25:02qu'on ne puisse pas discuter
25:04leur légitimité, je ne crois pas
25:06qu'on puisse négocier un gouvernement
25:08avec des appareils partisans.
25:10Absolument, c'est ça.
25:12C'est quand même un peu bizarre,
25:14est-ce que le RN ou le PS
25:16fait ça ou fait ça ?
25:18Son calcul, effectivement,
25:20c'est de ne pas dépendre du RN
25:22et d'obtenir la non-censure du PS
25:24qui s'est développée là.
25:26Ensuite, ça fait quand même des semaines
25:28qu'il prépare ça,
25:30j'ai cru comprendre qu'il voulait garder
25:32Bruno Retailleau à l'intérieur.
25:34Il y a une bonne raison de garder
25:36Bruno Retailleau à l'intérieur,
25:38c'est que ça ennuie au plus haut point
25:40Laurent Wauquiez.
25:42Il faut savoir qu'il y a au moins
25:44un tiers de ses troupes, Modem,
25:46qui ont des états d'armes sur une loi immigration.
25:48Certains même ont voté contre,
25:50la plupart se sont abstenus.
25:52On continue quand même avec Retailleau.
25:54La question, c'est après,
25:56j'imagine que ça se décidera
25:58entre deux,
26:00c'est comment Retailleau continue
26:02à l'intérieur.
26:04Évidemment, c'est un chiffon rouge
26:06pour la gauche.
26:08Les appareils partisans à gauche ne vont pas participer
26:10au gouvernement.
26:12La plus grosse tâche va être, pour François Bayrou,
26:14d'essayer de trouver
26:16une personnalité de gauche de stature
26:18suffisante, il en reste pas énormément
26:20quand même,
26:22qui ne dépendent pas du parti.
26:24Ca pourrait nourrir des deux flotteurs.
26:26Un à droite, un à gauche.
26:28Il a discuté,
26:30il a discuté avec Bernard Cazeneuve,
26:32qui, semble-t-il,
26:34lui a dit que pour lui, c'était
26:36matignon ou rien.
26:38Il va falloir qu'il parte à la pêche.
26:40Antoine Auberdorf, vous,
26:42vous suivez le PS comme le lait sur le feu.
26:44Ils sont dans l'opposition.
26:46Oui, opposition au réseau lui-même.
26:48Ils ne seront pas ministres,
26:50ils ne vont pas forcément voter les textes,
26:52mais ils ne vont pas censurer.
26:54C'est ça l'idée ? Absolument.
26:56Quel est le prix de la non-censure ?
26:58Le prix va être élevé pour une raison simple.
27:00Le dilemme qui se pose au PS, c'est de ne pas apparaître
27:02comme les supplétifs du macronisme
27:04finissant, pour reprendre une expression d'Olivier Faure.
27:06Il ne faut pas que le parti
27:08socialiste, laissant passer un budget,
27:10parce que la mission
27:12numéro une de Bayrou,
27:14ça va être de faire passer le budget.
27:16Il ne faut pas que les socialistes,
27:18en laissant passer par une forme
27:20de neutralité malveillante
27:22à un budget qui enterrinerait des coûts budgétaires,
27:24apparaissent comme n'appartenant
27:26plus à l'opposition, et donc soit
27:28sous les accusations de traiteries des insoumis,
27:30mais aussi sous les accusations
27:32probablement en circonscription d'une partie de leurs électeurs
27:34de gauche, qui diront
27:36le compte n'y est pas.
27:38Donc, si vous voulez, quand on entre
27:40dans le casting gouvernemental,
27:42quand j'entends François Bayrou
27:44formuler le vœu d'avoir un gouvernement
27:46de poids lourd resserré, je me dis
27:48mais au fond, c'est pas ça l'enjeu.
27:50Là, il va falloir négocier
27:52un pacte.
27:54Il serait prêt, par exemple, à s'enfermer
27:56avec les principaux présidents
27:58de groupes parlementaires, pourquoi pas même
28:00à l'hôtel de l'Assez.
28:02Personne ne veut que ce soit ni à Matignon
28:04ni à l'Elysée, surtout pas.
28:06Il a cette culture-là,
28:08François Bayrou, pour décider d'un pacte
28:10de non-censure sur quelques réformes ?
28:12Je crois que ni François Bayrou
28:14ni nous, journalistes, n'allons échapper
28:16à ces dialogues de l'Assez, parce qu'on a
28:18mis le doigt dans le régime des partis.
28:20Qu'on le veuille ou non, on a mis le doigt
28:22dans le régime des partis, chacun faisant valoir
28:24ses lignes rouges et ayant le souci de ramener
28:26des victoires ou des trophées à la maison
28:28pour revendiquer pour demain
28:30une alternative. Donc, effectivement,
28:32on risque d'avoir droit
28:34pendant des jours, peut-être des semaines,
28:36on n'en sait rien, c'est inédit en France,
28:38à des négociations. Ok, Bruno Rotailleau
28:40reste, il veut une nouvelle loi immigration, pour nous
28:42c'est une ligne rouge. Sur la réforme
28:44des retraites, qu'est-ce que tu me donnes ?
28:46Mais ça nous fait dévier de la cible des 60 milliards d'euros d'économie.
28:48Enfin, vous voyez que très très vite,
28:50ça va être incompatible. C'est exactement
28:52ce qu'il ne veut pas faire, mais
28:54je ne dis pas qu'il y échappera.
28:56L'assurance-vie de François
28:58Bayrou, c'est de jouer très vite
29:00l'opinion.
29:02L'opinion, plutôt que
29:04les partis. Et c'est ce que voulait faire
29:06Barney, qui n'a pas fait assez vite.
29:08Comment elle peut devenir l'arbitre,
29:10quand c'est le Parlement qui gouverne ?
29:12N'oubliez pas qu'il y a déjà eu une censure.
29:14On n'est pas au gouvernement
29:16Barney. Il y a déjà eu une censure.
29:18La majorité des électeurs
29:20en France sont des plus
29:22de 60 ans qui ne veulent pas de bazar.
29:24Tous les députés ont entendu ça
29:26dans leur circonscription.
29:28Pour imposer la non-censure,
29:30le plus dur, ce sera le budget ?
29:32C'est l'équation impossible ?
29:34Est-ce qu'il pourrait y avoir un
29:3649-3 d'autorisé, juste sur
29:38le budget, en échange de ne pas de censure,
29:40mais pour tout le reste, pas de 49-3 ?
29:42En fait, ce qui est très compliqué sur ce texte du budget,
29:44c'est que dans un conseil municipal
29:46ou à l'Assemblée nationale, c'est un
29:48marqueur de... On est dans l'opposition, on vote
29:50contre le budget. C'est comme ça, en fait.
29:52Imaginez que les groupes
29:54d'opposition soient capables de s'abstenir
29:56sur un budget. Pour moi,
29:58à l'heure qu'il est, c'est inenvisageable.
30:00Donc peut-être qu'on pourrait dire...
30:02Il faut aller très vite. Peut-être qu'il y aura
30:04une discussion. La discussion sur le budget
30:06sera peut-être décorrélée. D'autres
30:08textes qu'il pourrait avoir à l'Assemblée nationale.
30:10On voit pas comment ce serait
30:12un miracle qu'on puisse faire adopter un budget
30:14sans 49-3 à l'Assemblée nationale.
30:16Mickaël Darmaud, je vous donne ensuite le mot
30:18de la fin de ce débat pour essayer d'avoir
30:20votre bilan et perspective.
30:22On vit, comme tout le monde le dit,
30:24et Michel Barnier encore ce soir, on vit une situation
30:26inédite. Donc peut-être qu'effectivement,
30:28on va arriver à cette considération
30:30où on va avoir un vote sur le budget
30:32sans pour autant être rallié
30:34la majorité.
30:36Ça, ce sont peut-être les évolutions
30:38à faire. Et puis, c'est vrai aussi
30:40qu'on comprend que
30:42François Bayrou joue l'opinion.
30:44C'est-à-dire que le terme de
30:46réconciliation, qui est
30:48vraiment les premiers mots
30:50du Premier ministre qui l'a prononcé,
30:52c'est entre les partis, mais c'est aussi
30:54entre les Français et leurs dirigeants.
30:56Ils connaissent parfaitement toutes les études
30:58et...
31:00qui ont été publiées
31:02et qui sont très impressionnantes sur le niveau
31:04très fort de défiance
31:06entre les Français et leurs dirigeants.
31:08Et lui, il propose également aux Français ce projet.
31:10Nous allons nous réconcilier.
31:12Mathieu Souquier, cette réconciliation
31:14à la fois des Français
31:16et pourquoi pas de cette Assemblée,
31:18elle vous semble possible ?
31:20Il y a une petite voie de passage
31:22où c'est inextricable ?
31:24Non, je vous avoue que je suis très pessimiste.
31:26D'abord, je note que la promesse de renouvellement du macronisme
31:28originelle se traduit par
31:30le remplacement aujourd'hui de Michel Barnier
31:32par François Bayrou, qui étaient tous les deux
31:34le premier ministre d'Edouard Balladur,
31:36et qui sont tous les deux les deux premiers ministres
31:38les plus âgés de la Ve République.
31:40La promesse de renouvellement est loin derrière nous.
31:42Non, je ne vois pas ce qui a changé.
31:44Pas un petit élargissement
31:46avec la marque Bayrou ?
31:48Le jeu par l'opinion me paraît particulièrement hasardeux
31:50dès lors que François Bayrou est
31:52l'incarnation parfaite du macronisme
31:54original,
31:56d'un macronisme chimiquement pur.
31:58Et donc, précisément,
32:00alors que Michel Barnier apparaissait
32:02quasiment un premier ministre de cohabitation,
32:04bon, de vrai, il y avait une part de Fab dans tout ça,
32:06mais en tout cas, en décalage par rapport à Emmanuel Macron,
32:08précisément, François Bayrou
32:10est l'alignement parfait où le macronisme
32:12est l'héritage même du Bayrouisme.
32:14A part qu'il a dit ces quatre vérités au président de la République
32:16que tous les Français ont envie
32:18de faire ce qu'au fond François Bayrou
32:20a fait aujourd'hui. Et je ne vois pas que vis-à-vis
32:22de l'opinion... Alors justement, on s'attend bien parce qu'on va
32:24accueillir un sondeur qui peut nous dire
32:26s'il a son autonomie ou pas,
32:28le béarnais vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
32:30Restez avec moi, Mathieu Soucaire,
32:32comme grand témoin. Merci infiniment, c'était
32:34éclairant et très vivant.
32:36Merci à tous les quatre.
32:38Je vous propose d'accueillir
32:40un nouveau plateau d'invités politiques, cette fois,
32:42mais d'abord, le regard des Français,
32:44comme promis, sur la nomination
32:46de François Bayrou à Matignon.
32:48Clément Perroux a promené son micro sur un marché
32:50parisien. Reportage.
32:56Dans ce marché parisien du vendredi matin,
32:58les commerçants commençaient
33:00à remballer les étals
33:02quand le nom du Premier ministre est
33:04enfin tombé. Ce sera donc
33:06François Bayrou.
33:08Il est sage.
33:10Il est sage. J'aime bien cet homme-là,
33:12il est bien.
33:14On verra bien ce qu'il va faire, le coup, je crois.
33:16C'est un peu... On remet
33:18pareil. On remet pareil.
33:20Qu'il essaye de faire mieux que ce qui a été fait avant,
33:22ce sera déjà une belle progression
33:24pour la France, aujourd'hui. On a l'impression
33:26que c'est un type solide qui a déjà fait un très beau travail
33:28à peau et qui
33:30est peut-être capable de prendre les choses en mal.
33:32Non, nous, on l'aime pas.
33:34Il est mou, il est...
33:36Non.
33:38On l'aime pas.
33:40Sur le boulevard,
33:42juste à côté, c'est l'heure des courses de Noël
33:44pour les passants. S'ils n'ont pas
33:46trouvé tous les cadeaux nécessaires,
33:48ils ont au moins un nouveau sujet de conversation
33:50pour les fêtes de fin d'année.
33:52C'est un homme qui n'a rien fait,
33:54qui va proposer
33:56du socialisme, comme tous les hommes politiques
33:58actuels. Il n'y a rien
34:00à en attendre, non ?
34:02Macron a été intelligent sur ce point
34:04parce que ça fait que maintenant, il a mis
34:06le Parti socialiste de son côté, donc
34:08pour une potentielle
34:10censure, ça va être très compliqué.
34:12Après, moi, j'ai
34:14à voir ce qu'il propose
34:16au niveau du budget, etc.
34:18Parce qu'il a les compétences, il va falloir négocier, et puis
34:20ça va être son gros travail
34:22pour aujourd'hui.
34:24Bon courage à lui.
34:26François Bayrou semble bien identifié
34:28par les Français. Son nom ne déclenche
34:30ni grande hostilité, ni enthousiasme
34:32débordant, au Premier ministre
34:34centriste de faire pencher la balance
34:36de son côté.
34:38Et nous on rejoint sur ce plateau
34:40Diena Babiop. Bonsoir.
34:42Merci d'être là, député socialiste
34:44des Yvelines. Bonsoir, Martin Garagnon.
34:46Bienvenue, porte-parole
34:48de Renaissance, le parti présidentiel.
34:50Et bonsoir, Stéphane Zontaigue.
34:52Vous êtes le directeur du département
34:54Opinion à l'Institut de sondage Ipsos.
34:56On va revenir sur ses paroles de français
34:58dans un instant, mais d'abord,
35:00parmi les Français qui ont le
35:02sourire ce soir, il y a
35:04Jean-Paul Matéi. Bonsoir.
35:06Merci d'être
35:08à distance avec nous ce soir,
35:10député modem des Pyrénées-Atlantiques.
35:12L'un des plus proches
35:14de François Bayrou. Vous l'avez accompagné
35:16pendant des décennies.
35:18Vous avez même été son suppléant
35:20à l'Assemblée nationale. Quelle est la réaction
35:22de l'ami de toujours
35:24du maire de Pau ce soir ?
35:26C'est une certaine
35:28émotion, parce que c'est vrai qu'avec
35:30François Bayrou, on se connaît depuis
35:32les années 80. Je n'ai pas été son suppléant.
35:34J'étais effectivement son suppléant
35:36en 2012, mais je vous rappelle qu'on avait été battus
35:38sur une triangulaire
35:40à la suite d'une prise de position
35:42qui avait
35:44secoué un peu le monde politique en 2012
35:46puisqu'il avait dit qu'il voterait
35:48François Hollande à ce moment-là.
35:50C'est vrai que
35:52je l'ai toujours accompagné.
35:54On a parfois eu des
35:56désaccords, mais c'est quelqu'un
35:58que j'ai toujours soutenu, qui a toujours
36:00gardé sa ligne.
36:02Une ligne très centriste. J'entendais
36:04le débat précédent, d'ailleurs.
36:06Il a toujours été sur ce positionnement
36:08au centre et en essayant
36:10de trouver à la fois
36:12des bonnes choses dans tous les camps.
36:14Bayrou ne sera pas
36:16l'homme du Président.
36:18C'est ce qu'il faut comprendre dans cette
36:20nomination musclée
36:22à l'arraché dont on connaît maintenant
36:24les coulisses. Il a dû
36:26ruer dans les brancards pour s'imposer
36:28à Matignon.
36:30Je n'ai pas d'informations.
36:32J'insistais comme vous
36:34au débat, mais je ne suis pas dans les secrets
36:36des discussions de ce matin.
36:38Ça n'a jamais été l'homme du Président.
36:40Ça a été quelqu'un qui l'a accompagné,
36:42qui a été décisif en 2017.
36:44Il a toujours gardé une certaine indépendance.
36:46Il a été beaucoup en soutien
36:48du Président, mais on ne peut pas dire
36:50que c'était l'homme du Président.
36:52Ce n'est pas dans ce sens qu'on peut
36:54voir ses rapports avec le Président
36:56de la République.
36:58C'est sûr qu'Emmanuel Macron lui doit beaucoup,
37:00notamment en 2017.
37:02Comment va-t-il s'y prendre,
37:04vous qui le connaissez si bien,
37:06pour bâtir ce pacte
37:08de non-censure ?
37:10Est-ce qu'il va former un gouvernement
37:12avant de voir les différents présidents
37:14de groupe ou après ?
37:16Je pense qu'il le fera après.
37:18Non seulement les présidents de groupe,
37:20mais aussi les responsables de partis politiques.
37:22J'espère qu'il va s'appuyer
37:24sur les parlementaires
37:26en espérant qu'on arrivera à élargir
37:28le Bloc central.
37:30On n'est pas très loin physiquement.
37:32Ma collègue qui est sur le plateau,
37:34on n'est pas très loin physiquement dans l'hémicycle.
37:36On a beaucoup été à côté au moment du débat
37:38budgétaire.
37:40Qu'est-ce que vous dites d'ailleurs, M. Mettey,
37:42aux socialistes qui s'affirment dans l'opposition ce soir
37:44et qui considèrent qu'ils ne doivent
37:46pas participer au gouvernement
37:48qui ne montre pas
37:50d'évolution sur le fond, c'est la même politique
37:52macroniste ?
37:54Je crois que je regrette
37:56qu'il n'y ait pas de volonté
37:58de participer un peu
38:00à cette aventure,
38:02cet engagement de réconciliation
38:04des Françaises et des Français.
38:06Vous savez, avant tout,
38:08il faut constituer une équipe, et François Bayrou,
38:10je pense, va se nourrir
38:12des réflexions des uns des autres, bien qu'il connaît
38:14quand même beaucoup la vie politique.
38:16Et puis ensuite, on forme une équipe pour essayer
38:18de faire avancer, de trouver des consensus.
38:20Merci d'un mot,
38:22Jean-Paul Mettey, si on vous propose le ministère
38:24du Logement, si François Bayrou vous appelle,
38:26vous y allez cette fois ?
38:28Non, non, mais on ne m'a jamais proposé
38:30de ministère, mais je sais qu'on en avait
38:32circulé. Vous savez, quand on est parlementaire,
38:34on est là pour serrer.
38:36Oui, mais je préfère, vous savez,
38:38je suis tellement proche de François Bayrou,
38:40je vais me respecter, il a un bon travail
38:42sur la table.
38:44Merci beaucoup, Jean-Paul Mettey.
38:46Alors, comment vous accueillez
38:48les uns et les autres cette nomination ?
38:50Avant de demander aux politiques,
38:52moi, je m'intéresse aux Français, parce qu'on les a entendus.
38:54On a entendu aussi avant,
38:56dans la première partie,
38:58que François Bayrou voulait essayer de prendre
39:00à témoin les Français pour essayer
39:02d'imposer des compromis à l'Assemblée.
39:04Qu'est-ce qu'il incarne ?
39:06Quels sont les qualificatifs, les mots qui reviennent ?
39:08Avant de vous répondre sur François Bayrou,
39:10j'ai envie de vous dire qu'on disait la même chose
39:12il y a deux mois sur Michel Barnier.
39:14On pourrait appliquer une sorte de copier-coller
39:16en termes d'image qu'il véhicule, dans l'opinion expérimentée,
39:18je ne dis pas âgée, expérimentée,
39:20avec une longue carrière politique,
39:22un ancrage territorial certain, évidemment,
39:24ce sont des élus locaux qui ont fait leur carrière,
39:26en tout cas qui ont créé leur carrière,
39:28qui ont débuté leur carrière en province,
39:30mais c'est exactement ce qu'on disait de Michel Barnier.
39:32Je ne dis pas que c'est une bonne chose,
39:34et je ne dis surtout pas que François Bayrou
39:36est un clone de Michel Barnier,
39:38même si, dans l'opinion, tout ça...
39:40Dans l'opinion, vous pensez qu'il n'y aura pas
39:42cette impression d'un élargissement d'un socle,
39:44d'un changement de cap ?
39:46Mais non, et ce sera presque pire,
39:48parce que l'avantage de Michel Barnier,
39:50c'est qu'il venait des Républicains.
39:52Un jour avant sa nomination, il était encore dans l'opposition,
39:54dans l'opposition frontale, rigoureuse,
39:56à l'égard du président de la République.
39:58François Bayrou, c'est le compagnon de route
40:00de toujours, c'est celui qui n'a pas fait,
40:02évidemment, le président de la République,
40:04mais c'est lui qui, au moment où il retire sa candidature,
40:06fait que la victoire
40:08d'Emmanuel Macron devient envisageable.
40:10C'est ça, le vrai point de bascule.
40:12Sinon, on revient à tout ce qu'on m'a dit
40:14sur Michel Barnier aussi, c'est la même chose.
40:16Les Français ont envoyé un message lors des législatives,
40:18mais encore plus lors des européennes,
40:20juste avant, moins de 15 %
40:22pour la liste commune de ce bloc central.
40:24Après les législatives,
40:26on leur met Michel Barnier.
40:28Le reproche risque, au sein de l'opinion,
40:30d'être encore plus vigoureux,
40:32cette fois-ci, dans le sens où il n'y a pas d'élargissement,
40:34parce qu'il y a la question de la gauche
40:36et notamment du Parti socialiste, qui a fait des ouvertures
40:38et qui, ensuite, a rétropédalé,
40:40pour les raisons dont on pourrait discuter.
40:42Cette fois-ci, le Premier ministre est issu
40:44de ce bloc central. Il n'est même plus issu
40:46de l'ancienne opposition.
40:48C'est pas quelque chose qu'il aurait dû penser avant
40:50Emmanuel Macron. Au fond, c'est un peu
40:52un Barnier bis, même si
40:54Michel Barnier était dans la droite républicaine.
40:56C'est vrai qu'on se dit
40:58où est l'élargissement ?
41:00Où est le changement de cap ?
41:02Où est la prise en compte de la censure ?
41:04Vous savez, François Bayrou,
41:06quand vous regardez un peu son parcours,
41:08il a l'avantage d'avoir un parcours conséquent
41:10dans la vie politique française.
41:12C'est un parcours qui est jalonné, finalement,
41:14de prises de positions très courageuses.
41:16Ça a été rappelé, je crois, dans votre sujet précédent,
41:18mais en 2002, il refuse de rejoindre l'UMP
41:20dans cette espèce de fusion des droits.
41:22Mais, justement, il faut aussi reprendre
41:24ce que ça dit d'un homme aussi,
41:26ce parcours-là.
41:28François Bayrou, c'est le dépassement
41:30avant Emmanuel Macron, finalement.
41:32C'est la quintessence
41:34de ce qu'Emmanuel Macron a su incarner
41:36victorieusement politiquement.
41:38Donc Macron choisit son double en plus vieux.
41:40C'est ma question.
41:42C'est une question.
41:44Moi, je répondais à votre question sur sa capacité
41:46d'élargissement.
41:48On a vu qu'il n'y avait pas de censure
41:50a priori de la part du RN,
41:52à condition d'être respecté,
41:54ce qui, en démocratie, semble tout à fait entendable
41:56comme condition, d'être respecté pour ses opinions,
41:58même si on peut les combattre politiquement.
42:00Ça paraît quand même assez clair
42:02et de circonstance.
42:04La gauche, effectivement,
42:06la vraie question, elle va se situer aussi
42:08de ce côté-là, c'est-à-dire que va faire la gauche ?
42:10Est-ce qu'on va être dans une posture
42:12comme celle qui a été adoptée
42:14vis-à-vis du précédent gouvernement,
42:16c'est-à-dire une censure a priori,
42:18c'est-à-dire une censure a priori ?
42:20Je pense que les lignes ont un peu bougé.
42:22On connaît maintenant la situation depuis six mois,
42:24on l'a testée, on a expérimenté,
42:26on a vu ce que ça donnait cet été dans les tractations,
42:28on a vu ce que ça donnait à l'Assemblée,
42:30donc je pense que maintenant, chacun est à peu près au clair
42:32de ce qu'il peut proposer, de ce qu'il ne peut pas accepter.
42:34Les conditions sont sur la table,
42:36elles sont identifiées et connues,
42:38à chacun aussi d'y mettre du sien.
42:40Alors, pas de censure a priori,
42:42ni côté RN, ni côté PS.
42:44Il n'y a que les Insoumis qui déposent une motion de censure
42:46avant même, je pense, la déclaration de politique générale
42:48de François Bayrou.
42:50Diana Badiob, dans quel état d'esprit vous êtes ?
42:52Est-ce que vous pouvez dire, oui, ce soir,
42:54on est prêts à des compromis avec François Bayrou ?
42:56Est-ce que ça, vous pouvez le dire ?
42:58Moi, je pense qu'il faut prendre les choses dans l'autre sens.
43:00Non, mais ça, c'est ma question.
43:02Vous ne pouvez pas faire les questions.
43:04Répondez-moi.
43:06Je vous dis simplement que nous, on se dit,
43:08un, effectivement, on est déçus
43:10parce qu'on est dans une nomination
43:12qui ne répond absolument pas
43:14aux espoirs
43:16qu'on aurait pu attendre.
43:18Vous l'avez dit à un Premier ministre de gauche.
43:20Mais est-ce que vous êtes prêts à des compromis ?
43:22Ça veut dire des concessions réciproques,
43:24oui ou non ?
43:26Nous, on est prêts à des concessions réciproques,
43:28mais je dirais que la balle est dans leur camp.
43:30C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est à François Bayrou
43:32de nous donner des garanties
43:34qu'il va y avoir un changement de cap.
43:36Vous l'avez dit vous-même.
43:38Aujourd'hui, rien dans la personnalité,
43:40dans le parcours de François Bayrou
43:42peut nous laisser penser
43:44qu'il va y avoir un changement de cap
43:46ou un changement de méthode par rapport à Michel Barnier.
43:48Nous, nous disons...
43:50Son parti est quand même un tout petit peu plus à gauche
43:52que le parti Renaissance,
43:54Macron historique.
43:56On le voit sur l'immigration,
43:58on le voit sur les questions justificales.
44:00Pendant la discussion du budget,
44:02il y a eu de nombreuses fois où nous avons eu...
44:04Des points communs avec Jean-Paul Matéi.
44:06D'ailleurs, avec le président Matéi,
44:08et des votes communs.
44:10Sauf qu'aujourd'hui,
44:12nous, ce que nous disons,
44:14pas de censure a priori,
44:16nous attendons les propositions...
44:18Qu'attendez-vous de lui ?
44:20Attendez-vous qu'il passe 2-3 semaines
44:22avec les différents présidents de groupe
44:24pour dessiner les contours
44:26de cet accord de non-censure
44:28sur la question des retraites,
44:30sur l'immigration, sur le budget ?
44:32Comment voulez-vous travailler dans cet esprit-là ?
44:34Je pense qu'effectivement,
44:36des rencontres qui n'auraient pas lieu à l'Elysée,
44:38des rencontres qui auraient lieu au Parlement,
44:40à l'Assemblée nationale, seraient les bienvenues.
44:42Qu'effectivement, ils puissent prendre...
44:46Appui sur les revendications
44:48que nous avons données sur les retraites,
44:50sur la justice sociale,
44:52sur la préservation des services publics.
44:54Et que, du coup,
44:56ils puissent nous dire, voilà,
44:58sur tel ou tel point, dans l'intérêt général,
45:00nous sommes prêts à bouger,
45:02à faire des efforts.
45:04Et si, effectivement, ils nous donnent des garanties
45:06qu'il va y avoir des avancées
45:08pour les Françaises et les Français,
45:10alors, oui, nous sommes prêts
45:12à ne pas le censurer et à aller
45:14au bout de la discussion.
45:16Parce que, nous, notre posture, elle est simple.
45:18C'est de dire, on préfère
45:20prendre des victoires
45:22tout de suite dans l'intérêt
45:24des Françaises et des Français,
45:26parce qu'ils attendent depuis trop longtemps,
45:28plutôt que de jouer la montre et de jouer 2027.
45:30Moi, je crois qu'on ne peut pas
45:32passer...
45:34Enfin, enjamber la situation...
45:36Toutes les avancées que vous réclamez,
45:38sur le social, sur les questions
45:40de santé, sur les questions fiscales,
45:42elles ont un coût.
45:44Et c'est dans un contexte
45:46de déficit absolument
45:48abysso qu'elles sont demandées
45:50par la gauche. Ecoutez François Bayrou
45:52sur la dette, il parle de questions morales.
45:54Tout le monde disait
45:56qu'il est complètement fou,
45:58on ne fait pas une campagne sur la dette.
46:00Eh bien, je crois que cette
46:02question-là, déficit
46:04et dette, c'est une question
46:06qui pose un problème moral.
46:08Pas un problème financier seulement.
46:10Un problème
46:12moral, parce que se
46:14débarrasser de ses charges
46:16sur ses
46:18enfants,
46:20dans les pays comme les
46:22nôtres, dans les pays
46:24de montagne, d'enracinement,
46:26c'est très mal vu.
46:28Voilà, la dette,
46:30c'est une question qui n'est pas que financière
46:32qui est aussi morale. Il a
46:34ces deux piliers-là dans son parcours.
46:36La question de la justice
46:38sociale et fiscale,
46:40et la question de la dette et des déficits.
46:42C'est un peu son bâton de maréchal
46:44depuis des décennies.
46:46Ça tombe bien, c'est les deux questions
46:48auxquelles il faut répondre.
46:50À la fois à la droite,
46:52à la fois à la gauche, et puis aussi
46:54vis-à-vis des marchés et des entreprises.
46:56C'est sans aucun doute son bâton de maréchal,
46:58dans l'occurrence, son boulet.
47:00Je crains pour ses marges de manœuvre politique
47:02parce que, précisément, ses marges de manœuvre
47:04budgétaire sont totalement nulles.
47:06Et Michel Barnier est notamment tombé.
47:08Sans doute que la méthode Barnier n'avait pas
47:10fait ses preuves et qu'il a eu du mal à élargir
47:12un socle commun qui était pour le coup
47:14très réduit, mais l'équation politique
47:16de Michel Barnier était impossible
47:18parce que son équation budgétaire l'était.
47:20Un budget aussi austéritaire pour
47:22tenter de combler un déficit aussi important,
47:24rappelons-le, peut-être 6 %
47:26de déficit, donc quelques dizaines
47:28de milliards à trouver, autrement dit,
47:30des dizaines de milliards introuvables
47:32si vous n'avez pas un socle politique
47:34solide. Et je ne vois pas en quoi précisément
47:36le socle politique de François Béroud
47:38est plus solide que le socle de Michel Barnier
47:40et je ne vois pas en quoi précisément
47:42les recettes politiques et budgétaires qu'il va pouvoir
47:44trouver seront plus probantes que celles
47:46de son prédécesseur.
47:47Donc vous êtes extrêmement sceptique
47:49et pessimiste.
47:51Martin Gagnon, si on reste sur le budget,
47:53puisque c'est la mer des batailles,
47:55normalement, on est dans l'opposition,
47:57on vote contre, donc à priori,
47:59il n'y a aucune raison d'avoir un vote sur ce budget,
48:01il y aura sans doute un 49-3, mais qui sera
48:03monnayé, c'est-à-dire avec des
48:05contreparties dans le budget.
48:07Sur la question fiscale,
48:09Michel Barnier était allé assez loin, il y avait déjà
48:11des choses sur les grandes entreprises,
48:13sur les grandes fortunes.
48:15Est-ce qu'il faut aller plus loin pour
48:17obtenir ce pacte de non-censure ?
48:19Mais vous avez, enfin,
48:21sur la question de la dette,
48:23puisque ce sont les socialistes qui font pivot,
48:25pour sortir de l'arbitrage du RN.
48:27C'est notamment, mais pas que,
48:29mais le groupe socialiste va avoir
48:31une responsabilité dans la configuration
48:33à venir. La configuration de l'Assemblée,
48:35elle, elle n'a pas bougé, c'est la même
48:37composition qu'il y a six mois, donc
48:39elle est identifiée. On connaît, comme je le disais,
48:41les lignes rouges, même si je n'aime pas ce terme, parce que chacun
48:43y va de sa ligne rouge, on a l'impression qu'il y a des prises en otage
48:45dans tous les sens et des espèces d'appels au chantage,
48:47mais en tout cas, les besoins, les demandes
48:49des individus sont identifiés. Moi, je rejoins
48:51votre discours responsable, de dire
48:53qu'il vaut mieux qu'on arrive à négocier
48:55des avancées qui rentrent dans notre programme
48:57pour lequel on a été élu, plutôt que de tout rejeter en bloc
48:59et de jouer une espèce de qui-to-do
49:01parce que ça se fait, au final, sur le dos des
49:03Français. Simplement, deux réponses par rapport
49:05à ça, sur la dette. Effectivement, Bayrou était
49:07quand même un des premiers à avoir identifié
49:09ce problème-là. Moi, je vais vous dire,
49:11en 2007, j'avais ma carte
49:13au PS, j'ai voté pour Bayrou au premier tour
49:15parce que c'était le seul à parler de ce problème-là.
49:17Et je considère que c'est une question de solidarité
49:19intergénérationnelle, aussi, de traiter ce problème
49:21de la dette. Quant à l'approche et l'attitude,
49:23vous attendez des réponses, évidemment, mais
49:25vous en avez déjà dans son parcours, je le disais tout à l'heure.
49:27En 2007, Bayrou a écrit
49:29« Je tends la main par-dessus ce mur
49:31de verre qui coupe la France en deux ».
49:33C'est déjà une preuve. Il écrivait ça dans
49:35« J'ai une question à vous poser », mais peut-être qu'il a une réponse
49:37à nous proposer ce soir, à part que la différence
49:39est qu'entre 2007 et maintenant,
49:41le mur de verre est devenu un mur de béton armé
49:43avec des barbelés. La France a de plus en plus
49:45de mal à se parler, à se
49:47regarder, finalement. Et c'est toute la
49:49difficulté qu'il a maintenant, en 2024, par rapport
49:51à 2007, où il écrivait
49:53ces propos-là. Donc la tâche, elle est ardue, on le sait.
49:55L'Assemblée, elle est très divisée,
49:57on l'a constaté. Il va falloir qu'on trouve
49:59des ponts. Donc vous avez une attitude de dialogue
50:01encouragée, pas à n'importe quel prix.
50:03Les Français, ils ne sont pas en dehors du jeu. Ils regardent
50:05leurs représentants. On a parlé de la défiance.
50:07On n'est pas très loin du mouvement des Gilets jaunes.
50:09Ils pourraient se reproduire
50:11sur les questions de pouvoir d'achat. Il y a aussi
50:13les entreprises qui commencent, dans l'incertitude,
50:15à ne plus vouloir prendre moins
50:17de risques d'investissement.
50:19Cet accord de non-censure,
50:21dans l'opinion, pour que les Français
50:23en saisissent, il est plébiscité ?
50:25Oui. Ce que veulent les Français, après l'épisode
50:27Barnier... Je ne parle pas de la dissolution, je parle
50:29de l'épisode le plus récent, la censure de
50:31Michel Barnier. Ce que souhaitent les Français, c'est de l'apaisement.
50:33Il y a différentes enquêtes qui ont pu être
50:35de l'apaisement au niveau politique, dans les relations entre les appareils
50:37et à l'Assemblée nationale.
50:39Ce qu'ils veulent, c'est très clairement
50:41l'idée de non-censure,
50:43l'idée de renoncer au 49-3.
50:45Il faut oublier qu'une chose, le 49-3,
50:47c'est considéré comme la brutalité des brutalités
50:49par les Français,
50:51en matière de constitution
50:53et de vie politique,
50:55de vie parlementaire. Ça ne s'est jamais passé,
50:57mais ça passe encore moins maintenant
50:59qu'il n'y a pas de majorité absolue
51:01ou de majorité relative étriquée.
51:03Ils ne veulent pas ça, à tel point que dans certaines enquêtes,
51:05les gens considéraient que c'était une
51:07mauvaise idée de ne pas avoir invité le RN
51:09ou de ne pas avoir invité la France insoumise
51:11à rencontrer le président de la République,
51:13y compris auprès des gens
51:15qui sont viscéralement opposés
51:17aux orientations politiques de ces deux partis.
51:19C'est pour ça que je parle d'apaisement.
51:21Après, les différents électorats
51:23des différentes forces politiques scrutent
51:25avec attention ce que font,
51:27ce que disent, ce que déclarent
51:29leurs propres partis, leurs propres groupes parlementaires.
51:31C'est pour ça que je reviens... Vous parliez de l'opinion,
51:33mais je reviens sur le Parti socialiste.
51:35Le Parti socialiste a pris un énorme risque,
51:37il est confronté à l'incompréhension
51:39de son électorat. Son électorat...
51:41On peut parler... Au Nouveau Front Populaire,
51:43les appareils sont extrêmement divisés.
51:45Oui, il y a des insoumis,
51:47des sociodémocrates au Parti socialiste,
51:49des écologistes, très bien.
51:51L'opinion, les Français de gauche,
51:53ce n'est pas un bloc hétérogène,
51:55un bloc homogène, pas du tout,
51:57mais quand vous êtes socialiste,
51:59la même chose pour les insoumis,
52:01vous vivez dans une nostalgie de l'époque
52:03où la gauche gagnait des élections.
52:05L'un des plus anciens, ça peut être Lionel Jospin,
52:07ça peut être François Hollande.
52:09Quand vous regardez dans un cadre d'opinion
52:11ce que nous disent les sympathisants
52:13du Parti socialiste, c'est qu'ils sont
52:15prêts à soutenir leur parti
52:17à condition d'obtenir des trophées.
52:19Le PS a besoin de trophées.
52:21Pour l'instant, il n'en a pas.
52:23La présidentielle pèse, au fond,
52:25pas uniquement dans les Etats-majors des partis,
52:27également pour les Français.
52:29Ils veulent cette victoire à l'arrivée.
52:31Ils ne veulent pas qu'ils se mêlent
52:33au pouvoir actuel.
52:35Cette tripartition de la vie politique,
52:37elle existe dans le pays.
52:39Les opinions sont divisées.
52:41Justement, vous prenez un risque.
52:43Est-ce que le Parti socialiste
52:45est clairement
52:47uni sur cette volonté
52:49de trouver un chemin de non-censure
52:51où il y a eu des divisions
52:53assez fortes là-dessus ?
52:55Je peux vous dire que ça faisait longtemps
52:57que ça n'était pas arrivé.
52:59La stratégie que nous avons adoptée,
53:01elle a été vraiment adoptée
53:03de manière unanime
53:05avec l'ensemble
53:07des sensibilités qui sont présentes
53:09au Parti socialiste.
53:11Nous sommes dans un exercice
53:13qui n'est quand même pas aisé.
53:15C'est-à-dire que d'un côté,
53:17nous devons faire preuve de responsabilité
53:19parce que nous savons très bien
53:21que notre électorat,
53:23mais aussi les Françaises et les Français,
53:25aspirent à de l'apaisement.
53:27Ils veulent qu'un moment donné,
53:29il y ait un changement.
53:31Qu'est-ce que vous dites à ceux qui nous regardent
53:33qui ont besoin d'un peu de raison d'espérer ?
53:35Les blocages ici ont des répercussions
53:37dans l'économie, dans le pays réel.
53:39Qu'est-ce que vous leur dites ?
53:41Il y a des inquiétudes.
53:43Quand je suis allée sur le marché
53:45après la censure, les gens m'ont dit
53:47qu'ils ne comprenaient pas très bien
53:49ce qui se passait.
53:51Lorsque nous avons eu ce débat budgétaire,
53:53nous avons fait un certain nombre de propositions.
53:55Ces propositions n'ont pas été retenues.
53:57Le seul outil qui nous restait,
53:59c'était celui de la censure.
54:01Nous, nous n'avons pas censuré
54:03de gaieté de coeur. Aujourd'hui, ce que nous voulons,
54:05c'est éviter une nouvelle censure,
54:07mais pour cela, il faudra prendre du temps.
54:09Il faut discuter et surtout,
54:11je crois que, je le redis,
54:13il faut que François Bayrou,
54:15dans les discussions qu'il va mener,
54:17prouve qu'il y a un changement de cap
54:19et qu'il y a un changement de méthode.
54:21S'il n'y a pas de changement de cap,
54:23s'il n'y a pas de changement de méthode,
54:25ils produiront les mêmes effets.
54:27Cap et méthode, a-t-il changé ?
54:29Sinon, c'est la censure dans trois mois.
54:31Oui, mais vous savez, dans la vie partisane,
54:33dans tous les partis, vous avez toujours une double dynamique.
54:35Vous avez ceux qui pensent à gagner la prochaine élection
54:37et vous avez ceux qui pensent à changer
54:39la vie quotidienne des Français.
54:41Le problème, c'est que parfois, ces deux dynamiques
54:43se percutent. La France insoumise,
54:45ils sont très clairs,
54:47ils ne veulent pas changer la vie des Français au quotidien,
54:49ils considèrent qu'ils changeront
54:51la vie des Français au quotidien quand ils auront
54:53tout le pouvoir à eux seuls.
54:55Ce n'est pas l'attitude des partis dits de gouvernement,
54:57de gauche comme de droite.
54:59On est encore avec ce nouveau Premier ministre
55:01dans un blocage chargé à lui d'essayer
55:03de dénouer les choses. Le mot de la fin,
55:05est-ce que vous nous voyez dans une simple
55:07crise politique ou est-ce qu'elle a
55:09déjà des effets institutionnels forts
55:11dans cette tripartition,
55:13voire une crise de régime,
55:15puisqu'on entend de plus en plus
55:17l'idée que seule la démission permettrait
55:19au Président de débloquer la situation ?
55:21La réponse est du côté des oppositions.
55:23Ce sont les oppositions et en particulier Jean-Luc Mélenchon
55:25et Marine Le Pen, s'ils décident d'additionner leurs forces,
55:27qui ont la réponse à cette question.
55:29Eux seuls peuvent effectivement transformer
55:31la crise politique dans laquelle nous sommes incontestablement
55:33en une crise de régime.
55:35On parlait d'accord de non-censure...
55:37A l'Assemblée, ils ne sont pas dans la majorité absolue,
55:39si on prend que les insoumis et Marine Le Pen.
55:41Non, vous avez raison,
55:43et d'ailleurs, de la même façon, j'allais dire un accord
55:45de non-censure avec le seul PS ne suffit pas.
55:47Il faut la droite.
55:49Les communistes et les écologistes...
55:51Les socialistes à la droite, ça suffit.
55:53En tous les cas de cause,
55:55l'accord de non-censure devra se négocier
55:57avec tout le monde et pas uniquement avec le PS.
55:59Comme je le disais tout à l'heure,
56:01même un accord de non-censure aura un coût
56:03et je ne sais pas dans quelle mesure
56:05François Bayrou dispose des ressources nécessaires
56:07pour s'offrir ces accords de non-censure.
56:09Bon courage à ceux qui sont aux manettes,
56:11à ceux qui s'affirment dans l'opposition
56:13parce que vous êtes finalement tous liés.
56:15Merci beaucoup d'être venu
56:17sur le plateau d'LCP
56:19et merci à vous Mathieu Southière.
56:21A bientôt dans le fauteuil du grand témoin.
56:23C'est la fin de cette émission.
56:25Merci à vous de l'avoir suivie.
56:27Pour la voir ou la revoir, il y a la chaîne Youtube d'LCP
56:29et maintenant le podcast de Savourgarde.
56:31Très bon week-end. Profitez bien.