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L’analyste politique franco-libanais, Michel Fayad était l’invité de La Matinale week-end, ce dimanche 15 décembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la situation politique et sociale en Syrie : «L’Europe n’a que très peu de mots à dire sur cette question, cela se joue entre les acteurs turc, qatari, russe et iranien».

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Transcription
00:00D'une part, il n'est pas sûr, et d'autre part, il y a la question économique.
00:03Donc quand je dis que ce n'est pas sûr, c'est tout simplement parce que c'est quand même
00:07un djihadiste qui a pris le contrôle aujourd'hui de la Syrie, et il n'est pas certain que les
00:13réfugiés syriens qui ont fui à la fois le régime bahassiste des Assad, mais aussi
00:19en fait également la situation avec Daesh, Nosra, et donc le groupe qui est arrivé au
00:25pouvoir aujourd'hui à Damas, c'est l'héritier de Nosra.
00:28Donc ça paraît un peu compliqué pour une partie de ces Syriens de rentrer.
00:32Puis il y a l'aspect économique également, puisque vous savez que le salaire du soldat
00:38syrien, qui est un des salaires les plus élevés dans le pays, était l'équivalent de 35 dollars
00:43par mois.
00:44Donc imaginez, est-ce qu'un Syrien qui est installé en France, qui a peut-être, je
00:48ne sais pas, 2000 euros par mois, ou même 1000 euros par mois, pourquoi est-ce qu'il
00:52rentrerait en Syrie dans une Syrie détruite, dirigée par un djihadiste, dans lequel le
00:59salaire serait de quelques dizaines d'euros par mois ? Il y a quand même cet aspect-là
01:06que ces Syriens vont regarder.
01:08Le ministre français démissionnaire des Affaires étrangères s'est rendu hier en
01:13Jordanie pour une réunion sur le sujet avec des responsables américains, européens, arabes
01:17et turcs pour œuvrer à une transition pacifique, disent-ils.
01:21La communauté internationale, selon vous, est-ce qu'elle va avoir un rôle important
01:25à jouer dans les prochaines semaines et surtout, est-ce qu'elle a un poids quelconque ?
01:27Écoutez, je pense que ce qui s'est vraiment joué, c'était la semaine d'avant avec
01:33le forum de Doha, où il y avait présent le Qatar, l'Iran, la Turquie et la Russie.
01:39Je pense que ce sont vraiment eux qui décident aujourd'hui de l'avenir de la Syrie.
01:44Il faut également ajouter Israël, qui sur le terrain a fait des avancées territoriales.
01:50Mais en réalité, franchement, l'Europe n'a que très peu de mots à dire dans cette question.
01:55Ça se joue vraiment aujourd'hui avec les acteurs turcs et qataris, et également russes et iraniens.
02:03Alors justement, le président turc Erdogan a dit dans un discours qu'Alep et Damas seraient
02:07bientôt turcs.
02:08Comment il faut interpréter ça ?
02:09Oui, vous savez que la Turquie, en réalité, a déjà annexé des territoires syriens par
02:16le passé.
02:17Parce que les villes qu'il a mentionnées à la fin, que sont par exemple Urfa ou même
02:22le Sandjak d'Alexandrette, qui contient Antioche, ce sont des territoires syriens à la base
02:27qui ont donc été annexés par les Turcs.
02:29Et les Turcs aujourd'hui, effectivement, disent qu'Alep, Hamar, Homs, Damas, donc les plus
02:35grandes villes et d'ailleurs les villes qui ont été conquises par le groupe HTS, devraient
02:41devenir turcs.
02:43Et dans ce cas-là, s'ils deviennent turcs, peut-être que l'Europe devrait négocier
02:47avec la Turquie le départ des réfugiés syriens en Europe, et peut-être pas forcément avec
02:53le nouveau régime djihadiste de Damas.

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