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Le délégué Alliance Bac Mamoudzou, Anoueche Ben Saïd Ali, était l’invité de 100% Politique, ce mercredi 18 décembre, sur CNEWS. Le policier a permis à une femme d’accoucher en pleine tempête à Mayotte : «C’est un petit espoir qui arrive pour tout un territoire qui a besoin d’aide».

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Transcription
00:00Anouèche est avec nous. Merci beaucoup. C'est compliqué et on comprend bien que la liaison est délicate.
00:05On ne va pas vous garder très longtemps, Anouèche.
00:07Moi, je me pose une question quand même. Comment vous avez fait ?
00:10Parce qu'on se met tous à votre place, en fait, et on imagine de vivre une situation comme celle-là.
00:16En effet, vous l'avez dit, on voit ça dans les films, mais rarement dans la réalité.
00:19Comment vous avez fait pour garder votre lucidité, apporter ces premiers gestes que vous nous avez décrits pour aider cette maman ?
00:25Moi, je me dis que j'aurais eu tellement peur de mal faire, de mal saisir cet enfant, de mal s'occuper de cette femme,
00:32que j'aurais été paralysé par rapport à une situation comme celle-là.
00:35Et vous avez écouté votre instinct, en fait ?
00:38En fait, le souci que j'avais, c'est qu'au moment où je vois la tête, j'avais peur que le bébé étouffe, qu'il est en train d'étouffer.
00:46Du coup, c'est pour ça que je me suis remontré dans les films, où quand on pousse, je sais que ça se dilate à un moment donné.
00:54Donc, ça s'est dilaté, fort heureusement.
00:58Mais c'est vrai que quand je l'ai prise, c'est tellement petit, parce qu'il fait 2,75 kg.
01:05Et en fait, je ne sais pas quoi faire.
01:08Je l'ai là, je ne sais pas quoi faire.
01:10Et en fait, c'est le cri qui m'alerte qu'elle est en vie, en fait.
01:14Et là, je me dis, je fais quoi ? Je fais quoi ?
01:18Et le voisin me dit, on peut lui mettre par-dessus.
01:21Mais après, il y a eu une sage-femme qui est venue au bout de 20 minutes et qui m'a aidé un petit peu pour le cordon.
01:29Après, les collègues qui sont venus m'ont apporté...
01:32À Noèches, vous vous souviendrez toute votre vie de cet instant.
01:39Vous êtes lié pour toujours avec cette petite fille, avec cette famille maintenant ?
01:43Oui, parce que je suis parti la voir cet après-midi.
01:46Effectivement, elle va très, très bien.
01:49Et la maman, elle a dit un mot magnifique.
01:52Elle a dit, je vais demander, est-ce que vous allez donner un prénom ?
01:54Elle me dit, non.
01:56Elle me dit, mais je pense que je vais l'appeler Anouchka.
01:59Ah, c'est mignon.
02:00Parce que vous vous appelez à Noèches et que c'est une référence à votre...
02:04Comment vous avez réagi quand elle vous a dit ça ?
02:05On imagine que vous êtes rempli d'émotions et que vous auriez raison d'être extrêmement fier de vous-même et de ce que vous avez réussi à faire.
02:13En fait, on est heureux, on est content.
02:16Mais comme je vous disais, c'est qu'une fois que l'événement est passé, la réalité nous rattrape très, très vite.
02:23Parce qu'on sort dehors, on est policier, on entend les appels à détresse, on voit le chaos à l'extérieur.
02:29Et c'est vrai que sur le moment, c'est une bouffée d'oxygène qui nous a envahi tout le corps.
02:34On se dit, on vient de donner la vie, même si ce n'est pas mon enfant.
02:37On vient d'aider, mais après, c'est un petit espoir qui arrive pour tout un territoire qui a besoin d'aide.
02:47Et merci encore de donner un petit peu de visibilité à ce territoire qui en a tant besoin, surtout en ces temps très, très difficiles.
02:56Et merci surtout à vous pour votre travail.
02:58Au-delà de ce miracle auquel vous avez contribué, on sait que la situation sur place, et on y reviendra bien sûr plus longuement tout à l'heure au cours de cette émission,
03:07elle est extrêmement dure.
03:08Et d'ailleurs, si vous avez dû en arriver à aider cette femme à accoucher, c'est parce qu'il y a une mise à l'arrêt quasi totale des services de santé et d'urgence dans l'archipel après le passage du cyclone.
03:19C'est une situation apocalyptique qu'on voit ici.
03:24Je n'ai même pas les mots.
03:29Certaines personnes vont mourir de faim, de soif.
03:34Là, on n'a plus d'eau.
03:35On n'a pas d'électricité.
03:37Certains essaient de faire apatrier ceux qui ont plus de chance, mais c'est tout l'île du nord au sud.
03:43Imaginez-vous, par exemple, on part de cet enfant, mais le père n'est même pas au courant que sa femme est là à accoucher.
03:49Parce que le père a disparu, on ne sait pas où il est.
03:55On ne sait pas, parce qu'elle n'a pas de contact avec le père, parce que le père est parti dans le sud et on ne sait pas ce qu'il en est venu.
04:00Donc peut-être que je vais être peut-être son parrain.
04:04Je ne sais pas, je le souhaite.
04:06L'appel est passé en tout cas.
04:11Vous avez passé l'appel en direct.
04:12Si maman regarde, elle est au courant.
04:14Vous souhaitez être le parrain d'Anoushka, donc c'est ça.
04:17Voilà, espérons.
04:19Bon, merci beaucoup.
04:21Merci pour cette respiration.
04:22On sait que ce n'est pas facile et qu'il y a des choses très graves et très lourdes qui sont en train de se passer sur place à Mayotte.
04:29Mais c'est un peu le symbole d'une renaissance qu'il faut espérer pour l'île, que cette naissance à laquelle vous avez contribué.
04:35Longue vie.
04:36C'est le message qu'il faut passer.
04:37Comment ?
04:38C'est le message qu'il faut passer.
04:39Bien sûr.
04:40Pour que l'île renaisse de ses sangs.
04:42Longue vie à Anoushka, longue vie à vous Anouesh Ben Saïd Ali, délégué Allianz-Bac Moumoutzou.

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