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Un dialogue entre musique et littérature avec la récitante Léonor de Récondo pour son roman le Grand Feu, l'Ensemble Pulcinella, la violoncelliste Ophélie Gaillard. Extrait du concert enregistré le 10 décembre 2024 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.

#Vivaldi #musique #concertos

Au Programme :
Vivaldi : Sinfonia, RV112
Laura Sirmen Lombardini - Concerto pour violon (extrait)
Antonio Vivaldi : Concerto pour violoncelle, RV 416 (extrait)
Antonio Vivaldi – Concerto pour violoncelle "per Teresa", RV788 (extrait)
Antonio Vivaldi - Concerto pour cordes, RV 157 (adagio)

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Musique
Transcription
00:00C'est au petit matin du 31 mai 1699 qu'Ilaria naît. La sixième de la fratrie a appointé
00:10son minuscule corps parfaitement formé, doigts, orteils, jambes et bras, ventre et organes
00:17tout y est, chevelure et crâne bombé. Francesca est assise sur un grand fauteuil, bassines
00:27et linges attendent leur heure. Elle connaît la douleur, la patience éprouvée, les taux
00:33qui se serrent et se desserrent, la soif et le vertige. Il fait chaud déjà, humide
00:41à Venise après une semaine d'averses inexpliquées. Cette pluie augure d'une naissance heureuse,
00:48lui a-t-on dit. Un signe d'eau comme la ville, un signe de flottement, un doux flottement,
00:55elle saura naviguer. Elle attend une fille, le pressent. Quelques mois plus tôt, Francesca
01:04et Giacomo étaient allés écouter une messe chantée à la pieta, un office de Pâques,
01:11respirant le parfum mélangé dansant et dessus des cierges, tandis que s'élevait le cœur
01:17des jeunes filles cachées derrière les grilles de fer de la tribune en marbre. Francesca
01:24marchait, son ventre rebondit. Elle caressait le petit être à venir tout en lui murmurant
01:31« si tu es une fille, tu chanteras avec elle ». Francesca était persuadée que sa sixième
01:41vivrait et chanterait. « Je viendrai l'écouter ici, elle sera cachée derrière ces grilles,
01:47je ne pourrai pas la voir, mais elle grandira en apprenant la musique, sans être obligée
01:52de couper et découper les métrages d'étoffes, de compter et recompter les sequins hors de
01:59question. Ilaria vivrait en s'élevant. Alors, je pourrais bien entrer dans la danse des morts »,
02:11insista Francesca auprès de sa cousine. « Je pourrais mourir pour de bon, puisque la voix
02:18de ma fille sera déjà au paradis ». Bianca ne promit rien. Seules les orphelines trouvaient
02:26place au sein de la pietà ou bien des filles de parents assez riches pour payer les cours
02:31de musique. « J'en parlerai à la prière », avait-elle seulement répondu. Et sans
02:38attendre l'avis de Giacomo, Francesca jura que la famille s'engagerait à fournir à
02:43l'institution les tissus nécessaires aux habits des plus pauvres. Bianca la regarda
02:49interloquée. « Mais elles sont 867 aujourd'hui. Dis-lui qu'on donnera ce qu'il faut pour
02:57que la petite chante ». La prière a été intransigeante. Les Tadjanotes évéront très
03:07peu leurs filles. Elles doivent grandir au sein de la communauté afin d'y trouver
03:12sa place. Durant ses premières années, Hilaria apprend à lire. Elle aime les mots,
03:20les lettres qui s'assemblent et se défont. Elle aime les faire bouger dans sa tête,
03:25les voir danser. Elle aime faire exploser leurs rondes dans son esprit. À coup de volonté,
03:30elle y met le feu avant de les imaginer retomber en poussière, en cendre. Mais, ce qu'Hilaria
03:39veut faire, par-dessus tout, c'est écouter le chœur de filles chanter. Elle pourrait rester
03:47des heures dans un coin de la salle. Elle voudrait que son corps soit assez grand pour créer de tels
03:53sons. Les vibrations traversent son épiderme. Elle est toute entière dans cette sensation.
04:00La signification des textes latins lui échappe. Elle voit seulement comme les corps s'assemblent
04:08en son. Elle croit qu'il suffit d'ouvrir la bouche pour que cette harmonie dévore tout,
04:13espaces et esprits engloutis.
09:08Le premier cours de violon, c'est le début d'une vie nouvelle sans qu'on le sache,
09:24sans qu'on puisse en retenir la date précise, à peine l'année. En entrant dans la salle pour
09:31cette première fois, journée de mars humide, feu dans la cheminée, Hilaria fait glisser ses semelles
09:38de cuir sur les tomates. À l'intérieur de ses souliers cousus, de grosses chaussettes de laine
09:44la protègent du froid. Son corps est recouvert d'un long habit de toile épaisse, un uniforme blanc
09:51qu'elle porte toute, sans distinction d'âge. Ses cheveux sont tressés. C'est Giulietta qui attend
10:00Hilaria quand elle frappe timidement à la porte. Elles se connaissent, comme elles se connaissent
10:05toutes dans l'institution. Hilaria la voit souvent jouer lors des répétitions de motet. C'est elle
10:11qui mène le pupitre des seconds violons. Avec sa longue tresse rousse, elle pourrait être la
10:18sœur cadette d'Antonio Vivaldi. Elle joue du violon avec un sérieux qui laisse peu de place
10:24à la fantaisie et à la légèreté. Le violon et la musique sont pour elle une réalité grave.
10:31Cette rigueur, elle la transmet à chacune des enfants qui entrent dans sa classe. Dévotion et
10:39respect, répète-t-elle. Et la petite Hilaria sent tout à fait comprendre la portée de ces mots
10:46acquiesce, oui. Dévotion et respect qui n'empêchent ni la tendresse, ni la patience. Hilaria s'approche
10:58de la cheminée. Le petit violon et l'archet sont posés sur une table à côté de la chaise où est
11:03assise Giulietta. Elle l'invite à s'approcher plus encore. « Viens, viens les voir. » L'enfant,
11:10dont seul le buste dépasse de la table, regarde l'instrument couleur mielle. « Prends-le dans tes
11:16mains. » Hilaria n'ose pas, le respect déjà. Giulietta l'encourage. « Vas-y, tu vas voir
11:24comme il est léger. » Hilaria prend le violon par le manche, s'étonne en effet du poids plume si
11:31léger. L'image de Marie attraverse son esprit. Elle n'a pas besoin d'instrument, elle juste d'une
11:38voix. Giulietta semble lire ses pensées. « Oui, il va devenir ta voix. » Hilaria en a la gorge
11:47toute sèche. « Pose-le à la base de ton cou. » L'enfant pose le poids plume sur sa clavicule. Elle
11:54louche en regardant les ouïes, le chevalet, cette vue nouvelle qui deviendra son paysage intérieur.
12:01Quatre cordes et toute la musique sous ses doigts. Elle a si peur que l'instrument lui échappe qu'elle
12:08serre fort le manche dans son poing. Giulietta rit. « Mais il ne va pas tomber. » « Attends, je vais
12:15chercher mon violon et on va jouer ensemble. » Bientôt, sans archet, la transmission commence.
12:23Giulietta pince une corde avec son index droit. « Fais comme moi. » L'enfant joue son premier
12:30pizzicato. Chaque fois que Giulietta lui fait signe, elle joue ensemble. Elles font vibrer les
12:37quatre cordes l'une après l'autre. Un son fragile et peureux, mais un son quand même qui, peu à peu,
12:43prend de l'assurance. Longue route qui s'annonce avec vue intérieure sur les bennes de la touche.
12:51Ilaria voudrait prendre l'archet. Plus tard, la prochaine fois peut-être. « Pour l'instant,
13:00fais les mêmes gestes que moi. » Et Ilaria se laisse porter.
13:20Il y a un moment où l'enfant s'éloigne de lui-même. Ilaria s'éloigne de lui-même.
13:27Il y a un moment où l'enfant s'éloigne de lui-même. Il y a un moment où l'enfant s'éloigne de lui-même.
13:35Il y a un moment où l'enfant s'éloigne de lui-même. Il y a un moment où l'enfant s'éloigne de lui-même.
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16:38L'embarcation file sur un boyau perpendiculaire.
16:42Hilaria et Giulietta vont débarquer sur le côté du bâtiment et entrer par la porte de service.
16:49Un des gondoliers immobilise l'embarcation en se tenant à un pieu de bois. L'autre les aide à gravir les quelques marches.
16:57Elles entrent. L'endroit est sombre.
17:01Au fond, un escalier mène à l'étage vers une vaste pièce dont les fenêtres bordent le grand canal.
17:09Des chandeliers sont allumés sur des coffres en bois.
17:12Hilaria n'a pas le temps de regarder que Prudenza, qui trépignait en les attendant, la prend par la main.
17:17« Viens, c'est en haut. »
17:21Dans le salon de musique, la mère joue du virginal posé sur une large table recouverte d'un tapis doréant.
17:28À droite et à gauche de l'instrument, les partitions d'Hilaria et Prudenza.
17:34Giulietta s'installe dans un fauteuil pour les écouter.
17:37On leur propose un verre d'eau coupé de vin qu'Hilaria boit d'une traite.
17:42Elle ouvre la partition. C'est une cantate composée par Barbara Strozzi,
17:48musicienne morte quelques années auparavant, Nympha Ingrata, un violon, une basse continue et une soprano.
17:57Hilaria excelle dans l'art de déchiffrer. Toutes les musiques prennent vie sous ses doigts.
18:02Pour Prudenza, c'est plus difficile. Elle s'arrête, recommence, peste. On demande de l'aide à Giulietta.
18:11Hilaria se prend à rêver que ces deux heures pourraient être sa vie toute entière, la musique et la famille.
18:18L'ardeur qu'elle met soudain à jouer du violon parcourt son corps, fourmi dans ses mains.
18:24Son esprit, tendu par l'écoute, va exploser. La voix, le virginal, la beauté.
18:32Elle tressaille, cette partition inconnue la remplit. Elle va prendre feu.
18:37Son violon va brûler, l'étenture, le palais, tout va brûler.
18:41Elle n'est plus qu'une flamme vive, elle, avec le ruban, l'habit blanc, ses tresses, une couronne incandescente.
18:49Dans un mouvement irrépressible, alors que Prudenza et sa mère ne s'aperçoivent de rien, aveugles, du brasier à venir,
18:58Hilaria pose son violon, court dans les escaliers en sens inverse,
19:03et quand, à bout de souffle, elle se retrouve sur les marches où elle a débarqué une heure auparavant,
19:09elle défait son ruban, se déshabille, ne garde que la très légère robe qui lui sert de juste corps, et plonge dans l'eau.
19:20Les bras en croix, visage vers le ciel, on la voit et on l'entend dire « ça me brûlait trop ! »
19:29Et Prudenza lui dit « j'arrive ! »
19:32Les voici, toutes les deux, étoiles de mer dans le minuscule canal, se tenant par la main pour éteindre l'incendie.
19:58Prudenza, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria, Hilaria,
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