Infections urinaires à répétition, obésité morbide, endométriose… Et s’il existait un lien entre maladies féminines et événements de vie ? C’est ce que démontre Anne Gabard-Allard, gynécologue et autrice de « Mon corps raconte mon histoire ».
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00:00Cet organe malade appartient à un ou une propriétaire.
00:04Qu'est-ce que cette maladie vient dire de sa vie ?
00:07Je m'appelle Anne Gabart, je suis gynécologue et j'exerce ce métier depuis 40 ans.
00:13Leur nombre d'inféconités reste inexpliqué avec nos moyens d'exploration actuels.
00:19À un moment de mon parcours, j'ai été vraiment démotivée par ces incompréhensions et ces impuissances.
00:26J'ai fait un master d'histoire des sciences pendant deux heures.
00:28J'ai vu 300 patientes pour un entretien pour mettre en miroir les événements de vie et de santé.
00:34Le premier entretien a été une patiente que je suivais depuis 10 ans pour une endométriose sévère.
00:42Cette femme avait été abusée quand elle avait 9 ans.
00:47En plus d'être abusée, elle avait servi d'appât à son bourreau pour lui amener des copines qu'il violait.
00:56Cette patiente m'avait dit à la fin de ce l'entretien « est-ce que mon endométriose a quelque chose à voir avec mon histoire ? »
01:04J'ai gardé en tête ce questionnement.
01:09À chaque fois, je me suis dit « est-ce que le fait d'avancer, de comprendre mieux, me permettra de lui répondre à cette patiente ? »
01:17Le corps sait tout de nous.
01:19J'ai compris qu'il fallait poser des questions ouvertes, par exemple « est-ce qu'un jour, vous avez manqué de respect ?
01:25Est-ce que vous avez vécu des événements de vie difficiles ? Est-ce que ces événements ont provoqué des émotions qui sont encore difficiles pour vous ? »
01:31Si on ne peut pas changer les événements de vie passés, on peut apaiser les émotions qui ont été induites.
01:38Et ce sont elles, ces émotions, qui, trop importantes ou trop pérennes, deviennent toxiques pour le corps.
01:45Dans les infécondités inexpliquées, l'émotion, souvent, c'est la peur.
01:52J'ai peur d'être enceinte, j'ai peur d'être déformée, j'ai peur de l'accouchement, j'ai peur de ce qui se passera après, de la responsabilité que me donne un enfant.
02:03Cette connaissance de nous-mêmes, elle nous permet, dans un premier temps, de savoir ce qui ne nous appartient pas.
02:10Ce n'est pas de notre faute si on a été en contact avec des perturbateurs endocriniens,
02:15ce n'est pas de notre faute si on a eu un père alcoolique qui a mis de la violence dans toute la maison.
02:20Donc, cette connaissance de nous-mêmes, elle peut nous aider à ça,
02:23pour que l'on n'ait pas envie de se croire coupable ou responsable de notre maladie.
02:31Bien sûr que la médecine, elle a fait des progrès merveilleux et elle a toute sa raison d'être,
02:36mais je pense qu'on peut la soutenir et l'aider par ce chemin complémentaire et cette voie d'accès complémentaire,
02:45qui peut être un levier thérapeutique supplémentaire.