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L’ancien médecin-chef du Raid, Matthieu Langlois, était l’invité de Ça se dispute, ce vendredi 20 décembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur l’accident sur le marché de Noël de Magdeburg en Allemagne : «C’est une prise en charge particulière pour offrir les meilleurs soins le plus vite possible. On n’est pas dans une zone sécurisée donc il faut agir vite».

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Transcription
00:00Le docteur Mathieu Langlois, c'est l'ancien médecin-chef du RAID qui est en liaison avec nous.
00:05Docteur, bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation, je le disais, pour nous éclairer.
00:10Entre 60 et 80 blessés ce soir, des blessés qui ne peuvent être déplacés à cette heure vers les hôpitaux.
00:18Tout cela nous dit la gravité de la situation.
00:23Oui, évidemment, j'ai quelques précautions parce que je ne suis pas du tout sur place,
00:30mais pour avoir vécu certains attentats, là c'est vrai que des véhicules utilisés comme des armes,
00:37parce que c'est le terme, ça fait des blessures qui sont différentes de ce qu'on peut voir
00:44dans des attentats avec des armes blanches ou des armes à feu,
00:48et qui rendent parfois plus complexe la prise en charge des secours et des équipes médicales.
00:55On peut parler d'une médecine de guerre qui se met en place,
00:59on est dans un schéma similaire, docteur, dans ce genre de situation ?
01:04Moi, je n'associe jamais les deux mots, médecine et guerre, ça c'est une petite habitude.
01:12En tout cas, c'est de la traumatologie lourde avec de nombreuses victimes,
01:16mais ça, tous les pays d'Europe malheureusement l'ont déjà vécu, s'y préparent et savent y répondre.
01:25C'est une prise en charge particulière qui demande aussi bien de faire ce qu'on appelle de la priorisation,
01:33ou plus vulgairement du triage, pour offrir la meilleure prise en charge, les meilleurs soins,
01:39le plus vite possible, parce qu'il ne faut pas oublier qu'on est quand même dans un contexte d'insécurité.
01:44Encore une fois, il y a des grosses différences entre des fusillades,
01:48ce que j'ai vécu moi personnellement, mais avec des cas comme celui-ci,
01:56ou comme on avait eu à Nice, où c'est un véhicule qui est utilisé,
02:00mais le véhicule peut être piégé, il peut y avoir aussi des risques de sur-attentat.
02:04On est vraiment dans une zone qui est non sécurisée,
02:06et ça change évidemment la prise en charge des secours.
02:09Il faut aller vite dans des zones dites sécurisées,
02:12et l'objectif c'est quand même d'aller le plus vite possible à l'hôpital.
02:16Mais dans le cas des blessures par un des véhicules,
02:20évidemment la mobilité est parfois beaucoup plus difficile,
02:23parce qu'on a beaucoup de lésions au niveau des membres inférieurs du bassin.
02:26– Philippe Guibert avait une question, docteur, à vous poser.
02:29– Oui, bonsoir Mathieu, comment des soignants peuvent-ils être prêts,
02:34j'imagine dans cette ville de Magdebourg, qui doit être dans la grande banlieue de Berlin,
02:39comment des soignants peuvent-ils être prêts à être confrontés à ces victimes,
02:45victimes d'une traumatologie lourde, comme vous venez de le dire ?
02:50Comment ça se passe pour des soignants ?
02:53Qu'est-ce qu'ils peuvent faire face à des personnes en état de détresse
03:00et en état de sanitaire catastrophique ? Comment ça se passe ?
03:05– C'est difficile, et c'est pour ça qu'il faut évidemment s'y préparer,
03:09qu'il y a des équipes plus ou moins préparées,
03:11mais ce qui est sûr, c'est que depuis maintenant toutes les années,
03:16en tout cas pour la France c'est sûr,
03:17et puis moi j'ai beaucoup travaillé aussi et partagé à l'étranger,
03:20en Allemagne mais ailleurs, et je sais très bien que l'ensemble des services,
03:24au début ça concernait surtout les grandes villes,
03:26et puis tout le monde petit à petit s'est préparé aussi
03:30à ce qu'on appelle des tueries de masse ou des attentats de masse,
03:33avec évidemment, on n'a pas les mêmes moyens à Paris
03:36que dans des coins plus reculés en métropole,
03:42mais tout le monde sait faire,
03:44moi je crois beaucoup à la capacité de l'ensemble de nos services
03:48de correctement réagir avec leurs moyens, avec leurs capacités,
03:52avec leurs expériences, mais ils savent faire ça.

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