• hier
Comment mieux accueillir les demandeurs d'asile ? Comment mieux les répartir sur le territoire, sachant que l'île de France concentre près de la moitié des demandes d'asile.
Il y a 3 ans, le Gouvernement a lancé un nouveau « schéma national d'accueil ».
Objectif, que chaque département prenne sa part de solidarité.
Alors des CADA (Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile), voient le jour dans de petits villages ruraux.
Mais ça ne fait pas toujours l'unanimité.
Nous sommes allés dans l'Indre, à Bélâbre, au coeur du Berry. Dans cette commune de moins de 1000 habitants, alors que le maire se bat pour ce projet, une partie des habitants proteste contre l'arrivée prochaine de 38 demandeurs d'asile.

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Transcription
00:00Manifestation autorisée et maintenue pour les anti-Qadha.
00:05Rendez-vous à 9h, place de la République, à Bélabre.
00:09Musique rythmée
00:11Bélabre.
00:12Une commune de 940 âmes au coeur du Béry, dans l'Indre.
00:17Ici, les habitants se déchirent sur l'installation prochaine
00:22d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, un Qadha.
00:27En 9 mois, c'est la quatrième fois qu'ils manifestent.
00:30C'est les gros Qadha, là.
00:33La manifestation anti-Qadha est autorisée et maintenue...
00:38L'île de France concentre près de la moitié des demandes d'asile.
00:42L'Etat veut mieux les répartir
00:45et souhaite que les régions prennent leur part.
00:48L'Indre, département sous-doté,
00:50va créer 60 nouvelles places d'accueil.
00:5438 dans cette petite commune rurale.
00:57Et ça ne fait pas vraiment l'unanimité.
01:00On va les mettre là, les parquer, au fond,
01:03sans rien, sans jardin, sans activité.
01:05Qu'est-ce qu'on va faire ?
01:07Ma crainte, c'est de voir des gens qui ne pourront rien faire
01:11de la journée faire des bêtises, parce qu'ils s'ennuient.
01:14Dans des petits villages où les gens ont l'habitude
01:17de vivre très tranquillement, où il n'y a ni transport,
01:21où il n'y a rien à faire,
01:23je comprends que les gens se posent des questions.
01:26Depuis que le projet a été annoncé par le maire,
01:30c'est tout le village qui s'est crispé.
01:32Le maire a réussi une chose formidable,
01:36c'est de diviser en deux sa population.
01:39Ca a créé deux mondes différents, du coup.
01:43Ca a été mal préparé initialement,
01:46et puis voilà, aujourd'hui, c'est la guéguerre.
01:53Musique sombre
01:56Un village coupé en deux,
02:00au point que le maire ne peut plus se déplacer dans les rues
02:04sans être pris à partie.
02:06...
02:09Bonjour.
02:10Vous voulez dire bonjour ?
02:12...
02:17Le monsieur qui est là, je lui ai dit bonjour.
02:20Il m'a dit, tu oses me dire bonjour.
02:22Moi, je suis passée avec telle honte, cette amie.
02:26Il a posté sur les réseaux sociaux
02:29que l'usine, là, pouvait être brûlée.
02:34Musique sombre
02:36L'usine, c'est cette ancienne chemiserie désaffectée.
02:40C'est elle que Laurent Laroche a revendue
02:42à l'association Ville Thaïs.
02:44Elle doit être transformée en CADA,
02:47un centre d'accueil pour demandeurs d'asile.
02:50Je viens toujours là avec un peu d'émotion
02:52parce que ma maman y a travaillé.
02:55Ici, il y avait 120 ouvrières dans les années 50-60
02:59jusqu'au début des années 80.
03:01Ces ouvrières fabriquaient des chemises
03:04pour la haute couture française, Pierre Cardin, Christian Dior.
03:07Donc là, on va monter à l'étage.
03:10...
03:12On arrive dans la grande pièce qui sera aménagée pour l'étage.
03:16Donc, vous voyez dans quel état c'est.
03:20Il y a tout à écrire.
03:21Il y a tout à écrire.
03:23Ca a servi de gymnase.
03:24Karine Bouteleux, en charge du projet pour Ville Thaïs,
03:28visite pour la première fois les locaux.
03:30Donc là, on sera dans la salle de l'étage
03:33où il y aura des chambres, des douches et des toilettes.
03:37Et si ma mémoire est bonne, un coin buanderie
03:40pour qu'ils aient accès aux machines à laver, sèche-linge.
03:42Le bas sera plus sur les activités collectives
03:46avec des bureaux qui permettront la confidentialité
03:50pour travailler les dossiers de demande d'asile.
03:53...
03:54600 mètres carrés
03:56pour accueillir 38 demandeurs d'asile.
03:59...
04:00Ca fait un très bel espace.
04:03Les combes seraient aménageables.
04:05C'est la superficie qui nous a plu.
04:07Comme je le disais, il y a tout à écrire.
04:11C'est vrai que là, finalement, on a quatre murs, un toit.
04:14On va pouvoir faire ce qu'on a envie de faire.
04:17Allez-y.
04:18Mais pour l'instant, pas de travaux en vue.
04:21Annoncée en février,
04:23neuf mois après, la vente n'est toujours pas signée.
04:27J'ai plus de mal à m'imaginer comment ça va être en bas, en fait.
04:31Voilà.
04:32Ici, on a une association de tir à l'arc.
04:34Alors, elle va être déménagée provisoirement.
04:38C'est particulier, en effet, d'être là.
04:42Je suis la cible.
04:44Je suis la cible de bon nombre de gens.
04:48Je suis l'homme à abattre.
04:49...
04:51Oui.
04:52...
04:55On dirait que c'est pas drôle, quoi.
04:58Non, c'est pas drôle.
04:59...
05:02J'y mets tout mon coeur, parce que j'y crois.
05:05Comment refuser cet accueil à des enfants, à leurs parents ?
05:10...
05:11L'accueil des demandeurs d'asile est une compétence de l'Etat.
05:15En acceptant de vendre ce bâtiment à Ville-Thaïs,
05:19Laurent Laroche n'imaginait pas les conséquences.
05:23Je me sens menacé, hein.
05:25Vous savez, la personne qu'on vient de rencontrer,
05:29qui me dit, euh...
05:32Voilà.
05:33T'as pas honte de me dire bonjour.
05:36Enfin, moi, je suis l'élu.
05:38Pour moi, y a rien qui a changé. J'ai pas changé, moi.
05:41Je suis comme j'étais.
05:43C'était des gens que je considérais
05:46comme des gens tout à fait normaux, aimables,
05:50pour qui j'avais un peu d'estime.
05:52C'est des gens qui m'avaient jamais rien fait,
05:54qui, aujourd'hui, sont dans une...
05:57Ce monsieur, particulièrement, il est dans une haine.
06:00...
06:03Ville-Thaïs a ouvert six cadas dans la région.
06:06Mais l'association n'avait jamais été confrontée
06:09à une telle hostilité.
06:11On est aussi démunis, parce que c'est la première fois,
06:14donc on en vient à faire des démarches
06:16qu'on n'avait jamais faites jusque-là,
06:19c'est-à-dire communiquer avec les renseignements territoriaux,
06:22déposer plaintes et des mains courantes
06:24sur les postes diffamatoires
06:26qui sont diffusés sur tous les réseaux sociaux.
06:29Il est là-bas.
06:31En quittant le bâtiment,
06:34le voisin qui avait invectivé le maire
06:36nous interpelle à notre tour.
06:39Vous avez filmé qui ?
06:41On a filmé le maire.
06:42Le maire ? Pourquoi il y a un maire ici ?
06:45Ou un collabo ?
06:46...
06:47S'il est en colère, c'est que sa maison est face aux cadas.
06:51Alors il a bien réfléchi.
06:53Après 20 ans ici, il a décidé de quitter le village.
06:58Je pense qu'on veut débarrasser Paris, soulager les Parisiens,
07:02parce qu'ils en ont peut-être autant marre que nous.
07:05En ce moment, on en a marre. On vit plus, on dort plus.
07:08C'est la sécurité. Je suis sûr que la sécurité n'existera pas.
07:11Qu'est-ce qu'ils vont faire ?
07:13En plus, là, ils n'ont pas de terrain, ils n'ont rien.
07:17Maintenant, ils disent que ça va être des familles.
07:19Le maire a géré Ville-Thaïs tout seul.
07:22Il n'a rien demandé à personne. Il l'a fait de son propre chef.
07:25Pourquoi il n'a pas fait un référendum ?
07:27Un projet clivant,
07:30passé sous silence.
07:32C'est ce que reproche une partie de la population à son maire.
07:36Laurent Laroche, lui, assume son choix.
07:43Je n'ai pas commis d'erreur, de faute.
07:45Peut-être, éventuellement, aurions-nous dû...
07:49Peut-être, je dis bien peut-être, aurions-nous dû communiquer plus tôt.
07:53C'est ce qui m'a été reproché.
07:55J'ai appelé une dizaine d'élus qui ont des cadavres en France
07:59et qui ont fait des réunions publiques et qui l'ont très mal vécu
08:02et qui m'ont déconseillé de le faire.
08:04La police n'était pas vraiment, non plus,
08:07favorable à une réunion publique dès le départ.
08:09Du coup, on a dit qu'on allait avancer avec le conseil
08:12et on ferait une réunion publique après.
08:14On l'a fait au mois de mars, une fois que le conseil
08:17avait pris la décision de vendre l'usine.
08:20On ne va pas me reprocher ça pendant un an, un an et demi.
08:25Et c'est pourtant le cas.
08:27Les lettres d'insultes, de menaces s'amoncèlent à la mairie.
08:32C'est un dossier que je n'ouvre pas souvent
08:34parce qu'il me fait du mal.
08:36...
08:37Devant notre caméra, il accepte de replonger dans ses courriers.
08:42-"Monsieur le maire, chaque jour qui passe dans ce pays,
08:45nous subissons les faits divers les plus atroces par les migrants.
08:49Nous ne laisserons pas ce centre ouvrir dans notre région
08:52sans réagir.
08:53Nous ne laisserons pas un petit collabo défigurer
08:56le visage de la France sans rien faire.
08:58Vous êtes prévenu."
09:00...
09:01Ces derniers jours, les intimidations sont montées d'un cran.
09:06Trois coups de fil anonymes à son domicile.
09:09Un homme lui promettait de lui faire la peau.
09:11Le maire a apporté plainte pour la première fois.
09:15Il vit depuis sous protection policière.
09:18...
09:20Aujourd'hui, encore, j'ai la boule au ventre.
09:23On n'est pas à l'abri de rencontrer un fou
09:25qui va...
09:28Je ne sais pas, me tabasser.
09:31C'est vraiment inquiétant pour moi, pour ma famille.
09:34...
09:36Et ce week-end-là, l'attention ne va pas retomber à Bélabre.
09:40Une cinquantaine de gendarmes
09:42se sont déployés sur la place du village.
09:45Sous une pluie battante,
09:47les anticadas s'organisent.
09:51Et c'est Ludivine Faccio, la fille de l'épicier,
09:54qui a pris la tête de la contestation.
09:57...
09:59On va demander de garder un rythme assez calme.
10:02On n'est pas obligés de courir.
10:04Le but, c'est de gagner un peu de temps et de montrer qu'on est là.
10:07On a des caméras qui couvrent cet événement tout de même.
10:11Et le mauvais temps n'a pas dissuadé ces Bélabrais
10:14de venir défendre leur village.
10:1740 migrants à Bélabre,
10:19c'est pour la commune de Bélabre, c'est trop.
10:22Un Bélabre bien tranquille.
10:24...
10:27Il approche.
10:28Il y a un gros cadavre qui nous embolise.
10:31...
10:33Quel gros connard, si je l'aime pas !
10:35Il est tout seul, là, quand même.
10:37...
10:39Le cortège a choisi symboliquement de passer devant la mairie.
10:44...
10:45Reclus dans son bureau,
10:47entouré de son équipe municipale,
10:50le maire est tendu.
10:52Depuis ses fenêtres,
10:54il jauge la participation.
10:56Ils sont pas nombreux, pas plus nombreux que d'habitude.
10:59Même moins, je pense.
11:02Largement moins.
11:04...
11:07Ce qui me fait le plus de mal, c'est que je vois des gens de la famille.
11:11Des gens de la famille pour qui j'ai...
11:15...de l'amitié.
11:17Des sentiments.
11:18La roche ! Démission !
11:21La roche ! Démission !
11:23La roche ! Démission !
11:25La roche ! Démission !
11:27La roche ! Démission !
11:28Non, je ne démissionnerai pas.
11:30J'irai au bout.
11:31Il y a beaucoup de gens du Rassemblement national.
11:34C'est des gens de Bélabre qui se laissent influencer
11:37par des discours politiques... nationaux.
11:42Ce jour-là, ils sont 150 dans les rues du village.
11:47Après neuf mois de contestation, la mobilisation ne faiblit pas.
11:51Ce superbe et chaleureux village qu'on aime tant, au fond de nous,
11:56n'est pas équipé, n'est pas prêt à recevoir un tel projet.
11:59Parce que nous sommes déjà, nous, Bélabre, petite commune,
12:02victimes des difficultés que l'Etat nous impose.
12:05Des aires médicales, manque de structure.
12:08Applaudissements
12:09Mais c'est surtout un combat contre l'immigration
12:12qui se joue aussi à Bélabre.
12:15D'ailleurs, à la tribune, c'est l'avocat parisien Pierre Gentillet,
12:19proche du Rassemblement national, qui est invité à prendre la parole.
12:24Je le dis, c'est une affaire civilisationnelle.
12:26Ce combat à Bélabre est un combat local, bien sûr,
12:30et c'est aussi un combat national.
12:32Regardez vos villes.
12:35Regardez votre pays.
12:37Le reconnaissez-vous ?
12:38Non.
12:41Alors, il faut vous battre.
12:43Parce que l'Etat vous a abandonnés.
12:46L'Etat a abandonné le peuple français,
12:48comme le maire vous a abandonnés.
12:51Battez-vous.
12:52Applaudissements
12:54Des élus Rassemblement national, des départements voisins
12:58sont venus renforcer le mouvement.
13:01On va gagner ! On va gagner !
13:05Au niveau national, quelque chose se passe.
13:07Il faut que nous, élus, soyons auprès des habitants,
13:11puisqu'on voit bien que l'Etat et même les municipalités
13:14laissent un peu les gens à l'abandon,
13:17malgré leurs réclamations,
13:18malgré leur refus de l'installation de Cada
13:22et cette immigration massive qui ne cesse.
13:24Et Ludivine Faccio est bien décidée à faire plier le maire.
13:29Calak, avec la mobilisation de ses locaux et de l'extérieur,
13:34a réussi à faire plier la décision.
13:36Eh bien, pourquoi pas, oui, Sibéla peut être le petit Calak.
13:39Pourquoi pas, oui.
13:41Calak, ce village breton dont le maire,
13:45harcelé, menacé de mort,
13:47a fini par abandonner son projet de Cada.
13:50...
13:55Loin du bruit de la manifestation,
13:58à l'autre bout du village, un petit collectif s'est réuni.
14:02Eux ne sont pas descendus dans la rue.
14:05...
14:09La manifestation à Pélabre, dans la braie, n'est terminée.
14:13Ils étaient une centaine ce matin pour dire non
14:15au centre d'accueil des demandeurs d'asile.
14:18150 personnes selon les organisateurs,
14:20130 selon les gendarmes.
14:21Le préfet de l'intérieur...
14:23Sandrine, Céline, Frédérique et leurs amis
14:25ont monté un collectif favorable au Cada.
14:29Et eux aussi aimeraient bien faire entendre leur voix.
14:32...
14:33On crie moins fort qu'eux.
14:35Oui. Très difficile. Je trouve que c'est difficile.
14:38Il faut bien s'actuer.
14:40C'est pas dans le thème, aujourd'hui, de défendre...
14:43...
14:45les demandeurs d'asile ou les réfugiés.
14:47...
14:49Les gens qui travaillent sur Pélabre,
14:51artisans et autres,
14:53si jamais ils annoncent qu'ils sont pro-Cada,
14:55quel risque ont-ils ?
14:57Que les gens ne fassent plus appel à eux pour travailler ?
14:59Forcément, d'un côté ou de l'autre,
15:02on s'est positionnés aussi, on s'est jugés.
15:04Les regards, les gens qui disent plus bonjour,
15:07effectivement, c'est très difficile.
15:10Au début, j'ai pris le parti de faire comme si de rien n'était,
15:14en se disant que ça va passer avec le temps.
15:16Je m'en suis fatiguée.
15:18Maintenant, je dis bonjour à ceux qui me sourient,
15:20qui me disent bonjour, et après, non.
15:23C'est compliqué, je...
15:24Hum...
15:26Toute cette haine qu'on a pu recevoir,
15:28qu'on me voit encore...
15:31Hum...
15:33...
15:38Être favorable au Cada à Bélabre
15:41est délicat pour les habitants,
15:43comme pour le maire.
15:45Mais Laurent Laroche ne désarme pas,
15:47il croit toujours à son projet.
15:49Il sait que le parcours sera long
15:52et bien plus compliqué que prévu.
15:54...
15:56C'est devenu un combat
15:59parce que...
16:00Il a été très vite mis sur le champ politique.
16:05Mais certains vous diront,
16:07accepter de faire venir un Cada dans sa commune,
16:11c'est déjà un choix politique.
16:13Au combat politique, il faut des réponses politiques.
16:16Et le fait d'aller à Argenton,
16:19participer à la semaine de l'intégration,
16:21rencontrer des autres élus, ce sont des actes politiques.
16:25...
16:26La ville voisine d'Argenton-sur-Creuse
16:29accueille elle aussi un Cada.
16:31Elle organise une semaine de l'intégration.
16:34La secrétaire générale
16:36de la préfecture du département est présente
16:39et Laurent Laroche veut en profiter pour la rencontrer.
16:43...
16:47C'est bien que vous soyez venus.
16:49Oui, tout à fait.
16:50Et comme ça, ça donne une vision un petit peu large
16:53de tous les dispositifs qui se veulent larges.
16:56Au coeur de la conversation,
16:58les freins à l'intégration.
16:59...
17:01Ce qui est plus compliqué,
17:03c'est peut-être pas tant trouver du logement ou de l'emploi,
17:06car on est sur un département où on a 4 % de taux de chômage.
17:10Les entreprises sont demandeuses de main-d'oeuvre.
17:12On peut trouver des parcours
17:14et on peut organiser l'orientation vers l'emploi.
17:17La question qui se pose, c'est la mobilité.
17:20La mobilité, c'est un vrai sujet.
17:22Là, nous, on est sur le point de signer
17:25avec une association départementale famille rurale
17:28la possibilité de faire du transport solidaire.
17:31...
17:32Mais le plus important pour le maire de Bélabre,
17:35c'est de s'assurer du soutien de l'Etat.
17:37Voilà.
17:38C'est une politique publique qui est portée par l'Etat.
17:41L'Etat ne peut pas faire seul.
17:43Au premier chef, ce sont les élus.
17:45Quand on a des élus comme M. le maire engagés,
17:47qui croient à ce projet,
17:49on se doit, au niveau des services de l'Etat,
17:51d'être à ses côtés, de le soutenir, de l'accompagner.
17:54Voir même de mobiliser les services
17:56aux côtés de l'association pour que les choses aillent jusqu'au bout
18:00et dans de bonnes conditions,
18:01et que M. le maire ne se sente pas seul.
18:03Vous ouvrez la voie ?
18:04Vous ouvrez la voie ?
18:06Rires
18:07J'ouvre la voie.
18:08C'est pas sans dommage, hein.
18:10Il y a des dégâts collatéraux.
18:11On vous accompagne.
18:12Mais je sais.
18:14Musique jazz
18:15Au nord du département,
18:17une autre commune a ouvert la voie il y a 7 ans,
18:20la ville de Buzencet.
18:234500 habitants
18:24et un cadavre qui accueille 110 demandeurs d'asile.
18:30C'est ici qu'Amina vit depuis 4 mois.
18:33Elle a fui son pays suite à des violences familiales.
18:36Pour des raisons de sécurité,
18:39elle souhaite rester anonyme.
18:41Allez, on va courir 5 minutes
18:43pour faire réchauffer le corps, OK ?
18:45Allez.
18:47Yes.
18:48Allez, on commence.
18:491, 2, 3, let's go !
18:53Depuis quelques semaines,
18:54c'est elle qui anime le cours de danse de la ville.
18:576, 7, 8...
19:00Lorsqu'on a quitté notre pays,
19:02on a cru qu'on allait vivre ici en cachette.
19:06Mais on pratique notre vie tranquillement,
19:09on fait ce qu'on veut.
19:10Au début, ils ont cru qu'on allait rester
19:14avec les bras croisés,
19:16mais lorsqu'ils ont vu qu'on voulait vivre,
19:19qu'on voulait s'intégrer, ils ont aimé ça.
19:23Certains habitants viennent même assister à son cours.
19:26Aujourd'hui, l'intégration se passe bien,
19:29mais à l'époque, comme à Bélabre,
19:32le projet n'a pas vraiment été bien accueilli
19:35par la population.
19:36Au début, à Buzencet,
19:38on entendait n'importe quoi sur le marché.
19:41C'est petit à petit,
19:43et je crois que le comportement qu'ils ont eu,
19:46toutes les personnes qui venaient de droite et de gauche,
19:49il n'y a pas eu de choses à leur reprocher.
19:52Ils se sont un peu intégrés,
19:54et donc ça fait que c'est comme ça aujourd'hui.
19:57Mais c'était pas gagné.
19:58En sept ans,
20:00190 familles comme celle d'Amina
20:03ont été hébergées dans ce centre.
20:05Des familles qui arrivent souvent des grandes villes,
20:08des métropoles.
20:09Les familles, la plupart du temps,
20:12quand elles arrivent à Buzencet,
20:13elles ont un peu ce sentiment,
20:15on est dans une zone un peu perdue.
20:17Mais quasiment toutes les familles sont contentes d'être ici,
20:21parce qu'il y a un environnement qui est paisible,
20:24il y a l'accès à la piscine de l'été,
20:26il y a le parc, il y a des espaces verts,
20:29il y a un peu tout ce qu'il faut.
20:31Soit-elle pour autant rester vivre dans ces villes de campagne ?
20:35Amina vient d'obtenir l'asile.
20:38Elle a justement rendez-vous avec sa référente sociale
20:41pour préparer sa sortie du cadavre.
20:44Tu es quelqu'un qui s'intègre facilement,
20:47qui, au niveau social,
20:48c'est beaucoup partager, donner, recevoir.
20:51Dans la vie de tous les jours, c'est très important.
20:54Je n'ai pas d'inquiétude pour toi.
20:56Merci, parce que je me trouve à l'aise,
20:59je me trouve très bien ici.
21:00Par rapport à ton projet professionnel,
21:04là, on va pouvoir faire une demande d'inscription à Pôle emploi.
21:07Est-ce qu'il y a des formations où je puisse faire un projet ?
21:12Quelque chose d'équivalent à mon travail, dans mon domaine,
21:16c'est pas la peine d'aller dans un autre endroit pour chercher mon poste.
21:21En quelques mois, Amina a trouvé sa place.
21:25Elle envisage de refaire sa vie juste à côté, à Châteauroux.
21:30S'il y avait des moyens de transport,
21:32pour venir tard à Byzantin,
21:35je ne quitterais jamais Byzantin, parce que je suis tranquille.
21:38Mes enfants, ils sont bien.
21:40Il y a plein de sécurité.
21:41Personne ne te fait des problèmes, rien du tout.
21:46Il faudrait améliorer les choses en termes de mobilité.
21:49Clairement, pour habiter en zone rurale,
21:53il faut avoir le permis et un moyen de transport.
21:56Les familles, quand elles arrivent ici,
21:58elles n'ont pas forcément les moyens de financer un permis.
22:01Depuis l'ouverture du CADA en 2016,
22:04trois familles ont choisi de s'installer à Buzansey,
22:0725 dans le département.
22:10L'histoire aurait pu s'arrêter là,
22:13mais elle sait aussi jouer sur le terrain de foot
22:15d'un petit village voisin, Argy.
22:18Soutien, soutien !
22:20Là-bas !
22:21Là-bas !
22:22C'est bien, Ibrahim.
22:23Allez, Ibrahim !
22:25Ils viennent du Mali, de la Gambie, de la Côte d'Ivoire.
22:29Une équipe vraiment multinationale.
22:35Et ça tourne du feu de Dieu.
22:38Le club de foot local allait fermer, faute de joueurs.
22:42Ce sont les réfugiés de Buzansey qui ont sauvé l'équipe.
22:49Sinon, c'était fini pour nous.
22:50À 6, on ne peut pas faire une équipe.
22:52Vendredi, on mettait la clé sous la porte.
22:55Le samedi, ils sont venus nous voir pour l'Assemblée générale.
22:58Au départ, on avait un peu peur entre la barrière de la langue
23:01et 15 joueurs qui arrivaient d'un coup.
23:03Ils auraient pu essayer de prendre le pouvoir.
23:06Ça s'est pas du tout passé comme ça. Il y a eu tout de suite un...
23:09Ouais, ça s'est très bien passé.
23:11Nous aussi, on avait besoin d'un club comme ça pour jouer.
23:14Donc c'était bien pour eux, bien pour nous, quoi.
23:18Ça aide beaucoup à s'intégrer, ça t'aide à sortir des soucis,
23:23beaucoup de choses.
23:24C'est une manière de s'intégrer.
23:26Entre nous, souvent, il y a des gens qui sont assez timides.
23:29Donc entre nous, ici, quand on communique,
23:31à travers le sport, ça facilite déjà le langage.
23:36En deux ans, la petite équipe multinationale a pris du galon.
23:41Et a tiré les regards.
23:43On a des très bons joueurs. On a l'équipe à abattre.
23:46Le club était en train de mourir petit à petit
23:48au niveau des supporters. Plus personne venait.
23:51Et pour le coup, c'est cette curiosité,
23:54le fait qu'on soit un peu atypiques a fait venir quelques curieux
23:58et la plupart se sont rendus compte que ça se passait super bien.
24:02Et depuis quelques mois,
24:04un supporter de marque assiste aux entraînements.
24:09On va pouvoir acheter des parkas.
24:11J'ai trouvé les prix.
24:12On est détenus, qu'on ressemble à un club.
24:15Oui, mais ça va se faire.
24:17C'est l'objectif.
24:19Vous voyez comment ils sont habillés.
24:21Originaire de Buzancay,
24:24l'ancien patron du PSG vient là en voisin
24:27et donne un coup de pouce au club régulièrement.
24:30C'est une très belle histoire. C'est très agréable d'être là.
24:33Je prends beaucoup de plaisir à être là.
24:36J'ai connu tous les échelons dans le football,
24:38de gagner une Coupe d'Europe et de me retrouver en 4e division.
24:42Je suis aussi heureux que dans d'autres histoires.
24:45Il y a plus de nationalité dans l'équipe d'Argy,
24:47de 4e division, que au Real Madrid.
24:50Donc...
24:51...
24:57A Bélabre,
24:59quelques semaines se sont écoulées
25:01depuis la dernière manifestation.
25:04Mais la tension est loin d'être retombée.
25:07Le projet a pris beaucoup de retard.
25:09La signature de la vente avec Viltaï s'est repoussée,
25:13les travaux aussi.
25:15Imaginons que la signature a lieu courant janvier.
25:18Vous, les travaux,
25:19vous avez une idée, après, derrière ?
25:22Euh... Alors, après,
25:23il faut qu'on recontacte toutes les entreprises,
25:26puisqu'on n'avait pas de données de planning et d'agenda.
25:30Les anticadas ont investi le terrain juridique.
25:34Ils ont déposé des recours au permis de construire.
25:38On est toujours dans cette espèce de pression.
25:41Je pense que quand les travaux seront commencés,
25:43quand la vente sera faite,
25:45je pense que c'est là que ça va retomber,
25:47parce que les gens vont se dire...
25:49Oui, c'est fait.
25:50La pression permanente, c'est...
25:52C'est pour partir.
25:53M. Laroche nous avait dit stop, on arrête.
25:56Effectivement, on aurait abandonné ce projet,
25:58mais là, c'est pas du tout le souhait de Ville-Thaïs.
26:03Si j'avais voulu abandonner, j'aurais eu maintes occasions.
26:07Je ne pensais pas que ce serait à ce point-là
26:10et qu'il y aurait autant de fractures.
26:15En attendant l'ouverture du cada,
26:18Ville-Thaïs doit honorer son engagement avec l'Etat.
26:22Les 38 demandeurs d'asile seront provisoirement accueillis
26:26dans une autre ville du département.
26:29Laurent Laroche, lui,
26:31espère les recevoir à Bélabre, à l'automne prochain.
26:35Je pense qu'un jour,
26:37un certain nombre de Bélabrais qui sont dans la rue
26:40m'accorderont que j'ai eu raison.

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