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"Il y a un effet de mode chez les races de chiens. On voit des tendances d’année en année."

Teckel, bouledogue français, berger australien… Les races de chiens aussi peuvent être soumises à des effets de mode, avec des conséquences parfois néfastes sur leur santé et leur bien-être. Gaëlle Le Calonnec nous donne ses conseils de vétérinaire avant d'adopter un chien.
#Brutlasemainedeschiens 4/9

Tout au long de cette semaine de Noël, Brut met la lumière sur le meilleur ami de l'homme : le chien. Une façon de sensibiliser au phénomène de 'l'animal cadeau'. Tous les ans de nombreux chiens, "offerts" en cadeaux, sont abandonnés. L'adoption est un engagement pour la vie.

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Transcription
00:00Il y a un effet de mode chez les races de chiens, et ça se voit d'ailleurs dans les statistiques.
00:03Clairement, on voit des tendances d'année en année, avec certaines races qui d'un coup vont complètement exploser,
00:09et à l'inverse d'autres qui progressivement vont beaucoup moins être populaires et donc vont beaucoup moins être répandues.
00:16Un des exemples les plus marquants et connus, c'est celui des dalmatiens,
00:20avec le film « Naissant un dalmatien », où il y a eu un vrai boom dans les adoptions de cette race,
00:25dans les élevages et dans les abandons.
00:27Il y a aussi tous les chiens qu'on appelle brachycéphales, donc ceux qui ont la tête un petit peu écrasée,
00:31où ça, ça a été assez bien documenté, sur le fait que les gens adoptaient plutôt ces chiens parce qu'ils avaient des faciès de bébés,
00:37et donc il y a eu un petit peu d'anthropomorphisme là-dedans, où on projette sur le chien plus qu'un chien, mais un bébé humain.
00:43C'est quoi les conséquences qu'il peut y avoir sur certaines races de chiens, justement, d'être un peu soumises à des effets de mode ?
00:47En fait, il faut se dire que dans l'élevage canin, la reproduction, elle est souvent liée à des mâles étalons,
00:52c'est-à-dire des mâles qui vont beaucoup se reproduire, et où il va y avoir ce qu'on appelle une forte haute consanguinité,
00:58pas au sens où c'est entre frères et soeurs, mais au sens où c'est un père qui va aller avec beaucoup de femelles différentes,
01:03et donc il va y avoir ces gènes qui vont être répartis très vite dans la population.
01:07Et en fait, la consanguinité, ça amène beaucoup plus facilement des maladies,
01:10parce que si un mâle étalon avait une maladie, facilement, elle va se retrouver dans tous ses descendants.
01:15Dans celles qui sont connues, il y a celle du dalmatien.
01:18Avec le film, il y a eu beaucoup de dalmatiens en peu de temps,
01:21et ils ont développé des cristaux urinaires et donc des calculs urinaires,
01:24parce qu'ils n'étaient plus capables, au niveau de leur foie, de dégrader l'acidurique.
01:27Donc c'est des chiens qui ont besoin d'avoir une alimentation extrêmement spécifique tout au long de leur vie,
01:31sinon ils font des calculs urinaires.
01:32De plus en plus, on va chercher des chiens qui, par exemple pour un teckel,
01:35sont vraiment toujours plus courts, toujours plus longs, pour les carlins, la tête toujours plus écrasée.
01:41Les brachycéphales, comme on voulait un faciès vraiment écrasé pour le plus possible ressembler à un bébé,
01:46donc un petit bébé qui n'a pas vraiment de nez, qui n'a pas vraiment de museau,
01:48ça fait qu'on a vraiment écrasé la face le plus possible.
01:51Forcément, toutes les structures respiratoires derrière, elles sont elles-mêmes écrasées,
01:55et ça, ça engendre des grosses difficultés respiratoires.
01:58Ce sont des animaux qui vont ronfler, qui vont avoir du mal à respirer,
02:01et forcément, ça peut clairement diminuer leur confort de vie.
02:07Quand on adopte, par exemple, un cavalier king charles,
02:09on sait qu'il a une chance sur quatre d'avoir ce qu'on appelle une thyringomyélie.
02:13Donc ça, c'est parce qu'ils ont leur tête qu'on a sélectionnée pour être de plus en plus petite,
02:16pour qu'ils soient de plus en plus petits,
02:18et en fait, leur cerveau n'arrive plus à être contenu dans leur boîte crânienne,
02:21et donc, il s'échappe un petit peu, et en fait, ça crée des compressions
02:24qui font après d'énormes problèmes neurologiques.
02:26Donc, c'est sûr que quand on adopte un king charles, par exemple,
02:29on n'est pas sûr à 100% qu'il va avoir une thyringomyélie,
02:32mais on a un risque qui est largement augmenté par rapport à n'importe quel autre chien.
02:35Au niveau des clubs canins, les standards de race,
02:37ils essayent justement de plus en plus de limiter l'apparition des hypertypes
02:41et d'être assez précis dans ce qu'ils veulent et dans ce qu'ils ne veulent pas.
02:44Et ils vont essayer de pousser à limiter certaines affections.
02:47Un exemple, par exemple, c'est le charpé,
02:48qui est le chien avec beaucoup de plis sur les visages.
02:51Maintenant, dans le standard de race,
02:52il y a marqué qu'il ne faut pas trop de plis à certains endroits,
02:55et donc, ils ne cherchent pas à avoir des charpés ultra pliés,
02:58ils cherchent au contraire à avoir des animaux dans un juste milieu.
03:01Donc, là-dessus, les standards sont un petit peu en train de revenir en arrière.
03:04Le problème, c'est que les éleveurs font de la reproduction,
03:07pas forcément uniquement pour répondre aux standards,
03:09mais pour répondre aux besoins et aux envies des adoptants.
03:12Et c'est vrai que, parfois, sur les adoptants,
03:14c'est un petit peu l'hypertype qui est privilégié,
03:17sans forcément savoir derrière les répercussions que ça peut avoir sur sa santé.
03:20Donc, c'est aussi une vraie prise de conscience générale
03:22qu'il faut avoir dans la population, dans les adoptants de chiens.
03:25Il y a une forme de consumérisme aussi, du coup, derrière ce que tu es en train de me dire,
03:29des éleveurs qui vont s'adapter un peu aux adoptants,
03:32en se disant « bon, ben, j'ai plus de chances de vendre mon pécale ».
03:37C'est un peu terrible, mais oui, en fait.
03:39Un éleveur, il va chercher un peu à s'adapter au marché.
03:41Maintenant, il y a quand même beaucoup d'éleveurs qui font du travail là-dessus
03:44et qui font de la prévention, mais c'est sûr que ça reste un marché,
03:48et avec toutes les dérives que ça peut avoir.
03:50Si on continue sur cette voie-là et qu'on cherche toujours le même type,
03:54en fait, chez une race de chiens, on va avoir des chiens de plus en plus fragiles.
03:56Oui, oui, clairement.
03:57Si on continue sur cette lancée, effectivement,
04:01on va avoir des animaux de plus en plus fragiles,
04:04aussi concrètement, au niveau de leur confort de vie.
04:06Ce n'est pas juste une question de « ils peuvent tomber malades »,
04:08c'est une question de même s'ils sont « en bonne santé »,
04:11ils ont du mal à vivre et pour eux, ce n'est pas confortable.
04:13Donc oui, c'est une vraie problématique pour leur bien-être.
04:17Maintenant, ce qui est positif, c'est que c'est un sujet dont on parle de plus en plus,
04:20dont les clubs de races se saisissent de plus en plus.
04:22Et donc, il y a de plus en plus d'initiatives qui sont faites
04:25pour essayer un petit peu de limiter ces effets-là.
04:27Comment on fait, du coup, s'il y a vraiment une race en particulier qu'on aime beaucoup
04:31et qu'on aimerait adopter un chien de cette race-là ?
04:33C'est quoi, toi, tes conseils de vétérinaire, finalement ?
04:35C'est quoi les questions qu'il faut se poser ?
04:37Ce seraient quoi les conseils que tu donnerais
04:39à quelqu'un qui veut absolument adopter un chien de telle race ?
04:41Déjà, il ne faut pas se culpabiliser.
04:43Si on a toujours rêvé d'avoir un bulldog français, un teckel ou autre,
04:47ben allez-y.
04:48L'adoption d'un chien, c'est avant tout quelque chose qu'on fait pour soi et pour le chien,
04:51donc il faut que ce soit une relation d'entente mutuelle et de bonheur mutuel.
04:55Ensuite, au niveau de la santé de l'animal, c'est toujours bien de se renseigner.
04:58Donc là-dessus, il ne faut pas hésiter, si jamais vous avez déjà un autre animal
05:01et que vous avez un vétérinaire à lui poser des questions,
05:03il répond toujours volontiers.
05:05Il ne faut pas hésiter non plus à se renseigner au niveau des clubs de race
05:07sur les différents problèmes de santé que peut avoir le chien.
05:10Souvent, ils mettent sur les clubs de race les différentes choses qu'il faut demander aux éleveurs,
05:13c'est-à-dire est-ce que certains tests génétiques ont été faits ?
05:15Par exemple, sur le berger australien qui a été très très à la mode,
05:18c'est important de savoir s'il est porteur d'une mutation du gène qu'on appelle MDR1,
05:22parce qu'en fonction de cette mutation, il y a tout un tas de médicaments
05:25que le chien ne pourra pas avoir.
05:27C'est des antibiotiques, c'est des vermifus, c'est des antidouleurs,
05:29c'est des traitements de chimiothérapie, c'est tout un tas de choses qui font que
05:32si un jour le chien tombe malade, on aura bien moins de possibilités de le traiter.
05:36Et puis après, sur l'aspect bien-être de l'animal et peut-être l'éducation aussi,
05:40prendre en compte le fait que toutes les races ont des besoins parfois un peu différents
05:43et qu'il faut que ça matche aussi avec le cadre de vie qu'on peut leur offrir.
05:46Oui, tout à fait. Sur les primo-adoptants, souvent, il y a l'esthétique du chien
05:50qui va parfois un peu primer par rapport au comportement, au caractère.
05:54Et donc là-dessus, il ne faut vraiment pas hésiter à bien se renseigner sur la race,
05:57savoir un petit peu ce que ça demande comme temps au quotidien, comme balade,
06:01parce que c'est sûr qu'un cavalier King Charles, ça n'a pas les mêmes besoins de balade qu'un Malinois.
06:05Donc savoir un petit peu à quoi se préparer, est-ce qu'on peut modifier son quotidien pour le chien,
06:09parce que l'objectif, c'est que ça se passe bien,
06:11c'est pas d'avoir un chien et de se créer des contraintes parce qu'on n'a pas le temps pour le promener
06:15et que ça devienne une corvée, parce que ça, c'est le meilleur moyen que ça termine en avant.

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