Six mois après la dissolution, l'avenir politique du pays reste incertain.
Les Français regardent ce spectacle avec désolation parfois.
Mais dans quel état d'esprit sont-ils vraiment ? Quelles sont leurs préoccupations du moment ? Et leur diagnostic pour notre pays ?
Pour faire échos à la grande étude "Fractures françaises" réalisée pour le journal Le Monde et Sciences Po, nous sommes allés à la rencontre de quatre familles, afin qu'elles nous confient leurs analyses, leurs espoirs et leurs doutes.
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Les Français regardent ce spectacle avec désolation parfois.
Mais dans quel état d'esprit sont-ils vraiment ? Quelles sont leurs préoccupations du moment ? Et leur diagnostic pour notre pays ?
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NewsTranscription
00:00Laurent, tu peux nous mettre à la télé ?
00:04Il y a Emmanuel qui va parler.
00:05Nous avons notre cher président qui va faire une allocution.
00:10Il est sur toutes les chaînes.
00:12C'est vous qui démissionnez.
00:14Musique joyeuse
00:17Six mois après la dissolution,
00:20l'avenir politique du pays reste incertain.
00:22C'est inutile. C'est inutile.
00:25Il manquait plus qui parlait. Il n'y en a plus personne.
00:28On verra si il continue à...
00:30Si tous les Premiers ministres sont censurés,
00:33ça devient tenable.
00:35Les Français regardent le paysage politique
00:38avec désolation, parfois.
00:40Musique joyeuse
00:43La meilleure chose, c'est de nommer un Premier ministre.
00:46Thierry de Malhéry, restaurateur de vitrolles.
00:49C'est parfait.
00:50Rires
00:52Musique douce
00:55Alors, dans quel état d'esprit sont les Français ?
00:59Quelles sont leurs préoccupations du moment
01:01et leurs regards sur notre pays ?
01:03A l'heure où on annonce un ralentissement économique,
01:07plus de 55 % des Français
01:10disent qu'ils ont du mal à joindre les deux bouts.
01:15La plaquette de beurre,
01:17si vous regardez le premier prix, 500 grammes, c'est 5 euros.
01:20C'est hallucinant. Je suis en choc, quand j'ai vu ça.
01:23Donc on réfléchit, on compare les prix.
01:25Je règle en cartes ?
01:26Musique joyeuse
01:28Des pans entiers de la société se sentent de plus en plus isolés,
01:32impuissants face à une économie mondialisée
01:36et à un climat qui se dérègle.
01:38...
01:45Je regarde l'état de mes petites plantules de blé.
01:50Elles sortent leur deuxième feuille.
01:52Je suis parti pour rater ma troisième récolte d'affilée.
01:55Pour certains Français,
01:58notre pays reste un endroit où il fait bon vivre.
02:01Le mal-être ambiant ne serait qu'une histoire
02:04de récupération politique.
02:05Il y a un système politique, aujourd'hui,
02:08qui fait qu'on passe notre temps à se plaindre.
02:10Il faut être plus positif que ça.
02:12Il faut regarder ce qui marche, les gens qui sont contents.
02:16Et il y en a beaucoup.
02:18Encore une fois, une grande majorité.
02:20Ma France, c'est pas la France des Gilets jaunes,
02:22c'est la France des Jeux olympiques.
02:24Pour faire écho à la grande étude fracture française
02:27réalisée pour Le Monde et Sciences Po,
02:29nous sommes allés à la rencontre de quatre familles
02:32afin qu'elles nous confient leurs perceptions,
02:35leurs espoirs et leurs doutes,
02:37en débattant autour d'un dîner
02:39où les Français se mettent à table.
02:41...
02:47Pour prendre le pouls de la société,
02:49le premier Français que nous avons rencontré est agriculteur.
02:53Et en ce mois de novembre, il est mécontent
02:56et bien décidé à le faire savoir.
02:58Au programme, ce soir-là,
03:00le blocage d'une centrale d'achat de la grande distribution.
03:05Oh ! Ah !
03:07Je... J'avance.
03:08Hop là.
03:12Eh oui, puisque ma benne ne s'est déchargée qu'à moitié.
03:15Hop là. Ouh là !
03:17C'est un peu radical comme méthode d'aller bloquer la nourriture,
03:22mais aujourd'hui, depuis un an,
03:25nous, on a quand même l'impression
03:27que la société ne fait plus le lien
03:29entre l'agriculture et l'alimentation.
03:32On souhaite une alimentation de qualité,
03:34mais on ne veut pas soutenir l'agriculture.
03:37Alors, obligatoirement, on ne va pas dire le désespoir,
03:40mais dans l'excès de colère, on dit qu'on va bloquer la nourriture
03:43et on va voir ce que ça donne s'il n'y a plus de nourriture.
03:47Augmentation de leurs charges, baisse de leurs revenus,
03:51peur du traité de libre-échange du Mercosur
03:54et surtout ce sentiment
03:55que la dernière mobilisation n'a servi à rien.
03:58Les 500 000 agriculteurs
04:00se sentent les éternels laissés pour compte du système.
04:08On a bien fait le quoi qu'il en coûte
04:10pour sauver toutes les entreprises, et c'est une très bonne chose.
04:13La seule chose, c'est qu'aujourd'hui, maintenant, c'est nous.
04:16...
04:19Il y a eu les Jeux olympiques.
04:22Et là, on a dit, écoutez, vous allez faire la fête,
04:25alors qu'il n'y a pas d'argent pour nous.
04:27On nous parle de milliards.
04:291 milliard pour nettoyer la Seine.
04:311 milliard, c'était l'argent qu'il nous fallait
04:33pour sauver l'agriculture.
04:35C'était pas pour balayer 3 km de Seine,
04:38pour aller patonger, c'était clairement sauver l'agriculture.
04:42Aujourd'hui, 1 milliard, c'est le plan minimum
04:44pour apporter de la trésorerie instantanément dans nos fermes.
04:47Donc là, on arrive aujourd'hui à la dernière étape
04:50où, oui, on est vexé de ne pas avoir été écouté.
04:53C'est méprisé.
04:55C'est le fruit du mépris pour nous.
04:58Alors, forcément, à chaque fois qu'on est autiste
05:02vis-à-vis du peuple,
05:04les extrêmes, la radicalité arrive,
05:07et oui, on est dans une forme de radicalité.
05:09...
05:14...
05:19Pour comprendre,
05:21nous retrouvons Stéphane Pelletier
05:23sur son exploitation, située dans la Vienne.
05:25Lui produit du blé qu'il vend 160 euros la tonne,
05:29insuffisant pour couvrir ses coûts.
05:32Ce prix est imposé par la concurrence
05:34des agriculteurs de l'autre bout du monde
05:36qui n'ont pas les mêmes contraintes.
05:39Résultat, depuis 2 ans,
05:40entre son exploitation et celle de sa femme,
05:44c'est la catastrophe.
05:47Il y a 2 ans, moi, j'étais à moins 50 000
05:49et Gaël était à un peu plus de 40 000,
05:51donc on va dire qu'on était quasi à l'équilibre,
05:54sauf qu'on n'avait pas encore pris de revenus.
05:56Et là, l'année dernière, l'aléa climatique
05:59fait que moi, je suis à moins 72 000
06:02et Gaël, bah, pareil, à plus 40,
06:05donc il manque 30 000.
06:07Sur les deux années, il manque 40 000.
06:09Pour éponger son déficit, il a vendu ses deux voitures,
06:12mais cela ne suffit pas,
06:14alors il a pris une décision radicale.
06:16Alors, dites-moi, Stéphane,
06:18cette maison, vous l'habitez depuis pas longtemps, en fait ?
06:21Voilà, c'est la maison de ma grand-mère, ça.
06:24Pour l'instant, avec ma femme et mes enfants,
06:26on vit dans le logement de l'apprenti.
06:28On est un peu entassés, mais c'est temporaire,
06:31on vend notre maison d'habitation.
06:33Comme son père, qui votait RPR,
06:36lui a longtemps choisi la droite républicaine.
06:38On se calme, on se calme.
06:40Mais il a, à présent, le sentiment que ce parti-là,
06:43en ne s'opposant pas à la mondialisation,
06:46les a abandonnés.
06:47C'est pas dehors ?
06:48Ouais, c'est pas dehors.
06:50Avec ses collègues, qu'il a invités à déjeuner,
06:53ils se vivent comme une espèce en voie de disparition.
06:58Regarde le truc le plus flagrant.
07:015 250.
07:03En 2019, 4 600.
07:06On a perdu 15 % d'agriculteurs
07:09en 6 ans.
07:11Dans le département.
07:12Nous, on est la variante d'ajustement,
07:14on n'est pas remporte du système.
07:16Oui, oui.
07:21Aujourd'hui, un petit peu comme le reste de la société,
07:24on se tourne vers des reverseurs de table.
07:26Donc...
07:30Le monde salarié va aller
07:32vers des reverseurs de table de gauche, LFI.
07:35Et puis, nous, le monde entrepreneur,
07:39va se retourner vers un renverseur de table de droite,
07:43c'est RNZ.
07:46Est-ce que c'est une appartenance ?
07:49Ou est-ce que c'est un instinct de révolte ?
07:53Un instinct de révolte, c'est pour une appartenance.
07:56Pour moi, je suis pas dans l'appartenance,
07:59sauf qu'il faut se méfier,
08:00car la 3e fois où je vais voter RNZ,
08:03ça pourra certainement être considéré comme une appartenance.
08:06Un peu avec un...
08:12Là, ça y est, on est dans le brouillard, cette fois-ci.
08:15Au fond, ils ont le sentiment de ne plus comprendre la société.
08:19Alors, attention, hop, tiens.
08:24Y a pas de vegan ?
08:25Non.
08:27Et comme 80 % des Français,
08:30ils considèrent qu'il faudrait un pouvoir fort
08:32qui remette de l'ordre.
08:34Non, toi, t'attends ?
08:35Bon, allez. Tu te serviras après.
08:37Oui, d'accord.
08:40Sans vouloir être ringard,
08:43j'ai quand même une difficulté avec le laxisme ambiant,
08:47le manque de règles, le manque de discipline.
08:52On joue à les banlieues.
08:56Même une forme d'intégrité au niveau du monde politique.
09:00Aujourd'hui, tout le monde fait tout et n'importe quoi.
09:03Nous, on a manifesté avec cause.
09:06Tout de suite, on a les CRS qui arrivent.
09:09Quand on voit le bazar dans les banlieues,
09:11tout de suite, y a carrément...
09:13De la punité, ils vont pas...
09:16Y a deux poids, deux mesures.
09:18C'est aberrant.
09:19T'as l'impression qu'on est les chats noirs ?
09:21J'aimerais que mes impôts servent à mettre en place
09:24une autre société que celle-là.
09:28Eux ont l'impression d'être dans un monde qui se meurt.
09:33Euh... Alaska Chaps de Ruecheck.
09:36C'est notre combat.
09:38C'est ça, les mecs.
09:39On fait des actions.
09:41A l'opposé,
09:43Laurent Ribot, lui, est bien ancré dans le 21e siècle.
09:47Là, tu reconnais le truc.
09:50Les vraies grosses nouveautés aujourd'hui,
09:52c'est que les télés ont les apps intégrées
09:54avec un accès direct.
09:56T'as une double barre, maintenant.
09:58À 56 ans, il a su prendre, il y a une petite vingtaine d'années,
10:01le virage du numérique.
10:03Aujourd'hui, son entreprise fournit aux hôtels
10:06des solutions multimédia.
10:07Et pour lui, notre pays est en bonne santé.
10:09...
10:12Je pense que la France va bien. La France va très bien.
10:15Quand moi, j'ai commencé à travailler,
10:17dans les années 90, c'était la guerre du golfe.
10:19On avait un mal fou à trouver un boulot.
10:21On mettait 6, 8 mois, 1 an.
10:23Mes enfants, aujourd'hui, ils sont sortis d'école.
10:26Ils avaient 2 ou 3 emplois possibles à la sortie.
10:28Ils ont même pas attendu, ils ont même pas...
10:30Ils ont même pas fait 2 mois d'attente pour trouver un boulot.
10:34Ses enfants, justement.
10:36Il en a eu 4.
10:40Deux grandes filles, qui ont la trentaine.
10:42Sifflet.
10:43Salut, les gars.
10:45Puis Antoine, ingénieur en cybersécurité à Rennes.
10:49...
10:52Les deux ? Ouais.
10:53Et le petit dernier, encore étudiant, lui aussi en école d'ingénieur.
10:57Ouais.
10:59Leur préoccupation du moment ?
11:01Où Baptiste, 19 ans, va-t-il faire son année à l'étranger ?
11:06Mais toi, tu voudrais faire quoi ?
11:07Moi, j'aimerais bien partir
11:10soit en Finlande ou au Danemark, en Suède, en Norvège.
11:13Comme je disais à tes frères et sœurs,
11:16je pense qu'à votre âge, votre terrain de jeu, c'est le monde entier.
11:20Ici, on est dans une France où on fait un bac plus 5.
11:24...sur ce que tu fais.
11:26Les parents doivent essayer d'accompagner au maximum
11:29jusqu'à ce qu'ils soient autonomes dans la vie.
11:32On les a laissés choisir leurs études supérieures.
11:35Ils ont tous choisi des écoles qui avaient un certain coût.
11:39On n'est pas loin de 10 000 euros l'année.
11:41S'ils reconnaissent qu'ils ont eu de la chance
11:44d'avoir les moyens de financer de telles études,
11:47ils ne se sentent pas pour autant privilégiés.
11:50On a cette chance, aujourd'hui, en France,
11:54d'avoir la possibilité, par plein de moyens divers,
11:57pas tous les mêmes, de pouvoir faire des études supérieures
12:00et avoir un diplôme dans tous les domaines.
12:03Voilà. Via des écoles publiques,
12:06via des apprentissages, via plein de sujets.
12:10L'égalité des chances est réelle, aujourd'hui, en France ?
12:13Oui, je pense qu'elle a beaucoup progressé.
12:16Elle a beaucoup progressé.
12:18Comme sur beaucoup de sujets, évidemment,
12:20il faut remettre en permanence le sujet sur l'établi
12:23et continuer à le renforcer, mais ça a beaucoup changé.
12:27On est un pays où on a voulu accompagner 80 %
12:29ou plus de 80 % d'une classe d'âge au bac.
12:32Il y a plein de gens qui disent qu'aujourd'hui,
12:35l'ascenseur social est en panne.
12:36Il n'a jamais été aussi fort.
12:38Il n'est plus fort chaque année que l'année d'avant.
12:42L'ascenseur social, en France,
12:44on a quand même beaucoup progressé sur les 40 dernières années.
12:48Il faut qu'on relativise un peu quand on se plaint.
12:51Pourtant, notre pays est celui de l'Union européenne,
12:55qui a le moins de mobilité sociale.
13:00Zoco.
13:02Hé, Zoc.
13:03Allez, Zoc. Laisse maman.
13:04Allez.
13:05Allez, Zocky.
13:07Viens. Oui, il est content.
13:08Avec Carole, sa femme,
13:10ils ont un train de vie confortable,
13:13mais ont conscience que ce n'est pas le cas de tout le monde.
13:18Ca chauffe.
13:19Ca chauffe.
13:21Alors, magnifique.
13:22Ca chauffe.
13:23J'en prends deux.
13:24En deux mots, du coup, Carole, ça s'est bien passé ?
13:27Dans les grands sports en commun, tout le monde fait la tête.
13:31Tu sens qu'il ne suffit de pas grand-chose
13:33pour que les gens s'échauffent et se sautent dessus.
13:37Beaucoup de gens se disent,
13:38oh là là, mais qu'est-ce qui va se passer ?
13:41Je pense que c'est ce qui, niveau moral,
13:43surtout qu'on a eu beaucoup d'instabilité politique,
13:46on l'a vu avec les législatives,
13:48avec pas mal de choses,
13:49les gens ont perdu confiance un peu sur certains enjeux.
13:52Sur la direction du pays.
13:54On a tendance à regarder toujours le côté négatif des choses
13:58alors qu'il y a plein de choses,
14:00qu'on est dans un pays qui a plein de talents.
14:03On a une économie qui a été ultra boostée
14:09par le Covid, par le quoi qu'il en coûte.
14:12Et évidemment, aujourd'hui, on le paye un peu,
14:15mais il va falloir juste s'appuyer sur ce qui était positif
14:18pour affronter les difficultés économiques
14:21qui sont en train d'arriver.
14:22Et quand on aborde la question budgétaire,
14:26la réaction est immédiate.
14:28On manque d'argent,
14:29il y a des services publics qui en manquent moins, etc.
14:32Est-ce qu'il faut prendre de l'argent
14:35ou il faut dépenser moins ?
14:36Il faut dépenser différemment.
14:38Ou alors il est mal investi.
14:39En fait, moi, c'est plus de savoir comment on l'utilise
14:42plutôt que d'aller tout de suite prendre plus.
14:45Je suis d'accord.
14:46J'en ai un peu marre qu'on dise toujours,
14:49qu'il y ait effectivement cette voix qui dise
14:51qu'il faut aller taxer les plus riches,
14:53les entreprises les plus riches,
14:55ils gagnent énormément d'argent,
14:57c'est à cause, entre guillemets, de que tout va mal.
15:01Les 1 % des Français les plus riches,
15:03ils gagnent 90...
15:04Toutes ces choses-là qui nous font un peu détester
15:07les personnes qui gagnent énormément d'argent.
15:09Certains politiques ont compris
15:11que pour que ça fonctionne pour eux,
15:13il fallait, de temps en temps...
15:14Dire que tout va mal.
15:15Oui, voilà.
15:17Je pense à tout ce qui est la France insoumise, etc.,
15:19qui incite en permanence les gens à se révolter
15:22et qui arrêtent pas de dire tout le temps
15:24que ça va mal, ça va pas bien,
15:26quand même, les gens réussissent.
15:28Il y a des choses là.
15:29Et moi, je trouve ça...
15:30Non, je trouve ça inhérent.
15:32Oui, qu'ils font de la misère du monde,
15:34leur corps électoral.
15:35On a une vraie défiance.
15:36Je pense que l'une des inquiétudes,
15:38s'il y en a une aujourd'hui,
15:40c'est de se dire, bon sang, on n'est pas dirigé.
15:42Ou on n'est pas bien dirigé.
15:44C'est une... Et pourtant...
15:46Euh...
15:47Je crois en la force du politique
15:49quand le politique est responsable.
15:51...
15:56Notre troisième témoin, qui habite près de Rouen,
15:59a affiché cette devise pleine d'espoir dans son salon.
16:05Pourtant, dans sa vie,
16:06le champ des possibles est très restreint.
16:09Véronique Aubé compte et recompte en permanence.
16:12...
16:17Alors, on va faire le risotto ?
16:20On va couper les champignons ?
16:22Avec un salaire de 1 200 euros par mois,
16:25auquel s'ajoutent 700 euros d'aide sociale,
16:28en tant que mère célibataire avec deux enfants,
16:31les grands comme les petits choix
16:33dépendent toujours de cette fichue question d'argent.
16:36Constantin parlait d'être astronaute.
16:39J'ai déjà des cheveux blancs, je me dis comment on va faire.
16:42Même ne serait-ce que là, il avait envie de faire du hockey.
16:46Si j'investis pour un équipement hockey
16:48et qu'au bout de six mois, ça lui plaît pas,
16:51je vais être pénible avec lui,
16:52car je vais vouloir qu'il aille au bout des choses.
16:57S'il n'est pas astronaute, il sera peut-être cuisinier,
17:00mais il y a un lycée hôtelier juste à côté,
17:03ça m'arrangerait bien.
17:04Il y a un super lycée hôtelier qui est très réputé dans la région.
17:08Donc si peut-être, au lieu d'aller dans l'espace,
17:10il veut aller faire des études d'hôtellerie,
17:13je crois que ça m'enlèverait une épine du pied.
17:18Salut.
17:20Ca va ? T'as pas eu de mal à trouver ?
17:22Toutes ont un emploi, mais ne s'en sortent pas.
17:25Elles exercent dans le secteur médico-social.
17:28Des emplois au salaire bas,
17:30parfois à temps partiel, qu'elles cumulent.
17:33Résultat pour ces femmes qui élèvent seules leurs enfants,
17:36un regard désabusé sur notre pays.
17:41Voilà.
17:42Servez-vous à boire, si vous voulez.
17:44Oui, bien sûr.
17:46Je t'en prie.
17:47Elle rit.
17:50Donc là, on attend. On attend quoi ?
17:53On a changé de ministre combien de fois, cette année ?
17:56Je sais pas. J'y compte plus, t'sais.
17:58Peut-être qu'on peut postuler, hein ?
18:01Je pense qu'on fera pas pire, en termes de...
18:04Mais...
18:05En tout cas, les mamans seules, je trouve qu'on est...
18:08Là, y a pas d'évolution, y a rien.
18:11Enfin, voilà, que tu travailles, que tu travailles pas...
18:14Et puis, la pauvreté... La précarité, c'est la pauvreté.
18:18C'est ça.
18:19On est toujours saignés à blanc, et on sait même pas...
18:23On se demande, on leur dit, mais c'est pas possible, quoi.
18:27On touche déjà des minimas, et puis, y a toujours un truc qui va pas.
18:32Et tout est cher, en plus.
18:34Franchement, quand tu fais les courses, ça va vite.
18:37On a l'impression qu'on travaille que pour manger,
18:39pour payer son loyer.
18:40Y a aucun plaisir.
18:42T'es toujours en train de te restreindre.
18:44Ce côté-là, c'est assez frustrant, que tu te fais plus plaisir.
18:47Tu comptes tout.
18:48Tu comptes tout, tu dors en content, tu te lèves le matin...
18:52C'est vrai, c'est frustrant.
18:54T'es un imprévu.
18:55Ah là là !
18:56Ton frigo, elle va l'air de lâcher.
18:58Ouais, c'est ça.
19:00Le seuil de pauvreté pour une personne seule, c'est 1 200 euros.
19:03Quand tu comptes les enfants avec...
19:05Je suis en dessous du seuil.
19:07En dessous du seuil pauvreté.
19:08Après, comment tu fais pour vivre ?
19:10Comme je te disais, pendant 4 ans, j'ai pas mis de chauffage,
19:13j'avais pas les moyens de payer mon fiou.
19:15Je suis restée 4 ans sans chauffage.
19:17Quand tu fais 13 dans la maison...
19:19Et avec tes 3 enfants ?
19:20Tu vois pas.
19:22C'est pas normal.
19:23C'est pas normal. On est où ? On est en France.
19:25Je sais que mon fils, et je le remercie beaucoup,
19:28des fois, il m'aide à faire les courses avec sa bourse
19:31parce qu'à la fin du mois, on n'a pas...
19:33On est... Voilà, on est...
19:35Il y a trop de choses à payer.
19:37En France, on a l'impression que les pauvres s'appauvrissent
19:41et les riches s'enrichissent.
19:42On est partis pour voter parce qu'on voulait changer un peu,
19:46justement, essayer autre chose.
19:47Et on a contré la droite.
19:49Et on a contré la droite.
19:50Et on voulait vraiment changer pour qu'il y ait
19:53vraiment un changement dans la droite.
19:55Un renouveau, un nouveau souffle.
19:58De nouvelles personnes.
19:59Voilà, essayer autre chose.
20:01Et en fait, pas du tout.
20:03Ca a été... Voilà, on a l'impression que ça a été truqué.
20:06Qu'on nous a bernés.
20:07Pourquoi pas tester le gouvernement de gauche ?
20:10Qui m'ont l'air un peu plus humaniste.
20:12Qui pense beaucoup plus aux...
20:14Aux étudiants.
20:15Aux agriculteurs, aux étudiants, aux retraités.
20:18Ils ont un côté beaucoup plus humain.
20:20C'est une évidence.
20:22Les agriculteurs...
20:23Elles ont l'impression que le système démocratique
20:26fonctionne mal en France et que leurs idées
20:28ne sont pas bien représentées.
20:30C'est le cas de 78 % des Français.
20:3310 points de plus que l'année dernière.
20:36Musique douce
20:38Les petites kéventies de Corse,
20:40alors ça, c'est vraiment un produit...
20:44de saison dans la région.
20:48Laurent Athias fait rarement ses courses en grande surface.
20:51Il a à coeur de faire marcher le petit commerce.
20:57Je vais prendre du beau raisin de Jordane.
20:59Comment ça se passe en ce moment ? Ca va, le travail ?
21:02Ca avance.
21:03L'artisanat, c'est un des premiers commerçants de France.
21:08L'artisanat général, en fait.
21:10Ca représente énormément de gens qui travaillent,
21:12qui sont pas à la couverture sociale,
21:15même qu'ont certains Français.
21:17Et on peut le rencontrer
21:19quand on rencontre des difficultés dans le commerce, effectivement.
21:22Et Laurent en sait quelque chose.
21:26Après avoir fait prospérer deux affaires
21:29pendant plus de deux décennies, les choses se gâtent.
21:32Il y a un an, le verdict tombe, dépôt de bilan.
21:36Et pour seul revenu, un RSA.
21:39Laurent a un peu de mal à tourner la page,
21:41alors il a tendance à utiliser en tant qu'ancien coiffeur
21:44des expressions, disons, un peu tirées par les cheveux.
21:50La coupe, c'est toute ma vie.
21:52Donc...
21:55Le petit carré est sympa.
21:57On va dégrader le saumon.
22:03Il y a quelque temps, j'avais deux affaires.
22:06On avait une affaire de centre coiffure
22:08et une très belle boutique de robes de maraillé.
22:11C'est dur, oui.
22:12Il y a une difficulté, une épreuve à monter.
22:15Perdre son commerce, c'est quand même perdre un morceau de soi-même.
22:20Surtout dans mon domaine de la coiffure.
22:23Les charges, les charges, les charges.
22:25On peut travailler... Au bout d'un moment,
22:27je travaillais pendant 30 jours,
22:30je payais tout ce qu'il y avait à payer, mais je ne me payais pas.
22:34La banque vous refuse votre découvert,
22:37qui a été très tolérante pendant X années.
22:40Et en fait,
22:41vous devez rembourser des montants que vous n'avez pas
22:45parce que l'affaire marche moins.
22:47C'est fini, ça ne pardonne pas. Pas une seconde.
22:50Vous perdez votre vie.
22:56Bonjour !
22:57Bonjour !
22:58Monsieur Jean-Michel.
23:00Laurent a toujours un cercle important d'amis,
23:04ce qui lui permet de garder le moral.
23:08Parmi eux, son vieux copain Philippe,
23:11restaurateur à Vitrolles,
23:13qui, le matin même, a dû se séparer d'une de ses serveuses.
23:19En septembre, je suis en moins de 10 000.
23:21En octobre, je suis en moins de 15 000.
23:23En novembre, je suis en moins de 22 000.
23:25En trois mois, j'ai perdu 37 000, 47 000 euros
23:29par rapport au chiffre d'affaires de l'année dernière.
23:31C'est énorme. C'est énorme.
23:33Si ça continue comme ça, c'est le mur.
23:36Si ça continue comme ça, dans quatre mois,
23:38je demande aux conseillers,
23:40qu'est-ce qu'on fait quand on perd de l'oblige ?
23:43Je t'explique le début de l'affaire.
23:46Pour toi, ce serait quoi, les mesures qu'il faudrait prendre ?
23:51Les salariés, c'est malheureux, mais ça coûte trop cher.
23:54C'est 43 %.
23:55C'est 43 %. C'est énorme.
23:58Une TPE, je parle pour les TPE, pour les PME...
24:01Tu attends une exonération des charges sociales ?
24:04Après, c'est compliqué,
24:06parce que les charges sociales servent à quelque chose.
24:10Je comprends que l'Etat a besoin d'argent.
24:12On a besoin de faire rentrer...
24:14On doit le prendre sur les TPE ?
24:15Non.
24:17C'est ça, aussi ?
24:18Non.
24:19Voilà, donc on attend notre cuisinier.
24:21On attend le chef.
24:23Alors, le chef ?
24:24Servez-moi à boire, j'arrive.
24:26C'est fait, ça.
24:27Il y a toujours de l'essence dans le verre.
24:29Ici, à Marseille,
24:32le sujet de l'insécurité s'invite rapidement autour de la table.
24:36C'est tout ? C'est juste de la peur ?
24:38De la peur, mais c'est aussi bien
24:39parce que j'ai été victime d'agressions.
24:42La sécurité, c'est quand même le sujet de préoccupation,
24:45j'ai l'impression.
24:46Il y a une certaine insécurité pour nos enfants, bien entendu.
24:50Euh...
24:51Ca dépend des quartiers,
24:53ça dépend des endroits qu'ils fréquentent.
24:56Ca peut être dangereux.
24:58Attendez, ça l'était avant.
25:00Il y avait tant de se mitrailler pas à la Kalachnikov dans les rues.
25:03Oui, mais il y avait quand même des morts sur Marseille.
25:07Il y avait quand même des...
25:08Oui, bon, c'était pas la même mafia, c'était pas...
25:11Très peu.
25:12Pourquoi on en arrive là ?
25:14On a raté.
25:15On a complètement raté.
25:16On a raté complètement le virage.
25:20Je suis pas pour ou contre,
25:22je fais pas d'adémago sur la légalisation des drogues,
25:25mais il fait 60 ans qu'on est en train de taper là-dessus.
25:28On a la paix sociale,
25:30parce que si on enlève les drogues aux cités,
25:32ça prend feu.
25:34C'est une vérité.
25:36La base de tout, la base de tout, c'est l'éducation.
25:40Tu sais qui a mis ses enfants dans le public ?
25:42Pas moi.
25:43Tout le monde a mis ses enfants dans le privé.
25:46En maternelle, ils étaient en public.
25:48Qu'est-ce qui m'a fait mettre mes enfants là-dedans ?
25:51Quand tu vois la politique qui s'est faite à Marseille
25:54que tu as laissé à l'abandon les quartiers nord de Marseille,
25:57qui n'aura donné aucune éducation...
25:59On sait pas ce que les politiciens vont te dire.
26:01Je m'en fous de ce qu'ils disent. Ils disent que l'économie.
26:04Je m'en fous.
26:06La problématique, c'est que nos politiques...
26:08Est-ce qu'ils en sont conscients ?
26:10Ca sortira pas.
26:11Demain, nous...
26:12Comme eux, 86 % des Français n'ont pas confiance
26:16dans les partis politiques,
26:18plus de 70 % en ce qui concerne les députés
26:21ou le président de la République.
26:23C'est peut-être cela, le point commun de nos quatre familles,
26:26quelle que soit leur situation
26:28et leurs opinions politiques.