Category
🗞
NewsTranscription
00:00Heureux Pinsoir. 19h21. Stéphanie Demuru. Et toujours en compagnie de mes débatteurs de la
00:07deuxième heure, Georges Fenech, Alexandre Malafaille. Messieurs, je voulais vous faire
00:11réagir sur une actualité qui est passée un petit peu inaperçue aujourd'hui mais qui a quand même
00:16son importance parce que Dieu sait qu'on en a parlé à l'époque. On se dirige vers un probable
00:21non-lieu dans la gestion de l'épidémie du Covid-19 par le gouvernement. L'enquête a été clôturée par
00:27la Cour de justice de la République. Aucun ministre mis en examen. C'est ce qu'a annoncé
00:32aujourd'hui Rémi Heitz, le procureur de la République. On s'en souvient, il y avait Édouard
00:36Philippe, Olivier Véran, Agnès Buzyn qui avaient été d'ailleurs mis en examen. Ça vous étonne,
00:41vous, l'homme de loi, Georges Fenech ? Non, pas vraiment. Aucun n'a été mis en examen. Ils avaient
00:49été entendus comme témoins assistés. Ils sont aujourd'hui placés sous le statut, effectivement,
00:54plus favorable de témoins assistés. Donc la CJR, la Cour de justice de la République,
00:59qui est vouée à la disparaître, cette Cour de justice de la République, a estimé avoir son
01:07instruction terminée, communication au parquet général, qui va donc requérir très sûrement un
01:13non-lieu. Moi, par principe déjà, je me méfie toujours de la judiciarisation de la vie politique
01:21française. Vous voyez, on est quand même un des seuls pays où ça se passe comme ça. C'est-à-dire
01:27qu'on va chercher la responsabilité politique devant le juge pénal. Je pense qu'il faut faire
01:32attention à ça. C'est pour ça que vous pensez qu'elle va disparaître, cette Cour de justice
01:35de la République ? C'est vrai qu'elle a été mise en débat à de nombreuses reprises. Mais la
01:39Cour de justice de la République va disparaître, mais elle sera remplacée par la judicature de
01:44droits communs, c'est-à-dire des juges de droits communs. On va retrouver le même problème de la
01:49judiciarisation de la vie politique. Et ça nous rappelle d'ailleurs l'affaire du sang contaminé aussi.
01:56Maintenant, on peut avoir une responsabilité sans avoir une culpabilité. C'est une responsabilité
02:06politique. Ont-ils bien agi ou mal agi ? Ça ne veut pas dire forcément qu'ils ont commis une
02:10infraction qui tombe dans le champ pénal. Et je rappelle enfin qu'il y a d'autres enquêtes très
02:16complexes qui sont toujours menées par le parquet de Paris sur de nombreuses plaintes qui visent
02:23cette fois les chefs d'administration. Pas les personnes politiques, mais les agents d'administration.
02:29Vous avez des plaintes. Pourquoi n'avait-il pas de masque ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ?
02:36Pourquoi cette défaillance ? Mais moi, cette décision, si vous voulez, ne m'a pas surpris.
02:41Je trouve plutôt conforme, je dirais, au principe que la politique c'est une chose, le pénal c'est
02:50autre chose. Alexandre Malafaille. Non mais les élus doivent respecter la loi. Donc le cas
02:56échéant, s'ils enfreignent les règles, c'est autre chose. On est bien d'accord. C'était juste pour
02:59compléter ce que vous dit la chercheure. Il fallait le préciser. Exactement. Là, en l'occurrence,
03:05il y a une décision qui vient sanctionner une évaluation d'un certain nombre de pratiques et
03:12de décisions qui ont été prises par ceux qui étaient sous affaires pendant cette crise. Elle
03:16pose effectivement un débat qui est passionnant, qui est celui de la responsabilité des élus,
03:19des gouvernants. Et on pourrait aussi interroger un jour la question de la responsabilité des
03:22magistrats. Elle est souvent posée cette question. On ne va pas ouvrir le débat ce soir parce qu'il
03:26est passionnant. Mais ce sont des débats qui sont essentiels. Cela dit, il faut faire très
03:29attention sur ces sujets. Ils sont comparables, justement, selon vous, la décision d'un homme
03:33politique et d'un magistrat. Est-ce que ça peut être finalement comparable ? D'une certaine façon,
03:38oui. Parce que si vous décidez que vous pouvez contester une décision et attaquer la personne
03:43qui l'a prise, à ce moment-là, vous allez stériliser toute prise de décision. C'est en
03:47ce sens que ça devient très compliqué de chercher la mise en accusation. Et dans la gestion de la
03:52crise sanitaire, il y a beaucoup de choses qui sont contestables, sans doute, dans l'appréciation
03:56que peuvent se faire certains sur le port du masque à toute heure, sur la proportionnalité
04:01d'un genre de décision, sur leur cohérence ou leurs incohérences, sur la façon dont le schéma
04:06vaccinal a été proposé. Tout ça, ça fait débat. Mais c'était des choix politiques qui ont été faits
04:10en fonction de ce que les uns et les autres croyaient sans doute faire pour le bien du plus
04:15grand nombre. Et donc, de fait, ça a produit un certain nombre de résultats. Et malgré tout,
04:19on est quand même passé à travers. Et le paradoxe, c'est que si on avait renvoyé Edouard Philippe,
04:22qui a été aux affaires pendant cette période-là, et le premier à être aux affaires et le premier à
04:27monter au créneau, le premier à montrer l'exemple, à présenter tous les soirs, à commenter les
04:32schémas, les graphiques, à prendre des décisions difficiles, et bien, paradoxalement, c'est un des
04:37hommes politiques les plus populaires aujourd'hui en France. Donc, finalement, si on le renvoyait
04:41devant une cour de justice de la République pour être sanctionné, ça provoquerait un effet qui
04:45serait sans doute un effet d'incompréhension au regard de quelqu'un dont les Français estiment
04:49qu'il a plutôt fait le job. L'effet pervers Georges Rennex et aussi Alexandre Malafa,
04:55ils venaient de dire le bien de la population, mais aussi l'autoprotection avec ce sacro-saint
05:00principe de précaution pour justement ne pas finir devant cette cour de justice de la République.
05:05Oui, un principe de précaution qui peut, dans certaines circonstances, devenir un frein à
05:09l'action. Attention. Moi, il se trouve, j'étais à la Commission des lois lorsqu'on a voté ce
05:16principe de précaution qui avait fait beaucoup de débats, puisqu'on l'a inscrit dans la Constitution,
05:21quand même. Moi, j'étais plutôt pour un principe de responsabilité. Erreur stratégique à l'époque,
05:25on est bien d'accord. Je crois que c'était une erreur d'avoir inscrit ce principe qui peut être
05:30un frein à l'évolution, à la recherche scientifique, à l'initiative, à l'innovation. Oui, on est bien
05:37d'accord. Le principe de précaution, pour le coup, est sans doute une disposition qui aurait dû être
05:41pensée totalement autrement. Elle a eu beaucoup d'effets pervers. Après, pour ce qui est des
05:45hommes et des femmes politiques, gouverner, c'est difficile. D'ailleurs, c'est devenu
05:49tellement difficile que, quand il passe sous les fourches codines de l'autorité pour la
05:53transparence, c'est devenu tellement inquisitoire que là aussi, il y a une espèce d'effet refouloir
05:58où on se dit, bon, on va d'abord être finalement, peut-être pour s'attendre qu'on se dise, pas très
06:02bien payé, totalement sous les feux de la rampe. On n'est jamais à l'abri que quelque chose ressorte
06:08du passé et tout d'un coup, vous êtes jeté en pâture à tout le monde. C'est vrai que la
06:12transparence absolue, comme le principe de précaution absolue, sont des principes qui
06:17confond les pouces à l'extrême. Je tiens quand même à préciser, pour éviter de ne pas être mal
06:22compris, c'est que j'estime que les politiques ne sont pas au-dessus des lois. D'ailleurs,
06:28vous remarquerez, Jacques Chirac a été condamné, Alain Juppé a été condamné, Nicolas Sarkozy vient
06:34d'être condamné, François Fillon a été condamné. Ça veut dire que les hommes politiques, quand ils
06:38commettent une infraction personnelle, ils doivent en répondre devant la justice. Là, on est sur un
06:43autre champ sur des décisions à caractère politique. On pèse le pour et le contre, on peut
06:48se tromper. Mais avec des conséquences quand même parfois dramatiques. Bien sûr. Même dans les hôpitaux,
06:53les barres des familles qui n'ont pas pu dire au revoir à leurs proches. Vous vous souvenez de ça, Georges Pénèque ?
06:57Bien sûr, bien sûr. Mais le pénal, c'est une infraction volontaire. Il faut avoir conscience de
07:03commettre un préjudice et de le faire volontairement, voire de s'abstenir. Ce qui a été
07:07reproché, en fait, à Edouard Philippe, au ministre, c'est l'abstention d'agir dans des délais, etc.
07:11C'est difficile d'apprécier dans le feu de l'action politique. Aucun texte ne dit que vous avez le droit
07:16d'aller saluer quelqu'un sur son lit de mort. Ce n'est pas écrit par là, donc le fait de l'avoir
07:20interdit n'est pas une infraction. Merci messieurs Georges Pénèque, Alexandre Malafaille, merci d'avoir été avec nous.