Le mercredi 4 décembre restera dans l'histoire. Le jour où Michel Barnier a été renversé après l'adoption d'une motion de censure déposée par la gauche. Les voix du Nouveau Front Populaire (NFP) et du Rassemblement National se sont additionnées pour faire tomber le gouvernement.
Une réponse au 49.3 déclenché deux jours plus tôt par Michel Barnier, pour faire passer sans vote le budget de la sécurité sociale pour 2025. Une première depuis 1962 ! LCP vous propose de revoir cette séance parlementaire qui fera date, dans une Assemblée nationale pleine à craquer de journalistes présents pour couvrir cet événement.
Une réponse au 49.3 déclenché deux jours plus tôt par Michel Barnier, pour faire passer sans vote le budget de la sécurité sociale pour 2025. Une première depuis 1962 ! LCP vous propose de revoir cette séance parlementaire qui fera date, dans une Assemblée nationale pleine à craquer de journalistes présents pour couvrir cet événement.
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00:00Vous me permettrez enfin, pour terminer, de vous dire plus personnellement, à cet instant,
00:17que je ressens comme un honneur d'avoir été depuis trois mois et d'être encore le Premier ministre des Français, de tous les Français.
00:27Et au moment où cette mission se terminera, peut-être bientôt, je veux vous dire que cela restera, pour moi, un honneur d'avoir servi avec dignité la France et les Français.
00:40Merci d'être venu sur le Premier ministre.
00:47Bonjour. Nouveau numéro des Grands débats.
00:50Aujourd'hui, nous allons revivre ensemble un moment historique, la censure du gouvernement de Michel Barnier.
00:56En réponse au 49.3 qui l'avait déclenché pour faire passer sans vote le budget de la Sécurité sociale.
01:03Nous sommes le mercredi 4 décembre et c'est l'ambiance des grands jours à l'Assemblée nationale.
01:08Je vous propose, avant ça, de retrouver Clément Perrault.
01:11Clément, c'est une journée historique à l'Assemblée. On le voit par la présence de très nombreux journalistes. Il y en a partout.
01:20Oui Elsa, ça fait quelques années maintenant que je travaille à LCP et je dois vous le dire, je n'ai jamais vu autant de monde à l'Assemblée, autant de journalistes présents.
01:29Là, nous sommes en salle des Pas Perdus. Vous le voyez, un véritable mur de caméras s'est dressé.
01:34On y voit des journalistes de tous les pays. De nombreux correspondants étrangers sont là.
01:39Je suis avec Vincent Griseau, notre cadreur.
01:42Regardez, on va bouger un petit peu. On va se rendre à la salle des Quatre Colonnes.
01:47C'est l'autre salle dédiée aux journalistes qui se trouve juste à côté.
01:50Vous voyez autour de moi les confrères. Ils sont tous avec leurs caméras, avec leurs smartphones, avec leurs notes pour prendre rendez-vous,
01:57pour prendre des infos avec des députés, pour caler des directs comme nous le faisons nous aussi.
02:02Là, on arrive dans la fameuse salle des journalistes, la salle des Quatre Colonnes.
02:06Elle est absolument noire de monde. Vous le voyez sur ces images de Vincent Griseau.
02:11Il va vous proposer un plan assez large de cette salle des Quatre Colonnes.
02:15Une véritable ruche. Vous voyez tous les journalistes présents, quelques députés.
02:19Là, je vois le socialiste Arthur Laporte au milieu d'une nuée de journalistes.
02:24On voit également la porte d'entrée vers l'hémicycle. C'est là qu'arrivent et sortent les députés.
02:29Et on voit des dizaines, voire plusieurs centaines de journalistes présents entre la salle des Pas Perdus et la salle des Quatre Colonnes.
02:36C'est vraiment un événement majeur, un événement historique qui se déroule aujourd'hui à l'Assemblée.
02:42Deux motions de censure ont été déposées.
02:44L'une par le Nouveau Front Populaire, l'autre par le Rassemblement National.
02:48Marine Le Pen défend la motion de son camp.
02:51Mais c'est l'insoumis Éric Coquerel, président de la Commission des Finances,
02:55qui monte en premier à la tribune pour défendre la motion de la gauche.
03:01Madame la Présidente, Monsieur le Premier ministre, Messieurs-dames les ministres, chers collègues.
03:07Monsieur le Premier ministre, nous faisons aujourd'hui l'histoire.
03:11Vous, parce que vous allez être le seul Premier ministre à être censuré depuis Georges Pompidou en 1962.
03:19Moi, parce que j'ai l'honneur de porter cette motion de censure.
03:23Ne voyez dans cette introduction ni de quoi adoucir votre déception, ni de quoi me glorifier.
03:32Simplement, je veux dire toute l'importance et la solennité de ce moment.
03:37J'apprécie tout le sérieux et l'ampleur de ce jour.
03:41Et je sens une responsabilité d'autant plus grande qu'à l'inverse de Georges Pompidou,
03:46la majorité de nos concitoyens n'est ni derrière votre gouvernement,
03:51ni encore moins derrière le président qui vous a nommé à cette place.
03:55La majorité du peuple est bien derrière la motion que je porte.
04:01Au fond, cette motion va emporter votre gouvernement parce que vous n'avez jamais su
04:07déjouer la malédiction que vous a transmise le vrai responsable de cette situation, Emmanuel Macron.
04:13Cette malédiction, c'est l'illégitimité.
04:17Votre illégitimité absolue devant le suffrage universel.
04:21Vous qui êtes issu de la force politique parlementaire qui a eu le plus mauvais résultat aux élections législatives.
04:27L'illégitimité de la coalition qui était censée vous porter.
04:32Et plus encore, l'illégitimité du programme économique et social puissamment rejeté par les Françaises et Français en juillet 2024.
04:42Cette illégitimité provoque votre chute aussi, car vous n'avez pas tenu vos engagements.
04:48Vous disiez que vous respecteriez le Parlement après le record de 49.3 déclenché par les gouvernements précédents
04:54pour expédier une politique déjà minoritaire.
04:57Nous ne vous avions pas cru.
04:59D'où notre motion de censure en octobre.
05:02La suite a montré que nous avions eu raison.
05:04Vous n'avez même pas esquissé le moindre mouvement en faveur des amendements adoptés dans cette chambre.
05:08Ni dans le budget de la sécurité sociale, où pourtant nous réglions une grande partie des déficits des comptes sociaux
05:14en faisant, par exemple, cotiser les dividendes.
05:17Ni dans le budget de l'Etat, où pourtant nous apportions 56 milliards d'euros en revenant sur les cadeaux fiscaux
05:23faits éhontément aux ultra-riches et aux très grandes entreprises depuis 2017.
05:28Or, ces recettes supplémentaires permettaient d'éviter d'augmenter les taxes sur l'électricité
05:35ou de pénaliser le pouvoir d'achat des actifs et des retraités.
05:39Et ces recettes permettaient aussi de réduire le déficit en dessous de 3%,
05:43ce qui libérait directement des marges de manœuvre pour investir dans l'écologie, l'éducation, la santé.
05:49Voilà le résultat que vous avez évacué d'un revers de main.
05:53Ce résultat adopté grâce au NFP s'avérait pourtant largement préférable
05:59à la soeur et aux larmes que vous promettez aux Français
06:02au détriment de l'activité économique et de la bifurcation écologique.
06:06Pire, vous avez finalement tenté des compromis, mais avec l'extrême droite.
06:12Ce rassemblement national que vous avez privilégié en violation du barrage républicain
06:17qui s'est exprimé majoritairement en juillet dernier.
06:20Ce barrage dont vous auriez à minima, monsieur le Premier ministre, dû être le garant.
06:25Mais cette compromission n'empêchera pas votre chute.
06:28Vous chuterez de surcroît dans le déshonneur
06:31puisque vous étiez même prêt à remettre en question l'aide médicale d'Etat.
06:35Illégitime, vous l'êtes aussi parce que vous avez refusé d'entendre,
06:39après le puissant message du mouvement social de 2023,
06:42l'écrasante majorité qui veut l'abrogation de la réforme des retraites.
06:46Cette volonté qui s'est exprimée de nouveau en juin dans les urnes.
06:51Comme les vôtres ont contourné le refus des Français du traité considéré européen en 2005,
06:57vous avez aujourd'hui considéré que le peuple avait tort
07:01puisque vous estimez avoir toujours naturellement raison.
07:06Arrêtez ce mauvais coup porté au pays qui consiste à dire, après moi, le déluge.
07:11Le chaos est déjà là. Il est politique, économique et social.
07:16Ce n'est pas la politique économique que nous voulons
07:20qui explique les chiffres catastrophiques du déficit,
07:23les plans de licenciements massifs, le chômage qui remonte,
07:26l'incapacité à faire face aux besoins en matière d'investissement écologique.
07:30C'est votre politique économique et fiscale
07:33qui a consisté à appauvrir le pays au bénéfice des ultra-riches et du capital
07:38et pour le plus grand malheur du reste du pays.
07:42Aujourd'hui nous votons la ceinture de votre gouvernement
07:45mais plus que tout nous sonnons le glas d'un mandat, celui du président.
07:49Collègues, notre main n'a pas à trembler.
07:51Je vous incite à censurer ce gouvernement en ce jour.
07:54Ouvrons un avenir, la promesse du nombre après le crépuscule.
08:03Applaudissements
08:15Merci beaucoup. La parole est à présente à Mme la Présidente Marie de Le Pen pour le Rassemblement National.
08:24Applaudissements
08:29Pour une durée de 15 minutes.
08:31Applaudissements
08:41Madame la Présidente, Monsieur le Premier ministre,
08:44Mesdames et Messieurs les ministres, chers collègues.
08:47Allez, silence, s'il vous plaît, s'il vous plaît.
08:49Nous voilà arrivés au moment de vérité.
08:51Un moment parlementaire inédit depuis 1962
08:55qui va sceller, selon toute vraisemblance, la fin d'un gouvernement éphémère,
09:00un gouvernement de circonstances et finalement d'apparence.
09:04Le budget que nous rejetons aujourd'hui apparaît clairement comme le contraire d'une politique pensée et pesée.
09:12Il n'est qu'une comptabilité froide, issue de logiques bureaucratiques,
09:16de choix d'habitude ou de routine dépensière,
09:20sans se soucier des postes et des personnes,
09:23en ayant à l'esprit que le mandat que nous ont confié nos électeurs est le sens de l'intérêt national.
09:29Nous avions éclairé le chemin qui mène aux compromis avec trois balises.
09:33Immigration, pouvoir d'achat, sécurité.
09:37Ces balises, le gouvernement n'a pas voulu les voir,
09:40comme s'il était pour lui déshonorant de chercher en ces circonstances les voies de la conciliation nationale.
09:47Les petits pas qu'il a timidement et très tardivement tentés
09:52ne peuvent s'appeler des concessions, ce sont des miettes.
09:56Je le déplore, mais c'est ainsi.
09:59Alors, à ceux qui me croient animés de l'intention de choisir par un vote de censure la politique du pire,
10:08je veux leur dire que la politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget,
10:16un tel gouvernement, un tel effondrement.
10:19La France aura un budget, car comme nous l'avons rappelé,
10:27nos institutions nous permettront de voter au plus tôt,
10:30avec un nouveau gouvernement, des lois de finances pour 2025.
10:34Et d'ici là, une loi spéciale que nous voterons, évidemment,
10:38permettra à l'Etat de continuer à percevoir l'impôt
10:41et d'exécuter les dépenses publiques indispensables à la continuité de la vie nationale.
10:46En revanche, nous lui évitons la prolongation des tragiques erreurs économiques et fiscales du passé.
10:52Nous permettons par notre défense de l'intérêt national
10:55un rebours de 40 ans de politiques économiques toxiques
10:58dont vous êtes le continuateur d'éviter le chaos.
11:02Que l'on soit juste, la dissolution nous la devons à la rupture profonde et ancienne
11:08entre la volonté du peuple et les réalisations de leurs dirigeants.
11:13La censure est la conséquence non seulement des manœuvres électorales, des élections législatives
11:18qui ont privé la France d'une majorité de gouvernement,
11:22mais également du chantage de votre propre minorité
11:27qui vous a interdit de trouver les voies de passage avec vos oppositions,
11:31ce qui est pourtant le fondement de la démocratie.
11:35Emmanuel Macron s'est attaqué depuis 7 ans à tous les murs porteurs de l'Etat et de la nation
11:40et a terriblement affaibli la fonction présidentielle, clé de voûte de l'édifice institutionnel français.
11:48Parce qu'une logique constitutionnelle le commande,
11:52en attendant que le peuple reprenne la parole et la main,
11:56c'est au chef de l'Etat et à lui seul qu'il appartiendrait
12:00de sortir le pays de cette pathétique ornière.
12:04Je le dis ici, j'ai trop de respect pour la fonction suprême,
12:08de déférence à l'égard de nos institutions,
12:11de révérence vis-à-vis du suffrage universel
12:14pour participer à une quelconque entreprise, même parlementaire,
12:18de demande de destitution.
12:21Je laisse cela aux tchégévaristes de Carnaval
12:24qui, sans nul doute, se reconnaîtront.
12:27C'est à l'intéressé lui-même de conclure
12:38s'il est en mesure de rester ou pas.
12:41C'est à sa conscience de lui commander
12:44s'il peut sacrifier l'action publique et le sort de la France à son orgueil.
12:48C'est à sa raison de déterminer
12:51s'il peut ignorer l'évidence d'une défiance populaire massive
12:55que, dans son cas, je crois définitive.
12:58Alors, mes chers collègues,
13:00aujourd'hui où la censure nous apparaît comme une nécessité
13:02pour mettre fin au chaos,
13:04pour éviter aux Français un budget dangereux, injuste et punitif
13:08qui, de surcroît, aggrave les déficits,
13:10les institutions nous contraignent
13:12à mêler nos voix à celles de l'extrême-gauche.
13:15Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous le faisons,
13:19tant les idées de l'extrême-gauche et de la gauche extrémisée
13:23sont dévastatrices pour l'unité, la sécurité et la prospérité du pays
13:28étant leur comportement est terriblement éloigné
13:31de l'idéal français et du respect de nos institutions.
13:35Ces mêmes institutions nous contraignent aujourd'hui
13:39à utiliser le NFP comme un simple outil
13:42pour éviter l'application d'un budget toxique.
13:45Je veux dire à ceux qui souffrent
13:47et qui désespèrent que le temps n'est plus très loin
13:50avant que ne se profile la grande alternance,
13:53cette grande alternance que nous appelons de nos voeux
13:56et qui sera synonyme pour tous les Français de délivrance.
13:59Ce jour viendra bientôt, peut-être très vite.
14:03Ce sera là le véritable choc d'espérance qu'attend la France.
14:07Je vous remercie.
14:15Du côté du Bloc central, les visages sont graves.
14:18Le camp présidentiel et la droite républicaine
14:21dénoncent l'alliance des contraires
14:23entre le RN et la gauche
14:25tout en rappelant les conséquences de la censure.
14:28Laurent Wauquiez s'en prend directement à Marine Le Pen
14:31tout comme Gabriel Attal qui prend à partie aussi les socialistes.
14:36Dans le camp du désordre,
14:38il n'est pas seul le RN.
14:40Ce camp du désordre,
14:42il le partage avec l'extrême-gauche
14:44qui a déjà ses habitudes.
14:46Motion de censure après motion de censure,
14:48outrance après outrance,
14:50hurlement après hurlement,
14:52l'alliance de la gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon
14:55ne poursuit qu'un seul projet,
14:57tout piétiné, tout gâché et tout taxé.
15:01Et puis, il y a ceux, je le crois profondément,
15:05pour qui il est encore temps de se ressaisir.
15:09Je pense à ceux qui, il y a sept ans à peine,
15:11gouvernaient encore la France.
15:13Ceux qui, je le crois sincèrement,
15:16comptent dans leur rang des élus sincères,
15:20convaincus que la laïcité n'est pas un gros mot,
15:23que la compétitivité est nécessaire
15:25et que la stabilité est indispensable.
15:27Ceux qui, depuis le congrès d'Épinay,
15:29unissaient la gauche autour de leurs valeurs
15:32et ne se soumettaient pas, au contraire,
15:34comme aujourd'hui à celle de l'extrême-gauche.
15:36À ceux-là, nous le disons,
15:43on peut s'opposer sans tout gâcher,
15:45on peut s'opposer sans censurer.
15:48C'est à ceux-là que nous disons
15:50« Affranchissez-vous ! »
15:54Nous, nous préférons voir
16:02Nous, nous préférons voir le courage
16:06de ces quelques députés de gauche,
16:08de ces députés indépendants
16:10qui ont refusé de signer et d'apporter leur voix
16:13à la motion de censure signée par Jean-Luc Mélenchon.
16:24Nous préférons toujours voir la responsabilité des voix
16:27au sein de la gauche et des députés indépendants,
16:29certes encore trop rares, mais qui existent,
16:32qui se sont élevés pour dénoncer la politique du pire.
16:34Nous préférons porter l'espoir qu'un jour,
16:36et le plus tôt sera le mieux,
16:38la gauche républicaine, la gauche de gouvernement,
16:41celle qui a eu l'honneur de donner par deux fois
16:43un président à la France,
16:45que cette gauche-là se ressaisisse
16:47et se mette avec nous autour de la table,
16:49enfin, pour agir vraiment pour les Français.
16:53Chers collègues socialistes,
17:04au début de cette séance,
17:06M. Mélenchon était dans les tribunes
17:08pour assister à nos débats.
17:10Il a écouté religieusement
17:13l'orateur de La France Insoumise,
17:15il a écouté religieusement Mme Le Pen,
17:17il s'est levé et est parti
17:19au moment où Boris Vallaud a pris la parole.
17:21Il la respecte plus que vous !
17:23Qu'est-ce que vous faites encore avec eux ?
17:34Voilà, mesdames et messieurs,
17:37l'heure est venue de dire
17:40quel avenir nous voulons pour notre pays.
17:43L'heure est venue de mettre de nos côtés...
17:45Allez, s'il vous plaît, s'il vous plaît,
17:47un peu de silence, un peu de calme.
17:49L'heure est venue de mettre de côté
17:51ce qui nous divise.
17:53L'heure est venue pour l'ensemble
17:55des députés de notre pays
17:57de se hisser à la hauteur du moment
17:59et à la hauteur de leurs responsabilités.
18:01L'heure est venue de dire
18:03si nous préférons que les années qui viennent
18:05se confondent avec les crises, les censures,
18:07les divisions, ou si nous voulons au contraire
18:09que les années qui viennent
18:11soient des années de stabilité,
18:13de réconciliation et de sérénité.
18:15Je le dis, mesdames et messieurs les députés,
18:17il n'est pas trop tard.
18:19Il n'est pas trop tard pour le sursaut.
18:21Il n'est pas trop tard pour montrer
18:23qu'un autre chemin est possible.
18:25Il n'est pas trop tard pour démontrer aux Français
18:27que nous avons entendu leurs besoins
18:29de stabilité, leur quête de sérénité,
18:31leur aspiration à la sobriété.
18:33Alors je vous le dis avec force,
18:35au nom des députés de mon groupe,
18:37au nom des millions de Français
18:39qui ne disent rien mais qui n'en pensent pas moins,
18:41n'œuvrez pas contre les intérêts de notre pays,
18:43n'affaiblissez pas la France,
18:45ne censurez pas ce gouvernement.
18:49Merci beaucoup.
18:53Le texte qui nous est aujourd'hui soumis,
18:55à savoir le projet de loi de financement
18:57de la Sécurité sociale,
18:59mais aussi plus largement les textes budgétaires
19:01dont nous discutons depuis plus de deux mois
19:03et que nous devons considérer comme un tout,
19:05ont été remaniés
19:07et sont précisément
19:09le fruit d'un compromis.
19:11Jamais sans doute,
19:13les textes budgétaires n'auront été autant
19:15remaniés et modifiés à l'aune des débats parlementaires.
19:17Le plus évident, bien sûr,
19:19c'est le compromis
19:21entre le Sénat et l'Assemblée nationale
19:23sur le PLFSS,
19:25fait suffisamment rare
19:27pour être souligné.
19:29Et en dépit de ce que certains voudraient faire croire,
19:31ce texte est bien le fruit
19:33d'un travail entre les différents blocs
19:35des différentes assemblées.
19:37Et je voudrais,
19:39devant vous, pardon pour ceux que ça gêne,
19:41citer quelques-unes des avancées
19:43nées de ce compromis.
19:45Je pense à la meilleure protection
19:47des petites retraites que nous étions ici
19:49nombreux à porter.
19:51Je pense
19:53à la fiscalité incitative
19:55sur les soldats. Je pense
19:57à la réforme des allégements généraux
19:59de cotisation sociale et patronale
20:01que pour la première fois
20:03nous avons pu envisager et sur laquelle
20:05nous avons su collectivement aboutir
20:07à un équilibre entre soutien
20:09à l'emploi et efficacité de la dépense
20:11publique. Mais ce texte
20:13conduit aussi des avancées concrètes
20:15pour nos concitoyens, plus perceptibles encore.
20:17Sans ce PLFSS,
20:19pas de renforcement des mesures de prévention
20:21ou d'accès aux soins,
20:23pas d'investissement supplémentaire dans notre système
20:25de santé, pas de lutte contre
20:27la pénurie de médicaments.
20:29Sans ce PLFSS,
20:31pas d'augmentation des moyens
20:33de la prise en charge de la perte d'autonomie.
20:35C'est plus de 6500 postes d'aide
20:37dont nous priverions nos aidés.
20:39Sans ce PLFSS, pas de réforme
20:41des retraites pour nos agriculteurs,
20:43ni d'allégement de charges pourtant crucial
20:45pour la compétitivité de leurs exploitations.
20:47Je ne cherche pas
20:49à faire peur, on ne gouverne pas
20:51avec la peur, mais que ceux qui
20:53prétendront ou qui prétendraient ce soir
20:55que le vote d'une motion de censure
20:57serait sans conséquence, je dis qu'ils
20:59devront rendre des comptes devant les Français.
21:01À force de positions inflexibles,
21:03la censure pourrait
21:05devenir un réflexe pavlovien,
21:07un automatisme qui conduirait
21:09à coup sûr notre pays dans l'impasse.
21:11Il se peut même
21:13que les budgets de l'Etat et de la
21:15sécurité sociale n'aient toujours pas
21:17été adoptés d'ici
21:19l'été prochain.
21:21La stagnation de nos politiques économiques
21:23qui ne pourraient plus être pilotées nous ferait
21:25nécessairement perdre du crédit sur
21:27notre dette. Ne soyons
21:29pas naïfs, les marchés
21:31ne font pas dans l'affect et si
21:33cette situation devait se poursuivre,
21:35il ne manquerait pas d'attaquer.
21:37Au-delà de l'envolée des taux
21:39d'intérêt, une nouvelle période
21:41d'instabilité s'ouvrirait alors
21:43pour le monde économique, en particulier
21:45pour nos entreprises qui ont
21:47besoin de lisibilité, de stabilité
21:49afin d'anticiper sur leurs
21:51investissements. Pour celles
21:53qui ont les freins les moins solides,
21:55souvent des TPE,
21:57des PME, il pourrait s'agir
21:59de l'ultime coup de massue
22:01porté dans un contexte économique
22:03déjà morose.
22:05A court terme, ce sont
22:07des créations d'emplois en moins,
22:09à long terme, des licenciements
22:11du chômage en plus
22:13et donc encore plus de dépenses sociales.
22:15La crise de régime,
22:17cercle vicieux,
22:19augmentera la précarité
22:21de notre pays.
22:23Ce n'est pas juste.
22:25Il faut aussi dire en toute transparence
22:27que l'absence de budget implique automatiquement
22:29une hausse de l'impôt
22:31sur le revenu, dont le Marème ne sera pas
22:33indexé sur l'inflation pour 18 millions
22:35de personnes. Près de 400.000
22:37Français parmi les plus fragiles
22:39financièrement deviendront imposables
22:41alors qu'ils ne devraient pas l'être.
22:43Ce n'est pas juste.
22:45Les budgets prévus
22:47pour les grandes politiques de l'Etat
22:49seraient également suspendus.
22:51Ce n'est pas abstrait.
22:53C'est un frein au soutien dont nos agriculteurs
22:55ont besoin, à la lutte contre la fraude,
22:57aux dépenses de santé.
22:59C'est un frein à la lutte contre les trafics,
23:01contre le crime organisé.
23:03C'est un frein à l'aide de la reconstruction
23:05en Nouvelle-Calédonie.
23:07Ce n'est pas juste.
23:09Ce serait tout autant un coup d'arrêt
23:11pour nos armées, dont le budget ne suivrait
23:13plus la trajectoire votée, ici même,
23:15à une écrasante majorité,
23:17et se retrouverait affaiblie dans un contexte
23:19géopolitique instable,
23:21dangereux. Mes chers collègues,
23:23nous avons été collectivement
23:25dans un exercice d'auto-persuasion
23:27depuis 1974,
23:29année du dernier budget
23:31excédentaire.
23:33Nous touchons désormais aux limites
23:35de la vie à crédit perpétuelle.
23:37Le groupe Horizons et indépendants
23:39est convaincu qu'il existe une voie de passage,
23:41qu'un budget peut à la fois prendre cette réalité
23:43en compte, tout en évitant
23:45d'asphyxier notre économie.
23:47Le choix que nous avons à faire,
23:49chers collègues, il est parfaitement clair.
23:51Et il n'y en a pas trois.
23:53Il n'y a que deux choix possibles.
23:55L'intérêt du pays ou l'intérêt
23:57des partis.
23:59Le choix de la responsabilité
24:01ou le choix du chaos.
24:03Le choix
24:05de la solution ou le choix du désordre.
24:07Alors je n'oublie rien
24:09de la responsabilité qui est celle de la France insoumise.
24:13Je n'oublie rien du danger
24:15de ceux qui veulent autoriser
24:17l'apologie du terrorisme.
24:19Je n'oublie rien du danger
24:21de ceux qui entraînent des complaisances
24:23détestables avec l'antisémitisme.
24:25Je n'oublie rien du danger
24:27de ceux qui ont trahi Jaurès et Clémenceau.
24:31Mais la réalité,
24:33c'est que sans vos voix, madame Le Pen,
24:35la France insoumise ne pourrait rien.
24:37La réalité, madame Le Pen,
24:39c'est que vous vous apprêtez à voter
24:41pour ceux
24:43qui traitent les policiers d'assassins.
24:45La réalité, madame Le Pen,
24:47c'est que vous vous apprêtez à voter
24:49pour ceux qui traitent les terroristes de résistants.
24:51La réalité, madame Le Pen,
24:53et honnêtement,
24:55la dignité vous imposera un autre comportement
24:57dans cet hémicycle.
24:59La réalité, madame Le Pen,
25:01c'est que quand on lit
25:03le texte de la motion de censure,
25:05on comprend l'hypocrisie
25:07qui est derrière.
25:09Juste le texte de cette motion de censure.
25:11Un texte qui dénonce
25:13les plus viles obsessions de l'extrême droite.
25:15Et vous allez voter cela.
25:17Un texte qui explique
25:19qu'il ne faut pas revenir sur l'aide médicale d'Etat.
25:21Et vous allez voter cela.
25:23Un texte qui explique
25:25qu'il ne faut pas
25:27de loi d'immigration plus ferme.
25:29Et vous allez voter cela.
25:31Voilà, madame Le Pen,
25:33ce que vous allez faire.
25:35Voilà à quelles incohérences en sont réduites
25:37dans cet hémicycle et ce meurtre de chaos.
25:39Dans un parcours politique,
25:41il y a toujours un moment de vérité.
25:43Il y a des moments
25:45où on ne peut pas duper,
25:47on ne peut pas esquiver, on ne peut pas feindre.
25:49Des moments où il faut choisir
25:51entre un intérêt personnel, madame Le Pen,
25:53et l'intérêt du pays.
25:55Des moments où il faut choisir
25:57entre son intérêt partisan et le sens de l'Etat.
25:59Madame Le Pen, je n'ai jamais été
26:01de ceux qui vous diabolisaient.
26:03Je n'ai jamais été de ceux
26:05qui vous donnaient de leçons de morale.
26:07Et je vous le dis donc
26:09avec d'autant plus de force aujourd'hui,
26:11les Français jugeront sévèrement
26:13le choix que vous vous apprêtez à faire.
26:15Les Français jugeront sévèrement
26:17le choix de ceux
26:19qui prétendent vouloir redresser le pays
26:21et font aujourd'hui le choix du désordre.
26:23Les Français
26:25jugeront sévèrement
26:27ceux qui voulaient se montrer responsables
26:29et vont faire le choix de l'irresponsabilité.
26:31Les Français
26:33jugeront sévèrement ceux qui prétendaient
26:35incarner l'ordre et qui vont faire
26:37le choix du chaos.
26:39Emmanuel Macron
26:41porte peut-être seul
26:43la responsabilité de la dissolution
26:45mais vous allez porter
26:47avec la France insoumise
26:49la responsabilité de la censure
26:51qui va plonger le pays dans l'instabilité.
26:55Alors je vous le dis une dernière fois,
26:57ressaisissez-vous.
26:59Ressaisissez-vous, il est encore temps.
27:01Ressaisissez-vous et changez votre choix.
27:05Ressaisissez-vous parce que sinon
27:07nous nous souviendrons longtemps.
27:09De ce jour désolant,
27:11nous nous souviendrons longtemps,
27:13Madame Le Pen,
27:15qu'une alliance des contraires portée par le cynisme
27:17a plongé notre pays dans l'instabilité.
27:19Ressaisissez-vous
27:21parce qu'il est toujours temps
27:23de faire le choix de la France.
27:25Dans ce moment politique,
27:27chacun est face à ses responsabilités.
27:29A gauche, on fait bloc
27:31autour de cette motion de censure.
27:33On fustige les concessions de Michel Barnier
27:35aux troupes de Marine Le Pen.
27:37On rappelle la légitimité de la gauche
27:39à gouverner le pays
27:41alors que le NFP a terminé en tête
27:43des dernières législatives.
27:45L'occasion aussi de proposer une nouvelle méthode.
27:49Monsieur le Premier ministre,
27:51à aucun moment vous nous avez laissé
27:53améliorer votre projet.
27:55Il est injuste et inefficace.
27:57Il fait payer les malades,
27:59abouvrit les retraités,
28:01fragilise l'hôpital et ne prépare pas le pays
28:03au défi de la société du vieillissement.
28:05Vous nous avez refusé
28:07la possibilité d'aller au bout de son examen
28:09et êtes demeuré obstinément sourd
28:11aux propositions encore formulées
28:13lors de la CMP.
28:15Nous n'avons jamais, pour ce qui nous concerne,
28:17été dans le tout ou rien.
28:19A aucun moment. Aucun.
28:21Vous n'êtes entré en dialogue
28:23avec l'opposition de la gauche et des écologistes.
28:25Vous n'avez donné suite
28:27à aucune de nos propositions.
28:29Que ce soit à l'occasion du débat parlementaire
28:31que vous avez déserté.
28:33Ni à la suite des courriers que nous vous avons
28:35adressés et demeuré sans réponse.
28:37Ni lors de notre récente entrevue
28:39à votre invitation, pourtant.
28:41Lors de cette entrevue,
28:43vous avez eu cette confidence saisissante.
28:45Je connais vos propositions.
28:47Certaines sont intéressantes.
28:49Mais je ne peux pas prendre le risque
28:51de fracturer mon socle commun.
28:55Toute votre énergie
28:57était donc consacrée
28:59à apaiser les ambitions de M. Attal,
29:01à contenter M. Wauquiez,
29:03à vous assurer de la bienveillance
29:05de Mme Le Pen.
29:07Je comprends que c'est d'abord entre eux
29:09et avec eux qu'il vous a fallu trouver
29:11des compromis.
29:15Cette motion de censure
29:17c'est d'abord votre échec.
29:19L'échec de la méthode Barnier.
29:21Elle n'aurait été en définitive
29:23qu'un bruit qui court.
29:25Mais il y a plus grave.
29:27Le 7 juillet dernier, des femmes et des hommes
29:29unis dans l'idéal d'une république
29:31laïque, sociale, fraternelle
29:33et pris de justice
29:35et de démocratie,
29:37comme à chaque fois que l'histoire l'exige,
29:39se sont retrouvés pour défendre l'essentiel
29:41et empêcher l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
29:43Les députés,
29:45vous, chers collègues,
29:47élus par l'élan démocratique
29:49de ce front républicain,
29:51n'étaient tenus que par une seule promesse,
29:53une seule loyauté, un seul engagement,
29:55ne rien céder à l'extrême droite.
29:59Pourtant,
30:01monsieur le Premier ministre,
30:03c'est avec le seul Rassemblement national
30:05que vous avez engagé des discussions,
30:07qui, loin de se borner aux questions budgétaires,
30:09cède aux plus viles
30:11obsessions de l'extrême droite,
30:13une nouvelle loi immigration
30:15après la débâcle politique et moral
30:17de l'an dernier,
30:19et une réforme de l'aide médicale d'État.
30:21Il est manifestement devenu plus convenable
30:23de parler avec l'extrême droite
30:25qu'avec la gauche.
30:27Et nous ne pouvons nous résoudre à cela
30:29comme nous ne pouvons nous résoudre
30:31à la trahison du front républicain
30:33qui justifie à elle seule cette motion de censure.
30:35Cette motion de censure,
30:37ceux qui la déposent,
30:39prennent en effet
30:41la responsabilité d'affirmer
30:43leur capacité de gouverner.
30:45Et nous revendiquons,
30:47à gauche, de gouverner
30:49et de nous engager sur les chantiers
30:51et sur les territoires que nous avons défendus
30:53avec le nouveau Front populaire devant les électeurs.
30:55Un Premier ministre de gauche
30:57conduisant la politique
30:59de la nation, en cohérence
31:01avec la volonté de changement des électeurs
31:03qui nous ont fait confiance.
31:05Et une Assemblée qui cherche des compromis
31:07et les majorités les plus larges
31:09autour de quelques priorités
31:11pour répondre à l'urgence et aux attentes des Français.
31:13C'est cela que nous appelons un accord
31:15de non-censure pour gouverner 149.3.
31:17Nous pouvons convenir ensemble,
31:19tout président de groupe
31:21ayant bénéficié du Front républicain
31:23d'un accord de méthode pour y parvenir.
31:25C'est une constriction politique difficile,
31:27je le sais, mais c'est la seule possible
31:29et raisonnable devant nous.
31:31Je crois dans le génie de la démocratie
31:33mais elle a besoin de démocrates sincères,
31:35de républicains ardents,
31:37elle a besoin de parlementaires adultes,
31:39chers collègues du Boulogne central
31:41qui vociféraient,
31:43je le dis avec gravité,
31:45cette censure
31:47qui est un appel au sursaut moral.
31:49La majorité de compromis
31:51que vous avez voulu
31:53s'est transformée en un sinistre
31:55gouvernement de connivence
31:57avec l'extrême droite
31:59que vous subissez et qui désormais
32:01vous achève.
32:03A tout républicain authentique,
32:05le prix à payer est devenu
32:07beaucoup trop élevé.
32:09Le choix qui est devant vous
32:11est désormais clair.
32:13Préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir
32:15que certains jugent imparfaite
32:17mais avec laquelle vous partagez
32:19la plupart des combats républicains
32:21ou continuez-vous
32:23à courber les chines aux injections
32:25de Madame Le Pen ?
32:27Que préférez-vous, la laisse et le bâton
32:29du Rassemblement national
32:31ou la responsabilité républicaine
32:33au prix de négociations parlementaires exigeantes ?
32:35Nous vous demandons d'être à la hauteur
32:37de la France et d'entendre des aspirations
32:39à la fraternité du pays.
32:41Chers collègues,
32:43la responsabilité, ce n'est pas de continuer
32:45de livrer le gouvernement
32:47au maître chanteur de l'extrême droite.
32:49Le bon sens, ce n'est pas de régler
32:51la crise budgétaire en poursuivant
32:53la politique qu'il a mise en cause.
32:55Cette motion de censure n'est pas
32:57une fin en soi.
32:59Notre responsabilité est de présenter une issue
33:01et des solutions. Je laisse esquisser.
33:03Les socialistes y prendront leur part.
33:05Nous pouvons, sur cette base, nous retrouver
33:07dès demain. Cette motion de censure
33:09n'est pas non plus un outil qui vise
33:11la déstabilisation et au chaos institutionnel.
33:13Cette motion de censure
33:15n'est pas... C'est pour retrouver le chemin
33:17du progrès, du dialogue républicain,
33:19pour donner à la France un budget juste
33:21et aux Français, cette motion
33:23c'est pour gouverner sans plus
33:25jamais négocier avec l'extrême droite.
33:27C'est pour donner au gouvernement stable
33:29à la France un gouvernement
33:31qui a besoin de légitimité pour exercer
33:33son autorité et ne pourra la trouver
33:35que dans cette Assemblée.
33:37Pour que vive la France et la République
33:39dans la fidélité au meilleur
33:41de son histoire.
33:43Le projet
33:45de loi de financement de la Sécurité Sociale
33:47que vous avez tenté d'imposer avec le 49-3,
33:49c'est celui qui continue
33:51à dégrader l'hôpital public.
33:53C'est celui qui acte l'abandon d'une loi
33:55grand âge. C'est celui qui conduit à des mutuelles
33:57plus chères. C'est celui qui n'offre rien
33:59en matière de lutte contre les déserts médicaux.
34:01C'est celui qui, dans un
34:03exercice de déshonneur et
34:05d'allégeance à l'extrême droite,
34:07a diminué l'aide médicale d'Etat
34:09au mépris de toute humanité,
34:11au risque de laisser prospérer
34:13épidémies et contagions.
34:15Et que dire des inepties
34:17professées à l'envie par le gouvernement
34:19et des membres du socle commun,
34:21faisant croire que la censure de ce gouvernement
34:23serait la 11e plaie d'Egypte ?
34:25La première d'entre elles,
34:27la carte vitale, ne va plus fonctionner.
34:29Foutez-z'en ! Et vous le savez,
34:31il y a plus de risques d'une pluie de grenouilles
34:33sur cet hémicycle
34:35que sur le fonctionnement de la carte vitale,
34:37qui me permet de rappeler, soit dit en passant,
34:39combien cela est un beau modèle,
34:41que ce modèle socialisé,
34:43certains le nomment même
34:45le communisme, déjà là.
34:47Ne vous étranglez pas.
34:49Puis, on nous affirme que pas de budget voté,
34:51cela signifierait une augmentation
34:53d'impôts sur le revenu et l'entrée
34:55dans l'imposition pour 380.000
34:57de nos compatriotes. C'est faux.
34:59Toute nouvelle entrée dans l'impôt
35:01n'intervient qu'en mai.
35:03D'ici là, après la loi spéciale,
35:05le gouvernement de gauche aura
35:07eu le loisir, non seulement d'indexer
35:09le barème de l'IR, mais aussi
35:11de le rendre plus progressif,
35:13afin que tous ceux qui gagnent moins de 4.000 euros
35:15paient moins et que la justice
35:17fiscale soit mieux assurée.
35:19S'il vous plaît, que cessent ces
35:21contre-vérités qui n'ont qu'un but,
35:23faire peur, parce que la peur est une
35:25arme de destruction massive de la raison.
35:27Nos compatriotes méritent mieux.
35:29Les agriculteurs que nous croisons
35:31aux abords des préfectures,
35:33les VSL qui bloquent les centres-villes,
35:35les enseignants, les fonctionnaires
35:37qui vont se mobiliser en masse demain
35:39ne brandissent pas des branderoles.
35:41On veut garder Barnier.
35:43Bien au contraire, il ne veut plus
35:45être empaumé par vos soins.
35:47Il nous dit stop. Dites-leur et dites-lui
35:49à celui qui, dans son palais,
35:51cultive l'illusion solitaire
35:53de l'omniscience. Dites-lui, ça suffit.
35:55Notre responsabilité,
35:57c'est à la fois de refuser
35:59les budgets régressifs de la Sécurité sociale
36:01comme de l'Etat,
36:03et de proposer au président
36:05de la République de laver la faute
36:07originelle qu'il fait porter
36:09comme un fardeau à la France.
36:11Nous sommes prêts, nous, députés
36:13communistes et ultramarins du groupe
36:15de la gauche démocrate et républicaine,
36:17à prendre notre part dans le cadre d'un gouvernement
36:19issu du Nouveau Front Populaire,
36:21capable de construire des majorités
36:23ici, projet par projet,
36:25comme nous l'avons montré
36:27dans l'histoire de notre pays.
36:29Le vote de ce jour, en faveur
36:31de la motion de censure, n'a rien
36:33de personnel, monsieur le Premier ministre.
36:35Et ce n'est pas l'apocalypse,
36:37c'est l'ouverture des possibles.
36:39J'ai envie de dire, n'ayez pas peur,
36:41n'ayez pas peur. Ouvrez,
36:43ouvrez toutes grandes les portes
36:45au peuple. Je vous remercie.
36:47Applaudissements
36:49Applaudissements
36:51Applaudissements
36:53Refusant sa défaite
36:55dans les urnes, Emmanuel Macron
36:57nous entraîne dans l'impasse.
36:59S'appuyant sur un accord avec
37:01Marine Le Pen, il a cherché à maintenir
37:03sa politique, quoi qu'il en coûte.
37:05Cela vous a permis, monsieur le Premier
37:07ministre, d'être
37:09nommé et d'arracher 90 jours
37:11à la tête de l'Etat. Cela a permis
37:13à Marine Le Pen de gagner du temps pendant
37:15le procès, pour lequel elle est accusée d'avoir
37:17organisé un système de détournement d'argent
37:19public au profit de son parti.
37:2190 jours
37:23gâchés. Votre erreur,
37:25monsieur le Premier ministre, est d'avoir
37:27pensé que Marine Le Pen vous laisserait faire
37:29un budget, qu'elle se refuserait
37:31à vous censurer. Et vous, crédule,
37:33vous l'avez prue, et peut-être que vous la
37:35croyez encore. Et vous vous êtes
37:37abaissé de compromis en
37:39compromission. Après un gouvernement
37:41qui est allé à l'encontre du vote
37:43des Français en méprisant l'Assemblée,
37:45nous souhaitons un gouvernement qui met
37:47en oeuvre le changement politique attendu
37:49voulu par les Français et qui s'appuie
37:51sur le Parlement. Ainsi, nous
37:53réaffirmons qu'il est légitime que la gauche
37:55et les écologistes, première force politique
37:57de l'Assemblée nationale, gouvernent le
37:59pays. Et cela autour d'une route qui,
38:01si elle est issue du programme du Nouveau Front
38:03Populaire, se concentre sur les priorités
38:05face aux défis auxquels nous
38:07devons collectivement faire face. La
38:09constitution d'un budget augmentant les
38:11ressources de l'Etat, des mesures efficaces
38:13et immédiates contre le réchauffement
38:15climatique et une conférence
38:17pour l'augmentation des salaires
38:19et l'arrêt des licenciements boursiers.
38:21Le groupe écologiste et social défend
38:23la primauté de la décision collective,
38:25du débat public et du
38:27travail parlementaire que les membres
38:29de la coalition gouvernementale ont
38:31pui pendant des mois. Il
38:33faut en finir avec l'approche verticale
38:35du pouvoir qui est aujourd'hui mis
38:37en échec. Le prochain gouvernement
38:39devra s'engager à ne pas utiliser
38:41le 49-3. C'est la
38:43garantie du débat parlementaire
38:45et c'est la seule garantie
38:47pour qu'un gouvernement ne soit pas
38:49censuré.
38:519 des 11 groupes de l'Assemblée
38:53se sont exprimés. Reste le groupe
38:55UDR d'Éric Ciotti, allié
38:57du Rassemblement National. De ce côté,
38:59aucun suspense, il votera
39:01cette motion de censure. En revanche,
39:03le groupe Lyot ne l'entend pas de cette manière.
39:05Charles de Courson indique que les membres
39:07de son groupe, à la quasi-unanimité,
39:09ne voteront pas cette motion.
39:13La première raison,
39:15c'est que voter la motion de censure,
39:17c'est, paradoxalement,
39:19redonner la main au président de la République.
39:21C'est-à-dire à celui
39:23qui a été à l'origine du chaos politique
39:25qui s'est installé à travers
39:27la dissolution du 9 juin 2024.
39:31La deuxième raison,
39:33c'est que voter la motion de censure,
39:35c'est aggraver la crise
39:37démocratique.
39:39En effet, que vont penser
39:41les Français d'une Assemblée nationale
39:43incapable d'adopter une loi de
39:45finance et une loi de financement
39:47de la sécurité sociale ?
39:49Le rejet de la démocratie parlementaire
39:51peut déboucher sur un régime
39:53autoritaire.
39:55Troisième raison,
39:57ce n'est pas le moment
39:59de voter une motion de censure.
40:01En effet, la situation économique
40:03et sociale n'est pas bonne,
40:05elle se dégrade.
40:07Un tel vote accentuerait
40:09le sentiment d'incertitude des acteurs
40:11économiques.
40:13Quatrième raison,
40:15si cette motion de censure était adoptée,
40:17une sortie démocratique paraît
40:19aujourd'hui impossible.
40:21En effet, le Président
40:23de la République ne peut dissoudre notre Assemblée
40:25qu'à compter du 7 juillet
40:272025, c'est-à-dire
40:29dans 7 mois.
40:31Quant à l'hypothèse de la démission du Président
40:33de la République,
40:35ce dernier l'a écartée
40:37hier soir. Alors mes chers collègues,
40:39par-delà ces quatre
40:41raisons qui font que notre groupe
40:43à la quasi-unanimité ne votera pas
40:45cette motion de censure,
40:47le groupe Diotte
40:49souhaite faire un appel
40:51à tous nos collègues sur tous les bancs de cette Assemblée
40:53qui se reconnaissent dans les valeurs
40:55fondatrices de notre République.
40:57Seul un large rassemblement
40:59de l'art républicain
41:01pourrait permettre de gouverner notre pays
41:03en évitant les risques
41:05liés à des solutions extrêmes.
41:07Ce n'est pas un vote
41:09pour ou contre Michel Barnier,
41:11mais un vote sur un texte.
41:13Nous sommes d'accord,
41:15Monsieur le Premier ministre.
41:17C'est un vote sur un texte qui va nous guider.
41:19C'est un vote,
41:21hélas, sur un mauvais budget.
41:23Un mauvais budget,
41:25un budget socialiste
41:27même. Je vous l'avais dit
41:29lorsque vous avez prononcé
41:31votre déclaration de
41:33politique générale.
41:37C'est pour protéger
41:39les Français,
41:41protéger nos entreprises
41:43et protéger
41:45notre économie que nous
41:47refusons ce budget.
41:49Il y a six mois, mes chers collègues,
41:51lorsque je présidais
41:53encore les Républicains,
41:55nous avions fixé ensemble
41:57trois lignes rouges
41:59avec beaucoup de vos ministres,
42:01notamment Bruno
42:03Retailleau, mais aussi
42:05Laurent Wauquiez.
42:07Nous avions dit alors que si ces lignes rouges
42:09venaient à être
42:11franchies, cela
42:13aurait automatiquement une conséquence.
42:15La censure du
42:17gouvernement.
42:19Ces lignes, je vous les rappelle,
42:21l'augmentation des prélèvements
42:23obligatoires, la désindexation
42:25des retraites qui
42:27pénaliseraient nos petits retraités,
42:29la baisse de la prise
42:31en charge des soins
42:33et des médicaments.
42:35Monsieur le Premier ministre,
42:37votre budget a
42:39allègrement franchi
42:41ces lignes rouges.
42:43C'est donc en cohérence
42:45que nous voterons la censure.
42:49Tous les groupes politiques se sont prononcés
42:51sur cette motion de censure.
42:53Au tour de Michel Barnier de prendre la parole,
42:55applaudi longuement par les
42:57quatre groupes du Socle commun qui le soutiennent.
42:59La parole est à présent
43:01à Monsieur le Premier ministre.
43:29Applaudissements.
43:59Applaudissements.
44:29Applaudissements.
44:31Applaudissements.
44:33Applaudissements.
44:35Applaudissements.
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44:41Applaudissements.
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44:45Applaudissements.
44:47Applaudissements.
44:49Applaudissements.
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45:31Applaudissements.
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45:45Applaudissements.
45:47Applaudissements.
45:49Applaudissements.
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46:31Applaudissements.
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46:41Applaudissements.
46:43Applaudissements.
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46:53Applaudissements.
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47:01Applaudissements.
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47:11Applaudissements.
47:13Applaudissements.
47:15Applaudissements.
47:1760 milliards d'intérêts, voilà ce que les Français, que nous allons devoir payer chaque année.
47:3160 milliards d'intérêts, c'est davantage que le budget de notre Défense ou de notre Enseignement supérieur,
47:37et sans doute encore davantage demain si nous ne faisions rien.
47:43Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, voilà la réalité.
47:48On peut dire tout ce qu'on veut, c'est la réalité.
47:51J'ai essayé de l'affronter, l'ensemble du gouvernement que je remercie, en vous présentant des textes financiers difficiles.
47:58Ce n'est pas par plaisir que je n'ai présenté quasiment que des mesures difficiles dans ce budget.
48:03J'aurais préféré distribuer de l'argent, même si nous ne l'avons pas, pour faciliter les choses et les discussions.
48:10Cette réalité, elle reste là.
48:12Écoutez-moi bien, elle ne disparaîtra pas par l'enchantement d'une motion de censure.
48:26Écoutez-moi bien et souvenez-vous, dans quelque temps, cette réalité-là, elle se rappellera à tout gouvernement, quel qu'il soit.
48:36Ce dont je suis sûr, Mesdames et Messieurs, ce que j'aurai dit avec gravité devant vous,
48:41c'est que cette motion de censure, au moment où vous vous apprêtez sans doute, dans cette conjonction des contraires, à approuver,
48:49cette motion de censure rendra tout plus grave et plus difficile. Voilà ce dont je suis sûr.
48:55Mesdames et Messieurs les députés, je ne me résous pas à l'idée que la déstabilisation institutionnelle puisse être l'objectif
49:08qui rassemblerait ici une majorité des députés, au moment où notre pays traverse une crise profonde, morale, économique, financière et civique.
49:19J'ai en mémoire, dans cette citation des mots de Saint-Exupéry, qui écrivait
49:26« Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous. »
49:37En tant qu'élu de la nation, chacune et chacun d'entre vous devra faire un choix en conscience, celui de voter ou de ne pas voter cette motion de censure
49:46et de renverser ou de ne pas renverser le gouvernement avec toutes les conséquences que j'ai tenté de décrire.
49:53Cette décision, Mesdames et Messieurs, sera la somme de vos choix individuels.
49:57Des choix individuels, mais qui engagent une responsabilité collective devant la nation, car c'est l'avenir des Français que vous tenez entre vos mains.
50:06Ne nous trompons pas d'enjeu. Ce qui se décide en cette fin d'après-midi, dans cet hémicycle,
50:13ce n'est certainement pas l'issue d'un bras de fer entre l'une ou l'autre des formations politiques et le Premier ministre.
50:20Ce n'est pas non plus le sort du Premier ministre. Je n'ai pas peur. Rassurez-vous, M. le censure. Je n'ai pas peur.
50:30J'ai rarement eu peur dans mon engagement politique. Ce qui est en jeu, c'est notre capacité collective à faire des pas les uns vers les autres,
50:41à dépasser les tensions et les clivages qui font tant de mal à notre pays, à avoir comme seule boussole l'intérêt général.
50:50Ce qui devrait nous rassembler, c'est la politique, au sens où je l'entends, qui consiste à créer du progrès collectif,
50:57parfois de petits progrès, parfois de grands progrès pour les Français. Et la stabilité dont les citoyens, les entreprises,
51:05les acteurs sociaux et économiques ont tant besoin et ont tant envie. Et vous auriez tort, M. Ciotti, de les oublier.
51:16M. le président Cancrel, tout à l'heure, vous avez choisi d'évoquer un homme que votre parti a toujours combattu, la grande figure de Georges Pompidou,
51:28qu'a cité Laurent Wauquiez aussi. Il est tombé, en effet, comme Premier ministre en 1962, sous le coup d'une censure.
51:37J'ai le souvenir d'un conseil que cet homme d'État que j'ai toujours admiré, en ce qui me concerne, recommandait.
51:46Dans son livre de Neugordien, Georges Pompidou écrivait qu'il fallait en toute circonstance rechercher à préserver la morale de l'action,
51:56la morale collective.
51:58Applaudissements
52:10Où est, M. le président Vallaud, la morale ? Où est l'action ? Lorsque, arrivant à l'hôtel Matignon, il y a moins de trois mois,
52:22au lendemain de ma nomination, je vous ai appelé et que vous m'avez dit qu'en toute circonstance, avant même que j'ouvre la bouche,
52:30avant même que je présente le programme du gouvernement, avant même que je forme le gouvernement, vous me disiez « nous allons voter la censure ».
52:37Applaudissements
52:53Vous me permettrez enfin, pour terminer, de vous dire plus personnellement, à cet instant, que je ressens comme un honneur
53:03d'avoir été depuis trois mois et d'être encore le Premier ministre des Français, de tous les Français.
53:10Et au moment où cette mission se terminera, peut-être bientôt, je veux vous dire que cela restera, pour moi, un honneur d'avoir servi avec dignité la France et les Français.
53:23Applaudissements
53:32Après ce discours, Michel Barnier prend la direction de l'hôtel de Matignon pour partager un moment convivial avec les ministres de son gouvernement.
53:40Pendant ce temps, les députés favorables à la censure sont en train de sceller son sort. Ils votent dans les salons voisins de l'hémicycle.
53:47Après 45 minutes de vote, la sonnerie retentit à l'Assemblée nationale. Tout le monde retient son souffle.
53:55Stéphanie Despierre, c'est imminent, vous êtes salle des Quatre Colonnes. Est-ce que chez vous, pareil, tout le monde semble un peu retenir son souffle ?
54:00Oui, tout le monde retient son souffle. Et quand la sonnerie a retentit, on a entendu un « Ah ! » de soulagement, d'avoir la fin de cette attente.
54:08C'était un « Ah ! » de tous les journalistes présents ici, dans cette salle des Quatre Colonnes, parce que vous le voyez, il y a beaucoup, beaucoup de monde.
54:14Et là, il y a un certain silence qui se fait en attente des résultats du vote.
54:19Le résultat ne fait presque aucun doute. Pourtant, députés et journalistes savent qu'ils sont en train de vivre un moment historique.
54:26Pour que le gouvernement tombe, la majorité absolue est nécessaire, soit 288 voix ce jour-là. Il est presque 20h30, c'est le moment de vérité.
54:37Mes chers collègues, la séance est reprise. Voici le résultat du scrutin.
54:46Majorité requise pour l'adoption de la motion de censure, 288. Pour l'adoption, 331.
54:53La majorité requise étant atteinte, la première motion de censure est adoptée et il n'y a pas lieu de mettre en voie la seconde motion.
55:01Les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 sont donc considérées comme rejetées.
55:10En raison de l'adoption de la motion de censure et conformément à l'article 50 de la Constitution, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du gouvernement.
55:20Les travaux de l'Assemblée nationale sont ajournés. La séance est levée.
55:28Les voix de la gauche et du Rassemblement national se sont donc additionnées pour censurer le gouvernement.
55:33Rendez-vous compte, aucune motion de censure n'avait été adoptée depuis 1962.
55:38Michel Barnier ne sera donc resté que trois petits mois à Matignon, le début d'une crise politique pour le pays.
55:45Merci à vous de nous avoir suivis sur LCP et à très bientôt.