Il s'agit du premier Conseil des ministres de François Bayrou et du premier de l'année 2025 pour Emmanuel Macron: le président réunit ce vendredi à l'Élysée le nouveau gouvernement de son allié centriste, nommé après la censure de son prédécesseur resté seulement trois mois.
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00:00Oui, c'est la tradition avant le tout premier conseil des ministres de l'année,
00:05ces petits déjeuners à l'hôtel de Beauvau pour les membres du gouvernement.
00:10C'est un rituel qui a été instauré par Gaston Defferre,
00:12ministre de l'Intérieur sous la présidence de François Mitterrand.
00:16C'était il y a un peu plus de 40 ans.
00:18Les membres du gouvernement, de ce tout nouveau gouvernement,
00:21sont donc attendus ici au ministère de l'Intérieur à partir de 8h30.
00:25Le premier ministre, François Bayrou, devrait lui arriver un peu avant 9h.
00:30Et cette année, il y a deux particularités.
00:33Première particularité, ce sera le tout premier conseil des ministres
00:37de cette nouvelle équipe gouvernementale, ce petit déjeuner.
00:41Ce sera la première réunion officielle de ce gouvernement
00:45qui ne s'était jamais réuni auparavant.
00:48Et puis, deuxième particularité, Bruno Retailleau,
00:51le ministre de l'Intérieur, recevra son prédécesseur à Beauvau.
00:55Il recevra Gérald Darmanin, qui est devenu entre-temps ministre de la Justice,
01:00qui est devenu garde des Sceaux et qui retrouvera les locaux du ministère de l'Intérieur
01:04le temps d'une matinée, le temps d'un petit déjeuner.
01:08Et donc, après cette réunion, les membres du gouvernement iront à pied.
01:12Ils se rendront à pied au Palais de l'Elysée,
01:14qui est situé à seulement quelques dizaines de mètres de l'hôtel de Beauvau.
01:19On suivra évidemment ce conseil des ministres à partir de 10h.
01:24De ce gouvernement que tout oppose,
01:26un gouvernement qui sera quasiment au complet ce matin,
01:29je dis quasiment parce qu'il manque Jean-Noël Barraud,
01:32le ministre des Affaires étrangères, qui est aujourd'hui en Syrie.
01:36Edgar Becquet avec Nils Olsson, merci à vous.
01:39Christophe, comment le gouvernement et le Premier ministre
01:42peuvent réussir là où Michel Barnier a échoué en trois mois ?
01:46Ils ont deux atouts que n'avait pas Michel Barnier.
01:48Le premier atout, c'est une sorte de renversement de l'histoire,
01:52c'est qu'il y a déjà eu une censure.
01:54Il y a eu une censure contre le gouvernement Barnier.
01:55Eh bien avant de censurer à nouveau,
01:57les partis d'opposition, les partis censeurs vont y réfléchir.
02:00Quel est le bon moment ? Quelle est la bonne argumentation ?
02:02Comment faire attention ? Quelles sont les rétorsions ?
02:05On a vu que cette censure du gouvernement de Michel Barnier,
02:08elle avait aussi coûté des polémiques aux censeurs.
02:10Vous avez empêché certaines catégories de Français
02:13de bénéficier davantage qui étaient dans le budget prévu.
02:15Donc les censeurs vont avoir la main qui tremble un petit peu plus.
02:19Le deuxième avantage de François Bayrou,
02:20ça devait être d'élargir sa majorité, ça s'est raté vers la gauche.
02:24En revanche, il a changé, il a densifié son équipe.
02:27Il aura donc une sorte de PAC comme au rugby
02:30pour mieux résister aux attaques dans l'hémicycle.
02:32À partir de là, le reste de l'équation n'a pas changé.
02:36Il n'a pas de majorité.
02:37Il peut facilement avoir une majorité contre lui.
02:40Dernier élément qui change pour François Bayrou
02:42par rapport à Michel Barnier,
02:43c'est la superposition du calendrier gouvernemental
02:46par rapport au calendrier judiciaire de Marine Le Pen.
02:48Rappelez-vous, le réquisitoire du procureur, très sévère.
02:51Marine Le Pen déclenchera foudre à l'Assemblée nationale.
02:54C'est le début de la fin du gouvernement de Michel Barnier.
02:56Là, le jugement est attendu pour le 31 mars.
03:00D'ici là, ça laisse une opportunité à François Bayrou
03:03pour faire voter ce budget impossible avec dernier changement,
03:07dernier atout, à la manœuvre Éric Lombard,
03:10un ministre de l'économie plutôt venu de la gauche.
03:12Là où il y avait Antoine Armand,
03:14un ministre de l'économie fidèle au macronisme.
03:16Aurélien Lecoq, on entendait parler à l'instant du risque de censure.
03:20C'est quoi votre priorité à l'heure actuelle ?
03:21Est-ce que c'est vraiment la censure
03:22ou est-ce que c'est plutôt vous atteler aux dossiers urgents
03:24comme par exemple la loi d'urgence pour Mayotte ?
03:29Ah mais, ce sont de toute façon les deux.
03:31Mais la réalité, c'est que ce que l'on ne peut pas oublier
03:34et ce que ne rappelle pas M. Barnier,
03:36c'est que ce gouvernement est de nouveau un gouvernement usurpateur.
03:40C'est de nouveau un gouvernement illégitime.
03:42Pourquoi sont-ils là ?
03:43Ils n'ont pas gagné les élections.
03:45Aucune des personnalités qui aujourd'hui ne se trouvent au gouvernement
03:48ne devrait être ministre puisqu'ils ont perdu les élections du 7 juillet dernier.
03:52Emmanuel Macron refuse toujours d'entendre la voix du peuple français
03:57qu'il a lui-même convoqué lors d'élections
03:59en refusant de se soumettre aux résultats des urnes.
04:02Aurélien Lecoq, j'entends et on l'entend déjà beaucoup ce discours depuis des mois.
04:06Est-ce que vous ne vous dites pas aujourd'hui
04:08qu'il y a peut-être des dossiers urgents dans lesquels s'investir
04:11et on parlait notamment de la loi d'urgence pour Mayotte
04:13plutôt d'appeler à la destitution d'Emmanuel Macron avant toute chose ?
04:18Mais vous mettez des choses en concurrence qui n'existent pas.
04:21La réalité, c'est que si Emmanuel Macron avait tenu son rang,
04:25avait tenu ses promesses comme par exemple le fait en 2018
04:29d'avoir promis un projet de loi spécial de lutte
04:32contre les risques exceptionnels dans les Outre-mer,
04:35alors la situation n'en serait pas là.
04:36Si Emmanuel Macron n'avait pas décidé d'abandonner le département de Mayotte
04:41depuis des années et de le laisser être le département le plus pauvre de France,
04:45alors la situation n'en serait pas là.
04:47Vous parliez par exemple dans les reportages précédents
04:50de la grève dans les hôpitaux à Villeneuve-Saint-Georges
04:52parce qu'on a des gens qui passent des nuits sur des brancards
04:55et des gens qui souvent meurent dans les couloirs des hôpitaux.
04:57Si Emmanuel Macron n'avait pas supprimé près de 27 000 lits
05:01depuis qu'il est président de la République,
05:03sans doute qu'on n'en serait pas là.
05:05Donc l'urgence aujourd'hui pour régler les problèmes des Français...
05:09Une fois qu'on a dit tout ça, et on l'a beaucoup entendu,
05:11comme le disait Loïc Besson, si l'instabilité politique continue justement,
05:15comment est-ce qu'on s'attelle aux dossiers qui sont urgents ?
05:17On vous parlait des urgences, on parle de Mayotte.
05:19Comment on s'attelle à ces dossiers si on fait perdurer l'instabilité politique ?
05:24Alors de deux choses.
05:25L'instabilité politique, elle perdure du fait d'Emmanuel Macron et de son gouvernement
05:29qui décident de bordéliser les institutions et de ne pas respecter le résultat des urnes.
05:34Ce sont quand même les premiers bordélisateurs du pays
05:36et aujourd'hui celles et ceux qui fragilisent le plus la vie quotidienne des Françaises et des Français.
05:41C'est le premier point.
05:42Ensuite, il y a un budget, il y aura un débat budgétaire.
05:45Nous, nous ferons nos propositions.
05:46Qui a refusé le dernier budget ?
05:49C'est bien les macronistes puisque ce budget, nous l'avions amendé.
05:51Vous souhaitez qu'il y ait un débat budgétaire, Aurélien Lecoq,
05:53parce qu'il me semblait que vous vouliez censurer François Bayrou
05:57dès sa déclaration de politique générale, avant même le début des débats sur le budget.
06:03Mais bien sûr, pourquoi ?
06:04Parce que François Bayrou a d'ores et déjà annoncé qu'il voulait repartir du budget de M. Barnier.
06:08Écoutez, il y a un moment où il faut accepter que nous vivions dans une démocratie
06:12et dans une démocratie, on ne peut pas gouverner sur le fait du prince.
06:17On ne peut pas avoir une personne retranchée à l'Élysée
06:19qui décide de tout pour tout le monde, contre les parlementaires et contre le peuple français.
06:24Donc oui, M. Bayrou est illégitime.
06:26Oui, nous déposerons une motion de censure.
06:28Pourquoi ? Parce qu'il a refusé de demander le vote de confiance.
06:32Dans toutes les démocraties parlementaires du monde,
06:35lorsqu'un gouvernement est nommé, il commence par demander la confiance au Parlement,
06:39c'est-à-dire à la souveraineté nationale.
06:41Puisqu'il n'y a pas eu de vote de confiance, alors il y aura un vote de défiance.
06:45Mais je voudrais juste terminer là-dessus, sur la question du budget,
06:49parce que c'est quand même important.
06:51Le gouvernement de M. Barnier a été renversé parce que personne ne voulait,
06:55ni de la baisse des retraites, ni de la taxe sur les nouveaux budgets.
06:59Et M. Bayrou décide.
07:01Merci Aurélien Lecoq d'avoir été notre invité sur BFMTV.
07:05Merci beaucoup Christophe, merci Edgar.
07:06On aura l'occasion de reparler du budget évidemment, puisqu'il arrive.