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00:00Alors que Mayotte est toujours en alerte rouge, ce matin on reçoit une Périgordine qui rentre tout juste de l'archipel.
00:05Elle est apprentie au secours populaire en Dordogne, elle est partie là-bas au début du mois pour aider après le cyclone.
00:11Et ce matin, elle est l'invitée d'ici Périgord, Louis de Bergevin.
00:14Bonjour Laounia Atouman.
00:16Bonjour.
00:16Vous êtes donc rentrée samedi de Mayotte, ça s'est passé comment ?
00:20Ça s'est très bien passé, on a pris l'avion vendredi soir et on est arrivés samedi matin.
00:27Et ce voyage, c'est pas vraiment un voyage, c'était un voyage humanitaire en tout cas sur place pour aider, ça a été dur ?
00:36C'était très court mais très intense, on se déplaçait souvent pour aller rencontrer nos partenaires du secours populaire qui sont sur place et leur apporter notre aide.
00:47Qu'est-ce que vous faisiez exactement comme aide ? On imagine qu'on fait un petit peu de tout ?
00:52Le premier jour, on est partis au nord de l'île et on a rencontré le syndicat des agriculteurs et des pêcheurs et on a échangé avec eux.
01:03On leur a aussi apporté du matériel pour qu'ils aient accès à leur champ, justement des tronçonneuses et des broussailleuses.
01:10Parce qu'avec les arbres qui sont tombés, ils n'avaient pas du tout accès à leur champ et franchement, ils en ont besoin parce que c'est leur première alimentation.
01:21Ils se sentaient aussi très délaissés, les gens du nord, parce que les aides qui venaient, venaient souvent dans la capitale et au centre.
01:29Parce que c'était difficile de les acheminer vers le nord ?
01:32Je pense que pour les personnes aussi, quand les aides arrivent, Mayotte c'est un peu Mamoudzou, donc c'est la capitale et le centre.
01:42Et le nord c'est un peu loin d'y aller, les gens se disent qu'on reste un peu là, donc voilà.
01:47Vous avez vu la détresse ? On dit qu'il y a beaucoup de bidonvilles, d'habitats précaires qui ont été détruits, donc des gens qui se retrouvent à la rue, ça vous l'avez vu ?
01:57Oui, j'ai beaucoup vu ça et aussi les personnes qui avaient faim qui nous le disaient en fait.
02:04Et surtout les déchets, qu'ils étaient partout par terre, il n'y avait pas de gestion et ça, ça peut engendrer les maladies.
02:13C'est quoi le sentiment qu'on a quand on aide, on se rend utile, mais en même temps on ne peut pas aider tout le monde, la détresse est grande, on se sent comment ?
02:23On se sent impuissant parce que nous en fait, l'aide qu'on apporte, on va auprès de nos partenaires là-bas, parce qu'ils vivent là-bas déjà,
02:30et on leur demande les besoins de la population et ils nous disent ce qu'on peut apporter comme aide.
02:39Mais c'est vrai que quand on ne peut pas aider tout le monde, c'est frustrant, mais voilà.
02:457h45, vous écoutez Ici Périgord, on reçoit ce matin une apprentie au secours populaire de Dordogne, de retour d'un voyage humanitaire à Mayotte, elle répond à vos questions, Louis de Bergevin.
02:55Vous êtes vous-même maoresse d'origine, émotionnellement c'est d'autant plus difficile d'être confrontée aussi à cette misère, à ces difficultés ?
03:05Oui, surtout parce que j'ai un peu de ma famille là-bas, il y a mon père et j'ai des cousins et cousines là-bas,
03:12et en fait, nous on est ici, mais on voit les vidéos et tout ça, on se dit ça va passer, ça va passer, mais eux là-bas, ils sont plus touchés émotionnellement,
03:24il y aura des traumatismes qui vont arriver, il y en a qui sont arrivés, et en fait je pense qu'ils ont aussi besoin de s'aérer,
03:30et il y en a qui cherchent à partir pour oublier, tout ça en fait.
03:34Vous avez pu voir votre famille ?
03:35Oui, j'ai pu voir mon père.
03:36Eux vont bien ?
03:37Eux vont bien.
03:38Mayotte qui est de nouveau en alerte rouge, avant le passage d'une tempête là en ce moment,
03:47comment ça se passe, les habitants ont de quoi se protéger, ils ont pu se remettre à l'abri ?
03:52Il y a eu des centres d'hébergement qui ont été ouverts, surtout les écoles,
03:58après je pense qu'il y a des gens qui restent quand même chez eux,
04:01et qu'ils ont reconstruit, direct après le premier cyclone, ils ont reconstruit leur habitation en bidon avec les tôles,
04:09et ça ne tient pas forcément,
04:11et au sud de l'île, il y avait un village qui n'avait pas été touché par le premier cyclone,
04:17et là avec cette tempête, il y a eu une montée des eaux importante dans ce village,
04:23et dans plusieurs villages du sud, il y a eu une montée des eaux importante quand même.
04:28Le sentiment que ça se reproduit encore et encore pour les habitants on imagine ?
04:32Voilà, j'ai vu des vidéos quand même, et ils essayent de rester forts, de garder le sourire,
04:37mais c'est quand même très dur.
04:39S'il fallait y retourner, vous iriez ?
04:41Moi j'y retournerais personnellement, oui.
04:43C'est prévu, c'est possible ?
04:45Non, c'est pas prévu, mais moi j'ai prévu d'y retourner cet été,
04:50c'était pour les vacances,
04:52mais peut-être que d'ici là, il y aura un changement,
04:54et j'irai aussi auprès des partenaires,
04:56pour voir où ils en sont,
04:58quels besoins d'aide, et tout ça.
05:00On peut aider ici depuis la Dordogne ?
05:02Oui, on peut aider sur la page du secours populaire,
05:06on peut faire des dons financiers,
05:08et justement là, il y a des élèves de Nontron,
05:10ils nous ont sollicité pour mettre en place un projet pour aider Mayotte,
05:14et moi je trouve que les dons financiers c'est plus important,
05:18parce que la collecte c'est bien,
05:20mais ça va mettre du temps à arriver,
05:22avec les conteneurs, tout ça,
05:24ça fait minimum 5-6 semaines,
05:26alors que les dons financiers,
05:28ça va permettre directement de les envoyer là-bas,
05:30et les partenaires qui sont là-bas,
05:32ils connaissent plus les besoins de la population
05:34que nous qui sommes ici.
05:36Merci beaucoup Laounia Atouman,
05:38apprentie au secours populaire en Dordogne,
05:40vous rentrez de Mayotte,
05:42merci d'être venue sur ICI Périgord.