Grand témoin : Philippe Aghion, économiste, Professeur au Collège de France
GRAND DÉBAT / François Bayrou : l'épreuve du grand oral à l'Assemblée
« Le récap » par Thibault Hénocque
Un mois après sa nomination au poste de Premier ministre, François Bayrou a prononcé sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale le mardi 14 janvier 2025. Il a débuté son discours par ce qui constitue son cheval de bataille depuis des décennies : le surendettement. Au coeur d'intenses tractations avec les socialistes depuis plusieurs jours, la réforme des retraites concentrait toutes les attentions des députés. Sans mentionner d' « abrogation » ni de « suspension », le Premier ministre a annoncé confier une mission flash à la Cour des Comptes sur le sujet puis ouvrir une conférence sociale de trois mois pour trouver un nouvel équilibre. Les syndicats seront donc chargés de négocier à nouveau. François Bayrou a également ouvert un certain nombre de débats, notamment sur la proportionnelle, le droit du sol à Mayotte et le non-cumul des mandats. La réforme de l'audiovisuel public sera menée à son terme. Les médicaments ne seront pas déremboursés. Une « banque de la démocratie » sera créée pour contrôler le financement des partis politiques. François Bayrou a-t-il réussi son grand oral devant les députés ?
Invités :
- Laurent Baumel, député socialiste d'Indre-et-Loire,
- Philippe Vigier, député « Les démocrates » d'Eure-et-Loir,
- Michaël Taverne, député « Rassemblement National » du Nord,
- Marie-Christine Dalloz, députée « Droite républicaine » du Jura.
GRAND DÉCRYPTAGE / Existe-t-il un « style François Bayrou » ?
Dans son grand oral devant les députés qui a duré un peu moins d'une heure et demie, le Premier ministre a tenté d'affirmer son style politique et oratoire. Quelles sont les formules fortes de son discours ? A-t-il convaincu son auditoire et les internautes ? Comment peut-on définir le « style Bayrou » ?
Invités :
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l'art oratoire,
- Emmanuel Dubarry, spécialiste de la communication de crise, conseiller en communication chez « Backbone ».
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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GRAND DÉBAT / François Bayrou : l'épreuve du grand oral à l'Assemblée
« Le récap » par Thibault Hénocque
Un mois après sa nomination au poste de Premier ministre, François Bayrou a prononcé sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale le mardi 14 janvier 2025. Il a débuté son discours par ce qui constitue son cheval de bataille depuis des décennies : le surendettement. Au coeur d'intenses tractations avec les socialistes depuis plusieurs jours, la réforme des retraites concentrait toutes les attentions des députés. Sans mentionner d' « abrogation » ni de « suspension », le Premier ministre a annoncé confier une mission flash à la Cour des Comptes sur le sujet puis ouvrir une conférence sociale de trois mois pour trouver un nouvel équilibre. Les syndicats seront donc chargés de négocier à nouveau. François Bayrou a également ouvert un certain nombre de débats, notamment sur la proportionnelle, le droit du sol à Mayotte et le non-cumul des mandats. La réforme de l'audiovisuel public sera menée à son terme. Les médicaments ne seront pas déremboursés. Une « banque de la démocratie » sera créée pour contrôler le financement des partis politiques. François Bayrou a-t-il réussi son grand oral devant les députés ?
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- Laurent Baumel, député socialiste d'Indre-et-Loire,
- Philippe Vigier, député « Les démocrates » d'Eure-et-Loir,
- Michaël Taverne, député « Rassemblement National » du Nord,
- Marie-Christine Dalloz, députée « Droite républicaine » du Jura.
GRAND DÉCRYPTAGE / Existe-t-il un « style François Bayrou » ?
Dans son grand oral devant les députés qui a duré un peu moins d'une heure et demie, le Premier ministre a tenté d'affirmer son style politique et oratoire. Quelles sont les formules fortes de son discours ? A-t-il convaincu son auditoire et les internautes ? Comment peut-on définir le « style Bayrou » ?
Invités :
- Mariette Darrigrand, sémiologue,
- Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l'art oratoire,
- Emmanuel Dubarry, spécialiste de la communication de crise, conseiller en communication chez « Backbone ».
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NewsTranscription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, vous l'avez suivi en direct sur LCP, émission spéciale ce soir sur le discours de politique générale de François Bayrou.
00:13Retraite, budget, immigration, on va revenir sur la feuille de route du nouveau Premier ministre, la méthode, les annonces, les réactions, le style Bayrou aussi.
00:23Avec une grande question ce soir, la main tendue aux socialistes suffira-t-elle à éviter la censure ?
00:30Dès jeudi prochain dans l'hémicycle, ça vous regarde Bayrou face aux députés, c'est tout de suite.
00:36Générique
00:47Quand tout va mal, on est contraints au courage, c'est par ces mots que François Bayrou a tenté de convaincre les députés cet après-midi.
00:54Alors pour sortir de l'instabilité et surtout garantir à la France un budget, le Premier ministre a lâché un peu de l'est sur la réforme des retraites, on va y revenir dans le détail.
01:03La grande question ce soir, c'est de savoir si c'est suffisant pour éviter la censure des socialistes.
01:09Pour y répondre, quatre députés ce soir et un grand témoin.
01:12Philippe Vizier, bonsoir, député Modem de Réloir, Laurent Baumel, bonsoir, député socialiste d'Inde-Réloir,
01:18Michael Taverne, bonsoir, député Rassemblement National du Nord, et Marie-Christine Dalloz, bonsoir, bienvenue, députée droite républicaine du Jura.
01:26Merci d'être là, Stéphanie Despierre aussi et Marco Pommier, merci à vous deux d'avoir été vaillants toute la journée depuis la salle des quatre colonnes
01:35pour le décryptage des réactions de l'analyse en direct ce soir et puis un grand économiste nous accompagne sur LCP ce soir.
01:42Bonsoir, Philippe Aguillon.
01:44Bonsoir.
01:45Et merci beaucoup d'être parmi nous, vous êtes professeur d'économie au Collège de France, à Londres également, à la London School of Economics.
01:52Je signale votre dernier ouvrage, IA, notre ambition pour la France, c'est la publication chez De Noël du rapport de la Commission sur l'intelligence artificielle
01:59que vous avez présidée avec Anne Bouvreau. Alors que faut-il retenir de ce long discours d'1h30 de François Bayrou ?
02:06C'est dans le récap de Thibault Hénocque qu'on accueille tout de suite.
02:19Bonsoir mon cher Thibault.
02:20Bonsoir Myriam, bonsoir à tous.
02:21François Bayrou a donc tenté de convaincre les Français mais aussi les partis politiques dans ses discours.
02:26Oui, 1h25 de discours pour tracer les contours de ce que François Bayrou a appelé une politique de ressaisissement de notre pays
02:33au cours duquel le Premier ministre a semblé vouloir donner des gages à tous les partis pour se mettre à l'abri d'une censure.
02:40Des gages en particulier aux partis socialistes.
02:43Objet depuis plusieurs jours de toutes les attentions et toutes les négociations.
02:47Alors première annonce, c'était la plus attendue, la réforme des retraites est remise en chantier.
02:52Les partenaires sociaux auront trois mois pour la renégocier.
02:56Nous pouvons, j'en ai la conviction, rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou,
03:05pas même l'âge de la retraite à condition qu'elle réponde à l'exigence fixée.
03:10Voilà pour les retraites à quoi François Bayrou ajoute toujours à destination de la gauche une deuxième annonce,
03:16fruit des négociations conduites ces derniers jours.
03:19Le gouvernement proposera une hausse notable de l'ondamne,
03:23ce qui permettra d'améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles.
03:29A cette fin, la mesure de déremboursement de certains médicaments et de consultations ne sera pas reprise.
03:36La grande question c'est, est-ce que le compte y est pour les socialistes ?
03:40Alors pas vraiment, il est 16h29 lorsque François Bayrou termine son discours.
03:44Les socialistes alors se regardent et se pincent.
03:46D'abord, ils n'ont rien entendu sur l'une de leurs principales revendications, la fiscalité,
03:50et notamment la taxation des plus fortunés et des grandes entreprises.
03:54Pire, sur les retraites, non seulement il n'est pas question de suspension,
03:57mais le Premier ministre a indiqué que la réforme au borne s'appliquerait si les négociations entre les partenaires sociaux échouaient.
04:04Le branle-bas de combat au Parti socialiste s'enclenche, une réunion de groupe est improvisée.
04:09Rien n'est plus sûr, à 17h32, le président du groupe PS monte à la tribune, il interpelle le Premier ministre.
04:16Je voudrais vous interroger et j'ai besoin de la clarté de vos réponses.
04:21Je veux savoir où on en est de ce projet de contribution sur les hauts patrimoines,
04:26une contribution qui serait pérenne.
04:28Je veux savoir où nous en sommes de l'annulation, de la suppression des 4000 postes dans l'éducation,
04:32Monsieur le Premier ministre.
04:34À vous écouter, je dois vous dire que le compte n'y est pas.
04:37Où sont vos engagements ?
04:39Nous avons pris nos responsabilités, à vous de prendre les vôtres.
04:43Étonnant moment parlementaire, alors que le Premier secrétaire, Olivier Faure,
04:47disait ce matin un accord de non-censure possible.
04:50Voilà que tout semble suspendu à la réponse de François Bayrou,
04:53qui doit réintervenir après tous les orateurs.
04:5619h10, François Bayrou reprend donc la parole.
04:59Il répond point par point à Boris Vallaud sans lever toutes les incertitudes
05:03et en renvoyant sur bien des sujets au débat budgétaire.
05:07Ce soir, Myriam, l'histoire continue donc de s'écrire.
05:09Le Parti socialiste doit de nouveau se réunir.
05:11Il semble vouloir se donner un peu de temps,
05:13alors que le vote de la motion de censure déposée par la France insoumise
05:16doit intervenir jeudi.
05:18En débutant son discours, François Bayrou a dit vouloir, je cite,
05:21répondre à l'injonction que le pays nous assigne, la stabilité,
05:24visiblement, elle n'est pas encore assurée.
05:26Merci beaucoup, Thibault Hénox, c'était parfaitement clair.
05:29Avant de parler de la réforme des retraites, puisque c'est l'évolution principale,
05:34le Premier ministre accepte de la renégocier avec les partenaires sociaux.
05:37Je voudrais vous demander un petit exercice rapide
05:39pour une impression générale.
05:41Un mot, un mot, Laurent Baumel, pour qualifier ce discours
05:44que vous avez écouté attentivement,
05:47convaincant, décevant, flou, habile, un mot.
05:51Pénible. Pénible à écouter.
05:54Pourquoi ?
05:55Parce qu'il y a une forme de lenteur.
05:58Alors, moi, je veux bien qu'on ait un Premier ministre
06:00qui ne soit pas techno, c'est une bonne chose,
06:02qui soit politique.
06:03Alors, à ce moment-là, si il est politique,
06:05pour être plaisant, il faut que le discours ait une dynamique
06:08et une vision, voilà.
06:10Là, on avait vraiment l'impression de quelque chose de très poussif,
06:13de très daté, pour tout dire,
06:15et franchement, d'un peu pénible à écouter.
06:18Philippe Vigier, c'est un réquisitoire pénible, poussif.
06:22Pédagogue.
06:23Oui, parce qu'en fait, on a retrouvé l'enseignant,
06:25il a pris le temps, ça, c'est sa caractéristique.
06:28Enfin, vous vous habituez, il a parlé une heure et demie.
06:31On le connaît bien.
06:32Et puis là, il a répondu pendant une heure.
06:34J'ai vu d'ailleurs que des confrères journalistes
06:37et éditorialistes avaient souligné qu'il avait pris soin
06:39de faire de la pédagogie.
06:40Je vais prendre juste l'exemple des retraites.
06:42Moi, j'ai assisté à toutes les réformes sur les retraites.
06:44Marie-Christine Dalloz en était là à chaque fois.
06:46C'est la première fois qu'on met les enjeux sur la table financière
06:48telles qu'elles ont été posées,
06:50pour que les Français comprennent bien de quoi il s'agit.
06:52On ne peut pas dire, voilà, on parle de la retraite à 60 ans,
06:5462 ans, 64 ans, sans connaître derrière
06:57les conséquences qu'il peut y avoir.
06:59Pédagogue aussi sur la situation du pays
07:01et le fait qu'on doit faire des pas les uns vers les autres.
07:03Et moi, je remercie les Républicains d'avoir dit
07:06qu'ils étaient exigeants, mais qu'ils étaient
07:08dans cette affaire solidaire et qu'ils voulaient avancer.
07:11Il y a des gestes vis-à-vis de tous les groupes politiques,
07:13on va s'y attarder, mais un mot pour saisir un peu
07:16vos premières réactions, l'impression en général.
07:18Marie-Christine Dalloz.
07:20Incohérence.
07:22Incohérence parce que dans la première partie de son discours,
07:27le Premier ministre nous parle de la dette,
07:29du risque de la dette.
07:31C'est un sujet qu'il a régulièrement évoqué,
07:33un sujet de préoccupation
07:35pour le présent et pour l'avenir.
07:39La dette, c'est un vrai sujet.
07:413 300 milliards.
07:43Et parallèlement,
07:45toutes les annonces qu'il a faites,
07:47augmentation de l'ONDAM, c'est entre 8 et 10 milliards,
07:50non-suppression des postes d'enseignants,
07:53toutes les mesures qui ont été annoncées
07:56augmentent le déficit.
07:59Et comme je n'ai pas vu de piste d'économie
08:02de réduction du déficit ou de la dépense,
08:04je pense qu'il y a une forme d'incohérence.
08:06On ne peut pas parler de la dette et d'augmenter les dépenses sans cesse.
08:09On va y revenir.
08:10C'est vrai qu'on attendait des précisions,
08:12notamment sur les économies,
08:14la baisse des dépenses et ce budget
08:16qui manque à la France
08:18et qui doit être retrouvé par vous, les parlementaires.
08:20Michael Davern, quel mot vous vient après ce discours ?
08:22Insuffisance.
08:24On n'attendait pas grand-chose du discours de politique générale
08:27du Premier ministre.
08:28Là, on a été servi.
08:29Pas de mesures concrètes, pas de calendrier,
08:32une succession de constats
08:34partagés par une très grande majorité de Français.
08:38Mais voilà, on pourrait trouver des solutions.
08:41On parle encore de comités, de discussions, de concertations,
08:45comme si, en fait, on ne connaissait pas les problématiques.
08:47Je pense que les Français ont parfaitement conscience
08:51de la situation dans laquelle nous sommes.
08:53Donc, j'y rajouterais même ennuyeux.
08:56Oui, alors là, le procès, la barquée est chargée.
09:00Bon, il y a de l'opposition, évidemment, sur ce plateau,
09:03mais poussif, incohérent, insuffisant.
09:06Vous, l'économiste, comment l'avez-vous trouvé ?
09:09Est-ce que vous voyez ce chemin pour parvenir à des compromis ?
09:13Écoutez, en tout cas, j'ai trouvé que c'était assez rusé,
09:15assez habile, quoi, voilà.
09:17Il doit passer par les chevaux de l'aiguille.
09:24Il s'agit d'éviter la censure, une nouvelle censure.
09:27En même temps, il doit être crédible
09:30sur le fait qu'il ne va pas aggraver considérablement
09:34le déficit budgétaire.
09:37Alors, en réponse à ce qui a été dit avant,
09:40je crois que l'alternative, c'est...
09:42Je crois que c'est l'économie politique de la réforme budgétaire.
09:45Dans un monde idéal où il n'y a pas de censure,
09:47on est tous d'accord, il faut augmenter le taux d'emploi,
09:50le taux de croissance, c'est comme ça qu'on va réduire la dette à terme,
09:53mais dans un monde où on sait qu'il y a une menace
09:57et chaque nouvelle censure,
09:59la notation de la France baisse
10:02et donc le coût de la dette française augmente énormément,
10:06l'alternative...
10:08Déjà, d'éviter la censure, c'est déjà très important.
10:11Donc, il y a des concessions à faire pour éviter la censure.
10:15Mais, vous voyez, tout doit être mesuré à cette aune-là.
10:19Et là, c'est assez habile de dire,
10:22je fais un débat et je laisse aux partenaires sociaux.
10:26On reviendra sur les détails.
10:27On y vient tout de suite, on vient sur les retraites,
10:29mais d'abord, les chefs de file, si vous voulez bien.
10:31Jean-Michel Tanguy, Jean-Philippe Tanguy pour le RN,
10:34Mathilde Panot, Les Insoumis,
10:36Laurent Wauquiez pour la droite républicaine.
10:39L'ultime mérite de la censure et des semaines pitoyables qui l'ont suivie
10:42aura été de confirmer aux Français votre vraie nature.
10:45D'un événement historique, vous ne voyez rien.
10:48Du peuple souverain, vous n'écoutez rien.
10:50D'une rupture démocratique, vous ne dites rien.
10:53Vous ne respectez rien, ni le résultat des urnes,
10:56ni la souveraineté du peuple.
10:58Votre gouvernement recycle les artisans du malheur de la France
11:02pour jouer dans l'amorosité, le requiem de la Macronie.
11:06La leçon de l'été dernier a pourtant le mérite de la clarté.
11:09Macron doit partir après la troisième élection perdue depuis 2022.
11:13Avec les parlementaires de la droite républicaine,
11:16nous avons fait le choix de la responsabilité.
11:19Elle prendra, monsieur le Premier ministre,
11:22la forme d'un soutien exigeant à votre gouvernement.
11:26Un soutien, cela signifie que nous ne voterons pas la censure,
11:30contrairement à ceux qui n'ont de cesse d'agiter cette menace.
11:34Mais exigeant, cela signifie, et vous l'avez compris,
11:38que nous jugerons texte par texte
11:40si les orientations prises sont conformes à l'intérêt du pays.
11:44La grande question ce soir, c'est la question des retraites
11:47et de savoir si les socialistes voteront ou non la censure.
11:50Dès jeudi prochain, la motion est déposée par les Insoumis.
11:53La principale annonce de François Bayrou, c'est la renégociation,
11:57la remise en chantier de la réforme des retraites
12:00avec une nouvelle méthode qualifiée d'inédite
12:03et quelque peu, je cite, radicale par François Bayrou,
12:07une mission flash de quelques semaines confiée à la Cour des comptes
12:11et une conférence sociale avec les partenaires sociaux
12:14qui ont trois mois pour trouver un accord
12:16où tout est ouvert, rien n'est fermé,
12:18y compris de revenir sur les 64 ans.
12:21Est-ce que vous y voyez des avancées, ce soir ?
12:26Il faut qu'on soit en mesure d'évaluer ce que ça représente réellement.
12:29Au départ, vous le savez, on est toujours favorable
12:32à une abrogation de la loi Borne.
12:35Vous demandiez la suspension.
12:37Finalement, c'est la renégociation.
12:39Ensuite, on est entré dans un dialogue
12:41où on a accepté de passer de l'abrogation à la suspension.
12:45Suspension, ça voulait dire que cette loi est gelée
12:49et peut-être remise à plus tard, à la présidentielle de 2027,
12:53et dans l'intervalle, on essaie de se mettre d'accord...
12:56Pour l'instant, c'est non, ce soir, après ce discours.
12:59On essaie de se mettre d'accord sur un autre mode,
13:02finalement, de financement de nos retraites
13:04que le recul de l'âge légal à 64 ans.
13:07Bon, donc, là, on n'a pas la suspension,
13:10on a une proposition de négociation rapide sur trois mois.
13:15Alors, effectivement, du coup,
13:17si cette négociation aboutissait à quelque chose,
13:21elle se substituerait à une suspension,
13:23puisque la suspension, de toute façon,
13:25le temps de liquider les pensions, tout ça,
13:27ne prendrait réellement effet qu'à l'automne,
13:29donc si on avait une négociation courte de trois mois
13:32qui aboutissait, on pourrait dire, d'une certaine manière,
13:35que c'est un équivalent intéressant à la suspension.
13:39On accélère la réflexion collective.
13:41Le problème, c'est que François Bayrou ne donne pas de garantie
13:45sur le fait que si la négociation échoue,
13:48alors le débat sur l'âge légal, les 64 ans, etc.,
13:53peut se poursuivre.
13:54Et nous, on demande qu'il se poursuive.
13:56On demande que ce débat...
13:57Il a expliqué que si la réforme échouait,
13:59en tout cas dans sa partie discours,
14:01eh bien, la réforme, on s'applique.
14:03Et donc, ça, pour nous, c'est une difficulté.
14:05Ce soir, à titre personnel, je vais aller voir Stéphanie Despierre,
14:08qui a récolté un peu la vie de tous les socialistes.
14:11Il y a eu beaucoup de réunions stratégiques,
14:13aussi bien au parti qu'au sein du groupe.
14:15Vous-même, vous avez envie de censurer dès jeudi ?
14:17A titre personnel.
14:18A titre personnel, je suis comme beaucoup de socialistes,
14:21c'est-à-dire que j'entends la demande du pays,
14:23de nos électeurs,
14:24qui aspirent à une stabilisation des institutions,
14:27parce qu'il y a aussi les conséquences économiques
14:30du désordre, ce que disait M. Allion, est vrai.
14:33Et en même temps, je suis un homme de gauche,
14:36je suis un socialiste,
14:38j'accepte de discuter avec un gouvernement de droite
14:42qui n'est pas non plus totalement légitime,
14:45au regard des élections législatives de juillet dernier.
14:48J'accepte de discuter, mais je veux qu'on puisse s'y retrouver.
14:53C'est-à-dire que ça impose, de la part de ce gouvernement,
14:56des concessions réelles.
14:58Je voudrais faire une remarque, je ne veux pas être trop long.
15:01Une concession, c'est quelque chose qu'on ne veut pas faire.
15:04Une concession, c'est pas quelque chose...
15:06On entend que le contenu est pas,
15:08mais que vous n'avez pas encore pris une décision pour jeudi.
15:11Parce que les concessions ne sont pas suffisamment réelles.
15:14Et donc, ça pose une question pour nous.
15:17On va essayer d'y voir plus clair.
15:19Olivier Faure vient de s'exprimer,
15:21mais d'abord, on est avec Agnès Pannier-Runacher,
15:24la ministre de la Transition écologique au micro.
15:27Madame la ministre, bonsoir.
15:29Comment avez-vous trouvé ce discours de politique générale
15:32de François Bayrou, ce soir ?
15:34Le Premier ministre a clairement tendu la main et ouvert la porte.
15:38C'est-à-dire que, sur tous les sujets,
15:40il a posé le cadre de ce que pourraient être des compromis.
15:45Je pense évidemment aux enjeux institutionnels,
15:48aux enjeux régaliens, à l'éducation nationale.
15:51Il a également évoqué les enjeux de santé,
15:54il a évoqué les enjeux de travail avec les collectivités locales.
15:58Il a fait un bouger majeur sur les retraites.
16:01Et sa méthode, c'est celle de la confiance,
16:04la confiance évidemment dans les parlementaires,
16:07la confiance aussi en direction des partenaires sociaux,
16:10c'est le cas pour les retraites,
16:12où il est prêt à tout remettre, à faire tous les bougers possibles
16:18dès lors qu'on reste dans une logique
16:20où les Français verront leur retraite financée,
16:23ce qui est évidemment essentiel.
16:25Moi, je ne peux pas accepter aujourd'hui
16:27qu'un jeune démarre dans la vie
16:29avec la perspective de ne pas avoir de retraite
16:32d'ici 40 et quelques années, c'est inacceptable.
16:35Et puis, je dirais, un grand républicain à l'écoute,
16:39et on l'a vu dans la séquence de questions-réponses
16:43où il a tenu à prendre le temps de répondre individuellement
16:47à chaque interrogation,
16:49tout en montrant que tout n'était pas décidé,
16:52tout n'était pas cadré, parce que précisément,
16:55il faut laisser l'espace de ces discussions
16:58aux différents groupes politiques.
17:00Merci à vous, Clément Perreault.
17:02Qu'est-ce que vous répondez, Philippe Vigier, à Laurent Baumel,
17:05qui vous dit très clairement, en l'Etat, le compte n'y est pas,
17:08même si on attend de savoir quelle sera la position officielle
17:11des 66 députés pour ce jeudi.
17:13Ca n'est pas suffisant.
17:15On est passé de la suspension à la renégociation,
17:18et si cet accord syndical, partenaire, socio,
17:21avec le patronat échoue,
17:23finalement, on n'aura rien.
17:25Ca ne leur convient pas.
17:27Qu'est-ce que vous répondez ?
17:29Je réponds à Laurent Baumel la chose suivante, très simple.
17:32Je suis désolé, le Premier ministre vient de dire,
17:35cet après-midi, à l'Assemblée nationale,
17:38que j'ouvre le débat,
17:40qu'auparavant, jamais, cette piste-là n'avait été évoquée.
17:43Jamais.
17:45Donc, en fait, et en plus,
17:47on donne la parole à qui ? Aux partenaires sociaux.
17:50Par définition, vous êtes favorable au paritarisme.
17:54Moi, j'appuie confiance aux partenaires sociaux
17:57pour qu'ils puissent,
17:59dans les 3-4 mois qui viennent,
18:01on aura un éclairage financier,
18:03parce que la situation des retraites,
18:05en janvier 2025, n'est pas celle qu'on a connue
18:07au moment où on a voté la réforme.
18:09Les Français doivent savoir tout ça.
18:11Le retour à 62 ans, c'est 15 milliards d'euros,
18:14donc par an.
18:16On aura les chiffres.
18:18Après, il y a des choses qui peuvent bouger dans les paramètres.
18:21La durée de cotisation ?
18:23La pénibilité, c'est les partenaires sociaux,
18:25c'est leur boulot.
18:27Je m'explique.
18:29Si vous voulez que je fasse de la pédagogie,
18:31il ne faut pas que vous m'interrompiez.
18:33Si quelqu'un devait partir à 64 ans
18:35et qu'avec des critères de pénibilité,
18:37il peut partir plus tôt, voilà une avancée.
18:39Vous savez que pour les carrières longues,
18:41on a réussi à améliorer les choses
18:43pour les 16 ans, 18 ans et 20 ans.
18:45En revanche, pour les 17 et 19,
18:47on n'est pas allés au bout du chemin.
18:49Je me souviens, c'est un amendement que j'ai déposé
18:51et qu'on a fait avancer.
18:53C'est la prise en compte des trimestres de maternité.
18:55Ça n'était pas le cas auparavant.
18:57Quelle est l'équation financière ?
18:59Comment on fait pour boucler ?
19:01Ce qu'a dit François Bayrouet, qui est très fort,
19:03c'est qu'on ne peut pas, et s'il y avait une nouvelle censure,
19:05on va encore retarder et retarder,
19:07et ça sera combien de milliards qu'on aura perdu encore ?
19:09Dégradation de la note de la France,
19:11moins de croissance.
19:13Il y a du grain à moudre, ça devrait satisfaire les socialistes,
19:15même si ce n'est pas paramétrique.
19:17C'est sûr, et qu'après,
19:19si jamais on peut trouver encore des aménagements
19:21sur le nombre d'années de cotisation,
19:23parce que je ne veux pas faire de polémique avec personne...
19:25La durée de cotisation.
19:27Par exemple, on nous dit
19:29que si vous cotisez 40 ans, vous aurez une retraite,
19:31mais ce qui m'intéresse, c'est le montant de la retraite.
19:33On ne parle jamais du montant des retraites.
19:35On peut dire à tout le monde...
19:37Personne ne veut baisser les pensions.
19:39A 62 ans, mais avec quel montant ?
19:41Vous savez, les Français vous interpellent comme moi.
19:43Ils me demandent combien je partirais.
19:45Deuxièmement, je voulais souligner
19:47une incohérence de tout à l'heure.
19:49Sur la fiscalité,
19:51il n'a pas eu d'optimisation fiscale.
19:53La taxe sur les transactions financières...
19:55On garde les sujets.
19:57On va venir au budget après.
19:59Même si c'est lié.
20:01La fameuse taxe sur les coupons,
20:03c'est la taxe sur les coumcoums,
20:05qui a été déposée au Sénat.
20:07C'est plus de 3,3 milliards d'euros de recettes.
20:09Il y a des sujets sur lesquels
20:11on peut aller sans augmenter les impôts,
20:13je dis bien sans augmenter les impôts,
20:15des classes moyennes.
20:17On va parler du budget dans un instant.
20:19Michael Taverne, au RN,
20:21vous êtes hostile à cette réforme des retraites
20:23depuis le début.
20:25Cette idée d'un conclave
20:27qui mettrait ensemble les partenaires sociaux
20:29avec des personnes dédiées
20:31sur le dossier des retraites
20:33dès vendredi prochain
20:35et pendant trois mois pour revenir,
20:37y compris sur les 64 ans s'ils y parviennent.
20:39Est-ce que vous applaudissez ce soir ?
20:41Vous savez, moi, je suis un jeune parlementaire.
20:43À un moment, il faut être objectif.
20:45J'ai été élu la première fois en 2022,
20:47réélu au premier tour
20:49au mois de juin.
20:51Moi, j'ai écouté les débats
20:53pendant la réforme des retraites
20:55de la Première ministre, Mme Borne.
20:57Elle nous a tous les jours dit
20:59qu'il faut du dialogue,
21:01notamment avec les partenaires sociaux.
21:03Je rappelle qu'elle a fait passer
21:05cette réforme en 49-3.
21:07En termes de dialogue, je pense qu'il y a mieux.
21:09Vous savez, les Français
21:11ne sont pas bêtes.
21:13Ils savent très bien,
21:15ils connaissent la réforme des retraites.
21:17Nous, deux choses.
21:19La première, c'est que le Premier ministre
21:21dit quelque chose d'intéressant.
21:23On va solliciter la Cour des comptes
21:25pour savoir exactement où on en est.
21:27Jordan Bardella avait demandé
21:29un audit des finances publiques
21:31pour savoir où on en était exactement.
21:33Oui !
21:35Rappelez-vous, monsieur Vigier,
21:37on connaît l'état des comptes publics
21:39des caisses de retraite.
21:41On connaît la situation des finances publiques.
21:43Au final, on nous a ri au nez
21:45et on voit que le RN, une nouvelle fois,
21:47avait raison avant les autres.
21:49C'est bien, ce pas, cette main tendue
21:51à tous ceux qui sont hostiles
21:53à cette réforme.
21:55Mais on n'attend pas grand-chose.
21:57Comme cela a été le cas
21:59ces derniers mois.
22:01Le choix, c'est un choix de société.
22:03C'est-à-dire que notre ligne,
22:05c'est, à partir du moment
22:07où on a commencé à travailler tôt,
22:09avant 20 ans, on part avec 40 annuités.
22:11Ensuite, il y a une progressivité.
22:13Je rappelle que le RN
22:15avait proposé un contre-budget
22:17par Jean-Philippe Tanguy.
22:19Et justement, c'était financé
22:21grâce notamment à des économies
22:23sur train de vie de l'Etat.
22:25Ce matin, on avait tous compris
22:27que François Bayrou était plutôt favorable
22:29à la suspension, puisqu'Olivier Faure,
22:31chez nos confrères de BFMTV,
22:33disait qu'on était à quelques encablures
22:35d'un accord. Finalement, les choses ont changé.
22:37Et si ça a changé,
22:39c'est en tout cas Laurent Wauquiez,
22:41le chef de file du parti que vous représentez,
22:43qui s'en est réjoui
22:45comme étant celui qui a fait changer la donne.
22:47Il l'a dit. Si aujourd'hui,
22:49on ne parle plus d'un gel de la réforme,
22:51c'est grâce à la droite.
22:53Est-ce que ce n'est pas un peu gonflé
22:55quand on sait qu'une partie de votre famille politique,
22:57les Républicains, n'ont pas soutenu cette réforme ?
22:59Ce qui a fait qu'il y a eu un 43-3.
23:01Il y a eu trois personnes chez nous
23:03qui ont voté la motion.
23:05Trois sur 62 à l'époque.
23:07Beaucoup voulaient s'abstenir.
23:09Beaucoup voulaient s'abstenir.
23:11La réalité, moi j'ai trouvé,
23:13quand on écoute le discours du Premier ministre,
23:15aujourd'hui,
23:17le service des pensions en France,
23:19le montant des pensions versées,
23:21c'est 380 milliards d'euros par an.
23:23380.
23:25Si on additionne l'ensemble
23:27des cotisations retraites,
23:29patronales, salariales
23:31et toutes les sommes d'impôts
23:33qui sont perçues
23:35et qui sont reversées aux comptes
23:37d'affectation spéciale retraite,
23:39on est au maximum à 325 milliards.
23:41Ca veut dire qu'il y a un delta chaque année,
23:43un déficit
23:45de 55 milliards d'euros
23:47qu'il faut emprunter sur les marchés financiers.
23:49Est-ce que c'est moral ?
23:51C'est une question de moralité.
23:53Est-ce que c'est moral
23:55de laisser à nos enfants, chaque année,
23:57une dette de 55 milliards ?
23:59Quand j'entends le Rassemblement national
24:01qui nous dit, nous,
24:03à 60 ans,
24:05vous aviez changé entre
24:07le discours de 2022
24:09et le discours de 2024.
24:11Vous étiez à 60, vous êtes revenu à 62.
24:13Je vais terminer, s'il vous plaît.
24:15La réalité, aujourd'hui,
24:17c'est qu'on part avec combien ?
24:19Si on part avec une retraite
24:21médiocre et qu'on règle le problème
24:23des 55 milliards de déficit,
24:25tous les 15 milliards qui vont manquer
24:27si on revient à 62 ans,
24:29ça ne me posera pas de problème.
24:31La difficulté, c'est où est-ce que vous les trouvez ?
24:33Si c'est encore une dette pour nos enfants
24:35ou nos petits-enfants, je ne peux pas cautionner cela.
24:37La question, on va la poser
24:39à Philippe Aguillon.
24:41Est-ce que c'est possible de financer
24:43un maintien à 62 ou à 63 ans ?
24:45Benjamin Lucas, député écologiste,
24:47est avec
24:49Marco Pommier, je crois,
24:51aux Quatre Colonnes.
24:53Les écologistes, ce soir, ont décidé de censurer
24:55dès jeudi. Pour quelle raison ?
24:59Oui, vous voulez censurer
25:01le gouvernement de François Bayrou, dès jeudi.
25:03Pourquoi ? Vous avez juste entendu un discours,
25:05il n'y a pas eu d'acte, pour l'instant, politique.
25:07Les actes, ils sont posés depuis sept ans.
25:09Le discours nous a renseignés sur le fait que
25:11François Bayrou, et c'était notre présupposé,
25:13ça nous a été confirmé,
25:15allait continuer la politique d'Emmanuel Macron.
25:17Or, cette politique, elle a été rejetée
25:19par les Français dans les urnes, ils veulent une cohabitation.
25:21Et donc, naturellement,
25:23nous, nous serons fidèles
25:25à ce pourquoi nous nous sommes présentés devant les électeurs.
25:27Nous considérons que la politique macroniste,
25:29en matière économique, en matière sociale, en matière environnementale,
25:31est une politique mauvaise pour le pays,
25:33mauvaise pour l'intérêt général, mauvaise pour répondre aux urgences
25:35des Françaises et des Français, et donc nous la censurons
25:37pour épargner au pays cette mauvaise politique.
25:39Qu'avez-vous pensé, aujourd'hui,
25:41du discours du Premier ministre, à la fois
25:43sur la forme et sur le fond, dans l'hémicycle ?
25:45C'était confus, c'était imprécis,
25:47c'était presque insultant
25:49pour le Parlement. Enfin, il se perdait
25:51dans ses fiches, il ne trouvait pas
25:53les groupes dans l'hémicycle en confondant
25:55sa droite et sa gauche. Bon, ça, c'est sur la forme, ça ne faisait pas
25:57sérieux. Puis, sur le fond,
25:59flou égal Bayrou.
26:01Rien du tout. Pas d'annonce
26:03de rupture avec
26:05les 7 ans d'Emmanuel Macron. Or,
26:07on nous a présenté, au moment de sa nomination, l'idée que c'était un
26:09homme libre, qu'il allait pouvoir construire des compromis.
26:11Quels compromis a-t-il construit ? Aucun.
26:13Vous avez entendu
26:15les socialistes, effectivement,
26:17qui ont essayé
26:19de négocier un accord de non-censure
26:21avec le gouvernement.
26:23Ce soir, ça semble plus compliqué
26:25que prévu. Est-ce que vous regrettez qu'un
26:27partenaire du NFP puisse, comme ça, aller
26:29négocier avec le gouvernement ?
26:31Moi, je n'ai pas d'ingérence à faire dans les affaires des autres.
26:33Moi, je peux exposer ma position. Ma position, elle est que
26:35il y a la question des retraites.
26:37Évidemment, elle est importante. Et là, le compte n'y est absolument pas.
26:39Il y a les questions économiques et sociales. Elles sont importantes.
26:41Le compte n'y est pas. Il y a l'environnement
26:43complètement absent du discours du Premier ministre. 2 minutes
26:45et 3 banalités. Et puis, il y a quand même des sujets
26:47comme M. Retaillot au gouvernement qui mène la politique
26:49de Mme Le Pen. Ça, ce n'est pas possible.
26:51Merci beaucoup, Benjamin Lucas.
26:53Merci à vous, Marco Pommier.
26:55J'accueille Léonore Carrois,
26:57députée Ensemble pour la République et Parti
26:59macroniste des Français établis en Amérique latine.
27:01On pourclore sur
27:03les retraites, même si ça va continuer
27:05à nous occuper, forcément.
27:07L'économiste que vous êtes, Philippe Aguillon, qu'est-ce qu'il dit ?
27:09Est-ce que c'est possible de financer
27:11une nouvelle réforme des retraites ?
27:13Peut-être revenir à 62
27:15ou à 63 ans ? Il y a 15 milliards d'euros
27:17par an à trouver.
27:19Oui. Enfin, moi, à nouveau, je pense
27:21qu'à long terme, il va falloir qu'on travaille
27:23davantage collectivement
27:25et qu'on ait davantage de croissance.
27:27Je crois qu'on... Voilà. Ça, c'est évident.
27:29Il faudra trouver différentes façons d'y arriver.
27:31Mais il faut le faire de manière juste.
27:33Il ne faut pas que ce soit les gens qui commencent
27:35à travailler tôt à espérance de vie plus faible
27:37qui financent des gens qui commencent
27:39plus tard à espérance de vie plus élevée.
27:41Toute la question, c'est la justice de la réforme.
27:43Moi, ce que j'aurais proposé personnellement,
27:45j'étais pour un 63 ans
27:47et revoyure en 2027.
27:49J'en avais parlé à l'époque
27:51avec Xavier Bertrand, et vous vous souvenez
27:53que Marlex
27:55avait repris cette idée.
27:57C'était au moment du débat des retraites.
27:59Moi, j'ai dit, pourquoi on ne s'arrête pas ? 63 et revoyure.
28:01Et il y avait des gens
28:03dans le parti présidentiel qui étaient favorables.
28:05Je peux même vous dire qu'il y avait des gens à l'Elysée
28:07qui étaient favorables à ça.
28:09Vous n'en cachez pas, vous avez collaboré
28:11au programme économique d'Emmanuel Macron.
28:13Je pense que Laurent Berger était prêt là-dessus.
28:15Je pense que c'était intelligent. Je pense qu'il aurait dû dire
28:17aujourd'hui, je bloque à 63 ans
28:19et je laisserai le débat présidentiel.
28:21Parce que de toute façon, il faudra
28:23une nouvelle réforme des retraites de toute façon.
28:25Il y a la réforme à points,
28:27il y a la question, est-ce qu'on met un peu de capitalisation
28:29ou pas ? Il y a le rapport
28:31Blanchard-Tirol. Il y a des choses très profondes
28:33qu'on peut regarder. Il en faudra une nouvelle.
28:35On aurait pu dire 63 et revoyure.
28:37Un économiste du Collège de France
28:39vous dit qu'en fait, on peut y arriver.
28:41Pour terminer sur
28:43ce chapitre retraite, et puis on va avancer
28:45parce qu'il n'a pas parlé que de ça, bien sûr, je vais voir
28:47Stéphanie Despierre. Toute la journée,
28:49Stéphanie, vous avez essayé de comprendre
28:51quelle était la position des socialistes.
28:53Le nouveau pivot central arbitre
28:55de la censure ou de la non-censure.
28:57Il y a eu pas mal de réunions stratégiques.
28:59Où en est-on ce soir ? Est-ce qu'on connaît
29:01la position commune
29:03dès ce jeudi ? Censurent-ont-ils
29:05ou pas les socialistes, le gouvernement
29:07Bayrou ? Alors écoutez, Olivier
29:09Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste
29:11a donné 48 heures au gouvernement
29:13de François Bayrou. Il
29:15s'exprimait sur le plateau du 20h
29:17de TF1 alors que le Premier ministre n'avait pas
29:19tout à fait terminé de répondre aux questions
29:21des députés. Écoutez Olivier Faure.
29:23Eh bien, à ce stade,
29:25je vous dis que nous nous censurons
29:27sauf si nous avons une réponse claire.
29:29Et si nous avons la possibilité de dire
29:31que oui, le débat est un débat
29:33sincère, un débat qui permettra
29:35tout simplement à la démocratie
29:37de fonctionner. Démocratie sociale dans un
29:39premier temps, démocratie parlementaire
29:41dans un deuxième temps. A cette condition-là,
29:43alors quelque chose aura vraiment changé
29:45dans le pays. Et il y aura un nouveau climat.
29:47Et si François Bayrou veut vraiment être l'homme
29:49qui ouvre une nouvelle période politique,
29:51s'il veut sortir de la crise
29:53politique dans laquelle nous sommes entrés,
29:55eh bien, il doit faire le choix
29:57de la démocratie. C'est simple,
29:59ça n'est pas compliqué à comprendre
30:01et je pense que tous les Français qui nous écoutent
30:03l'entendent parfaitement.
30:05Alors, en fait, je vais essayer de vous expliquer un peu plus clairement
30:07ce que demandent les socialistes. Ce matin,
30:09ils estimaient qu'ils avaient obtenu un petit
30:11bouger, à défaut d'une suspension,
30:13puisqu'ils avaient obtenu la réouverture
30:15des négociations avec les partenaires
30:17sociaux. Mais patatras, cet après-midi,
30:19François Bayrou annonce que si cette
30:21négociation échoue, eh bien, ce sera
30:23le retour à la réforme borne,
30:25telle qu'elle a été votée en 2023.
30:27Là, les socialistes se sont étronglés.
30:29Donc, ce que demande Olivier Faure, ce soir,
30:31c'est que si les négociations entre partenaires sociaux
30:33échouent, eh bien, ce soit
30:35le Parlement qui décide que la question
30:37de la réforme des retraites et de son avenir
30:39reviennent devant le Parlement.
30:41Il a donc donné 48 heures
30:43à François Bayrou pour éclaircir
30:45les choses. Il y a d'intenses
30:47débats au sein du parti socialiste
30:49pour savoir s'ils censurent ou pas.
30:51Ils ont eu lieu toute la journée et ils continuent.
30:53Il y a les partisans de ce qu'ils ne veulent pas censurer
30:55en disant que le plus important, c'est la stabilité
30:57du pays, que si on ne négocie pas
30:59avec le gouvernement, c'est qu'on redonne la main
31:01au rassemblement national.
31:03Et puis, il y a les autres qui veulent
31:05marquer leur différence et qui estiment
31:07peut-être que, pour l'instant, ce qu'ils ont
31:09obtenu sur les retraites, ce n'est pas suffisant.
31:11Et puis, les socialistes regardent aussi
31:13ce qu'ils ont obtenu ailleurs.
31:15Ils avaient des demandes d'impôts complémentaires.
31:17Ils voulaient moins de suppression de postes
31:19dans l'éducation nationale, par exemple.
31:21François Bayrou a répondu en partie
31:23à leurs questions, mais il y a encore un peu de flou.
31:25Pour terminer, Stéphanie Despierres,
31:27tout ça, c'est sans compter
31:29en plus la grosse pression
31:31de Jean-Luc Mélenchon sur les socialistes.
31:33Grosse pression à coup de tweet
31:35de Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs jours
31:37et encore cet après-midi.
31:39Tous ceux qui voteront la censure,
31:41qui ne voteront pas la censure, sortiront
31:43du nouveau Front populaire
31:45et on mettra des options dans leur circonscription.
31:47En clair, il promet aux socialistes qui
31:49ne votent pas la censure de leur mettre des candidats
31:51aux législatives en cas d'élection
31:53anticipée.
31:55Et puis Manuel Bonparson, le lieutenant, insistait.
31:57Ceux qui ne votent pas la censure soutiennent
31:59la politique d'Emmanuel Macron et vous l'avez entendu,
32:01le PS, s'il ne censure pas, sera
32:03un peu seul puisque les écologistes
32:05et la majorité des communistes voteront la censure
32:07jeudi. Motion, je vous le rappelle, déposée
32:09par les Insoumis. Merci Stéphanie.
32:11C'était parfaitement clair sur la question
32:13des retraites et d'un accord possible
32:15ou non avec les socialistes sur le sujet.
32:17On va passer au budget.
32:19Eleonore Carrois, tout à l'heure,
32:21disait au fond ce discours,
32:23il n'est pas cohérent. On ne voit pas les économies.
32:25Alors que le Premier ministre
32:27commence sur la dette, c'est un peu son cheval de bataille
32:29depuis toujours. C'est vrai que
32:3150 milliards d'économies sont
32:33nécessaires pour parvenir aux 5,4%
32:35de déficit public. C'est le chiffre,
32:37l'objectif budgétaire
32:39du gouvernement Bayrou. Elles sont où,
32:41franchement ? Elles sont où, les baisses
32:43de dépenses, concrètement ?
32:45Absolument, je pense que...
32:47Moi, j'aimerais bien vous répondre très concrètement
32:49mais il y a un objectif,
32:51un cap et il y a un débat parlementaire
32:53qu'il est en train d'ouvrir.
32:55Moi, j'ai, comme je pense,
32:57chacune et chacun d'entre vous,
32:59entendu des grandes orientations, des lignes,
33:01un cadre, mais aussi,
33:03je suis aussi en attente
33:05de réponses claires. Et ces réponses-là,
33:07le gouvernement nous fera des propositions
33:09et le Parlement tranchera. Mais excusez-moi,
33:11moi, ce soir,
33:13mon sentiment, vous ne me le demandez pas, mais
33:15j'arrive un peu sur un plateau entamé.
33:17On est quand même sur le tweet de Jean-Luc Mélenchon
33:19dans la politique du chantage et du marchandage
33:21et ça, moi, je trouve
33:23que c'est déplorable. Je trouve que c'est déplorable
33:25parce que quelle que soit votre position,
33:27la position de votre groupe, aujourd'hui, s'il y a une chose
33:29sur laquelle nous devons nous mettre d'accord,
33:31c'est sur la nécessité d'un peu de stabilité,
33:33une parenthèse, je ne dis pas pour toujours,
33:35mais l'adoption d'un budget.
33:37Et là, je trouve que c'est vraiment des politiques
33:39qui ne sont pas à la hauteur. Je rappelle, pour netter
33:41les spectateurs, l'ORN ne censura
33:43pas, a priori, ça. Il n'y a pas de doute.
33:45Pas de changement de pied. Vous ne changez pas.
33:47Vous savez, nous avons toujours été clairs.
33:49Donc, à la fin des fins,
33:51si les socialistes, pour noter les spectateurs,
33:53c'est pas toujours facile à comprendre, décidaient de censurer
33:55ces 66 socialistes, ça ne ferait pas tomber le gouvernement.
33:57Grâce au RN, on en est là.
33:59Le nouveau Front Populaire,
34:01quand on additionne l'ensemble
34:03des formations, c'est 192.
34:05Donc, effectivement,
34:07ça ne correspond pas à la notion
34:09de majorité absolue
34:11par rapport à la mission.
34:13Moi, quand j'entends ce débat-là,
34:15les tweets de Jean-Luc Mélenchon,
34:17les propos de
34:19M. Faure
34:21sur un journal télévisé,
34:23je trouve quand même
34:25qu'il y a une forme d'indécence
34:27dans ce marchandage, aujourd'hui.
34:29Qu'est-ce que les Français attendent,
34:31aujourd'hui ? Ils attendent de la responsabilité
34:33de tous les élus,
34:35quels qu'ils soient, qu'on soit de gauche,
34:37de droite, de nouveau Front Populaire,
34:39pas du nouveau Front Populaire,
34:41du socle commun, pas du socle commun.
34:43Qu'est-ce qui importe, aujourd'hui ?
34:45C'est, dans cette crise démocratique
34:47majeure que la France n'avait pas connue
34:49depuis des décennies, c'est de la responsabilité.
34:51Et c'est la raison
34:53pour laquelle j'ai apprécié
34:55Laurent Wauquiez annoncer que nous ne voterons pas
34:57de motion de censure parce que nous
34:59voulons être des élus responsables.
35:01Que le débat démocratique existe,
35:03c'est une évidence. L'Assemblée nationale,
35:05c'est le lieu du débat.
35:07Quel que soient les arbitrages budgétaires et sur les retraites,
35:09il y aura du débat.
35:11Vous ne voterez pas la censure.
35:13Mais pas la motion de censure.
35:15C'est très clair. On a parlé du budget.
35:17Personne ne sait très bien où sont les économies,
35:19même s'il y a eu à nouveau des gestes
35:21en direction de la gauche.
35:23On peut les revoir, notamment sur
35:25le budget de la Sécurité sociale.
35:27L'ONDAM, c'est-à-dire l'objectif national
35:29de déficit de l'assurance maladie,
35:31va être augmenté.
35:33Fini le remboursement des médicaments.
35:35Fini aussi la baisse des remboursements
35:37des consultations médicales.
35:39Tout ça, ça va dans le bon sens.
35:41Vous le réclamez aussi au RN.
35:43Ça ne suffit pas, toujours pas, mais c'est bien.
35:45Oui, ce sont des avancées,
35:47mais ça ne suffit pas à déterminer
35:49une position de censure ou non-censure.
35:51Vous ne voyez pas où sont les baisses de dépenses.
35:53L'immigration, à présent.
35:55Pas de loi nouvelle, c'est ce qu'on a pu comprendre,
35:57mais une ouverture sur la réforme
35:59du droit du sol à Mayotte.
36:01Écoutez comment le Premier ministre
36:03a abordé le sujet.
36:05Cette immigration qui se développe
36:07aujourd'hui sous toutes les latitudes
36:09de la planète
36:11est d'abord une question de proportion.
36:13L'installation
36:15d'une famille étrangère
36:17dans un village pyrénéen
36:19ou sévenol,
36:21c'est un mouvement de générosité
36:23qui est suscité et qui se déploie.
36:25Des enfants fêtés et entourés
36:27à l'école, des parents qui reçoivent
36:29tous les signes de l'entraide.
36:31Mais que 30 familles s'installent
36:33et le village se sent menacé
36:35et des vagues de rejets
36:37se déploient.
36:39Et Léonore Carrois,
36:41cette manière de présenter
36:43la question migratoire en disant
36:45que c'est une question de proportion
36:47et de bon sens, avec cet exemple
36:49de famille sévenol,
36:51est-ce que vous vous y retrouvez ?
36:53Je pense que les Français
36:55souhaitent maîtriser
36:57leurs frontières et qu'il ne doit
36:59pas y avoir de tabou sur ce sujet.
37:01C'est une question de souveraineté nationale.
37:03Ce n'est pas une question
37:05d'exclusion des autres,
37:07de renfermement sur soi, c'est juste
37:09une question de souveraineté.
37:11Vous avez compris qu'il n'y aura pas
37:13de grande loi immigration ?
37:15Par rapport à ce qui s'était passé
37:17il y a six mois, je pense que c'est important
37:19que les grandes orientations soient données
37:21par le Premier ministre et pas par ses ministres
37:23lors d'une déclaration de politique générale
37:25et pas sur des plateaux télévisés.
37:27J'entends comme vous
37:29qu'il annonce qu'il n'y aura pas
37:31de grande loi immigration et j'espère
37:33que le débat se fera
37:35à l'Assemblée et avec le gouvernement
37:37et pas de manière...
37:39Michael Taverne, sur l'immigration,
37:41il laisse à l'initiative parlementaire
37:43le soin de proposer des choses.
37:45À vous de trouver
37:47des majorités dans l'hémicycle.
37:49En revanche, pas de tabou ?
37:51Ouverture sur la réforme du droit du sol à Mayotte ?
37:53Bien sûr, c'est ce que Marine Le Pen
37:55réclame depuis un certain nombre d'années.
37:57Je pense qu'aujourd'hui,
37:59il faut arrêter de se mettre
38:01une horreur sur la tête et se bonder les yeux.
38:03Effectivement, il y a un problème
38:05d'immigration en France.
38:07Ce n'est pas un sujet tabou.
38:0995% des pays du monde contrôlent leurs frontières.
38:11On voit qu'il y a des pays,
38:13notamment à gauche, regardez le Danemark
38:15qui a une politique drastique,
38:17le Royaume-Uni maintenant,
38:19avec le Parti travailliste,
38:21plutôt sensibilité de gauche,
38:23qui rétablit les visas à partir du mois d'avril.
38:25Aujourd'hui, effectivement,
38:27il faut ouvrir le débat sur l'immigration.
38:29C'est la raison pour laquelle, si les Français nous font confiance,
38:31Marine Le Pen organisera un référendum
38:33avec une loi constitutionnelle pour redonner...
38:35En tout cas...
38:37Ça, c'est pour 2027.
38:39Si elle est élue à l'élection.
38:41Je remarque quand même
38:43que Bruno Retailleau voulait
38:45une loi sur l'immigration.
38:47Il est en train de faire marche arrière.
38:49Vous avez vu ça aussi ?
38:51Il mange son chapeau, le ministre de l'Intérieur.
38:53Je voudrais revenir sur Mayotte.
38:55Oui, la droite va déposer une proposition de loi.
38:57Je pense que c'est une nécessité
38:59aujourd'hui de travailler sur le droit du sol.
39:01La première maternité de France
39:03étant à Mayotte,
39:05ça nous dit quelque chose.
39:07Il y a un sujet.
39:09Je crois que les conditions telles que les opposés,
39:11le Premier ministre, correspondent
39:13à une attente aujourd'hui.
39:15Il faut limiter
39:17cette immigration illégale
39:19à Mayotte, avec le droit du sol
39:21en laissant à Mayotte.
39:23Sur le reste, en matière
39:25de la question de proportion,
39:27je pense que ce choix
39:29de l'expression n'est pas anodine.
39:31C'est vrai que ce sentiment
39:33d'une trop grande
39:35immigration ou d'une immigration
39:37non maîtrisée a généré
39:39chez une partie de nos concitoyens
39:41et de nos compatriotes
39:43une certaine inquiétude,
39:45une certaine... Comment dire ?
39:47Oui, une inquiétude, voire plus.
39:49Et ce sentiment d'insécurité, aujourd'hui.
39:51Il faut le traiter par la notion
39:53de proportion, ce que dit
39:55le Premier ministre, en étant
39:57au plus juste possible.
39:59Il a parlé d'intégration aussi.
40:01L'intégration et l'emploi, notamment.
40:03La notion d'emploi.
40:05Et les socialistes, comment voient-ils cette rhétorique
40:07sur la question de l'immigration de François Bayrou ?
40:09Est-ce qu'une réforme
40:11du droit du sol à Mayotte,
40:13pour vous, est synonyme de censure
40:15à nouveau ?
40:17C'est la question qu'on pose, puisqu'on a entendu dire
40:19qu'effectivement, c'était une ligne rouge.
40:21A gauche, en tout cas.
40:23Bon, disons que j'ai pas forcément tout bien compris
40:25dans ce cas de François Bayrou cet après-midi.
40:27Ça mériterait d'être relu.
40:29Ce que j'ai entendu, c'est qu'il n'y avait pas
40:31la volonté, c'est déjà pas mal,
40:33d'être dans la gesticulation symbolique,
40:35la grande loi sur l'immigration,
40:37etc. Après, ce qu'il a dit,
40:39au-delà du discours sur les proportions,
40:41quand il est rentré
40:43dans le détail, j'avoue, j'ai pas forcément
40:45bien compris et bien analysé. C'est vrai qu'on était
40:47plutôt focalisés, là, sur les questions
40:49de retraite et de budget,
40:51chaque chose en son temps. Mais si vous permettez,
40:53je voudrais revenir d'un mot sur ce qu'a dit
40:55Mme Nallos tout à l'heure, lorsqu'elle a qualifié
40:57l'attitude du premier secrétaire du PS
40:59d'indécente, parce qu'il
41:01met en avant des revendications ou des demandes
41:03comme prix de la non-censure.
41:05C'est pas de l'indécence, c'est juste
41:07la démocratie. Intégrer le fait
41:09quand même, même si vous n'êtes
41:11pas d'accord, que
41:13Emmanuel Macron, après avoir perdu
41:15les élections européennes, a provoqué
41:17une dissolution de l'Assemblée nationale,
41:19dont il n'est pas sorti vainqueur.
41:21Dans ces conditions-là, le fait
41:23d'avoir deux premiers ministres
41:25successifs qui correspondent
41:27à son confort personnel, c'est-à-dire
41:29qu'ils sont là pour ne pas trop remettre en question
41:31son bilan, c'est déjà un acte de responsabilité
41:33assez important
41:35des socialistes, des écologistes,
41:37d'accepter d'aller discuter.
41:39Admettez ou consentez quand même
41:41que si on discute, on va discuter
41:43sur nos orientations, pas sur les vôtres.
41:45Je voudrais qu'on termine par la proportionnelle.
41:47Il est très clairement ouvert et je sais
41:49qu'autour de cette table, il y a beaucoup de groupes
41:51parlementaires qui sont favorables. Écoutez François Bayon.
41:53Il faut que
41:55chacun puisse trouver sa place
41:57au sein de la représentation nationale
41:59à proportion des votes qu'il a reçus.
42:01C'est la seule
42:03règle qui permettra à chacun
42:05d'être lui-même authentiquement
42:07sans être prisonnier
42:09d'alliances insincères.
42:11Je propose que nous
42:13avancions sur la réforme
42:15du mode de scrutin législatif.
42:17Alors ça, c'est une
42:19concession au RN qui réclame
42:21la proportionnelle depuis longtemps.
42:23Oui, bien sûr, ça faisait partie d'une de nos priorités
42:25avec le pouvoir d'achat, la sécurité
42:27et l'immigration, et également la proportionnelle.
42:29Et d'ailleurs, le Premier ministre
42:31a dit quelque chose de très juste.
42:33Les alliances insincères, vous savez, avec les
42:35magouilles et les tambouilles, les alliances contre-nature
42:37avec les macronistes qui se désistent
42:39pour faire élire la France insoumise.
42:41D'ailleurs, M. Wauquiez a été élu grâce au retrait
42:43de la candidate du NFP.
42:45Donc effectivement, aujourd'hui, je pense que
42:47pour sortir de cette instabilité, il faut
42:49un scrutin en tout cas
42:51proportionnel, mais je précise,
42:53avec une prime majoritaire.
42:55Vous voulez conclure ? On ne va pas refaire un tour
42:57de table ? Je connais la position de la droite
42:59qui n'est pas très favorable.
43:01Je suis parouchement opposée parce qu'un élu,
43:03il doit avoir un ancrage territorial.
43:05Et le problème du
43:07scrutin proportionnel,
43:09c'est une liste. Donc il faut jouer des coups
43:11pour être sur la liste, mais après, vous n'avez plus
43:13d'ancrage territorial.
43:15On ne va pas ouvrir le débat sur la proportionnalité. Il a aussi dit qu'il fallait
43:17revenir sur le cumul des mandats,
43:19ce qui est doux à vos oreilles. Au fond, Bayrou, l'équilibriste
43:21ce soir, pour conclure.
43:23En tout cas, beaucoup de propositions, un cadre ouvert
43:25et du dialogue. Maintenant, dialoguons.
43:27Maintenant, dialoguons.
43:29Ca fait un moment que vous dialoguez.
43:31Espérons surtout que vous parveniez à nous sortir
43:33de l'instabilité et de la crise politique.
43:35Merci. On va s'arrêter là. Je vous garde
43:37avec moi, Philippe Dagnon, parce qu'on va
43:39essayer de s'arrêter à présent
43:41sur le style, Bayrou.
43:43Y a-t-il un style qui s'est exprimé
43:45pendant une heure et demie tout à l'heure
43:47dans l'hémicycle ? En tout cas, c'était
43:49son moment des références,
43:51une certaine décontration
43:53et un certain sens politique décryptage
43:55sous la plume de Maïté Frémont
43:57avant d'accueillir nos nouveaux invités.
43:59La parole
44:01est à monsieur le Premier ministre.
44:03François Bayrou
44:05s'est voulu décontracté.
44:07Le Premier ministre décide d'ailleurs
44:09d'attaquer son discours par une note
44:11d'humour.
44:1384% des Français jugent,
44:15paraît-il, que le gouvernement ne passera
44:17pas l'année. Et il m'arrive
44:19même
44:21de me demander
44:23où les 16% restants trouvent
44:25la source de leur optimisme.
44:27Devant l'exercice
44:29sérieux, dans une ambiance pourtant
44:31électrique.
44:33Je voudrais vous conseiller qu'il est inutile de créer
44:35parce que les micros sont coupés
44:37et qu'on ne vous entend pas.
44:39François Bayrou semble détendu.
44:41Et ce, même quand il s'en mêle les pinceaux.
44:43Il y a eu un peu de mélange dans mes pages.
44:45C'est parce que
44:47je suis un néophyte.
44:49Et donc,
44:51je suis bien obligé d'apprendre ce métier.
44:53Pourtant, pendant 1h25,
44:55l'addiction est calme,
44:57les pressions posées, tantôt grinçant
44:59envers les responsables
45:01de la dette française.
45:03François Hollande, 10 points
45:05d'augmentation de l'endettement.
45:07Et depuis 2017, il y en aura pour tout le monde,
45:09je vous promets.
45:11François Bayrou est surtout à la recherche
45:13d'apaisement. Le Béarné prend soin
45:15de défendre les personnalités
45:17de son gouvernement.
45:19Sa feuille de route sera celle
45:21de la réconciliation.
45:23Le gouvernement considérera les Français
45:25comme partenaires des décisions à prendre,
45:27non comme les sujets
45:29d'une monarchie qui n'aurait d'autre choix
45:31que d'obéir ou de se révolter.
45:33Un discours qui ressemble
45:35à un appel au bon sens
45:37où le pronom jeu
45:39est presque effacé.
45:41L'objectif du centriste s'affichait
45:43en rassembleur.
45:45Bonsoir Bertrand Perrier.
45:47Grand plaisir de vous retrouver.
45:49Avocat, spécialiste de l'art oratoire.
45:51Bonsoir Mariette, mariette d'arrêt grand,
45:53homéologue. Et bonsoir Emmanuel Dubary,
45:55de Backbone Conseil, pour revenir
45:57notamment sur les réactions
45:59sur les réseaux sociaux,
46:01l'empreinte numérique
46:03qu'a laissé ce discours de politique générale.
46:05Bertrand,
46:07il y a un style, Bayrou, comment vous l'avez trouvé ?
46:09Ah oui, il y a incontestablement un style.
46:11Ce n'est pas du tout le style barnier,
46:13ce n'est pas du tout le style atal. Il y a quelque chose
46:15de très personnel, parfois même
46:17un peu maladroit, mais sincère.
46:19Et notamment, c'est un discours qui est très
46:21improvisé. Il y a une version écrite
46:23qui a été distribuée à la presse,
46:25et on s'aperçoit, quand on écoute François
46:27Bayrou, qu'il sort beaucoup
46:29pour invectiver, pour répondre,
46:31pour désigner, donc il y a une
46:33certaine aisance. C'est un
46:35orateur, évidemment, qui a fait un
46:37effort, parce qu'il est bègue,
46:39chacun le sait, et on a
46:41vraiment mauvaise grâce de
46:43qualifier son discours de très lent, parce que
46:45évidemment, Élisabeth Borne, de son côté,
46:47le dit en une minute, en 1h04,
46:49alors que lui, il le dit en 1h26, mais d'abord,
46:51Élisabeth Borne ne l'habite pas
46:53parce qu'elle n'a pas besoin de le faire, et lui,
46:55évidemment, comme il a cette
46:57difficulté de prononciation, il contourne.
46:59Vous dites aisance, une forme de décontraction,
47:01il y a de l'éloquence, ou pas, chez
47:03Bayrou ? On ne peut pas dire ça, ce n'est pas un tribun
47:05d'estrade, c'est évidemment quelqu'un
47:07pour lequel l'oralité n'est pas un exercice
47:09de style. On voit bien,
47:11il est maladroit dans ses feuilles, il
47:13l'assume d'ailleurs, mais
47:15pour autant, il y a une forme
47:17de fraîcheur un peu désarmante,
47:19de maladresse désarmante,
47:21et on se dit, voilà quelqu'un
47:23qui assume son béarn, qui assume
47:25ses racines, qui assume de ne pas faire
47:27de belles phrases, qui assume de ne pas avoir
47:29de jolies formules, de citations...
47:31Et pourtant, c'est un homme de lettres.
47:33Mais c'est un homme de la simplicité
47:35de la parole. Mariette Darré-Grand,
47:37votre regard sur ce discours,
47:39sur la gestuelle, sur les mots,
47:41il y a pas mal de jeux, mais il y a aussi du nous,
47:43et puis, il y a, c'est vrai,
47:45parfois, des maladresses,
47:47presque assumées, et en même temps,
47:49un certain plaisir d'être là.
47:51Ah oui, un grand plaisir. Je pense que c'est ce qui s'est vu.
47:53Il y avait beaucoup de subjectivité,
47:55c'était vraiment lui, c'était son moment.
47:57Alors, j'ai pensé à un concept
47:59qui est dans le monde antique,
48:01qu'il connaît très très bien, c'est quand
48:03le tribun monte
48:05et se met dans ce qu'ils appelaient,
48:07les Grecs et surtout les Romains,
48:09la galerie des hommes illustres, c'est-à-dire
48:11illustres au sens propre, ceux qui vont dans la lumière.
48:13D'ailleurs, il a repris la métaphore à la fin pour son gouvernement,
48:15c'est-à-dire qu'il vient se mettre
48:17dans une lignée, et là, j'ai trouvé ça
48:19extraordinaire, c'est-à-dire qu'il a choisi sa galerie,
48:21c'est-à-dire de Mitterrand
48:23à Macron, en passant par Sarkozy
48:25et Hollande, c'est les fautifs de la dette,
48:27ça fait 40 ans qu'il les suit,
48:29et il s'est mis dans une autre lignée,
48:31qui est celle de Mendès,
48:33il a fini avec Mendès, Rocard,
48:35et celui qu'il n'a pas nommé,
48:37mais qui, à mon avis, il a complètement incarné,
48:39y compris dans sa gestuelle,
48:41justement, non dirigée
48:43par les éléments de langage ou la rhétorique
48:45contemporaine, Chaban.
48:47Et quand il a parlé de la
48:49promesse française, en fait,
48:51c'était la nouvelle société de Chaban, 69,
48:53je crois, et c'est-à-dire
48:55qu'il s'est mis dans cette lignée de manière,
48:57je trouve, très personnelle,
48:59tout à fait peut-être vintage,
49:01ça se fait plus,
49:03mais du coup, il nous a fait
49:05un discours écrit,
49:07peut-être avec de l'impro,
49:09mais très écrit, parce qu'il a eu le temps,
49:11depuis le temps, il a écrit,
49:13il a conceptualisé, et donc,
49:15il nous a parlé comme un prof de philo,
49:17comme un prof de lettres,
49:19de manière assez pédagogique,
49:21de ce qu'il entend par démocratie,
49:23par laïcité,
49:25par les mots qu'il faudrait
49:27pour nous ressaisir.
49:29C'est vrai que, par contre, on avait presque l'impression
49:31d'avoir un candidat présidentiel,
49:33plus qu'un Premier ministre précis,
49:35concret, il a parlé de la situation
49:37internationale, de la démocratie,
49:39les internautes, alors, qu'est-ce qu'ils ont retenu ?
49:41Les retraites, c'est le passage
49:43sur les retraites. Alors, tout d'abord,
49:45sur les internautes, le discours politique
49:47général, c'est pas quelque chose que les Français regardent à la télé,
49:49parce que personne ne peut passer une heure et demie de son mardi à l'après-midi
49:51devant la télé au travail, donc c'est avant tout
49:53les politiques qui commentent, et la majeure partie des réactions
49:55viennent des politiques qui sont tous, bien sûr, pas d'accord,
49:57très énervés, fâchés,
49:59il y a beaucoup de commentaires sur le style,
50:01et je rejoins un peu Bertrand là-dessus,
50:03sur le côté lénifiant, etc., bon,
50:05c'est pas tellement le propos. En revanche,
50:07sur les retraites, ça fait beaucoup réagir,
50:09notamment parce que c'était des lignes rouges de plusieurs
50:11partis politiques, mais aussi parce qu'il a pris
50:13le sujet de manière assez baroque,
50:15en citant des chiffres qui ne sont pas ceux qu'on a l'habitude d'entendre,
50:17notamment sur
50:19les 50% de la dette qui viendraient
50:21du système des retraites,
50:23ça, ça électrise Twitter, parce que sur Twitter,
50:25notamment, sur X, pardon,
50:27le sujet des retraites est un sujet inflammable en ce moment,
50:29avec des communautés très structurées qui prêchent
50:31dans le désert depuis des années sur le sujet,
50:33et qui voient enfin leur heure arriver, et notamment avec
50:35ces chiffres cités par Bayrou. Donc là-dessus,
50:37c'est quand même un sujet qui a marqué, et par ailleurs,
50:39pendant le discours, c'était un des moments où il était le meilleur,
50:41quand il a commencé à embrayer sur les retraites,
50:43avec une méthode différente, etc., ça s'est
50:45beaucoup vu, et après,
50:47ce qu'on voit sur les réseaux, c'est aussi le manque de précision,
50:49il parle d'économie, il n'y a rien de concret,
50:51il parle de sécurité,
50:53il n'y a pas grand-chose de concret non plus.
50:55Oui, on l'a bien dit ce soir, Bertrand.
50:57Oui, il y avait quelque chose quand même de très étonnant, c'est le démarrage,
50:59ce qu'on appelle l'exode en rhétorique,
51:01on attend de la gravité,
51:03on attend de l'enjeu,
51:05il fait une blague, il est sur
51:07l'autodérision en disant, je ne sais même pas
51:09qui sont les 16% qui croient que je vais passer l'année.
51:11C'est vraiment un ovni oratoire,
51:13ce discours, avec quelqu'un
51:15qui est effectivement
51:17dans une sorte de côté laborieux,
51:19mais aussi
51:21sincère et touchant, en disant, finalement,
51:23allez, on est là pour
51:25tout se dire, et donc on va tout se dire.
51:27Ce qui était intéressant aussi, c'était les auteurs.
51:29On attendait beaucoup les auteurs de La Gagée de Maître.
51:31On les a eus.
51:33Évidemment, on a eu Peggy, on a eu plutôt des auteurs de droite.
51:35On a eu Peggy,
51:37on a eu Marc Sannier, député...
51:39Alors, rappelez-nous.
51:41...de la Quatrième République, le catholicisme,
51:43et puis on a eu
51:45Simone Veil, la grande philosophe,
51:47on a eu Jean de La Fontaine, on a eu une fable
51:49de La Fontaine en direct, on avait l'impression
51:51d'être dans une salle
51:53de classe sépia des années 60
51:55avec un instituteur qui fait réciter...
51:57On a eu Les Poirots aussi, vous avez vu ça ?
51:59Sur les enfants qui ne grandissent pas comme des poirots.
52:01Ça, c'est passionnant.
52:03Paris et le désert français, c'est le seul livre
52:05qu'il a cité, qui est un livre de 1947
52:07de la Libération, qui est la Bible
52:09de la décentralisation, et on voit bien
52:11qu'il y a là quand même une réflexion forte
52:13sur le local dans ce discours
52:15de François Bayrou.
52:17Philippe Aguillon, votre regard, vous venez de signer
52:19un rapport important sur
52:21l'intelligence artificielle. Est-ce que
52:23il est adapté à son temps,
52:25ce nouveau Premier ministre ?
52:27Il est adapté
52:29à la circonstance actuelle, c'est-à-dire
52:31qu'il faut surtout éviter une nouvelle censure.
52:33Je pense que l'enjeu
52:35l'IA, l'innovation,
52:37mettre un terme
52:39au déclin de l'Europe par rapport aux Etats-Unis,
52:41c'est des enjeux de moyen et long terme.
52:43Et le tout, c'est que le bateau ne chavire pas
52:45entre maintenant et 2027
52:47quand on sera proposé
52:49une stratégie de long terme,
52:51de nouveau, pour atteindre ce but.
52:53Je pense, si vous voulez,
52:55qu'il a essayé, à sa façon,
52:57pour après discuter si c'était la bonne,
52:59de faire en sorte que le bateau
53:01ne chavire pas à nouveau et de s'assurer qu'il n'y aura pas
53:03une nouvelle censure, parce que le coût d'une nouvelle censure
53:05serait énorme.
53:07Il faut stabiliser le bateau
53:09pour préserver les chances
53:11pour le moyen et long terme. Je dirais que c'est plutôt ça
53:13l'exercice auquel il s'est livré.
53:15On ne peut pas attendre de Bayrou que lui dise
53:17comment je vais mettre en oeuvre
53:19le rapport Draghi, par exemple.
53:21Ce n'est pas du tout le sujet.
53:23Ce n'est pas lui qui va mettre en oeuvre le rapport Draghi.
53:25C'est déjà que le bateau tienne
53:29pour pouvoir se poser cette question demain.
53:31Alors, comment
53:33les Français peuvent le percevoir ?
53:35Parce qu'ils le connaissent.
53:37Il essaye de réactiver aussi, François Bayrou,
53:39ce rapport aux Français,
53:41le centrisme, le tracteur,
53:43la question de la dette,
53:45celui qui voulait dépasser les clivages.
53:47Est-ce qu'on retrouve tout ça dans ce discours ?
53:49Et au fond, est-ce qu'il y a un lien
53:51différent qu'il peut tisser ?
53:53Moi, je crois qu'il a
53:55pris en considération beaucoup
53:57ses récepteurs, ses biologistes.
53:59Il a même dit que les Français sont des partenaires,
54:01doivent être des citoyens,
54:03pas les sujets de la monarchie, il l'a bien précisé,
54:05mais des partenaires de conversation
54:07et on va partager l'information.
54:09Je pense que ça, si les gens
54:11avaient pu l'entendre, parce que ça va être médiatisé
54:13maintenant pour eux par les commentateurs,
54:15je pense que c'est quelque chose d'intéressant
54:17pour aujourd'hui et qui,
54:19je suis d'accord avec Bertrand,
54:21c'est pas un bon réteur,
54:23par contre, c'est un bon penseur de la démocratie,
54:25et il a dit deux choses fondamentales
54:27qui sont passées comme ça, sous silence,
54:29mais qui sont lettrées,
54:31donc je vais les dire,
54:33parce que ça nourrit sa figure de prof.
54:35Mais pas au sens,
54:37il nous a fait attention, etc.,
54:39les petits trucs de prof, mais il a dit deux choses fondamentales.
54:41Il a donné sa définition
54:43de la démocratie par Marc Sanguier,
54:45qui est quand même, la formule,
54:47c'est le moment où l'organisation sociale
54:49donne son plus haut niveau
54:51de conscience et de responsabilité
54:53aux citoyens, c'est pas rien,
54:55et il a pas fait ce que font
54:57le tic des politiques aujourd'hui,
54:59c'est de dire que la démocratie, c'est le pouvoir du peuple,
55:01et c'est d'ailleurs le populisme,
55:03il y a des gens qui disent ça.
55:05Il a gardé l'étymologie pour la laïcité,
55:07c'est la première fois que j'entends ça en politique,
55:09je pense que c'est fondamental.
55:11Laïcité vient du mot peuple,
55:13il l'a rappelé, il l'a dit, c'est le laos.
55:15Voilà, pourquoi ?
55:17Parce que laïcité, ça n'est pas un concept
55:19de la religion, c'est un concept
55:21de la gouvernance, et le laos,
55:23c'est une des façons de dire peuple.
55:25Il y a l'ethnos,
55:27le laos, le démos,
55:29et c'est la première fois que j'entends un politique
55:31qui réfère à cela, et c'est très fondamental
55:33pour nous aujourd'hui, parce que la laïcité,
55:35il faut la sortir de la lutte religieuse,
55:37il faut la mettre
55:39dans les modes de gouvernance.
55:41Si nous voulons avoir une société laïque,
55:43inclusive, il faut commencer par penser
55:45justement avec la démocratie,
55:47que c'est le partage de quelque chose.
55:49Je pense qu'il avait ça en tête,
55:51mais c'est trop compliqué à dire un après-midi
55:53à la télé, mais là, les médias
55:55ont un rôle fondamental de vulgariser
55:57cette pensée si elle doit l'être.
55:59Oui, démocratie versus théocratie.
56:01Emmanuel Dubary,
56:03vous avez préparé un nuage de mots,
56:05c'est-à-dire qu'on fait quoi ?
56:07On fait tourner un certain nombre de données
56:09à partir du discours, qu'est-ce qui revient le plus ?
56:11On analyse tous les messages qui sont publiés
56:13sur tous les réseaux sociaux, donc c'est pas que X ou Facebook,
56:15c'est tous les réseaux sociaux, tous les blogs, etc.,
56:17et on voit un peu ce qu'ils prennent et ce qu'ils ne prennent pas.
56:19Très clairement, ils sont de censure,
56:21mais ce sont les députés de gauche et du NFP
56:23qui font monter la pression,
56:25et d'ailleurs, la pression va beaucoup monter sur les socialistes,
56:27sur les réseaux sociaux, dans les jours qui viennent,
56:29on a déjà vu des députés NFP menacer des députés socialistes
56:31d'investir des candidats face à eux
56:33s'ils soutenaient Bayrou et ne votaient pas la censure.
56:35Et après, on a des petits...
56:37Ça permet de voir aussi les communautés.
56:39Le sujet de Mayotte et des retraites remontent,
56:41on les voit apparaître en très gros,
56:43les formes des retraites apparaissent au cœur du cercle.
56:45Et Mayotte aussi, parce que c'était un moment assez intense
56:47pendant ce discours de politique générale,
56:49notamment face aux invectifs du NFP.
56:51Donc ça, c'était très intéressant.
56:53Et après, on voit des sujets satellites qui n'ont pas été mentionnés
56:55et qui sont les résultats de communautés extrêmement mobilisées.
56:57Vitement, je prends le sujet des ZFE
56:59qu'on voit juste en dessous du mot Bayrou, en bas à gauche.
57:01Ça, c'est tous les gens qui espéraient
57:03qu'il y aurait un recul de l'État
57:05et que l'État supprimerait ces ZFE.
57:07Des communautés qui, avec des hashtags,
57:09essayent de relayer leurs attentes.
57:11Dernier mot, pour conclure.
57:13Ce qui m'intéresse, c'est le plan
57:15du discours de François Bayrou,
57:17un plan en trois parties, un peu universitaire,
57:19mais avec trois têtes de chapitre
57:21qui étaient ressaisir,
57:23réconcilier, refonder.
57:25Une expansion du re.
57:27Et ça, c'est très macroniste.
57:29Le re, c'est-à-dire le retour en arrière,
57:31le renouvellement démographique, la renaissance.
57:33Et ça, pour le coup, c'est un vocabulaire
57:35qui est marqué à droite, parce que c'est l'idée
57:37que re, c'est retrouver
57:39une re-naissance.
57:41Est-ce que c'est réactionnaire ?
57:43Eh bien, ça peut l'être, justement.
57:45Il y a d'ailleurs un parti de droite
57:47qui s'appelle Reconquête.
57:49Ce côté re, l'idée d'une idéalisation
57:51du passé. Il faut retrouver
57:53quelque chose que l'on aurait perdu.
57:55Et c'est pas anodin que les trois
57:57titres de ce discours
57:59sont se ressaisir, se réconcilier,
58:01se refonder.
58:03Merci beaucoup.
58:05Il nous reste une poignée de secondes.
58:07Je suis tout à fait d'accord
58:09avec Bertrand. La question, c'est de savoir
58:11quel effet ça produit sur les gens.
58:13Est-ce que c'est ressenti comme quelque chose
58:15qui fait retourner en arrière ?
58:17On retourne en arrière ou on réactive.
58:19Et à ce moment-là, ça pourrait être
58:21une sorte de temps vintage
58:23où la tradition et la modernité...
58:25Et là, je pense qu'il y a un public
58:27pour ça aujourd'hui. Pas forcément
58:29chez les vieux.
58:31On va voir ça. On va essayer
58:33de voir ça grâce aux réseaux sociaux
58:35pour voir si cette image arrive
58:37à imprégner dans toutes les générations.
58:39Merci, c'était passionnant de vous écouter.
58:41Merci infiniment à vous, Philippe Aguillon,
58:43de nous avoir accompagné pour essayer de comprendre
58:45si cette main tendue
58:47du nouveau Premier ministre va être
58:49saisie ou non. On a bien compris
58:51que sur les retraites, les enjeux
58:53économiques étaient fondamentaux.
58:55On s'arrête là. Très belle soirée
58:57sur LCP. A demain.
58:59Même mieux, même heure.