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00:00Bonjour Emmanuelle Ducrox, bonjour Dimitri et bonjour à tous.
00:02On va parler avec vous ce matin de la gaieté lyrique, la salle de spectacle parisienne en plein syndrome de Stockholm.
00:08Vous savez ce que c'est le syndrome de Stockholm ?
00:10Expliquez-nous.
00:11C'est le fait pour une victime de ressentir des liens de compréhension, voire d'affection pour son bourreau.
00:15On l'appelle comme ça après que des otages d'un hold-up dans une banque de Stockholm
00:19avaient refusé de porter plainte contre leurs agresseurs en leur trouvant des excuses.
00:22C'était en 1973, et bien c'est ce qui est en train de se produire à la gaieté lyrique,
00:26un lieu culturel du troisième arrondissement de Paris occupé depuis le 10 décembre par 300 migrants
00:31avec la bénédiction de la direction, et cela quand bien même le lieu risque d'en mourir.
00:36La situation s'est enquistée depuis un mois.
00:38Tout a commencé lors d'une conférence de la Croix-Rouge intitulée « Ça ne s'invente pas, réinventez l'accueil des réfugiés en France ».
00:44C'était donc le 10 décembre dernier, 250 migrants ont fait irruption exigeant des logements.
00:49Un groupe piloté, on peut dire manipulé, par un collectif décolonial antiraciste,
00:55je mets des guillemets, spécialisé surtout dans l'utilisation politique de la misère d'autrui.
00:59Le groupe de migrants s'est installé à la gaieté lyrique pour ne plus en bouger,
01:02et depuis, ses rangs ont grossi.
01:04Ils seraient plus de 300 maintenant, dans des conditions sanitaires qui, selon la direction, se dégradent de jour en jour.
01:10Et outre les logements, les occupantes demandent à être prises en charge par l'aide sociale à l'enfance.
01:16Cette question a déjà une réponse.
01:17Les services sociaux démentent.
01:19Ce ne sont pas des mineurs isolés, ce sont des adultes.
01:21La mairie de Paris les qualifie d'ailleurs ainsi des « jeunes adultes » tout en leur assurant tout de même de son soutien.
01:26Et la gaieté lyrique est inutilisable depuis un mois et demi.
01:30Le bâtiment reste fermé jusqu'à nouvel ordre.
01:32Tous les événements prévus entre le 10 et le 24 janvier sont annulés ou déplacés dans d'autres lieux partenaires, explique la direction.
01:39Quelle ironie, la gaieté lyrique a fait des migrations, une de ses thématiques phares déclinée en concert, en conférence, en exposition.
01:46Une fresque des migrations devait s'y tenir jusqu'au 15 janvier, elle a été annulée.
01:50Le but de l'endroit, c'est de déconstruire les préjugés sur les migrants.
01:54En ce moment, ça consiste surtout à servir à boire en s'excusant à des gens qui s'invitent et qui mettent les pieds sur la table.
02:00Ce n'est pas très sûr que ça marche.
02:02La direction ne fait rien ?
02:03Non, le syndrome de Stockholm, je vous dis.
02:05Elle pourrait porter plainte pour l'occupation illégale et exiger l'évacuation de ses locaux, mais elle se refuse à le faire.
02:11Tant que la ville ou la région, on ne sait pas, n'ont pas trouvé d'hébergement pour les squatteurs.
02:15La ville qui est propriétaire des murs se défausse sur l'État.
02:19Pour la direction de la gaieté lyrique, il est impensable de rejeter les migrants à la rue en plein hiver.
02:24La direction déplore bien le caractère subi de cette occupation.
02:28Ce sont ses mots, mais bonne fille.
02:30Elle rappelle, je cite, la légitimité de la revendication du collectif visant à obtenir un toit pour les inviter indélicat.
02:36Et c'est la survie de la gaieté lyrique qui maintenant est en jeu.
02:38Ah ben oui, parce que la gaieté lyrique risque, selon ses propres mots, le dépôt de bilan.
02:43Elle vit à 70% de sa billetterie et de partenariat.
02:46Elle a déjà perdu plusieurs centaines de milliers d'euros.
02:49Il y avait en 2022 72 salariés à la gaieté lyrique.
02:53Visiblement, leur sort ne pèse pas lourd dans cette grande démonstration de solidarité forcée, naïve et masochiste.