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Hommage à Jean-Marie le Pen; Marion Maréchal met en ligne le discours qu'elle a prononcé ce matin pour rendre hommage à son grand-père disparu le 7 janvier dernier

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00:00Cher Dadi, cher Jean-Marie, tu es mort un 7 janvier, tu es mort comme tu as vécu, sans
00:15plainte, sans lamentation, fière, digne, drapée dans nos couleurs nationales que tu
00:19chéris ces temps, entre ton t-shirt bleu, ton drap blanc et ta couverture rouge, comme
00:25un clin d'œil de la Providence.
00:27Je ne te l'apprends pas, le 7 janvier est le jour de Noël dans l'église orthodoxe.
00:31Et si l'église romaine n'a pas perpétué cette tradition, permets-moi quand même d'y
00:36voir le signe d'une vie qui s'achève dans ce qui la mue, l'espérance.
00:41Non, définitivement, tu ne laissais aucune place au désespoir, ce poids mort de l'histoire,
00:48aucun répit au fatalisme, aucune trêve au renoncement.
00:52Dans cette vie qui s'écoule comme le sable entre les doigts des enfants, tu ne trouvais
00:56de sens et de valeur qu'en une seule chose, le combat.
01:00Tu ne respectais l'adversaire que s'il était un battant, et tu t'inclinais bien
01:06davantage devant le plus petit des soldats que devant le plus puissant des planquiers.
01:11Une vie sans combat était pour toi une vie de mort vivant, de tiède, d'indifférent,
01:18et tu haïssais les indifférents.
01:20Se battre, chacun, chaque jour et malgré tout, se battre pour ce qu'on aime, pour
01:26ce qui nous est cher, pour sa patrie, pour ce qui restera, pour l'esprit, plus encore
01:31que pour la matière, pour l'honneur plus que pour la gloire, pour la mémoire plus
01:37que pour le confort.
01:38Voilà ce en quoi tu croyais, voilà ce en quoi tu as enjoint les Français durant soixante
01:44longues années.
01:46Écoutais le souffle encore vivant de Jeanne d'Arc, nous disais-tu, bataillez, et Dieu
01:52vous donnera la victoire.
01:53Dieu ne t'a pas donné la victoire, mais il t'a offert autre chose, il t'a offert
02:01une destinée, une destinée à partir de rien, depuis ton humble naissance bretonne
02:06et paysanne.
02:07Il t'a donné les tripes, il t'a donné l'intelligence et le cœur pour faire naître
02:12dans ton sillage des millions d'hommes debout, prêts à enrayer le déclin du courage.
02:16Et t'as dit, regarde, tu as réussi, ton armée des sangs-voix et des sangrates s'est
02:23levée sur ton mot d'ordre, soyez fiers d'être français, de discours en discours,
02:29de plateau en plateau, ils ont fini par se souvenir qu'ils avaient quelque chose en
02:33eux et chez eux à aimer et à défendre.
02:38On n'arrête pas un peuple en marche, on n'arrête pas une idée vraie, on n'arrête
02:43pas un exemple juste.
02:45Cet exemple, il n'a eu de cesse d'inspirer tout au long de ta vie et même encore aujourd'hui
02:51après ta mort, une foule immense de jeunes français.
02:55Ils sont nombreux aujourd'hui, serrés dans cette église forcément trop petite pour
03:00l'homme que tu étais.
03:02Tu as toujours apprécié la compagnie de la jeunesse et tu lui as toujours laissé
03:07une place de choix dans ton mouvement.
03:09C'était là l'expression de ta générosité, tu n'avais pas le savoir ou l'expérience
03:15égoïste.
03:16Tu étais trop conscient de la finitude de tout homme tout comme de l'éternité de
03:20la lutte pour ne pas avoir le souci de nourrir la flamme et de passer le flambeau dans l'obscurité.
03:28Comme un dernier enseignement, tes mots simples à une journaliste te demandant il y a quelques
03:34années de redresser le bilan de ton action.
03:36Tu as dit « j'ai fait ce que j'ai pu ». Quand viendra le crépuscule, puissions-nous
03:43nous aussi nous prévaloir de la conscience tranquille et ne pas rester muet devant la
03:47question fatidique de la parabole évangélique.
03:50Qu'as-tu fait de ton talent ?
03:53Alors bien sûr, tu n'étais pas parfait, tu n'étais pas un saint, mais qui, ici,
03:58dehors ou parmi les résistants de salon, pourrait te jeter la première pierre ?
04:02Ton esprit libre, ta mémoire phénoménale et ta tête dure de breton ne souffraient
04:08pas la moindre injonction ou intimidation.
04:10C'était ta force et c'était aussi ta faiblesse.
04:15Tu disposais en revanche d'une vertu admirable et peu commune, le pardon.
04:21Oui, tu savais pardonner, tu aimais trop la vie, respirer son parfum, goûter ses fruits
04:28pour risquer de la gâter par l'aigreur de la rancune.
04:30Tu connaissais trop le cœur des hommes pour t'en laisser compter.
04:34« Là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie », soufflais-tu désabusé
04:39devant les déceptions, les trahisons, les lâchetés et les abandons.
04:42Mais surtout, en pleine conscience de la situation, tu aspirais trop au rassemblement pour entretenir
04:48les veines amertumes.
04:49« Pais mes brebis, paix mes agneaux » était l'une de ces phrases que tu dégainais
04:53comme une caresse devant les disputes et devant les conflits.
04:56« Pardonnez et vous serez pardonnés », rapporte Saint-Marc dans les Évangiles.
05:03Nul doute que le magnanime que tu étais ait pu à son tour gagner son pardon.
05:10À choisir, je le sais, tu aurais préféré t'éteindre à trente ans, lâche pour mourir
05:14en héros, aimais-tu répéter, ou bien trépasser sur scène comme Molière.
05:18Finalement, tu succomberas en vénérable patriarche.
05:23Acta est fabula, mais la pièce n'est pas encore tout à fait jouée.
05:28Tu vois tous ces médiocres et ces infâmes danser sur ta tombe, et tu t'en amuses,
05:33c'est certain.
05:35Je sais que de là où tu leur réponds, telle Cyrano de Bergerac, dans une ultime bravade,
05:40oui, vous m'arrachez tout, le laurier et la rose, arraché, il y a malgré vous quelque
05:44chose que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu, mon salut ballera largement le
05:50seuil bleu, quelque chose que sans un pli, sans une tâche, j'emporte malgré vous,
05:56et c'est mon panache.
05:57Cher Jean-Marie, pour ton dernier voyage, bon vent et bonne mer.

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