La journaliste de RMC/BFM hérite d’une émission sur RMC Story, « Apolline chez vous », dans laquelle elle part à la rencontre d’anonymes qui racontent les difficultés de leur quotidien.
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00:00Bonjour Apolline de Malherbe, avant de présenter le concept de ce programme, un mot sur son titre
00:04« Apolline chez vous ». Déjà c'est rare qu'une émission porte le nom de son présentateur ou de sa
00:09présentatrice, c'est vraiment un signe de notoriété, mais là c'est votre prénom. Pourquoi ce choix et
00:15pourquoi l'avez-vous validé ? Ça a toujours été mon prénom, la matinale elle s'appelle « Apolline
00:19matin », ma nouvelle émission sur BFM s'appelle « Apolline de 9 à 10 », et là c'est « Apolline
00:24chez vous ». D'abord, c'est plutôt il y a quelques années, quand j'ai repris la matinale après le
00:30départ de Jean-Jacques Bourdin, qu'on s'est posé la question, RMC c'est une radio très incarnée,
00:36autour vraiment des personnalités de chacun, Estelle Denis est là, Estelle Midi, donc c'est
00:45vrai que mon prénom en plus c'est un prénom qui n'est pas hyper commun, donc ça restait assez
00:49identifié. Je vais même vous dire, on aurait pu aller jusqu'à « Apolline chez vous », parce que
00:53la réalité c'est que désormais, à l'antenne, les auditeurs, et là en l'occurrence c'est vraiment
00:58une rencontre avec les auditeurs, d'abord ils m'appellent « Apolline », ils ne m'appellent jamais
01:04« Madame de Malherbe » ou « Apolline de Malherbe », ils m'appellent « Apolline », ils disent mon prénom,
01:08parfois même ils me tutoient, et certains vont jusqu'à m'appeler « Apo ». Donc oui, je pense
01:15qu'il y avait d'abord une intimité, une franchise dans la relation, qui se ressent peut-être par le
01:20simple fait d'utiliser le prénom. Mais vous avez peut-être compris que le vrai sens de ma question,
01:24« Apolline de Malherbe », pour un homme, on dit son nom de famille, pour une femme, on va dire son prénom.
01:29Vous m'avez cité Estelle Denis, c'est Estelle, Jean-Jacques Bourdin, c'était Bourdin, vous c'est Apolline,
01:34comme on disait Ségolène. Mais je ne suis pas tellement d'accord. En tout cas chez nous,
01:39j'allais dire à BFM, à RMC, Maxime Sweethead ça s'appelait le 20h max, Bruce Toussaint ça s'appelait
01:46le live de Bruce. Donc, pour le coup, il y avait des prénoms. J'entends, mais je pense qu'on a dépassé ça.
01:54Alors Apolline, chez vous, c'est un peu la continuité de votre matinale de RMC et RMC Story,
01:58puisque vous vous déplacez chez des auditeurs qui, un jour, vous ont appelés en direct à la radio.
02:03Comment vous avez venu cette idée de prolonger cette matinale et cette discussion chez eux ?
02:09Est-ce que ça part d'une frustration de ne pas pouvoir les garder que quelques minutes à l'antenne ?
02:14Frustration peut-être, le mot est un peu fort. Mais en effet, c'est un projet qui me tenait énormément à cœur.
02:19C'est vraiment mon idée. Mais ça fait longtemps que ça mûrit. Depuis le début, ce que j'ai aimé dans cette matinale de RMC,
02:25tous les matins, c'est que non seulement il y a de l'info, il y a des interviews, mais il y a une vraie relation avec les auditeurs
02:30qui ne sont pas juste là pour poser des questions aux invités, mais qui sont là pour témoigner de leur vie quotidienne.
02:36Et chaque jour, j'ai des témoignages inouïs qui sont des petits morceaux de France sur les retraites,
02:43sur le pouvoir d'achat, sur le rapport au boulot, qui viennent vraiment parler de leur vie à la lumière de l'information et à la lumière de l'actu.
02:52Et oui, parfois je restais sur ma faim. Je me disais, je vous donne l'exemple de Fabienne la semaine dernière ou de Gérald cette semaine.
03:00Gérald, on va prendre son exemple, c'est celui avec qui je passe la soirée de samedi soir à 20h30.
03:05Gérald, il l'écoute tous les matins et il intervenait de temps en temps. Il appelait le 32 16, le numéro du standard d'RMC.
03:12Et puis un matin, je dirais que c'était il y a environ un an, je fais un sujet sur le travail des seigneurs.
03:17Il appelle depuis son camion et il dit voilà, moi, j'ai 62 ans, j'ai encore trois ans à bosser et je ne trouve pas de boulot.
03:24Et pourtant, je repasse tous les ans mon permis. J'ai mon sac qui est prêt. Je trouve de boulot en intérim, mais personne ne veut me donner de contraint.
03:31Je l'écoute, je le laisse parler. Je lui pose plein de questions. On raccroche.
03:36Et un autre auditeur qui, lui, est patron d'une boîte de transports a entendu Gérald et il nous appelle au 32 16 et il dit moi, en fait, je suis prêt à embaucher Gérald.
03:45Donc, je fais l'entretien d'embauche en direct. Je prends les deux en direct. Et depuis, Gérald, il a un CDI, il bosse.
03:51Et donc, j'ai voulu typiquement me dire derrière, il y a autre chose. Il y a des émotions.
03:56Il y a quelque chose dans les tripes qu'ils ont à dire. Et je trouve qu'interviewer le premier ministre, interviewer le président, c'est super.
04:03Je suis ravi de l'avoir fait et de le faire régulièrement. Mais donner la parole à tous ces Français qui font la France, qui ont des témoignages à apporter, qui ont des émotions, partager leur vie.
04:14Finalement, ça me rend presque encore plus fière. C'est un petit côté gilet jaune.
04:18Exactement. Et d'ailleurs, il y a une des choses que moi, j'ai entendu du message des gilets jaunes et dont j'estime que c'était une question tout à fait légitime,
04:26qui était souvent de dire on ne nous entend pas, on ne nous écoute pas.
04:30J'avais d'ailleurs été une des premières à dire, chiche, j'avais proposé à Ingrid Levavasseur, qui était une des figures vraiment des toutes premières heures des gilets jaunes,
04:38je ne sais pas si vous vous souvenez, cette aide soignante, je lui avais proposé de devenir chroniqueuse dans mon émission le dimanche soir sur BFM à l'époque.
04:43Ça ne s'était pas fait parce qu'il y avait eu tellement de tensions entre eux que les autres ne l'avaient pas laissé venir.
04:49Mais moi, je continue à penser qu'on doit donner la parole à tout le monde et que c'est même presque notre devoir, j'allais dire, de service public.
04:57Parce que je considère que quel que soit le support, notre métier reste un métier de service public, journaliste, c'est ça aussi.
05:03Comment choisissez-vous les gens chez qui vous allez ? Avec quels critères ?
05:06Ce n'est pas moi qui les choisis d'abord, c'est eux, puisqu'en effet, à l'inverse de la plupart des émissions de témoignages où on passe un temps considérable à essayer de caster des gens,
05:15c'est-à-dire aller les chercher, moi je n'ai rien eu à faire, c'est eux qui viennent à moi.
05:19C'est ça qui est formidable, c'est-à-dire qu'ils ont déjà fait le plus dur, ils ont appelé, ils ont passé le coup de philis, ils se sont dit j'ai un truc à dire, j'ai envie de parler à Apolline.
05:25Ils m'appellent, et d'ailleurs le générique de l'émission, le samedi soir à 20h30, c'est cette première rencontre par téléphone.
05:34C'est ce premier moment où ils m'ont appelé, où ils ont dit allô Apolline, moi je voudrais témoigner sur tel et tel point.
05:39Et alors je ne peux pas tous aller les voir, mais ceux qui ont, je dirais, les vies les plus saillantes, où on sent qu'il y a vraiment des questions qui sont à la fois singulières et universelles.
05:48Encore une fois, la semaine dernière, c'était Fabienne qui a huit employeurs, elle gagne 1800 euros bruts par mois.
05:59Gérald qui a eu ses difficultés, ses parcours de vie très chaotiques, mais qui a des émotions.
06:04C'est un grand gaillard à la tête de son semi-remor, qui en même temps tout d'un coup a les larmes qui lui montent aux yeux quand il vous raconte les souffrances qu'il a traversées.
06:11Et puis il y a d'autres moments aussi extraordinaires, la semaine suivante par exemple c'est Sékou.
06:15Sékou c'est un sans-papier, enfin qui est arrivé sans-papier en France.
06:18Moi j'avais fait un sujet en matinale sur la question de la régularisation des métiers en tension, et là j'ai eu cet appel inouï, parce qu'en fait c'est très rare, on parle de ça, mais sans jamais avoir le témoignage des principaux intéressés.
06:29On parle d'eux, mais on ne les entend pas.
06:32Et Sékou il m'a appelé au 3216, et c'était un énorme effort pour lui d'appeler, parce que justement il disait moi j'ose pas, parce que pendant longtemps on ne me voyait pas, je n'avais même pas d'identité puisque j'avais des faux papiers.
06:42Et aujourd'hui, Sékou, j'ai été le voir dans la cuisine du Hayat, où il est non seulement régularisé mais il a été nationalisé.
06:48Sékou est devenu français, il est numéro 2 d'un restaurant au Hayat, il a deux filles dont l'une veut devenir ingénieur et l'autre médecin.
06:56C'est des parcours de vie pour lesquels j'ai une admiration folle, et je suis très heureuse de leur donner la parole.
07:01Est-ce aussi un moyen pour vous Apolline de ne pas être déconnectée de la réalité ?
07:05Parce que vous vivez à Paris, vous faites partie d'une certaine élite, vous côtoyez des personnalités importantes, vous gagnez j'imagine très bien votre vie, vous pourriez devenir hors sol.
07:12Cette émission, elle vous permet de garder les pieds sur terre ?
07:15Oui, je ne le fais pas pour ça, mais je considère que, en tout cas, je ne veux pas, et j'ai toujours lutté pour ne pas être dans une bulle.
07:25Mes bosses successives en ont même ri, c'est que j'ai toujours refusé d'être journaliste politique.
07:31Alors, de fait, je le suis, je fais des interviews politiques, mais je ne voulais pas être enfermée là-dedans, je ne voulais pas devenir éditorialiste, je ne voulais pas devenir hors sol.
07:39J'ai adoré être reporter de terrain, que ce soit aux Etats-Unis, que ce soit en France, et donc j'ai toujours voulu réussir d'une manière ou d'une autre.
07:47Moi, mon premier job dans le journalisme, c'était à Ouest-France, et je me souviendrai toujours qu'on partait sur le terrain et on vous disait, il faut que les gens se retrouvent dans le journal.
07:53Je partais avec mon appareil photo et ma voiture, et on vous disait, mettez le plus de monde possible sur la photo pour qu'ils se retrouvent dans le journal.
08:00Et je pense, en effet, toujours aujourd'hui, que notre rôle est aussi, d'une manière ou d'une autre, de réconcilier tout le monde, ou en tout cas que chacun se sente exister dans le journal.
08:11Et donc, j'ai rien à prouver là-dessus. Mais par contre, oui, je ne veux jamais couper ce lien, et c'est une manière pour moi de le poursuivre, et j'y prends un immense plaisir.
08:21Et avez-vous envie, progressivement, de lâcher l'interview politique ?
08:24Non. Je crois qu'au contraire, on peut faire les deux. Je vous parlais des Etats-Unis à l'instant. Ce que j'ai aimé des journalistes américains, c'est que, je prends souvent l'exemple de femmes, d'hommes, qui sont sur CNN, sur ABC, qui sont à la tête, par exemple, Georges Stephanopoulos.
08:45Il est à la tête de la matinale d'ABC. Énorme matinale américaine. En même temps, il fait l'émission du dimanche, qui s'appelle This Week, qui est une émission très politique.
08:54En même temps, il fait un podcast où il n'invite que des acteurs et des chanteurs. Et en même temps, il va en Californie quand il y a des incendies.
09:02C'est-à-dire qu'il est journaliste de terrain, journaliste de plateau, journaliste politique. Il fait des podcasts culturels. Il n'y a pas de problème pour ça aux Etats-Unis.
09:09On n'est pas enfermés dans une case. Et bien tant mieux si je peux les faire sauter.
09:13Donc, vous voulez faire tout en même temps ?
09:15Mais je ne vois pas. En fait, je ne sais pas comment vous vous sentez vous, mais moi, je me sens d'abord journaliste.
09:19Et journaliste, c'est une curiosité pour le monde, pour les autres, pour notre époque. Donc, moi, je suis hyper gourmande de ça.
09:27Je n'ai qu'une envie. Mais partout, quand je rencontre quelqu'un, c'est de lui poser mille questions.
09:32Donc, je suis très heureuse, en tout cas, et je m'estime extrêmement chanceuse de pouvoir vivre toutes les facettes de notre métier de journaliste.
09:42J'ai une dernière question pour vous, Apolline de Malherbe. Êtes-vous déçue que RMC STORY n'ait pas obtenu un meilleur numéro sur la TNT,
09:47comme l'a laissé sur le Canal 23, quand les futures chaînes de CMI et Ouest France seront mieux placées ?
09:53Oui, bien sûr, je suis déçue. Parce qu'en plus, je veux dire, de 6h à 15h et même maintenant au-delà,
10:00puisqu'on a Moscato qui est aussi sur RMC STORY désormais, on est une chaîne aussi d'informations et d'actualités et d'émissions.
10:08Il y a les Gégés, il y a Estelle Denis, il y a moi. Donc, c'est vrai que c'est un peu, quitte à avoir mis ensemble aussi beaucoup de chaînes...
10:15Vous auriez voulu être dans le bloc un jour avec RMC STORY ?
10:17Mais oui, on aurait eu aussi, en tout cas, cette légitimité. Après, ce n'est pas grave, les gens viendront nous chercher.
10:24On reste très combatifs. Mais oui, je trouve que, d'abord, toute cette histoire un peu compliquée, bizarrement justifiée, y compris d'avoir bougé BFM.
10:34Après, il n'y a pas de problème. A nous d'être suffisamment bons aussi pour que les gens viennent nous chercher, où qu'on soit.
10:41Mais bien sûr que ça aurait été, pour moi, plus logique qu'on avance.
10:45Merci beaucoup d'être venue, Apolline de Maire.
10:46Merci à vous.