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À l'occasion des 50 ans de la loi Veil sur l'IVG, Aurore Bergé, ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, s'exprime sur BFM2. Elle s'est déclarée favorable à la réhabilitation des femmes condamnées pour avoir avorté avant la loi Veil.

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Transcription
00:00Merci de nous retrouver sur BFM2, nous sommes le 17 janvier 2025 et donc on marque aujourd'hui le 50e anniversaire de la promulgation de la loi Veil,
00:12une étape évidemment majeure dans l'histoire des droits des femmes en France.
00:16Nous sommes ce soir en direct sur BFM2 avec Aurore Berger, bonsoir, vous êtes ministre déléguée à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations.
00:28Aurore, merci beaucoup d'être avec nous en direct depuis la Cité Audacieuse à Paris, 50 ans après, qu'est-ce que vous gardez de cet acquis social pour les femmes ?
00:37C'est un acquis qui a été absolument déterminant parce que c'est une loi qui a permis de dépénaliser l'accès à l'avortement, c'est tout simplement une loi qui est d'abord une loi de liberté,
00:48qui est la liberté de choix pour les femmes, la liberté d'avoir recours à l'avortement et c'est la première de nos libertés que de pouvoir maîtriser notre corps,
00:57puis ça permet de retracer aussi des années de combats, les combats qui ont précédé cette loi où malheureusement il y a eu beaucoup de souffrances,
01:04beaucoup de douleurs, de secrets, de hontes, voire de femmes qui ont perdu la vie parce que des avortements clandestins étaient pratiqués
01:10et puis les 50 années suivantes de combats jusqu'à la constitutionnalisation de l'IVG.
01:15Comment continuer à garantir cet accès à l'IVG pour toutes les femmes aujourd'hui ?
01:22C'est un combat en France et c'est un combat à l'extérieur de nos frontières.
01:27A l'extérieur de nos frontières d'abord parce que vous voyez bien les mouvements de régression, les mouvements de recul qui existent pourtant dans ce qui est supposé être de très grandes démocraties,
01:35aux Etats-Unis, sur le continent européen, regardez aussi comment on en parle sur les réseaux sociaux.
01:41Donc vous voyez qu'on doit faire face à ces mouvements de régression qui sont malheureusement extrêmement puissants et qui pèsent évidemment sur nos représentations,
01:48qui pèsent sur la manière avec laquelle les femmes se sentent libres ou se sentent moins libres.
01:52Et puis en France, c'est garantir l'accès partout sur le territoire pour qu'on soit égal dans l'accès à l'information et puis dans le recours effectif à l'avortement.
02:01Et sur le territoire français justement, quand on est en zone rurale, éloigné des services de santé, des maternités, comment avoir cet accès facile à l'IVG ?
02:14Alors on a changé les conditions de manière à ce que ce soit beaucoup plus facile, en tout cas plus facile, à la fois les délais qui ont été élargis.
02:23On est passé de 12 à 14 semaines pour pouvoir avoir recours à l'IVG. Vous savez qu'il y a aussi deux méthodes pour avoir recours à l'IVG, l'IVG chirurgicale, l'IVG médicamenteuse.
02:32Pour les IVG médicamenteuses, on a là aussi allongé les délais. C'est passé de 5 à 7 semaines pour faciliter la vie des femmes mais sans évidemment jamais les mettre en danger.
02:41On permet aussi maintenant aux sages-femmes de pratiquer des IVG, notamment des IVG chirurgicales parce qu'on sait qu'on a des difficultés majeures en termes de démographie médicale
02:51et qui touchent aussi la santé des femmes. Donc partout sur le territoire, on essaye d'y travailler et puis on essaye aussi d'être innovants.
02:58J'étais ce matin à Rouen dans un institut qui est dédié à la pratique des IVG médicamenteuses. Peut-être que c'est ça aussi une solution, des praticiens qui se réunissent,
03:06des médecins, des sages-femmes, des psychologues qui accompagnent, qui soutiennent, qui soignent et qui permettent que cette pratique partout sur le territoire soit évidemment ouverte pour toutes les femmes.
03:16Et l'accès à l'information claire, fiable sur l'IVG dans un contexte 2025 où les réseaux sociaux sont en train de dériver en tout cas un moindre contrôle peut-être de ces réseaux sociaux,
03:31notamment X et peut-être Facebook. Comment contrer les fausses informations sur l'IVG ?
03:36Déjà en rappelant qu'il y a des sites qui eux informent, des sites gouvernementaux sur l'IVG, des sites du planning familial, des sites du CIDFF,
03:48c'est-à-dire des grandes associations qui elles disent tout simplement aux femmes quels sont leurs droits. Je crois aussi beaucoup à l'éducation,
03:54c'est-à-dire que nos adolescentes, on puisse les accompagner sur la contraception, sur la prévention et puis si à un moment elles ont besoin dans leur vie d'avoir recours à l'avortement,
04:04qu'elles sachent encore une fois que c'est un droit, une liberté qui leur sont absolument garanties et que personne n'a le droit de l'enfreindre.
04:11On le rappelle en France, même si un médecin a le droit de ne pas pratiquer l'IVG, il a l'obligation absolue si une femme se présente à lui tout de suite de la rediriger
04:20vers un professionnel de santé qui pourra la prendre en charge. Donc c'est vraiment tout ce parcours d'accompagnement et de soins qu'on doit aux femmes.
04:26On a une manifestation annuelle qui revient ce dimanche à Paris, la marche annuelle pour la vie où l'IVG sera ciblée.
04:36Qu'espérez-vous, qu'attendez-vous de cette manifestation et est-ce qu'une interdiction serait une bonne solution ?
04:44L'interdiction c'est le ministère de l'Intérieur, le préfet de police de Paris qui en décide, est-ce qu'il y a trouble ou pas à l'ordre public.
04:51C'est ça, c'est pas l'objet, le sujet de la manifestation qui le décide. Donc ça c'est une décision qui leur reviendra.
04:56Moi ce que je sais, c'est que déjà c'est pas une marche pour la vie. Moi je conteste fermement ce terme-là.
05:02Ceux qui se battent pour la vie sont ceux qui se battent, oui je sais bien, mais moi je combat ce terme-là tout simplement parce qu'il l'utilise à dessein.
05:08Or ceux qui se battent pour la vie sont ceux qui se battent pour la liberté des femmes et pour les droits des femmes.
05:13Parce qu'encore une fois quand on se replonge des années en arrière et quand on voit ce qui se passe dans un certain nombre de pays,
05:18il se passe des IVG clandestines où des femmes mettent en jeu leur vie, mettent en risque leur vie et peuvent aller jusqu'à mourir.
05:25Donc le combat pour la vie, c'est un combat pour que les femmes aient le droit de choisir si elles veulent ou non être maires,
05:31ce qui n'est pas une finalité pour toutes, et le moment où elles veulent l'être pour que quand elles le sont,
05:36elles le deviennent dans les meilleures conditions, c'est-à-dire le moment où elles l'ont choisi. C'est ça le combat pour la vie.
05:4150 ans après Aurore Berger, la promulgation de cette loi, est-ce qu'une étape également supplémentaire ne serait pas de rétablir les femmes injustement condamnées
05:52pour avoir avorté avant cette loi Veil ? C'est ce que demandent plusieurs personnalités dans une tribune parue chez nos confrères de Libération.
06:01Oui, j'y suis favorable. C'est Laurence Rossignol qui a été ministre avant moi d'égalité entre les femmes et les hommes, qui l'a proposé et qui le défendra au Sénat.
06:10Et moi, j'y suis favorable parce que je crois que c'est un acte de réparation qui est important, qui est même essentiel pour des femmes qui avaient été condamnées,
06:17condamnées par la justice uniquement parce qu'elles avaient eu recours à l'avortement. Aujourd'hui, ça nous paraîtrait complètement insensé qu'une femme en France puisse être condamnée.
06:26C'est malheureusement le cas de beaucoup de femmes à travers le monde qui risquent la prison ou la mort pour avoir recours à des IVG clandestines.
06:32Donc c'est pour ça qu'il ne faut jamais de retour en arrière. Et c'est pour ça que nous avons constitutionnalisé l'IVG pour que cela ne puisse plus jamais arriver en France.
06:39Donc moi, je suis favorable à cette proposition. Donc une proposition de loi à l'Assemblée nationale sur ce sujet ?
06:45Alors ce sera au Sénat, puisque Laurence Rossignol est sénatrice. Ce sera le 20 mars qu'elle le défendra. En tout cas, moi, j'y suis évidemment favorable
06:54parce que je pense que c'est un acte de réparation qu'on doit à ces femmes qui avaient été condamnées, qu'on doit aussi à ceux et celles qui les avaient soutenues, accompagnées,
07:02des médecins, des sages-femmes qui avaient pratiqué des avortements clandestins et qui risquaient eux aussi la prison tout simplement pour venir au secours de ces femmes,
07:10des femmes dont on entend aujourd'hui les témoignages parce qu'elles ont été recueillies par l'INA et qui disent que de toute façon, elles iront au bout,
07:16quitte à mourir, si elles ne peuvent pas avoir accès à l'avortement. Et donc je pense qu'il faut se replonger dans ces témoignages. Il faut entendre la parole de ces femmes.
07:23C'est ce que disait Simone Veil à la tribune de l'Assemblée. Il suffit d'écouter les femmes. Et bien, entendons-les, écoutons-les et réparons, à mon avis, ce qui mérite de l'être.
07:32Oui, à l'Assemblée nationale, le 6 mars 2024, il y avait eu également cette proposition de loi pour reconnaître et réparer les préjudices subis par les personnes homosexuelles
07:42du fait des lois discriminatoires en vigueur entre 42 et 82, mariage pour tous, IVG. Est-ce qu'aujourd'hui, Aurore Berger, la société n'est-elle pas trop fracturée sur ces thématiques-là pour continuer à avancer ?
07:56Je crois pas. Je crois que l'opinion publique, elle est très claire. Je crois que l'opinion publique française est très claire sur le soutien, justement, qu'on doit à toutes les femmes pour leur droit,
08:06pour le respect de leurs droits et leur liberté. Sinon, on n'aurait pas réussi la constitutionnalisation de l'IVG si on n'avait pas eu ce soutien massif des Français et des Françaises,
08:15de l'opinion publique, des associations, des hommes et des femmes qui se sont battus pour cela. Et je crois que c'est pareil pour des droits qui sont essentiels,
08:22que ce soit le mariage pour tous, que ce soit l'adoption ouverte couple de même sexe, que ce soit la PMA pour toutes les femmes. Voyez bien que les voix sont aujourd'hui
08:30extrêmement minoritaires pour revenir en arrière, voire même que des voix se sont eues qui s'exprimaient sur ces questions-là et qui aujourd'hui se disent que, en fait, c'est un combat
08:39que nous, nous avons réussi à gagner parce que c'est une voie de progrès et une voie d'émancipation.
08:44Merci, Aurore Berger, ministre déléguée à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations d'avoir été en direct avec nous sur BFM2 ce soir
08:55avec les moyens techniques de Camille Fournier avec ce 50e anniversaire de la promulgation de la loi veille que l'on célèbre aujourd'hui en ce 17 janvier 2025.
09:07Merci d'être avec nous sur BFM2, restez bien chez nous. Un nouveau direct à suivre dans quelques instants.

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