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00:00Bonjour Charlotte Dornelas. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:03Avec nous sur Europe 1 comme tous les jeudis, Charlotte, vous nous parlez ce matin de l'Algérie
00:07qui n'en finit plus de s'inviter dans l'actualité, en particulier dans celle de Bruno Retailleau,
00:11le ministre de l'Intérieur, qui appelle cette semaine à normaliser les relations avec Alger.
00:16Qu'est-ce qu'il veut dire ?
00:17Il relève le fond du problème par cette seule phrase.
00:20Notre relation n'est pas normale, nous ne traitons pas avec l'Algérie comme avec n'importe quel autre pays,
00:26alors même que la passion entre nos deux pays, passion négative en l'occurrence,
00:29relève d'une guerre de décolonisation et donc de prise d'indépendance.
00:34Actons là et parlons-nous d'égal à égal 60 ans après, ça ne semble pas trop rapide.
00:39Nous avons avec l'Algérie le même rapport biaisé, parfois et en réalité parfaitement condescendant,
00:44qu'avec les jeunes issus de l'immigration.
00:46Nous prétendons vouloir l'égalité et nous leur trouvons toutes les excuses
00:50que nous ne trouverions certainement pas à nos propres enfants.
00:53En effet, l'Algérie est un pays libre, indépendant et souverain.
00:57Cessons de pleurer du matin au soir et laissons-les imposer leur récit en Algérie,
01:01c'est leur droit le plus strict.
01:02Le nôtre est de le contrer en France, par justice élémentaire pour les Français.
01:07Tous les Français.
01:09Ceux qui sont entre deux rives et à qui nous devons marteler les raisons qu'ils ont d'aimer la France
01:13et ceux dont les origines sont françaises et qui ont eux aussi le droit d'être fiers.
01:18Que l'Algérie revendique sa fierté est normal,
01:20que la France revendique celle de l'Algérie les beaucoup moins.
01:24C'est ça, avoir une relation normale.
01:26L'Algérie est un pays avec une économie, une politique migratoire,
01:29une politique commerciale, une politique sécuritaire.
01:32Elle a des intérêts, nous aussi.
01:33Trouvons des accords et défendons nos intérêts quand il n'y en a pas.
01:36Alors Bruno Retailleau appelle d'ailleurs à revoir tous les dossiers
01:39pour instaurer un rapport de force dans lequel la France ne se laisserait pas malmener.
01:47Vous avez des exemples pertinents à nous proposer ?
01:49Le sujet traité cette semaine par l'Opinion est très éclairant.
01:52Le journal révèle en effet que les factures laissées par des patients algériens
01:55aux hôpitaux publics seraient de quasiment 45 millions d'euros.
01:59Pourquoi ? Parce que la France rend l'accès aux soins inconditionnels
02:02et que certains Algériens en visa touristique ou diplomatique
02:06le savent très bien et parfois en profitent.
02:09D'ailleurs l'ancien directeur de la PHP, Martin Hirsch, précise qu'en 2016,
02:13quand la dette était déjà de 20 millions,
02:15Alger avait tout simplement répondu qu'il appartenait à la France
02:18de refuser les patients qui ne sont pas pris en charge.
02:21La France le sait mais demeure inflexible sur son principe
02:24sans voir qu'il finit par peser de manière injuste
02:26sur les Français qui assistent eux, impuissants,
02:29au délitement de leur hôpital, de leur accès aux soins et de leur inconditionnalité,
02:33malgré leur contribution financière en constante augmentation.
02:37Il ne s'agit pas d'être méchant, inhumain ou revanchard, mais lucide et humble.
02:41En hurlant justice et égalité, nous générons l'injustice au sein de notre propre pays.
02:46C'est exactement ce qui est dit également sur le terrain migratoire
02:49par ceux qui veulent remettre en cause les accords de 1968.
02:53Bruno Retailleau en fait partie d'ailleurs.
02:56Là encore, nous avons parfois un rapport au passé assez difficile à suivre.
02:59Il faudrait s'émanciper de mœurs centenaires pour en admirer d'autres,
03:03déboulonner mille ans d'histoire pour accéder à la modernité,
03:06bafouer nos traditions héritées pour enfin trouver la liberté.
03:10Tout passé devrait être dépassé, en mouvement, remis en cause.
03:13Sauf pour se noyer dans les pages sombres, ou volontairement assombris,
03:18ou sauver un accord circonstanciel signé dans un contexte
03:22qui n'a absolument rien à voir avec celui d'aujourd'hui.
03:25Peut-être faudrait-il également retrouver une relation normale au passé,
03:29conserver ce qui fait l'âme d'un pays, protéger un héritage,
03:32perpétuer ce qui mérite de l'être et adapter le reste
03:34à une situation qui n'a plus rien de comparable et qui mérite un ajournement.
03:38Or en 2025, les Français veulent restreindre l'immigration
03:41pour des raisons économiques, sécuritaires ou tout simplement culturelles,
03:45car le nombre pèse sur l'harmonie nationale.
03:48Pouvons-nous continuer à l'ignorer, en particulier avec un pays dont le gouvernement
03:52choisit en retour l'arme de l'humiliation et de l'insulte ?
03:55La réponse semble tellement évidente que la question devient presque indécente.
03:59Signature Europe 1, Charlotte Dornelas. Merci beaucoup Charlotte.