• il y a 2 mois

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00:00Et il est encore stéphanois pour quelques jours avant de partir à Toulouse, le procureur de la République de Saint-Etienne est notre invité, Louis Stohmann.
00:06Bonjour David Charmatz.
00:07Bonjour madame.
00:08Vous êtes arrivé chez nous en 2018, ça fait quasiment 7 ans que vous êtes stéphanois.
00:13Est-ce que la juridiction de Saint-Etienne est particulière ? Est-ce que c'était différent de Narbonne où vous étiez avant ?
00:19Ah bien sûr, c'était d'abord par sa dimension, par le ressort beaucoup plus étendu avec 4 fois plus d'habitants,
00:26avec donc des problématiques sans commune mesure.
00:30Narbonne a certaines difficultés, notamment le trafic de stupéfiants puisque c'est sur l'axe Espagne-France,
00:37donc des particularités, la côte, le tourisme, bien évidemment l'alcool comme dans toute la France.
00:43Il n'y a pas ces problématiques-là à Saint-Etienne ?
00:45Il n'y a pas le trafic international de stupéfiants, même si on est bien évidemment touché par le trafic de stupéfiants,
00:51mais pas de la même façon pour les mêmes quantités en tout cas que dans Narbonne.
00:54Mais avec en revanche un milieu trafiquant beaucoup plus important et puis une délinquance urbaine.
00:59Saint-Etienne, on ne se rend pas compte quand on n'y habite pas, mais c'est une métropole de plus de 400 000 habitants,
01:05donc c'est une délinquance particulièrement urbaine avec tout ce qu'on connaît de la délinquance urbaine,
01:10la violence, les phénomènes de trafic, l'alcool, les stupéfiants, les violences intrafamiliales bien évidemment.
01:18Cette délinquance que vous évoquez, est-ce qu'elle a évolué au cours de votre poste ici ?
01:26On a constaté bien évidemment la même évolution que peuvent lire nos concitoyens dans les médias
01:32ou l'entendre dans les médias audio comme le vôtre.
01:36Bien évidemment, quand je suis arrivé à Saint-Etienne, la priorité des comparutions immédiates,
01:40cette justice rapide, immédiate justement, pour répondre à une délinquance grave, c'était les vols par effraction, pour l'essentiel.
01:48C'était ça la priorité de l'action publique.
01:50Aujourd'hui, c'est d'abord les atteintes aux personnes, les violences, notamment les violences conjugales.
01:56C'est aussi le trafic de stupéfiants, mais je dirais que la plus grande évolution, c'est l'émergence d'une violence diffuse de plus en plus importante.
02:04C'est quel type de violence alors ?
02:06Alors c'est de la violence gratuite, c'est-à-dire, on distingue deux types de violences.
02:10Des atteintes aux personnes qui sont liées à l'appréhension d'un objet, d'un vol.
02:15Et on a eu des phénomènes aussi d'arrachage de collier, de vol avec violence.
02:19Donc ça, ça existe bien évidemment.
02:21On a des violences qui sont urbaines.
02:23On a connu les épisodes 2023 où là c'est différent.
02:25Les émeutes pendant l'été.
02:26Les émeutes, et puis la prédation, du pillage, etc.
02:29Et puis on a les violences, je dirais, du quotidien qui sont malheureusement celles de la rue.
02:34Et puis qui sont, pour beaucoup, plus de 50% des comparutions immédiates pour des faits de violence
02:38touchent l'intime, c'est-à-dire la sphère familiale.
02:41C'est des violences en réalité conjugales à 50% qui passent en comparution immédiate
02:46parce qu'elles sont d'une particulière gravité
02:48ou parce que les antécédents du mis en cause méritent une sanction ferme et immédiate.
02:55Et justement parmi les évolutions que vous avez connues,
02:57il y a eu en 2024 la mise en place du pôle vif pour violences intra-familiales
03:02avec en plus, depuis le mois de novembre, des audiences dédiées spécifiquement à ce genre de fait.
03:08C'était nécessaire de mettre en place un pôle spécifique, des audiences spécifiques
03:13pour gérer les violences conjugales et les violences intra-familiales ?
03:16Alors je n'étais pas convaincu au départ de cette nécessité
03:19et finalement l'outil a créé des effets très positifs.
03:23D'abord parce que ça nous oblige à nous réunir plus que nous ne le faisions auparavant,
03:28à mettre en synergie tous les services du tribunal
03:31et puis bien évidemment au-delà du tribunal, tous les partenaires.
03:34Alors ce pôle vif, oui, a eu des effets très favorables.
03:38D'abord parce que ça a permis de mettre à plat tout ce qu'on faisait,
03:41tout ce qu'on avait initié, des initiatives intéressantes.
03:44Le contrôle judiciaire dédié aux auteurs de violences conjugales
03:47avec l'association de la sauvegarde et SOS
03:49qui contrôlait particulièrement ces gens-là de façon très spécifique.
03:52Le contrôle judiciaire avec placement probatoire
03:54que nous avons été une des dix juridictions de France
03:57à expérimenter à Saint-Etienne avec un lieu de placement pour les maris violents.
04:02Donc là aussi des éléments positifs.
04:04Et puis vous l'avez évoqué, la création du pôle nous a conduit
04:07à aller regarder ce qui se passait aussi ailleurs.
04:09Et donc nous sommes allés à Rouen voir comment nos collègues
04:12avaient des audiences dédiées aux violences conjugales
04:14et nous avons entre guillemets copié ce dispositif
04:17qui nous paraît intéressant et qu'en tout cas nous allons évaluer.
04:20Et cette évaluation, elle arrivera là prochainement ?
04:22Il faut laisser du temps, la première audience a eu lieu en décembre
04:25donc il faut laisser quelques mois pour voir comment ça se passe.
04:27Nous en avons une par mois.
04:28Nous ne jugeons pas tous les délits de violences conjugales à ces audiences-là.
04:32Nous jugeons à ces audiences-là les délits,
04:35non pas les plus graves qui passent en comparution immédiate
04:37mais je dirais le niveau juste en dessous
04:39où les personnes parfois ont été placées sous contrôle judiciaire
04:41et où les situations méritent du temps.
04:44Et donc on prend ce temps-là dans ces audiences-là.
04:47Pour finir, j'avais une petite anecdote.
04:49Vous avez un point commun avec Anne Gage qui va prendre votre suite.
04:54Est-ce que vous savez lequel ?
04:56Outre le fait que vous êtes procureur de la République tous les deux, évidemment.
04:59Un des points communs, c'est la proximité de la danse, je crois.
05:05Dans ce cas, vous en avez deux, figurez-vous.
05:07Puisque vous, vous êtes né à Chambéry et elle, elle arrive d'Alberville.
05:12Donc Savoyard aussi, c'est un point commun entre vous deux.
05:15Voilà pour l'anecdote.
05:16Mais je me demandais, est-ce que vous avez un mot pour elle, un conseil ?
05:20Quelles doivent être ses priorités, elle qui arrive à Saint-Étienne le 1er février ?
05:24Deux conseils, je me garderai de lui en donner parce que c'est une professionnelle
05:28et elle sait parfaitement ce qui l'attend à Saint-Étienne.
05:32Elle a fait le choix de cette direction comme je l'ai fait moi-même il y a 7 ans.
05:36Et donc c'est avec enthousiasme qu'elle arrive, je la connais.
05:39J'ai beaucoup de respect pour celle qui va prendre la place de procureure de la République à Saint-Étienne.
05:43Je suis à titre personnel très heureux que ce soit elle et que ce soit une femme aussi qui me succède.
05:48Moi je trouve que cette alternance est importante.
05:51On gère des équipes, parfois de façon différemment.
05:53Et un autre regard sera très important pour ce parquet et pour ce tribunal.
05:57Merci David Charmatz.
05:59Encore quelques jours, procureur de la République de Saint-Étienne.
06:03Merci d'être passé dans les studios d'ici Saint-Étienne lors ce matin.
06:05Bonne journée.
06:06Merci madame.

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