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Grand témoin : Cécile Duflot, Directrice générale d'Oxfam France

GRAND DÉBAT / Lutte contre le réchauffement climatique : le monde peut-il faire sans Donald Trump ?

« Le récap » par Thibault Hénocque

Tout juste investi, le Président américain Donald Trump a signé un décret actant le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris de 2015 sur le climat. Le milliardaire n'en est pas à son premier essai puisqu'il s'était empressé de retirer la puissance états-unienne de cet accord en 2017 lors de son premier mandat. Son successeur Joe Biden avait réintégré le pays en 2020. Alors que le réchauffement global a atteint les +1,5°C, le deuxième pollueur mondial et premier producteur de pétrole entame un retour en arrière industriel aux répercussions économiques et écologiques qui préoccupent le reste du monde. En réponse à cette déclaration, la Chine s'est présentée en leader des énergies renouvelables aux autres pays signataires. La politique climato-sceptique de Donald Trump bénéficiera-t-elle à l'exportation des énergies renouvelables chinoises, au détriment des pays européens ?

Invités :
- Marie Toussaint, eurodéputée écologiste,
- Thomas Pellerin-Carlin, eurodéputé « Place publique »,
- Sébastien Treyer, directeur général de l'IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales),
- Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat.

GRAND ENTRETIEN / Cécile Duflot : rapport d'Oxfam, ces milliardaires qui gouvernent le monde...

En marge du forum économique organisé à Davos, l'Organisation Non Gouvernementale Oxfam a publié un rapport exposant les inégalités mondiales. Ancienne ministre et cheffe d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot dénonce l'enrichissement des plus fortunés, moins taxés que la majorité des Français. Dans le rapport « L'art de prendre sans entreprendre », il est calculé que les 50 milliards d'économies recherchés par le gouvernement français pour le budget de 2025 pourrait être comblé par seulement 10% de la fortune cumulée des milliardaires français. La taxation des plus riches est-elle la solution pour réduire les inégalités ?

Grande invitée : Cécile Duflot, Directrice générale d'Oxfam France

LA QUESTION QUI FÂCHE / Faut-il réduire les vacances scolaires ?

Invités :
- Rodrigo Arenas, député LFI de Paris, ancien Président de la FCPE,
- Benjamin Amar, professeur d'histoire-géographie, dirigeant de la CGT Val-de-Marne.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00Bonsoir et bienvenue dans sa Vourgarde, heureuse de vous retrouver, bonsoir Cécile Duflo.
00:10Bonsoir.
00:11Et merci d'être notre grand témoin pour évoquer ce soir le nouveau rapport d'Oxfam.
00:15L'ONG que vous dirigez, rapport sur les inégalités mondiales face aux multimilliardaires dont
00:21la fortune a bondi en 2024 avec désormais Essai Novo.
00:25On va y revenir, une ingérence directe dans nos démocraties.
00:28Elon Musk en est l'incarnation, on y revient tout à l'heure, longuement, dans la deuxième
00:32partie.
00:33Mais d'abord, quel garde-fou pour le climat ? On va s'arrêter ce soir sur les conséquences
00:38du retrait américain de l'accord de Paris.
00:40Doit-on craindre un effet contagion après la décision de Donald Trump ? La Chine, l'Europe,
00:46peuvent-elles maintenir à flot la coopération mondiale pour le climat ? C'est notre grand
00:51débat dans un instant.
00:52Enfin, la question qui fâche ce soir, faut-il raccourcir les vacances d'été des élèves
00:58français ? La ministre de l'Éducation, Elisabeth Borne, relance le débat tir croisé
01:02avec nos chroniqueurs à la fin de cette émission.
01:05Voilà pour le sommaire.
01:06On y va, Cécile Duflo ?
01:07On y va.
01:08Ça vous regarde.
01:09Ça commence tout de suite.
01:10Comme il y a huit ans, il l'a à nouveau qualifié d'escroquerie.
01:27C'est fini, aux Etats-Unis, c'est l'un des décrets phares de Donald Trump.
01:31On va s'arrêter donc ce soir sur les conséquences de ce retrait américain, mais à peine annoncée
01:35une petite raison d'espérer ce soir, le milliardaire américain Michael Bloomberg s'engage à prendre
01:40en charge toute contribution américaine impayée sur le climat.
01:44Alors, est-ce que ça veut dire que le reste du monde a les capacités, les moyens de résister
01:49aux attaques climatiques de Trump ? Bonsoir, Marie Toussaint.
01:53Bonsoir.
01:54Bienvenue.
01:55Vous êtes eurodéputé écologiste.
01:56Bonsoir, Thomas Pellerin-Carlin.
01:57Bonsoir.
01:58Ravie de vous avoir, député place publique, eurodéputé également spécialiste des questions
02:05énergétiques.
02:06Bonsoir, Anne Bringo.
02:07Bonsoir.
02:08Bienvenue, directrice des programmes du réseau d'association Action Climat.
02:10Et bonsoir, Sébastien Treyer.
02:12Bonsoir.
02:13Directeur général de l'IDRI, c'est l'Institut du développement durable et des relations
02:17internationales.
02:18Avant de vous entendre, le climat, façon Trump.
02:21C'est dans le récap de Thibaut Hénocq.
02:24Bonsoir, Thibaut.
02:25Bonsoir, Myriam.
02:26Bonsoir à tous.
02:27Donald Trump enterre donc la lutte contre le dérèglement climatique.
02:40Oui, à l'heure où la Californie continue de brûler 20 000 hectares partis en fumée.
02:45Et bien lundi, à Washington, dans un contraste édifiant, Donald Trump peut décider, lui,
02:50de jeter du pétrole sur les braises.
02:52Je vais déclarer une urgence énergétique nationale.
02:57Nous allons fourrer à tout va.
03:02Un slogan qui traduit la volonté du président américain d'aller chercher les énergies
03:07fossiles partout où elles se trouvent, plus sur des terres protégées.
03:11Objectif, 3 millions de barils de pétrole en plus par jour d'ici 2028, soit une hausse
03:16de 25% de la production pétrolière américaine.
03:19Elle devrait passer en premier lieu par des puits de pétrole de schiste.
03:23Tant pis pour la nature, l'objectif est autre, la prospérité à tout prix.
03:27Nous redeviendrons une nation riche et c'est cet or liquide sous nos pieds qui nous y
03:35aidera.
03:36Grâce à mes actions d'aujourd'hui, nous mettrons fin au Green New Deal.
03:40Une politique de la terre brûlée, écologique à grands coûts, de décret d'annulation
03:46Exit donc le Green New Deal de Biden et ses aides fédérales aux énergies renouvelables.
03:50Arrow sur l'éolien en particulier.
03:53En mer, fini aussi les incitations à l'achat de véhicules électriques, réévoqué le
03:58décret démocrate obligeant l'industrie automobile à ne plus produire que 25% de véhicules
04:03thermiques.
04:04En 2030, vous pourrez acheter la voiture que vous voulez, a lancé Donald Trump.
04:08Une philosophie, la liberté contre l'écologie que les décrets du nouveau président, pris
04:13lundi, déclinent dans un étonnant inventaire.
04:16Regardez, la politique des Etats-Unis sauvegarde la liberté des Américains de choisir une
04:21variété de produits dont les ampoules, les machines à laver, les lave-vaisselles, les
04:26cuisinières à gaz, les radiateurs et les pommeaux de douche.
04:31Cela pourrait prêter à rire si ces coups de stylo raturant toute ambition climatique
04:35n'étaient pas si destructeurs, le plus grave étant celui-ci, la sortie de l'accord de
04:40Paris sur le climat.
04:42Cette lettre sera transmise aux Nations Unies pour expliquer que nous nous retirons des
04:47accords de Paris sur le climat.
04:55Alors Thibault, quelles conséquences ?
04:56Essentiellement négatives, évidemment, d'après une projection, la politique de Trump pourrait
05:01mener à 4 milliards d'émissions de CO2 en plus dans les 5 prochaines années et éloigner
05:06encore davantage les Etats-Unis de leur objectif de neutralité carbone en 2050.
05:12Rappelons que les essais contre le deuxième pollueur mondial derrière la Chine sont environ
05:1711% des émissions de gaz à effet de serre.
05:20Alors, leur sortie des accords de Paris fait craindre un effet domino.
05:23Y aura-t-il une baisse des objectifs de certains pays signataires, objectif qui doit être
05:28réactualisé à la fin de l'année lors de la COP30 ?
05:31Eh bien, le président de cette COP s'en inquiète.
05:34Cela aura un impact significatif sur la COP et la manière dont nous allons devoir gérer
05:40le fait qu'un pays aussi important sorte de ce processus.
05:43Alors, comment espérer dans ces conditions ? Eh bien, en misant peut-être sur un sursaut
05:49des autres pays, des pays pour qui l'énergie verte n'est pas un fardeau, contrairement
05:54à la vision de Donald Trump, mais une opportunité et un facteur de croissance.
05:58Eh bien, on est là pour en débattre.
05:59Merci pour ce récap, très complet ce soir, Thibault.
06:02Marie Bringo, pour se figurer les choses, plus 4 milliards d'émissions de CO2 dans
06:06les cinq prochaines années, selon les premières projections, c'est un tsunami de pétrole
06:11et de gaz.
06:12Concrètement, ça veut dire quoi, concrètement ? Les effets pour qui, en premier ?
06:15Ce sont les émissions, c'est l'équivalent des émissions en un an de toute l'Europe,
06:21plus du Japon.
06:22Donc, c'est vraiment considérable et ces émissions en plus, eh bien, c'est des impacts.
06:26On voit les incendies actuellement en Californie, ils sont plus intenses parce qu'on a plus
06:31de sécheresse, on a plus de sécheresse parce qu'on a le changement climatique.
06:34On peut dire que les Américains eux-mêmes vont être les premières victimes de cette
06:37émission ?
06:38Ce sont parmi les premières victimes, soit par ces incendies, soit par des sécheresses
06:41qui ont touché aussi beaucoup de régions, ou par des ouragans également plus intenses,
06:46ouragans qui comptent des dizaines de milliards déjà aux Etats-Unis, donc ça va coûter
06:51encore plus cher et donc finalement, voilà, on a une politique économique qui va avoir
06:56des impacts catastrophiques, y compris sur les électeurs de Donald Trump.
06:59Le forage, à tout va, ça aussi, c'est catastrophique, pourquoi ?
07:02C'est catastrophique, effectivement, alors déjà, effectivement, sur les émissions
07:06de gaz à effet de serre, je pense qu'il faut se poser la question de pourquoi, pourquoi
07:09il défend tout ça ? Et on le sait, pourquoi ? C'est parce que sa campagne a été financée
07:14à hauteur de 229 millions de dollars, 229 millions de dollars, par des entreprises du
07:21pétrole et du gaz fossile.
07:23Ce sont des montants considérables, qu'est-ce que veut Donald Trump ?
07:26Donc, il est tenu à faire ce que ses entreprises attendent de lui, c'est-à-dire libérer, supprimer
07:32toutes les règles environnementales pour relancer complètement l'exploitation de pétrole
07:37et de gaz.
07:38Les Etats-Unis, c'est le premier pays producteur de pétrole au monde et c'est le premier
07:43pays producteur de gaz fossile au monde, c'est énorme, il veut le développer plus, donc
07:47les premiers décrets qu'il a pris, vous le disiez, c'est pour libérer la production
07:52d'énergie, pour les Américains, faire baisser les prix, les règles environnementales, c'est
07:57de l'idéologie.
07:58D'ailleurs, techniquement, il ne peut pas sortir tout de suite, il s'en fiche, il faut
08:02un an, je crois.
08:03Pour l'accord de Paris, oui, mais juste sur les décrets, à côté de ça, il prend un
08:06décret pour arrêter, par contre, l'éolien offshore, donc l'éolien en mer, et là, pour
08:11le coup, on n'a pas besoin de développer toutes les énergies possibles, c'est assez
08:14étonnant, et là, pour le coup, attention, les poissons, quand même, il faut y faire
08:17attention.
08:18Donc, derrière, ce n'est pas finalement des convictions qu'il a, c'est purement des
08:23financements et des intérêts privés.
08:26Sur l'accord de Paris, effectivement, au niveau international, ça va avoir des impacts.
08:30Les Etats-Unis rejoignent trois pays qui ne sont pas dans l'accord de Paris, l'Iran,
08:35le Yémen, la Libye, drôle d'ami, et effectivement, ça peut freiner l'action si des pays comme
08:42l'Europe ou la Chine ne prennent pas le lit sur ces négociations.
08:46On y vient, sur l'Europe, est-ce qu'on peut espérer un sursaut des autres pays ? Marie
08:50Toussaint, vous avez pris la température de vos collègues européens puisque vous
08:53revenez de Strasbourg, tous les deux, d'ailleurs, le climato-scepticisme gagne du terrain ou
08:59pas ?
09:00Oui, c'est une évidence.
09:01Et je pense que c'est ça qui est terrible, c'est qu'on pourrait se dire, simplement,
09:05avec une forme de naïveté, bon, c'est les Etats-Unis, donc nous, on va agir plus et
09:09de toute façon, on sera au-dessus.
09:11Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai, quelque part, Trump et son ami Musk ont déjà contaminé
09:16l'idéologie européenne.
09:17Avec les résultats des dernières élections ?
09:20Aussi, bien sûr, avec cette avancée des extrêmes-droites qui compte pour un tiers
09:25de l'hémicycle aujourd'hui, trois groupes différents, mais aussi une droite plus traditionnelle
09:30qui revient avec comme programme d'abattre toutes les réglementations environnementales.
09:34Et donc, d'un côté, on a Donald Trump qui dit, je sors de l'accord de Paris pour le
09:38climat et je désigne Musk comme étant le ministre en charge de la dérégulation, de
09:43la déréglementation pour vraiment que ce gouvernement fonctionne mieux, et du côté
09:48de l'Europe ou de la France, et je veux en dire un mot aussi, on a une Europe qui dit,
09:53bon, la décarbonation, quand même, c'est important, mais alors la biodiversité, ce
09:56n'est pas grave, le changement de modèle agricole, ce n'est pas grave, on va retarder
09:58les textes sur la déforestation, et puis, donc ça, d'une part, et d'autre part, qui
10:02dit, mais en fait, il faut vraiment déréguler, il faut les supprimer, toutes ces normes qui
10:06nous enquiquinent.
10:07Ça, c'est le pacte vert européen qui a déjà été un peu vidé de sa substance
10:10après la colère des agriculteurs.
10:11C'est un pacte qui est sous attaque et on a entendu, cette semaine, le gouvernement
10:14français, parce que je veux dire aussi à celles et ceux qui nous écoutent que nous
10:17ne sommes pas à l'abri de cette dynamique politique extrêmement profonde.
10:20On a le gouvernement français qui, cette semaine, nous a dit que ces normes qui posaient
10:23sur les entreprises pour protéger la nature et la santé, eh bien, c'était un véritable
10:28enfer, le terme est fort, on a eu aujourd'hui le ministre de l'économie qui est supposé
10:33pourtant être un petit peu de gauche, mais qui nous annonce qu'on va suspendre les réglementations
10:39qui s'imposent aux multinationales, le temps de les simplifier, en gros, de les détruire.
10:44Et donc, on est dans cette dynamique-là où, finalement, on veut détruire toutes
10:47ces normes qui protègent les populations, qui protègent le climat, qui protègent
10:50la biodiversité et dont nous avons impérativement besoin.
10:53Thomas Pellerin, Carlin, en 2016, il y a huit ans, il n'y avait pas eu d'effet domino.
10:58Et ça, c'était remarquable.
10:59Et même aux Etats-Unis, on va en parler, les entreprises n'avaient pas forcément
11:03suivi Trump et avaient continué d'investir dans les renouvelables.
11:08Aujourd'hui, on parle de l'Argentin Millei, qui pourrait sortir.
11:11On parle aussi du Venezuela, de la Russie.
11:13Vous y croyez ?
11:17L'important à comprendre, c'est aussi l'évolution de Trump par rapport à son premier mandat.
11:20Vous avez évoqué la question de l'éolien en mer et c'est un changement intéressant.
11:23Pendant le premier mandat de Trump, Trump soutenait les énergies éoliennes en mer,
11:28puisque c'est des énergies qui renforcent la souveraineté nationale et c'est des énergies
11:31qui produisent de l'électricité à très bas coût.
11:34Et là, il y a eu vraiment un changement purement idéologique de Donald Trump,
11:39qui, se rendant compte que c'est intéressant économiquement de développer des éoliennes en mer,
11:43a décidé de l'interdire, tout simplement aux Etats-Unis.
11:47Et donc là-dessus, on est sur un choix de Trump où il se tire une balle dans le pied
11:52d'un point de vue économique, par haine de l'écologie.
11:55Parce qu'il aurait des intérêts économiques à continuer à décarboner via l'éolien en mer ?
12:01Complètement.
12:02On va y revenir. Sur l'effet domino, vous ne m'avez pas répondu.
12:04Sur l'effet domino, moi j'ai du mal à y croire, il faudrait des chefs d'État suffisamment stupides,
12:09ou en tout cas d'un niveau de stupidité similaire à celui de Donald Trump,
12:12pour vouloir se tirer des balles dans le pied d'un point de vue économique.
12:14Viktor Orban en Europe, par exemple ?
12:15Viktor Orban, par exemple, il y a beaucoup plus de panneaux solaires.
12:18Aujourd'hui, 25% de l'électricité produite en Hongrie vient du soleil.
12:23Donc Viktor Orban, avec lequel j'ai tous les désaccords du monde,
12:26ne se tire pas des balles dans le pied, d'un point de vue économique, par haine de l'écologie.
12:32Là, Hongrie, avec tous les défauts de ce pays-là,
12:34est un des plus grands producteurs de batteries en Europe,
12:36et un des pays qui a le plus développé l'énergie solaire.
12:40L'Italie de Mélanie, qui était présente à Washington, non plus ?
12:43Là aussi, l'Italie, un pays qui a beaucoup développé les énergies solaires et éoliennes.
12:46Là, on est vraiment sur un cas qui, à ma connaissance, est un cas unique
12:49dans l'histoire de l'humanité, de quelqu'un dont la haine de l'environnement est telle
12:53qu'il est en train de s'aborder une partie de l'économie américaine,
12:56et notamment le système électrique américain,
12:58qui, plus que jamais, est sur le point de rencontrer des difficultés très importantes.
13:02Donc, c'est presque contre son propre intérêt économique,
13:06l'homme d'affaires Donald Trump, perdu sens des affaires.
13:10Sébastien Trier, aux Etats-Unis, que peut-il se passer ?
13:13Les industriels de l'économie verte, dans les énergies renouvelables, par exemple,
13:19ils ont intérêt à suivre le « drill baby drill » de Trump ?
13:25Ben non, je pense que je vais aller dans le même sens que Thomas Pellerin-Carlin.
13:29L'économie américaine n'a pas forcément intérêt à ce qui a été décidé par Donald Trump.
13:34Il a décidé, par exemple, de relancer le moratoire sur les terminaux de LNG,
13:39de liquéfaction de gaz, alors qu'en fait, il y a déjà une surcapacité de production
13:43par rapport à la demande mondiale.
13:44Donc, en fait, il y a des choix économiques qui ne sont pas raisonnables.
13:47Ça veut dire que s'ils produisent encore plus de gaz non liquéfiés,
13:51les prix vont baisser, et ça, ce sera contre l'intérêt de l'économie américaine.
13:54Il y a quelque chose de pas raisonnable, effectivement, dans le mécanisme que vous venez de décrire,
13:58et de la même manière, peut-être à plus moyen terme,
14:01mais l'idée de produire toujours plus de pétrole,
14:03alors que la Chine vient d'avoir son pic de consommation de pétrole,
14:06probablement d'après ce que dit l'agence internationale de l'énergie,
14:10c'est quand même de ne pas penser à l'avenir des marchés de manière extrêmement logique.
14:15Et donc, moi, je pense que les secteurs des technologies décarbonées aux Etats-Unis
14:20ont tout à fait intérêt à faire entendre leur voix le plus possible
14:24pour continuer à rester dans la dynamique de l'économie.
14:27Donc, ça veut dire que les entreprises, comme en 2008,
14:29on est dans la prospective, pourraient continuer, c'est ça ?
14:32Pourraient continuer à investir et pas forcément obéir à cette nouvelle doxa trumpienne ?
14:37En fait, c'est comme un pays de libéralisme économique,
14:41c'est pas le gouvernement fédéral qui décide ce que les entreprises font,
14:43et les incitations en moins vont pas aider ce secteur-là,
14:47mais il y a plein de raisons économiques pour lesquelles ça va continuer à aller dans ce sens-là.
14:51Oui, j'ai lu qu'au Texas, par exemple, il y a du pétrole,
14:53mais il y a aussi énormément d'énergie verte.
14:55Tout à fait.
14:56Et donc, ce serait économiquement stupide d'arrêter.
14:59Donc, même là où il y a du pétrole.
15:00Et une partie de l'Inflation Reduction Act,
15:03donc du plan que Trump appelle mal le Green New Deal,
15:08qui était une proposition d'Alexandra Ocasio-Cortez.
15:11Donc, le plan IRA faisait des subventions à un certain nombre d'industries décarbonées
15:16que beaucoup de gouverneurs républicains dans un certain nombre d'États ont envie de garder.
15:19Et d'ailleurs, je pense que Trump peut pas les annuler du jour au lendemain.
15:22Et donc, il y aura quand même un soutien public à un certain nombre de ces industries-là.
15:25Un dernier point, si vous le permettez, sur l'efficacité énergétique.
15:29Vouloir laisser la liberté de choisir des chaudières à gaz,
15:34de ne pas chercher l'efficacité énergétique,
15:37c'est-à-dire qu'il vient d'annuler des ordres ou des incitations du gouvernement précédent
15:41sur meilleure efficacité énergétique.
15:44En fait, je ne vois pas en quoi c'est non plus aider les consommateurs américains
15:48dans une logique de pouvoir réduire les prix ou d'aider leur budget.
15:51Parce que les passoires thermiques, ça coûte cher.
15:54Et à terme, c'est une catastrophe pour le porte-monnaie des Américains.
15:57Cécile Duflo, votre intuition, on va assister à un immense retour en arrière.
16:02Est-ce qu'on est en train d'assister à un choc climatique mondial ?
16:05Ou au contraire, peut-être qu'il y aura un peu plus le pied sur le frein pour les normes, par exemple.
16:10Mais les autres pays mondiaux, la Chine, l'Europe, peuvent prendre le relais.
16:14Le choc climatique auquel on assiste, c'est celui de la réalité du changement climatique.
16:18Il y a quelque chose d'un peu fou à voir, ces décisions de Donald Trump en face des incendies de Los Angeles.
16:25Et on voit bien que c'est de l'auto-sabotage.
16:28Donc les dirigeants qui feront ça, comme Donald Trump, feront de l'auto-sabotage de leur propre population.
16:33Sur deux aspects.
16:34Le premier, c'est qu'évidemment, la gravité du changement climatique, elle est déjà là.
16:38Mais chaque petit bout de petit degré qu'on gagne évite d'autres catastrophes.
16:44Donc toute action est nécessaire.
16:46Mais qu'en plus, le coût de l'inaction climatique est beaucoup plus élevé que celui de l'action.
16:52Donc ça va coûter beaucoup plus cher au budget des Américains, à la vie du peuple américain.
16:59Et je pense qu'on va assister, à mon avis, à des résistances.
17:02Là, tout le monde est un peu en état de sidération.
17:04Comme on a pu le voir, d'un certain nombre de villes, y compris d'États, de populations et d'entreprises.
17:09Parce qu'en fait, le débat n'est pas idéologique sur le changement climatique, il est scientifique.
17:13Et la réalité, elle est brutale et brûlante.
17:16Et le milliardaire Michael Bloomberg, l'ancien maire de New York, qui dit ce soir
17:21« Je m'engage, je paierai toutes les contributions américaines impayées par Trump ».
17:26Il y a des milliardaires qui ont des vertus.
17:28Heureusement quand même, sinon ce serait vraiment triste.
17:31Je pense qu'ils ont déjà un cerveau.
17:32C'est-à-dire qu'en fait, aujourd'hui, il suffit de réfléchir, de regarder la réalité climatique
17:37et d'avoir simplement un tout petit peu de jugeote.
17:41Et c'est ça qui est intéressant, c'est que je pense qu'au-delà, après ce moment de communication de sidération,
17:46il y a déjà des communautés locales, des États, des entreprises...
17:50Donc la résistance s'organise, d'une certaine façon.
17:52Oui, mais parce que c'est la résistance qui est une question assez vitale,
17:57de savoir si on veut garder une planète habitable pour l'espèce humaine.
18:00Et les États-Unis sont assez menacés.
18:02Vagues de chaleur, vagues de froid...
18:04On va les voir en images.
18:05...s'échressent. La réalité aux États-Unis, elle est déjà très difficile.
18:09Justement, le principal objectif de l'accord de Paris, de contenir à un degré 5 le réchauffement de la planète,
18:15il est déjà obsolète.
18:16Incendie, sécheresse, cyclone.
18:17L'année 2024 a battu tous les records, particulièrement aux États-Unis.
18:21Tour d'horizon en images.
18:22Maëté Frémont.
18:30Depuis quelques heures, Los Angeles combat à nouveau les flammes.
18:34En seulement quelques semaines, la Californie fait face à son troisième incendie dévastateur,
18:40attisé par les vents, le faible taux d'humidité et la sécheresse.
18:452024 aura été la première année au-dessus du seuil de 1,5 de réchauffement
18:50par rapport à l'ère pré-industrielle,
18:53devenant ainsi la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850.
18:59L'année dernière, le chiffre dont nous disposons fait état d'un réchauffement d'un degré 55.
19:04Mais il y a des marges d'erreur, c'est la raison pour laquelle ce phénomène prend de l'importance.
19:11Une barre symbolique qui correspond à la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris,
19:16où l'objectif précis était de contenir le réchauffement bien en dessous de 2 degrés.
19:22Un record de chaleur également pour nos océans
19:25et des catastrophes naturelles qui se multiplient un peu partout dans le monde.
19:30Nous vivons un effondrement climatique.
19:33Les températures extrêmes, les incendies violents, les sécheresses et les inondations historiques
19:38ne sont pas des catastrophes naturelles, ce sont des catastrophes humaines.
19:43Un record de chaleur également pour nos océans.
19:46En décembre dernier, le cyclone Chido dévaste Mayotte,
19:50exacerbé par les eaux anormalement élevées dans cette zone de l'océan Indien.
19:55Le Brésil, la Bolivie, la Chine, l'Espagne, aucun pays n'est épargné par les inondations
20:01ou encore les glissements de terrain, comme ici en Inde,
20:05où le mercure est monté jusqu'à 50 degrés à l'ombre.
20:09L'urbanisation est à elle seule responsable à 60% de l'impact du changement climatique,
20:15comme ici les vagues de chaleur qui se produisent en Inde.
20:20Pour lutter contre le changement climatique,
20:23l'ONU-Climat pourrait bien devoir faire sans les 88 millions d'euros de contributions américaines,
20:29conséquence du retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris.
20:35Marie Toussaint, on sait déjà que les 1,5 degré, c'est mort, pour le dire simplement.
20:40Deux degrés, c'est encore atteignable sans les Américains,
20:43si toute l'économie suivait les injonctions climato-sceptiques de Trump.
20:48Où est-ce qu'on a les moyens, Europe, Chine, de prendre le relais et de parvenir aux objectifs ?
20:54Oui, peut-être pour mettre un peu d'optimisme dans notre discussion,
20:57mais bien sûr, on a les moyens de le faire.
20:59En fait, on sait comment faire et on sait ce qu'il faut faire.
21:02Il faut lever de l'argent, parfois avec de l'endettement,
21:05donc il faut accepter aussi qu'il y ait de la bonne dette qui prépare notre avenir.
21:08Et puis, on a des tas de solutions, l'agroécologie...
21:11Pour l'instant, celui qui lève de la dette, c'est plutôt Trump.
21:14Le rapport Draghi est resté lettre morte.
21:17Personne ne pense à emprunter massivement en Europe aujourd'hui.
21:20Ça s'agit de ce que je vous disais tout à l'heure,
21:22sur le fait de dire, attention, il n'y a pas que les Etats-Unis,
21:24et l'Europe, elle aussi, est en train de s'enfermer.
21:26Mais bien sûr, on peut changer les choses.
21:28Et c'est ça qui donne un petit peu d'espoir.
21:30Mais on prend l'exemple de l'Europe.
21:32On travaille chaque jour pour essayer de faire en sorte que l'Europe se dote d'une bonne trajectoire.
21:36On pourrait tout à fait se dire que l'Europe lève les quelques centaines de milliards nécessaires pour investir.
21:41On l'a fait pendant la crise du Covid.
21:43On peut tout à fait le faire pour le climat, qui est une urgence vitale et absolue.
21:46On peut se dire qu'on investit dans les énergies renouvelables.
21:48On peut se dire qu'on investit dans la souveraineté industrielle, économique, énergétique.
21:53Pour ne plus acheter du gaz américain.
21:55Et c'est aussi bon pour la paix et c'est bien sûr bon pour le pouvoir d'achat.
21:57Vous avez raison sur le gaz naturel américain.
21:59On ne peut plus acheter aux Russes et on se tourne vers les Américains.
22:01Et Ursula von der Leyen, elle a bien l'intention de dire,
22:04ne nous taxez pas, on échange, on achète le gaz.
22:06Elle a proposé à Donald Trump, avant même qu'il soit désigné,
22:08d'acheter de plus en plus de gaz naturel liquéfié.
22:10Je complète ce que disait Anne Bringo tout à l'heure.
22:12Le gaz naturel, le gaz de schiste américain,
22:14il vient par ailleurs souvent de territoires qui sont habités par des communautés afro-américaines,
22:18par des communautés latino ou amérindiennes.
22:20Et donc en plus de ça, avec une injustice qui est extrêmement profonde
22:24et qui reflète bien ce qu'est le dérèglement climatique,
22:26c'est-à-dire vraiment une emprise, une domination des modes de vie des plus riches
22:30sur celles des milliards de plus vulnérables.
22:33Mais cette situation-là, donc encore une fois...
22:36On n'en prend pas le chemin de la résistance pour l'instant.
22:38Non, mais on peut le faire.
22:40Et donc c'est important de le dire et c'est important de dire aussi qu'on peut se mobiliser,
22:43qu'on peut se mobiliser avec les syndicats, mais aussi avec les associations
22:47et avec les entreprises qui, de plus en plus nombreuses,
22:50sont là à dire, mais nous, nous allons poursuivre,
22:53nous allons poursuivre l'investissement, nous allons poursuivre l'innovation,
22:56nous allons poursuivre sur la défense des normes.
22:58Et donc c'est ça qui donne un petit peu d'espoir.
23:00C'est ça, parce que l'économie de demain, c'est l'économie décarbonée.
23:02Nous, Européens, on a besoin de changer de modèle énergétique.
23:06On a besoin d'arrêter d'être dépendants du gaz,
23:09quels qu'ils soient russes ou américains.
23:11On a les moyens de ça, franchement ?
23:13Oui, on a les moyens.
23:15Déjà, il faut regarder quelle est la situation aujourd'hui.
23:17Encore aujourd'hui, les deux tiers de l'énergie qu'on consomme,
23:20en Europe comme en France, ça vient des énergies fossiles,
23:22du pétrole et du gaz qu'on n'a pas chez nous.
23:24Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on a une évolution très positive
23:27depuis 2006 en particulier.
23:29Depuis 2006, on consomme moins d'énergie en Europe
23:32et on a désormais les énergies renouvelables
23:34qui sont données parmi les énergies les plus importantes.
23:36Si on regarde par exemple sur la production d'électricité,
23:39le charbon, c'était une des principales sources de production
23:42d'électricité dans l'Union Européenne.
23:44En 2024, c'est tombé au numéro 6.
23:47Grâce à quoi ? Grâce au solaire.
23:49Aujourd'hui, on a plus d'électricité en Europe qui vient du solaire
23:51que d'électricité qui vient du charbon.
23:53Et en France, on a le nucléaire.
23:55Et aussi grâce à l'éolien.
23:56Au niveau européen, le nucléaire reste premier,
23:58ce qui d'un point de vue climatique est une bonne chose.
24:00Après, le nucléaire a d'autres enjeux.
24:02Le deuxième, c'est l'éolien.
24:04Et le solaire est en train de monter.
24:06C'est désormais numéro 5.
24:08Et juste au-dessus, c'est l'hydroélectricité
24:10qui est une autre source d'énergie renouvelable qui est très intéressante.
24:12Et sur tout ça, c'est nous qui fabriquons ?
24:14On est quand même très dépendants des panneaux solaires chinois
24:16qui ont gagné cette bataille-là ?
24:18Sur les panneaux solaires, l'Union Européenne et l'Allemagne
24:20d'Angela Merkel ont choisi de détruire l'industrie solaire
24:22allemande et européenne.
24:24Mais ce qui a été détruit peut être reconstruit.
24:26Sur l'éolien, on reste les leaders mondiaux.
24:28Mais aujourd'hui, en France, on a Emmanuel Macron,
24:30président de la République, qui en 2014
24:32a abandonné la filière éolienne française Alstom Energy à l'époque
24:37aux Américains de General Electric.
24:39L'arrivée de Trump au pouvoir a un bon moment pour le reprendre
24:41et pour sauver les chantiers navals de Saint-Nazaire
24:43qui sont un fleuron de technologies éoliennes en mer.
24:47Je termine sur un point important.
24:49Aujourd'hui, on a la Pologne qui préside l'Union Européenne.
24:52On était au Parlement européen à écouter Donald Tusk,
24:54le Premier ministre polonais.
24:56Il a dit qu'il avait trois priorités.
24:58La sécurité, la sécurité et la sécurité.
25:01Comment est-ce qu'on assure la sécurité énergétique
25:03du continent européen ?
25:05Est-ce que Trump peut nous couper le gaz ?
25:07Oui.
25:08Est-ce que Poutine peut nous couper le gaz ?
25:10Oui, il l'a même déjà très largement fait
25:12et l'inflation qu'on connaît depuis 2021
25:14est très largement liée à Vladimir Poutine.
25:15Et on évite, je crois, quand même de lui acheter
25:17depuis l'invasion de l'Ukraine.
25:18Ah non, la France continue à acheter énormément
25:20de gaz naturel liquéfié russe.
25:21La moitié du gaz naturel liquéfié russe arrive en Europe
25:24et la France est un des premiers importateurs
25:26grâce à TotalEnergie.
25:27Donc il y a une hypocrisie là-dessus.
25:28Et le PDG de Novatec, Léonide Michelson,
25:31n'est toujours pas sanctionnée par l'Union européenne.
25:33Fermeture de la parenthèse.
25:35On ferme la parenthèse.
25:37Poutine, Trump peuvent empêcher le gaz d'arriver en Europe.
25:41Ils ne peuvent pas empêcher le vent de souffler à Cherbourg.
25:45Ils ne peuvent pas empêcher le soleil de briller à Toulouse.
25:47Donc si on est réellement patriote,
25:49on doit investir dans les seules sources d'énergie
25:51qu'on a véritablement chez nous,
25:53à savoir les énergies renouvelables,
25:55les énergies de la mer, le vent, le soleil.
25:57Alors ça, ça prend du temps.
25:59Il faut le faire, je crois que tout le monde est d'accord,
26:01mais il faut avoir des majorités, ce qui n'est pas gagné.
26:03Et puis ça prend du temps.
26:04En attendant, c'est la Chine qui nous vend des panneaux solaires
26:07et c'est la Chine qui nous vend des voitures électriques.
26:09On peut imaginer une nouvelle coopération pour le climat
26:12entre ces deux pôles-là, l'Europe, la Chine ?
26:14Alors oui, parce que ce sont deux pôles
26:16qui sont en train d'avancer assez vite.
26:19Il faut voir que Trump a une politique très réactionnaire.
26:21C'est finalement une politique de retour en arrière
26:23vers ces énergies fossiles
26:25qui étaient la source d'énergie principale
26:27il y a encore quelques années
26:29ou qui reste actuellement encore importante.
26:31Mais le changement, il est massif.
26:33Ce que disait Thomas Pélerin-Gardin,
26:35c'est qu'actuellement, en Europe,
26:37la production d'électricité par le solaire
26:39a dépassé la production d'électricité par le charbon.
26:42Qui aurait pu l'imaginer en si peu de temps ?
26:45On est passé de 39 % de production d'électricité par les fossiles
26:49à 29 % en cinq ans.
26:51On a économisé 59 milliards d'euros
26:55d'importation d'énergie fossile.
26:57C'est massif, c'est en route.
26:59En Chine, une voiture sur deux vendue neuve est électrique.
27:03Donc c'est quelque chose qui est en marche.
27:05Sur le véhicule électrique, l'Europe avait un peu de retard.
27:08Heureusement, c'est en train de se mettre en marche,
27:10surtout pour produire des petits véhicules électriques
27:13qui soient enfin accessibles aux consommateurs français et européens.
27:18On a maintenant des modèles qui commencent à arriver sur le marché.
27:22Ça se met en place, il ne faut pas reculer sur ces politiques.
27:25C'est comme ça qu'on va réussir à développer des industries de demain
27:29et à des coûts qui seront réellement abordables
27:32avec une souveraineté énergétique et industrielle qui nous préservera.
27:36Ce n'est pas une surprise si en Ukraine,
27:38actuellement, ce qui se développe, c'est le solaire et l'éolien.
27:41Un pays en guerre, on voit tout de suite qu'effectivement...
27:44L'espoir est permis.
27:46Vous partagez l'optimisme, Sébastien Treyer.
27:48On veut collaborer avec la Chine, qui est le leader mondial...
27:53C'est l'optimisme de la nécessité, c'est-à-dire qu'on est obligé d'y croire.
27:56Sans faire la guerre commerciale.
27:58Il y a des raisons d'y croire.
28:00Ce que je trouve important de dire, c'est que la Chine a tout intérêt
28:03à garder comme horizon de modernisation ou de modernité de l'économie.
28:07Vous disiez, l'économie de demain, c'est les technologies décarbonées.
28:10La Chine a intérêt à ça parce qu'elle est en surcapacité industrielle.
28:13Elle a beaucoup de capacités industrielles de production de batteries,
28:21de véhicules électriques, de panneaux photovoltaïques.
28:24Il faut qu'elle les écoule sur le marché mondial.
28:26Il faut que l'accord de Paris existe.
28:28J'essaie de ne pas porter l'argument moral,
28:30mais l'argument de l'intérêt économique de la Chine.
28:32L'Europe a un intérêt à sa sécurité énergétique.
28:34Entre les deux, il va falloir trouver des formes
28:36qui permettent la souveraineté industrielle de l'Europe.
28:39Ce n'est pas gagné, mais c'est absolument ce qu'on doit discuter.
28:42Qu'est-ce que vous faites pour faire tout ça
28:44avec la souveraineté industrielle de l'Europe ?
28:46Ça veut dire moins d'usines si on achète tout aux Chinois ?
28:48Non, ça se construit.
28:49Par exemple, une manière très simple de faire,
28:51c'est aujourd'hui, des entreprises chinoises
28:53qui viennent installer des usines de fabrication de batteries en Europe.
28:56D'accord.
28:57Là où c'est intéressant, c'est que ça crée des emplois européens.
28:59Elle se délocalise chez nous, c'est dans le Nord, par exemple.
29:02Dans le Nord, mais par exemple en Hongrie aussi
29:04et dans d'autres pays européens.
29:05Ce qui est intéressant aussi, c'est que la technologie chinoise
29:08est en avance sur la technologie européenne
29:10et que, eux, ils ont fait des investissements publics
29:12dans la recherche et l'innovation, ce que nous, malheureusement,
29:14nous avons fait de manière trop insuffisante.
29:16Une des choses qu'on peut faire, c'est de discuter avec les Chinois
29:18pour qu'il y ait un transfert de technologie.
29:20Ils peuvent accéder aux marchés européens,
29:22ils peuvent produire des batteries en Europe,
29:24mais en contrepartie, ils nous apprennent leur technologie,
29:26un peu comme on leur a appris ces technologies-là
29:28il y a une trentaine d'années.
29:29Là, c'est affront renversé.
29:30Affront renversé, si on veut,
29:32ou disons un retour d'ascenseur, pour le dire de manière plus positive,
29:36de manière à ce que nous, on puisse reconquérir
29:39cette souveraineté industrielle qu'on est en train de perdre.
29:42Je veux insister sur ça.
29:43Il faut quand même dire que c'est Xi Jinping,
29:45c'est quand même un État totalitaire,
29:47donc c'est la Chine qui deviendrait le nouvel allié de l'Europe
29:50pour réussir la bataille du climat ?
29:51Je vais m'inscrire un peu en faux, effectivement, avec ce qu'il dit,
29:52parce que ce qu'on voit, par ailleurs,
29:54c'est des entreprises chinoises qui viennent, qui s'installent,
29:56qui recrutent parfois leur propre personnel,
29:59que ce soit dans notre pays ou dans les pays d'Afrique, etc.,
30:02dans lesquels ils s'installent,
30:03et qui rapatrient leurs profits en Chine.
30:05Et donc, en fait, ça n'inonde que très peu le continent européen.
30:09Donc, ce dont on a besoin aujourd'hui,
30:11c'est vraiment d'investir dans la capacité de l'Europe
30:13à produire pour elle-même,
30:14mais que ce soit les batteries,
30:16mais aussi, on pourrait parler, par exemple, des médicaments,
30:18dont on manque, on n'arrête pas de parler de cette pénurie de médicaments,
30:21et du textile, pour mettre fin à Shaïne et compagnie.
30:25Et donc, on a besoin de travailler, d'investir dans cette souveraineté-là.
30:28Et je crois qu'on n'a jamais autant été devant une évidence
30:32que c'est celle que l'écologie,
30:34la diminution de la consommation de ressources,
30:36mais aussi la production sur place,
30:38ça veut dire plus de souveraineté,
30:40ça veut dire plus de liberté de choix,
30:41ça veut dire la protection du pouvoir d'achat,
30:43ça veut dire de l'emploi.
30:44Donc, c'est vraiment cette direction-là qu'il faut prendre aujourd'hui.
30:46Le vrai test, pour conclure,
30:48ce sera la COP 30, c'est ça ?
30:50Tout à fait, c'est une COP 30.
30:51On verra qui est dedans et qui est dehors.
30:52Elle va avoir lieu au Brésil,
30:54et donc, ça change la donne par rapport aux COP précédentes
30:56dans des pays qui étaient quand même plutôt en train de freiner.
31:00Et c'est l'année où tous les Etats doivent donner leurs nouvelles contributions,
31:04doivent dire qu'est-ce qu'ils vont faire pour le climat d'ici à 2035,
31:08et on va pouvoir additionner ces contributions
31:10pour voir justement si on arrive plus à 1,5 degrés, 2 degrés,
31:14ou au-delà.
31:15Et puis, il y a des enjeux de financement également extrêmement importants.
31:18Donc, ce chemin vers la COP 30,
31:20qui sera au moins novembre,
31:22il va être jalonné de différents points d'étape,
31:24et je pense que ce sera l'occasion de clarifier
31:26parce que ça va être un moment très important.
31:28Un mot de conclusion ?
31:30Le verre est à moitié plein, moitié vide.
31:32Un mot de conclusion qui est que c'est une aventure très intéressante
31:36pour l'espèce humaine,
31:37parce qu'en fait, c'est l'espèce humaine qui est concernée,
31:39de savoir si elle va être capable de passer au-dessus
31:43des égoïsmes de certains dirigeants
31:45pour des agendas très politiques, comme l'a dit Anne Bringo.
31:48Et je pense que l'Europe a vraiment une carte à jouer,
31:50y compris la France en Europe.
31:53Changer de discours et considérer qu'en matière de transition écologique,
31:57le discours politique est performatif,
31:59il provoque des effets, il provoque des mobilisations,
32:02c'est très important.
32:03Et c'est pour ça que se mobiliser pour que nos pays et notre pays,
32:06la France, soient à l'avant-garde de ce gombe là,
32:09n'est pas du tout inutile, au contraire.
32:11On va s'arrêter là, merci beaucoup.
32:12A vous de jouer, puisque vous êtes les acteurs politiques de ce débat,
32:15à Bruxelles ou à Strasbourg, merci à vous
32:17d'avoir été sur le plateau de LCP.
32:20On va parler à présent de votre rapport,
32:22Cécile Duflo, rapport annuel d'Oxfam sur les inégalités mondiales,
32:25plus que jamais d'actualité à l'heure où les milliardaires,
32:27ce que Joe Biden appelle les oligarques de la tech,
32:31sont plus puissants et plus riches que jamais.
32:33Le diagnostic, les principales mesures,
32:35c'est dans l'invitation de Marco Pommier, interview juste après.
32:40Si on vous invite, Cécile Duflo,
32:42c'est parce que vous jetez un pavé dans la mare.
32:45Les milliardaires sont plus nombreux et plus riches que jamais.
32:49Conclusion du rapport Oxfam, ONG que vous dirigez.
32:53On est sur une trajectoire d'incendie des super-riches.
32:56Combattre les inégalités,
32:58c'est un peu le fil directeur de votre carrière.
33:01Députée, ministre du Logement,
33:03ancienne secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts,
33:06directrice générale d'Oxfam France depuis 2018,
33:10vous pointez du doigt les écarts de richesse
33:12entre les plus pauvres et les ultra-riches.
33:15L'année dernière, leur patrimoine a augmenté de 2 000 milliards de dollars.
33:21Il s'agit de la deuxième plus forte augmentation
33:23de la fortune des milliardaires
33:25depuis que ces données sont enregistrées.
33:27On compte aujourd'hui plus de 2 700 milliardaires sur la planète,
33:31204 de plus en un an, soit 4 par semaine.
33:35En France, la fortune cumulée des super-riches
33:38a augmenté de 24 milliards d'euros depuis 2019.
33:42Des chiffres qui font tourner la tête,
33:45mais une richesse imméritée selon l'ONG.
33:4836 % de la fortune de ces milliardaires
33:51proviendrait d'un héritage,
33:53un patrimoine qui reposerait aussi
33:55sur l'exploitation des pays les plus pauvres
33:58et sur des relations de connivence.
34:00Nous souhaitons dénoncer les connivences
34:02entre le pouvoir économique des milliardaires
34:04et le pouvoir politique qui menace nos démocraties.
34:07Vous en voulez pour preuve l'investiture de Donald Trump,
34:10entouré lundi des hommes les plus riches du monde,
34:13d'Elon Musk à Mark Zuckerberg, patron de Facebook,
34:17en passant par Jeff Bezos, fondateur d'Amazon,
34:20ou le français Bernard Arnault.
34:22Une liaison incestueuse, dangereuse, selon vous, Cécile Duflo,
34:26alors que 3,6 milliards de personnes dans le monde
34:29vivent sous le seuil de pauvreté.
34:34Je vais vous faire réagir.
34:35Repartons de cette image d'actualité.
34:37Elle va s'afficher.
34:38Elon Musk pour Tesla, Jeff Bezos, Amazon,
34:42Mark Zuckerberg pour Meta.
34:45Ils sont tous sous la coupole du capital
34:48pour l'investiture de Donald Trump.
34:50Qu'est-ce qu'elle dit, cette image,
34:52cette concentration du pouvoir des plus grandes fortunes,
34:55à cet endroit-là, qui a le pouvoir ?
34:58C'est une bonne question.
34:59Elle dit que la démocratie est vulnérable.
35:01Elle dit qu'un milliardaire, en l'occurrence Elon Musk,
35:05a acheté le président des Etats-Unis.
35:08Elle dit qu'on peut faire autrement aussi.
35:11Acheter le président ?
35:12Oui, parce qu'il a investi sur un homme politique
35:17en prenant beaucoup de place pour un agenda économique.
35:20D'ailleurs, ce qui est intéressant,
35:21c'est de voir que les positions
35:22de certains milliardaires qui évoluent
35:24montrent en creux que le pouvoir politique a un rôle.
35:28Si certains sont obligés de baiser la bague
35:30et de devenir, entre guillemets, d'accord
35:33avec le président des Etats-Unis,
35:35c'est probablement parce qu'ils savent que sinon,
35:38ils risquent d'être empêchés dans leur business
35:41et que le pouvoir politique a un rôle.
35:43Et que Musk soit aujourd'hui politique
35:45dans l'administration.
35:46Homme d'affaires et ministre.
35:48Oui, mais il est au service de son propre projet,
35:51d'ailleurs, il le dit assez évidemment,
35:53et de ses propres affaires.
35:55Les liens entre Elon Musk et l'administration américaine
35:58et l'utilité de l'argent public
36:01et la nécessité pour beaucoup de ces milliardaires
36:04d'avoir été financés, soutenus par l'argent public,
36:06ça vaut aussi pour certains milliardaires français.
36:08C'est une évidence.
36:09La présence de Bernard Arnault, est-ce qu'elle vous a choquée ?
36:12Le premier groupe français, le luxe,
36:15la plus grande fortune de France,
36:18le cinquième plus riche au monde,
36:21c'est la diplomatie du business mondial ?
36:23Peut-être, mais ça m'a attristée,
36:25parce que c'est quand même assez évident
36:28de se dire que le rôle de Donald Trump
36:31va être de mettre du sel sur les plaies dans son pays,
36:35mais plus largement dans le monde entier,
36:37et qu'on peut imaginer que n'importe qui,
36:39y compris des milliardaires,
36:41puisse résister à cette tendance-là.
36:44On en vient au rapport dans un instant,
36:46mais autre question d'actualité.
36:48En 48 heures, la fortune de Donald Trump
36:50a été multipliée par 7
36:52grâce à sa crypto-monnaie qu'il a lancée
36:54deux jours avant son investiture
36:56et dont le cours a flambé.
36:58Ca veut dire que l'homme le plus puissant de la planète
37:01est en train de monétiser son pouvoir.
37:04Comment c'est possible qu'il puisse le faire ?
37:07Et est-ce que vous craignez qu'au fond,
37:09ça déteigne en Europe et dans le monde
37:12ces liens entre l'argent et le pouvoir ?
37:14C'est un risque.
37:15Le problème, c'est que quand vous gouvernez
37:17que pour quelques-uns, que pour vos intérêts personnels,
37:20vous vous coupez de l'immense majorité
37:22de votre pays, de la société,
37:24et qu'à un moment, ces inégalités-là
37:26font craquer la société.
37:28On l'a vu dans beaucoup de pays.
37:30On le voit aux Etats-Unis,
37:31où l'espérance de vie régresse.
37:33C'est un pays qui souffre de beaucoup de maux,
37:35de tensions au sein de la société,
37:37qui sont alimentés par les inégalités.
37:39C'est aussi très court-termiste.
37:41Ils votent Trump, justement,
37:43les plus pauvres, les classes populaires.
37:45C'est un peu désarmé.
37:47Il y a un sociologue américain qui a travaillé sur ce sujet
37:49en disant que pour que ces inégalités,
37:51notamment économiques, soient supportables,
37:53il faut agiter des chiffons rouges
37:55pour détourner la tension,
37:57y compris des plus vulnérables,
37:59pour leur dire que les responsables,
38:01ce sont les immigrés,
38:03ce sont ceux qui essaient
38:05de lutter contre le dérèglement climatique.
38:07C'est vraiment des espèces de pantins qu'on agite
38:09pour faire oublier que les racines
38:11de beaucoup de difficultés et de beaucoup de tensions
38:13sont liées aux inégalités
38:15qui sont criantes aux Etats-Unis et qui s'accentuent.
38:17La fortune des milliardaires a explosé
38:19en 2024, plus 2 000 milliards de dollars.
38:23Comment l'expliquer ?
38:25On l'explique par une réalité assez simple,
38:27qui est qu'on a beaucoup entendu parler du ruissellement.
38:29Ce n'est pas du tout ce qui se passe.
38:31C'est l'inverse, c'est un geyser.
38:33Et ça se passe dans tous les pays, la France inclue.
38:35Vous l'avez mis dans votre sujet,
38:37la fortune des milliardaires français,
38:39c'est 13 millions d'euros de plus par jour
38:41depuis 2019.
38:43C'est-à-dire que les richesses se concentrent
38:45et augmentent au sommet.
38:47Et ça, il faut absolument
38:49casser cette logique-là
38:51parce qu'on voit bien qu'on arrive
38:53de fait à une sorte de privatisation du pouvoir,
38:55de privatisation de la démocratie
38:57et que ça, ça provoquera
38:59de la casse sociale et de la fracture de nos sociétés.
39:01C'est une évidence.
39:03On l'a déjà sous les yeux.
39:05En moyenne, près de 4 nouveaux milliardaires sont apparus
39:07chaque semaine l'an dernier.
39:09Ça, c'est la magie des rapports d'Oxfam.
39:11Vous arrivez à chaque fois par des chiffres
39:13à les mettre en relief et à nous faire
39:15mesurer l'ampleur du phénomène.
39:17Mais c'est un problème en soi ? Non, ce n'est pas un problème en soi
39:19qu'il existe des milliardaires.
39:21Le problème qu'on voit, c'est que ces milliardaires
39:23deviennent des super milliardaires.
39:25Ce qu'on disait dans le rapport Oxfam de l'an dernier,
39:27c'est que dans les 10 ans,
39:29on connaîtrait le premier super milliardaire,
39:31mille milliardaire, trilliardaire,
39:33on ne sait pas trop comment l'appeler,
39:35c'est-à-dire un homme qui possèdera
39:371 000 milliards de dollars.
39:39Mais c'est aussi beaucoup d'emplois.
39:41LVMH, par exemple, j'ai regardé,
39:43214 000 salariés, premier groupe français
39:45dans le monde entier. Vous regardez l'évolution
39:47de la fortune de Bernard Arnault et l'évolution
39:49du nombre de salariés ou de leur salaire,
39:51et il n'y a pas de rapport.
39:53Ça devient des espèces de machines
39:55à s'auto-alimenter.
39:57Et donc, je le disais,
39:59ça se fait au prix
40:01d'une fracture de nos sociétés
40:03de plus en plus grande.
40:05Le problème, c'est qu'ils deviennent des super milliardaires.
40:07On pensait qu'il y en aurait un,
40:09il y en aura sans doute cinq.
40:11Cette concentration est encore plus importante
40:13et encore plus rapide.
40:15Une concentration que vous pointez bien du doigt
40:17et qui est mesurable et en même temps
40:19un taux de pauvreté
40:21qui ne diminue pas dans le monde.
40:23Et ça, tous les rapports le montrent.
40:25Même si ce n'est pas directement lié.
40:27Si c'est directement lié,
40:29c'est le FMI et la Banque mondiale
40:31qui maintenant disent que le meilleur moyen
40:33pour faire baisser la pauvreté,
40:35c'est de lutter contre les inégalités,
40:37plus que la croissance, pour s'inscrire
40:39dans les dogmes anciens.
40:41Et d'ailleurs, il y a à l'agenda,
40:43encore aujourd'hui, à l'initiative du Brésil,
40:45des travaux du G20, cette idée d'une taxation
40:47des super milliardaires.
40:49Il y a quelques années,
40:51ça fait 13 ans qu'on fait un rapport
40:53sur les inégalités mondiales.
40:55Il y a 13 ans, c'était très militant,
40:57on disait que c'était jaloux,
40:59que c'était bien qu'il y ait des riches.
41:01Aujourd'hui, la prise de conscience
41:03que c'est un problème
41:05et que le capitalisme moderne
41:07produit à la fois la catastrophe climatique
41:09et cette inflammation des inégalités,
41:11qui, pour beaucoup d'entre elles,
41:13sont totalement imméritées.
41:15Ce qu'on a documenté dans ce rapport,
41:17ça peut faire un peu sursauter certains.
41:19Vous dites qu'il y a de la connivence,
41:21vous parlez même de corruption.
41:23Les mots sont très forts.
41:25Exemple ?
41:27Exemple, dans certains pays.
41:29Au Mexique, notamment, la fortune
41:31d'un des très grands milliardaires mexicains
41:33s'est faite par le fait de conserver
41:35la propriété du seul réseau de téléphonie mobile
41:37par des liens avec certains politiques
41:39qui posent question.
41:41D'ailleurs, quand nos collègues
41:43d'Oxfam Mexique ont mis ce débat
41:45sur la table,
41:47il s'est énormément rebellé, énormément énervé,
41:49parce que c'est un peu
41:51comme les vampires,
41:53les milliardaires n'aiment pas tellement
41:55qu'on explique la racine de leur fortune.
41:57Vous iriez jusqu'à parler de corruption pour Boloré ?
41:59En tout cas, ce qui s'est passé en Afrique,
42:01c'est une forme
42:03de colonialisme maintenu
42:05où il a utilisé
42:07une pression qui a été exercée
42:09par certaines institutions internationales,
42:11notamment le FMI, pour pousser
42:13la privatisation de certains biens,
42:15comme les ports, qui a contribué
42:17à faire flamber sa fortune.
42:19D'ailleurs, on voit bien qu'il utilise cet argent
42:21au service d'un projet
42:23médiatique qui vise à faire taire
42:25les critiques et à inonder le débat public.
42:27D'autres sujets, on parlait de ce qui s'est passé
42:29aux Etats-Unis, c'est la même chose.
42:31Ce n'est pas anodin d'essayer de faire flamber
42:33le racisme, l'antisémitisme
42:35et d'autres sujets sur certaines antennes
42:37possédées par
42:39Vincent Boloré. Le sujet, c'est d'éviter
42:41qu'il y ait des débats sur cette question des inégalités.
42:43Alors, revenons aux solutions.
42:45Ça fait très longtemps que Oxfam
42:47porte l'idée d'une taxe à 2%,
42:492% sur
42:51la fraction au-delà
42:53du milliard. C'est l'économiste
42:55Gabrielle Zucman qui a beaucoup travaillé
42:57sur le sujet. Vous l'avez dit
42:59au G20 de Rio, elle était sur la table.
43:01Est-ce que vous pensez qu'elle
43:03verra le jour, honnêtement ?
43:05Et qui résiste ? Est-ce que ce sont
43:07les milliardaires ou ce sont les politiques ?
43:09Est-ce que ce sont les politiques au service des milliardaires ?
43:11C'est la troisième hypothèse qui, à mon avis,
43:13est la bonne. D'ailleurs, ce qui est intéressant,
43:15c'est que même Biden, et on le voit dans sa
43:17dernière déclaration, était
43:19plutôt allant dans le débat sur cette
43:21taxation initiée par les
43:23Brésiliens, parce qu'on voit bien
43:25que si on ne régule pas cette situation,
43:27elle ne peut aller qu'en s'aggravant.
43:29Et ce qui est là aussi
43:31intéressant, j'en parlais tout à l'heure
43:33en disant pourquoi certains milliardaires sont allés
43:35à l'investiture de Donald Trump, on peut faire différemment,
43:37il n'y a pas de fatalité. Oxfam le propose
43:39depuis des années. Alors, bien avant, on parlait
43:41pour lutter contre les paradis fiscaux,
43:43des taxes minimum pays par pays
43:45sur l'activité des entreprises.
43:47Ça apparaissait utopique, c'est réel.
43:49Alors, ce n'est pas encore suffisant,
43:51il y a encore
43:53beaucoup de choses à patcher dans ce dispositif,
43:55mais ça existe. Vous avez vu que même
43:57il y a beaucoup de milliardaires américains qui sont d'accord.
43:59C'est nous, ils le disent.
44:01Exactement. Et donc, on ne met pas
44:03tous les milliardaires dans le même sac, puisqu'il y en a
44:05un certain nombre d'entre eux qui sont tout à fait conscients
44:07et qui disent pour certains d'entre eux...
44:09Ils seraient même fiers de payer plus.
44:11Exactement. Et qu'ils le revendiquent et qu'ils le portent
44:13de manière très publique et évidemment
44:15que c'est intéressant, parce que quand c'est dit
44:17par une de nos organisations, on dit, ben voilà,
44:19vous, vous n'êtes pas milliardaires. Quand c'est dit par
44:21des millionnaires, par des milliardaires, qu'ils disent
44:23de manière la plus claire qu'ils soient,
44:25c'est le cas d'un millionnaire allemand qui avait eu cette phrase,
44:27il dit, moi, je n'ai rien fait pour être un super-riche,
44:29j'ai juste gagné à la loterie du sperme.
44:31C'est exactement ce qui se passe.
44:33La fortune des milliardaires, aujourd'hui,
44:35elle est héritée, ou elle est le fait
44:37de relations de connivence.
44:39Alors, revenons à l'Assemblée. Ici, à LCP,
44:41il y a eu beaucoup de débats sur la justice fiscale.
44:43Cette expression a été portée,
44:45d'ailleurs, par Michel Barnier,
44:47reprise par François Bayrou.
44:49Vous dites, merci, enfin,
44:51les députés vont surtaxer
44:53les grandes fortunes, même de manière
44:55temporaire ? En tout cas,
44:57heureusement que ce débat, maintenant,
44:59a lieu de manière plus publique.
45:01Il y a longtemps qu'on le dit, y compris pour la France,
45:03on a dit, en 2017, que les choix fiscaux
45:05allaient aboutir à un quinquennat des inégalités.
45:07On a vu ce qui s'est passé
45:09avec les gilets jaunes. En fait, la France est un pays
45:11qui est profondément attaché
45:13à l'égalité, c'est dans notre
45:15devise. C'est viscéral.
45:17C'est ce qui a produit le régime politique
45:19qui est le nôtre, et donc, il faut être
45:21très attentif à cette question, et je pense qu'y compris
45:23des gens qui n'étaient pas sensibles à ce sujet
45:25se sont rendus compte que là, on était en train d'atteindre
45:27des choses qui deviennent intenables.
45:29Mais je voudrais dire qu'un des milliardaires
45:31les plus riches du monde est français, on l'a vu, c'est Bernard Arnault,
45:33mais on a du mal
45:35à mesurer l'ampleur de ses fortunes.
45:37En fait, entre un million et un milliard,
45:39ça devient irréel.
45:41Juste pour comprendre, si on
45:43enlevait 99% de la fortune
45:45de Bernard Arnault, il resterait milliardaire.
45:47Donc, on voit bien que 2%, c'est pas grand-chose.
45:49Par ailleurs, le rapport Pisani-Ferry
45:51m'affouse sur la transition
45:53écologique de notre pays et son financement.
45:55Un impôt climatique pour financer la transition.
45:57C'est, en débat, un impôt
45:59qu'il lui trouvait exceptionnel.
46:01Mais on voit bien qu'il y a un potentiel fiscal.
46:03Il y a encore beaucoup de chemin. Mais l'Europe avance,
46:05elle a commencé même une taxe sur les super-profits.
46:07J'ai une toute dernière question, très rapidement.
46:09L'Europe, elle met des règles, de la régulation,
46:11elle essaye d'avancer sur ces sujets-là.
46:13Elle n'a pas de big tech, elle n'a pas de géant
46:15des GAFA ou de l'IA.
46:17Est-ce que c'est regrettable ?
46:19On peut dire que c'est regrettable, mais en revanche,
46:21elle est un énorme marché pour ces GAFA.
46:23Twitter, par exemple.
46:2550 % de l'activité des profits Twitter se font en Europe.
46:27Donc, si l'Europe décide
46:29de tenir tête à ses milliardaires,
46:31de tenir tête aux GAFAM,
46:33elle a un pouvoir de négociation considérable.
46:35Et je pense qu'il faut
46:37arrêter de croire en sa
46:39propre faiblesse quand on n'est pas faible.
46:41Et on n'est pas faible si l'Europe est unie,
46:43déterminée et...
46:45Elle arrive à sanctionner, par exemple,
46:47Elon Musk.
46:49Thierry Breton l'avait bien dit,
46:51on pourra faire plier... Le Brésil, tout seul,
46:53on a réussi à faire plier Elon Musk.
46:55Vous quittez X, Oxfam ?
46:57Oui, Oxfam a quitté X depuis le 20 janvier
46:59dans le cadre de l'initiative Eloquitix.
47:01On est sur Blue Sky, sur Threads,
47:03et moi aussi.
47:05Et je pense que c'est une réponse
47:07très importante.
47:09Merci beaucoup, Cécile Duflo.
47:11Vous restez encore avec moi, parce que c'est l'heure
47:13de la question qui fâche. On va accueillir nos chroniqueurs.
47:23Tir croisé, ce soir,
47:25avec Rodrigo Arenas.
47:27Bonsoir.
47:29Député LFI, ancien
47:31président, je crois...
47:33Co-président de la FCPE,
47:35le syndicat des parents d'élèves.
47:37Et bonsoir, Benjamin Amart.
47:39Merci d'être là, vous êtes prof d'histoire géo
47:41et dirigeant CGT
47:43Val-de-Marne, messieurs.
47:45Voici la question qui fâche, ce soir.
47:47...
47:51Ce soir, notre question qui fâche
47:53concerne tout autant les cours d'école
47:55que les clubs Mickey ou les camps de scout.
47:57Elisabeth Borne, nouvelle ministre
47:59de l'éducation nationale,
48:01envisage de raccourcir
48:03les vacances scolaires. Celles d'été,
48:05plus précisément, qui pourraient passer de 8
48:07à 6 semaines dès 2026.
48:09Vous savez, moi, ça me frappe
48:11quand je vais dans des collèges et dans des lycées.
48:13Il y a beaucoup d'élèves qui me disent
48:15que la journée est trop longue.
48:17Bon, si on voulait raccourcir
48:19la journée, on voit bien qu'il faudrait
48:21sans doute réduire les vacances.
48:23En même temps, ça concerne des élèves,
48:25des professeurs, des collectivités
48:27et donc c'est quelque chose qu'il faut prendre
48:29avec beaucoup de prudence et prendre
48:31le temps d'avoir ces échanges avec chacun.
48:33Pas question donc de passer en force
48:35pour le moment, d'autant que la mesure
48:37risque de ne pas plaire à tout le monde.
48:39Les premières réactions des syndicats enseignants
48:41sont assez mitigées.
48:43Ce que dit Elisabeth Born,
48:45c'est que quand il y a trop de vacances
48:47scolaires l'été,
48:49les élèves perdent.
48:51Oui, les élèves perdent en habitudes scolaires,
48:53un peu comme nous quand on part en vacances
48:55et qu'on revient, il faut se réhabituer.
48:57Nous, en tant qu'enseignants, on s'adapte
48:59pour qu'ils reprennent les habitudes
49:01assez rapidement. Ça fait partie de notre travail.
49:03Dire qu'on va raccourcir
49:05de deux semaines les vacances d'été
49:07pour leur éviter de perdre,
49:09c'est un leurre.
49:11Les vacances scolaires, plusieurs ministres
49:13avant Elisabeth Born l'ont déjà évoquée
49:15sans jamais aller au bout de leurs intentions.
49:17L'ancienne première ministre ira-t-elle plus loin ?
49:19Elle a en tout cas déjà relancé le débat.
49:21Faut-il raccourcir
49:23les vacances scolaires ?
49:25Une QQF, une question
49:27qui fasse saigner Clément Perreault.
49:29La parole à Rodrigo Arenas.
49:31On coupe ? On raccourcit ? Oui et non ?
49:33C'est pas oui et non, parce qu'on parle des enfants.
49:35Les enfants, c'est le temps long.
49:37La question, c'est ce qu'on leur enseigne
49:39parce qu'aujourd'hui, on leur demande
49:41de faire une exigence à la fois pédagogique
49:43et sur leur rythme d'enseignant
49:45qui n'est pas adapté.
49:47C'est un vieux serpent de mer.
49:49Vincent Payon en parlait déjà.
49:51Il y a huit semaines, ça fait deux mois et demi.
49:53Est-ce que c'est pas trop long ?
49:55C'est bien de parler de Vincent Payon,
49:57le ministre qui a eu le courage de faire les rythmes scolaires.
49:59En l'occurrence, ceux qui s'intéressent au rythme
50:01sont en train de taper sur le fait
50:03d'essayer d'adapter le temps scolaire à l'intérêt des enfants.
50:05Vous vous situez où sur la question ?
50:07Sur le fait que d'abord,
50:09on ne va pas assez longtemps à l'école en France.
50:11Vous avez Cécile Dufault sur votre plateau.
50:13Aujourd'hui, il faut enseigner l'écologie aux enfants.
50:15Il faut enseigner le numérique aux enfants.
50:17Ce n'est pas prioritaire ?
50:19Ce n'est pas prioritaire car ce qu'on enseigne aux enfants
50:21n'est pas adapté aux besoins qu'ils ont.
50:23Sur la question quand même de ces huit semaines,
50:25est-ce qu'il faut passer à six ?
50:27Est-ce que c'est une bonne idée ?
50:29L'idée de raccourcir le temps scolaire
50:31ne peut se faire qu'à l'aune de ce qu'on enseigne aux enfants.
50:33Comment est-ce qu'on respecte aussi
50:35les enseignants ?
50:37Oui, si on y rajoute d'autres choses.
50:39Un meilleur enseignement et une meilleure rémunération.
50:41Et qu'on respecte les enseignants sur leur rythme aussi
50:43parce que contrairement à ce que disent
50:45beaucoup de ministres que vous avez cités,
50:47on donne ce sentiment que les enseignants,
50:49quand ils rentrent à la maison,
50:51ils ne font rien, ils se mettent devant Netflix
50:53ou ils s'occupent d'autres choses.
50:55Non, les enseignants préparent leurs cours,
50:57corrigent les copies, font en sorte aussi,
50:59dans le cadre de l'individualisation
51:01de l'éducation aux enfants,
51:03comme le logiciel MIA
51:05qui a été mis en place par le ministère de l'Education nationale
51:07pour la remédiation.
51:09C'est un débat sur
51:11faut-il ou non raccourcir
51:13les vacances scolaires d'été.
51:15Benjamin Amart, elles sont trop longues,
51:17les journées. C'est vraiment les syndicats
51:19qui le disent, les parents d'élèves le disent
51:21et les élèves le disent. Voilà un bon moyen de les raccourcir.
51:23Non, la question
51:25sur raccourcir les vacances d'été,
51:27c'est l'idée
51:29réintroduite par
51:31Mme Borne, c'est la mauvaise idée qu'ont eu
51:33tous les mauvais ministres de l'éducation
51:35depuis au moins 20 ans.
51:37Quand elle vient avec cette idée,
51:39elle vient avec des chiffres erronés.
51:41C'est-à-dire qu'elle explique qu'en France,
51:43on a un niveau stratosphérique
51:45de vacances scolaires en été.
51:47Avec des chiffres qui sont faux
51:49parce que la réalité, c'est qu'en réalité, on est plutôt
51:51dans la fourchette basse.
51:53J'ai regardé, les Allemands
51:55et les Britanniques, ils l'ont fait.
51:57Vous avez trouvé les deux seuls.
51:59Les autres, ils ont plus de vacances scolaires.
52:01En Espagne et au Portugal, c'est de 11
52:03à 12 ou 13. En Italie, c'est
52:05de 11 à 14. Dans les pays scandinaves,
52:07c'est 9. Donc, si vous voulez,
52:09on a les deux pays. C'est rigolo,
52:11c'est comparatif. Mais tout le monde n'a pas les moyens d'occuper
52:13ses enfants pendant si longtemps. Attendez, mais ça, c'est autre
52:15chose. Et ensuite, moi, je suis
52:17syndicaliste. Donc, l'intérêt des élèves, c'est
52:19important, bien évidemment, mais il y a aussi des personnels
52:21derrière. Donc, moi, je suggérerais à Mme
52:23Borne, vu qu'elle aime bien, apparemment,
52:25faire des comparatifs, qu'elle s'intéresse aussi
52:27au salaire. Parce que les profs en France,
52:29ils sont moins bien payés que les profs colombiens. Vous pouvez aller
52:31vérifier. Ils sont moins bien payés que les profs
52:33slovènes. Voilà. – Est-ce que c'est impréalable
52:35à une discussion sur ces
52:378 semaines ? Ou de toute façon, vous
52:39n'en voulez pas ? Vous les gardez les 8 semaines ?
52:41– Tout est question de priorité. Pour les
52:43personnels enseignants, la question salariale,
52:45elle est première. – Et on la comprend parfaitement.
52:47– Et bien oui, mais on la comprend, mais personne ne la traite.
52:49Donc là, maintenant, on nous met ça entre
52:51les mains et avec un art
52:53dans lequel les ministres macronistes ont
52:55un douzième dan. C'est-à-dire qu'ils posent
52:57des problèmes et ils trouvent des solutions complètement
52:59alambiquées. Je rappelle, au moment où on avait
53:01un problème avec l'ancien système du post-bac,
53:03on nous avait dit, la seule solution,
53:05c'est parcoursup. Alors qu'il y avait
53:07une autre solution, c'était de créer des postes
53:09de fac en plus. Donc là, on nous dit
53:11temps scolaire. Mais sur le temps scolaire,
53:13il y a d'autres possibilités.
53:15Il peut y avoir des réflexions. Là,
53:17il y a eu un rapport qui est sorti, là,
53:19il y a très peu de temps, justement, qui mélangeait
53:21beaucoup d'acteurs. Sur cette question des
53:23temps scolaires, à aucun moment, on propose de
53:25rallonger, pardon, de réduire les vacances
53:27d'été. Je vais vous dire, le fond, c'est en vérité
53:29un vieux fond populiste.
53:31C'est l'idée que les profs sont des feignasses et qu'il
53:33s'agit de les mettre au boulot. C'est ça, la petite musique
53:35de fond. Rien ne justifie cela
53:37mais c'est la volonté de faire un peu de mousse
53:39avec une vieille idée
53:41finalement bien générale. C'est très clair. La position est
53:43bien comprise. Rodrigo Arenas, il y a quand même une question
53:45d'inégalité sociale face à ces
53:47huit semaines. Ça, vous le reconnaissez ?
53:49Tout le monde n'est pas dans une égalité
53:51mais il y a des chances, quand l'été arrive
53:53et qu'on est fin juin,
53:55quand on a des parents qui vous mettent en colonie de vacances
53:57ou qui vous disent de lire des livres, c'est pas la même
53:59chose que quand on est laissé seul
54:01à la maison. Cette question-là
54:03de raccourcir n'est pas la solution ?
54:05En tout cas, si vous raccourcissez le temps des
54:07vacances scolaires, au-delà de ce que dit
54:09le monsieur que je partage sur le
54:11traitement des enseignants dans notre pays,
54:13c'est qu'on ne peut pas à la fois raccourcir le temps
54:15scolaire et avoir cassé l'éducation populaire
54:17comme on l'a fait. Toutes les organisations
54:19des associations nationales, dont d'ailleurs
54:21j'étais un des dirigeants, vous l'avez rappelé tout à l'heure,
54:23ont vu leur budget diminuer pour faire cette attention.
54:25Moi, je me rappelle, pendant la Covid,
54:27quand nous avons fait, par exemple, des vacances à la mer
54:29pour les enfants gratuits, sur l'agent des adhérents,
54:31l'Etat, ça a été aux abonnés absents.
54:33Donc on ne peut pas, d'un côté, déshabiller toutes celles
54:35et ceux qui s'occupent des enfants,
54:37qui font de l'éducation, pas d'un point de vue académique,
54:39qui font de l'éducation ce qu'on appelle l'éducation populaire
54:41qui est constitutive de la République française.
54:43Vous avez raison.
54:45Si vous diminuez les vacances scolaires
54:47sans alimenter, soutenir et encourager
54:51celles et ceux qui vont s'occuper des enfants
54:53pour ne pas qu'ils traînent, pour ne pas qu'ils tiennent le mur,
54:55comme on dit de façon caricaturale sur les quartiers publics,
54:57parce que ce n'est pas la réalité sociale,
54:59en leur diminuant les moyens,
55:01vous allez créer des inégalités.
55:03Là où vous avez raison, c'est que la France
55:05est le pays dans lequel on va,
55:07entre guillemets, le moins à l'école
55:09sur le temps annuel, mais on fait
55:11plus d'heures d'enseignement en classe.
55:13Et là, vous avez une profonde inégalité
55:15parce que par rapport au pays de l'OCDE,
55:17les enfants travaillent plus à l'école
55:19et d'ailleurs, tout le monde sait que les enfants français
55:21sont maltraités par rapport au rythme qu'on leur fait subir.
55:23Cécile Duflo, vous étiez ministre avec Vincent Payot,
55:25on en parlait déjà.
55:27Je crois que vous êtes maman d'une jeune fille
55:29qui est encore au lycée.
55:31C'est longue plage d'été.
55:33Il y a aussi une question
55:35de perte de niveau qui peut se poser
55:37pendant ces deux mois et demi.
55:39D'abord, je peux vous dire une chose,
55:41c'est que l'éducation, c'est un des services publics
55:43de base, qui est un outil fondamental
55:45quand on s'attaque à la question des inégalités.
55:47On parlait tout à l'heure
55:49de partage des richesses.
55:51D'avoir accès à des services publics de base de qualité,
55:53notamment l'éducation et la santé,
55:55c'est un combat fondamental.
55:57Et aujourd'hui, l'éducation est maltraitée.
55:59C'est pas du tout
56:01l'éducation nationale aujourd'hui.
56:03Un service public qui permet
56:05de réduire les inégalités,
56:07on arrive même à les augmenter.
56:09C'est aussi un service public dans lequel
56:11les enseignants, les personnels, ne sont pas bien traités.
56:13Ce n'est pas une priorité budgétaire.
56:15J'ai un peu l'impression,
56:17je commence à en avoir vu beaucoup,
56:19qu'effectivement, c'est un débat
56:21qu'on entend tous les 2-3 ans.
56:23Quand un ministre de l'Education
56:25ne sait pas trop quoi dire,
56:27ou n'a pas envie de parler de son budget,
56:29il parle des vacances.
56:31Pendant ce temps des vacances,
56:33on peut faire aussi un tas de choses
56:35qui sont utiles pour les enfants.
56:37Être assis en classe n'est pas forcément
56:39le plus épanouissant et le plus utile
56:41pour faire face aux défis qui viennent.
56:43On peut faire du sport,
56:45on peut avoir tout un tas d'autres activités
56:47qui sont une richesse
56:49et qui permettent de réduire
56:51vraiment les inégalités.
56:53Je vous promets de vous réinviter
56:55pour un prochain débat sur l'école.
56:57C'était un peu court, j'en conviens,
56:59mais c'était tout à fait pertinent.
57:01Lisez le rapport d'Oxfam
57:03sur les inégalités mondiales.
57:05Il est vraiment dans l'actualité cette année.
57:07Très belle soirée.
57:09Très belle soirée.
57:11A demain.

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