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Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00...
00:05Ça s'est passé où, Roland ?
00:07Ça s'est passé quand et comment ?
00:10Alors, on est direction l'hôpital Simone Veil de Montmorency,
00:15hôpital célèbre, du reste, par le nom de celle illustre,
00:19de cette personnalité illustre qui incarne cet hôpital.
00:22Nous sommes le 18 août, en plein cœur de l'été,
00:25la France toute entière est en vacances, probablement.
00:28Lorsque Lucie se présente aux urgences de cet hôpital pour accoucher,
00:33elle est experte comptable, ce n'est pas la première fois,
00:36c'est son troisième enfant, elle a déjà accouché deux fois.
00:39Et alors, Lucie, elle a une particularité,
00:41c'est qu'elle ne veut pas de péridurale,
00:43elle veut accoucher sans anesthésie.
00:44Il y a comme ça des femmes qui ont envie de sentir vraiment cette naissance.
00:49Les deux premières naissances étaient plutôt bien passées
00:51et elle demande donc à ne pas avoir de péridurale.
00:54Et puis, il peut y avoir mal, voilà.
00:56Ou même si pour elle, la douleur peut être supportable,
01:00après on n'est pas tous égaux devant la douleur.
01:01Toujours est-il qu'il est 2h du matin,
01:04lorsque les opérations d'accouchement se font.
01:08Et puis, simplement, on voit quand même que l'accouchement n'arrive pas,
01:12on essaye de simuler les contractions,
01:14on lui met, vous savez, une injection d'ocytocine,
01:16alors je ne suis pas le docteur Millau,
01:17mais l'ocytocine, c'est une molécule qui est là pour faciliter l'accouchement.
01:24Et puis, elle s'aperçoit qu'en fait, la douleur est devenue insoutenable.
01:27Donc à partir de là, ils se disent qu'on va mettre en place
01:29cette fameuse péridurale et cette fameuse anesthésie
01:32et on appelle le médecin présent.
01:34Figurez-vous que le médecin qui est présent dans cet hôpital,
01:36c'est un stagiaire.
01:37Alors quand je dis stagiaire, en fait, il est parfaitement diplômé
01:40dans son pays d'origine, je ne sais plus quel pays il était,
01:43il est parfaitement diplômé,
01:45mais il est venu parfaire sa formation, on va dire, en France
01:49et donc, on l'a mis comme médecin stagiaire.
01:53Donc, c'est lui qui va effectuer la première piqûre.
01:58Ça se fait en trois phases, cette péridurale,
02:01et donc, le processus se fait par une première piqûre.
02:05Simplement, dès que cette piqûre se fait, on voit, la sage-femme le voit,
02:09Lucie fait un malaise.
02:11– Mais alors, quelle est la réaction du jeune médecin stagiaire, justement,
02:16quand il voit le premier malaise ?
02:17– Il ne s'inquiète pas, en fait, il ne s'inquiète pas
02:20et il se dit qu'il va faire la deuxième piqûre.
02:23Et là, ce qui se passe, c'est que lorsqu'il va faire cette deuxième piqûre,
02:28il va visiblement mal la faire parce que, c'est très rare,
02:32mais il faut que, c'est ce que je lis, parce que c'est vraiment médical,
02:37l'aiguille s'arrête avant d'atteindre, normalement, une membrane
02:40qui protège la moelle épinière.
02:42Mais dans ce cas, l'aiguille a traversé cette membrane.
02:45Et donc, du coup, le produit anesthésiant est diffusé
02:49dans le liquide qui entoure le cerveau et la moelle épinière,
02:51ce qui a engourdi tout le système nerveux.
02:55Il s'en va, il fait cette deuxième piqûre, il s'en va
02:58et il laisse Lucie avec la sage-femme.
03:00Lucie est en proie à la fois à un engourdissement total de son corps
03:05et à des douleurs qui ne s'arrêtent pas.
03:07Et là, elle dit, je vais faire la troisième injection moi-même.
03:11Donc, elle se fait cette troisième injection.
03:13– Elle est patiente ?
03:14– Non, mais elle est lucide.
03:15– Oui, oui, elle est lucide.
03:16– Elle a mal, elle est lucide, le stagiaire est parti,
03:19elle se dit, je vais le faire moi.
03:21– C'est le cathéter, donc ils lui font directement,
03:24avec le cathéter, dans l'aiguille qui est déjà bien mise.
03:28Et elle a tellement mal.
03:29– Mais c'est pas contraire, il n'y a personne là.
03:31– Et puis, le drame va arriver, c'est-à-dire qu'on va s'apercevoir
03:35qu'elle va tomber quasiment dans le coma.
03:37On va décider de faire une césarienne.
03:39Donc, l'enfant va être sauf, il se porte bien.
03:43Si ce n'est qu'elle, elle va être plongée pendant 14 minutes
03:47puisqu'elle est en arrêt cardiaque,
03:49ce qui va lui laisser des séquelles cérébrales irréversibles.
03:55– Voilà, alors c'est une complication qui n'arrive pas souvent.
03:58– Non, non, elle est extrêmement rare.
03:59Et d'ailleurs, les médecins qui sont interrogés ont dit,
04:01on n'explique jamais ça aux jeunes femmes qui vont accoucher
04:05parce que, évidemment, personne n'accoucherait
04:07et accepterait de faire une péridurale.
04:08Donc, on ne l'explique pas parce que c'est un cas rarissime.
04:12Alors, la question de savoir, est-ce que, effectivement,
04:15cette injection de départ qui a donc été faite,
04:18elle n'a fait qu'appuyer sur la pompe
04:21pour pouvoir continuer à prendre le produit ?
04:23Mais en réalité, l'aiguille qui a été faite,
04:26est-ce que, véritablement, cette aiguille a traversé ou non la membrane ?
04:29C'est la question qui se pose.
04:30Donc, d'un premier temps, ils vont discuter avec l'hôpital.
04:33C'est-à-dire qu'elle, elle est aujourd'hui sur un siège,
04:35sur un fauteuil, elle est à 80% aujourd'hui,
04:40ou 98% pardon, totalement handicapée.
04:43Donc, aujourd'hui, elle ne pourra même pas profiter
04:45de ses deux premiers enfants et de son dernier enfant.
04:48Et donc, c'est le mari, évidemment, qui va engager.
04:51Donc, il va y avoir d'abord une procédure, on va dire amiable,
04:53devant une commission régionale de conciliation.
04:56On va discuter avec cette commission.
04:58Mais là, l'hôpital, contre toute attente,
05:01refuse, refuse de reconnaître sa responsabilité.
05:04Et donc, il n'y a aucune proposition qui est faite.
05:06– Ça ne va pas fort, hein ?
05:07– Ça, c'est un.
05:08Deuxième, on va demander,
05:09mais est-ce que vous avez interrogé, quand même, ce médecin ?
05:12– Ce jeune médecin stagiaire, oui.
05:14– Ah ben non, il est reparti dans son pays.
05:15On n'a pas pu l'interroger.
05:16Donc, lui est parti, il ne sait même pas ce qui se passe.
05:18Est-ce qu'il a été informé du drame qui s'est noué ?
05:21Donc, c'est assez incroyable.
05:23Donc, lui, il est reparti.
05:25Il y avait aussi un problème d'heure.
05:27Est-ce que le type était fatigué ?
05:29Est-ce qu'on a son tableau d'heure de travail ?
05:31On était à 3h du matin.
05:32Est-ce qu'il avait eu un temps de repos nécessaire ou pas ?
05:34– Enfin, quoi qu'il en soit, on s'en fout, l'hôpital est responsable.
05:37– Oui, l'hôpital est responsable.
05:38Mais il y avait une enquête à faire.
05:40On devait comprendre ce qui s'est passé.
05:41– Ce que veut dire Roland, en tant qu'avocat ?
05:44Il se dit, mais on aurait dû l'interroger.
05:46Alors, est-ce qu'il est parti volontairement en se disant,
05:48voilà, c'est moi le responsable ?
05:51Est-ce que c'est l'hôpital qui l'a un petit peu évacué
05:53en disant, écoutez, retournez chez vous ?
05:55Parce qu'on n'a pas trop…
05:56Et ça serait le témoignage capital.
05:59– Bien sûr.
05:59Donc, aujourd'hui, il y a une plainte pour quasiment homicide,
06:02enfin, blessure involontaire, parce qu'il n'y a pas d'homicide,
06:04mais blessure involontaire, 98% d'handicap,
06:09c'est quasiment un homicide.
06:11Donc, cette plainte est en cours, on est au pénal maintenant.
06:14Et les experts sont formels,
06:16il y a eu une faute médicale qui a été faite.
06:18– Bien évidemment.
06:19– Elle est consciente ?
06:20Enfin, je veux dire, cérébralement, non, c'est fini, quoi.
06:23– Alors, est-ce que la position de l'hôpital a évolué ?
06:25– La position de l'hôpital n'a pas évolué.
06:27Nous sommes aujourd'hui devant le tribunal.
06:29L'affaire a commencé là, il y a quelques mois.
06:31Donc, on n'a pas encore de réponse sur ce qui va se passer.
06:34Mais enfin, avec des rapports d'experts médicaux
06:36qui vous disent qu'il y a véritablement eu une faute médicale,
06:39je pense qu'évidemment, alors après, c'est que de l'argent.
06:42Comment réparer ?
06:43– Oui, c'est impossible.
06:44– Aucune somme d'argent ne redonnera la vie à cette…
06:46– C'est irréversible.
06:47– Oui, mais il faut quand même, je suis d'accord,
06:49mais il faut quand même qu'ils payent.
06:49S'ils sont responsables, ils payent.
06:51– Ils vont, ils vont, elles, les condamner.
06:52– Et comment récupérer le témoignage indispensable
06:55de ce jeune garçon qui est retourné dans le dossier ?
06:57– Le juge pénal pourra, le juge d'instruction pourra le faire venir.
07:00– Oui, peut-être.
07:00– Avec des commissions regatoires sur place, dans le pays.
07:03– Le convoquer, donc.
07:04– Très bien, à suivre, mais ça fera partie de ces dossiers
07:07que vous suivrez pour nous.
07:09Merci beaucoup.
07:09– Au mois de mars, donc le 15 mars, sûrement,
07:12sur le site de l'émission, parce qu'on ne sera plus là.
07:14– Merci Roland.

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