3 QUESTIONS A: Dr Gouantoueu Guei Robert, directeur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest
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00:00L'agriculture a besoin d'argent pour se développer.
00:07Il est de fait que l'agriculture est un pilier essentiel de l'économie de bon nombre des pays en Afrique de l'Ouest.
00:14Alors que la région affiche ses ambitions de souveraineté alimentaire,
00:18la question qui se pose, les pays de la sous-région se donnent-ils réellement les moyens de rélever ce défi titanex ?
00:25Pour en parler, nous avons l'honneur d'être reçus au siège abidjan de la FAO par M. le coordonnateur régional Afrique de l'Ouest, Dr. Guanto Ngui.
00:36Alors docteur, commençons par l'état des lieux.
00:38Comment se porte l'agriculture en Afrique dans un contexte où de nombreux pays ont pour ambition justement de réaliser la souveraineté alimentaire ?
00:46Ces pays se donnent-ils vraiment les moyens de rélever ce défi ?
00:52Bien, merci beaucoup.
00:55Comme vous le savez très bien, l'agriculture est un élément essentiel, c'est un secteur essentiel de l'économie de nos pays.
01:06Alors un pays de l'Afrique de l'Ouest qui veut se développer aujourd'hui doit d'abord développer son agriculture,
01:12assurer la sécurité alimentaire pour ses populations et aussi un revenu décent pour ces populations.
01:22Et donc c'est pourquoi l'Afrique de l'Ouest, le travail que la FAO fait en Afrique de l'Ouest, c'est un travail important.
01:28Que nous faisons avec tous les partenaires, que nous faisons avec les pays, les gouvernements et tout ça pour pouvoir les accompagner.
01:35Pour pouvoir les accompagner à augmenter la production agricole et à augmenter la productivité.
01:43Il faut dire que la production agricole dans nos pays reste encore faible.
01:48Et donc il faut qu'un effort particulier soit fait pour que ceci soit augmenté.
01:55Alors ces dernières années, la FAO bien sûr s'est réjouie du changement de paradigme,
02:04de la part des gouvernements, de presque tous les gouvernements, qu'on met l'accent sur la souveraineté alimentaire.
02:11Pour nous, cela veut dire que les pays veulent produire suffisamment ce qu'ils doivent manger.
02:19Et ça c'est important.
02:20Et certains des pays veulent manger aussi ce qu'ils produisent, au lieu de compter sur l'importation.
02:25Je vous dis que dans la sous-région par exemple, on continue d'importer massivement les céréales.
02:32Je prends le cas du riz, le riz est encore importé massivement.
02:36Quand nous pouvons produire du riz, suffisamment de riz ici en Afrique de l'Ouest.
02:41Je prends un pays par exemple le Nigeria.
02:44Le Nigeria avec une politique beaucoup plus avisée aujourd'hui a augmenté sa production de riz de plus de 50%.
02:53Ça veut dire que c'est possible.
02:54Les pays sont en train de se donner les moyens.
02:57Vous savez, on a eu en 2023 une réunion à Dakar organisée par la Banque africaine de développement.
03:04Et donc tous les pays africains étaient présents.
03:09Et ils ont pris des engagements fermes d'investir de l'argent dans leur agriculture.
03:16Et également pour qu'ils puissent atteindre la souveraineté alimentaire.
03:23Tous les pays ont présenté leurs plans.
03:25Cette fois-ci, ce n'était pas des discours creux, non.
03:28Les présidents se sont déplacés, les ministres se sont déplacés.
03:32Ils ont développé, déployé leur programme, leur plan d'action.
03:37Et aujourd'hui, nous travaillons avec eux pour que ce plan d'action devienne réalité.
03:41Donc les moyens, ils se donnent les moyens aujourd'hui.
03:44Et si vous voyez autour de vous, vous allez voir qu'il y a beaucoup de gouvernements qui sont aujourd'hui sur le terrain
03:50et en train d'aider les populations pour vraiment augmenter la production, la productivité de l'agriculture au niveau de la sous-région.
03:59Alors justement, monsieur le coordonnateur, vous avez parlé d'investissement, vous avez parlé d'argent, vous avez parlé de moyens.
04:04Vous conduisez une mission auprès des autorités ibériennes cette semaine
04:08pour évoquer justement la question de la mobilisation des investissements pour la transformation des systèmes agricoles.
04:14Qu'est-ce qui motive justement cette démarche de la FAO ?
04:17L'agriculture a besoin d'argent, je vous ai développé.
04:22Nous avons besoin d'argent, nous avons besoin d'intelligence, nous avons besoin d'innovation.
04:28Et nous avons besoin de formation, de renforcement de capacités, nous avons besoin des infrastructures.
04:36Et donc tout ceci nécessite une bonne organisation au niveau national,
04:42mais nécessite également qu'on y mette de l'argent, qu'on y mette son argent, son budget.
04:48Et donc nos pays aujourd'hui sont capables de mobiliser des fonds.
04:52Mais le plus souvent, les pays, ce qui manque c'est la capacité souvent de développer des projets, des programmes bancables pour pouvoir approcher les bailleurs.
05:03Nous avons fait, moi personnellement, j'ai fait le tour, ça fait près de 3-4 mois, j'ai fait le tour de l'Afrique de l'Ouest.
05:10J'ai rencontré tous les bailleurs et tout le monde était unanime, tous les bailleurs étaient unanimes sur leur volonté de financer l'agriculture dans notre sous-région.
05:22Pourvu que des programmes leur soient présentés.
05:26Donc la volonté politique des pays de vouloir investir dans leur agriculture.
05:32Et nous, nous sommes là, nous disons que nous sommes là à votre disposition pour vous aider à développer des programmes bancables, pour qu'on aille ensemble chercher cet argent.
05:43Et donc c'est ce message que nous apportons au gouvernement pour dire que la FAO est prête à vous appuyer, à développer des programmes et des projets bancables,
05:53à identifier les bailleurs puisque nous avons déjà commencé.
05:57Et donc il faut qu'il y ait cette volonté politique pour qu'ensemble on aille mobiliser ces fonds.
06:04Alors, comme j'ai dit tout à l'heure, on a besoin de l'argent pour la recherche, la recherche agricole.
06:11La recherche agricole, ça coûte très cher, mais il faut de l'argent pour faire la recherche.
06:16Et il faut de l'argent pour qu'en faisant la recherche, on puisse mettre au point des innovations technologiques qu'il faut pour que ces innovations soient transférées.
06:24Il faut de l'argent pour que le conseil agricole fonctionne, la vulgarisation coûte cher, il faut de l'argent pour cela.
06:33Ensuite, il faut de l'argent pour construire des infrastructures de production, des infrastructures de stockage, des infrastructures de transport des produits.
06:43Et pour que les paysans puissent être aidés à le faire.
06:47En Afrique aujourd'hui, il y a moins de 10% des superficies emblavées dans l'agriculture qui utilisent la semence améliorée.
06:57Donc ça veut dire que le gap est très grand, que nous devons attraper en termes d'utilisation des semences améliorées.
07:05Aujourd'hui, quand on fait le tour, on trouve encore des gens, et beaucoup d'ailleurs, qui produisent encore avec des dabas et puis des hours.
07:13Au XXIe siècle, nous disons que ce n'est plus acceptable.
07:17Il faut mécaniser notre agriculture.
07:19Alors monsieur le coordonnateur, cela nous emmène justement à la dernière question.
07:22Quel regard portez-vous sur les initiatives des autorités ivoiriennes en vue de rendre dynamique l'agriculture,
07:28mais aussi les initiatives de la FAO pour accompagner les ambitions du gouvernement ivoirien ?
07:35Nous sommes très heureux de constater que les autorités ivoiriennes, le ministère de l'Agriculture,
07:44la production, et puis aussi le ministère de la Production Animale et des Ressources Aliétiques,
07:53ce sont des ministères qui font beaucoup d'efforts pour développer l'agriculture avec grand temps,
08:00y compris la foresterie, l'agroforesterie, etc.
08:05Et donc il y a eu une cohérence au niveau des politiques.
08:09Il y a également les documents de stratégie qui ont été développés.
08:13Ils sont sur le terrain, en train de chercher de l'argent, comme je l'avais dit tout à l'heure,
08:19pour pouvoir mettre en pratique tout ceci.
08:23N'oublions pas que la Côte d'Ivoire est l'un des pays rares en Afrique de l'Ouest
08:29qui est en train de développer ce qu'on appelle les agropoles.
08:33C'est une initiative phare, et donc jusqu'à neuf agropoles.
08:36Et ça va être des pôles de développement de l'agriculture.
08:40Et donc c'est vraiment la liaison directe entre la production agricole et l'industrialisation agricole.
08:47Et si c'est bien mené, je vais vous dire que d'ici quelques années,
08:50la Côte d'Ivoire va arrêter l'importation de ce que nous consommons ici dans ce pays.
08:57Alors donc il y a des initiatives comme ça qui sont vraiment à louer.
09:02J'ai vu également les assistances que le gouvernement apporte concernant même les semences,
09:08concernant la mécanisation et tout ça, la formation et tout.
09:13Même concernant l'irrigation, ça a commencé aussi.
09:16Alors donc moi je pense qu'il y a beaucoup de choses qui sont faites aujourd'hui
09:20et pour soutenir aussi les cultures vivrières, le riz, etc.
09:25Ils ont développé la stratégie du riz.
09:28Ils sont vraiment en train de mettre tout en place pour augmenter la production agricole.
09:35Puisque nous avons ici au niveau de la Côte d'Ivoire, nous avons des potentialités pour produire du riz.
09:40Alors donc il y a tout ceci qui est vraiment salué.
09:44Et donc nous, nous les accompagnons.
09:45Nous les accompagnons, je dirais par exemple avec le cacao.
09:49Nous les accompagnons avec le projet de cacao durable.
09:53Donc on est sans ignorer que maintenant on demande que le cacao soit produit
09:59de sorte qu'on réduise la déforestation.
10:03Et donc ce programme-là, l'AFAO est impliqué avec le gouvernement ivoirien.
10:11Donc il y a beaucoup de choses que nous faisons pour renforcer la capacité du gouvernement
10:16et pour aider vraiment à un développement durable de cette agriculture.
10:21Mesdames, Messieurs, nous avons eu beaucoup de plaisir à échanger avec vous,
10:24avec le docteur Guanto Robert, il est coordonnateur sous-régional de l'AFAO.
10:29Nous avons parlé bien entendu de souveraineté alimentaire,
10:31mais de toutes ces initiatives entreprises par l'AFAO
10:34pour soutenir les gouvernants des pays de l'Afrique de l'Ouest.
10:38Merci Monsieur le coordonnateur.
10:39Merci.