• avant-hier
Le dimanche 4 août 2024, l'équipe de France masculine de fleuret, championne olympique en titre, a remporté la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Dans le magazine Ce Jour Là, les fleurettistes partagent leurs souvenirs d'une journée riche en rebondissements et en émotions.

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00L'histoire s'écrit maintenant, bonjour à toutes et à tous, bienvenue au grand palais
00:20éphémère.
00:21L'équipe de France 2 Fleuret va tenter de décrocher l'or comme il y a 3 ans à Tokyo.
00:25Le matin on se réveille avec l'objectif d'être champion olympique, on se réveille
00:28aussi avec la boule au ventre.
00:29Franchement l'avant compétition c'est toujours le pire, c'est le moment où il y a beaucoup
00:33d'incertitudes, le cerveau humain il n'aime pas d'incertitudes, chacun a ses routines,
00:37c'est un grand moment de solitude presque avant une grande compétition comme ça.
00:41C'est parti pour ce quart de finale, l'équipe de France en Trolice passe à la Chine, une
00:46équipe redoutable et redoutée.
00:47Moi j'étais le premier relais donc je savais que si je faisais un bon premier relais et
00:53que je mettais de l'avance ça allait être plus facile pour nous donc j'avais beaucoup
00:56de pression parce qu'à l'inverse si je prenais une rouste au premier relais on allait
00:59courir après le score.
01:00Je ne savais pas à quoi m'attendre parce que c'est mes premiers Jeux olympiques et
01:03je savais que mon équipier que je suis remplacé venait de faire un bon relais donc c'était
01:06à mon tour de prendre la main, ils m'ont sélectionné aux Jeux olympiques pour ce
01:13job là donc je savais que maintenant j'avais plus qu'à tirer mon ice cream et vraiment
01:16vivre l'instant présent.
01:17Et du coup après on a été devant et tout le match on avait pas mal d'avance, ça
01:23n'a pas été un match facile mais c'est un match qu'on a pu gérer et on s'en est
01:26bien sorti.
01:27Le dernier carré France-Japon, un match extrêmement important pour déterminer qui se retrouvera
01:36dans la grande finale.
01:37Cinquième relais, 23 partout, la tension est à son comble, ça va être compliqué
01:42dans ce dernier relais, aïe aïe aïe malheureusement, malheureusement ça ne passe pas pour les
01:46bleus et l'équipe de France s'arrête aux portes de la finale mais maintenant un seul
01:51objectif, la médaille de bronze.
01:53On pouvait faire beaucoup mieux parce que j'étais persuadé que notre premier match
01:59serait compliqué et que si on passait le premier match, derrière on avait des adversaires
02:05qu'on pouvait battre en fait et en fait on n'a pas fait ce qu'il fallait pour la demi-finale
02:09sur le Japon et c'est plus la frustration de ne pas avoir fait ce qu'il fallait aussi
02:14bien eux que moi parce que je suis dans le même bateau qu'eux.
02:16Donc en fait c'est un moment où il faut accepter qu'il y ait une période de tristesse, de
02:20déception et de deuil, ça dure à peu près une heure, une heure et demie au moins, où
02:24on voit noir, on n'est que dans la colère, il n'y a pas beaucoup de lumière au bout
02:28du tunnel.
02:29Et du coup nous pour le coup on a vraiment fait une grosse sieste, on avait une petite
02:32période où on pouvait se reposer donc on a fait deux heures de sieste et après personne
02:36crache sur une médaille de bronze quoi donc on n'a pas le temps de se dire on voulait
02:39que l'or, voilà on a perdu, maintenant il faut aller chercher tout ce qu'on peut prendre.
02:44On s'est laissé tout seul pendant deux heures trente à peu près, trois heures, où chacun
02:49était face à lui-même, il devait se remobiliser individuellement, on se donnait un peu d'énergie
02:53quand il y avait besoin mais c'était vraiment encore une fois, chacun gérait sa routine,
02:57sa manière de se remettre dedans, il y en a qui ont eu besoin de parler à la psy, il
03:00y en a qui avaient besoin d'être tout seul, il y en a qui ont eu besoin de faire un échauffement
03:02de malade et à une heure du match, là on s'est agroupé et là c'était le moment
03:06où on se disait ok maintenant on est ensemble, moi je me rappelle avoir réuni les gars et
03:10leur avoir dit maintenant qu'on gagne ou qu'on perde, ça ne changera rien notre amitié,
03:14ça ne changera rien au fait qu'on s'aime.
03:15Nous y sommes, enfin, la petite finale France-Etats-Unis, un logre américain qui est tout simplement
03:21la bête noire de nos bleus depuis quelques années.
03:24Quand je me suis vu aller tirer la troisième place sur les américains qu'on avait pas
03:27tapé une seule fois en trois ans, je me suis dit on va revenir bredouille.
03:31Ce qu'il se passe entre la demi et le match pour la troisième place c'est que le coach
03:34vient me voir, Emric, en gros il sent qu'il faut enlever un peu de pression à Enzo, en
03:38fait Enzo son rôle c'est vraiment de faire un gros scoring parce qu'on sait qu'il peut
03:40faire des gros écarts, ce qu'il a réussi à faire d'ailleurs ce match sur la troisième
03:43place.
03:44J'ai changé la composition de l'équipe, celui qui est le premier tireur, deuxième
03:48tireur et troisième tireur.
03:49J'ai senti que je devais faire quelque chose, c'est-à-dire que si on repartait trois heures
03:53plus tard sur le même schéma, sur les mêmes choses, on allait répéter exactement la
03:56même chose que sur Japon et j'avais pas envie en fait.
03:58J'avais pas 36 000 solutions, j'avais que trois gars, je peux plus les changer donc
04:02j'ai dit il faut que je trouve quelque chose et en fait tu te dis ça mais en même temps
04:05si tu perds on te dit excuse-moi le mot, t'es un poireau et t'as rien compris quoi, parce
04:09que tu fais plus finir ton meilleur tireur depuis 4-5 ans qui est double champion du
04:14monde, qui a un palmarès long comme le bras pour mettre quelqu'un qui finalement a moins
04:18d'expérience que lui.
04:19Ça a été vraiment une bascule psychologique parce qu'être finisseur c'est vraiment porter
04:23l'équipe un peu sur son dos parce qu'on peut avoir tous les points d'avance qu'on veut,
04:26c'est sur le dernier relais le finisseur ne met pas la dernière, l'équipe elle perd.
04:29Donc ça a été un changement tactique important qui moi m'a mis beaucoup de pression.
04:33Quand on rentre dans la nef du Grand Palais, que là il y a Stade qui est voué à notre
04:40cause, qu'il y a un bruit de malade, qu'il y a des tifos comme au foot, qu'il y a nos
04:44têtes sur des cartons et là je me rappelle, on regarde et il y a Enzo qui me fait Max
04:48Max regarde le tifo et moi je... parce que moi j'étais focus quoi, je me tourne, je
04:52vois Stade et il y a presque ouais je sais pas, il y a 30 secondes on est comme des enfants
04:56alors qu'on doit rester dans le combat.
04:58Le début de la rencontre a compliqué, ils nous ont très vite menés, on était derrière
05:03et au fil des relais on a réussi à disons un peu casser le jeu, c'est à dire prendre
05:08notre temps, recoller petit à petit et ensuite Enzo a fait un relais monstrueux sur un Américain,
05:14il nous a fait passer devant, ça les a fait douter je pense et après ils nous ont pu
05:18revu, on a pris vraiment le large.
05:20Au début du dernier relais on a 10 touches d'avance, soit je gagne et c'est normal,
05:24soit je perds et je passe pour le clown de service, donc la pression elle est présente
05:28et ma dynamique c'était de me dire je vais pas attendre qu'il essaie de mettre des touches,
05:32je vais pas subir, je vais l'agresser, c'est ce que j'ai fait, je l'agresse, je mets les
05:35deux premières et là une fois que j'avais mis les deux premières ça m'a un peu libéré,
05:39lui il a senti que là c'était fini et après j'ai pu terminer.
05:43Allez la dernière touche de Maxime Poitier, il faut qu'elle arrive, elle est arrivée,
05:46voilà c'est fait, la France est médaillée de bronze au jeu de Paris à la maison, devant
05:51leur public, une aventure extraordinaire.
05:54Le moment où il y a la dernière touche c'est un soulagement, ensuite quand on se retrouve
06:04avec les copains là ça commence avec de la joie et après c'est de l'euphorie, c'est
06:07de l'euphorie, je me rappelle avoir dit au coach adjoint, là les 24h, 48h qu'on va vivre,
06:13c'est aussi pour ces moments là qu'on essaie de faire des médailles.
06:15Plus rien ne compte, presque, il n'y a plus de misère sur terre, il n'y a plus de problèmes
06:27dans la vie, tout va bien et voilà ces 48h qui sont un peu utopiques, un peu fausses
06:32mais où il faut profiter et voilà c'était euphorique, franchement c'était très agréable.

Recommandations