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00:00Il est 13h31, merci de nous rejoindre sur Europe 1, Europe 1 13h, la suite, vous écoutez Céline Giraud et avec vous, aujourd'hui, Céline, vos deux chroniqueurs politiques, Olivier d'Artigolles et Jean-Claude Dacier.
00:10Et nos auditeurs d'Europe 1 qui vont sans doute être intéressés par ce dont on va parler maintenant.
00:15Hier, ça ne vous a pas échappé, mes amis, la justice a suspendu l'expulsion de l'influenceur d'Oualem vers l'Algérie.
00:23Avant d'en débattre, je vous propose d'écouter Pierre Lelouch, l'ancien ministre et auteur de Ongrenage, la guerre d'Ukraine et le basculement du monde.
00:29Il était sur Europe 1 au micro de Dimitri Pavlenko ce matin.
00:32Le régime algérien vit sur une rente mémorielle qui consiste à considérer la France comme étant l'ennemi éternel, comme dit un de leurs ministres,
00:43c'est-à-dire en fait le pouching ball sur lequel on se défoule en permanence pour expliquer que tous les problèmes d'Algérie viennent de France.
00:52Je crois que là, ils sont quand même passés à un stade au-dessus.
00:54Je crois qu'ils sont en train de profiter du fait que la France est faible, qu'ils perçoivent qu'elle est molle
01:00et que peut-être le moment est venu de lui faire sentir que l'Algérie instaure une sorte de droit d'ingérence permanent sur la France via la communauté algérienne en France.
01:12Voilà, Pierre Lelouch, l'ancien ministre ce matin sur Europe 1.
01:16On monte encore d'un cran dans les tensions entre l'Algérie et la France.
01:21Que le régime algérien puisse nourrir, cultiver et exalter un sentiment anti-français, c'est en effet le cas.
01:27Ce qui se passe aujourd'hui sur Doualem, comme on avait vécu sur l'Imane-Ikwissem, vous vous en souvenez,
01:36le tribunal administratif avec trois juges a simplement indiqué qu'il y a une menace grave à l'ordre public justifiée en expulsion.
01:43Donc le tribunal administratif ne dit pas qu'il ne faut pas expulser ce monsieur.
01:47Ce n'est pas très clair ce que dit le tribunal administratif.
01:50Non, c'est extrêmement clair. Là, c'est du verbatim. Jean-Claude, j'ai lu vraiment le jugement.
01:55Il prouve qu'il y a un trouble à l'ordre public.
01:57Une menace grave à l'ordre public justifiée en expulsion.
01:59Mais, et c'est là où le bas blesse, les seuls faits établis par le ministre de l'Intérieur ne suffisent pas à justifier une procédure en urgence absolue.
02:08Donc, il vaut mieux que le ministère de l'Intérieur fasse moins de communication dans ces moments-là,
02:13davantage de droits, pour ne pas se mettre dans une situation où, derrière, nous sommes affaiblis.
02:18Enfin, reconnaissons quand même que le jugement, c'est la Normandie.
02:23Le jugement du tribunal, c'est, oui, d'accord, il est allé trop loin dans les menaces proférées à l'égard des Français, mais néanmoins...
02:33C'est un signal fait en direction d'Algérie.
02:35Ecoutez, la justice n'aide pas beaucoup les efforts qui sont faits pour essayer de régler les problèmes avec l'Algérie.
02:44Moi, j'ai été frappé par le voyage du patron de DGSE à Algérie.
02:48C'est pas tout à fait neutre.
02:50Le 13 janvier dernier.
02:51Le 13 janvier dernier.
02:52Bon, je pense qu'on a intérêt, je suis frappé du fait, d'ailleurs, que le Président de la République, pour l'instant, garde un silence,
03:01qui est assez exemplaire, d'habitude.
03:04Je ne suis pas sûr que, pour autant ça ne veut pas dire qu'il ne travaille pas derrière,
03:09je ne suis pas sûr qu'il faille tout de suite monter aux extrêmes.
03:12Mais c'est quand même un camouflet pour Bruno Retailleau.
03:14Oui, sans aucun doute.
03:15Mais vous savez, dans ce genre de conflit, on a besoin d'un responsable, on a besoin d'un bouc émissaire.
03:21M. Retailleau était parfaitement dans son rôle lorsqu'il a dit à Boilem,
03:25votre discours sur Internet est absolument inacceptable, vous allez repartir en Algérie.
03:31Bon, le fait que les Algériens aillent renvoyer par le même avion quasiment le jour même, ça aussi veut dire quelque chose.
03:37Dans le même temps, M. Retailleau a, semble-t-il, contre-attaqué,
03:42lorsque l'avion Alger-Paris s'est posé à Roissy, il a fallu longtemps, je ne sais pas combien de temps,
03:48mais longtemps aux passagers pour venir sur le territoire français.
03:53On est arrivé à un point où il faudrait peut-être quand même se parler.
03:58Il y a des relations, encore une fois, la DGSE, c'est très important dans la lutte contre le terrorisme.
04:03Les relations commerciales sont importantes.
04:05On a des centaines de milliers d'Algériens qui sont sur le territoire français.
04:11Il faut en effet que l'Algérie fasse de gros efforts pour essayer de comprendre la situation dans laquelle nous sommes.
04:18J'espère qu'on va y arriver, j'en suis pas encore tout à fait sûr.
04:21Le ministre de l'Intérieur qui se réserve d'ailleurs de déposer un recours.
04:24Donc le ministre de l'Intérieur a un mois pour reposer une demande d'expulsion,
04:30mais dans le cadre d'une expulsion ordinaire, ce qu'il va réussir à faire.
04:33Mais comment interpréter, selon vous, Olivier, cette décision du tribunal administratif ?
04:38Que ce n'est pas un signal envoyé justement pour apaiser, entre guillemets,
04:42ou détendre les tensions diplomatiques avec la France ?
04:45Est-ce que le tribunal administratif n'est pas aux ordres de l'État ?
04:50J'ai un ami qui s'appelle Michel Bernos, qui est le maire de Jurençon-en-Béarn,
04:53et qui est juge administratif à Toulouse.
04:56Et qui m'a fait un décryptage de cette décision en me disant
04:59« Mais tu sais, ça arrive à peu près 20% que des décisions soient retoquées. »
05:03Là, il me dit « Véritablement, l'argumentaire mené par le ministère de l'Intérieur
05:09pour aller vers une urgence absolue n'était pas suffisamment serré, n'était pas suffisamment solide. »
05:16Et dans le même temps, on lui retire son titre de séjour.
05:19Il appelait quasiment un certain nombre d'Algériens,
05:24ce sont ses amis ou ses complices, à agir sur le territoire français,
05:28en se comportant comme on ne doit pas se comporter.
05:31Il est en France depuis plus de 20 ans. Il est marié à une Française.
05:35Il a des enfants français. De toute façon, ce n'était pas possible son expulsion à l'État.
05:40Enfin, on lui a quand même retiré son titre de séjour,
05:42mais le tribunal administratif ne revient pas là-dessus.
05:44Je pense que ce monsieur sera expulsé, car il faut qu'il soit expulsé après les propos qu'il a tenus,
05:50et ça se fera dans le cas du droit ordinaire.
05:53Voilà, c'est un contre-temps, mais en effet, l'affichage sur le plan politique est désastreux.
05:59La presse algérienne mène une campagne d'une très grande violence vis-à-vis de Bruno Retailleau,
06:05et la question que posait Jean-Claude Assier est très juste.
06:08Est-ce que nous sommes pour maintenir qu'un cas, même si c'est très dur, des relations bilatérales ?
06:14Est-ce qu'il faut faire baisser la température de tout ça aussi,
06:17parce que prioritairement nous avons un compatriote français intellectuel sans salle qui est emprisonné ?
06:23Ou est-ce qu'il faut jouer une escalade ? Je pense qu'il ne faut pas jouer l'escalade.
06:28Moi non plus, et je ne sais pas à quoi pense le Président de la République, ça me gêne un peu quand même.
06:34La crise dure depuis déjà un certain nombre de semaines,
06:37Retailleau est la victime expiatoire, on a compris,
06:40il serait peut-être temps qu'on sache véritablement quel est le cap.
06:44Et Marine Le Pen réagit aussi à cette décision,
06:47elle dit que la France manque de fermeté, et justement on va en parler de Marine Le Pen à 13h38.
06:51Pourquoi ? Parce qu'elle était sur LCI hier soir,
06:54sa première interview depuis la disparition de son père,
06:58depuis 2012, la chef de file des députés RN n'a fait que gagner des électeurs.
07:03Ecoutez sa réponse lorsqu'on lui parle du plafond de verre.
07:07Je ne crois pas à cette théorie du plafond, ça c'est un truc de la classe politique pour se rassurer.
07:11Donc si vous me dites, est-ce que vous pensez qu'un jour vous allez pouvoir, la réponse est oui.
07:15Et j'ai hâte, je vais vous dire j'ai hâte, parce que je n'en peux plus de l'inertie,
07:20parce que je n'en peux plus que notre pays réitère toujours les mêmes erreurs,
07:24dont pourtant il devrait savoir qu'elles ont contribué à mettre notre puissance,
07:30France, dans une situation de faiblesse qui est probablement historique,
07:35dans l'intégralité des domaines, dans le domaine de la santé, dans le domaine de la recherche,
07:40dans le domaine de l'enseignement, dans le domaine de l'industrie.
07:43Voilà j'ai hâte d'arriver au pouvoir dit-elle, et j'ajoute qu'elle dit aussi
07:47je ne vis pas avec l'idée que la présidentielle 2027 puisse m'être barrée,
07:51je n'imagine pas que des magistrats décident de priver le peuple français
07:54de se choisir leur candidat à la présidentielle.
07:57Retour médiatique de Marine Le Pen, qui a bien sûr été en période de deuil,
08:02retour médiatique important pour elle, en effet il y a ce rendez-vous judiciaire
08:07décision du tribunal le 31 mars, mais deux éléments pour elle qui changent un peu la donne,
08:12d'abord le phénomène retaillou dans l'opinion publique,
08:15on se souvient comment lors de son élection comme président de la République,
08:19Nicolas Sarkozy avait réussi à siphonner le vote RN,
08:25il y a aussi ce phénomène politique parlementaire,
08:29où si le PS va de nouveau pas voter une censure,
08:35ça rend justement le positionnement à l'Assemblée du RN moins faiseur de gouvernement,
08:40on lève le pouce c'est bon, on le baisse, le gouvernement tombe,
08:43il y a là une complexité parlementaire nouvelle pour elle,
08:47donc elle a besoin j'ai envie de dire de refaire de la politique dans ce moment-là en donnant des éléments.
08:52Jean-Claude Assier, sur les ambitions de Marine Le Pen qui les affichent clairement.
08:55Ecoutez, non mais là c'est plus que clairement,
08:58elle dit je vais être élue et j'ai hâte d'être au pouvoir, c'est clair,
09:03mais à qui s'adresse-t-elle ?
09:05Moi je veux bien tes explications sont les bonnes sans doute aussi,
09:09mais d'abord elle s'adresse au juge,
09:11elle s'adresse à madame la présidente du tribunal qui va devoir
09:15et qui est peut-être déjà en train de rédiger le jugement
09:18qui aura quelque chose à voir ou pas avec les réquisitions qui rappelons-le encore une fois
09:24ont posé la non égibilité de Marine Le Pen quoi qu'il arrive,
09:30c'est-à-dire que si le tribunal suit les réquisitions du procureur,
09:35elle ne peut pas être candidate.
09:37La non égibilité ne pose pas de problème sur la décision, ça sera maintenu.
09:41Là où il y a le sujet, c'est sur l'exécution provisoire.
09:44C'est le seul sujet qui compte, c'est est-ce que oui ou non,
09:47est-ce que cette exécution provisoire sera levée ou pas,
09:51encore une fois c'est au juge qu'elle s'adresse d'abord Marine Le Pen,
09:56elle dit j'ai hâte d'être au pouvoir,
09:58je vais être au pouvoir pour mettre en oeuvre ma politique,
10:01ensuite on verra bien,
10:03mais je pense comme vous que l'exécution provisoire sera difficile à maintenir
10:10dans le jugement du 31 mars,
10:12mais je m'avance peut-être un peu, nous verrons.
10:16Néanmoins, imaginons ce qui se passerait si l'exécution provisoire,
10:21si le procureur était suivi par la présidente du tribunal
10:26et que Marine Le Pen ne pouvait pas être candidate.
10:29En tout cas c'est sûr qu'elle envoie un message.
10:31Elle ne fait que cela, elle envoie évidemment un message au juge,
10:34attention, parce que si elle ne peut pas être candidate,
10:37je ne veux pas être un oiseau de mauvais augure,
10:39je ne sais pas ce qui se passera dans ce pays,
10:41ça ressemblera quand même à une protestation forte
10:44qui pourra éventuellement ressembler à une espèce de tsunami.
10:47Et elle a réaffirmé l'architecture du tandem qu'elle forme avec Jordan Bardella,
10:51rien n'a changé, lui à Matignon et elle à l'Elysée.
10:55Allez, 13h42, on reste ensemble, on se retrouve dans quelques instants,
10:58on va continuer à parler de ce qui se joue aujourd'hui,
11:01notamment du côté de l'Assemblée Nationale avec ce conclave,
11:04cette réunion à huis clos, commission mixte paritaire
11:08pour tenter de trouver un compromis sur le budget.
11:11Est-ce que ça va passer ? A priori oui,
11:13mais ensuite et maintenant, on va en parler à tout de suite.
11:15Bon début d'après-midi avec Céline Giraud de 13h à 14h sur Europe 1.