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00:00Bienvenue au Coeur du Crime, un podcast ici des Archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:57Dire que j'ai été abasourdi en découvrant ce qui se passait entre Doris et notre voisin de palier serait ce qu'on appelle un délicat euphémisme.
01:09Il y a quatre ans que nous sommes mariés, Doris et moi, et je n'en crois pas encore ma chance.
01:14Car Doris a le plus ravissant visage que vous pourriez imaginer et un corps de rêve.
01:20Enfin, de rêve pour les autres car moi, j'ai la réalité.
01:25Et pour cette réalité-là, j'ai toujours été prêt à n'importe quel sacrifice.
01:31Tenez, pour lui rendre la vie plus agréable, la choyer davantage, j'ai accepté cet emploi de représentant qui me fait courir d'un bout à l'autre du Middle West presque trois semaines par mois.
01:44Mais j'avais en elle une confiance aveugle.
01:48J'étais à sans lieu de me douter que pendant ce temps-là, elle filerait le parfait amour avec ce minable de Wilkins.
01:57Car c'est un minable, il n'y a qu'à le regarder.
02:00Une espèce d'asperge, maigre comme un clou, le crâne déjà déplumé et les épaules en porte-manteau.
02:07Et son compte en banque doit être à l'avenant.
02:10À ça, personne ne pourra accuser ma Doris adorée d'en vouloir à son argent.
02:16Une machine à écrire, voilà le bien le plus précieux que possède l'individu qui fait battre le cœur de ma femme.
02:22Et encore, et encore, l'engin est loin d'être de première jeunesse.
02:27Ah oui, je ne vous ai pas dit le plus beau.
02:29Ce minable de Wilkins est écrivain.
02:32Oui, enfin, du moins prétend-il l'être, car à ma connaissance, il n'a jamais rien publié.
02:39Évidemment, j'ai vite trouvé des excuses à Doris.
02:43Parce que voyez-vous, en dépit de ses expéditions de l'autre côté du couloir, là où l'herbe paraît plus verte, je l'aime encore comme au premier jour.
02:56Une beauté pareille, me suis-je dit, une beauté pareille, pleine de vie et d'entrain,
03:03c'est la proie rêvée pour tous les coureurs de jupons du pays.
03:07Et elle doit se sentir si seule pendant mes longues absences.
03:11Comment, dans ces conditions, ne pas me montrer indulgent pour elle ?
03:15Mais pas pour ce plumitif déplumé.
03:18Ah non, pas question.
03:20Lui, je vais te lui régler son compte, et de la belle manière.
03:24Mais pas de précipitation, Jim.
03:28Voilà ce que je me suis conseillé.
03:30Attends d'avoir retrouvé ton calme, mon vieux.
03:33Attends surtout de pouvoir le liquider sans te faire épingler.
03:38Sinon, tu serais bien avancé.
03:40Wilkins sera mort, d'accord, mais toi, tu croupiras dans un cul de basse fausse,
03:45et Doris, ta ravissante Doris, ne restera probablement pas seule bien longtemps.
03:55Je décide donc de jouer à celui qui ne sait rien.
03:58Je me conduis exactement comme d'habitude, et elle aussi, la rusée petite comédienne.
04:04Quand je croise Wilkins devant les boîtes aux lettres ou dans l'ascenseur,
04:08je lui adresse un sourire ou un salut de bon voisinage.
04:12Il me répond de la même manière, me prenant sans doute pour un homme charmant,
04:16en même temps que pour un pauvre ballot.
04:18Moi, cette situation me convient parfaitement.
04:23J'en profite pour observer Wilkins, étudier ses allées-venues, ses manies.
04:30Je suis persuadé qu'avec de la patience, je trouverai le moyen de le faire passer de vie à trépas,
04:36sans éveiller le moindre soupçon chez quiconque.
04:41Et les mois passent.
04:45J'étudie une foule de possibilités, les peaufines, les travailles, les rejettes,
04:51en échafaudre de nouvelles, et puis, un samedi matin du mois d'août,
04:56la solution vient à moi presque toute seule.
04:59Ce jour-là, il fait une chaleur d'enfer.
05:02Je viens de rentrer de mon club de golf et je suis en train de me garer devant notre immeuble
05:07quand je vois Wilkins sortir du curieux tas de ferraille qui lui sert de voiture.
05:13Il est à une dizaine de mètres de moi et porte un gros sac d'épicerie dans les bras.
05:18Et soudain, alors qu'il vient de s'approcher du massif de zinnias et d'hortensias qui bordent l'allée,
05:24il se cabre comme un cheval effrayé et s'arrête net.
05:27Après une brève hésitation, il décrit un vaste cercle sur la droite, puis sur la gauche,
05:33les mains crispées sur son sac, tout en jetant aux fleurs un regard terrifié.
05:37À ce moment-là, une abeille, qui folaterait sur la plate-bande,
05:42abandonne les hortensias et s'en vient à la rencontre de Wilkins.
05:46Le bonhomme s'en bat littéralement et je commence à comprendre pourquoi.
05:50Il doit avoir repéré cette abeille depuis le début et en la voyant s'approcher pour lui dire un petit bonjour amical,
05:57il perd complètement la tête.
05:59On dirait vraiment qu'il a tous les diables de l'enfer à ses trousses.
06:03Il pousse un petit cri étranglé, lâche son sac à provision qui s'écrase sur le ciment de l'allée
06:08dans un grand fracas de bouteilles de lait écrasées et prend ses jambes à son cou
06:13comme une femme hystérique qui aurait vu une souris blanche.
06:18Quant à moi, je m'immobilise complètement, fasciné par cet étonnant spectacle.
06:27Tout en dévalant l'allée en courant, Wilkins fait des moulinets désespérés avec ses bras maigres,
06:32en jetant à l'abeille des regards affolés par-dessus son épaule.
06:35Arrivé devant la porte d'entrée de l'immeuble, il la pousse brutalement,
06:38puis il la referme précipitamment derrière lui.
06:41Il y a vraiment de quoi mourir de rire !
06:44Mon Dieu, dire que ma femme s'est entichée d'une andouille pareille,
06:50d'un type qui a peur des abeilles !
06:53Mais très vite, très très vite, me vient une autre pensée.
06:59Aucun adulte sain d'esprit ne redoute les abeilles à ce point-là
07:04sans avoir de bonnes, de très bonnes raisons.
07:09Je vous ai dit que je suis représentant de commerce.
07:12Mais vous ai-je expliqué ce que je vendais ?
07:15Non, je ne crois pas.
07:17Je travaille pour l'une des plus grandes sociétés de produits pharmaceutiques du Middle-West.
07:23Et sans être médecin, j'ai suffisamment de connaissances médicales
07:28pour comprendre ce qui avait motivé la singulière réaction de Wilkins.
07:34Je sens que ma patience ne va pas tarder à être récompensée
07:39et bientôt je nage en pleine euphorie.
07:43Cette fois, il ne me faut pas bien longtemps pour mettre au point un plan carrément génial.
07:49N'ayons pas peur des mots, quoi.
07:52Ma tournée du mois d'août commence le lendemain.
07:56Je dois m'absenter pour deux longues semaines.
07:59Avant de partir, je plonge mon regard au plus profond des merveilleuses prunelles sapphires de Doris
08:06et la serre contre moi avec plus d'ardeur encore que d'habitude au moment de la quitter.
08:13Pendant dix jours, je m'occupe exclusivement de mes affaires,
08:18bien que j'ai du mal à me concentrer sérieusement sur mon travail.
08:22Je ne peux m'empêcher de penser que, très loin là-bas,
08:27mon adorable petite garce de Doris se livre au délice de l'adultère avec son écrivaillon de pacotille.
08:38Mais profites-en bien, mon vieux Wilkins, me dis-je en guise de consolation.
08:44Oui, oui, oui, profites-en bien parce que c'est la dernière fois.
08:51Mais qu'est-ce que notre héros peut bien être en train de manigancer pour sembler si sûr de son coup ?
09:01C'est ce que vous découvrirez dans quelques instants.
09:13Lorsqu'il découvre que sa femme le trompe avec leur voisin de palier,
09:18Jim n'en veut pas l'infidèle.
09:21En revanche, il est bien décidé à régler son compte à son rival,
09:26et une idée lui vient en constatant que l'individu en question a une peur bleue des abeilles.
09:37Le dixième jour, j'abandonne mon itinéraire habituel
09:41et je fais un crochet de cent vingt kilomètres pour gagner un petit bourg du nord de l'État.
09:47J'entre dans une boutique endormie, moitié quincaillerie, moitié magasin de sport.
09:53Derrière son comptoir, le vendeur a l'air complètement abruti.
09:57Je ne sais pas si c'est un alcoolique chronique ou un taré congénital,
10:01mais je suis sûr en tout cas qu'il sera bien incapable de se souvenir de moi et de ce que je lui ai acheté,
10:07en l'occurrence un filet à papillons.
10:10Je case mon acquisition dans le coffre de ma voiture et roule paisiblement sur une jolie petite route de campagne
10:17jusqu'au moment où j'aperçois un chèvre-feuille épanoui sur un mur en bordure d'un chemin de terre.
10:23Je me range sur le bas-côté, enfile une vieille paire de gants que je garde en permanence dans la voiture
10:31et soulève le capot comme si je venais de constater un ennui mécanique.
10:35J'attends alors tranquillement qu'il n'y ait plus de voiture en vue dans les deux directions,
10:40puis, le filet à la main, je saute par-dessus le fossé qui me sépare du mur.
10:45Il me suffit de manœuvrer une seule fois le filet à papillons au-dessus du chèvre-feuille pour capturer six abeilles bien vivantes.
10:53Je les transvase avec soin dans une vieille boîte à bonbons ramassée dans la décharge publique d'une autre ville de mon itinéraire,
11:01jette par-dessus une poignée de fleurs et de feuilles et rabats le couvercle.
11:06Je pratique ensuite quelques petits trous d'aération, enveloppe la boîte, sans trop la serrer, dans un papier d'emballage marron poreux,
11:13ficelle le tout et y inscrit l'adresse de Wilkins.
11:18Reste maintenant un point délicat.
11:23Confier le précieux paquet au préposé du bureau de poste du prochain village.
11:30Mais le soleil brûlant de cet après-midi d'été ne justifie-t-il pas mes grosses lunettes de soleil et ma casquette rabattue sur le front ?
11:40D'ailleurs, je comprends vite que j'ai tort de m'inquiéter.
11:43Le bureau de poste est quasi désert et derrière son guichet, la jeune employée ne m'accorde même pas un regard.
11:50Elle a l'air bien trop pressée de se replonger dans le roman photo qu'elle a lâché d'un air contrarié en me voyant accouder au comptoir.
11:59C'est le surlendemain, un vendredi, que je rentre chez moi à la date prévue.
12:06Je gare ma Ford puis descends du véhicule en étirant mes muscles en doloris par le long trajet.
12:12Je viens de m'engager dans l'allée qui mène à mon immeuble quand je remarque soudain quelque chose d'anormal.
12:21Une ambulance de police secours stationne près de la porte, moteur en marche et porte arrière ouverte.
12:27Le chauffeur tape nerveusement du pied contre un des pneus arrière en attendant manifestement que ses copains lui amènent un passager.
12:36Je lui adresse un bref signe de tête avant de pénétrer dans l'immeuble et d'appuyer sur le bouton de l'ascenseur.
12:41Trente secondes plus tard, les deux bâtons s'écartent laissant apparaître deux agents porteurs d'une civière.
12:48Il y a quelqu'un sur la civière, mais impossible de savoir qui. Un drap recouvre le corps de la tête au pied.
12:55Un petit homme à l'air affairé avec une serviette noire à la main émerge de l'ascenseur à la suite de la civière.
13:01Le médecin, probablement. C'est à ce moment-là seulement qu'un doute horrible m'envahit.
13:07« Doris ! Oh non ! Non, ce serait trop bête, trop injuste, trop cruelle ! »
13:13Dès laissant l'ascenseur, j'escalade quatre à quatre les six étages qui me séparent de notre appartement.
13:18Arrivé sur le palier, je suis tellement soulagé de voir entre ouverte la porte de Wilkins que je suis pris d'un faux rire nerveux.
13:26Il me faut dix bonnes minutes pour retrouver mon souffle et mon calme.
13:31Alors je sonne à notre porte arborant déjà un large sourire.
13:35Doris vient m'ouvrir presque aussitôt.
13:39Ses punelles sont dilatées et elle a l'air bouleversée, mais elle me paraît si merveilleusement belle en cet instant que je ne pense à rien d'autre qu'à elle.
13:51« Bonjour, mon trésor, bonjour, mon amour ! » dis-je en l'enlaçant avant même que la porte ne soit refermée.
13:57« Bonjour, pigeon voyageur ! » dit-elle en m'embrassant.
14:01« Je suis tellement contente de te voir, mon amour ! »
14:04« Moi aussi, ma chérie, moi aussi, tu sais. Tu ne peux pas savoir à quel point ! »
14:08Non, Doris ne saurait jamais à quel point j'avais attendu cet instant.
14:14Je hume l'air avec délice.
14:17« Hum, gigot d'agneau ! »
14:20Doris acquiesce en silence, l'esprit visiblement ailleurs.
14:24« Parfait ! » dis-je avec entrain. « C'est exactement ce qu'il me faut pour me remettre d'aplomb après une journée pareille.
14:30Comme d'habitude, à mes retours de tournée, je nous prépare un cocktail que nous savourons généralement blottis l'un contre l'autre.
14:37Mais ce soir, Doris tarde à me rejoindre.
14:41Lorsqu'elle entre dans le salon, je dis d'un ton dégagé.
14:45« À propos, quand je suis arrivé dans l'allée, j'ai vu qu'on emportait quelqu'un sur une civière.
14:50Qui est malade ? »
14:52« Personne. » fait Doris d'une petite voix étranglée.
14:56« Personne n'est malade, mais quelqu'un est mort. »
15:00« Mort, Jim ? »
15:02« M. Wilkins, celui qui habite, enfin, qui habitait juste en face de chez nous. »
15:08« Non ! » m'exclamais-je. « Mais qu'est-ce qui lui est arrivé ? »
15:15« On ne sait pas, » dit Doris en me tendant des glaçons.
15:20« Il est mort comme ça. »
15:22« Oh ! quel dommage ! » dis-je.
15:26« Un voisin si tranquille, si agréable, si courtois. »
15:32En levant la tête, je croise le regard de Doris.
15:36Elle semble sur le point de fondre en larmes.
15:39« Allons, mon trésor ! » dis-je en la prenant dans mes bras.
15:42« Il ne faut pas te mettre dans des états pareils parce qu'un voisin est mort.
15:46Ce sont des choses qui arrivent, tu le sais bien.
15:48Tiens, bois un peu. Tu verras, ensuite, ça ira mieux. »
15:52« Mais c'est moi qui l'ai trouvé comme ça ! » fait-elle d'une voix hachée.
15:56« Je me suis rendu compte cet après-midi que je n'avais pas rencontré M. Wilkins
16:00dans le hall ou dans l'ascenseur depuis un jour ou deux. »
16:04Elle me jette un coup d'œil pour voir comment je réagis à ses explications
16:08et poursuis sur le même ton.
16:10« Alors je me suis approché de sa porte et je n'ai pas entendu sa machine à écrire.
16:14« Tu te souviens, Jim, il tapait pratiquement du matin au soir. »
16:18« Oui, oui, en effet, je me souviens, ma chérie. »
16:21« Alors, » reprend-elle, « je suis allé sonner chez lui plusieurs fois.
16:26Comme il ne répondait pas, j'ai d'abord pensé qu'il était sorti.
16:29Et puis je suis allé demander au gardien si M. Wilkins était absent.
16:33Il m'a répondu qu'il n'en savait rien.
16:35Je lui dis alors que j'étais inquiète et qu'il ferait peut-être bien de monter voir. »
16:40« Ah bon, » dis-je, « alors le gardien est entré et l'a découvert. »
16:44« Oui, c'est ça. Il s'est servi de son passe-partout.
16:48Mais je l'avais accompagné et nous avons trouvé ce pauvre M. Wilkins
16:52étendu sur son divan et ne respirant plus du tout. »
16:56« Ma foi, ma chérie, mourir dans son sommeil n'est pas la façon
17:01la plus désagréable de finir ses jours. »
17:05« Mais Jim, il n'était pas étendu tout son long.
17:08Ce n'était pas comme s'il avait dormi.
17:10On aurait plutôt dit qu'il était tombé sur le divan en mourant.
17:14Il avait les yeux grands ouverts et une espèce d'expression terrifiée.
17:19C'était horrible. »
17:21« Ah oui, bien sûr, mon trésor, bien sûr.
17:23Je suis désolé que tu l'aies vu comme ça.
17:26Et qu'a dit le médecin ? Crise cardiaque ? »
17:30« Ben, il ne savait pas, Jim.
17:32Il a dit qu'il fallait faire une autopsie d'abord. »
17:37Dans la soirée, prétextant d'un ton peuneau une curiosité irrésistible,
17:44je me rends à l'appartement de Wilkins dont la porte est toujours entreouverte.
17:50Je jette un coup d'œil au divan sur lequel on a retrouvé Wilkins,
17:54mais sans m'attarder, non.
17:56Mon regard file aussitôt vers la table
17:59où ma boîte à bonbons gît au milieu de son emballage d'effets.
18:04Je souris, imaginant très bien ce qui s'était passé
18:09quand ces abeilles captives, innocemment libérées par Wilkins,
18:14ont jailli de la boîte.
18:16Les choses n'ont pas dû traîner
18:18une fois qu'il s'est mis à s'affoler et à s'agiter dans tous les sens
18:22pour essayer de les tuer, car c'est certainement ce qu'il a fait.
18:26Et lorsque vous êtes allergique aux piqûres d'abeilles
18:30au point où devait l'être Wilkins,
18:33une bonne dose de piqûres bloque votre système circulatoire
18:38et vous coupe la respiration dans un délai incroyablement court.
18:45Et comme la fenêtre était forcément ouverte par cette chaleur,
18:49les petits assassins dorés ont dû s'enfuir dès leur forfait accompli.
18:55Personne ne pourra jamais éclaircir l'affaire Wilkins,
19:00me dis-je en retournant chez nous.
19:02savourant le plaisir d'avoir à nouveau Doris pour moi tout seul.
19:07Je la regarde dresser le couvert en me félicitant une fois de plus
19:12d'avoir une femme aussi merveilleuse.
19:15Oui, bien sûr, elle a un peu tendance à céder aux avances des autres hommes
19:21en mon absence, mais simplement parce qu'elle s'ennuie,
19:25pour combler sa solitude, c'est tout.
19:28Et c'est alors que je m'avise qu'il y a un moyen bien simple
19:33de mettre fin à tout cela.
19:36Lâcher ce fichu métier de représentant
19:39qui m'oblige à passer la moitié de ma vie sur les routes
19:42et surtout loin de Doris.
19:45Je débouche prestement une bouteille d'un excellent Bordeaux,
19:49plante un baiser sur la joue de Doris et annonce gaiement
19:53« Ma chérie, j'ai décidé de lâcher mon boulot ».
19:57« Jim, tu parles sérieusement ? »
20:00« Bien sûr, Doris, je veux pouvoir rester davantage à la maison avec toi.
20:05Je me sens si seul pendant tous ces voyages, alors j'ai trouvé un travail
20:09qui me permettra de rester tout le temps avec toi. »
20:12Elle lève la tête vers moi d'un air incertain et…
20:18« Jim, qu'est-ce que c'est ce nouveau travail ? »
20:24« Écrire des histoires policières, comme ce pauvre Wilkins.
20:29Je suis sûr que ça va me plaire.
20:32J'ai comme une idée que je réussirai particulièrement bien dans le meurtre. »
20:38Doris m'enlâche plus étroitement avec un sourire attendri.
20:42« Oh, mon amour, je serais enchantée de t'avoir avec moi tout le temps,
20:47mais tu n'as jamais rien écrit. »
20:51« Tu as raison, mon trésor, mais il faut un commencement à tout, non ?
20:58Et voilà donc ma première histoire. Est-ce qu'elle vous a plu ? »

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