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Le réalisateur Michel K. Zongo est le seul Burkinabè en compétition dans la catégorie documentaire long métrage à la 29e édition du FESPACO. Il concourt avec son film documentaire « L’homme qui plante les baobabs ». Dans cette interview qu’il a accordée à Lefaso TV, Michel K. Zongo décrit son ressenti, la thématique abordée dans l’œuvre, et bien d’autres sujets.
#burkinafaso #fespaco
Transcription
00:00Musique d'ambiance
00:30Musique d'ambiance
00:58Bon, c'est un peu dommage que je sois le seul.
01:03J'aurais aimé qu'il y ait plus de films documentaires.
01:06Pour que la compétition soit plus ouverte aussi.
01:12Parce qu'il y a eu des années où il y avait pas mal de films documentaires en sélection officielle.
01:16Chaque année s'en crue.
01:18Je représente aussi le pays.
01:22Je suis content que le film soit sélectionné.
01:26Vous avez bien dit 15 pays.
01:30Donc on a la chance qu'il y ait un film documentaire.
01:35Donc ça c'est déjà bien.
01:37Musique d'ambiance
01:44Pas du tout, au contraire, je suis content qu'il y ait mon film.
01:47D'abord c'est ça, quand on fait un film, on le fait d'abord pour ça.
01:50Et les prix c'est des choses qui viennent vous galvaniser.
01:53Mais à trois mois je ne fais pas un film orienté directement sur un prix.
01:59Je fais des films pour que ça soit plus vu.
02:02Donc beaucoup de gens qui voient le film, au contraire, c'est tous les bouquins qui le voient.
02:06C'est déjà un prix.
02:08Et puis après c'est une compétition d'art.
02:11C'est pas scientifique.
02:13C'est beaucoup de sensibilité.
02:15C'est nos pères qui nous évaluent.
02:17Donc il y a aussi beaucoup d'autres films.
02:20Modestement, j'y participe.
02:22Après, si j'ai un prix, ça fait plaisir.
02:25Mais l'objectif visé, c'est pas que ça.
02:29C'est aussi le fait que le cinéma est célébré.
02:31Que le film qui est sa première mondiale soit montré au Bukina Faso.
02:35Et ça c'est déjà un honneur.
02:37Et puis aussi une fierté.
02:39Je ne suis pas du tout angoissé.
02:41Je suis quand même habitué aussi de ce festival.
02:44Le film rend hommage à un de nos papas.
02:58Je peux dire ça comme ça.
03:00C'est Salif Ouidrabo.
03:02Qui vit à Selonso.
03:04Et qui a pris 50 années de sa vie pour planter Kedewa Oba.
03:12Donc on touche un peu à l'environnement.
03:14On touche aussi à l'engagement.
03:16On touche à la conviction d'un homme.
03:19Et puis on touche aussi aux stéréotypes liés à certains points de notre culture.
03:26Qui souvent ne favorisent pas certaines choses.
03:29Justement, vous voyez que le Baobab est en voie de disparition.
03:32Parce qu'il y a pas mal de stéréotypes derrière.
03:34Qui disent que dans notre culture, beaucoup disent que si tu plantes un Baobab, tu ne vis pas.
03:41Et lui, il brade tous ses préjugés.
03:43Il brade tous ses stéréotypes.
03:45Il brade tout ce qu'il y a aussi rigide de la société.
03:49Parce que quand on transgresse un peu certaines règles.
03:52Souvent au départ, on n'est pas compris.
03:54On est incompris.
03:55Il a été pris pour fou.
03:57Après qu'il a planté ses Baobabs des années, il vit.
04:01Et finalement, il y a eu un pacte.
04:04Beaucoup de gens commencent à planter aussi des Baobabs dans la zone.
04:09Moi, j'étais habitué déjà de comprendre d'où vient son énergie.
04:13Comment quelqu'un met toute sa vie à planter des Baobabs.
04:16Et puis aussi, le geste pour moi, pour l'humanité.
04:20C'est un geste très généreux pour l'humanité.
04:23Donc c'était de célébrer ça.
04:24Car quelque part, en Afrique, et particulièrement au Burkina.
04:29Il y a des hommes, il y a quelqu'un qui décide de faire un geste à l'humanité.
04:35Vous voyez que depuis un temps, on parle du changement climatique.
04:39On organise des grands forats, des grands programmes.
04:42COP21, COP24, COP25.
04:45Mais là, il est dans son petit coin.
04:48Et il contribue à sa manière.
04:50A ce que le climat se régule.
04:53De son petit geste, on dirait.
04:56Il contribue à tout ce qu'on pourrait citer comme grands programmes.
05:02Et lui, il est dans son petit coin.
05:04Il va la contribuer sans rien demander.
05:11Ça ne manque pas.
05:13Pour faire un film, déjà, les difficultés font partie de ce qui nous excite.
05:18Ce qui nous galvanise à aller de l'avant.
05:21Parce que pour un film dont on a besoin de moyens financiers.
05:28D'abord, ça perd des difficultés.
05:30Après aussi, la difficulté qu'on a rencontrée.
05:33Il faut reconnaître qu'on a commencé à tourner le film en 2021.
05:37En juillet 2021.
05:40Et en décembre 2022.
05:43Selon nous, c'était une zone inaccessible.
05:47Suite à ce qu'on sait du Burkina.
05:50Par rapport à l'insécurité.
05:52Donc, il fallait attendre deux ans.
05:54Pour que, selon nous, on soit libéré d'une partie.
05:58Et même ça, ce n'était pas évident.
06:01Mais on a quand même pu faire le film.
06:03On s'est adapté aussi.
06:05Parce que le créateur, c'est ça.
06:07Il crée dans la difficulté, il crée dans la souffrance.
06:09Et tout ça, c'est stimulant.
06:11À un moment donné, il fallait faire exister ce film.
06:15Malgré tout ce qu'on peut dire du Burkina.
06:19C'était un défi.
06:21De montrer que malgré tout, notre pays existe.
06:24Et qu'on peut toujours faire des films.
06:28C'est vrai que la sécurité est là.
06:30Mais l'environnement.
06:32Vous voyez même que dans le dispositif sécuritaire.
06:34On a renforcé les jardins.
06:36Les eaux et forêts.
06:38Pour qu'ils s'occupent bien des forêts.
06:40Pour qu'ils sécurisent les forêts.
06:42Et n'oubliez pas aussi que dans une crise comme ça.
06:45Forcément, l'environnement peut avoir un impact.
06:48Puisqu'il n'est plus aussi.
06:50L'environnement n'est plus aussi.
06:52L'environnement n'est plus aussi.
06:54L'environnement peut avoir un impact.
06:56Puisqu'il n'est plus aussi.
06:58L'environnement n'est plus entretenu comme avant.
07:00Voilà.
07:02Donc moi, c'est aussi ce qui m'a inspiré.
07:04Je trouvais que malgré qu'on est.
07:06Surtout le fait que.
07:08C'est notre pays.
07:10Au niveau international.
07:12Au niveau de la presse.
07:14C'est beaucoup plus vu.
07:16Côté diadisme.
07:18Côté insécurité.
07:20Côté terrorisme.
07:22Je voulais faire une image.
07:24Et valoriser le travail.
07:26D'une personne.
07:28Qui fait un travail très majestueux.
07:30Pour moi.
07:32C'était aussi le moment de venir.
07:34On n'a pas que l'insécurité.
07:36On n'a pas que le terrorisme.
07:38On a des hommes qui viennent dans notre pays.
07:40On a des hommes qui sont magnifiques.
07:42On a des hommes qui ont de l'engagement.
07:44On se préoccupe de l'environnement.
07:46Qui est un combat mondial.
07:48C'est pas que le terrorisme.
07:50Il ne faut pas raconter le terrorisme.
07:52Il y a bien sûr des gens qui racontent.
07:54Mais je pense qu'il faut aussi raconter
07:56ce qui fonctionne bien.
07:58Ce qui marche bien.
08:00Dans ce chaos qui paraît comme un chaos.
08:02Il faut relever les choses qui fonctionnent.
08:10Bien sûr.
08:12Si le sélectionné sait qu'il a sa place là-bas.
08:14Oui, je n'ai pas de doute là-dessus.
08:16Après c'est un prix.
08:18C'est aussi un jury
08:20qui choisit un film.
08:22Il a bien toutes ses chances.
08:24Il n'y a pas de doute.
08:26Ceux aussi qui ont
08:28le film sélectionné
08:30c'est des collègues.
08:32Il n'y a pas...
08:34C'est pas comme un espèce de ring de boxe
08:36où on a peur de l'un de l'autre.
08:38On se respecte.
08:40Mais on a tous des oeuvres magnifiques
08:42qui viennent du Pespaco.
08:44Et après c'est le jury qui doit choisir juste un film.
08:46Donc vous conviendrez avec moi
08:48que ce n'est pas là
08:50où il faut se focaliser.
08:52Je l'ai bien dit,
08:54mais le film a ses chances
08:56d'aller au-delà du Pespaco.
08:58Il ira ailleurs
09:00au-delà du Pespaco.
09:02C'est ça aussi faire un film.
09:04Ce n'est pas se focaliser sur un seul festival.
09:06C'est de faire de telle sorte que le film soit plus
09:08aussi vite dans d'autres festivals.
09:10Et c'est notre métier.
09:12Quand on fait un travail,
09:14on peut aller un peu partout.
09:16Surtout quand il s'agit d'un film.
09:18L'objectif d'un film, c'est l'audience.
09:20Ce n'est pas juste le prix.
09:22Il peut y avoir un prix
09:24et ne jamais plus être sélectionné.
09:26Mais s'il est plus vu
09:28et qu'il a un prix,
09:30tant mieux.
09:32Je pense bien que le film va intéresser les gens.
09:34C'est une thématique qui intéresse,
09:36qui préoccupe aussi
09:38les politiques,
09:40les ONG, les sociétés,
09:42les étudiants qui font des recherches.
09:44Pour moi,
09:46c'est une thématique qui est très large.
09:48Je ne pense pas qu'il y ait
09:50des gens qui détestent l'environnement.
09:52Quand on parle
09:54de l'environnement,
09:56on est plus
09:58intéressé à savoir
10:00qu'est-ce qu'on peut faire,
10:02qu'est-ce qui se fait.
10:04Je pense que ce film va dans ce sens.
10:12Oui, c'est un choix.
10:14C'est un choix de ligne éditoriale.
10:16À un moment donné,
10:18j'ai fait pas mal de films
10:20qui sont toujours partis dans des festivals
10:22de classe première,
10:24en première mondiale.
10:26Et entre guillemets,
10:28c'est ça.
10:30J'ai décidé cette fois-ci
10:32que je donne mon film
10:34pour la première au Burkina.
10:36Aussi, vu le contexte,
10:38vu tout, je vais aussi
10:40faire ce geste
10:42comme un don pour mon pays.
10:44Parce qu'on est résilients.
10:46On décide aussi
10:48de façon
10:50résiliente de montrer
10:52la source de ce film.
10:54La première, c'est juste que ça soit
10:56ici, parce que
10:58j'ai l'habitude d'avoir
11:00des sélections dans beaucoup d'autres festivals.
11:02J'ai juste décidé
11:04que cette année,
11:06ça va être célébré au Burkina.
11:08Ça ira dans les festivals.
11:10C'est bien vrai qu'en faisant
11:12ainsi aussi,
11:14j'élimine toutes les premières mondiales.
11:16Ça veut dire qu'il y a
11:18des festivals où il ne pourra plus y aller.
11:20C'est ce qu'on appelle
11:22dans la stratégie de distribution.
11:24Tous les festivals au monde qui
11:26veulent la première mondiale,
11:28ça veut dire qu'il ne pourra plus y aller.
11:30Pour moi, mon geste aussi, ça peut montrer
11:32que le FESPACO, c'est un festival,
11:34c'est un grand festival,
11:36ça mérite des premières mondiales.
11:38Il n'y a pas de raison que nous,
11:40même au Burkina Faso, on va donner
11:42nos films ailleurs. C'est vrai, c'est une production.
11:44Mais j'en ai déjà
11:46fait des premières mondiales.
11:48Pour des gens
11:50qui sont en début de carrière,
11:52bien sûr, ils peuvent le faire.
11:54Mais moi, je suis dans une
11:56carrière quand même assez poussée.
11:58Je pense que c'est le moment
12:00de faire une première mondiale
12:02dans mon pays. Je n'ai pas de doute
12:04que le film voyagera dans d'autres festivals
12:06qui ne sont pas justement de classe 1,
12:08mais qui sont
12:10de beaux festivals et qui iront
12:12là où il va aller.

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