• la semaine dernière
Son rôle emblématique dans "Les Tuche", sa vision de la comédie et du drame, son admiration pour Spielberg... : On a parlé de tout avec Jean-Paul Rouve dans All In, ce qui en a fait un moment de qualité ✨

À l’occasion de la sortie en salles, le 5 février 2025, de "Les Tuche : God Save the Tuche."
Transcription
00:00Mais tu sais que nous on le fait, avec Maurice des fois il le fait, il est en bagnole, il gueule, il va faire tout noir et il y a toujours quelqu'un qui lui répond.
00:05C'est vrai ?
00:06Ouais.
00:06Ça je peux te dire, t'en as toujours un qui va te dire « ta gueule ».
00:13Salut Jean-Paul, on a plein de questions à te poser, certaines plus sérieuses et d'autres plus légères.
00:17Ah oui c'est marrant ça.
00:18On y va, t'es bien installé ? C'est parti.
00:23Ben bienvenue Jean-Paul et merci d'être là.
00:25Merci.
00:25Tu viens parce que tu réalises le cinquième tuche, God Saves the Tuche.
00:29J'avais une première question un peu simple, quand on incarne un personnage autant de fois,
00:33comment tu fais pour renouveler un personnage qui est déjà bien établi parce que maintenant on le connait, « Jeff Tuche ».
00:41Il faut faire attention de ne pas se caricaturer, c'est ça, il faut faire attention.
00:46Un peu c'est comme un comédien qui va jouer une pièce de théâtre pendant 500 fois,
00:53au bout d'un moment peut-être qu'il peut tomber soit dans une routine, soit en faire trop,
00:58il faut faire attention donc il faut toujours se dire la sincérité, la sincérité, ça c'est le plus important.
01:03Qu'est-ce que je joue, ne pas en faire trop, ne pas se dire tiens les gens aiment ça de Jeff Tuche donc je vais le faire.
01:09Non surtout pas, le jouer comme si c'était le premier, comme si c'était la première fois.
01:14Et on se dit tout ça avant de commencer avec tous les comédiens.
01:17Il y a vraiment ça en disant voilà, on oublie tous les autres, qu'est-ce qu'on joue là maintenant.
01:23Mais il y a quand même des automatismes qui reviennent j'imagine.
01:27Oui parce que les personnages ont des automatismes, des façons de parler, des tics de langage,
01:32mais qui reviennent inconsciemment.
01:34Notamment là tu vas diriger un acteur qui va dire quelque chose et tu dis non il ne peut pas dire ce mot là,
01:40il faut trouver autre chose, ça ne marche pas.
01:42Mais ça c'est un peu inconscient quoi, ça fait partie de l'ADN du personnage,
01:47donc ça vient en même temps que les mimiques, la façon de marcher, la voix, que tout ça.
01:52Et en même temps j'imagine que dans une carrière c'est pas courant,
01:55pour un personnage qui peut revenir autant de fois.
01:56Non ça n'existe pas.
01:57Le record, j'ai regardé justement, ça m'intéressait, en France bien sûr en comédie,
02:01le record c'est le gendarme avec Louis de Funès, il y en a eu 6.
02:09Mais sur 30 ans, il y a eu 3 qui se sont suivis, ensuite un peu,
02:13ensuite vers la fin c'était vraiment pas bien malheureusement parce qu'il était un peu âgé et malade.
02:18Mais non ça n'est jamais arrivé, c'est unique dans le cinéma français.
02:24Ça rentrera dans les livres de cinéma.
02:26Et tu t'en rends compte ?
02:27Bah oui mais je me rends compte que c'est exceptionnel,
02:30parce que je fais ce métier depuis assez longtemps pour le voir.
02:34Quelquefois tu peux faire un film où tu te dis tiens il y a un truc pas mal,
02:38faisons une fin ouverte, il peut y avoir une suite, on sait jamais.
02:42Ça tu peux l'avoir, nous c'était pas du tout le cas,
02:45et même quand le film est sorti il n'était pas question d'en faire un 2.
02:49Tout ça arrive par hasard et à chaque fois on est étonné nous-mêmes.
02:55C'est super plaisant mais c'est très étonnant.
02:58Est-ce qu'il y a un rôle dans ta carrière que tu trouves dont on ne parle pas assez ?
03:02Oui il y a des films qu'on aime, c'est comme des chanteurs qui font un album,
03:06et puis il y a des chansons dont on ne leur parle jamais, on parle de 2 tubes.
03:09C'est normal, mais c'est le choix du public.
03:12Oui j'avais fait un film en Belgique, dans mes premiers films,
03:16que j'adore, de Stéphane Liberski, qui s'appelle Bunker Paradise,
03:19qui est plutôt un film d'auteur, que j'aime beaucoup.
03:22Il y en a, je suis très content qu'on n'en parle pas,
03:25je peux te dire, il y en a où on ne me parle jamais, et c'est bien.
03:28Mes copains me vannent toujours, alors quand tu fais le 2,
03:31tu as fait grosse merde, et ils te disent « putain fais le 2, franchement ».
03:34Donc ça, ça arrive.
03:37Et puis de temps en temps, en interview, tu as quelqu'un qui sort un film,
03:40tu as du chapeau, et tu te dis « ah c'est marrant, il a vu ça, c'est drôle,
03:45il a aimé ça, ça me fait plaisir ».
03:47Par rapport au film que tu « regrettes » d'avoir accepté,
03:51est-ce qu'à l'inverse, il y a des rôles que tu regrettes d'avoir refusé ?
03:55Non, parce qu'il y a un truc très bizarre, mais c'est souvent pour les acteurs ça.
03:59C'est-à-dire, quand tu refuses, c'est que tu as une raison, voilà,
04:03et quand tu vois le film, cette raison existe toujours,
04:06parce que tu as refusé pour quelque chose, ou alors il faudrait vraiment dire,
04:10alors tu n'as pas compris le scénario, par exemple, tu n'as pas compris.
04:13Ça ne m'est jamais arrivé ça, mais ça doit arriver.
04:15Mais quelquefois, je vois des films, et je me dis « tiens, si on m'avait envoyé le scénario,
04:19est-ce que j'aurais accepté ? ».
04:21Par exemple, je me le suis dit, j'en avais parlé à Xavier, que j'adore Xavier Beauvois,
04:25et quand je vois « Le Petit Lieutenant » par exemple, je me dis « tiens, le scénario,
04:29il doit être… est-ce que le scénario est captivant ? »
04:33Je ne sais pas. Et le film est captivant, mais tu comprends.
04:37Tu te dis « tiens, alors je l'en fais parce que c'était lui, je l'adore, mais bon ».
04:42Quelquefois, je vois des films et je me dis « tiens, est-ce que j'aurais l'intelligence de savoir le lire ? ».
04:47C'est difficile ça, ça vient avec l'expérience aussi peut-être, non ?
04:51Qui sait ? Il y a plusieurs autres cas de figure.
04:53Par exemple, tu prends un grand metteur en scène, très connu, qui a fait plein de beaux films.
04:57Pas forcément des succès, on ne parle pas de succès, des bons films.
05:01Et il t'envoie son scénario.
05:03Tu as quand même tendance à dire, tu as un a priori favorable.
05:06Et tu as tendance à dire « oui ».
05:08Tu sais quand on dit « lui il m'envoie, j'accepte sans lire ».
05:11Il a droit aussi de se tromper celui-là.
05:13Mais tu ne vas pas le refuser.
05:15Parce que tu te dis « il sait mieux que moi ».
05:18Si tu lis le scénario et que tu ne trouves pas ça terrible,
05:22tu vas quand même le faire en te disant « c'est moi, je ne sais pas lire en fait ».
05:26Donc ça m'est arrivé une fois, je ne titrerai pas parce que ça ne sert à rien,
05:30mais une fois on envoie un scénario d'un réalisateur qui avait déjà fait succès.
05:37Et c'était un numéro 2.
05:40Et je le lis.
05:42A l'époque je tournais « sorties des robins des bois », donc je n'étais pas connu.
05:46Donc je n'avais pas de proposition non plus, ça ne croulait pas.
05:49Et je le lis.
05:51Et quelqu'un m'appelle d'un portant dans le métier qui dit « t'as lu alors ? »
05:55Un agent, ce n'était pas mon agent, qui m'appelle,
05:57« t'as lu alors ? Ouais, ouais, ouais, ouais, t'as vu c'est génial et tout ».
06:01Et moi dans ma tête, je ne trouvais pas ça top.
06:04Et je dis « ouais, ouais, ouais, ouais et tout ».
06:07« Bah là tu tournes, tu sais, t'es en train de tourner Re,
06:09t'es en province, il va venir te voir, vous prenez un café, vous discutez ».
06:13« Ouais, ouais, je ne sais pas et tout ».
06:16Et je me souviens, et là j'étais mal.
06:18Parce que tu te dis « mais je suis nul, je ne trouve pas ça bien ».
06:22Et je me souviens sur le tournage, donc on faisait Re, donc il y avait Alain Chabat,
06:26Alain qui réalisait, et il a été sympa.
06:28Et un week-end, je lui dis « Alain, tu ne veux pas lire 20 pages ou 30 pages ?
06:32Je te jure, je suis perdu là, tu sais ».
06:34Et Alain, il l'a lu, et lui il était recul, il s'en fout.
06:37Il l'a lu et le lundi, il m'a dit « c'est nul ».
06:41Donc voilà, mais là t'es mal parce que tu te dis « peut-être je ne sais pas lire en fait ».
06:45Ça peut arriver.
06:47Sur un autre sujet, je me refaisais un peu ta filmo avant de faire l'interview.
06:51Et les deux derniers films avant « L'étuche 5 », c'est « Le consentement »
06:56de Vanessa Filiau et « La vallée des fous » de Xavier Beauvois.
06:59Donc pas des comédies, on ne peut pas dire ça.
07:03Est-ce que ça te fait du bien de réussir à alterner les deux ?
07:06Non mais ça fait partie de notre métier.
07:08Si toi tu interviews que des acteurs par exemple, ou que des chanteurs,
07:14ou que... et toujours de la même triche d'âge, et toujours...
07:17Au bout d'un moment tu vas dire « bah non, moi je veux d'autres univers ».
07:20Moi ce qui m'intéresse c'est les univers.
07:22C'est pas que ce soit de la comédie, pas de la comédie.
07:24C'est les réalisateurs, c'est leur monde.
07:26Je lis Vanessa Filiau, elle a un monde.
07:29Je lis Beauvois, il a un monde évidemment.
07:31Et après j'adore écrire, donc j'adore avec mes copains écrire des bêtises,
07:35écrire les tuches, enfin c'est vraiment ça.
07:38Et j'ai la chance de pouvoir le faire.
07:40Il y a des comédiens qui quelquefois se laissent, par choix quelquefois,
07:45dans un univers, se laissent pas enfermer.
07:49Moi je sais qu'il y a beaucoup de comédiens,
07:51alors on parle souvent des comédiens de comédie qui veulent faire des rôles sérieux,
07:55on en parle souvent.
07:56Mais il y a le contraire, on n'en parle pas.
07:59Et ça existe beaucoup.
08:00Moi j'ai plein de copains qui sont acteurs plutôt de films sérieux et tout,
08:04et qui me disent mais je rêve de faire une comédie.
08:06Mais on ne m'oppose jamais.
08:08Non, moi je suis très heureux d'alterner,
08:10j'espère pouvoir continuer à alterner,
08:13comme alterner des premiers rôles et des seconds rôles.
08:17En fait ce qui est bien, c'est quand le projet il est bien.
08:20On dit généralement, cette banalité, que la comédie c'est plus facile que le drame.
08:25Ah non, on dit le contraire.
08:26Ah oui le contraire, pardon.
08:28Que la comédie c'est plus difficile que le drame.
08:29Oui, c'est plus difficile.
08:30Toi, tu viens de la comédie au départ,
08:32est-ce qu'en ayant ce parcours-là, ça change la donne ?
08:35Oui, c'est plus facile.
08:37Oui, parce que la comédie, il y a quand même un truc qui s'appelle le rythme.
08:41Attention, le rythme ce n'est pas forcément clac, clac, clac.
08:43Ça peut être détend, ça peut être...
08:46C'est un autre rythme, mais c'est un rythme.
08:49Il faut le sentir, c'est l'instinct.
08:51Voilà, il y en a, ils n'y arrivent pas.
08:54Comme tu chantes faux, tu chantes juste.
08:56Il y a un truc comme ça.
08:57Par exemple, tu vas faire un truc et tu sais que c'est là qu'il faut dire la phrase.
09:00Ce n'est pas une demi-seconde avant, ce n'est pas une demi-seconde après.
09:03C'est là que ça marche.
09:04Donc quand tu tournes, tu le sais.
09:06Non, ce n'est pas ça.
09:07Ah, tu réfléchis.
09:08Non, tu sais quand tu diriges.
09:09Non, vas-y.
09:10Tac, tac.
09:11Ou change un mot.
09:12Oui, ça, comme ça.
09:13Non.
09:14Voilà.
09:15Mais ça, tu ne peux pas t'expliquer.
09:16Moi, je sais que ça me passionne, j'adore ça.
09:20Quand je regarde des comédies, quelles qu'elles soient, d'aujourd'hui, d'hier,
09:26françaises, étrangères et tout, je regarde souvent ça.
09:29Je regarde la technique.
09:30Je regarde comment font les très très forts, les De Funès, les Chaplin.
09:37C'est intéressant à voir techniquement comment ils font.
09:42Et tu n'as pas ça avec le drame ?
09:43En fait, le drame, c'est la même chose, sauf qu'il n'y a pas ce truc-là de rythme.
09:48Ce n'est pas la même chose.
09:51Je ne sais pas comment te dire.
09:52C'est un peu comme si c'était de la musique classique et du jazz.
09:55C'est un peu deux techniques.
09:56Bon, sur un tout autre sujet et de manière beaucoup plus triviale,
10:01quelle est ta salle de cinéma préférée ?
10:03Je vais te répondre comme certainement plein de gens t'ont répondu.
10:06Une salle qui va être liée à l'enfance parce que c'est tes premiers souvenirs.
10:12Ce sont des lieux chargés où tu as vu tes premiers films.
10:18Je vais te dire ça en premier.
10:20Je vais te dire une salle que j'avais quand j'étais petit à Dunkerque.
10:23J'ai le souvenir de deux salles.
10:24Une salle qui s'appelait Le Réjean, qui était une salle avec une salle,
10:27puisqu'il n'y avait qu'une salle, avec le balcon à l'ancienne.
10:30On est vraiment dans un film nostalgique de Spielberg,
10:33avec le balcon, avec la nana qui passe, avec les chocolats et les cornets de glace.
10:38J'ai une autre salle qui m'a marqué à cause du film que j'ai vu.
10:46J'étais petit.
10:47C'était la salle du casino.
10:48C'était une salle de cinéma dans l'ancien casino à Dunkerque qui n'existe plus.
10:52Il y avait une architecture qui était détruite malheureusement,
10:55des années 60, avec un truc très 60,
10:58et où j'avais vu Mon Nom et Personne, un western que j'avais adoré.
11:03Ça, c'est mes rêves d'enfance.
11:05Après, j'aimais bien Le Normandie quand j'étais à Paris, qui niquait fermé malheureusement.
11:09Ensuite, je n'ai pas de salle préférée.
11:11C'est plus des images de cinéma.
11:14Quand j'étais à Lille, la grande rue piétonne était la rue où il y avait le plus de cinéma au mètre carré,
11:21ce qui a disparu malheureusement aujourd'hui.
11:23Tu passais d'un cinéma à l'autre.
11:25J'ai plein de souvenirs de ça.
11:27J'ai des souvenirs de salles pourries aussi, des salles où il y a 10 places,
11:31où ça sent l'humidité.
11:33Ça n'existe plus.
11:35J'en ai plein des souvenirs de salles.
11:37On parlait tout à l'heure de tes rôles plus dramatiques.
11:39Il y avait un rôle dont je voulais revenir, mais pas tant sur le rôle,
11:41mais plus sur toi en tant qu'acteur.
11:44Je repense au consentement.
11:46Tu as dû incarner un personnage que tu ne pouvais pas aimer d'une certaine manière.
11:50Comment, en tant qu'acteur,
11:52on réussit à se mettre dans la peau de quelqu'un
11:54et à l'incarner
11:56quand on ne réussit pas à créer un minimum de lien avec lui ?
11:58Oui, c'est marrant.
12:00C'est marrant de...
12:02Je comprends qu'on se pose la question.
12:04Ce n'est pas nécessaire, l'empathie.
12:06Je pense qu'un avocat, quand il défend un terroriste,
12:10fournirait des trucs fous.
12:13Il n'a pas d'empathie.
12:15C'est son travail.
12:17Son travail, c'est de défendre un être humain.
12:20Après, pour sa défense, peut-être qu'il va aller chercher la part d'humanité.
12:24Quand tu es comédien,
12:26tu n'as pas besoin forcément de ça.
12:28S'il y a,
12:30tu peux aller le chercher.
12:32Tu peux l'utiliser.
12:34Tu peux comprendre.
12:36Comprendre, ce n'est pas accepter.
12:38On est tous d'accord avec ça.
12:40Demain, je dois jouer un nazi.
12:43Je vais dire,
12:45quelle est la construction de ce mec ?
12:47De où il vient ?
12:49Comment ça arrive qu'il devienne ça ?
12:51C'est intéressant.
12:53Quand tu joues un personnage comme Maznev,
12:55c'est autre chose.
12:57Là, tu es dans un autre registre.
12:59Tu es dans un registre que tu ne contrôles pas.
13:02Puisqu'on est plus proche de la maladie.
13:04De la folie.
13:06Donc, où est-ce qu'elle s'ancre ?
13:08Comment tu l'attrapes ?
13:10Comment tu essaies de tirer ce personnage ?
13:12Je pense que tu le construis par l'extérieur.
13:14Tu le construis avec l'image
13:16qu'il veut donner de lui.
13:18Et souvent, l'image qui veut donner de lui
13:20finit par être lui.
13:22Comme un fou qui va justifier
13:24ce qu'il fait. Comme un serial killer.
13:26Il va finir par justifier
13:28ce qu'il fait et il va finir
13:30par être le personnage qu'il a créé.
13:32Je pense que c'est des personnages comme ça.
13:34C'est quelqu'un comme ça.
13:36C'est quelqu'un de convaincu,
13:38d'être dans le droit.
13:41Il ne se pose pas
13:43ni comme un malade
13:45ni comme un criminel.
13:47C'est souvent le cas des serial killers.
13:49Lui, c'est une sorte de serial killer.
13:51Même s'il ne tue pas physiquement.
13:53Mais il tue dans la tête.
13:55Il a des proies
13:57qui sont toutes les mêmes
13:59comme un serial killer. C'est pareil.
14:01J'ai regardé beaucoup pour lui.
14:03Pour travailler, j'ai regardé évidemment
14:05ses interventions télé
14:07mais qui sont finalement toujours les mêmes.
14:09T'en as vu une, tu les as toutes vues.
14:11Il fait toujours le même numéro.
14:13J'ai lu ses journaux. Les journaux, c'est intéressant.
14:15Il se donne le bon rôle mais c'est intéressant.
14:17J'ai lu ses romans qui sont pas très bien écrits.
14:19Et qu'est-ce que j'ai fait ?
14:21Et surtout, j'ai dit
14:23c'est comme un serial killer.
14:25J'ai regardé beaucoup de documentaires sur les serial killers.
14:27Et me dire, c'est le même processus.
14:29Lui, c'est plus intellectuel.
14:31C'est plus tout ce que tu veux
14:33mais le résultat est le même.
14:35Tu peux y aller parce que tu dis
14:38Je ne juge pas le personnage.
14:40Quand je joue, je ne joue pas une saloperie
14:42mais attention, je n'en suis pas une.
14:44Il ne faut pas qu'il y ait ça.
14:46Ce rôle-là, c'est le rôle du metteur en scène.
14:48Moi, je suis dans un film
14:50et c'est son regard à elle.
14:52Il faut que le regard du metteur en scène soit sain.
14:54Sain et en accord avec
14:56ce que je pense moi.
14:58Moi, Jean-Paul Rouve.
15:00Si j'ai un film à la gloire de Maznev, non.
15:02Si c'est l'histoire de Vanessa, oui.
15:04Simone Signoret disait quelque chose
15:07de très juste.
15:09Elle dit, moi, demain, je n'ai pas de problème
15:11pour jouer une collabo dans un rôle de résistant.
15:13En revanche, je ne jouerai jamais
15:15une résistante dans un film de collabo.
15:17Moi, je suis au service
15:19du film, au service
15:21de la pensée, du discours, du metteur en scène
15:23et si le personnage doit être comme ça
15:25pour le dénoncer,
15:27pour le montrer, je suis comme ça.
15:29Ce matin, j'ai re-regardé
15:31ton premier film en tant que réalisateur.
15:33Spadjari.
15:35Sans armes ni anniversaire, Spadjari.
15:37Et qui est un personnage qui a des phases
15:39où c'est une ordure
15:41et en même temps, on sent que tu as peut-être une forme d'empathie aussi pour lui.
15:43Mais non, c'est ce que c'est, ça.
15:45Moi, c'est le premier film où je voulais parler de ça, justement.
15:47En fait, quand tu fais un film, des fois,
15:49tu as un thème, tu as une phrase et tu te dis
15:51comment je vais l'expliquer.
15:53Ce qui m'intéresse, cette phrase, c'est
15:55n'oublions jamais que la sympathie
15:57n'est pas une valeur morale.
15:59Donc, tu peux être la pire saloperie du monde
16:01et être le mec le plus sympathique du monde.
16:04Ça n'a aucun rapport.
16:06Tu vois l'autre, en Argentine, qui est là,
16:08il est marrant, avec sa tronçonneuse et tout,
16:10il est marrant.
16:12En France, on a ça aussi.
16:14Moi, je vois
16:16après, c'est un peu de la politique,
16:18mais je vois mon fils qui me dit le nombre de gens
16:20qui suivent Bardella
16:22sur TikTok,
16:24sur ces trucs-là,
16:26parce qu'il le trouve sympa.
16:28Donc, la sympathie n'est pas une valeur morale.
16:30Nous n'oublions jamais.
16:32Mais tu sais, c'est les journalistes
16:34ou les gens qui disent,
16:36tu vois, quand on leur dit
16:38oui, on a fait des interviews
16:40de Le Pen,
16:42et Marine Le Pen, ils sont sympas.
16:44Mais voilà.
16:46Tu sais, tu as un sens comme si tu dis
16:48je ne peux pas le dire,
16:50qu'ils sont sympas. Mais si, dis-le.
16:52Qu'est-ce que ça change ?
16:54C'est même pire. Ça raconte tellement de choses.
16:56Mais quand tu as cette notion-là,
16:58tu regardes différemment.
17:01Ça s'appelle le charme, ça s'appelle plein de choses.
17:03Il y en a plein qui ont ça.
17:05Ça n'empêche pas que c'est des saletés.
17:07Ce qui est intéressant dans l'acteur,
17:09c'est toutes les aspérités,
17:11c'est tous les niveaux de jeu,
17:13c'est tous les niveaux de personnalité,
17:15c'est les affrontements psychologiques.
17:17Tu n'es pas fait d'une couleur.
17:19Tu as une couleur plus ou moins forte que l'autre,
17:21mais tu es fait de tellement de choses
17:23qu'il faut jouer que c'est ça qui est intéressant à jouer.
17:25C'est la complexité de la pensée humaine.
17:27Moi, je t'ai découvert,
17:30j'ai 31 ans.
17:32Je t'ai découvert avec Les Robins des Bois.
17:34Tu étais de Maume et tu as vu Les Robins des Bois.
17:36Oui, très bien.
17:38Toi, en tant qu'artiste,
17:40à quel moment on a commencé selon toi
17:42à te considérer comme un artiste
17:44et pas comme l'ancien des Robins ?
17:46Très vite.
17:48Je n'ai même jamais eu l'ancien des Robins.
17:50C'est vrai ?
17:52Non, mais aucun de nous l'a eu.
17:54Personne ne l'a eu de cette époque.
17:56Si tu prends Jamel, si tu prends Omar et Fred,
17:58tu as raison comédie
18:00et ensuite canal.
18:02Et canal avait cette image
18:04de vivier artistique
18:06où on trouvait normal
18:08et c'était la voie classique
18:10de on fait des sketches à canal,
18:12on fait des conneries à canal
18:14et puis on va au cinéma.
18:16Et nous, on était dans cette période-là.
18:18Et ce qui est arrivé aussi,
18:20moi j'ai eu beaucoup de chance,
18:22c'est que quand j'étais à canal,
18:24j'ai commencé à tourner.
18:27Je tourne Monsieur Batignolles,
18:29je fais encore Nulle part ailleurs.
18:31Donc c'est un mélange.
18:33Marina, elle commence à tourner aussi, pas mal.
18:35Donc on n'a pas eu ça à nous.
18:37Je n'ai jamais senti ça.
18:39L'ancien des Robins,
18:41je n'ai jamais eu ça.
18:43On a eu une fois, je me souviens,
18:45après les Robins,
18:47un film qu'on devait faire avec Marina,
18:49tous les deux.
18:51Et le metteur en scène ou le producteur a dit non
18:53parce qu'on venait tous les deux des Robins des Bois
18:55et qu'il ne voulait pas cette image-là des deux accrocher.
18:57C'est la seule fois où j'ai eu ça.
18:59Ce n'était pas une comédie, le film.
19:01Donc je pense que c'est ça.
19:03Ça a brouillé peut-être l'image de la comédie.
19:05Ça a eu un tel impact ?
19:07Tu parles de Nulle, de Djamal.
19:09Parce que tu regardais, toi.
19:11Déjà, tu regardais, tu avais comédie.
19:13Tu étais dans ceux qui avaient comédie.
19:15Ce n'est pas TF1, à l'époque.
19:17Mais vraiment, canal non plus.
19:19Même si canal, c'était plus important.
19:21Mais nous, on a fait deux ans canal,
19:24déjà, ce n'est pas beaucoup.
19:26On est parti au bout de deux ans, donc ce n'est pas énorme.
19:28On n'a pas eu le temps de le marquer à ce point-là.
19:30Et c'était un peu différent.
19:32C'était un humour un peu spécial, ce qu'on faisait.
19:34Non, ça n'a pas tant...
19:36Je pense qu'aujourd'hui,
19:38il y a un retour
19:40un peu de ça, des Robins, tout ça.
19:42Mais pendant un moment,
19:44quand il y avait des rétrospectives,
19:46les trucs d'émission d'humour,
19:48on n'y était jamais, nous.
19:50On n'y est toujours pas, d'ailleurs.
19:52Mais nous, on n'y est jamais.
19:54Donc, peut-être que ce qu'on faisait,
19:56c'était trop bizarre.
19:58C'est marrant.
20:00Tu l'apportes comment ?
20:02Moi, ça me fait marrer.
20:04C'est comme Reux.
20:06Quand c'est sorti, on s'est pris un coup de bâton
20:08sur la tête.
20:10Alain, surtout, parce qu'il sortait d'Astérix,
20:12donc il fallait lui faire payer.
20:14Et puis, c'était il y a 20 ans.
20:16Maintenant, c'est culte.
20:18J'ai des mômes qui me sortent
20:21des répliques.
20:23Il va faire tout noir ta gueule, par exemple.
20:25Il y a même des gens dans la rue qui le font.
20:27Mais tu sais que nous, on le fait.
20:29Avec Maurice, des fois, il le fait.
20:31Il est en bagnole, il gueule.
20:33Il va faire tout noir.
20:35Il y a toujours quelqu'un qui répond.
20:37T'en as toujours un qui va dire ta gueule.
20:39Et moi, il y en a sur les tuches,
20:41l'équipe.
20:43Il y avait des techniciens belges.
20:45Et voilà.
20:47Ils me le faisaient.
20:50Il va faire tout noir ta gueule.
20:52C'est marrant.
20:54C'est les trucs qui restent.
20:56En parlant des tuches,
20:58j'avais un truc qui m'intéressait aussi.
21:00C'est que c'est le premier que tu réalises.
21:02Après avoir eu 4 films où, en tant qu'acteur,
21:04t'étais dans le personnage,
21:06devenir réalisateur sur le cinquième,
21:08est-ce que ça a été une étape un peu difficile pour toi ?
21:10Est-ce que ça a été naturel ?
21:12Est-ce que t'as réussi à trouver ta place facilement ?
21:14C'est un mélange de tout ça.
21:16Olivier fait 4 films.
21:18Olivier a envie de faire une pause
21:20puisqu'il n'écrivait pas Mélarose en plus à ce moment-là.
21:22Bref.
21:24Pathé, c'est eux qui produisent, me demande de le réaliser.
21:26Et là, je dis...
21:28C'est pas une bonne idée.
21:30Je le dis sincèrement.
21:32C'est pas de la coquetterie quand je leur dis.
21:34C'est pas pour me faire prier.
21:36Moi, j'ai fait 4 films en tant que metteur en scène,
21:38mais c'est plus des comédies de la vie, des comédies dramatiques,
21:40avec des sentiments de la vie,
21:42des petites choses.
21:44Les petites choses de la vie, je dirais.
21:47Moi, je suis pas le mieux pour faire l'étuche.
21:49Si je fais ça, peut-être que le film, il sera plus doux, amère.
21:51Et c'est pas bien, parce qu'il faut être fidèle.
21:53Et j'en parle à Alain, justement.
21:55J'en parle à Chabat.
21:57Et Alain me dit... Mais t'es complètement con, évidemment, faut le faire.
21:59Il me dit, mais fais-le.
22:01Je lui explique, tu auras des doutes.
22:03Mais non, il me dit, je vois pas où est le problème,
22:05tu l'écris, machin, vas-y.
22:07Comme c'est Alain, je dis, si Alain me le dit, je l'écoute.
22:09Donc je dis oui.
22:11Mais en me disant oui, je dis attention.
22:13Et tout le film, j'ai fait attention.
22:15C'est-à-dire, écrire ça, on le faisait déjà.
22:17Et après, je me suis dit, bon, attention.
22:19En fait, je pensais à deux personnes.
22:21Enfin, je pensais à plein de gens, mais
22:23à deux personnes en particulier.
22:25Je pensais à Alain,
22:27quand il fait Astérix.
22:29Parce qu'Alain, quand il fait Astérix,
22:31il est fidèle à Goscinny.
22:33Entièrement fidèle à Goscinny.
22:35C'est le patron Goscinny.
22:37Mais il y a quand même du Alain.
22:39Il y a quand même du Chabat.
22:41Mais comme Chabat ressemble à Goscinny, tout ça se marie bien.
22:44Quand Christopher Nolan fait Batman,
22:46il ne fait pas Dunkerque.
22:48Il fait Batman.
22:50S'il avait fait Batman comme il fait Dunkerque,
22:52Batman ne serait pas bien.
22:54Donc il est fidèle à Batman.
22:56Parce qu'il aime aussi sûrement Batman, lui.
22:58C'est son Batman à lui, mais il est fidèle.
23:00Donc moi, j'ai dit, je fais les tuches,
23:02il faut que je sois fidèle aux tuches.
23:04Donc ça veut dire beaucoup travailler.
23:06Et toujours y penser.
23:08Ma référence, c'était Spielberg.
23:10Parce que ce que j'aime dans Spielberg,
23:13c'est sa générosité.
23:15Je trouve que c'est le réalisateur le plus généreux du cinéma.
23:17Il pense qu'au public.
23:19Il pense qu'à faire plaisir.
23:21Et j'adore ça chez lui.
23:23Je trouve formidable ce qu'il fait.
23:25Tellement humain.
23:27Donc je me suis dit, c'est tout ça.
23:29Tous les jours, je pensais à ça.
23:31J'avais préparé beaucoup.
23:33Tout était prêt. Tout était comme je voulais.
23:35Mais ce qui n'empêche pas,
23:37parce que c'est moi,
23:39que forcément, quand c'est toi,
23:41c'est un flux des choses.
23:43C'est normal.
23:45Ça vient inconsciemment.
23:47Donc ça venait inconsciemment.
23:49Je rajoutais des conneries.
23:51Pendant le tournage, j'en ai rajouté beaucoup.
23:53Des idées que j'avais.
23:55Et qui étaient plus proches
23:57d'un esprit Romain Desbois.
23:59Pour être plus général.
24:01Et au montage,
24:03tous ces choses-là,
24:05je les ai pas mises.
24:07Et puis un moment, je me suis dit,
24:10j'ai fait une pro-jo comme ça.
24:12Il y avait les producteurs et pas grand monde.
24:14Je me suis dit, je vais voir comment ça réagit.
24:16Ça s'est marré.
24:18Il n'y a personne qui m'a dit après,
24:20là, c'est pas l'esprit, fais gaffe.
24:22Parce que quand tu fais des sketchs,
24:24quand tu fais tout,
24:26tu peux sortir d'un sketch
24:28et tu rentres dans un sketch très facilement.
24:30Le cinéma, c'est très compliqué.
24:32Si tu sors d'un film,
24:34c'est très compliqué d'y retourner.
24:36Donc j'en ai rajouté plein, plein, plein.
24:38Et puis j'aime bien les rêves.
24:40Ça, c'est mon côté geek.
24:42Mon côté retour vers le futur
24:44où il y a plein de rêves partout.
24:46Il y en a plein dans le film.
24:48J'en ai mis mille.
24:50Et je le fais pour ça.
24:52Je le fais pour les geeks.
24:54Il y a un mec qui va regarder le film,
24:56image par image un jour, un fou.
24:58Il va s'arrêter, il va voir le truc
25:00et il va le mettre.
25:02Regardez, à la minute 37, il y a ça.
25:04Je vais lui répondre, t'es bon mon gars.
25:07J'ai vraiment adoré ça.
25:09Je pensais que je ne mettais pas une ou c'est plus
25:11dans les films d'Ouamer, dans la vie.
25:13J'adore ça.
25:15Le côté sauté, tout ça, j'adore.
25:17Et là, je me suis rendu compte
25:19que j'ai pris un plaisir artistique énorme
25:21à faire une vraie comédie.
25:23Et là, j'ai très envie
25:25d'en écrire une autre.
25:27Pas à l'étuche, mais une autre.
25:29En parlant de comédie, pour une question un peu plus globale,
25:31vu que c'est un genre qui est assez peu célébré,
25:33est-ce que tu penses qu'on devrait créer
25:35une autre comédie ?
25:37Parce que tu sais, les Golden Globes, ils diffèrent aussi
25:39les drames et les comédies.
25:41Ça permettrait de récompenser d'autres films
25:43qu'on voit rarement au César.
25:45En fait, il ne faut pas comparer
25:47la culture, la philosophie
25:49américaine et française.
25:51Les Américains, c'est un business.
25:53C'est pour ça que tu as tous les acteurs aux Oscars.
25:55Ils y viennent tous, les mecs.
25:57Parce que c'est du business.
25:59Je célèbre le cinéma. Pourquoi ?
26:01Pour que toi, spectateur, ça te donne envie d'aller au cinéma.
26:04C'est pour ça qu'ils font ça.
26:06On va célébrer, et il y a tout le monde.
26:08Et t'applaudis tout le monde.
26:10Et t'as perdu, tu fais, c'est génial.
26:12C'est leur boulot. Ils sont au travail.
26:14Ils y vont, ils font le show.
26:16Business.
26:18Nous, on a une culture
26:20intellectuelle du cinéma.
26:22Qui nous vient des années 60,
26:24du cinéma d'auteur, qui nous vient de tout ça.
26:26De notre littérature, de tout. C'est notre façon de faire.
26:28C'est l'auteur qui prime.
26:30Aux Etats-Unis, c'est le film.
26:33Quand t'arrives dans une cérémonie française,
26:35il y a cette
26:37confrontation un peu.
26:39Avec, il y a des films qui ont
26:41fait beaucoup de succès, qui sont des films populaires.
26:43Et il y a des films qui ont fait moins de succès.
26:45Et il y a comme ça un truc de
26:47puisqu'ils ont fait le succès populaire,
26:49c'est bon, ça suffit.
26:51Et donc ceux
26:53qu'on ne voit pas.
26:55Il y a quand même ça, cette culture
26:57du cinéma d'auteur.
26:59Et cette culture de
27:01le drame est plus profond que la comédie.
27:03Qu'est-ce que tu veux ?
27:05C'est comme ça, ça changera jamais.
27:07Ça existait à l'épaule de Molière. Pourquoi ça changera aujourd'hui ?
27:09C'était déjà ça.
27:11En fait, la différence, c'est que
27:13le drame
27:15va
27:17flatter ton intellect.
27:19La comédie flatte ton instinct.
27:21Quand tu ris,
27:23c'est de l'instinct.
27:25Tu ne ris pas de manière
27:27intellectuelle, tu ris de manière instinctive.
27:30C'est marrant, t'as un éclat de rire, t'as un truc.
27:32Comme la peur, comme plein de sentiments.
27:34Alors que l'intellect peut être
27:36un film avec une résistance sociale,
27:38politique, et ça peut être sublime.
27:40Et t'avances avec ça, toi.
27:42D'un seul coup, ça flatte ton intellect.
27:44Et t'es heureux d'en parler.
27:46Parce que ça parle de toi.
27:48Et tu vas parler de ce film en disant
27:50voilà, il y a ça, c'est très intéressant et c'est super.
27:52Si tu vois une comédie, tu vas dire
27:54putain, c'est super, je suis bien marré.
27:56Après, il y a des films qui réunissent les deux.
27:58Alors vas-y, il y en a.
28:00Je sais pas, Intouchables par exemple,
28:02c'était vraiment pile entre les deux.
28:04Et qui va au César.
28:06Comment ?
28:08Et qui va au César.
28:10Les exceptions, il y en a toujours.
28:12Mais demain, t'auras...
28:14Et puis c'est de plus en plus sur les Césars.
28:16Quand tu penses qu'à l'époque,
28:18les trois frères ont eu le César du meilleur premier film,
28:20et c'est super, moi j'en suis ravi.
28:22Mais aujourd'hui, je pense,
28:24on verra, peut-être que j'ai dit des conneries,
28:27je vois pas un truc en plus avoir le César du meilleur premier film.
28:29Je pense pas.
28:31Je pense que c'est pas possible.
28:33Mais ils l'ont eu à l'époque.
28:35Donc il y avait quelque chose de plus ouvert.
28:37T'as une carrière qui...
28:39T'as 20 ou 30 ans de carrière quand même, c'est pas rien.
28:41Est-ce qu'il y a un moment où,
28:43quand on est là où tu es,
28:45on est encore parfois impressionné de rencontrer des gens ?
28:47Oui, oui, bien sûr.
28:49Heureusement.
28:51Moi, je me souviens quand
28:53Eric et Olivier, Nakashtol et Dano,
28:55ils me proposent le sens de la fête.
28:57Ils me proposent à l'époque le rôle
28:59que fait Vincent McLean.
29:01Et le rôle est super,
29:03c'est pas de problème.
29:05Et moi, je lis le scénario,
29:07et je vois qu'il y a plus de scènes
29:09avec Jean-Pierre Bacry
29:11dans le rôle du photographe
29:13que dans le rôle avec Vincent.
29:15Et je leur dis, très clairement,
29:17les rôles c'est super, ils sont tous bien,
29:19c'est pas un problème.
29:21Mais là, il y a un moment en tête à tête
29:24avec Jean-Pierre.
29:26Et moi, c'était mon rêve de tourner avec Jean-Pierre.
29:28Et sur le tournage, on était tous pareils.
29:30Gilles Lelouch, Gilles, pareil.
29:32On était avec Jean-Pierre.
29:34Et aujourd'hui, il y a qui ?
29:36Oui, Jacques Audiard, en réalisateur.
29:38Oui, Jacques Audiard, je serais super impressionné
29:40de tourner avec lui parce que
29:42il m'impressionne beaucoup comme metteur en scène, je le trouve dingue.
29:44J'aurais une dernière question
29:46que je trouve souvent dans ce genre d'entretien parce que
29:48je trouve que votre avis est toujours pertinent sur ce sujet
29:50qui fait débat, plus ou moins raison.
29:53Comment je peux répondre à ça ?
29:55Les arguments que j'entends, moi,
29:57c'est trop cher le cinéma
29:59et quand tu regardes, c'est quand même le loisir le moins cher.
30:01Alors, je pense que c'est toujours pareil.
30:03Si tu prends une place, oui.
30:05Si tu prends les abonnements,
30:07c'est pas trop cher.
30:09C'est combien quand c'est un abonnement et une place ?
30:11Entre 20 et 30 euros en fonction de où est-ce que t'es.
30:13Moi, je sais que j'ai un abonnement illimité,
30:15c'est 20 euros par mois.
30:17Et tu vas comme tu veux ?
30:19J'y vais comme je veux.
30:21On va dire ça, à peu près.
30:23Donc, ça te fait 5 euros la place.
30:25C'est pas cher 5 euros.
30:27C'est le prix d'un menu chez McDo.
30:29Non, mais c'est ça.
30:315 euros, c'est le truc.
30:33Je compare à ça par rapport au boom.
30:35J'ai pas l'impression, moi, que ce soit trop cher.
30:37Après, je pense que les gens qui trouvent que c'est trop cher,
30:39et ça, c'est quelque chose que j'entends,
30:41c'est quand on y va avec sa compagne ou son compagnon,
30:43avec les enfants, ou qu'il faut prendre le babysitter.
30:45Oui, mais comment tu fais ?
30:47C'est pour ça.
30:50C'est pour ça que le cinéma,
30:52tu te rends compte que le public du cinéma,
30:54ça va être des jeunes ou des retraités.
30:56Au milieu, t'as un creux.
30:58À cause de ça.
31:00Parce que les gens ont des enfants,
31:02vie de famille, en effet,
31:04il faut prendre le babysitter,
31:06il y a toutes ces contraintes-là,
31:08et ces gens-là sont plus difficiles à déplacer.
31:10Oui, je comprends, parce que quand t'as 2, 3 enfants,
31:12tu vas à 5 au cinéma,
31:14tu prends un truc à manger,
31:16d'un seul coup, ça coûte cher.
31:18Regarde, ça revient à 5€,
31:20si tu la mettais à 2,50€,
31:22à 3€, est-ce que tu penses
31:24que les gens continueraient à dire que c'est trop cher ?
31:26Je pense que oui.
31:28Et puis de toute façon, la place du cinéma, c'est aussi un système vertueux,
31:30ça on l'oublie, qui permet d'auto-financer les SNC.
31:32Ah bien sûr, après on peut parler de ça.
31:34Il y a un pourcentage qui est récupéré par le SNC,
31:36qui récolte de l'argent,
31:38le SNC,
31:40et le SNC, cet argent,
31:42il le redistribue pour des films.
31:44Et ce qui est intéressant,
31:47que ce soit un blockbuster américain,
31:49genre un film,
31:51un Marvel qui sort,
31:53le SNC prend de l'argent sur Marvel,
31:55mais il ne va pas le refiler après à Marvel,
31:57il va le refiler à un film français,
31:59qui va se financer, donc le système,
32:01il est formidable en fait.
32:03Nous, si les tuches, par exemple, ça marche fort,
32:05on espère, le SNC,
32:07il va prendre plein d'argent,
32:09et il va pouvoir financer un film
32:11qui se fait à 3, 4 millions,
32:13il n'y a pas beaucoup d'argent,
32:16donc vraiment le système est bien en France.
32:18Très bien, et bien écoute, merci beaucoup.
32:20Merci beaucoup à vous, à toi.

Recommandations