Jean Sévillia sur le «terrorisme intellectuel» : «une gauche qui porte une forme d'intolérance»
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00:00Il y a des exemples quotidiens, hebdomadaires, je n'en ai pas la liste sur moi, mais mon livre en est plein.
00:07Oui, c'est un système qui marche toujours.
00:09C'est un système qui consiste à évacuer les débats de fond sur les sujets qui fâchent,
00:13sur les sujets délicats, sur les sujets de société, sur les sujets politiques,
00:16en notant la parole à son adversaire, en lui collant une étiquette infamante.
00:20Alors on va le traiter de capitaliste, de raciste, de fasciste, etc.
00:25On va trouver 50 qualificatifs infamants.
00:28Donc, c'est une fonction de l'autre, le droit à la parole.
00:30Puisqu'il n'a pas le droit à la parole, il n'est pas légitime pour intervenir dans le débat public.
00:34Et donc, les sujets dont il veut parler, on n'en parle pas.
00:37C'est ainsi qu'on met la poussière sous le tapis.
00:39Les grands sujets, ou la façon d'aborder les sujets en vérité, sont évacués à travers les personnes.
00:46Il est vrai que quand on parle de terrorisme, on pense évidemment, malheureusement d'ailleurs,
00:49compte tenu de tous les chocs que nous avons subis au terrorisme islamiste,
00:53au terrorisme sanglant et meurtrier, et que le mot est fort,
00:56mais le terrorisme intellectuel, diriez-vous, qui procède aussi de la même manière ?
01:01C'est une forme de terreur ?
01:03Oui, je pense. Pour moi, il y a une filiation, je ne sais pas si c'est un sujet qui fâche,
01:06mais c'est une filiation qui nous vient d'en France, malheureusement, de l'histoire de la Révolution française.
01:11La Révolution, c'était à la fois 1789 et 1793.
01:15Or, 1793 est dans nos gènes politiques et surtout dans les gènes de la gauche.
01:19Il y a toute une gauche qui porte cette forme d'intolérance.
01:24Aujourd'hui, on ne coupe pas la tête de son adversaire, on lui hôte la parole socialement,
01:28mais encore, couper la parole de son adversaire, si, malheureusement, on l'a vu,
01:32parce qu'il y a un moment où le terrorisme intellectuel, le terrorisme des idées,
01:35peut se transformer en terreur physique, et on l'a vu, évidemment, on le voit à travers l'islamisme.
01:39Donc, cette terreur, oui, c'est un procédé, à mon avis, pré-totalitaire,
01:43qui consiste à penser qu'il n'y a qu'une façon de penser la citoyenneté,
01:47qu'il y a des citoyens qui sont légitimes, d'autres qui ne le sont pas,
01:49qu'il y a des idées qui sont légitimes, d'autres qui ne le sont pas.
01:51– Les citoyens bien sous tous rapports ? – Voilà.
01:53– Le camp du bien, celui de la raison, et les autres, les sous-citoyens ?
01:55– Le camp du bien, évidemment, le camp du bien, mais ses adversaires dans le camp du mal.
02:00Donc, c'est une vision binaire, manichéenne, réductrice,
02:04qui rabote les réalités, qui joue sur des amalgames, des mensonges.