EXCLU - Le ras-le-bol dans "Morandini Live" d’un policier qui a décidé de démissionner après avoir risqué sa vie à plusieurs reprises pour arrêter des délinquants: "Je suis très soulagé. Tous mes collègues rêvent de partir" - VIDEO
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00:00Je voulais commencer avec un témoignage, un témoignage rare et exclusif en direct dans un instant dans cette émission, le témoignage d'un policier de Lons-le-Saunier.
00:08Ces derniers mois, à trois reprises, il a risqué sa vie à cause de refus d'obtempérer des voitures qui, au lieu de s'arrêter, lui ont foncé dessus.
00:16Aujourd'hui, il veut préserver sa famille, il veut se préserver également face à ces actes de plus en plus violents qui mettent en jeu sa vie.
00:24Lundi, alors qu'il témoignait au tribunal de Lons-le-Saunier contre un chauffard, il affirmait, je cite,
00:30« Je pense que le moment est venu de mettre fin à mes fonctions. » Le ras-le-bol, l'exaspération d'un policier qui est en direct avec nous.
00:38Gérald Jaquin, bonjour. Merci beaucoup d'être en direct avec nous. Vous êtes brigadier-chef à Lons-le-Saunier.
00:45Pour quelle raison cette phrase que vous avez prononcée au tribunal en expliquant que le moment était venu sans doute de mettre fin à vos activités ?
00:53Bonjour Jean-Marc. En fait, lorsque je suis au tribunal, on traite du sujet du jour, sauf que moi, derrière, j'ai ma vie.
01:03Ma vie, c'est l'arrivée d'un petit garçon, mon petit-fils, mon premier petit-fils qui est né en novembre dernier.
01:09Moi, je prends conscience que tout ça ne sert à rien, en fait. Tout ça ne sert à rien. Je vois comme c'est traité au tribunal.
01:15Tout le monde fait son travail de façon un peu froide et puis notre travail retombe à l'eau.
01:20De toute façon, on voit qu'on vide la mer avec une petite cuillère et que tout ça ne sert à rien.
01:24Je prends vraiment conscience à ce moment-là qu'il faut que je m'en aille, qu'il faut que je me préserve.
01:30Comme vous le disiez tout à l'heure, je préserve ma famille et puis que je passe à autre chose.
01:35En fait, je voudrais préciser que je ne démissionne pas, je fais valoir mes droits à la retraite.
01:40Ça revient à peu près à la même chose, mais je vais partir en retraite de façon un peu anticipée.
01:45– C'est terrible, en fait. Le constat que vous faites est terrible et je voulais vraiment commencer avec vous et vous entendre
01:51parce que je pense qu'hélas, beaucoup de policiers aujourd'hui sont dans cet état d'esprit.
01:55Tous ne vont pas jusqu'à partir, même si vous nous l'avez dit, ce n'est pas une vraie démission,
01:59c'est une retraite anticipée, mais le résultat est le même.
02:03Vous avez été confronté, je crois, à plusieurs refus d'obtempérer avec des gens qui vous ont foncé dessus
02:08et vous avez le sentiment globalement que vous n'êtes pas assez défendu, c'est ça ?
02:15– En fait, on est seul. En fait, dans la police, quand on croit entrer dans la police
02:20en étant entouré d'une hiérarchie, d'une structure quelconque, c'est faux en fait.
02:25Pour moi aujourd'hui, mon sentiment, c'est qu'on est seul.
02:29Moi, j'ai fait beaucoup de refus d'obtempérer, en tout cas, j'ai été victime de beaucoup de refus d'obtempérer
02:34dans ma vie, parce que j'étais dans les services en anticriminalité, en région parisienne, dans le Jura,
02:40et je m'aperçois qu'en fait, on se retrouve, quand on se présente à la barre, par exemple, on est seul.
02:46On est seul, mais on sent, la hiérarchie n'est pas présente. Jamais. Jamais.
02:51J'ai eu également d'autres affaires où la hiérarchie, des affaires plus graves...
02:57Alors, on a une petite rupture de faisceau qui va sans doute s'arranger avec Gérald Jacquemin, qu'on a retrouvée, je crois.
03:05Allez-y, pardon, excusez-moi.
03:06Je vous entends de nouveau, je vous disais qu'on se sent seul physiquement, mais également, dans l'esprit, on est seul.
03:12Voilà, on comprend qu'on est seul.
03:14À force d'être confronté à des histoires pareilles, et surtout si on se déplace au tribunal, encore une fois,
03:22là, on voit, à la fin du film, on voit comment est gérée notre histoire, comment on est considéré, et on voit qu'en fait, on est seul, voilà.
03:29Je précise que vous étiez au tribunal pour témoigner dans une affaire de refus d'obtempérer, justement,
03:35et vous étiez là pour témoigner, pour raconter comment les choses se sont passées.
03:39Au final, par exemple, là, dans ce refus d'obtempérer, c'est une personne qui avait foncé sur les policiers, en plus, je crois.
03:44Quel a été le verdict pour la personne ?
03:48La personne prend du sursis.
03:51C'est une personne avec un profil particulier, je ne vais pas rentrer dans les détails,
03:55mais j'étais surpris quand je l'ai interpellé, puisque c'est une personne qui ne ressemble pas à un délinquant, comme on pourrait l'imaginer.
04:02Lui, il est en train de se faire contrôler, ça ne lui plaît pas, donc comme ça ne lui plaît pas, il s'en va.
04:11Et puis moi, je lui sors les stopsticks, je lui place sous le pneu avant, ça crève le pneu, mais pour autant, il me fonce dessus.
04:17Et au tribunal, il dit « j'avais la place, j'avais la place de passer ».
04:21Là, tant d'inconscience fait très très peur quand on entend ça,
04:25puisque, encore une fois, c'est un profil qui ne ressemble pas à un délinquant qu'on a habituellement face de nous,
04:31mais il va nous foncer dessus quand même, mais il va nous rouler dessus quand même.
04:34En fait, on a beaucoup de gens qui, potentiellement, peuvent nous rouler dessus aujourd'hui.
04:38– Vous êtes en train de me dire quand même que cette personne vous a foncé dessus,
04:44c'est-à-dire que c'est un chauffard, vous lui demandez de s'arrêter, vous le contrôlez, ça ne lui plaît pas,
04:48vous mettez sous la voiture parce qu'il démarre, vous lancez ces fameuses barrières qui servent à crever les pneus et à les arrêter,
04:54il contomne ces barrières, il vous fonce dessus et il a du sursis.
04:58– Oui, tout à fait. Alors lui, il ne le reconnaît pas, ça ne lui est pas reproché et retenu à la fin au tribunal.
05:04Là, je vous donne mon avis, parce que moi j'y étais, j'étais dans un petit couloir, sur la voie publique,
05:09mais un petit couloir d'un mètre cinquante où, si je ne m'en vais pas, en fait, si je ne me pousse pas, lui, il me roule dessus.
05:15Je n'invente pas, je n'extrapole pas, si je ne m'en vais pas, il me roule dessus.
05:21Preuve en est que le collègue en manœuvrant la voiture, moi j'étais à l'extérieur du véhicule,
05:25me tape à l'arrière légèrement, vous voyez, il m'a poussé légèrement avec un autre véhicule administratif,
05:30je me suis retrouvé vraiment coincé et j'ai pu m'extraire au dernier moment avec un geste désespéré,
05:35sinon il me roulait dessus, voilà, ça c'est la vérité, c'est la vérité de ce que vivent les policiers.
05:41Et ça, c'est à peine retenu, on ne le sait pas forcément, ce n'est pas relayé tel quel par les médias,
05:48parce qu'il y a tellement d'affaires, il y a tellement d'affaires aujourd'hui en France,
05:51on ne pourrait pas tout relayer les informations, mais les mises en danger de collègues, il y en a énormément.
05:56Moi, je tire mon chapeau aux collègues, je suis en partance, je vais en aller,
06:00et d'ailleurs je suis très soulagé d'avoir dit que j'allais m'en aller, ça me fait beaucoup de plaisir.
06:05Donc je suis vraiment en train de penser à mes collègues actuellement,
06:10et à tous mes collègues qui souffrent, dans la police il y a énormément de souffrance,
06:13je vois beaucoup de gens qui sont vraiment à la limite de la dépression,
06:18je vous dis, il y a des choses comme l'alcool qui revient, j'ai vécu l'ancienne police un petit peu,
06:22maintenant dans la police il y a des gens qui sont mal en point,
06:26et la hiérarchie ne fait absolument rien pour que ça s'arrange,
06:30rien n'est fait pour que ça s'arrange.
06:32Donc je me dis, on est seul, il faut avoir la force de tenir quand on est seul,
06:36moi je l'ai, je suis un peu fou, je suis impliqué, je suis dedans, j'ai la tête dans le guidon,
06:42donc j'y vais, je vais y aller jusqu'au dernier jour de mon travail,
06:45je vais faire mon travail, je vais le faire,
06:48mais j'ai beaucoup de collègues qui n'ont peut-être pas cette force mentale, je les comprends,
06:52ils ont toutes les raisons de ne pas le faire, c'est eux qui ont raison,
06:56s'ils nous disent qu'il ne faut pas y aller, c'est eux qui ont raison.
06:58– Jacques-Arnaud, j'ai une question peut-être un peu plus personnelle,
07:01votre famille, vous avez une femme, vous avez des petits-enfants également,
07:06qu'est-ce qu'ils disent de votre choix ? Ils applaudissent, ça les rassure ?
07:10– Alors, je n'ai pas qu'une femme, j'ai une femme exceptionnelle,
07:13et j'ai cinq enfants exceptionnels, exactement.
07:15Alors eux, ils sont avec moi, ils croient en moi,
07:18ils savent que je suis impliqué, ils le savent,
07:21ils savent que je ne pourrais même pas faire autrement, c'est ma nature,
07:23mais ils sont quand même heureux à l'idée que je fasse valoir mes droits à la retraite,
07:29ils sont très heureux de ça, ils pensent que, avant qu'il y ait un drame,
07:33parce qu'ils me voient aller au tribunal régulièrement,
07:35et je vous dis encore, j'ai d'autres affaires récentes,
07:39des fois qui ne finissent pas, où je ne me déplace pas au tribunal par exemple,
07:43mais ils savent que je vais faire mon travail.
07:46Moi j'étais chez les compagnons du devoir avant de rentrer dans la police,
07:50je faisais mon travail de façon impliquée, à 100%,
07:52et je le fais de la même manière depuis que je suis dans la police,
07:56et je pense qu'on ne peut pas se changer.
07:58– Votre message est très fort ce matin,
08:00tout à l'heure on aura un syndicat de police,
08:02c'est parce que je voulais que les syndicats de police réagissent à ce que vous dites,
08:04parce que je pense que ça doit résonner en eux et chez beaucoup de vos collègues,
08:08on a un député avec nous qui est Laurent Jacobelli,
08:10qu'est-ce que vous auriez envie de dire à Gérald Jacquin ?
08:12– D'abord, saluer son courage et à travers lui tous les policiers de France,
08:16et j'y associe d'ailleurs les gendarmes, toutes les forces de l'ordre,
08:19ce qui est terrible dans votre témoignage, cher monsieur,
08:21c'est qu'il y en a un qui abandonne, c'est vous,
08:23ce n'est pas celui qui vous a foncé dessus,
08:25et c'est l'état terrible de notre pays aujourd'hui,
08:28où ceux qui doivent faire respecter la loi, protéger les citoyens,
08:31sont systématiquement accusés du pire,
08:34et où les délinquants, voire les criminels, sont systématiquement excusés.
08:38Vous nous dites que celui qui vous a foncé dessus a pris du sursis,
08:41or la loi, vous dites qu'on est député,
08:43le gendarme qui a effectivement, doit faire voter la loi,
08:46la loi c'est pour ces gens-là, 5 ans de prison maximum,
08:4975 000 euros d'amende, donc on voit bien que dans l'échelle des peines,
08:52il a eu le minimum du minimum.
08:55C'est 63 refus d'obtempérer par jour,
08:5740 policiers agressés chaque jour dans notre pays.
09:00Tant qu'on aura des juges qui libèrera les délinquants,
09:03tant que nos policiers chaque jour retrouveront les mêmes dealers,
09:06les mêmes agresseurs, les mêmes violeurs en face d'eux,
09:09tous les jours, alors on n'y arrivera pas.
09:11Il y avait une manifestation de policiers,
09:13à côté de l'Assemblée Nationale, j'ai passé beaucoup de temps avec eux à discuter.
09:18Ils sont mal payés, mal considérés et ils risquent leur vie.
09:21Il y a aujourd'hui en France des députés qui demandent à ce qu'ils soient désarmés,
09:25qu'ils les stigmatisent chaque jour quand ils font leur boulot
09:29et lorsqu'ils arrêtent quelqu'un, on les condamne
09:31et on dit que la personne arrêtée est une victime, ça suffit.
09:35Mais ce que vous dites c'est très juste, c'est que finalement c'est lui,
09:37et ce n'est pas un reproche du tout parce que je crois qu'on comprend tous ce qu'il fait,
09:41mais c'est le policier qui est obligé de jeter l'éponge au final parce qu'il n'en peut plus.
09:46Notre société, elle marche à l'envers.
09:47Aujourd'hui, quand un voyou est malheureusement blessé par une action policière
09:53ou qu'un policier est en état de légitime défense, qu'il protège la société,
09:57c'est le voyou qui porte plainte.
09:59C'est-à-dire qu'on marche sur la tête.
10:01Il faut rétablir l'ordre et redonner aux policiers le soutien qu'ils méritent
10:06et une fois encore, ça passe par des budgets,
10:08ça passe par des politiques qui prennent clairement le côté des forces de l'ordre
10:12et ça passe aussi par une justice qui respecte les policiers et qui condamne les voyous.
10:16– Quand vous entendez ce discours, Gérald Jacquard, comment vous réagissez ?
10:21– Je pense que tout est dit.
10:22Il y a une prise de conscience de la société aujourd'hui qui est manifeste,
10:26mais c'est très lent, c'est très lent, on est un pays qui est très très lent.
10:30On croule sous l'administratif également qui a un gros problème chez nous,
10:35des problèmes informatiques, gros problème, très très gros problème.
10:38Il y a de la bonne volonté chez tous mes collègues et je vous le dis encore une fois,
10:42il faut une force de caractère pour aller au-delà de tout ça,
10:45c'est très compliqué, c'est extrêmement compliqué.
10:48Dans ma carrière, j'ai eu aussi une affaire il y a quelques années,
10:50je vous le fais très simple, où un schizophrène a avéré,
10:55a proféré des choses sur mon collègue et moi.
10:59Il y a eu un an et demi d'enquête, à connotation criminelle
11:04puisque les faits qui nous reprochaient étaient criminels,
11:07un an et demi de procédure, pour rien.
11:09Après, on a demandé des comptes pour savoir ce qu'on allait faire de nous,
11:13il n'y a pas de réponse.
11:15À force de relancer notre hiérarchie,
11:18on a eu une réponse comme quoi les charges n'étaient pas retenues.
11:21Il faut aller vraiment à l'information, demander l'information,
11:26mais personne ne vous prend en compte pour savoir si vous prenez mal les choses,
11:29si des fois une enquête criminelle pourrait peut-être vous déranger dans votre vie par exemple.
11:34On est seul, on est seul.
11:36Moi, je ne dis pas ça en plaignant,
11:37parce que j'ai travaillé dans le privé pendant sept ans avant.
11:40Il y a des métiers qui sont très difficiles et moins bien payés que nous.
11:44Ça, je le sais.
11:45– Le problème, c'est que vous risquez votre vie,
11:48c'est que quand vous partez le matin, votre femme et vos cinq enfants
11:51dont vous parliez tout à l'heure,
11:52ils ne savent pas si vous allez rentrer vivant le soir.
11:54C'est là où c'est terrible.
11:56– Moi, j'ai pris la part de ça, ça fait partie de mon métier.
12:00Moi, je suis engagé dans la police et plus particulièrement en anticriminalité
12:06pour ça, parce que ça me plaisait, j'ai le goût à ça, tout simplement.
12:10Le goût de l'interpellation en flagrant l'île.
12:13– Vous aimez être défendu aussi, vous aimez avoir une hiérarchie,
12:15vous aimez avoir des gens qui vous défendent et vous ne voulez pas rester seul.
12:18Juste Catherine Rambert veut s'adresser à vous, Gérald.
12:21– Oui, bonjour monsieur.
12:21Non, ce n'est pas votre métier justement.
12:23Votre métier, c'est de protéger le pays, de défendre, d'être soutenu et de ne pas être seul.
12:26Moi, je suis frappée par votre discours.
12:28D'abord, il est terrible ce discours parce que c'est une défaite de l'État de droit.
12:31C'est-à-dire que les délinquants,
12:33ils ont bien compris que face à eux, ils ont des hommes qui travaillent
12:36et ils sapent, ils sapent, ils sapent le fonctionnement de la police
12:40parce qu'ils savent qu'à la fin, tant que la réponse de l'État sera faible,
12:43ils auront le dessus, parce que pour eux, c'est presque un jeu.
12:46Après, je suis frappée, vous parlez de votre solitude.
12:49Cette solitude, écoutez le verbe étime,
12:51est la même que la solitude des professeurs et des enseignants
12:54qui sont seuls face au front.
12:56C'est la même solitude que les soignants qui sont seuls à gérer.
12:59Donc, ces métiers fondamentaux sur lesquels repose la République et l'État de droit,
13:04ils sont abandonnés et ils sont laissés.
13:07Et donc, on comprend ce que vous ressentez.
13:09Il faut saluer la police.
13:10En effet, il faudrait qu'il y ait...
13:12Je ne suis pas politique, donc je ne sais pas ce qu'il faudrait faire.
13:13Je suis frappée d'une chose.
13:15En ce moment, il y a un débat qui est un contre-feu allumé,
13:18parce qu'on le sait que les refus d'obtempérer se multiplient en ce moment,
13:21et qu'il y a un vrai problème.
13:22Il y a un contre-feu allumé par la gauche et par LFI sur
13:25est-ce que les députés prennent un peu de drogue ?
13:27Et moi, quand il y a un débat qui émerge comme ça,
13:29je me dis, mais pourquoi ce débat sort ?
13:31Eh bien, c'est comme ça, on va dévier le regard des vrais problèmes
13:34et on va s'occuper de quelques...
13:36Ce n'est pas bien, de quelques députés qui, peut-être, consomment de la drogue.
13:39Et vraiment, je suis, moi, terrifiée,
13:42et je pense que votre témoignage, il est peut-être annonciateur
13:45d'un effondrement de notre État si on ne réagit pas vite,
13:47parce que maintenant, il faut agir,
13:49parce que c'est un pan de notre État démocratique
13:51qui s'effondre quand un policier laisse tomber son...
13:53– Gérald Jacquard, je vous propose de rester une minute encore avec nous,
13:56si vous le pouvez, on va faire le CNews Info,
13:58et puis après, il y a d'autres questions pour vous,
14:00parce que votre témoignage, il est d'une force incroyable,
14:03parce qu'on a envie d'entendre ce que pensent les policiers,
14:06c'est assez rare qu'ils s'expriment comme vous le faites,
14:09avec cœur, avec passion, et puis avec ce désespoir aussi.
14:12Donc, restez avec nous, on fait tout de suite le CNews Info,
14:14et on vous retrouve juste après. Sommeil à la BD.
14:16Fin de non-recevoir du Kremlin,
14:21les déclarations de Volodymyr Zelensky sont, je cite, « vides de sens ».
14:26Pourtant, pour la première fois depuis le début du conflit,
14:29le chef de guerre se disait prêt à négocier directement avec la Russie
14:33des propos que le président ukrainien a tenus hier
14:35lors d'une interview à un média britannique.
14:39Déjà 8000 tests de drogue et d'alcool effectués au niveau national,
14:43dont 49 se sont révélés positifs.
14:46C'est le résultat des contrôles imposés aux conducteurs de bus scolaires.
14:4949 de trop, déclare ce matin François-Noël Buffet,
14:53le ministre auprès du ministre de l'Intérieur,
14:55qui précise que les contrôles vont se poursuivre de façon régulière.
14:59L'accent sera également mis sur la sensibilisation
15:02pour éviter le drame de Châteaudun.
15:05Et puis, nouvelle piste dans la tuerie de Chevaline.
15:08Selon Le Parisien, un militaire des forces spéciales serait à l'origine du drame.
15:13Une piste privilégiée par le pôle Colthescaise de Nanterre
15:16suite à la reconstitution effectuée en octobre dernier.
15:19Je vous rappelle qu'il y a 12 ans,
15:21trois membres de la famille Alligui ont été tués,
15:23ainsi que le cycliste Sylvain Mollier.
15:26Seuls les deux fillettes de la famille britannique ont survécu.
15:3211h04 sur CNews, merci d'être en direct avec nous.
15:34On est toujours avec Gérald Jacquin, brigadier chef et policier.
15:37Allons, le saunier qui nous explique que face à la situation,
15:41face à la solitude qu'il ressent au quotidien dans son métier de policier,
15:45il a décidé de partir.
15:46Alors, mécaniquement, il va faire jouer ses droits à la retraite en dissipé.
15:50Mais voilà, c'est un départ de son métier parce qu'il est à bout de la situation.
15:54Il est à bout de ce qu'il constate au quotidien.
15:56Didier Maisto, c'est vrai que ça vous a interpellé également ce témoignage.
16:00C'est terrible, c'est terrible parce qu'on a un témoignage humain.
16:03Et souvent, on essentialise, on caractérise par des fonctions.
16:09Mais ceux qui sont en premier, comme je dis souvent, la voiture ballée de la société,
16:14les vrais travailleurs, ceux qui sont confrontés à la délinquance, à la misère,
16:20c'est les policiers, les soignants, les pompiers, les enseignants.
16:23Et malheureusement, ils sont rarement soutenus par le hiérarchie.
16:27On l'a vu dans l'affaire Samuel Paty.
16:29On le voit quand il y a des affaires sur la laïcité.
16:32Toute la poussière est envoyée sous le tapis.
16:34Il n'y a pas de responsabilité.
16:36Dans le cadre de mes fonctions, j'ai parlé avec énormément de policiers, de professeurs, d'enseignants, de médecins aussi.
16:43J'avais été à l'hôpital où les médecins avaient démissionné tous ces chefs de service en bloc
16:50parce que leur métier, c'était de sauver des vies.
16:52Ils n'étaient pas soutenus.
16:53On leur demandait de remplir toute la journée des fiches QCM.
16:57Ce n'est pas leur boulot.
16:57Ils sont là pour sauver des vies.
16:59Et donc, il y a un vrai problème dans la chaîne des responsabilités
17:04parce que tout le monde a démissionné.
17:05Et finalement, ça touche tous les métiers à vocation
17:08parce qu'on ne fait pas ces métiers pour s'enrichir.
17:10On ne devient pas policier, enseignant, soignant, pompier pour s'enrichir.
17:14Il y a une dimension altruiste de protéger les plus faibles, d'aller vers les autres.
17:20Et ça, malheureusement, ce n'est pas récompensé.
17:22– Gérald Jacquin, avant de donner la parole à Henri Peumeau,
17:24je voulais savoir comment agissent vos collègues policiers à votre décision
17:29parce que vous avez annoncé ça lundi.
17:30Vous avez annoncé ça au tribunal que vous aviez décidé pour votre sécurité,
17:35pour votre vie également, vous aviez décidé de laisser tomber le métier.
17:40Comment est-ce qu'ils ont réagi ?
17:43– En fait, ils savaient que j'allais partir de la police
17:46parce que j'en avais un petit peu parlé avec eux par rapport à ma retraite.
17:50Mais bon, ben eux, ils sont…
17:54En fait, ils sont, je vais vous dire sincèrement,
17:56je vais vous faire très simple, puisque vous parliez de parler humain,
17:59je vous parlais humain jusqu'au bout,
18:01tous mes collègues rêvent de partir.
18:05Je vais vous dire quelque chose de très grave à l'antenne,
18:08tous mes collègues rêvent de partir.
18:10Je ne me trompe pas en vous disant ça, je m'engage un peu en disant ça,
18:14mais même moi qui suis motivé, vous voyez, je veux partir,
18:18mais je suis un cas un peu particulier dans mon commissariat.
18:21Mais mes collègues veulent partir parce qu'ils veulent que ça s'arrête,
18:25ils veulent que cette souffrance s'arrête,
18:26ils veulent que leurs conditions, qui sont invivables, s'arrêtent.
18:30Le côté inhumain des relations avec la hiérarchie,
18:32les côtés inhumains des relations même avec les gens,
18:35c'est très compliqué, c'est très compliqué.
18:37Nous, on essaie de mettre de l'humain où il n'y en a plus.
18:40Voilà mon travail, mon travail c'est ça.
18:42– C'est terrible ce que vous dites, à chaque temps qu'on l'a.
18:46– C'est vrai que c'est terrible ce que vous dites,
18:47parce qu'on peut le comprendre en même temps,
18:49parce qu'on se dit qu'on voit bien, les policiers aujourd'hui
18:52n'osent même plus sortir leur arme quand ils sont attaqués,
18:54quand ils sont agressés, on sent qu'il n'y a pas ce soutien
18:58qui jusque-là pouvait les tenir.
19:00Henri Pemaud, un mot à ce policier, ce futur ex-policier ?
19:05– Tout d'abord, merci pour votre témoignage,
19:07et je pense qu'il ne faut pas, même si vous vous sentez seul,
19:11se rappeler que pour les Français, la première liberté c'est la sécurité,
19:14c'est d'ailleurs, après le pouvoir d'achat,
19:17le premier sujet, thème majeur pour les Français,
19:20donc vous n'êtes pas seul sur le sujet.
19:23Ensuite, je pense que tout le monde l'a dit autour de la table,
19:26en termes de contexte, de plus en plus de refus d'autant paier,
19:30une criminalité en hausse avec 18% de violences urbaines en un an,
19:35et paradoxalement à ce contexte,
19:38on voit qu'il y a aussi un taux de confiance en la police
19:41qui est en baisse depuis 2023 avec 48%.
19:46Et dans ce contexte où on voit qu'on a malgré tout,
19:50à la fois la population qui a le plus besoin de la police,
19:54mais aussi cette défiance,
19:55moi je pense que le premier des sujets c'est la restauration de l'autorité de l'État.
19:59La restauration de l'autorité de l'État passe par une meilleure relation
20:03entre la police et la population, et notamment…
20:05– Mais vous voyez, je ne connais pas votre sondage,
20:07d'où il sort ce sondage, je ne sais pas.
20:10– C'est l'IFOP.
20:10– 48% de méfiance à l'égard de la police ?
20:12– Si vous me permettez, je vais juste essayer de…
20:14– Permettez-moi d'en douter, je vais le vérifier.
20:16– Il n'y a pas de souci, c'est l'IFOP.
20:18– Je vais juste finir ma démonstration,
20:20je pense que le sujet, et on en a parlé,
20:22c'est la restauration de l'autorité de l'État.
20:24La restauration de l'autorité de l'État,
20:26c'est permettre à la police de travailler dans les meilleures conditions,
20:29et c'est aussi le sens du témoignage de monsieur.
20:32Et moi je pense que ça passe par la création de la police de proximité,
20:36qui a existé un moment.
20:36– Mais déjà, renforçons la police qui est là.
20:38Ce n'est pas normal, excusez-moi,
20:40ce n'est pas normal d'avoir un policier qui vous dit voilà,
20:42moi je me sens seul quand je fais mon métier,
20:43moi quand je vais au tribunal, je vois comment les choses se passent,
20:46c'est plus possible que les choses se passent comme ça.
20:48Déjà, peut-être renforçons ce qui existe,
20:50redonnons confiance aux policiers sur le terrain.
20:52– Correctif et logique.
20:53– Attendez, un instant, ne les laissons pas seuls,
20:55redonnons leur confiance, c'est important, on ne fait pas trop long, mais…
21:00– J'ai fini, et en fait, sur la restauration de l'autorité de l'État,
21:03il y a cette création de proximité, je pense, qui est nécessaire,
21:06et il y a aussi donner toutes les conditions à la police
21:08pour lutter contre la criminalité,
21:10tout en travaillant sur les causes sociales profondes.
21:12– Je termine avec Gérald Jacquin déjà,
21:15merci pour votre témoignage, vous êtes policier jusqu'à quand du coup ?
21:18Vous arrêtez quand ?
21:20– Fin d'année là.
21:21– Fin d'année ?
21:22Merci en tout cas d'avoir témoigné, merci d'avoir témoigné, c'est…
21:26– Je veux vous remercier pour votre émission,
21:31les émissions de l'ensemble de la chaîne,
21:34c'est un dernier îlot d'expression libre,
21:39et je pense que c'est vraiment nécessaire,
21:41et ça aide pas mal les policiers, voilà, je veux le dire également.
21:45– Très touché, merci beaucoup Gérald Jacquin,
21:47brigadier-chef à Lonce-le-Saulnier,
21:48merci d'avoir été en direct avec nous.