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Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, juge qu'"il est immoral d'être milliardaire", estimant que tout ce qui va aux plus riches "a été retiré à ceux qui produisent".

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00:00On va continuer à parler de salaire d'une certaine manière.
00:02Être milliardaire, c'est immoral, ça c'est ce que disait hier soir en meeting Jean-Luc Mélenchon.
00:06Et ce que vous nous dites vous ce soir, Christophe Barbier,
00:08c'est que la diabolisation des riches, c'est historique à gauche, presque ontologique.
00:14Oui, c'est dans la nature de la gauche et notamment de la gauche radicale
00:18parce que c'est ce qui permet de marquer un territoire et de s'acquérir des électeurs.
00:22Remontons le temps, nous sommes le 8 février 1893 à la Chambre des députés.
00:26Jean Jaurès prend la parole pour dénoncer un scandale, le scandale du canal de Panama,
00:30déjà où il y a eu de la corruption, ça avait même éclaboussé Clemenceau.
00:34Et Jean Jaurès dénonce l'influence abusive et corruptrice de ces puissances d'argent
00:39dont notre raison d'être à nous républicains socialistes est de hâter la disparition.
00:47Ça va aller jusque, et ça sera caricatural, en 1918, Lénine
00:51qui va lui essayer de faire disparaître l'argent de la nouvelle Union soviétique.
00:56Le commissaire soviétique aux finances, Ivan Stepanov, déclare
00:59les finances ne doivent pas exister dans un monde socialiste.
01:03On va inonder la Russie de billets de banque pour créer une inflation monstre
01:06en espérant que l'argent n'ayant plus de valeur, il va disparaître.
01:08Ça sera bien sûr un échec.
01:09Pendant ce temps-là, en France, Édouard Daladier, radical socialiste,
01:13bute contre ce qu'il appelle le mur de l'argent, les milliardaires qui empêchent les réformes.
01:18Puis le Front populaire va dénoncer les 200 familles.
01:22Alors on part des 200 plus gros actionnaires reliés à la Banque de France
01:25et on crée ce mythe des 200 familles qui sont censées contrôler l'économie française.
01:31Ça continue à gauche. Passons à François Mitterrand.
01:34Nous sommes à la mi-juin 1971.
01:36Il prend le contrôle du Parti socialiste lors du congrès d'Épinay.
01:40Et que dit-il, François Mitterrand ?
01:42Eh bien cette phrase qui est restée dans la mémoire de la gauche,
01:45le véritable ennemi, j'allais dire le seul, c'est le monopole,
01:48et il dénonce l'argent qui corrompt, qui achète, qui écrase,
01:51l'argent qui tue, l'argent qui ruine, l'argent qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes.
01:56La conscience, c'est-à-dire l'argent, c'est immoral.
02:00On rejoint bien le logos de Jean-Luc Mélenchon.
02:03François Hollande, qui est le disciple de Mitterrand,
02:05Mitterrand l'a engagé comme conseiller politique en 1981.
02:08François Hollande qui aime bien les anaphores, c'est pas l'argent, l'argent, c'est moi président.
02:12En janvier 2012, il veut se marquer à gauche lors du lancement de sa campagne présidentielle au Bourget.
02:18Eh bien, écoutez, il reprend ce mythe, l'argent, c'est immoral.
02:23Dans cette bataille qui s'engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire.
02:31Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti.
02:37Il ne présentera jamais sa candidature.
02:41Il ne sera donc pas élu.
02:44Et pourtant, il gouverne.
02:47Cet adversaire, c'est le monde de la finance.
02:50Un riche.
02:51Alors, ce n'est pas le président Hollande qui parle.
02:53Le président Hollande, il fera un choc fiscal, certes, mais il reculera.
02:57C'est le candidat Hollande qui veut se marquer à gauche.
03:00Mon ennemi, c'est la finance.
03:02En créant aussi une taxe à 75% sur les hauts revenus.
03:05Donc, évidemment, pour tous les milliardaires, taxe qui sera censurée par le Conseil constitutionnel,
03:10rebricolée, puis finalement abandonnée par la gauche.
03:12Là, nous avons entendu le candidat Hollande.
03:15Et l'enjeu, il est bien là.
03:16Empêcher à l'époque la montée d'un candidat plus à gauche que lui, en l'occurrence Jean-Luc Mélenchon.
03:21Lequel, cinq ans plus tard, ne se laisse pas tromper une deuxième fois.
03:24Et Jean-Luc Mélenchon, en janvier 2017, à Tourcoing,
03:27il tient un meeting où il va lui aussi dénoncer l'ennemi,
03:31c'est-à-dire la finance, c'est-à-dire l'argent, et lui donner un nom.
03:34On écoute Jean-Luc Mélenchon.
03:36– Est-ce que ce n'est pas le moment d'arrêter ça ?
03:38Est-ce que ce n'est pas le moment de dire que le problème,
03:41c'est celui de ceux qui se gavent ?
03:43Ce n'est pas le problème de l'immigré.
03:45Ce n'est pas le problème de celui qui n'a pas votre religion.
03:48Le problème, c'est le banquier.
03:50Le problème, c'est Mulliez.
03:52Voilà le problème.
03:53Il a un nom, il a une adresse.
03:56– Mulliez, le fondateur de Auchan, dans le Nord, se parle.
03:59Il a un nom, il a une adresse.
04:01On est aux limites de la délation.
04:03Que faut-il faire avec cette adresse ?
04:04Aller taguer les murs ? Faire plus ?
04:05Donc vous voyez, c'est extrêmement grave ce processus de dédiabolisation.
04:09C'est à des fins électorales.
04:10Mais si la gauche peut faire cela,
04:12c'est aussi, paradoxalement, parce que nous sommes un pays catholique.
04:16Et un pays catholique, c'est mal à l'aise avec l'argent.
04:18On ne dit jamais combien on gagne.
04:20On a un peu honte.
04:21Si on était dans un pays anglo-saxon,
04:23marqué par ce que Max Weber appelait l'éthique protestante
04:26et l'esprit du capitalisme,
04:28être riche, ça serait bien.
04:29Le montrer, ça serait encore mieux.
04:31Mais ça, ça s'appelle l'Amérique.
04:33Ça n'a pas que des vertus, les riches en Amérique.
04:35Regardez Musk, Trump et les autres.

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