Parlement Hebdo - Budget : François Bayrou échappe à la censure - Vidéo Dailymotion

LCP Assemblée nationale

invités : - Aurelie Trouvé députée La France Insoumise, - Olivier Cadic sénateur représentant les Français établis hors de France, du grouoe Union centriste. Thèmes : - l'intense semaine politique et parlementaire, entre 49.3 et menaces de censure -la loi agricole : un texte à la hauteur des attentes ? Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite. Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission. Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement. Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5 Suivez-nous sur les réseaux ! X : https://x.com/lcp Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP Threads : https://www.threads.net/@lcp_an Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/ TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an Newsletter : https://lcp.fr/newsletter Retrouvez nous sur notre site : https://www.lcp.fr/ #LCP #assembleenationale #Politique

Transcript

00:00Générique

00:02...

00:09Bonjour à tous. Très heureux de vous retrouver

00:11pour ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,

00:13l'émission qui vous fait vivre l'étampford

00:15de la semaine au Parlement.

00:16Oui, et cette semaine, encore une fois,

00:18nous vous proposons un débat entre un député,

00:20une députée et un sénateur.

00:22Nous accueillons Aurélie Trouvé. Bonjour.

00:23Vous êtes députée de la France insoumise de Seine-Saint-Denis

00:26et présidente de la Commission des affaires économiques

00:29de la Rassemblée nationale. Face à vous, Olivier Cadic.

00:31Bonjour. Sénateur centriste des Français établis hors de France.

00:35Et vous êtes vice-président

00:37de la Commission des affaires étrangères et de la Défense.

00:39Et vous reviendrez sur la semaine mouvementée

00:41de François Bayrou, qui a fait adopter le budget 2025

00:44au Parlement sans vote, en passant par le 49-3.

00:47Et il a échappé, une nouvelle fois,

00:49à la censure de son gouvernement,

00:50puisque les députés socialistes et du Rassemblement national

00:53n'ont pas voté l'émotion de censure déposée par la France insoumise.

00:57Et puis, on parlera d'agriculture, puisque le Sénat examine en ce moment

01:00le projet de loi d'orientation agricole.

01:02Ce texte du gouvernement est censé répondre

01:05aux malaises des agriculteurs

01:06et protéger la souveraineté alimentaire française.

01:10Mais d'abord, le fait de la semaine,

01:12la censure évitée pour François Bayrou, Elzamond Ndangava.

01:19Le jour de sa nomination à Matignon,

01:22François Bayrou parlait d'un Himalaya de difficulté.

01:25Le Premier ministre a franchi cette semaine un premier sommet

01:29avec l'adoption du budget.

01:31Lundi, il déclenche un 49-3.

01:35Nous voici à l'heure de vérité.

01:38Nous voici même à la semaine de vérité et de responsabilité.

01:45Aucun pays ne peut vivre sans budget.

01:49Et la France...

01:50Et la France, moins que tout autre.

01:54Mercredi, il fait face à une motion de censure

01:57portée par les Insoumis.

01:59Pas de suspense, les socialistes ont décidé de ne pas la voter.

02:03Indignation de la France insoumise,

02:05fracture au sein du nouveau Front populaire.

02:08J'entends une petite voix sur ma gauche

02:10qui me rappelle aux puretés de la vertu,

02:12comme disait Saint-Just.

02:14Le bruit et la fureur fragilisent les combats,

02:19nos combats, ceux de la gauche.

02:21Jeudi, ultime vote au Sénat.

02:24Pour 219, contre 107,

02:28le projet de loi est donc définitivement adopté.

02:32Ca sort notre pays de cette trop longue période d'incertitude

02:36qui a été mortifère pour l'économie,

02:38pour les Français, les agriculteurs, les chefs d'entreprise.

02:41Sortir de l'incertitude, c'est une bonne nouvelle.

02:44Après le budget de l'Etat,

02:46celui de la Sécurité sociale devrait être adopté,

02:49sauf coup de théâtre.

02:50D'ici une dizaine de jours.

02:54Aurait-il trouvé les socialistes n'ont pas voté vos motions de censure,

02:57ils n'ont pas voulu faire tomber le gouvernement ?

02:58Est-ce que cette non-censure, pour vous,

03:00acte la fin du nouveau Front populaire ?

03:04Il y a clairement une rupture de la part

03:07de presque tous les députés socialistes,

03:09parce que six quand même l'ont votée,

03:11vis-à-vis du programme du nouveau Front populaire,

03:14puisque l'essence même du nouveau Front populaire,

03:16c'est de rompre avec le macronisme,

03:18de proposer autre chose que la politique d'Emmanuel Macron.

03:21Je voudrais surtout dire que tous ceux

03:23qui n'ont pas voté la motion de censure

03:25sont donc responsables d'un budget

03:28qui, à mon avis, est un budget de souffrance

03:31et justement un budget qui risque de précipiter

03:34encore davantage la crise économique.

03:36Je m'explique.

03:38C'est d'abord la plus forte austérité budgétaire

03:42connue depuis 25 ans en France,

03:44la plus forte baisse de dépenses publiques, très concrètement.

03:46Ca va reposer essentiellement sur ceux qui ont déjà du mal

03:49à boucler leur fin de mois.

03:51Par exemple, une hausse des taxes sur l'électricité

03:54qui va amener à une forte hausse des prix de l'électricité

03:56pour 11 millions de ménages

03:58et des centaines de milliers d'entreprises.

04:00Aurélie Trouvé, avant d'aller sur le fond de ce budget,

04:03une réaction sur cette affiche qui a créé la polémique.

04:06La France insoumise a posté un visuel sur les réseaux sociaux

04:08qui associe le Parti socialiste et le Rassemblement national

04:11avec ce titre, les Nouvelles Alliances.

04:13Que pensez-vous de ce visuel ?

04:15Ce visuel n'est pas celui de la France insoumise.

04:18Il a été retiré dans la seconde, c'est une erreur, en réalité.

04:22Il a été retiré dans la seconde, donc je le répète.

04:25Et vous voyez, on l'a dit tout de suite.

04:29Donc maintenant, arrivons au fait et au fond.

04:31Je le redis, nous avons aujourd'hui un budget

04:33qui est catastrophique, et notamment pour l'économie,

04:36et c'est ce que j'ai d'ailleurs souligné,

04:39parce que j'ai porté la motion de censure...

04:40Les socialistes demandent des excuses.

04:42Est-ce que je peux arriver au fond, s'il vous plaît ?

04:45Il y a des millions de gens qui vont souffrir de ce budget.

04:48Je l'ai dit, ce n'est pas notre visuel,

04:49et nous l'avons dit depuis le début,

04:51et il a peut-être été quelques secondes sur le site.

04:53Donc, si je peux me permettre, nous en arrivons au principal,

04:56qui est ce budget, avec, par exemple,

04:59une coupe d'un milliard et demi dans l'enseignement supérieur

05:03et la recherche, moi qui étais universitaire jusqu'à il y a trois ans,

05:06je peux vous dire que c'est catastrophique.

05:08Ça veut dire un réel décrochage scientifique et technologique

05:11de la France à l'heure où il faudrait, au contraire,

05:13comme aux Etats-Unis ou en Chine,

05:15porter au plus haut cette recherche et cet enseignement supérieur.

05:18On va faire réagir Olivier Kadic pour éviter la censure.

05:23Finalement, François Bayrou a réussi là où Michel Barnier avait échoué.

05:27Est-ce que vous souhaitez que les socialistes,

05:29qui n'ont pas voté la censure, rejoignent le Bloc central ?

05:33Ce qu'ils veulent faire, c'est leur question, c'est leur problème.

05:36On peut soutenir sans participer à un gouvernement

05:39parce qu'on n'est pas à l'aise par rapport à certaines décisions

05:43aux orientations.

05:44Ça, ça existe dans d'autres pays, il n'y a pas de problème.

05:47Aujourd'hui, on avait besoin d'un budget.

05:50On n'avait pas de quoi finir pour les ministères l'année

05:55puisqu'il y avait une évolution des coûts

05:57et il y avait déjà certains services qui étaient venus nous voir

05:59pour dire qu'il faut absolument qu'on ait un budget.

06:01Ce budget ne satisfait personne.

06:03Il y a une loi spéciale qui...

06:04Non, mais ce n'est pas avec ça qu'ils font l'année.

06:07Tous nous l'ont dit, on ne va pas au bout de l'année avec ça.

06:10Donc, il leur fallait un budget.

06:13Ce budget ne satisfait personne aujourd'hui

06:15parce que pour qu'il y ait, que ce budget passe,

06:18il a fallu en passer un peu par des houkazes des socialistes

06:22pour qu'on mise ça en avant pour pouvoir ne pas voter la censure.

06:26Des houkazes ?

06:27Des concessions, mais vous dites houkazes.

06:29Moi, c'est comme ça que je le comprends.

06:32Je veux dire, c'est...

06:33Mais après tout, finalement, d'autres jouent aussi parfois ce jeu.

06:37Donc, moi, ce n'est pas un reproche, c'est une constatation

06:40et c'est ce qui fait que ça ne satisfait vraiment personne.

06:43Il faut faire des compromis dans cette assemblée sans majorité.

06:46Mais c'est ce que nous faisons.

06:48Vous parlez de houkazes des socialistes.

06:50Le président du groupe centriste de votre groupe, Réveil Marseille,

06:52dit qu'il faut faire un contrat avec les socialistes

06:55pour éviter la censure plus durablement

06:57pour le gouvernement de François Bayraud.

06:59Quand vous parlez de houkazes, ça peut être compliqué.

07:01Mais non, ils ont des points forts de position

07:06qui leur appartiennent.

07:07Donc, il faut l'accepter. La démocratie, c'est ça.

07:10On ne pense pas tous pareil.

07:12Quand on vote ce budget aujourd'hui,

07:14ce n'est pas un budget qui me satisfait personnellement.

07:18Donc, maintenant, on est avec un environnement,

07:21il faut être responsable.

07:22Donc, il faut accepter que ce ne soit pas exactement

07:25comme nous, on le pense et on le souhaite.

07:27Ceci étant, il y a des surtaxes qui sont imposées,

07:31par exemple, on l'a vu, sur les entreprises,

07:33qui vont avoir des effets au niveau économique.

07:35Et donc, ça, quand j'entends ça va faire souffrir,

07:38ça va faire souffrir potentiellement tout le monde,

07:40toute l'économie, parce qu'on va perdre en compétitivité.

07:44La France avait besoin d'un budget pour redresser ses comptes

07:47et aussi parce que les collectivités,

07:48les associations, les entreprises réclament des crédits

07:51qu'ils ne peuvent pas avoir pour l'instant.

07:53Vous entendez cet argument ?

07:54Vous l'avez dit, nous avions voté en décembre

07:57une loi spéciale qui permettait tout à fait

07:59de continuer les dépenses engagées.

08:01En réalité, il y a eu un sabotage par le gouvernement...

08:04Mais pas de générer de nouvelles dépenses.

08:06Il y a eu un sabotage par le gouvernement

08:08de la loi spéciale, d'accord ?

08:10Par exemple, ils ont bloqué sciemment

08:12les passes cultures ou les services civiques

08:15pour les jeunes, alors qu'il était tout à fait possible

08:18de faire ces dépenses, par des circulaires

08:21du mois de décembre, qui ont tout de suite dit

08:24qu'on ne pourra pas dépenser plus de 25 % des dépenses.

08:27Ça, c'est le gouvernement qui a pris cette décision.

08:30Pourquoi ? Eh bien, pour tendre la situation,

08:33pour faire un chantage, quelque part,

08:34et imposer ce budget en faisant croire

08:37que sinon, ça allait être le chaos.

08:39Nous aurions très bien pu reprendre les débats

08:42dans l'Assemblée nationale.

08:43D'ailleurs, je remarque qu'il y a trois mois,

08:46nous avons eu des débats et nous avions voté

08:48à la majorité de l'Assemblée nationale

08:50tout un tas de mesures qui permettaient de récupérer

08:53jusqu'à 75 milliards de recettes,

08:55notamment sur les superprofits des multinationales

08:58ou sur les très gros patrimoines des ultra-riches.

09:00Donc, il était possible de faire un tout autre budget,

09:03beaucoup plus juste, qui mette à contribution

09:05ceux qui ont le plus profité des huit ans de présidence Macron,

09:09à savoir les ultra-riches.

09:10Justement, sur la fiscalité des plus aisés,

09:13ce budget, il demande un effort exceptionnel

09:16aux plus riches et également aux grandes entreprises

09:18qui ont fait des profits.

09:20D'ailleurs, il y a une sorte de fronde

09:22de certains grands patrons, Olivier Cadic,

09:24le premier d'entre eux, c'est Bernard Arnault,

09:27le milliardaire et patron de LVMH,

09:28qui estime que cet effort exceptionnel

09:30demandé aux grandes entreprises, ça va pousser à la délocalisation.

09:34Est-ce un manque de patriotisme économique ?

09:36C'est toujours ce qu'on reproche aux gens

09:40qui sont confrontés à la compétition internationale,

09:43qui doivent être concurrents à l'international.

09:45Ces entreprises ont des actionnaires.

09:47Ces actionnaires, pour pouvoir investir dans l'entreprise,

09:50demandent une rétribution.

09:52Je vous rappelle que c'est la même chose pour la France.

09:55La France n'est pas capable de faire son budget elle seule.

09:58Elle doit aller chercher l'argent à l'étranger.

10:00C'est l'empreinte de plus en plus chère.

10:02Si on ne fait pas le budget, si on ne rassure pas les investisseurs

10:06pour qu'ils achètent la dette française,

10:08ça va nous coûter de plus en plus cher.

10:10C'est la même chose pour Arnault et pour le ministre du Budget.

10:13Il a les mêmes problématiques à l'international.

10:16Aujourd'hui, on a un vrai sujet,

10:18c'est qu'on a augmenté de 7,8 milliards d'euros

10:20pour ces grandes entreprises.

10:22C'est comme ça qu'on présente les choses.

10:24C'est exceptionnel.

10:26LVMH, ça va lui coûter à peu près 800-900 millions d'euros.

10:29C'est une paille.

10:30Pour ceux qui n'en regardent pas, l'autre peut toujours payer.

10:33Donc, effectivement, lui, il défend ses intérêts

10:36et les intérêts de son entreprise.

10:38Il en parle.

10:39Il ne faut pas oublier que le luxe,

10:41c'est 50 milliards d'euros en exportation pour la France.

10:46Toute l'agriculture réunie, c'est 18 milliards.

10:48Vous voyez le rapport ?

10:49Est-ce que c'est le moment de taxer les grandes entreprises

10:53alors que les plans sociaux se multiplient,

10:55que l'activité se ralentit ?

10:56D'abord, vous voyez bien que Bernard Arnault

10:59ne représente absolument pas les patrons français,

11:02puisque 95 % des patrons français

11:04sont en fait des patrons de très petites et petites entreprises.

11:07Bernard Arnault, je le rappelle,

11:09c'est la cinquième fortune du monde,

11:11233 milliards d'euros.

11:13En l'occurrence, on a un problème en France.

11:15Les très petites entreprises sont plus fortement taxées

11:18que les très grandes entreprises.

11:20Or, ce budget, justement,

11:22ne va pas davantage mettre à contribution

11:24ces multinationales.

11:26Et notamment les dividendes des actionnaires,

11:29alors même que les très petites entreprises

11:32vont être davantage taxées et chargées,

11:36ne serait-ce que par l'augmentation des prix de l'électricité.

11:40Donc, pour résumer,

11:41les petits, aujourd'hui, payent plus d'impôts que les gros,

11:45mais vont être davantage mis à contribution,

11:47alors que les très gros payent moins d'impôts

11:50et ne vont pas être mis davantage à contribution.

11:52C'est injuste et mauvais pour notre économie réelle.

11:55L'économie réelle du pays, ce sont ces très petites entreprises.

11:59Ce ne sont pas ces multinationales

12:00qui, de plus en plus, versent leurs bénéfices vers les dividendes.

12:04Le gouvernement a passé l'étape de ce budget 2025,

12:07mais qu'est-ce qui va se passer après ?

12:09La prochaine priorité du gouvernement,

12:11est-ce que ça va être l'immigration ?

12:13Le Premier ministre, François Bayrou, a estimé,

12:16je cite, qu'il voulait un débat large sur l'immigration,

12:19plus large que la simple question du droit du sol.

12:21Il voulait un débat sur la question

12:23qu'est-ce qu'être français, Olivier Kadic ?

12:25Il faut aller sur ce débat, sur cette question ?

12:28C'est le Premier ministre qui donne l'orientation.

12:31S'il a envie d'aller vers ça, pourquoi pas ?

12:34Moi, je veux bien débattre de tous les sujets.

12:36Il vient de le dire.

12:38C'est la priorité.

12:39La question, pour moi, c'est plutôt comment on exécute le budget.

12:43On l'a décidé, ce n'est pas parce qu'on a voté un budget.

12:46Ce qui est important, c'est de l'exécuter.

12:48À la dernière minute, on a appris qu'on retirait 50 millions d'euros

12:51sur l'action extérieure de l'État.

12:53C'est comment on va faire et comment on va accomplir nos missions.

12:56Votre réaction à cette proposition de François Bayrou,

12:59qui souhaite un débat plus large que le droit du sol à Mayotte

13:03sur le fait de savoir qu'est-ce qu'être français,

13:05vous en pensez quoi ?

13:07Eh bien, qu'effectivement,

13:09le fait d'avoir laissé ce gouvernement

13:13agir en refusant de voter la motion de censure,

13:16ce qui est le cas de la plupart des socialistes,

13:19ça va offrir un boulevard à ce gouvernement

13:23pour aller petit à petit vers les idées de l'extrême droite,

13:27du Rassemblement national, puisque M. Retailleau

13:29est clairement l'homme clé, l'homme fort de ce gouvernement.

13:32Je remarque que le Premier ministre a parlé de submersion migratoire,

13:36ce qui est clairement une reprise des termes

13:39employés historiquement par le Rassemblement national.

13:41Le problème, je finis sur cette question des migrations,

13:44c'est qu'en fait, c'est une réponse totalement fausse à la réalité.

13:49Je m'explique.

13:51Aujourd'hui, les migrations et les migrants

13:53sont une richesse pour la France.

13:55Le PS va déposer une motion pour défendre les valeurs républicaines

13:59en réaction à ces propos de F. Bayrou,

14:02qui évoque la subversion migratoire Mayotte.

14:04Vous la votez sans état d'âme, sur les valeurs républicaines ?

14:07On la votera, mais cette motion de censure ne sert à rien.

14:11Pourquoi ?

14:12Parce qu'on sait très bien que...

14:14D'ailleurs, elle va être rédigée comme telle.

14:16On sait qu'elle ne sera pas majoritaire,

14:18qu'elle ne pourra pas renverser ce gouvernement.

14:21La motion de censure qui permet de renverser le gouvernement,

14:24c'est celle qui aura encore lieu lundi.

14:27Ca sera la quatrième motion de censure.

14:29C'est celle qui pourra être décisive.

14:31Donc, charge notamment à l'ensemble des socialistes de la voter.

14:36Je vous ai parlé de quatre motions.

14:38Sur le budget de la Sécurité sociale.

14:40En tout, maintenant, on en est à 27.

14:4249-3 sous la présidence Macron.

14:44Je dis que c'est un naufrage de la démocratie parlementaire.

14:47Olivier Cadic, ce choix de F. Bayrou,

14:49au fond, d'aller sur un débat sur l'identité nationale,

14:52sur l'immigration,

14:53est-ce que ça correspond à un mouvement international

14:56de durcissement du discours sur l'immigration

14:59qu'on voit en Europe, aux Etats-Unis,

15:01et qui favorise les parties d'extrême droite ?

15:03Je pense que, souvent, le politique,

15:05quand il n'a pas de solution, il cherche un bouc émissaire.

15:08Pour l'un, ça va être les riches.

15:10Il suffit de leur prendre ce qu'ils ont.

15:12Pour l'autre, c'est l'étranger, c'est l'immigration.

15:15C'est à cause de ça qu'on a plein de problèmes.

15:18Depuis le Brexit,

15:19soi-disant, pour bloquer l'immigration,

15:23ça a pratiquement multiplié par deux le solde migratoire.

15:27On voit bien que c'est pas comme ça qu'on va traiter le problème.

15:30On peut se poser la question de se dire

15:32c'est quoi être français ?

15:34Je milite pour que tous les Français parlent français.

15:36Beaucoup de Français naissent à l'étranger

15:39qui ne parlent pas français,

15:40mais on ne fait rien pour qu'ils apprennent.

15:43Le budget de l'intégration et des cours de français

15:45Vous êtes d'accord ?

15:47On peut se poser la question de ce débat.

15:49Je pense que ces attaques,

15:52par exemple, contre les migrants,

15:55on dirait une chasse aux migrants, presque,

15:58en fait, ces attaques vont créer de l'insécurité et du chaos.

16:02Pour créer de la sécurité dans le pays,

16:04il faut accueillir dignement les migrants,

16:06il faut leur permettre de travailler.

16:08Et d'ailleurs, ils travaillent déjà.

16:11Ce qui me choque, c'est que des gens qui travaillent

16:13ou 30 ans, qui viennent dans ma circonscription me dire

16:16que je suis ouvrier du bâtiment,

16:18je paye mes impôts, je consomme, d'accord ?

16:21Eh bien, moi, je viens de perdre encore mon titre de séjour

16:25et je n'arrive pas à être régularisée.

16:27Je suis sans papier après avoir travaillé 20 ans en France.

16:30Ceci est inadmissible et crée de l'insécurité.

16:33Et en plus, c'est inefficace,

16:35c'est très mauvais sur le plan économique

16:37parce que, oui, nous avons besoin aussi de sécurité

16:40de ces personnes qui sont régularisées pour travailler.

16:43Aurélie Trouvé, on va parler d'agriculture

16:46puisque le Sénat examine le projet de loi d'orientation agricole,

16:49un texte du gouvernement qui est censé répondre

16:52aux malaises des agriculteurs et qui a pour objectif

16:55de protéger la souveraineté alimentaire française.

17:02Bien, nous reprenons la séance qui est reprise.

17:06Comment répondre aux attentes d'un monde agricole en crise ?

17:09C'est l'objectif du projet de loi examiné au Sénat depuis le 4 février.

17:13Promis par Emmanuel Macron,

17:14le texte vise la formation des agriculteurs,

17:17l'installation et la transmission des exploitations.

17:20Profondément remanié, la version du Sénat inscrit

17:22la souveraineté alimentaire au rang d'intérêt fondamental de la nation,

17:26tout en supprimant l'objectif de 21 %

17:29de surface agricole utile cultivée en bio,

17:31ce que défend la ministre en évoquant la crise du secteur.

17:34On ne peut pas dire aux agriculteurs en bio

17:37que peu importe que votre activité soit équilibrée

17:40sur le plan économique, vous aurez été vertueux.

17:42Il faut évidemment l'adéquation,

17:45la recherche d'adéquation entre l'offre et la demande.

17:48Mais la version du Sénat

17:50entend aussi simplifier plusieurs réglementations

17:52pour les agriculteurs, comme le fait de ne pas interdire

17:55les pesticides s'il n'existe pas de solution alternative,

17:58au détriment de l'environnement, estiment les écologistes.

18:01On a une vision complètement décliniste de l'agriculture

18:04et on voit bien que ce qui est pointé derrière,

18:07c'est l'énorme environnemental.

18:08Dans l'hémicycle, les esprits s'échauffent,

18:10deux visions de l'agriculture diamétralement opposées s'affrontent.

18:14Tout ce que l'on fait dans cette LOA va vers une industrialisation

18:17et donc la fin, d'ici quelques décennies,

18:20de l'agriculture familiale et paysanne.

18:22Excusez-moi, mais je ne peux pas laisser passer ça.

18:25Dire ce que vous dites en disant que l'agriculture d'aujourd'hui

18:28est une agriculture industrielle,

18:29vous pensez que vous faites plaisir aux paysans

18:31qui ont été obligés de voir augmenter leur rendement

18:34pour arriver à avoir le même revenu ?

18:35Mais vous ne pensez pas qu'à un moment donné,

18:37ce principe de toujours être dans des dogmes

18:39ne finira pas par emporter l'agriculture française ?

18:42Parmi ces autres dispositions moins polémiques,

18:44le projet de loi prévoit la création d'un bachelor agro.

18:47Les sénateurs proposent aussi de créer un volontariat agricole

18:50dans le cadre du service civique

18:52et la création d'un guichet unique départemental

18:55censé favoriser les installations et les transmissions d'exploitation.

18:59Le Sénat prévoit d'examiner les textes jusqu'au 18 février,

19:02ce qui laisse peu de chances d'aboutir à un compromis

19:05avant l'ouverture du Salon de l'agriculture, le 22 février.

19:09Olivier Cadic, est-ce que l'objectif de la majorité de droite sénatoriale

19:12est de faire primer la compétitivité de l'agriculture française

19:15sur l'écologie ?

19:16Je ne pense pas qu'on puisse le présenter

19:19de façon aussi caricaturale.

19:20Je crois que chacun cherche à trouver une solution

19:23pour un métier qui est en difficulté.

19:26L'Union européenne a perdu un quart de ses exploitations agricoles

19:30lors de ces 30 dernières années.

19:31Donc, on sent bien qu'il y a une contraction.

19:34On était à 1,5 million d'agriculteurs

19:37quand j'ai commencé ma vie professionnelle en 82.

19:40On est à moins de 500 000 aujourd'hui.

19:41On a perdu les deux tiers et on sait, par la Cour des comptes,

19:44qu'on va perdre encore un tiers des exploitations d'ici 10-15 ans.

19:48Donc, on peut imaginer, pour ceux qui sont dans l'agriculture,

19:51qu'ils sont en mode survie.

19:52Je parle pour les petits agriculteurs,

19:54mais ils sont aussi confrontés à un client

19:58qui pousse son chariot au supermarché

20:00et qui vend un produit le plus accessible possible.

20:02C'est la faute des normes environnementales ?

20:04Certaines normes créent du surcoût ou des rigidités

20:09qui aggravent la situation des agriculteurs.

20:12Et je crois que là, ce qu'on voit dans l'hémicycle,

20:14et on le sent bien, il y a une vraie volonté,

20:17je crois, de nos sénateurs qui défendent le monde agricole,

20:20de trouver des solutions pour les aider

20:22à surmonter ces difficultés actuelles.

20:23Aurélie Trouvé, vous connaissez très bien ces questions.

20:26Est-ce qu'on peut vous mettre d'accord

20:28avec le constat du sénateur sur ce problème ?

20:31Sur le constat, tout à fait.

20:32On perd 10 000 fermes chaque année, encore,

20:35et on est à moins de 400 000 aujourd'hui.

20:37Donc, je le dis, l'agriculture familiale

20:39est en danger aujourd'hui.

20:41Joue sa survie, d'accord ?

20:43Ensuite, qu'est-ce qu'il faut faire ?

20:45Le problème, c'est que la loi d'orientation agricole

20:47ne répond absolument pas au problème principal,

20:50qui est celui des revenus des agriculteurs.

20:52Pourquoi les fermes disparaissent ?

20:54Parce que les agriculteurs ne gagnent pas assez,

20:56pour la plupart, d'accord ?

20:58Et les revenus agricoles ont encore diminué de 7 %

21:01l'année dernière.

21:02Pourquoi ? Parce qu'ils ont des prix

21:04qui sont pressurés au maximum.

21:07Vous voulez des prix planchers, une économie administrée...

21:09Pourquoi ils sont pressurés au maximum ?

21:11Vous avez 80 000 producteurs de lait

21:13qui font face à une multinationale lactalis,

21:16qui a un oligopole,

21:17qui fait une grosse partie de la collecte,

21:20parce qu'il y a des grands distributeurs

21:22qui poussent vers le bas les prix.

21:23Donc, il faut les protéger.

21:24Et pour les protéger,

21:26il faut des prix rémunérateurs garantis,

21:28des prix planchers, ce que nous, nous avons voté

21:30à la majorité de l'Assemblée nationale

21:32il y a un an, mais pour l'instant,

21:33il y a silence radio du gouvernement.

21:35Olivier Cadic, sur ces prix planchers,

21:36est-ce qu'il faut aller vers une agriculture

21:38encore plus administrée, encadrée par la puissance publique ?

21:41Je pense qu'on a vu le résultat,

21:44en essayant de trop le faire,

21:46c'est qu'on fait un peu les apprentis sorciers,

21:48on n'a pas forcément le résultat que l'on souhaitait.

21:51Donc, je crois qu'aujourd'hui,

21:53il faut peut-être se reposer, vraiment,

21:55la question de quelle agriculture voulons-nous.

21:58On voit, je sais pas, on voit, par exemple,

22:01avec l'élevage, les problématiques que cela pose.

22:04Un kilo de bœuf, c'est un coût en eau

22:08qui n'a pas d'équivalent

22:10avec un kilo de produits de légumineux.

22:13Donc, il y a des vraies questions

22:16qui se posent pour le long terme, en termes de vision.

22:19Et effectivement, il y a un métier qui souffre

22:22parce qu'il n'a pas la possibilité

22:24de forcément travailler comme il le souhaite,

22:26parce qu'il y a un environnement qui est là, concurrentiel.

22:29Il faut en tenir compte. Encore une fois,

22:31le client, c'est celui qui pousse son chariot.

22:33Et lui, il veut des prix les plus bas possibles

22:36parce que lui aussi, il a des arbitrages à faire sur son budget.

22:39Une autre question, Aurélie de Trouvé.

22:41La droite sénatoriale a ajouté à cette loi agricole

22:44un principe, pas d'interdiction de pesticides sans solution,

22:48si on ne trouve pas une alternative viable.

22:52Qu'est-ce que vous en pensez ?

22:53Est-ce que c'est une mesure de bon sens ?

22:55J'y réponds tout de suite.

22:56D'abord, je voudrais dire quelque chose aux apprentis sorciers.

22:59C'est quand, justement, on dérégule, on libéralise tout

23:01et, finalement, on confronte les agriculteurs

23:04à la concurrence internationale des loyales.

23:06Il faut savoir que jusque dans les années 90,

23:09on a régulé les prix en France et en Europe.

23:11Il faut savoir que toutes les grandes puissances économiques du monde

23:14rérégulent leurs marchés.

23:15Et nous, on reste enfermés dans notre logique néolibérale

23:19et c'est terrible.

23:20Ensuite, sur la question de la transition agroécologique.

23:23D'abord, ce n'est pas une option, c'est une nécessité.

23:26Pour ça, il faut en donner les moyens aux agriculteurs.

23:28Et vous savez, les agriculteurs veulent faire

23:30la transition agroécologique.

23:32Simplement, ils disent, pour ça, il faut nous protéger

23:35contre la concurrence des loyales,

23:36donc pas d'importation de produits qui ne respectent pas les normes.

23:40Ça veut dire qu'on arrête de signer à tour de bras

23:42des accords de libre-échange.

23:43Je rappelle qu'on devrait avoir la signature de l'accord

23:46avec le Mercosur, qui va être une catastrophe.

23:49Et jamais le président Macron n'a quitté les négociations

23:53en huit ans et c'est une catastrophe,

23:55on va en avoir les résultats.

23:56Et ensuite, il faut donner les moyens.

23:59Il faut donner les moyens avec un budget.

24:02Et le problème, il est que, pour le budget 2025,

24:05on a diminué les aides agricoles de 600 millions d'euros,

24:08celles précisément qui permettaient aux agriculteurs

24:10de faire la transition.

24:11Olivier Cadic, une réaction, est-ce que c'est le libre-échange

24:14avec certains accords qui mettent en colère les agriculteurs,

24:18notamment l'accord de libre-échange

24:19contre le Mercosur ?

24:20Des agriculteurs, pas tous les agriculteurs.

24:22Est-ce que c'est ces pro-ouvertures aux marchés internationaux

24:25qui fragilisent notre agriculture française ?

24:27Encore une fois, on mélange tout et on part d'un tout petit principe.

24:30L'agriculture, c'est 3 % de nos exportations en France.

24:34Un accord de libre-échange, c'est pour tout,

24:37c'est pour l'ensemble.

24:38Donc, on est en train de parler de 3 %,

24:40on bloque sur 3 % et dans ces 3 %,

24:42même tout le monde n'est pas perdant.

24:44Il y a, par exemple, les viticulteurs.

24:46Le jour où on a signé l'accord de libre-échange avec le Japon,

24:49les vins français sont passés, le trimestre qui a suivi,

24:53sont passés en tête des ventes devant les vins chiliens.

24:55Il y a des produits indésirables,

24:57des produits qui ne respectent pas les normes,

24:59qui sont pourtant imposés aux agriculteurs.

25:01C'est de ça dont on doit parler.

25:03Il faut que la compétition soit loyale,

25:05mais il faut voir aussi les choses de l'autre côté.

25:07Il faut voir les choses de l'autre côté.

25:09Les autres pays voient ça comme des mesures protectionnistes.

25:13J'étais en Inde avec Sophie Prima au mois de novembre,

25:16qu'est-ce que nous a dit le ministre du Commerce indien ?

25:19Il lui a dit que c'est insupportable,

25:21vos normes européennes, vous bloquer,

25:22c'est pour nous empêcher de vendre nos produits.

25:25Il faut écouter aussi ce qui se dit de l'autre côté.

25:27Le libre-échange, c'est permettre à tout le monde

25:31de pouvoir se développer.

25:32Ce sera le mot de la fin.

25:33Merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.

25:36On se retrouve la semaine prochaine.

25:38Très bon site de programme. Ciao.

25:46SOUS-TITRAGE ST' 501

Parlement Hebdo - Budget : François Bayrou échappe à la censure

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