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00:00Ici Saint-Etienne-Loire, jusqu'à 9h, ici matin.
00:04Et 20 ans après la loi Handicap, il y a encore beaucoup à faire, on fait le bilan et on se projette ce matin avec notre invité David Valverde.
00:09Bonjour Raphaël, venez.
00:10Bonjour.
00:11Vous êtes le directeur territorial de l'association France Handicap APF dans la Loire et la Haute-Loire.
00:17On parle d'anniversaire de la loi, ça n'a rien de joyeux ?
00:20Non, tout à fait, nous on ne parle pas d'anniversaire de la loi justement, c'était le mot d'ordre avec notre mobilisation hier nationale,
00:27tout simplement parce que des choses ont avancé, et ça il ne faut pas le nier, mais on est encore loin du compte de ce que voulait l'esprit de la loi de 2005.
00:35Si on voit le verre à moitié plein, c'est quoi la plus grande réussite de cette loi Handicap de 2005 ?
00:42Je dirais que le fait quand même que les choses ont avancé.
00:45Quand notre association a été créée il y a 90 ans, quand je suis rentré dans l'association, j'ai trouvé ça assez touchant, il n'y existait rien, mais rien.
00:53J'ai un adhérent qui est allé à 400 km de chez lui à l'âge de 3 ans parce qu'il existait un établissement.
00:57Donc les choses se sont quand même développées dans différents points.
01:00L'accessibilité, on n'est pas au rendez-vous, mais quand c'est quand même mieux.
01:03Il y a 90 ans, idem sur les établissements médico-sociaux, donc je dirais que dans l'ensemble de la politique du handicap, il y a des choses qui ont avancé.
01:10Mais on n'est pas aujourd'hui à l'accessibilité universelle.
01:13Et on entendait sur ici Saint-Etienne Noir l'amertume vraiment de ces personnes porteuses de handicap avec des témoignages très forts ce matin.
01:21Est-ce que c'est un échec ? Est-ce qu'on peut véritablement parler d'un échec ? Et si oui, il est dû à quoi ?
01:27Alors, moi je ne dirais pas un échec, parce que je l'ai dit, les choses ont évolué.
01:31Par contre, elles sont faites à moitié.
01:34Si on prend par exemple le logement, le droit au logement, nous en tant qu'association, on réclame 100% de logement accessible.
01:39C'était la loi de 2005, quelques années après, ça ne marche pas, on revient dessus à travers la loi Elan.
01:44Idem par exemple sur l'accessibilité des transports.
01:48Tous les quais devraient être accessibles, c'est la loi de 2005.
01:50Finalement, on sort une autre réglementation qui dit que c'est 40 à 60% des arrêts qui sont accessibles.
01:55Donc souvent, c'est un manque de volonté politique.
01:58Après, qu'est-ce qu'il y a derrière ? Il y a quand même l'investissement financier, bien évidemment.
02:02Mais si on est capable d'annoncer des milliards pour l'intelligence artificielle,
02:06je pense qu'on est capable aussi de prendre en compte ce qu'on appelle la juste compensation du handicap
02:10et pas se baser, comme souvent pour les personnes en situation de handicap, sur un forfait, je dirais.
02:14Où on va dire, oui, on aide les personnes, mais pour certaines personnes, c'est pas suffisant.
02:19Donc soyons dans la juste compensation du handicap.
02:21Et si on se rend compte que cette loi a du mal à être appliquée,
02:24on peut peut-être en changer, en faire une nouvelle, avec une adaptation à la situation actuelle ?
02:29Nous, très clairement, on est contre.
02:31La loi, elle est bonne, elle a été travaillée.
02:34Elle a été ici rapportée par une personne au niveau local, Jean-François Chossy.
02:38Donc on a des acteurs qui ont travaillé longtemps sur cette loi-là.
02:42Il suffit aujourd'hui de l'appliquer.
02:44L'accessibilité est très clairement écrite dans la loi de 2005.
02:48On a laissé des délais, par exemple, sur les établissements recevant du public.
02:51C'est pas passé du jour au lendemain, il y a eu plus de 10 ans de délais pour se rendre accessible.
02:55Or, aujourd'hui, 50% des établissements des ERP, établissements recevant du public, ne sont pas accessibles.
03:00Donc, appliquons la loi, ça sera déjà une bonne chose.
03:03Il faut donner des moyens, vous l'avez dit.
03:05Il faut aussi contraindre.
03:07Ça, c'est inévitable, malheureusement.
03:09Parce qu'il y a des règles, des réglementations qui ne sont pas toujours appliquées.
03:13À un moment, il faut sévir.
03:15Oui, je pense que, malheureusement, plein d'exemples nous ont montré
03:18que nous, Français, avons besoin parfois de se faire taper dessus
03:21pour faire avancer les choses.
03:23Très clairement, je dis 50% d'établissements recevant du public.
03:27Si 50% l'ont fait, les 50% autres peuvent le faire aussi.
03:30Alors, bien évidemment qu'il y a des difficultés.
03:33Aujourd'hui, parfois, les dérogations sont trop nombreuses aussi.
03:37Et on sait que c'est la sanction financière
03:39qui fera passer la vitesse supérieure
03:41pour pouvoir, tout simplement, rendre accessibles
03:44un maximum de choses pour les personnes.
03:47Parce qu'il faut se rendre compte que,
03:49ce qui m'a marqué quand j'ai rejoint l'association,
03:51ce sont des personnes comme vous et moi
03:53qui ont eu un accident de la vie, très souvent,
03:55et qui vont devoir apprendre à vivre différemment.
03:57Il y a une cellule familiale qui explose,
03:59un environnement professionnel qui explose.
04:01Et la sensibilité, elle est beaucoup plus forte
04:05qu'une personne qui va naître avec un handicap
04:07et qui va, depuis tout petit,
04:09s'habituer à ces difficultés-là.
04:11Et je peux vous garantir,
04:13sortez dans la rue, prenez un dévers sur un trottoir,
04:15rien que ça, poussez quelqu'un avec un fauteuil,
04:17et vous verrez déjà la difficulté,
04:19le côté dangereux.
04:21Et ça, en mesure que lorsqu'on est confronté
04:23à la réalité au quotidien.
04:25Justement, nos rues dans la Loire,
04:27dans la Haute-Loire,
04:29elles sont particulièrement adaptées,
04:31particulièrement pas adaptées.
04:33Alors, c'est très difficile aujourd'hui,
04:35on nous pose souvent la question
04:37est-ce qu'on est mieux, est-ce qu'on est moins bien ?
04:39Moi, je dis que sur Saint-Etienne,
04:41on a de très bonnes relations avec la ville,
04:43donc on a beaucoup d'adhérents qui travaillent
04:45avec la ville pour essayer d'améliorer les choses.
04:47Lorsqu'il y a des travaux, d'aménagements,
04:49réfléchir ensemble, parce que,
04:51souvent, le constat, on en parlait il y a quelques minutes,
04:53c'est qu'on fait les choses un peu dénuées de sens.
04:55On va mettre un ascenseur,
04:57mais on ne va pas pouvoir accéder à l'ascenseur
04:59parce qu'il faut une clé, je donne cet exemple-là.
05:02C'est souvent des choses de bon sens,
05:04et vraiment, ça c'est le constat qu'on peut faire.
05:06Par exemple, que ce soit ici,
05:08sur la Haute-Loire, ou même au Riac,
05:10on a des petits groupes d'accessibilité
05:12où on vient accompagner, on n'est pas là pour taper dessus,
05:14mais dire à un moment donné,
05:16j'ai un exemple sur la Haute-Loire qui nous met en tension
05:18avec une maison médicalisée,
05:20où on a fait les choses,
05:22mais on a alerté en disant
05:24attention, une porte trop lourde, ça va être compliqué,
05:26ça va être compliqué pour une personne en situation de handicap,
05:28ça va être compliqué pour une personne âgée.
05:30Alors oui, on a mis une sonnette, mais la secrétaire n'est pas là tout le temps,
05:32et ça aurait été beaucoup plus simple
05:34de raisonner rapidement et de mettre
05:36une porte adaptée.
05:38Allez au bout des choses, et dans l'esprit
05:40de la loi, l'esprit originel,
05:42ça fait 20 ans qu'elle a été passée,
05:44cette loi handicap,
05:46on était ravis de pouvoir mettre des mots
05:48sur cette situation avec vous Raphaël, venez, merci beaucoup.
05:50Merci à vous.
05:52Directeur territorial de l'APF, France Handicap dans la loi,
05:54et la Haute-Loire, merci.