Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Mais d'abord Eugénie Bastier est avec nous sur Europe. Bonjour Eugénie, vous nous parlez ce matin d'un énième revirement d'une société de la Silicon Valley
00:08qui renonce aux politiques DEI, les politiques diversité, équité, inclusion, et en l'occurrence ce n'est pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de Google.
00:15Oui, après Disney, McDonald, Meta, c'est au tour d'une des entreprises les plus puissantes du monde, Google, de tourner le dos aux DEI, ces politiques de diversité, équité, inclusion
00:26qui était le cheval de troie du wokisme dans l'entreprise. Concrètement, cela signifie que Google va abandonner la discrimination positive qu'elle pratiquait dans le recrutement de ses employés.
00:36Après les manifestations de 2020 pour la mort de George Floyd, Google avait décidé d'augmenter de 30% ses effectifs émanant des groupes sous-représentés, c'est-à-dire les femmes, les minorités ethniques, les personnes LGBT.
00:49Des formations obligatoires sur l'inclusion et la diversité avaient été mises en place dans l'entreprise. Alors l'élection de Donald Trump a changé la donne, le président conservateur a décidé de démanteler ses politiques de discrimination positive, Google a docilement suivi.
01:03Alors en quoi le tournant de Google vous paraît-il spectaculaire, Eugénie ?
01:06C'est important parce que Google était l'une des entreprises les plus progressistes qui soient, engagées aux côtés de Black Lives Matter, des mouvements LGBT.
01:14Aux Etats-Unis, par exemple, la Pride Month, le mois des fiertés, était affichée sur les calendriers Google de façon automatique sur vos téléphones. L'entreprise vient de retirer cette mention pour ne conserver que les jours fériés et les vacances.
01:26Il y a un épisode qui était très intéressant. En 2017, un ingénieur de Google, James Damore, avait dénoncé ses politiques. Il sortait tout juste d'une énième formation à la diversité et à l'inclusion, rendue obligatoire par la politique woke de l'entreprise.
01:40Agacé, il avait rédigé un texte. Il y affirmait notamment que les différences entre hommes et femmes pourraient expliquer pourquoi il n'y avait pas 50% de femmes ingénieurs dans les postes de direction de la Silicon Valley.
01:51Il expliquait pourquoi, selon lui, il était injuste et dangereux de recourir à la discrimination positive pour pallier cette inégalité.
01:58« Je ne pense pas que nous devrions forcer l'égalité », écrivait-il dans ce mémo. « Il faut traiter les gens comme des individus, pas comme un membre de leur communauté. »
02:07Pour ce mémo qui avait circulé dans l'entreprise, James Damore avait été viré de Google pour blasphème envers la diversité. Huit ans plus tard, c'est sa revanche. Comme quoi, rien n'est tiré vers il.
02:17C'était la formule de Google, blasphème contre la diversité ? Non, ça c'est votre formule. Mais on a bien compris. Quelle leçon vous tirez de ce revirement spectaculaire ?
02:25D'abord qu'un retour en arrière est possible. Ce retour à la méritocratie est salutaire. Ses programmes de DEI ne pratiquaient pas l'égalité des chances, mais l'égalité des résultats.
02:33Ils troquaient la méritocratie pour un système de passe-droit en fonction de la race ou du genre. Certes, la méritocratie est un système imparfait, mais c'est le meilleur dont nous disposons pour former une élite compétente.
02:44On peut reprocher beaucoup de choses à Trump, mais l'abolition de la discrimination positive restera à coup sûr comme un marqueur essentiel de son mandat.
02:53Ça doit être une leçon pour nous, alors que beaucoup d'entreprises en Europe sont tentées par ces politiques diversitaires.
03:00En France, nous avons en général 10 ans de retard sur l'Amérique. Nous avons désormais le choix entre passer par la phase désastreuse d'une destruction de la méritocratie par la discrimination positive, ou gagner une décennie en conservant notre modèle.
03:13Parfois être en retard, ça peut présenter quelques avantages. Merci beaucoup Eugénie Bastier, signature Europe 1.