Comment peut-on faire des choses aussi horribles à une personne en situation de handicap ?
Humiliations, harcèlements, violences morales... Léa a subi le pire lorsqu'elle était plus jeune à cause de son handicap. Grace à son caractère et à son entourage familial, elle a réussi à faire face et à réaliser ses rêves. Elle nous raconte :
Humiliations, harcèlements, violences morales... Léa a subi le pire lorsqu'elle était plus jeune à cause de son handicap. Grace à son caractère et à son entourage familial, elle a réussi à faire face et à réaliser ses rêves. Elle nous raconte :
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00À l'école, au départ, personne ne voulait de moi
00:03quand il était temps de me mettre à l'école
00:06parce qu'il disait « on ne prend pas des enfants handicapés jusqu'à un jour ».
00:11Et au départ, lui aussi, il ne voulait pas.
00:13Et il avait dit à mon père « Monsieur Bentolila, vous savez,
00:18ça se trouve, on ne va pas y arriver ».
00:20Et je me rappelle, j'étais dans les bras de mon père et il me dit comme ça
00:24« Écoutez, soit on réussit, soit on réussit, il y a deux solutions ».
00:27Et au final, j'ai fait du coloré télébriante,
00:31la petite mascotte de l'école, ils m'ont tout de suite acceptée.
00:34En fait, je n'allais pas vraiment en récréation parce que déjà, je suis timide.
00:38Et il y avait une des surveillantes, je ne sais pas comment on peut appeler ça,
00:42qui a décidé qu'en fait, je ne devais rester avec personne.
00:45Et comme elle voyait qu'il y avait toujours des gens qui venaient me tenir compagnie,
00:49un jour, elle m'a enfermée dans la classe à double tour.
00:54Et j'avais une nuit portable, fenêtres fermées,
00:58je n'avais pas de fauteuil électrique, je ne pouvais pas bouger.
01:02Et la porte était fermée à double tour.
01:04Et ça, ma mère, ça l'a mise dans tous ses états.
01:09Et puis la surveillante a été changée d'étage directement
01:12parce que c'est inadmissible de faire ça.
01:14Il y a plein de préjugés partout.
01:16Un jour, j'ai voulu faire du bénévolat, donc je les ai appelées, tout était parfait.
01:21Et j'ai eu malheur de dire que j'étais handicapée.
01:25Et la dame m'a dit, mais vous allez être fatiguée.
01:28Alors je lui ai dit, mais non, pas du tout, je n'ai aucun problème.
01:31Et de là, elle a raccroché, elle m'a dit, je vous rappelle.
01:34Elle ne m'a jamais rappelée, alors que j'étais prête à aller signer.
01:38Je cherche à développer mes réseaux sociaux, j'aimerais faire du mankina,
01:44justement pour ouvrir la mode aux personnes à mobilité réduite
01:50puisque je trouve qu'on n'en va pas assez.
01:51Et dès que j'ai eu un photographe, que je suis en photo au blanc.
01:54Je ne rappelle pas, je ne rappelle pas.
01:57Ça, c'est partout.
01:58Alors en fait, ce qui s'est passé, c'est que mes parents,
02:02ils ont décidé de m'emmener en thérapie, ce que je ne voulais pas au départ du tout.
02:06Alors au début, je n'étais pas du tout réceptive.
02:08Et puis un jour, elle a réussi à me transpercer, je ne sais pas comment expliquer.
02:16Et en fait, on est revenu sur tous les souvenirs,
02:19sur ma mémoire cellulaire, ce qu'elle portait en elle, c'était vraiment incroyable.
02:25Et là, je me suis rendu compte, j'ai dit, OK, il y a un problème.
02:28Mais finalement, c'est là que j'ai pris vie.
02:30En fait, si vous voulez, jusqu'à présent, j'étais vivante.
02:33Ma mère m'avait donné naissance,
02:35mais sans avoir conscience que j'existais vraiment par moi-même.
02:40Et ce jour-là, ça a été à la fois une libération
02:43parce que j'ai décidé d'être complètement autonome
02:45et que je ne voulais plus être dépendante.
02:48Mais à la fois, c'était difficile parce que le choc, l'arrivée, ça a été un tsunami.
02:57Comme je disais, je vivais à travers mes parents.
03:02Et là, j'étais moi-même.
03:04Et là, je me suis dit, en fait, j'existe et je suis quelqu'un d'à part entière.
03:08Et comment on va gérer avec tout ?
03:10Déjà, il y avait des flashbacks qui me revenaient.
03:12Et en même temps, je me suis dit, OK, je vais être autonome.
03:16Et à partir de ce moment-là, ma vie, elle a changé
03:18parce que j'ai pris ma vie en main et j'ai réalisé mes rêves.
03:22Mais à la fois, c'était difficile et je n'ai pas su gérer cette transition.
03:28Au niveau de mon corps, j'ai décidé que j'allais me débrouiller.
03:30Je ne voulais plus, je voulais me boucher toute seule.
03:33À partir de ce moment-là, je n'ai plus accepté que quelqu'un touche à mon corps.
03:37J'ai voulu sortir toute seule, tout faire toute seule.
03:42Mais en fait, je suis passée d'un âge où j'étais encore une petite fille
03:46à quelqu'un qui veut tout d'un coup tout faire toute seule,
03:49mais qui n'a pas forcément les moyens parce que je n'étais pas préparée.
03:53Comme elle m'a dit, tu passes tout d'un coup d'un bébé de 2 ans à un enfant,
03:57à une jeune fille de 15, 16 ans que j'étais.
04:00Et la transition, elle s'est faite difficilement
04:06parce que tout d'un coup, je voulais sortir,
04:08mais je n'avais pas les moyens de le faire.
04:12Je me suis fait du mal à moi-même.
04:13Je suis devenue très anorexique.
04:15J'ai pesé 37 kilos.
04:16Ça fait écho au fait que j'ai eu un traumatisme assez important.
04:21Quand je faisais de la kiné, il fallait que je fasse un exercice de suspension
04:27pour m'aider à avoir de l'équilibre.
04:29Donc, j'ai été maintenue par un harnais et il y a quelqu'un qui a dit,
04:32mais de toute façon, totalement lourde, que le mur va s'effondrer.
04:37Et j'en ai souffert parce que finalement, je donnais mon corps pour un soin
04:41et on se permettait de me juger comme ça.
04:45En fait, c'était tout le temps que j'étais trop grosse, tous les jours.
04:48Et un jour, je me suis dit, tu sais quoi, je vais leur plaire
04:51et je vais descendre très bas.
04:56Et un jour, on a fait en terminale un voyage à New York
05:00et j'y suis allée avec ma classe.
05:02Et en fait, quand je suis rentrée, j'étais très, très mal.
05:07Et j'appelle ma soeur, ma grand-soeur et je lui dis, écoute,
05:10Ariane, je ne veux plus rester ici, il faut que je m'en aille.
05:14Je vais aller aux Etats-Unis.
05:15Maintenant, je n'étais pas du tout autonome.
05:19Je n'avais rien prévu.
05:21Mais maintenant, il y avait un gros problème, c'est que je ne savais pas du tout me débrouiller.
05:26Je n'étais pas autonome, je n'avais pas de chaise électrique.
05:29Je ne savais pas m'habiller, je ne savais pas sortir.
05:34Incroyable ou pas, comme je t'ai dit, la dame qui était ma psychologue,
05:41elle était aussi de formation de base, elle avait fait kiné avant d'être psychologue.
05:45Et du coup, elle a toujours cru en moi.
05:48En fait, depuis le départ, on m'a rencontrée, c'est près d'amour pour moi.
05:51Et là, ça en a suivi un an, on a fait, on a tout appris, elle et moi,
05:57à mettre les chaussures, à faire des lacets, à se coiffer,
06:02à mettre le manteau, à sortir, à traverser.
06:07Toutes ces choses-là, on les a toutes apprises à travers des séances.
06:10On a passé des heures, elle et moi, dans son cabinet,
06:14à essayer de m'entraîner, de faire de l'exercice.
06:17Et au bout d'un an, donc j'avais fait déjà ma première sortie toute seule,
06:23j'avais eu entre temps, parce que ce n'est pas facile de rentrer dans l'université américaine,
06:28j'avais eu mes examens, parce que quand on est étudiant étranger,
06:32ils demandent un examen d'anglais à passer, il fallait avoir un certain score.
06:39Ce que j'ai eu, il faut faire le visa, il faut tout prévoir avant,
06:43et là, j'avais réussi toutes les étapes, donc j'étais trop contente.
06:48Mais malheureusement, une semaine avant, le sort a frappé,
06:52c'est qu'on a appris que mon père était atteint d'un cancer très grave,
06:58et un stade avancé.
07:00Et donc, j'y suis allée, mais pas sereine,
07:04déjà parce que mon père ne voulait pas du tout que j'y aille,
07:08il avait fait les pieds et les mains parce qu'il avait trop peur,
07:11il disait que c'était des crises, mais non, mais non, mais c'est...
07:15Alors que ma mère, elle voulait absolument, elle m'a poussée pour que je me débrouille et que j'y aille,
07:21et il lui disait, mais en fait, c'est comme si tu allais laisser un bébé en plein New York,
07:26mais ça ne va pas.
07:27Et au final, bon, il m'a quand même accompagnée.
07:31J'ai été fusionnelle avec mon père, mon père, c'était toute ma vie, c'était très dur,
07:36et une semaine avant que je parte, surtout, qu'il m'avait dit
07:41que ça le rendrait malade, le fait que je m'en aille,
07:45je me suis sentie coupable,
07:47et je me suis dit, quand l'annonce est tombée, je me suis dit, je ne pars pas,
07:51j'arrête, ça y est, donc déjà, j'étais en New York pendant trois jours,
07:57je ne faisais que pleurer, c'était le monde qui s'écroulait pour moi,
08:00parce que je lui ai dit, mon père, c'était presque, voilà, c'était mon monde.
08:06Et au bout du troisième jour, il m'a dit, écoute, j'ai besoin de ta force,
08:12il faut que tu arrêtes de pleurer, parce que sinon, je ne pourrais pas m'en sortir.
08:16Et donc, je me suis arrêtée de pleurer, et j'y suis allée,
08:19avec mon père, déjà, qui était fatigué, le pauvre, parce que c'était le début,
08:24voilà, c'est quand même pas facile, un cancer,
08:27et on arrive là-bas, et là, ça commence.
08:31Donc, moi, j'étais toute contente, toute fière,
08:34je me disais, ça y est, j'ai atteint mon rêve, etc.
08:37Et donc, j'arrive là-bas, et du coup, ils m'ont mis deux coups le cas de terre,
08:42mais ça allait être un cauchemar, parce que j'ai vécu du harcèlement de leur part,
08:48et en fait, tous mes effets de geste étaient épiés,
08:53c'est-à-dire qu'en fait, j'avais soi-disant des amis,
08:57mais qui, en fait, étaient envoyés par l'administration pour me surveiller,
09:01et par exemple, on voit que tu ne manges pas le matin,
09:05pourquoi tu ne manges pas, il faut que tu manges,
09:08ou par exemple, ta colocataire, elle m'a dit que tu lui as demandé de l'aide
09:12pour attraper le fauteuil une seconde,
09:15mais tu n'as pas le droit de demander de l'aide, pourquoi tu fais ça,
09:19ce n'est pas bien, tout était comme ça,
09:21j'ai dit, mais qui vous a dit ça ?
09:23Elle m'a dit, ce n'est pas ton problème,
09:24en tout, je suis restée deux jours et demi, mais ça a été coupé au premier semestre,
09:29parce qu'elles m'ont tellement rendue folle avec tout le harcèlement qu'elles m'ont fait vivre,
09:35et le fait que, comme je vous ai dit, j'étais anorexique,
09:37donc je ne buvais pas du tout, parce que ça m'arrivait de ne pas manger, ne pas boire,
09:41donc j'ai dû rentrer pour me faire opérer au bout du premier semestre,
09:45et après, je suis retournée une fois que tout était OK au niveau du rein,
09:50ça m'a apporté plein de positifs.
09:52Au premier semestre, je n'avais pas de fauteuil électrique,
09:55et je suis quand même aventurée dans le biarc,
09:58alors moi, quand j'ai peur de rien, j'ai peur de rien, c'est incroyable,
10:02et j'ai pris le métro sans fauteuil électrique,
10:07je me poussais un peu, et puis quand je n'en pouvais plus,
10:09je disais aux gens, est-ce que vous pouvez m'aider ?
10:12Et de mètre en mètre, j'ai fait ça, je suis allée à Times Square,
10:15et après, pour rentrer, le métro n'était pas accessible,
10:18du coup, il fallait prendre un taxi, mais comment rentrer d'un taxi ?
10:21Il fallait que quelqu'un m'aide,
10:22et à chaque fois, j'ai trouvé des anges gardiens, c'est incroyable,
10:26et puis un jour, je suis montée au 80e étage de l'Empire State Building toute seule,
10:31j'étais seule dans l'ascenseur avec mon fauteuil,
10:34mais en fait, j'aimais la sensation de cette liberté,
10:39et me dire un petit peu la peur de comment ça allait se passer,
10:42mais en tout cas, c'est ça qui me faisait vibrer,
10:45et d'ailleurs qui me fait toujours vibrer,
10:47et voilà, donc j'allais un peu partout,
10:49mais après, c'est sûr que c'était pas évident,
10:52parce qu'elles se sont liées contre moi,
10:56c'est de...
10:58mais d'une façon terrifiante.
11:00C'était du genre, elles rentraient à 5h du matin,
11:03et elles faisaient comme si de rien n'était,
11:06allumaient les lumières, alors que moi, à 5h du matin, je dormais, quoi,
11:11ou alors, il faisait moins 10 en hiver à New York,
11:15elles partaient le week-end parce qu'elles avaient de la famille,
11:17moi, j'avais pas de famille à New York, donc je restais sur le campus.
11:21Elles faisaient exprès d'éteindre le chauffage qui n'était pas accessible pour moi,
11:25et d'ouvrir la fenêtre, qui n'était pas du tout accessible.
11:29Donc moi, je me gelais à moins 10 degrés dehors,
11:32où c'était que des humiliations de ce genre.
11:37À un moment donné, elles ont fait venir quelqu'un
11:41pour dire, en fait, qu'à cause de moi, elles pouvaient pas aller à la fac,
11:45parce qu'effectivement, je prenais plus de temps pour m'habiller que quelqu'un de classique,
11:50mais en fait, c'était juste qu'elles voulaient pas aller à l'école
11:53parce qu'elles n'aimaient pas du tout travailler.
11:55Et elles disaient que c'était de ma faute
11:58parce que je prenais trop de temps dans la salle de bain,
12:01ou elles disaient qu'à cause des roues de mon fauteuil,
12:06les portes étaient sales, et que j'étais complètement dégoûtante,
12:10alors qu'elles, elles laissaient des trous de cheveux dans la salle de bain.
12:13Mais c'était de ma faute.
12:15Elles disaient que je laissais la lumière allumée, alors ça, c'est pas vrai,
12:18parce que la lumière, je pouvais même pas l'atteindre, elle était au-dessus du mur.
12:23Et un jour, elles ont fait venir une amie, ce qui était interdit dans les chambres,
12:29elles m'ont dit, on va prendre ton lit.
12:33Et moi, je me suis dit, mais je vais aller où ?
12:37Mais en fait, j'aurais dû dire, maintenant, vous touchez pas,
12:41des choses comme ça, mais je me laissais faire.
12:44Ou alors, quand elles partaient le week-end,
12:46et qu'il y avait une amie à moi qui venait me tenir compagnie,
12:49elles faisaient exprès d'écrire sur leur lit,
12:51laisser un mot et de dire, personne ne dort ici,
12:55on veut pas de vous, des choses, même pas qu'elles,
12:58parce qu'un jour, on m'avait invitée à une soirée de françaises,
13:05parce qu'il y avait une petite communauté française,
13:07et moi, c'était la première fois qu'on m'invitait à une soirée,
13:10la première fois que quelqu'un me calculait,
13:12j'étais trop contente, alors je me suis acheté ma tenue,
13:15je me suis maquillée, je me suis dit, enfin, je vais pouvoir être intégrée,
13:20et en fait, je finis de me maquiller,
13:24et la fille, elle m'envoie un message, elle me dit,
13:27en fait, ne viens pas, parce que le bar, il n'est pas accessible pour toi,
13:31il y a des escaliers, et en fait, tu ne peux pas venir,
13:35et avec mes amis, on a dit, c'était mieux que tu ne viennes pas.
13:39Et là, on se retrouve, il fallait avoir la force de tenir,
13:45et je me disais, ne lâche pas, parce qu'à la fois,
13:47j'étais très contente d'avoir mon indépendance,
13:50d'avoir réalisé mes rêves, et je me disais,
13:52mais tu ne te rends pas compte, tu es à New York,
13:53c'est incroyable, quand je sortais dans la rue, je respirais,
13:57j'adorais ce que je faisais,
13:59j'aimais le fait d'être à New York, mis à part le harcèlement,
14:03et parce que je me disais qu'en fait, pour moi, c'était plus facile,
14:09c'était plus dur d'abandonner que de continuer,
14:15et puis, je ne pouvais pas faire ça à mes parents.
14:17Moi, j'ai toujours été pour que mes parents soient fiers de moi,
14:20et puis, j'avais fait mon père, son malade, quand même,
14:24il venait de tout mon malade, je ne pouvais pas dire, papa, je rentre.
14:28Et puis, je savais qu'il aimait beaucoup que j'aie des bons résultats,
14:33que je fasse des grandes études, donc c'était hors de question
14:35que je voulais me prouver que j'étais capable.
14:37Après, j'ai eu mon fauteuil électrique, enfin,
14:41c'est mes jambes, c'est toute ma vie,
14:44et quand là, je suis retournée avec le fauteuil électrique,
14:48ça s'est arrangé, mais dis-toi que toute ma vie,
14:51c'était des miracles, des anges gardiens.
14:53Je prenais l'avion toute seule,
14:56et j'arrivais à New York à une heure du matin,
14:59seule au monde, avec une valise,
15:03une valise qui contenait le moteur,
15:05qui était assez lourde, mon fauteuil,
15:08et je disais, peu importe qu'on soit de quelle religion ou pas,
15:13je demandais à l'univers de m'aider.
15:18Je m'en supplie, faites que quelqu'un soit là pour m'aider,
15:20que je trouve un taxi, et que tout se passe bien,
15:23et à chaque fois, je le trouvais.
15:24Mais il fallait toujours, quand même, ne pas avoir peur du danger,
15:30pour se prouver qu'en fait, il y avait la Providence qui allait m'aider.
15:35Je pense que c'est ça que mon père n'a pas trop supporté,
15:38parce qu'il me traitait un peu de folle.
15:42Tu vas te mettre dans la gueule du loup,
15:43moi je veux t'éviter toutes ces souffrances.
15:45Et moi je disais, mais papa, j'ai envie de vivre ma vie,
15:48j'ai envie de pouvoir dire un jour à mes enfants
15:50que j'ai été au bout de mes rêves et que je ne regrette rien,
15:54et j'avais des ambitions, moi je voulais avoir un grand diplôme,
15:57je voulais faire quelque chose de ma vie.
15:59New York, pour lui, ça a été compliqué à accepter,
16:02mais je sais que quand il est tombé de remaladie,
16:07il a eu une septicémie, et un jour, il était à l'hôpital,
16:11et il parlait avec le médecin, il a dit,
16:13vous vous rendez compte, ma fille, elle fait ses études à New York,
16:16et je suis trop fière, donc je sais qu'il était extrêmement fier de moi.
16:20Et par rapport à mes études,
16:23je n'avais pas d'autre choix que d'avoir de bons résultats,
16:26parce que pour lui, c'était le grâce que sa fille soit intelligente,
16:31que soit respectueuse, et du coup, pour moi, c'est devenu ma façon d'être.
16:37Je suis rentrée, je vais aller rapide, par rapport au Covid déjà,
16:42parce que la fac avait fermé,
16:45et entre temps, mon père, sa maladie s'est dégradée,
16:50beaucoup, beaucoup, beaucoup,
16:52et en fait, il en est décédé,
16:55ce qui était pour moi une très grosse épreuve,
16:58je pense la plus dure que j'avais vécue jusqu'à présent.
17:02Jusqu'à présent, j'avais 22 ans, plus le handicap, plus tout,
17:06je me disais, mais là, c'est le monde qui s'écroule, encore une fois,
17:13et du coup, j'ai décidé de ne pas retourner,
17:16parce que je ne voulais pas laisser ma mère toute seule,
17:18pour ma mère, c'était extrêmement difficile de perdre son mari,
17:23et du coup, elle allait se retrouver tout seul,
17:25parce que mes frères et sœurs, ils sont mariés, ils ont leur vie,
17:29je ne me sentais pas, je n'étais plus capable.
17:31En fait, quand j'ai perdu mon père,
17:34toutes ces choses que j'étais capable de faire,
17:36à un moment donné, je me suis dit, là, je ne peux plus,
17:40je me sens affaiblie, j'ai perdu une partie de moi-même,
17:43et il faut du calme, donc j'ai décidé de reprendre mes études
17:48à l'Université américaine de Paris,
17:50et voilà, je finis mon cursus au mois de mai,
17:53normalement, je serai diplômée.
17:56Alors, la suite du décès de mon père,
18:00j'en ai fait une force incroyable,
18:03parce qu'il y a encore la résilience,
18:04comme quoi, tout au long de ma vie, ça m'aurait suivi,
18:08parce que je me suis dit, encore plus aujourd'hui,
18:10je ne peux pas te permettre de baisser les bras,
18:12parce qu'il te regarde, et qu'en fait,
18:16il faut qu'il continue à être fier de toi,
18:19et de toute façon, c'était une façon de lui rendre hommage,
18:24et d'être dans sa continuité qui, pour moi, est extrêmement importante.
18:29C'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout ce que je fais,
18:31je pense à lui, et je sais que c'est le bon chemin.
18:34Même le fait de témoigner,
18:38c'est venu, justement, quelques temps après le décès de mon père.
18:42Moi, je pense, à chaque fois que j'ai une grosse épreuve qui m'arrive,
18:45je me dis, OK, c'est dur.
18:46Ça m'arrive de pleurer, je me dis,
18:48je suis faible comme tout le monde, je suis humaine.
18:52La preuve, c'est que j'ai eu des troubles plus jeunes.
18:56Mais au bout d'un certain temps, je me dis, OK, ne te laisse pas abattre.
19:00Et qu'est-ce que tu peux tirer de cette épreuve ?
19:03Qu'est-ce qu'elle t'a apporté ?
19:04Au final, on s'en sort toujours grandi.
19:09Toujours, toujours, il y a toujours une raison qui fait que,
19:13voilà pourquoi l'épreuve est arrivée, pour nous aider à avoir plus cœur.
19:17Certainement qu'il fallait que cette épreuve arrive
19:22pour que d'autres choses bien plus tard arrivent.
19:25Et c'est cette façon de voir qui me permet d'avancer.
19:28Et c'est pour ça que je décide de raconter mon histoire aujourd'hui.
19:33C'est vraiment pour aider et pour prouver qu'en fait, on peut y arriver.
19:37Et comme on dit, aide-toi et le ciel t'aidera.
19:40Je vais finir comme ça, je pense que ça ira.
19:44Mais vraiment, le message, c'est de ne pas cesser de croire, de vouloir
19:50et d'essayer de voir aussi au-dessus du physique et des apparences.